Chapitre 1: Mars

Déjà neuf ans avaient passé.

Neuf depuis qu'ils n'avaient pas vu le soleil, terrés dans les souterrains d'Astras pour échapper au sort qui leur était réservé à la surface.

Valiammée, contrairement à ses camarades, ne se souciait que peu de cet isolement. Les images du carnage qui avait eu lieu des années plus tôt ne cessaient de la hanter quand elle fermait les yeux trop longtemps. Remonter la surface, c'était y faire face alors qu'elle n'était pas prête. Les souterrains étaient sa coquille protectrice, certes peu accueillante, mais les débordements étaient rares.

Tout comme les ressources, malheureusement.

Des petits groupes de magiciens partaient régulièrement en chercher à la surface afin de subvenir aux besoins de la population. Beaucoup de magiciens s'étaient débrouillés pour continuer à produire de quoi survivre et tout un réseau d'acheminement s'était mis en place. Seulement, il s'agissait d'une mission dangereuse et beaucoup ne revenaient jamais des expéditions, ou alors les mains vides.

Tant d'années de débrouille pour que la potentielle raison de leur perte soit une pénurie alimentaire.

Valiammée n'était jamais sortie à cause de son jeune âge et des traumatismes de son enfance. En revanche, d'autres de ses camarades s'attelaient à la tâche régulièrement. Parmi eux, il y avait Lysandre, qui s'absentait pratiquement toutes les semaines. Même si, la plupart du temps, il était accompagnée par Vénérios et Ariane, Valiammée ne pouvait s'empêcher d'être morte d'inquiétude à son sujet. Certes, ils étaient tous trois des Phébéiens, ce qui leur facilitait la tâche puisqu'ils avaient reçu des cours de défense dans leur jeunesse, mais cela n'excluait pas qu'un accident ne survienne un jour.

- Je t'ai ramené du pain, annonça Lysandre en s'asseyant à ses côtés.

Valiammée releva la tête dans un sursaut. Comme à son habitude, elle ne l'avait pas entendu revenir, trop absorbée par ses pensées.

- Merci, répondit-elle en saisissant le morceau qu'il lui tendait.

Lysandre lui sourit tendrement. Valiammée, quant à elle, l'examina comme elle le faisait à chaque fois qu'il revenait de l'extérieur. Ce n'était pas toujours facile, avec la luminosité aléatoire qui composaient les souterrains. Des torches illuminées de magie constellaient les murs de pierre couverts de racines, mais les maintenir en place jour et nuit était souvent trop épuisant pour ceux qui s'attelaient aux sortilèges.

- Tu as une tâche de sang sur ta tunique, dit-elle.

Elle le contourna pour soulever ses cheveux et examiner sa nuque.

- Sur le dos, aussi, ajouta-t-elle.

Lysandre dégagea gentiment sa main.

- Je ne suis pas blessé, ne t'en fais pas. Simplement, nous avons croisé des ennemis en chemin. Il a fallu s'en occuper.

- Ariane et Vénérios vont bien ?

- Oui, ils sont partis s'entretenir avec les dirigeants. Nous sommes tous saufs.

Valiammée soupira de soulagement. Elle pourrait passer quelques jours supplémentaires sans s'inquiéter d'apprendre leur mort.

Lysandre, dont le masque d'enthousiasme ténu s'effaça pour le laisser soucieux, s'affaira à défaire ses tresses. Valiammée se plaça derrière lui pour l'aider dans sa tâche en le voyant bloquer sur les nœuds.

Vivre dans les souterrains incluait de suivre les règles strictes qui les régissaient. Or, l'une d'elles excluait tout signe d'appartenance à une noblesse quelconque. Ce qui n'avait pas empêché Lysandre de garder ses cheveux longs, ce que l'on lui avait souvent reproché. Son ami Vénérios, qui lui avait pratiquement rasé les siens, avait tout fait pour le faire changer d'avis, afin qu'ils puissent mieux s'intégrer. Mais Lysandre était borné et s'y refusait, tout comme Ariane, qui laissait les siens retomber jusqu'à sa taille et défiait du regard quiconque la dévisageait un peu trop.

Valiammée laissa ses mains parcourir les longs cheveux clairs de Lysandre pour les démêler et les lisser au possible. Il lui avait avoué un jour que s'il les gardait, c'était uniquement parce qu'ils étaient le dernier lien qu'il entretenait avec son ancienne vie. À chaque fois que Valiammée se remémorait ces paroles, elle ressentait un affreux pincement au cœur.

Lysandre était quelqu'un de simple et de généreux, toujours prêt à aider ceux dans le besoin. On le lui reprochait souvent, mais cela ne l'empêchait pas de poursuivre avec cette même détermination qui l'animait. Calme et réfléchi, Valiammée ne s'était jamais imaginé qu'il puisse regretter sa vie au sein la noblesse Phébéienne.

Mais elle le comprenait, après tout. La vie au temple des élus d'Astras lui manquait chaque jour un peu plus. Là-bas, elle ne manquait de rien. Ici, tout faisait défaut.

C'était d'ailleurs pour cette raison que ses amis sortaient si souvent. Et que Lysandre lui rapportait toujours des rations supplémentaires dans l'espoir qu'elle prenne un peu de poids.

- Vous avez trouvé beaucoup de choses, dehors ? demanda Valiammée en retournant s'asseoir face à lui.

- Pas tellement, non, avoua Lysandre. Les ressources se rarifient encore. L'un des derniers paysans qui avait réussi à maintenir une production dans les terres qui entourent l'enceinte de la cité est décédé la semaine dernière. C'est le deuxième ce mois-ci. Si ça continue, nous n'aurons bientôt plus de quoi subsister.

Il sous-entendait qu'il leur faudrait partir dans un futur proche. Valiammée, les lèvres pincées dans un réflexe nerveux, rentra ses ongles dans ses paumes de main. Elle n'en avait aucune envie. Elle préférait presque rester ici à mourir de faim et de soif.

Tout plutôt que de finir brûlée par la magie bleue.

- Ce n'est pas si terrible là haut, tu sais, poursuivit Lysandre. Les ennemis ne courent plus les rues. Ils cherchent des ressources, eux aussi, raison pour laquelle nous y sommes parfois confrontés. Autrement, ils ne s'opposent pas spécialement à nous.

- Mais il suffit de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment pour que les choses tournent mal, rappela Valiammée.

Lysandre lui frotta le haut du crâne, les yeux plissés par l'amusement.

- Toujours aussi pessimiste, à ce que je vois.

- Je ne fais qu'envisager tous les scénarios possible. J'appelle ça de la prévoyance.

- On sait se défendre, à trois. Tu n'as pas à t'inquiéter de ça.

- Ça ne m'empêche pas de le faire pour autant.

Le conflit avait une ampleur bien trop importante pour qu'elle reste sereine alors même qu'ils s'activaient à l'extérieur. Ce n'étaient pas juste deux grandes puissances qui s'affrontaient comme cela était arrivé de nombreuses fois dans l'histoire.

C'étaient trois.

Solen, Ifraya et Eole, les trois continents qui composaient Thélis.

Eux se trouvaient sur Eole, là où les combats étaient les plus violents. Les deux puissances ennemies ne se privaient pas pour faire le plus de dégâts possibles sur le terrain, qu'ils soient magiciens ou matériels. Combien de fois Valiammée avait-elle vu des magiciens revenir ici couverts de sang, parfois avec un membre en moins ? Elle n'avait pas envie de compter, même si des estimations glaçantes lui parcouraient l'esprit.

En revanche, selon le peu d'informations qu'elle obtenait, il semblait que les affrontements dérivaient régulièrement en guerre civile au sein des trois partis. Au delà des querelles opposant les continents se trouvaient celles entre les différentes populations de magiciens, où une nette séparation avait été opérée.

Puisque la plupart des ethnicités vivaient disséminées à travers les continents, lorsque les combats avaient éclaté, cela ne s'était pas limité à trois grandes puissances dans leur quête d'anéantissement. Cela s'était transformé en quatre populations de magiciens qui n'appréciaient pas de voir leurs semblables aborder les choses d'un point de vue différent.

Ceux qui avaient assassiné ses tuteurs au temple d'Astras étaient des Madrigans. Valiammée avait immédiatement reconnu leur magie, en tout point identique à la sienne. Jamais alors elle n'aurait cru se faire presque assassiner par des gens qui avaient clamé encore et encore leur unicité malgré l'océan qui les séparait.

Mais il en était de même pour les autres partis : Lysiriens, Astréiens, Phébéiens, tous ne pouvaient plus se fier à ceux de leur peuple avant de savoir s'ils soutenaient Eole, Solen ou Ifraya.

C'était presque si les familles n'allaient pas jusqu'à s'entretuer.

Cela posait d'ailleurs beaucoup de problèmes dans les souterrains. Il y avait des magiciens qui n'appartenaient à aucune des grandes populations : les magiciens Simples et les sorciers. Eux cherchaient à vivre leur vie normalement et se retrouvaient propulsés dans des conflits où ils n'avaient aucun rôle à jouer, hormis celui de dommages collatéraux. De ce fait, tous ceux qui n'étaient pas des magiciens Simples ou des sorciers étaient très mal vus sous terre. Ce qui laissait Valiammée et ses compagnons au rang de pestiférés.

Trois Phébéiens, deux Madriganes et un Ancestral métisse Ifrayen.

- On devrait partir, dit abruptement Lysandre.

- Comment ça ? répliqua Valiammée, tendue.

- Ça fait neuf ans que nous sommes ici, neuf ans que les gens nous tolèrent sans réellement le vouloir. Ils vont nous chasser. Autant partir de nous même.

- Vous rapportez beaucoup de ressources, je ne vois pas pourquoi ils feraient une telle chose.

Lysandre posa un regard peiné sur elle. Un regard lourd de signification.

- C'est déjà arrivé et tu le sais, poursuivit-il. Très souvent.

- Ce qui ne veut pas dire que ça se reproduira.

Il laissa couler un silence et ferma ses yeux un instant avant de les rouvrir sur elle. Valiammée sentit son inquiétude monter en flèche.

Elle s'était bien rendue compte qu'il était plus soucieux que d'habitude.

- J'ai entendu les dirigeants en parler entre eux, avoua-t-il. Ce matin, ils ont organisé un vote et les résultats étaient sans équivoque. Ils vont nous mettre dehors. Ça fait des années que je le sentais venir.

- C'est pour ça que tu sortais aussi souvent ces derniers temps ? comprit-elle.

- Au moins, Ariane, Vénérios et moi connaissons le terrain. C'est plus sur pour nous tous.

- Mais pour moi ? Pour Ténèbres et Miranda ?

- On vous protègera, ne t'inquiète pas. Puis je te l'ai dit, l'extérieur n'est pas aussi terrible qu'il n'y paraît.

Valiammée sentit le monde tourner autour d'elle. Les images du massacre de son enfance défilèrent sous ses paupières comme dans un réflexe. Elle se revoyait là, à courir entre les survivants qui avaient aussitôt fait de tomber comme des mouches, des trous béants au milieu du corps. Elle revoyait leurs os saillants s'échapper à travers la chair noircie voir manquante et les hurlements déchirants qu'ils poussaient avant de se taire à jamais.

Miranda s'assit brusquement entre elle et Lysandre, la coupant dans ses pensées morbides.

- Je ressens tes ondes négatives à l'autre bout de la cavité, Valiammée, dit-elle. Qu'est-ce qui te tracasse ?

Lysandre répondit avant que Valiammée n'en ait l'occasion.

- Je lui ai dit, à propos des dirigeants.

Miranda plissa les yeux.

- Oh, je comprends mieux. Si ça peut te rassurer, les flux magiques à la surface sont bien plus faibles depuis quelques semaines. Ceux de magie bleue, en particulier.

- Il y a moins d'ennemis, confirma Lysandre.

- Bien. Comme quoi mes prévisions sont toujours justes.

Miranda était la consœur Madrigane de Valiammée, également une prêtresse. Elle avait obtenu ce titre à cause de sa capacité incroyable à percevoir la magie et ses fluctuations dans l'espace, chose que très peu de magiciens étaient en capacité d'accomplir. Cela ne la rendait que plus antipathique aux yeux de beaucoup d'habitants des souterrains.

- Tu savais ? lui demanda Valiammée, déconfite.

- Ariane m'a tenue au courant tout à l'heure, mais je m'y préparais depuis un moment. Il y avait un courant de négativité supérieur à d'habitude orienté en notre direction. Ce n'est jamais bon.

- Et Ténèbres ?

- Il sait aussi. Il était là.

Valiammée était la dernière à l'apprendre ? Pourquoi avait-elle l'impression que le peu de contrôle qui lui restait sur sa vie était en train de s'envoler ?

Miranda, le regard désolé, serra sa main entre les siennes.

- Je suis désolée, Valiammée.

- Vénérios et Ariane sont en train de négocier avec les dirigeants, n'est-ce pas ? vérifia Valiammée.

- Plutôt de les retenir pour qu'on ait le temps de faire nos affaires. On ne peut pas négocier ce genre de choses, surtout lorsqu'un vote a été effectué.

- Tu sais quand ils vont arriver, d'ailleurs ? lui demanda Lysandre.

Miranda lâcha Valiammée et laissa ses doigts effleurer le sol de pierre grise aux nombreuses aspérités.

- Je ressens leur magie se déplacer dans les conduits en notre direction. Cinq minutes, sûrement.

Valiammée se redressa, le cœur battant.

- Cinq minutes ?

Elle avait déjà vu des expulsions se produire et savait que personne n'obtenait de délais, mais être spectateur de la chose était bien différent de la vivre. Valiammée n'avait aucune affaire à rassembler, comme la plupart de ses camarade, pourtant elle avait l'impression de devoir laisser ici toute sa vie.

Lysandre partit chercher Ténèbres, comme d'habitude reclus dans un coin plus éloigné des conduits, pour que leur groupe se retrouve au complet une fois Ariane et Vénérios arrivés. Pendant ce temps, Valiammée se retint de se ronger les ongles, sa panique peu à peu remplacée par un grand sentiment de vide.

- Où est-ce qu'on va aller ? demanda-t-elle à Miranda.

La prêtresse détourna son regard braqué au loin pour le poser sur Valiammée.

- D'après Ariane, hors d'Astras serait le mieux. Si on trouve une petite cité, on pourra tenter de s'y installer.

- Une cité intacte, ça existe ?

- Les informations de l'extérieur circulent mal, alors je n'en ai aucune idée. Nous devrons improviser sur la route, malheureusement.

- Comment tu fais pour rester aussi calme ?

Cette fois, les sourcils de Miranda se froncèrent dans une marque d'inquiétude. Elle n'était pas aussi sereine qu'elle le laissait paraître.

- Je me dis que tout arrive pour une raison. Même si cela peut paraître injuste.

Des bruits de pas se rapprochèrent de leur position. Fort heureusement, il ne s'agissait que de la gigantesque stature de Lysandre, suivi par celle nettement plus petite de Ténèbres. Comme d'habitude, Ténèbres avait l'air de renfermer sa colère en lui. Aujourd'hui au moins il était facile de voir où elle était dirigée.

Miranda, les yeux fermés, analysa les flux telluriques pour suivre le parcours de Vénérios et Ariane, qu'elle retransmit en temps réel à ses camarades. Valiammée était aussi subjuguée par la précision de ses informations que terrifiée à l'idée que les dirigeants se rapprochent.

Quand les premiers éclats de voix se firent entendre au loin, elle comprit que c'était définitivement la fin de leur sursis.

Miranda cligna frénétiquement des yeux pour se reconnecter à la réalité. Quelques instants plus tard, Ariane déboula de l'une des intersections du conduit comme une furie. Vénérios, la dirigeante et ses deux gardes du corps, engagés dans une conversation houleuse, apparurent peu après.

- C'est facile pour vous de donner les ordres ! s'exclama Vénérios. Et vous vous attendez à ce qu'on vous remercie, peut-être ?

- Non, ça ne l'est pas, contra la dirigeante maigrelette qui tenait ses distances et évitait de le regarder. Remercie moi ou insulte moi de tous les noms, je m'en fiche. Ça ne fera pas évoluer la situation.

Lysandre retint Ariane par l'épaule quand elle arriva à son niveau. Il lui demanda discrètement si tout allait bien et sa seule réaction fut de lever les yeux au ciel de façon rageuse. Valiammée ne se rappelait pas l'avoir un jour vue aussi en colère, la mâchoire serrée et ses bras croisés sur sa poitrine.

Ariane se dégagea et s'éloigna chercher le peu d'affaires en leur possession, posées au bout du conduit, dans un cavité où les racines d'un arbre gigantesque pendaient au dessus de leurs têtes comme les bras d'un mort. Deux sacs contenant des vêtements de rechange, un peu de vaisselle et quelques rations de nourriture, ainsi que les armes qu'elle, Lysandre et Vénérios utilisaient quand ils se rendaient à la surface. Miranda s'empressa d'aller l'aider, consciente que lorsqu'Ariane était dans un tel état, elle préférait se murer dans le silence et se débrouiller seule.

- Quand vous n'aurez plus personne pour aller chercher des ressources pour vous, on verra si vous assumez toujours votre décision, poursuivit Vénérios.

- Des magiciens compétents, nous en avons des dizaines. Vous trois Phébéiens n'êtes certainement pas indispensables, répondit sèchement la dirigeante.

- Lysandre, Ariane et moi sommes les trois seuls à avoir reçu un entraînement au combat. Depuis sept ans que nous sortons toutes les semaines, nous sommes le seul groupe à n'avoir jamais essuyé de pertes.

La femme osa enfin relever les yeux vers lui pour le foudroyer du regard. Puisque Vénérios la dépassait d'au moins quarante centimètres, cela l'obligea à se dévisser le cou.

- Oui, parce que vous êtes des nobles. Je dois vous rappeler que c'est la principale raison pour laquelle les gens ont voté pour vous exclure ?

- Nous sommes de grands méchants Phébéiens, oui, marmonna Vénérios. Depuis neuf ans qu'on est ici, on avait compris.

Tous les six, ils avaient fait leur maximum pour faire oublier à la population des souterrains leurs origines. Mais c'était comme vouloir effacer une tâche noire sur un mur blanc. La plupart des gens s'arrêtaient à ça et ne voulaient pas voir ce qu'il y avait autour.

Ariane et Miranda, les affaires en main, rejoignirent leurs camarades.

- Vous êtes tous là, constata la dirigeante, c'est donc l'heure pour vous de partir. Je vous remercie pour votre contribution à la vie de notre communauté, mais elle prend fin en ce jour.

- Ah, donc nous avons tout de même le droit à un peu de sympathie de ta part ? ironisa Ariane. C'est trop d'honneur.

- Écoutez, s'impatienta la dirigeante. Si cela n'avait tenu qu'à moi, je ne vous aurais pas exclus, mais ma voix n'est en aucun cas supérieure à celles des autres. Rien que le mois dernier, il y a eu trois incidents impliquant des Lysiriens et des Madrigans. Les gens en ont assez.

- Nous n'avons jamais posé problème, rappela Lysandre.

- Vous, non. Mais je dois vous rappeler que toutes vos populations s'entretuent à la surface ? Les magiciens Simples, en grand majorité ici, n'ont jamais rien eu à voir là-dedans. Une guerre est déjà bien suffisante, on ne veut pas en plus gérer une seconde dans l'un des seuls endroits du continent où nous sommes à l'abri.

- Tu as peur que les habitants finissent par te renverser parce que tu nous protèges, dit calmement Miranda. Je le comprends, mais nous jeter dehors n'est pas la solution.

La dirigeante l'ignora royalement et se retourna. Entourée des deux adolescents qui lui servaient de protection, elle ordonna aux six magiciens de la suivre jusqu'à l'entrée la plus proche. Miranda esquissa un sourire triste avant de lui emboîter le pas.

- Eh bien, j'aurais essayé. Allons-y.

Vénérios fut le premier à la rejoindre, suivi par Ariane. Lysandre, lui, posa une main sur l'épaule de Ténèbres et saisit la main de Valiammée en voyant que leurs pieds ne décollaient pas du sol. Ce contact suffit à réveiller les deux magiciens, qui, dans un silence pesant, entamèrent leur dernier trajet au sein de ces souterrains qui les avaient protégés durant neuf ans.

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