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      J'inspirai profondément l'air marin avant de toquer sur le bois de la porte devant moi.
Je dû attendre presque une minute avant que la porte s'ouvre sur Jongho qui tenait une poche de glace sur son nez. Son regard perçant rencontra le mien que j'efforçai de rendre fragile en faisant légèrement trembler mes pupilles, comme si je redoutai l'accueil que me ferait le Cavalier. Pour ajouter un peu à ma prestation, je triturai mes doigts de façon nerveuse, une habitude que j'avais complètement effacé depuis que j'avais commencé à élaborer le plan de ma vengeance.
Il fallait que Jongho revoit en moi l'amie qu'il avait, je n'en faisais pas trop, sinon il allait démasquer ma supercherie, tous avaient bien vu que mes capacités en combat rapproché s'étaient améliorées et j'étais partie plusieurs moi en n'ayant que Mingi pour compagnie, ce qui avait fait naître une véritable amitié entre nous, il était stupide de ma part de leur faire croire que je n'avais pas changé un temp soit peu. 

-On peut parler ? Fis-je d'une petite voix en soutenant son regard. 

Il ne me répondit pas tout de suite, ce qui je devais l'avouer, me faisais un petit peu angoisser. J'avais besoin de renouer mon amitié avec lui en premier, c'était primordial. Je m'en étais prise à lui, je l'avais un petit peu défiguré, mais je devais avoir l'air de m'en vouloir, de regretter d'avoir réagi ainsi face à nos si émouvantes retrouvailles. 

Pour seule réponse, Jongho se décala légèrement sur le côté, me laissant un espace afin de me permettre d'entrer, ce que je ne tardai pas à faire. J'entrai alors dans la cabine qui était identique à la mienne, exception faite des habits masculins éparpillés un peu partout. 

-Désolé pour le désordre, je n'avais pas prévu de recevoir de la visite, surtout la tienne. Et puis j'ai été occupé. Fit-il avec un ton rempli d'ironie accusatrice. 

J'accusai le coup en silence, hochant timidement la tête. Sa voix était légèrement acerbe, pas trop pour que je comprenne qu'il ne me pardonnerai pas, mais assez pour me montrer que je lui devais des explications, ce qui était parfaitement ce que j'attendais de lui. Je m'assis alors sur son lit, lui faisant face alors qu'il était debout, en agissant ainsi, je me plaçai en position inférieure à lui. Je baissai alors légèrement la tête en prenant un petit air coupable, et je ne parlai pas tout de suite, lui donnant l'impression que je cherchai mes mots, afin de ne pas envenimer les choses et de plutôt les arranger. 

-Je suis désolée, fis-je en relevant mon visage vers lui. 

Je pris un petit temps pour regarder son visage qui n'avait pas changé, gardant un masque neutre, il en attendait plus, ce que j'étais ravie de lui apporter. 

-Je ne sais pas si ce que je vais dire va permettre d'arranger les choses, mais j'ai vraiment besoin que tu les entendes. 

La carte de la sincérité, du relâchement de la culpabilité qu'on a sur le cœur, une manigance infaillible qui marche toujours. 

-J'avais une vie avant, une meilleure amie, des études qui me plaisaient, tout ce qui me constituait un petit monde tranquille que j'aimais. J'ai eu le malheur d'être trop curieuse et de m'être intéressée à vous, et au lieu de me faire peur ou d'acheter mon silence, vous m'avez kidnappé et terrorisé dans vos sous-sol. Est-ce que tu sais la terreur que j'ai ressenti durant ces heures-là ? Je me voyais mourir, à chaque seconde. Ensuite, vous m'avez forcé à vivre avec vous alors que je savais très bien que vous m'aviez épié durant des semaines entières. J'ai dû vivre en me rendant compte que tout mon cercle privé, tout ce que je pensais secret entre moi et moi, était en réalité vu par huit hommes. Tu n'es pas une femme Jongho, tu ne sais pas à quel point le fait de se savoir sans cesse espionner par des hommes est terrifiant. J'avais constamment peur qu'un jour, l'envie prenne à l'un de vous de monter me faire un petit coucou non-consenti. 

Je pris alors une pause dans mon long discours, histoire de sécher la petite larme qui avait inopinément coulé le long de ma joue. 

-Malgré ça, j'ai fini par vous apprécier. Vous m'aviez inconsciemment forcé à m'éloigner de mes proches, je n'avais plus rien à part vous. Vous m'avez fait rire, et avec vos enseignement j'ai fini par me sentir forte, par me dire que je n'aurais plus jamais peur, que j'étais devenue importante et capable de me défendre. Vous étiez devenu ma famille Jongho, mais les familles ne sont pas sensées se trahir. La dernière fois qu'on s'est vu, quand Mingi m'a annoncé que tout ce temps, vous aviez tous fait semblant de m'apprécier pour mieux me briser, j'ai été anéanti. Vous étiez tout ce qu'il me restait, ce qui me permettait de tenir encore un peu. Vous étiez les frères que je n'ai jamais eu, je suis tombée amoureuse, et pourquoi ? Pour que j'apprenne que tout cela n'était qu'une mascarade. Ce soir-là, j'ai cherché dans vos regard le pardon, n'importe quel signe qui aurait pu montrer que vous étiez désolés, que finalement, au bout du compte, vous vous étiez attaché à moi. Je n'ai rien vu, rien. 

Je sentais les larmes couler sur mes joues abondamment et je fis même mine d'avoir légèrement du mal à respirer, sans en faire trop bien-sûr. 

-J'ai souffert Jongho, pendant des mois. Penser que lorsqu'on se reverrait, je serais de nouveau prête à agir comme si il ne s'était rien passé a été une belle erreur de votre part. J'ai été violente, je sais et c'est la seule chose pour laquelle je m'excuse, j'aurais dû chercher à avoir une discussion avec toi, quitte à ce qu'on s'engueule. Mais, je me suis laissée emporter. Tout a commencé avec toi, et sur le moment, j'ai voulu me venger j'imagine, te faire comprendre à quel point ma vie m'avait échappé depuis que tu t'étais approché de moi. 

Il fallait toujours mettre un peu de vérité dans un mensonge, histoire que mon expression soit encore plus crédible. J'avais désormais baissé la tête pour regarder mes mains qui trituraient mes doigts et ce n'est qu'après une bonne minute de silence pesant, seulement rompu par le bruit des vagues qui claquaient contre la coque du bateau, que Jongho s'approcha de moi pour venir me prendre dans ses bras. Ce fut donc le moment idéal pour moi d'éclater en sanglots en me confondant en excuses saccadées par mes larmes. 

La sensation d'étrangeté qui me prit, fut bien réelle. Cela faisait des mois que les seuls câlins que j'avais eu étaient de la part de Mingi, mais ceux de Jongho n'étaient pas désagréable. 

-Je suis désolée Amy. Fit-il en se reculant et en s'agenouillant pour être à ma hauteur. Mais tu sais, on est tous de bons menteurs. Même si on n'en a pas discuté avec les autres, je sais que te voir pleurer les a beaucoup affecté, bien plus qu'ils ne le pensent eux-mêmes.

Adorable, il voulait me réconforter. 

-Au moins, tu ne peux pas nier que je me suis améliorée en combat à mains nues. Dis-je avec un petit sourire. 

Jongho lâcha un petit rire montrant qu'il était bien d'accord avec moi. 

L'ambiance dans la pièce s'était nettement détendue, elle dégageait maintenant la douce odeur du pardon.
Heureusement que la manipulation savait masquer son odeur, car sa senteur me collait à la peau depuis que j'étais montée sur ce bateau. 

-Tu devrais aller parler aux autres. T'ouvrir comme tu viens de le faire avec moi. 

-Tu penses qu'ils ne vont pas m'en vouloir de t'avoir frappé ? 

-T'en vouloir ? Jamais. Ils ont envie de venir te parler, de prendre de tes nouvelles, mais avec ce qu'il s'est passé hier, ils ne savent pas comment agir avec toi car ils se disent que tes réactions sont devenues imprévisibles. Et puis, c'est surtout moi qui vais en prendre pleins la gueule maintenant, je viens de me faire battre à plate couture en combat rapproché. 

Je lâchai un petit rire. 

-Pour ce qui est de Seonghwa, ce n'est pas mes affaires mais je pense que tu lui as aussi beaucoup manqué. Il est juste plus doué que nous pour cacher ses émotions. 

La question de Seonghwa était déjà résolue dans mon esprit, je savais évidemment comment m'y prendre, mais cela allait demander du temps. Je voulais être sûre que tout soit parfait avant d'entreprendre quelque chose avec lui, après tout, j'avais appris la manipulation avec lui et si je faisais un seul faux pas, il risquait rapidement de me percer à jours. Et puis quoi de mieux qu'une tension permanente entre Seonghwa et moi pour prouver aux reste des Cavaliers que je tenais encore à lui, mais que la blessure de son mensonge sur son amour pour moi était encore trop fraiche pour que je puisse lui pardonner complètement et rapidement ? 

-Tu as raison, je vais parler aux autres. 

Je déposai alors un bisous sur la joue de Jongho en lui adressant un dernier sourire, m'efforçant de paraître apaisée d'avoir enfin pu parler à cœur ouvert avec lui. Je sorti de la cabine et fermai la porte derrière moi.
Je regardai alors autour de moi pour être sûre que personne ne rôdait dans les alentours, et je lorsque je fus certaine d'être seule, j'essuyai les larmes qui avaient glissé sur mon visage et qui avaient rendu mes joues collantes. 

Jongho avait été simple à manipuler, les six autres Cavaliers le seraient encore plus.