Chapitre 5
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Les Cavaliers et moi étions assis dans la cabine la plus grande du bateau. On se regardait tous dans le blanc des yeux en attendant que l'un de nous parle.
Je n'étais pas stupide, je savais que j'étais le centre de leur attention, ils n'avaient aucune raison d'attendre les paroles des autres Cavaliers, puisqu'ils s'étaient tous quitté en bons termes, et puis, ils venaient de me voir tirer une balle dans la tête d'un homme, de quoi remettre en question la perception qu'ils avaient tous de moi.
Assise à côté de Mingi, je laissai mes yeux observer la pièce en laissant l'une de mes jambes croisée sur l'autre, se balancer légèrement. Je m'efforçai d'adopter une attitude nonchalante pour qu'ils pensent que mon premier meurtre ne m'affectait pas le moins du monde. Ce qui était bien évidement faux puisque j'avais une forte envie de vomir tous les organes stockés dans mon ventre.
-Alors, où est-ce que vous êtes allés ? Demanda Yeosang.
Alors que Wooyoung semblait vouloir prendre la parole, je le coupai.
-On n'est pas sensé garder le secret ? Fis-je en plantant mon regard dans celui de Yeosang. Vous n'allez pas désobéir à Hongjoong quand même ? Vous qui lui êtes aussi loyal que des chiens victime de dépendance affective.
Je m'étais permise de dire cela car je savais que Hongjoong était dans la cabine en train de conduire le bateau, mais je sentis très clairement que ma phrase avait jeté un froid dans la cabine.
-Quoi ? Vous n'êtes pas d'accord ? Pourtant vous êtes les principaux concernés.
-Amy...fit Mingi.
-Quoi ? Vous refusez de voir la vérité en face ? Elle vous fait trop mal ? Bien, ça vous donne un aperçu alors.
Le silence fut brisé par le petit rire de Seonghwa. Depuis la dernière fois que je l'avais vu, il avait raccourci ses cheveux mais avait conservé les petites ondulations qu'il avait. Ses traits s'étaient un peu durcis et il semblait avoir légèrement pris des épaules. Ses yeux avaient l'air de s'être assombris, mais je ne savais pas vraiment si c'était le cas ou si cela était de la faute de la mauvaise luminosité dans la cabine. Remarquer tous ces petits détails chez lui m'énervait, j'étais venu me venger, pas retomber dans ses bras.
-Qu'est-ce que tu as Amy ? Tu penses nous avoir par les sentiments ? Tu penses qu'on en a quelque chose à faire de tes sentiments ? Ajouta Seonghwa.
Je bouillonnai intérieurement, mais il était hors de question que je lui montre. Je pris alors une fausse moue blessée qui sentait l'hypocrisie à plein nez.
-Oh, moi qui pensais que vous m'aimez bien.
Pour terminer ma phrase, je sortis mon pistolet et le plaquai contre ma tempe.
-Amy, tu fous quoi là ? Me demanda Mingi.
Je percevai mon ami s'agiter sur sa chaise, mal à l'aise, et les autres Cavaliers me regarder avec curiosité. C'était normal après tout, je n'étais plus du tout la personne qu'ils avaient connu il y a plusieurs mois de cela, et ils devaient probablement se demander si ils préféraient ou non cette nouvelle version de moi, et moi je demandai si ils allaient se rendre compte que la nouvelle moi, la créature qu'ils avaient fait de moi, leur apporterait plus de problèmes que de facilité. Je gardai néanmoins un visage assez impassible et mes yeux plongés dans ceux de Seonghwa en face de moi. Il était le seul des Cavaliers à être resté neutre après que j'ai posé le bout de mon pistolet contre ma tête, je savais qu'il attendait de voir ce que je comptais faire, si j'allais aller jusqu'au bout de mon action ou non.
Avec un petit sourire satisfait prenant place sur mes lèvres, j'appuyai sur la gâchette, faisant légèrement sursauter Mingi juste à côté de moi. Bien-sûr, aucune balle n'en sorti pour venir se loger dans mon crâne. Je pointai ensuite le pistolet sur le Cavalier, toujours aussi impassible, et attendit quelques secondes. Je me délectai de la tension qui régnait très clairement entre Seonghwa et moi, de cette tension qui me procurait des fourmillements dans tout le corps. J'appuyai une deuxième fois sur la gâchette, et rien ne sorti non-plus cette fois-ci. Je retournai une nouvelle fois le pistolet contre moi, pour appuyer une nouvelle fois, seul un petit "clic" se fit entendre. Alors que je le pointai de nouveau sur mon ancien partenaire, il parla en se penchant légèrement en avant.
-Il n'est pas chargé. Tu as utilisé ta seule balle sur l'homme que tu as liquidé tout à l'heure.
-Oh, vraiment ?
Je levais le pistolet vers le plafond pour appuyer sur la gâchette, une balle en sortit et transperça le plafond de la cabine.
-Tu vois Seonghwa, c'est ça ton soucis. Parce que tu sais manipuler les gens aisément, tu te penses intouchable, indestructible. Laisse-moi te dire une chose, tu es vulnérable, encore plus que je le suis moi, parce que moi je n'ai pas la prétention de me penser inatteignable, je sais ce que je peux perdre et je me battrai pour les conserver, pas toi.
Sur ces mots, je me levai et décidai qu'il était temps pour moi de quitter cette pièce.
L'air froid marin qui me frappa en plein visage me fit un bien fou. Dans la cabine, alors que je m'efforçai de garder une attitude condescendante et que je m'amusais à prouver à Seonghwa à quel point il avait eu tort de me sous-estimer, j'essayai de ne pas repenser à l'homme que j'avais tué et au fait que jouer la dure à cuire alors que j'avais envie de vomir, était compliqué. Évidement, pour ce qui était de mon petit numéro de roulette russe, tout avait été préparé à l'avance. Je n'étais pas sûre de quand est-ce que je devrais jouer la carte de la folle à qui cela ne dérangeait pas de mettre sa vie en danger pour simplement prouver aux autres qu'elle était à la hauteur d'eux, voir même plus, mais j'avais quand même préparé mon pistolet au cas où. Et puis la roulette russe était une numéro sûr, j'étais certaine de marquer les esprit avec ça.
-C'était quoi ça ? Cria presque Mingi en déboulant à côté de moi comme une furie.
-De quoi tu veux parler ?
-Ta roulette russe ! Tu aurais pu te tuer ou tuer Seonghwa ! Dans les deux cas, on aurait pu perdre deux des membres importants de notre groupe !
-Oh c'est adorable, tu me considères comme une membre importante du groupe.
-Amy, c'est pas le moment de rire !
-C'est pas toi qui m'a dit qu'il fallait rire de tout, surtout dans notre profession puisqu'on risquait nos vies tous les jours ?
-Ce n'était pas ce que je voulais dire, tu le sais très bien.
-Oh que si, c'est ce que tu voulais dire. Tu veux simplement pas assumer que tu as eu peur pour moi, mais ne t'inquiète pas Mingi-chéri, j'étais bien préparée.
Je sortis alors une deuxième pistolet, identique à celui que j'avais utilisé pour mon numéro dans la cabine.
-Comment ? On a chargé nos armes ensemble avant de monter sur le bateau ! Protesta-t-il.
L'inquiétude que Mingi avait à mon encontre, me touchait plus qu'elle ne le devait.
-Il n'y avait qu'une seule balle dans celui que j'ai utilisé tout à l'heure.
-Attend, tu nous as manipulé ?
La surprise sur son visage était réelle, j'avais passé assez de temps avec lui pour pouvoir le confirmer. Ses sourcils s'étaient légèrement relevés et son nez se plissait un petit peu pendant que ses pupilles s'agitaient.
-Tu es fier de moi ? J'ai appliqué tes leçons à la lettre.
Il eut un petit silence entre nous avant qu'il ne m'adresse un sourire sincère rempli de fierté.
-Oui, je suis fier de toi. Fit-il dans un murmure.
Ces six petits mots suffirent à réchauffer mon cœur et me faire oublier toute la culpabilité causée par le meurtre que j'avais commis. Afin de trouver un peu plus de réconfort, je vins me glisser dans les bras de Mingi et m'appuyer contre lui. Il ne le savait pas, mais je me mettai une pression monstre pour les dépasser tous, pour leur prouver que je n'étais pas faible, que j'avais l'esprit aussi tordu qu'eux et que j'étais amplement capable de les détruire un par un, et cette pression était lourde à supporter. Je n'avais personne avec qui la décharger, je doutais fortement que si j'en parlais à Mingi, il m'aide et me comprenne sans rien dire sur le fait que je prévoyais de me venger de ses amis, des amis qui l'avaient toujours accepté comme il était, ne l'avait jamais rejeté malgré son caractère difficile à vivre. Je savais que leur amitié comptait beaucoup pour Mingi, et je redoutais vraiment la réaction qu'il aurait quand ma vengeance aurait enfin été accomplie.
Pour l'instant, je me contentai de trouver de la chaleur dans les bras de mon meilleur ami.
-Ça deviendra plus facile avec le temps, de tuer. Me dit le Cavalier.
-Vraiment ?
-Oui. Parfois ta rage contre le monde sera si forte que le seul moyen pour toi de t'en sortir, pour t'éviter d'imploser, sera de réduire à néant la vie d'une tierce personne, de te sentir contrôler au moins une chose alors que tout autour de toi sera en train de t'échapper. Tuer sera la seule chose capable de te calmer.
-Comment tu arrives à vivre avec le fait de savoir que ce que tu as fait est mal ? Fis-je en me décollant de mon ami.
-Rien n'est jamais bien ou mal. On vit dans une société qui aime décider pour nous ce que nous devons considérer comme bien ou mal, une société qui aime nous faire croire que on fait nos propres choix alors qu'elle nous contrôle depuis notre enfance. Mais parfois, des gens comme nous naissent sans se rendre compte de la peine que peut causer leurs actes. On aura beau nous dire que ce que l'on fait est mal, ça ne nous atteindra jamais. Nous avons réussi, sans savoir comment, à nous émanciper de cette image de "mauvaises actions", et on est réellement maître de nous-même. Il marqua une pause. Je sais que tu te dis que pour toi ce n'est pas pareil, qu'on t'a forcé à devenir comme ça, mais c'est faux. Tu avais déjà des prédispositions aux mauvaises actions avant qu'on débarque, je peux te l'assurer.
Il rigola légèrement, m'entraînant avec lui. Rire en plein air, sur un bateau, perdu au milieu de l'immensité de l'océan et loin de tous les problèmes qui nous attendaient en Corée du Sud, me faisait du bien, me faisait me sentir à des années lumières de la complexité dans laquelle j'avais plongé mon existence.
-Je te sens tendu ce soir Amy, ça te dit qu'on se fume un joint ?
-Mon dieu oui. Fis-je.
Mingi rigola de ma réaction mais je le remerciai intérieurement de savoir trouver les mots pour me changer les idées. Les deux prochains jours que nous allions passer sur ce bateau me permettraient de respirer encore un peu avant de plonger directement dans mon plan de vengeance. Ces deux prochains et derniers jours de tranquillité, me donneraient le temps nécessaire afin de savoir si je voulais continuer ma vengeance ou si je voulais tout abandonner.
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