Chapitre 37

Aux armys non yizhanistes, info importante pour l'histoire :

Voici le cœur avec un point qu'a fait Yibo sur sa main lors d'une émission en rappel officieux au grain de beauté de Zhan, sous sa lèvre (photo ci-dessus). Ce cœur est emblématique pour le fandom.


    La porte d'entrée se fracasse contre le mur extérieur. Furieux et sous le choc, Jungkook dévale les marches, ignorant la voix de son petit ami. Est-il en plein cauchemar ? drogué ? Sa propre démence elle-même n'atteint pas un tel niveau d'absurdité. Pourtant, les pièces s'emboîtent les unes après les autres et les évènements prennent maintenant tout leur sens. Ces révélations sont d'une logique imparable. Une gigantesque hallucination, voilà la réponse la plus plausible à cette folie. Il doit s'éloigner de cet endroit. Fuir l'horrible vérité.

— Jungkook, attends ! S'il te plaît... !

    La main de Taehyung se referme sur son bras, il la repousse sauvagement.

— Lâche-moi ! Putain, des vampires ?! Sérieusement ?! Dis-moi que c'est une foutue blague que vous me faites tous !

    Taehyung baisse la tête, les lèvres pincées. Coupable, finalement, d'avoir mis son homme en danger à travers leur tissu de mensonges.

    Sur la grande allée de gravillons, Jungkook fait les cents pas tout en s'arrachant les cheveux, dents serrées. Il s'étrangle presque en réprimant un hurlement. Tout concorde ; absolument tout. Et une fois la réalité potentiellement intégrée...

— Le pire, Kim Taehyung, c'est que tu en fais partie...

— Ecoute, je ne suis qu'un métis par ma mère et elle-même n'était qu'une Sang Faible, dernier rang de la pyramide. Les métisses sont les moins bien considérés, mais aussi les plus nombreux.

— Putain, je m'en fous ! Tu bois du sang !

— Je ne... Aish ! Je ne bois pas de sang, Jungkook...

— Ah ouais ? Tu portes pourtant les mêmes gènes que ces malades.

— On n'est pas dans un film... Posséder le gène ne veut pas dire avoir besoin de boire du sang pour vivre, ces fantasmes-là ont été créés à partir d'une maladie rare, la PPE, soupire Tae. Et puis, tu crois que c'est un choix ? La plupart ignorent qu'ils portent en eux l'hérédité ou qu'ils sont métis. Nos canines ont perdu leur proéminence et nous n'avons plus aucun intérêt physiologique à ingérer du sang. Nous pouvons juste l'utiliser pour survivre et l'apprécier en bouche, mais il n'a aucune vertu pour nous.

— « Juste » dit-il... pouffe Jungkook. Et pour les vampires de sang « fort » et « impérial » comme Wang Yibo, dis-moi, quelles sont les vertus ?

    Taehyung frémit. Le sujet à ne pas aborder. Ce renseignement précieux déclencherait à coup sûr la rage de son ami et décuplera la haine qu'il nourrit envers Yibo. Il est acculé.

— Putain, dis-moi la vérité ! s'impatiente Jungkook, irrité.

    Tae baisse les yeux. La vérité a été forcée. Il est impossible de revenir en arrière.


— Hm. En fait, je n'aime vraiment pas cuisiner, explique Yibo, mais pour toi, j'apprendrai. En attendant, je peux toujours commander les choses que tu aimes.

    Dos à la cheminée crépitante, Zhan observe son vampire à quelques mètres dans la cuisine, en train de déballer la nourriture – l'un de ses plats favoris. Il sourit. Un tendre bougre. Intimidant et sauvage, mais également attentionné et prévenant.

— Comment sais-tu que j'aime...

    La porte claque à nouveau. Yibo grommèle.

— Aiyo... Ce garçon va-t-il un jour ouvrir normalement...

— Espèce d'enflure !

    Jungkook se rue vers lui, le saisit au cou et le plaque brutalement contre le mur.

— Kookie ?!

— Si ce sale type prend soin de toi comme ça, c'est uniquement pour sa gueule.

    Zhan s'approche de son frère, suivi par Tae – qui redoute une réaction violente de la part de Yibo. Mais rien ne se produit. Son hyung se laisse faire.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? interroge Zhan.

— Je veux dire que Taehyung m'a tout raconté à propos des propriétés de ton sang pour les vampires de sang noble, comme lui.

    Yibo lève un regard agacé au plafond avant de le laisser rouler sur son presque frère. Penaud, ce dernier se mord la lèvre.

— Wang Yibo, de quoi parle-t-il ?

    Le Lion D'acier soupire. Il se libère de la poigne de Jungkook et lève une main entre eux en guise de collaboration.

— Les Sang Blanc sont les plus communs, ils sont majoritaires. Ils n'ont pas aucune autre vertu que des nutritives. Au-dessus, il y a les Sang Pur, environ trente pour cent de la population. Ils sont plus raffinés en goût et ont un effet revigorant. Puis il y a les Sang D'or...

    Il marque une pause. D'avance, il sait. L'espoir fanera sur ses prochains mots.

— Chaque fois qu'on boit un Sang D'or, nos corps se régénèrent. Autrement dit, en en consommant régulièrement...

    La mâchoire de Zhan se décroche. Il ne peut en croire ses oreilles. Il se retient au bras de Taehyung pour ne pas défaillir.

— La Fontaine de jouvence est une légende antique qui s'est vue transformée au fil des siècles, mais ses origines de jeunesse éternelle sont tirées de faits bien réels.

    Jungkook s'approche de son visage, l'air mauvais.

— Ce que tu aimes chez mon frère, c'est la clef de l'immortalité.

— C'est faux.

— Menteur !

— Je suis tombé amoureux de Xiao Zhan dès le premier jour.

    Jungkook envoie son poing percuter la joue de Yibo au point de le faire tanguer. Taehyung, inquiet pour sa vie, tire son petit ami en arrière pour le protéger. Mais là encore, son hyung reste de marbre.

— Ce que tu penses m'importe peu, Jeon Jungkook.

— Et ce que je pense, moi ? rétorque Zhan.

    Le regard de Yibo change du tout au tout lorsqu'il croise le sien, bouleversé. Les risques qu'il aurait pris pour le préserver prendraient ainsi un tout autre sens – quoi de plus logique que de jouer l'avenir de son empire pour conserver sa jouvence ? Dans l'Histoire, les humains ont commis les pires génocides au nom de la vie éternelle.

    Le doute forge son mal dans le cœur de Zhan. Yibo ne serait ni le premier ni le dernier à être aveuglé par cette aspiration inavouable.

— Xiao Zhan... murmure Yibo en se dirigeant vers lui.

    Jungkook s'interpose fermement entre eux. Par son assurance, Taehyung perçoit son compagnon sous un nouveau jour. Comme si sa décision de se rassembler et fermer la porte à ses différentes personnalités avait poussé la sienne à éclore, à s'affirmer en puisant dans leurs caractères à chacune ; ou plutôt, en se réappropriant leurs forces.

— Et ça ? C'est de l'amour, ça ?! reproche Jungkook en désignant les empreintes sur le visage et le cou de son frère.

    Il tire brusquement les pans de son hanfu blanc et découvre, horrifié, la gravité de ses blessures ; ses chairs à vif sur tout son corps, les éraflures gravées de son torse à ses cuisses, les hématomes violacés imprimés sur ses flancs... Un tableau insupportable. Son regard écarquillé remonte et se fige dans celui de Zhan, qui lui arrache son vêtement des mains pour le plaquer sur sa poitrine avec pudeur. L'exhibition de sa faiblesse est avilissante. Il tourne la tête, profondément humilié.

— Hyung, balbutie Jungkook, suppliant, tu sais que cet homme dirige cette mafia, c'est un criminel...

    La honte flagelle à nouveau Zhan. Si son petit frère apprenait l'existence du trafic humain, toujours secret... A quel point est-il encore loin de la vérité ?

— Il t'a traqué comme une proie ! T'a blessé pour te boire et a manqué de te tuer ! Il t'a maltraité, mutilé ! Je t'en supplie, ne me dis pas que tu aimes ce salaud... !

     Les yeux de Zhan se brouillent de larmes. Il se détourne, les doigts crispés sur ses coudes ; la situation ne saurait être plus dégradante. Jungkook a raison, il est misérable. A plus forte raison en étant informé de toutes les horreurs dont est responsable son vampire. En cet instant, il voudrait disparaître. Alors qu'il reprend la direction du couloir à pas lents, Yibo contourne Jungkook pour le rejoindre. L'idée de le perdre lui comprime le cœur.

— Xiao Zhan !

— J'ai besoin d'être seul, Monsieur Wang.

    Le visage de Yibo se décompose, à contrario de celui de Jungkook qui se détend peu à peu, soulagé de la distance qui s'impose entre eux. Quelqu'un ne partage pas cet avis, en revanche. Taehyung appuie sur lui un regard noir.

— Quoi ? Tu soutiens ce qu'il a fait ?

— Non. Mais je connais très bien mon frère. Et si je désapprouve son comportement, je désapprouve aussi le tien, s'exclame-t-il en le plantant dans la cuisine.

    Jungkook le regarde partir, ahuri. Quels que soient les actes bienveillants de ce démon, comment pourraient-ils rattraper tout le mal qu'il a causé ? De plus, un être tel que lui ne révèle jamais ses véritables intentions. Si Tae est persuadé que l'amour de Yibo est sincère, en ce qui le concerne, il est convaincu de l'inverse.


    La pluie déverse sa peine sur le domaine, chue de ses nuages nostalgiques. Seul le fracas de son rideau gris résonne dans la demeure où règne un silence de plomb depuis maintenant plusieurs heures. Chacun se retrouve de son côté.

    Le plus furieux remet en question ses paroles acerbes, assis sur les marches extérieures, avec pour compagnie la fraîcheur de l'embrun ; le plus blâmable noie sa culpabilité dans un bourbon tout en envisageant les meilleurs moyens de se racheter, debout devant sa cheminée ; tandis que l'unique égaré lutte contre sa conscience et son cœur, du fond de son lit, le regard perdu sur les sanglots de l'ondée. Quant au plus rêveur, il erre dans la forêt détrempée, en quête d'une issue réaliste pour se libérer de l'enfer. Et cette solution, Zhan l'affirme le soir même, au dîner.

    Au milieu des bruits de baguettes en acier, le lourd silence est enfin brisé.

— Kookie, avant de bondir, sache que ma décision est déjà prise et que tu n'as pas la permission de t'y opposer.

    Zhan fixe son frère, entre douceur et fermeté.

— Je vais donner mon sang à ces gens en échange de votre liberté.

    Jungkook lâche ses baguettes, ses poings se serrent sur la table. Sa rancœur s'en retourne contre celui qu'il juge responsable de tous leurs maux.

— Et toi, tu es d'accord avec ça ?!

— Que veux-tu que je fasse ? se défend Yibo. C'est sa décision, et il n'existe aucun autre moyen de vous mettre en sécurité.

— Ha ! Tu ne vois aucun problème à l'emprisonner chez toi, mais pour trouver une meilleure solution, il n'y a plus personne.

— Jungkook, ça suffit ! le hèle Tae.

    L'air assassin que lui lance son ami convainc Jungkook de ne pas surenchérir. Il secoue la tête, écœuré.


    Après avoir changé le pansement de Zhan, s'être assuré de sa dernière prise de comprimés de la journée et l'avoir reconduit jusqu'à son lit, Yibo part se poster devant la cheminée. Tout en portant son smartphone à l'oreille, il pose un regard chagrin sur Taehyung, assoupi sur le canapé. Le voir subir de plein fouet le violent rejet de son petit copain l'affecte. Mais pour des gens terre-à-terre, habitués à vivre dans une réalité dénuée de toute fantaisie, le déni est compréhensible.

— Un litre toutes les deux semaines, pas un de plus. Sur une durée de quatre mois uniquement. Il est déjà anémié, je ne prendrai pas davantage de risques.

— Bien, Lion D'acier, s'enthousiasme la duchesse au bout du fil, vous devenez raisonnable.

— Évitez tout commentaire si vous désirez garder votre tête.

— Aish ! Je ne dis rien, je ne dis rien... se rattrape la jeune femme en se frottant la nuque. Nous signerons le contrat demain soir, si vous voulez bien, le plus tôt sera le mieux. Toutes les parties devront bien sûr être présentes et Jeon Jungkook et Kim Taehyung ont interdiction de quitter le pays durant ces quatre mois.

— Hm.

— D'ailleurs, sourit-elle, narquoise, pourquoi ne pas se retrouver au Diamond, demain à minuit ?

    Yibo se frotte le visage, piqué par cette provocation, mais concède malgré tout à sa proposition avant de mettre fin à l'appel. Le Diamond demeure l'endroit le plus sécurisé pour les garçons, grâce à la foule. Durant ces prochains mois, la tension sera permanente.

    Il recouvre le corps de Taehyung sous le plaid en fausse fourrure, puis s'accroupit devant lui pour susurrer quelques mots à son esprit endormi.

— Petit frère, si tu savais à quel point je suis désolé... Je cherchais à ne pas agir comme mon père, à ne pas te forcer la main ou à t'imposer des choix, mais j'aurais dû t'empêcher de faire celui-là.

    Son menton retombe.

— Je me rachèterai pour mes fautes. Je t'en fais la promesse.

    Pour la première fois, Yibo gratifie son presque-frère d'un geste tendre et glisse une main câline dans ses cheveux. A la pensée de leurs conflits amoureux, il froisse une moue douloureuse.

— Tu sais, il leur faut toujours un peu de temps pour digérer les choses. Mais ne t'en fais pas, s'il t'aime, il te pardonnera de lui avoir caché la vérité. Il comprendra que c'était par peur. Et il t'acceptera tel que tu es. Parce que même si tu es une tête brûlée, tu es un garçon exceptionnel.

    Il dépose un petit baiser sur son front et se redresse lentement, le cœur lourd.

— Avant de mourir, ma mère m'a dit une chose que je n'avais jamais comprise, jusqu'à présent... L'amour brave tout, car il n'existe que pour briller à travers l'autre.

    Derrière le mur du hall, Jungkook baisse la tête. La culpabilité le rattrape. Ce qu'il vient d'entendre remet en doute l'inflexibilité de ses jugements, c'est évident. Devrait-il pour autant minimiser la dangerosité de cet homme ? Rien n'est moins sûr.

    Il finit par se montrer et se plante à l'entrée de la grande pièce de vie, bras croisés. Yibo se refroidit dès l'instant où il l'aperçoit et lui cède la place pour aller s'enfermer dans son bureau.

— J'espère que Taehyung a raison, maugrée Jungkook. J'espère que tu n'es pas le sombre connard que j'imagine.

— Je suis un sombre connard. Mais mon amour pour ton frère est bien réel. Un jour, tu le comprendras sûrement. Tout ce que j'espère, de mon côté, c'est que tu accepteras Taehyung tel qu'il est. Tout comme lui t'a accepté, toi.

    Sur ces mots, il quitte le salon et laisse un Jungkook interdit dans la pénombre de la maison.

    Tout comme lui t'a accepté...

    C'est vrai. Taehyung est le seul garçon à avoir cherché sa compagnie et accordé de multiples chances, malgré leurs conflits et leurs différences. Ces étrangetés qui repoussaient les autres. Par ailleurs, même après avoir vu l'aspect le plus terrifiant de son être, pas une seule fois il ne l'aura abandonné. De bien trop belles raisons pour se laisser ronger par la rancœur.

    Il s'accroupit devant son petit ami et presse sa bouche contre la sienne. La caresse qu'il laisse traîner sur sa joue, du bout des doigts, le réveille. Taehyung bat lentement des cils puis ouvre sur lui un regard stupéfait.

— Q-qu'est-ce que...

— Chut... Tout va bien, murmure Jungkook. Je suis désolé de t'avoir blessé, tu ne méritais pas tout ce que j'ai dit.

    La douceur étire ses lèvres.

— À partir de maintenant, ce qui nous rend tous les deux uniques sera notre lien. Tu es l'idylle dont j'ai toujours rêvé, Kim Taehyung. L'être qui devait me compléter. Personne d'autre que toi ne pouvait me correspondre, car c'était toi que j'attendais. Depuis le début, ça a toujours été toi.

    L'émoi scintille dans les yeux de Tae. Jamais il n'aurait cru entendre un jour une telle déclaration, vivre un tel moment. Suspendu à ses lèvres, il effleure à son tour son visage du bout des doigts. Leurs regards se magnétisent. L'avenir grave ses merveilles sur le silence, n'attendant que l'instant parfait pour enfin révéler ses promesses.

    Jungkook entremêle ses doigts aux siens, les yeux miroitants d'étoiles.

— Hyung, je t'aime...

   

N/A : Premier Je t'aime <3 de Jungkook !! *hip hip*

... mais dégringolade pour le YiZhan...

Comment cette histoire de sang va-t-elle tourner selon vous ?

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