Chapitre 24: Mai (3)
Par chance, Makar n'était pas blessé.
Enfin, la chance n'était rien de plus que le sacrifice d'un des soldats de l'expédition, qui avait reçu un rayon de magie bleue de plein fouet à sa place. Brimari avait déclaré sans aucun état d'âme que cela l'arrangeait, elle qui ne voulait rien de plus que de cesser de former des gens – à l'exception de Ténèbres, qu'elle considérait comme son petit prodige.
Gyalan avait ordonné que les soldats soient amenés jusqu'à sa tente pour qu'ils expliquent ce qui leur était arrivé. Valiammée et ses camarades se retrouvèrent conviés à l'interrogatoire sans avoir leur mot à dire.
La jeune femme qui tentait tant bien que mal de ne pas s'évanouir fut aidée par Ariane, qui la porta sur son dos pour lui éviter de se fatiguer. Pour l'homme à la large plaie, Gyalan et Brimari passèrent ses bras sur leurs épaules afin qu'il puisse marcher, et ce fut pratiquement en le traînant à travers le camp qu'ils parvinrent à la tente du général.
Vénérios et Anthropa, cinq ou six livres ouverts sur la table, interrompirent leur échange quand ils virent un attroupement envahir leur lieu de travail. Alarmés par la vue du sang, l'odeur de la magie bleue et l'air sombre de Gyalan, ils abandonnèrent ce qu'ils étaient en train d'accomplir pour se rendre utiles. Vénérios apporta une chaise au blessé et Anthropa fouilla une caisse entrouverte pour ramener de quoi désinfecter et bander sa plaie, son frère en renfort.
Valiammée, Miranda et Ténèbres, qui avaient peur de bloquer le passage, se collèrent au bord de la tente. Ils n'étaient clairement pas qualifiés pour apporter leur contribution.
- La brûlure est très sérieuse, constata Brimari, on n'a pas le matériel nécessaire pour le soigner.
Le soldat secoua la tête de dépit. Les blessures infligées par la magie bleue étaient généralement impossible à soigner tant elles rongeaient le corps. S'il ne mourrait pas des suites du choc, ce serait d'une infection.
- Que s'est-il passé ? demanda le général, pragmatique, à Makar.
- Solen a croisé notre chemin, répondit l'intéressé. Qu'est-ce qu'il aurait pu se passer d'autre ?
- Vous avez trouvé des saphirs ?
Makar fouilla sa poche et sortit une unique pierre bleu sombre.
- Trois morts pour un seul caillou, maugréa-t-il.
Adan se rapprocha de lui pour s'en saisir, mal à l'aise. Il savait que l'échec de la mission risquait de lui être attribué, lui qui avait établi l'itinéraire à suivre.
- Pourquoi aussi peu ? demanda-t-il. Sur les huit fournisseurs, il aurait dû y en avoir bien plus que ça.
- La gamine qui pouvait nous en fournir le plus s'est fait tuer devant nous, expliqua Makar. Voilà pourquoi.
Le visage d'Adan se décomposa.
- Une petite fille rousse d'environ dix ans ?
- Elle, oui. Elle avait promis de nous en donner six autres si on lui ramenait de nouveaux vêtements. C'était sans compter sur Solen.
Dix ans ? Valiammée sentit sa poitrine se serrer. Si Lysandre et Vénérios ne l'avaient pas sauvée, le jour de la première attaque sur Astras, elle aurait connu le même sort, et ce à un âge similaire.
- Et les autres ? demanda Adan.
- Ils nous ont dit que les temps étaient durs et qu'ils s'en servaient pour acheter de la nourriture, donc qu'ils n'en avaient plus. Avec l'augmentation du nombre de soldats de Solen, ils ont de plus de plus de mal à en obtenir.
Adan se passa les mains sur le front, envahi par la culpabilité.
- Je suis désolé.
- Tu ne pouvais pas anticiper ce qui allait se passer, alors tu n'as pas à l'être, trancha Makar. Tes informations étaient bonnes. Le reste ne te concerne pas.
Les gémissements du soldat blessé emplirent la tente quand Lysandre voulut désinfecter la brûlure avec un linge imbibé de liquide verdâtre. Ariane, à ses côtés, tentait tant bien que mal de retirer le tissus fondu qui s'était mélangé à sa peau.
Valiammée avait du mal à observer la scène sans avoir la nausée.
- Vous vous embêtez pour rien, il ne survivra pas, fit remarquer Brimari. Autant l'achever tout de suite, il souffrira moins.
- On peut au moins essayer, contra Lysandre.
- Laisse tomber. J'en ai vu mourir pour bien moins que ça.
Brimari, plutôt que de laisser Lysandre plaider davantage la cause du soldat, se rapprocha de lui et posa une main sur son épaule. Aussitôt, la lourdeur de la magie rouge emplit la tente. Le soldat, apeuré, se détendit bien vite.
- J'ai endormi tes nerfs, dit Brimari. Tu ne sentiras rien. En revanche, autant te prévenir, tu ne passeras pas la nuit.
Le soldat baissa les yeux, mais hocha la tête. Vu l'indifférence de Brimari, ce ne devait pas être la première fois qu'elle annonçait de telles choses à quelqu'un. Au contraire, elle devait avoir l'habitude.
Depuis combien de temps était-elle sur le terrain ?
Lysandre la remercia discrètement quand elle s'éloigna mais la magicienne l'ignora royalement. Lui et Ariane purent reprendre leurs efforts pour désinfecter la plaie.
Le général Cartaris, quant à lui, se désintéressa du soldat aussi sec. Makar prit tout son attention.
- Fais-moi un résumé des événements, demanda-t-il. Le plus concis possible.
Et ainsi, Makar se lança dans son récit.
Dès leur arrivée, lui et les autres soldats Ifrayens s'étaient dirigés vers le premier point indiqué sur la carte d'Adan. Malheureusement, l'homme en question n'avait plus aucun saphir en sa possession, ce qui les avait contraint à partir au second emplacement.
Ils étaient allés d'échec en échec – plus personne n'avait ce qu'ils cherchaient, comme Makar l'avait déjà expliqué plus tôt – et ce pendant une grosse partie de la journée. Astras n'était pas une petite cité, et sans autre moyen de locomotion que leurs jambes, ils avaient dû marcher plus d'une vingtaine de kilomètres. Sans compter que trouver les magiciens pouvant les aider n'était pas toujours simple. Tous n'étaient pas statiques et ils avaient dû prévoir un certain nombre de détours.
Cela jusqu'à ce qu'ils croisent la petite fille rousse qui leur avait promis plusieurs saphirs en échange de vêtements neufs, ou au moins pas trop abîmés.
- Trois heures pour en trouver, soupira Makar. On a dû fouiller une trentaine de maisons abandonnées avant de mettre la main sur quelque chose de décent.
C'était sans doute à ce moment là que Solen les avait repérés pour la première fois. Makar supposait que leurs ennemis les avaient suivis discrètement le temps qu'ils retournent au point de rendez-vous convenu avec la jeune magicienne.
- Solen nous a surpris alors qu'on revenait voir la petite. Ils étaient une dizaine de mages bleus et ils ont voulu s'encastrer dans notre ruelle étroite. Leurs flammes ont touché la fille et l'homme qui l'accompagnait en premier, puis deux des nôtres. Nous avons immédiatement fui avec le seul saphir qu'on a pu obtenir.
Le problème était qu'à ce niveau du récit, la portail ne s'ouvrait pas avant deux bonnes heures. Or, Solen n'avait aucune intention de les laisser vivre, vu la ferveur avec laquelle ils les avaient poursuivis.
- Comment vous avez pu vous en débarrasser ? l'interrogea Brimari.
- On s'est fait aider par des magiciens d'Eole, expliqua Makar. Je suppose qu'on était proches d'une entrée aux souterrains et qu'ils nous ont pris pour les leurs. Ils en ont abattu cinq à coup de flèches en se dissimulant dans des ruines.
- Et les cinq derniers ?
- Jayeon en a éliminé un avant de mourir à son tour. Il nous a donné l'occasion de nous éloigner.
- Et Eole ? Ils ont cessé de se défendre ?
- Ils se sont très vite dispersés. Je suppose qu'ils ont leurs méthodes pour garder les souterrains tout en ne prenant pas trop de risques.
- C'est exact, confirma Lysandre. Attaquer et vite disparaître, c'était notre façon de faire depuis quelques années.
Lysandre finit d'enrouler un linge propre autour de la plaie du soldat blessé, qui s'était mis à somnoler. Ariane, elle, rangea le matériel médical dans les caisses d'où Anthropa l'avait sorti. Eux deux, avec Vénérios en plus, avaient dû s'y prendre de cette façon lorsqu'ils s'aventuraient à la surface.
- Enfin, un autre groupe de trois Soléens nous a trouvés alors qu'on retournait au point de rendez-vous pour le portail, poursuivit Makar. On a dû faire un détour pour tenter de les semer, ce qui a moyennement marché. J'ai réussi à en tuer un en rusant, mais les deux autres étaient coriaces. Au final, on a laissé tomber la discrétion et on a foncé vers le portail.
Au moins, deux d'entre eux étaient revenus en un seul morceau.
- Bien, dit Gyalan. Cette mission est loin d'être un succès, mais je ne m'attendais pas à grand chose de toute manière. Cela fera toujours une bombe supplémentaire dans notre arsenal.
- Justement, à propos des bombes à magie bleue... hésita Anthropa.
Le regard glaçant que Gyalan lui adressa ne l'encouragea pas à finir sa phrase. Ce fut Vénérios qui vint à sa rescousse et s'en occupa pour elle.
- On ne sait pas pourquoi, mais seule une pierre sur les cinq a fonctionnée.
- Je te demande pardon ?
- On cherche toujours l'origine de cette anomalie, se justifia Vénérios. Avec un peu de chance, on pourra la corriger.
- Ce n'est pas ce que j'ai envie d'entendre.
Anthropa, les yeux rivés sur la table pour éviter de croiser le regard de Gyalan, resta silencieuse.
- On n'y peut rien, soupira Vénérios. On fait de notre mieux et ce problème ne s'est pas posé avec la magie blanche.
- Est-ce que vous avez la moindre piste sur pourquoi c'est arrivé ?
- Pas encore, mais...
- Vous avez très peu de temps pour trouver une solution. Vous vous en rendez compte ?
Vénérios se retint de lui adresser une remarque désagréable. Comme s'ils prenaient la situation à la légère. De plus, Gyalan agissait comme s'ils étaient responsables alors que tout ceci était en dehors de leur contrôle.
- On peut essayer sur celle que Makar a ramenée, tenta Anthropa, qui avait retrouvé sa langue. Peut-être que ça va nous aider à comprendre.
- Allez-y, approuva Gyalan.
Tous les regards se tournèrent vers Valiammée, qui avait jusque là réussi à se faire oublier. Bien, la suite dépendait d'elle.
Elle s'avança pour rejoindre Adan, qui tenait le morceau de saphir rapporté de l'expédition. Une fois en sa possession, elle le serra entre ses doigts et, comme elle l'avait déjà fait plusieurs fois aujourd'hui, concentra sa magie bleue pour la sceller à l'intérieur. Anthropa l'observa faire, particulièrement inquiète. L'opération dura quelques instants à peine.
- C'est bon, annonça Valiammée quand la pierre s'éteignit.
Elle déposa le produit final dans les paumes ouvertes d'Adan. Elle sentit presque Anthropa et Vénérios retenir leur souffle alors qu'elle testa si cette tentative avait fonctionnée.
À peine eut-elle formé un filet de magie entre ses doigts que le saphir s'illumina de l'intérieur. Adan poussa un discret soupir de soulagement.
C'était à n'y rien comprendre.
- Ça a marché, déclara Valiammée dans un faible filet de voix qui parcourut l'entièreté de la tente.
Anthropa, les sourcils froncés à l'extrême et les mains agrippées aux bords de la table, secoua la tête.
- Ça n'a aucun sens. Absolument aucun sens. Pourquoi ces deux là seulement ? Qu'est-ce qu'elles ont de si particulier ?
La sorcière glissa ses mains dans ses cheveux, à deux doigts de se les arracher. Brimari la rejoignit en deux pas et la saisit par les épaules pour qu'elle se redresse. Elle lui attrapa les mains, les ramena le long de son corps et remit ses cheveux en place d'un geste méthodique.
Anthropa, sur le point de craquer, avait les larmes aux yeux. Le général Cartaris lui-même n'osa pas en rajouter une couche. À la place, il se tourna vers Valiammée.
- Réessayes, lui demanda-t-il. Sur les quatre autres pierres.
- Ça ne sert à rien, contesta Lysandre. Si ça n'a pas fonctionné avant, ça ne va pas le faire maintenant.
Le général le toisa de haut en bas.
- Je n'ai demandé l'avis de personne ici.
- Vous n'allez faire que détériorer la santé de Valiammée, insista néanmoins Lysandre.
- J'ai lu les études sur la magie bleue. Il faudra bien plus que ça pour réellement mettre sa vie en danger.
- Personne n'en connaît les effets sur le long terme.
Gyalan, dont la patience s'étiolait, désigna un à un Lysandre, Ariane, Ténèbres, Miranda puis Adan.
- Vous tous, dehors. Si c'est pour contester, vous n'avez rien à faire ici.
Son ton était sans appel. Miranda voulut timidement faire remarquer qu'elle n'avait rien dit depuis le début, mais un simple regard de Brimari la dissuada d'ouvrir la bouche.
Tous s'exécutèrent et la tente se vida des magiciens, même si la réticence de Lysandre se fit particulièrement ressentir. Si Ariane ne l'avait pas entraîné à l'extérieur, il aurait contesté les ordres du général pour rester aux côtés de Valiammée.
Gyalan Cartaris demanda aux trois soldats de partir à leur tour, aussi Makar et sa collègue, qui avait repris des forces, aidèrent le blessé à marcher pour le ramener jusqu'à leur tente. Il n'en menait vraiment pas large.
- Bien, décréta Gyalan quand ils ne furent plus que cinq. Maintenant nous pouvons opérer tranquillement. Valiammée, c'est à toi.
La Madrigane déglutit. Elle jeta un œil aux quatre pierres bleu sombre qui trônaient sur la table. D'abord hésitante, elle finit par s'emparer de la première, dont elle sentit les aspérités rouler contre sa peau.
En voyant Gyalan Cartaris s'impatienter, elle se résolut à faire ce qu'il demandait. La magie bleue s'écoula de sa peau et l'odeur âcre qui l'accompagnait lui chatouilla les narines. Quand Valiammée la replaça sur la table après avoir suivi scrupuleusement toutes les étapes, elle s'affaira à vérifier que cela avait fonctionné en sachant très bien que ce n'était pas le cas.
Gyalan Cartaris put le constater lui-même. Pas la moindre lumière à l'horizon.
- Je dois vraiment faire les autres ? s'assura Valiammée.
- Oui, confirma le général.
La magicienne, les lèvres pincées, hocha la tête et saisit le second saphir. Les gestes à effectuer devinrent presque machinaux.
Magie bleue. Sortilège. Vérification.
Rien.
Une migraine distante s'installa dans son crâne. Valiammée fit de son mieux pour l'ignorer et attrapa la troisième pierre. Elle rassembla ses forces qui ne cessaient de diminuer.
Magie bleue. Sortilège. Sortilège...
Valiammée avait le tournis. Le saphir tomba sur la bâche qui couvrait le sol quand la pression de ses doigts autour disparut complètement. Elle s'en rendit compte après que Brimari l'eut appelée pour lui demander si tout allait bien.
Valiammée releva la tête et cligna des yeux. Un goutte de sang s'échappa de son nez et glissa jusqu'à sa lèvre supérieure.
- Ça va, oui, assura-t-elle.
Elle tendit la main pour attraper la dernière pierre sur la table, mais le général l'en empêcha. Il lui saisit le poignet et l'en écarta avec une force si ténue qu'elle le sentit à peine. Sa délicatesse la surprit plus qu'autre chose.
- Ça suffit.
Il la lâcha pour ramasser le saphir tombé, qu'il analysa en le retournant dans tous les sens. Valiammée, soulagée, se recula de plusieurs pas et essuya son nez de sa manche.
- On avait dit que ça ne fonctionnait pas, s'imposa Anthropa.
- Je devais vérifier, répondit Gyalan.
- Mais la santé de Valiammée est en jeu dans cette histoire !
- Votre parole n'est pas une certitude valable à mes yeux. Vous auriez pu prétendre que les bombes ne fonctionnaient pas et les garder pour vous. Au moins je sais que ce n'est pas le cas.
- C'est absurde ! On a respecté nos engagements à la lettre depuis le début !
- Nous sommes en guerre, Anthropa. Rien n'est absurde.
Gyalan replaça la pierre avec les autres échecs. Anthropa, indignée, ne put rien faire d'autre que de ravaler sa frustration.
- Nous en avons terminé, vous pouvez tous retourner à vos tentes, déclara Gyalan. Valiammée restera dormir ici.
Cette fois, ce fut Vénérios qui réagit au quart de tour.
- Il est parfaitement hors de question que...
- Hors de question qu'elle dorme dans une tente avec sept autres personnes quand elle est clairement malade, le coupa le général. Elle sera au calme ici.
Gyalan ne lui laissa pas le temps d'en placer une et lui montra le chemin de la sortie. Brimari attrapa les bras de Vénérios et Anthropa pour les guider à l'extérieur tout en leur assurant qu'ils s'inquiétaient pour rien. Valiammée, qui n'avait pas suffisamment d'énergie pour contester quoi que ce soit, se contenta de laisser les choses suivre leur cours.
Le silence envahit les lieux.
- Suis-moi, lui dit Gyalan.
Il se dirigea vers le fond de la tente, d'où il poussa une bâche qui servait de cloison pour s'engouffrer dans une seconde pièce. Valiammée lui emboîta le pas avec un temps de retard.
Elle ne sut pas trop ce qu'elle s'attendit à voir, mais il n'y eut face à elle qu'un lit de camp soigneusement fait et trois caisses, dont une servait de table de chevet. Très rudimentaire, et pourtant déjà plus confortable que sa propre tente qu'elle partageait avec les autres.
- Tu peux dormir ici, reprit Gyalan.
- Oh, euh, d'accord. Mais et vous ?
- Il y a de la place ailleurs. Je ne vais pas te déranger.
Visiblement, il avait tout dit, puisqu'il s'apprêta à retourner de l'autre côté de la cloison. Valiammée aurait voulu lui demander pourquoi il lui offrait un traitement de faveur – c'était sans doute pour l'amadouer, elle le savait – mais abandonna cette idée.
Une fois seule, elle laissa passer plusieurs minutes avant d'enfin se décider à bouger. Sa fatigue eut raison d'elle et elle s'allongea sur le lit de camp sans même retirer ses chaussures. En revanche, elle n'osa pas se glisser sous les couvertures.
Valiammée s'endormit presque instantanément.
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