Chapitre 24
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C'est sur les coups de deux heures du matin que je referme la porte de chez moi.
Je passe une main sur mon visage pour me permettre de me convaincre que la soirée que je viens de passer était réelle. J'ai réellement porté une robe qui doit valoir plus cher que mon ordinateur, parlé avec des gens important dont je ne sais rien et agis comme si j'aidais les Cavaliers dans leurs enquêtes. Même si je sais que ce genre de soirée ne se produira plus jamais, je ne peux m'empêcher de sourire en y repensant. Ce genre de chose, ça n'arrive que dans les films et pourtant, ce soir, j'ai eu l'impression d'être quelqu'un.
A contrecœur, je me dirige vers ma salle de bain pour quitter la robe rouge que Yeosang, en âme charitable, m'a permit de garder en me disant que j'en aurais sûrement plus besoin que lui. Des étoiles pleins les yeux, je me démaquille et me mets en pyjama en repensant à tous ces gens plus chics les uns que les autres, Yeosang menant sa petite enquête pendant j'attirais l'attention de diverse personne qui pensaient sûrement que je faisais partie du même monde mondain qu'eux. J'ai l'impression absurde que mon cœur est en train de voler, que je me trouve toujours dans cette magnifique salle dorée et toujours plongée au milieu de ces gens.
Des coups sur ma porte ne tardent pas à se faire entendre et je soupire en lâchant ma tête en arrière, puisque je viens de me faire couper au milieu de ces souvenirs magiques. Je m'approche de la porte et l'ouvre, pensant que c'est peut-être Seongwha qui revient pour me faire une quelconque morale, mais j'ai un mouvement de surprise quand je me retrouve nez à nez avec San portant deux boîtes de pizza et en compagnie d'un autre garçon. Ses cheveux gris lui retombe un peu sur les yeux et j'ai l'étrange impression que ses yeux m'analysent d'une manière qui ne peut être que malsaine.
-On a vu que tu venais de rentrer avec Yeosang et on avait envie de pizza, alors on s'est dit qu'on en mangerait avec toi. M'annonce San en entrant suivie par l'autre garçon.
-Faîtes comme chez vous... Pestais-je.
San pose les cartons sur la table et va chercher de quoi découper nos plats dans ma cuisine pendant que je m'installe sur le canapé. Pendant les quelques secondes où San s'absente, je sens sur moi le regard de l'autre Cavalier qui me détaille de haut en bas.
-Tu as toujours un visage de poupée. Dit-il.
Je frissonne en reconnaissant cette phrase.
C'est un des Cavaliers que je n'ai jamais vu, mais je ne pourrais jamais oublier cette voix dérangée qui avait utilisée le même terme de "poupée" en parlant de moi.
-Au fait, je m'appelle Wooyoung. Je suis l'expert en torture.
-Woo arrête elle va avoir peur de toi. L'interrompt San.
Poussée par une fierté quelconque ou peut-être par de soudaines envies suicidaires, je m'empresse de lui répondre.
-Il ne me fait pas peur.
-Vraiment ? Me demande San en arquant un sourcil, montrant qu'il ne croit pas une seconde à ce que je dis.
A vrai dire, moi non-plus je ne crois pas en mes paroles. Mais je me dis que si Wooyoung est en ma présence avec des pizzas, c'est qu'il n'a pas envie de me découper.
Du moins pas tout de suite. Enfin je l'espère.
-Enchantée Wooyoung, je suis Amy, la seule personne qui ai été capable de découvrir qui vous étiez. Dis-je en lui tendant ma main.
Après avoir lâché un petit rire, il me serre la main et s'installe confortablement sur mon canapé. San qui venait de terminer de découper la première pizza, nous tend une part à tous les deux et regarde autour de lui.
-On dirait que t'aménages. Comment t'as pu te payer tous ces meubles ? Me questionne San.
-J'ai balancé des infos sur vous à Bang Yongguk. Dis-je en croquant dans ma part. T'as bien fait de la prendre au chorizo, c'est ma préféré.
Je remarque que les deux Cavaliers me fixent du regard et que leurs corps est complètement tendus.
-Enfin, j'ai balancé des infos sur vous, en les dirigeants vers quelqu'un qui mérite vraiment qu'on le descende. Dis-je.
Wooyoung lâche un soupir en souriant et San me regarde attentivement.
-Tu sais que c'est des mots lourds de sens ça, Amy ?
-T'es ici pour me faire la morale ou pour manger ? Dis-je en roulant des yeux.
-Pas le moins du monde, mais j'aimerais que tu comprennes une chose. La personne que tu as condamné est probablement morte à l'heure qu'il est, et si elle ne l'est pas, ça ne saurait tarder. Tout ce que tu fais à partir de maintenant et qui a un rapport avec nous, aura des conséquences. Garde simplement ça à l'esprit.
Croquant presque rageusement dans ma pizza, je pense aux mots de San. Bien-sûr que je sais que j'ai condamné à mort Himchan, mais je ne sais pas, depuis que j'ai fais sa description aux hommes de mains de Bang Yongguk, j'évite de penser à lui. Je monte volontairement un mur entre lui et moi dans ma tête, parce que je ne sais pas si je vais regretter mon action, si je vais me mettre à pleurer de douleur ou de tristesse ou bien si je vais apprécier le pouvoir de vie et de mort que j'ai sur lui. J'ai peur de ce qui résulterait si je me mettais à penser sérieusement à cette histoire, est-ce que je suis prête à me voir telle que je suis ? À comprendre que je ne suis peut-être pas aussi saine d'esprit que je le pense ?
-Bon, commençais-je pour changer de sujet, il est vrai que je fais des recherches sur vous, mais je n'ai toujours pas bien compris quel était vôtre rôle à chacun.
Les garçons se lancent un regard sans que je sache ce qu'il signifie, mais après quelques secondes où leur communication se fait en silence, ils semblent s'être mis d'accord et posent leurs regards sur moi.
-Hongjoong est nôtre chef, il a un esprit incroyable qui est capable de prévoir tous les scénarios possibles à n'importe quelles situations, en très peu de temps. On ne connaît pas vraiment de chose sur son enfance mais ça ne nous intéresse pas, c'est nôtre leader et il est fait pour ce genre de job. Comme te l'as dit Woo tout à l'heure, c'est lui qui torture les gens, il est un peu maniaque sur les bords mais c'est toujours utile d'avoir un fou loyal dans une bande.
-Je ne suis pas fou, vos esprits sont juste trop fermés pour comprendre mon talent. Rétorque Wooyoung.
-Ton talent pour découper la chair humaine ?
-Entre-autre. Et puis San fait le malin, mais il n'est pas très clean non-plus. Comme t'as dû le comprendre, on est riche et pas seulement grâce à Yeosang. On ne survivrait pas si on devait s'appuyer sur son entreprise. San est le petit chimiste de la bande, il nous confectionne des drogues incroyables qui nous enrichissent les poches en un rien de temps. M'informe dit Wooyoung avec un sourire.
Alors c'est ça le principal marché des Cavaliers. C'est la drogue. J'aurais dû m'en douter, c'est un classique qui marche à tous les coups. Combien de personne seulement dans le pays sont accros à ce que fait San ?
-Ensuite Mingi et Jongho sont nos hommes de mains. Quand Wooyoung à besoin d'un nouveau jouet, c'est généralement eux qui vont le chercher. Continue San. Même s'ils sont amis de longue date, ils sont bien différents, tu t'en est déjà rendue compte j'imagine.
Prenant une seconde part de pizza, je ne peux que confirmer ses dites. Penser que Jongho et Mingi ont le même caractère, ça serait une monumentale erreur de ma part.
-Yunho est nôtre hacker. Il sait tout sur tout, rien ne lui échappe. C'est d'ailleurs lui qui nous a trouvé ton adresse. Mais ne lui en veux pas trop pour ce petit désagrément, ajoute-t-il en voyant mon visage s'assombrir, il t'as protégé.
-Comment ça ? Demandais-je, avide d'en savoir plus.
-Tu dois sûrement savoir que les hommes de Yongguk en ont aussi après toi, et c'est pourquoi, j'imagine, que Seongwha t'as mené à eux ce matin, mais la veille du jours où on t'as enlevé, tu t'étais fait suivre par deux hommes de Yongguk. On t'as enlevé pour ta sécurité.
-Dis juste que c'était une course d'honneur avec eux pour obtenir des renseignements en premier...
-Aussi. Ajouta Wooyoung.
Chassant rapidement cette mauvaise révélation de mon esprit, je me décide enfin à poser la question qui me brûle les lèvres depuis quelques minutes maintenant.
-Et Seonghwa, c'est quoi son rôle ?
San et Wooyoung se lancèrent un regard complice. Décidément, on dirait que chacune des choses que je leur dit semble sujet à des discutions silencieuses.
-Disons que Seongwha est particulier. Dit Wooyoung en se réservant de la pizza.
-En fait, on ne sait pas vraiment si il tient un rôle particulier, mais on sait juste que Hongjoong et lui se connaissent depuis petits, et qu' il est très intelligent.
Je roule une nouvelle fois des yeux. J'imagine que je ne tirerais rien de plus sur Seongwha et même si je sais que je n'arrêterais sûrement pas de faire des recherches sur lui, pour ce soir, c'est terminé, et puis je suis bien trop fatiguée pour me creuser les méninges davantage.
-T'es pas aussi chiante que le dit Mingi, me confie Wooyoung.
-J'imagine que je dois le prendre comme un compliment ?
Les garçons rient et je ne peux pas m'empêcher de me joindre à eux. Je dois avouer que cela fait bien longtemps que je n'ai pas rigoler pour aucunes raisons particulières.
Ce genre de rire qui vient alors que il n'y a rien de drôle, ce genre de rire qui nous permet simplement d'évacuer toutes sortes d'émotions sans partir dans des crises de larmes incontrôlables, ce genre de rire qui allège le cœur.
-Est-ce que vous pouvez m'apprendre à tirer ? Dis-je soudainement.
San et Wooyoung semblent autant surpris que moi de ma demande.
-Je sais qu'avant d'apprendre à tirer je devrais apprendre à me battre, mais je refuse d'être en présence de Mingi.
-Pourquoi tu veux apprendre à tirer, ou même à te battre ? Me demande San.
-Parce que je vis entourée de huit meurtriers, que je suis aussi recherchée par la mafia de Yongguk et que j'ai l'impression d'être un petit agneau perdue, ce qui est vraiment plus qu'agaçant.
-J'imagine que ça peut se faire. Dit Wooyoung. Je n'ai pas toujours des amis dans ma salle et je me débrouille plutôt bien avec toutes les armes que je peux tenir entre mes mains.
-Woo, je suis pas sûr que H-
-Mais il faudra tôt ou tard que tu apprennes à te battre, sinon tu seras toujours aussi vulnérable qu'avant.
Avant que je puisse le remercier, San prend les devants et parle avant moi.
-Ne te fais pas d'illusions, il faut qu'on en parle à Hongjoong avant.
Mon sourire retombe. C'est vrai que je n'aurais pas dû penser que tout était déjà acquis, ils sont loyaux à un chef, que je n'ai jamais vu, il est normal qu'ils lui en parlent en premier. Les garçons se lèvent en emportant la pizza déjà entamée et en me laissant celle que nous n'avons pas commencé avant de me souhaiter une bonne nuit.
C'est en traînant des pieds que je me rends dans ma chambre et que je me laisse tomber lourdement sur mon lit. Avec un effort surhumain, je parvins à me glisser sous mes draps et je ferme rapidement mes yeux. La journée que je viens de vivre était autant épuisante mentalement que physiquement. J'estime que j'ai le droit à une bonne nuit de sommeil.
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