Chapitre 5

~♦️~

-Amy c'est toi ? Demanda Yves alors que je venais à peine de passer la porte d'entrée. 

-Oui. Répondis-je.  

J'enlèva ma légère veste et la posa sur le dossier d'une chaise.  Je viens de passer une journée horrible et la dernière chose dont j'ai besoin, c'est que Yves tape encore une crise. 

Je traverse nôtre petite entrée qui donne directement dans la cuisine et vient me poster contre le plan de travail qui fait face au salon où ma colocataire se trouve. Elle lève son regard de son ordinateur pour le poser sur moi et fronce les sourcils en fixant mon visage. 

-Tu vas bien ? T'as l'air complètement exténuée. S'inquiète-t-elle. 

Je lui offre un sourire qui se veut rassurant mais vue l'air qu'elle affiche après mon geste, mon effort n'a pas eu l'effet escompté. Je viens m'assoir lourdement sur le canapé en poussant un soupir. Je passe une de mes main sur mon visage comme si ça allait pouvoir m'aider à atténuer la fatigue. 

-C'est à cause de ce dont on a parlé au café ? Je suis désolée d'avoir parlé de lui, j'aurais dû me douter que-

-Yves, ce n'est pas pour ça. Dis-je pour la rassurer. 

Je déteste quand Yves culpabilise pour une chose qu'elle n'a pas commise. Elle est née avec le cœur sur la main et même si elle est parfois bornée, elle fait toujours en sorte que les autres se sentent bien et ne soient pas malheureux. Alors pour effacer cet air inquiet sur son visage, je pense que je vais devoir lui parler à cœur ouvert. 

-Je ne sais pas ce que j'ai en ce moment, c'est peut-être la reprise des cours qui me fatigue mais je pense qu'il y a autre chose. Je la regarde en me raclant la gorge. Je pense que Baekhyun et toi aviez raison. 

Je regarde sa réaction. Même si je n'ai pas encore dit leur nom, elle et moi savons pertinemment de qui je parle. Je remarque que ses épaules retombent légèrement. Elle sait ce que je vais dire, et en est soulagée. 

- Je ne sais pas pourquoi j'ai fais autant une fixette sur les Cavaliers. Ils ont eu tellement d'emprise sur moi que je ne remarquais même plus que je ne dormais et mangeais quasiment plus. Je ne voulais jamais m'éloigner de mon téléphone ou d'un quelconque écran capable de donner des infos parce que je ne voulais pas louper des évènements. C'est devenu une addiction toxique pour moi Yves, et je n'en veux plus. Je ne veux plus passer mes nuits a essayer de deviner où ils comptent faire leur prochain coups, je ne veux plus m'embrouiller avec toi et Baekhyun parce que je refuse d'entendre la vérité. Vous aviez raison, ils ont une emprise trop malsaine sur moi et j'en ai peur, je veux arrêter tout ça. 

Yves n'attend pas un moment de plus pour venir me prendre dans ses bras. Je la serre en retour contre moi, parce que ça fait du bien de se confier sur ce qu'on ressent et même si je ne lui parle pas du meurtre auquel j'ai été témoins, Yves connaît une partie de mon ressentit et ça me soulage d'un grand poids. 

-Amy... 

-Je suis désolée de ne pas vous avoir écouté, je renifle en sentant des larmes commencer à couler le long de mes joues, je suis si fatiguée Yves. Pourquoi il a fallut que je m'intéresse autant à eux ? Est-ce que j'ai un problème ? 

-Ne dis pas ça. Rétorque sèchement ma meilleure amie. 

-Mais regarde, je suis toujours fascinée par les personnages qui ont des problèmes mentaux et j'ai passé des mois à me renseigner et à faire toujours plus de recherches débiles sur un groupe de huit meurtriers ! Il y a vraiment un truc qui ne tourne pas rond chez moi et-

-Amy, tu es normale. 

Je m'arrête de parler en ne comprenant pas vraiment où Yves veut en venir. 

-Depuis qu'on se connaît, et ça va faire un bout de temps maintenant, tu t'es toujours intéressée aux agissements des gens et à leurs sens. Quand on était en maternelle, tu passais ton temps à analyser les livres qui nous aidaient à apprendre à lire, en te demandant pourquoi la petite fille du livre nous parlait comme si on était bête alors qu'elle devait avoir deux fois nôtre âge. En primaire, quand Dabin avait volé la poupée de Nayeon, tu lui avais demandé si elle ne se sentait pas bien dans sa peau et si c'était pour ça qu'elle passait son temps à voler des affaires aux autres. On avait neuf ans Amy ! 

Je rigole en repensant à ce souvenir. Tout était si simple avant et je donnerais tout ce que j'ai pour retourner à ce temps d'innocence qui était seulement rythmé par des anniversaire chez des copines. 

-Alors oui, les autres te trouvaient étrange parce que tu réagissais pas comme eux, mais moi je te trouvais tellement cool. Et je te trouve toujours aussi cool maintenant. Tu es née pour analyser les comportements de criminels et pour les comprendre, et c'est peut-être pour ça que tu t'es tant préoccupée des Cavaliers. Tu acquiert de nouvelles connaissances en psychologie et criminologie tous les jours, ça ne peut qu'accroître ton envie d'enfin pratiquer et c'est vrai que les Cavalier sont des personnages assez énigmatiques. 

***

    Je regrette de m'être autant embrouillée avec Yves à cause des Cavaliers. Elle est mon amie et ne mérite pas de passer son temps à se faire du soucis pour moi. Lui parler comme je l'ai fais il y a quelques heures, m'a permis de comprendre quelque chose. Yves et Baekhyun sont des personne en or et les Cavaliers ont dressés un mur entre nous sans le savoir. Et c'est quelque chose qui me serre le cœur parce que je tiens beaucoup à eux. 

Une partie de moi s'est confessée à Yves toute à l'heure et ça lui à fait du bien et j'espère qu'elle s'est laissée convaincre par mes larmes. En discutant avec elle certes j'ai compris qu'elle était importante pour moi, mais j'ai aussi compris que maintenant il allait falloir que j'arrête de parler ou même de penser aux Cavaliers en sa présence et celle de Baekhyun. Ils doivent croire que je me détache peu à peu de ce fantasme que j'ai "créé" autour d'eux et que je reviens peu à peu à la normale. 

Je regarde mon téléphone qui indique qu'il est trois heure du matin passé. Je regarde l'arrêt de bus puis le stand de Bubble Tea qui est maintenant fermé. 

Plus que quelques pas. 

La rue principale n'est pas encore déserte et ce sont surtout des jeunes de mon âge qui changent de boîte ou qui sortent seulement de restaurant. J'accélère le pas, sentant l'excitation monter dans tout mon corps. Mon cœur bat de plus en plus vite et je bouscule même un garçon tellement je suis pressée d'arriver à mon but. Je ne prends même pas la peine de m'excuser et continues de marcher. 

Plus que quelques pas. 

Mes baskets blanches s'arrêtent devant l'entrée de la petite ruelle vide. Mon organe vital s'agite dans tous les sens et j'ai l'impression qu'il va sortir de ma cage théocratique. Mon regard se plonge dans la noirceur du lieu en face de moi. 

C'est la ruelle dans laquelle j'ai vus les Cavaliers tuer un homme en le brûlant vif. 

J'ai envie d'avancer mais mes pieds restent bloqués au sol. La peur vient tirailler mon estomac et je remet soudainement  en question ce que je m'apprête à faire. Pourquoi je suis sortie de mon appartement en pleine nuit pour venir ici ? Pourquoi je n'ai pas pu parlé à Yves du fait que j'ai vu des meurtriers recherchés dans tout le pays tuer quelqu'un ? Pourquoi je suis incapable de lui dire que je n'arrive pas à me défaire de leur emprise ? 

Bordel j'ai vraiment fais une connerie en venant ici. Je sens que quand je rentrerais chez moi pour dormir, je ne pourrais pas fermer mes yeux sereinement et j'entendrais encore les hurlements de cet homme. 

Mais alors que je m'apprêtais à tourner les talons pour rentrer chez moi, je le revois.
Le Cavalier qui m'a regardé lors de cette fameuse nuit.
Je le vois très distinctement devant moi, même si je sais que ce n'est que mon cerveau qui me joue des tours. Il penche sa tête sur le côté d'une manière observatrice et plante ses yeux dans les miens. Je revis instantanément les sensations que j'ai ressenti ce jours-là : la peur, la boule au ventre, le cœur qui bat trop rapidement, les larmes qui coulent sur mes joues et mon incapacité à faire le moindre mouvement. 

Le faux Cavalier me tourne le dos et se met à marcher lentement dans la ruelle. Constatant que je ne bouge pas, il se tourne vers moi et me regarde d'une manière qu'il me montre qu'il m'invite à le suivre dans cette sordide ruelle. Comme la première fois, mon regard reste bloqué dans le siens et je ne peux qu'obéir. C'est comme si mon corps ne me répondait plus et que c'était cette fantasmagorie de ce criminel qui me contrôlait. Je me mets donc à le suivre lentement et quand j'arrive à son niveau qui correspond au quart de la ruelle, je remarque de nouveau que l'ambiance n'est plus la même qu'il y a quelques secondes.
La chaleur de l'agitation a laissé place au froid d'un meurtre. 

Je regarde les lieux et je remarque que la ruelle a été nettoyé de toutes les traces du sang que l'homme a perdu quand il se faisait battre. La rue a déjà été fouillé donc plus besoins de ces bandes jaunes stupides qui délimitent une scène de crime.
Je m'avance un peu plus, seule, toujours en regardant autour de moi. J'ai l'impression que même les murs des immeubles qui forment cette ruelle, savent l'horreur qui s'est passée ici. L'ambiance est si sinistre qu'elle devrait me donner envie de rentrer chez moi sur le champs, mais c'est tout le contraire. J'ai envie de continuer à ressentir ces frissons dans mon dos à chaque fois que je fais un pas de plus, j'ai envie d'être toujours plus proche de la victime et des Cavaliers. 

J'ai envie d'entendre de nouveau les cris de douleur. 

Je réalise enfin ce que je suis en train de penser. Je suis vraiment en train de souhaiter revivre la mort d'un homme ? Il faut absolument que je quitte cet endroit . 

Je cours pour sortir de la rue et je respire un grand coup. J'admet que j'ai mentis à Yves en lui disant que je comptais oublier les Cavaliers parce que je sais que j'en suis incapable et qu'il me reste juste à faire semblant de les sortir de mes préoccupations et de continuer mes recherches sur eux quand je serais seule. Mais retourner sur le lieu d'un meurtre ? Qu'est-ce qu'il m'a prit bon sang ! C'est peut-être parce que c'est la première fois que je voyais un homme se faire carboniser devant mon impuissance, qui fait que j'avais besoin de revenir à cet endroit, comme pour mettre définitivement un terme à ses hurlements qui ne cessent de me suivre ?
Oui c'est sûrement ça. 

Mais pourquoi je me suis sentie si bien dans cette ruelle ? 

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