Chapitre 42
*Ge : frère aîné. Ge ge : même signification, mais avec une tendresse particulière dans une relation ou un couple (équivalent kor. = oppa).
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Un bruit de cliquetis. Des pas lourds.
Taehyung émerge des bras de son homme, l'esprit cotonneux. Les voix de son rêve retentissent dans le réel. Ses yeux s'ouvrent, il se redresse d'un bond. Cinq silhouettes illuminées par la clarté de la pièce principale se dessinent devant le lit.
— Qui êtes-vous ?! Jungkook ! s'écrie-t-il en le secouant.
Ce dernier se réveille dans le même état de stupeur.
— Bordel ! Mais vous êtes qui ?! Le contrat a été signé hier soir, foutez-nous la paix !
Un homme imposant se fraye un chemin parmi les cinq individus, qui s'écartent sur son passage.
— C'est toi, Kim Taehyung ?
— Pourquoi ? Que me voulez-vous ?!
D'un signe de tête, deux sous-fifres se jettent sur lui et l'extirpe du lit sans ménagement.
— Le touchez pas !
Avant de ne pouvoir leur sauter à la gorge, Jungkook se fait maîtriser par les trois autres. Il se débat en hurlant, impuissant, alors que son petit ami se fait brutalement arraché à leur chambre.
Tae se fait projeter au sol. Dans sa tenue d'Adam, il se relève en tremblant, les paumes sur son intimité, mais une gifle s'abat sur son visage et le cloue à nouveau à genoux sur le carrelage.
— Hyung !
Jungkook se débat comme un beau diable et finit par se faire agenouiller tant bien que mal à deux mètres de son ami, les bras douloureusement relevés dans son dos. Enfin, à la lumière du jour, le commanditaire reparaît ; son faciès se dévoile. La coupe fine de sa barbe poivre et sel peaufine la sombre élégance de son style souverain. Une longue cape noire retombe par-dessus ses larges épaules et des gants en cuir enserrent ses doigts avec la même rigidité que sa mâchoire acérée. Une profondeur impénétrable, une froideur inimitable. Reconnaissable entre mille.
— Le Sang D'or de mon fils, où est-il ?
Au petit matin, Zhan se réveille aux creux du cou de son tendre vampire... endormi ? Lui qui ne dort que très peu ? Dès lors qu'il le sent remuer, Yibo s'éveille à son tour.
— J'ai dormi...
— Oui, glousse Zhan.
— Hm... Tu sais ce que ça signifie ?
— Non, mais tu vas me le dire.
Yibo écarte une mèche de cheveu de son front en le contemplant. Il songe à ce renouveau. Aurait-il donc gagné le droit de goûter à la paix d'esprit ? L'illusion ne serait-elle finalement pas qu'un songe ? La douceur illumine son visage. Si cette nuit vient de lui confier les clefs de son âme, le secret restera bien gardé tant que le destin n'aura pas ouvert ses portes.
— Un jour, je te le dirai peut-être... murmure-t-il, malicieux.
Zhan repose la tête sur son épaule, la moue boudeuse. Il redessine le tracé fin de ses pectoraux du bout de l'index. La chaleur de son torse mêlée à son parfum naturel... Aucun réveil ne saurait être plus agréable.
— Je pourrais me plaire à me réveiller comme ça... Je ne dois pas m'y habituer, avoue-t-il, davantage pour lui-même.
— Tu pourrais t'habituer à tous les bonheurs de la vie, si tu me laissais prendre soin de toi.
Yibo se redresse et fixe son amour avec une ferveur à toute épreuve.
— Bo di...
— Zhan ge. Je veux tout quitter, pour toi. Je veux fuir cette vie avec toi. Peu importe si je dois tout le temps bouger, si je dois devenir éleveur de chèvres dans l'Iowa ou errer à l'autre bout du globe. Tant que je suis avec toi, tout m'ira. Aujourd'hui, je ne veux plus vivre que pour te rendre heureux. Ton sourire est mon unique bonheur.
Les yeux de Zhan scintillent. Il froisse un sourire chagrin, éclairé par l'espoir. Une peine qui trahit la crainte de croire en cette utopie interdite.
— Tout ce que je désire, reprend Yibo, c'est retrouver l'homme que j'ai toujours été au fond de ce cœur que tu trouves si froid. Tu m'as offert la chance de pouvoir renaître. A présent, je veux être celui que tu serais fier d'aimer.
Zhan glisse ses mains dans son cou et se mord la lèvre. L'idylle, tentatrice, gomme peu à peu l'illusion pour laisser place à la douceur d'une réalité éphémère. Ce fantasme qu'est la brûlure bienfaisante de l'amour, après tout ce temps, ne le mériterait-il pas ? Les barrières se fissurent, le rêve inaccessible esquisse ses premières lueurs. Une chaleur délicieuse irradie son cœur.
— Wang Yibo...
— Oui ?
— Fais de ce rêve une réalité.
Yibo se jette à son cou et l'emprisonne entre ses bras, fou de joie. Fou d'amour.
— Je t'en fais la promesse.
Un violent crochet déchire la lèvre de Taehyung, qui s'affaisse au sol, les joues tuméfiées. Les menaces n'étant plus efficaces, la brutalité s'intensifie. Ses cheveux retombent devant son regard brumeux. Quand bien même ils s'acharneraient sur lui, toute torture serait vaine. Il ne cèdera pas. Jamais. La fureur de Jungkook déferle dans ses veines. Ses muscles saillent entre les mains fermes de ses geôliers.
— Je vous jure que vous allez le payer... crache-t-il, l'œil assassin et les dents serrées.
Wang Qiren lui jette une œillade désinvolte, reflet de sa profonde condescendance envers les humains fragiles.
— C'est toi le frère du Sang D'or ?
— Mon frère a un nom, fils de pute.
Le Diable D'Asie considère le visage sanguinolent de Taehyung et fait volte-face.
— Puisque je ne veux pas trop vous abîmer, je vais me débrouiller par moi-même.
Il s'éloigne de quelques mètres pour passer un appel. Les hommes relâchent aussitôt les deux garçons et Tae s'écroule dans les bras de Jungkook.
— Kookie... chuchote-t-il, fébrile.
— Je suis là, je suis là...
Jungkook examine ses pommettes écorchées et ses yeux enflés. Le sang coule de sa bouche entaillée sur son menton. La haine est difficile à contenir, mais s'il tient à préserver leurs deux vies, il doit agir intelligemment et se montrer prudent. Il redresse son compagnon pour le blottir contre lui et enfouit sa tête au creux de son cou, la main dans sa nuque.
Plus loin, la voix de Wang Qiren tonne.
— Si tu ne me donnes pas cette adresse, ce n'est pas mon fils qui s'occupera de toi, ce sera moi.
L'inévitable se produit. La satisfaction étire la fine barbe du Roi. Il raccroche, victorieux, et quitte l'appartement sans un mot, son lourd manteau flottant derrière lui.
Les hommes bousculent les deux garçons vers la chambre.
— Habillez-vous, on y va.
— Pourquoi avez-vous besoin de nous ? proteste Jungkook
— Ferme-la et magnez-vous !
Les deux garçons s'interrogent en silence du coin de l'œil tout en se dirigeant vers le placard coulissant. Tandis que Taehyung finit d'enfiler ses vêtements à la hâte, Jungkook s'empare habilement de son téléphone – posé sur le chevet – dans le dos de leurs agresseurs. Du plus vite que ses doigts peuvent pianoter sur son écran, dans la pénombre de la chambre, il envoie un message à son frère. Quelques mots concis, mais suffisants pour l'alerter. En espérant qu'il les lise à temps...
L'instant d'après, les intrus les chassent dans le couloir.
N/A : Tout va s'enchaîner pour les garçons...! Suite et derniers chapitres ce week-end!
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