Chapitre 4

 

~♠️~

     Je détestais avouer que Mingi avait raison, cela m'horripilai de voir un sourire suffisant apparaître sur son visage et de voir ses yeux malicieux s'étirer avec un air sournois dansant dans sa pupille. Pourtant, il m'était impossible de me mentir à moi-même, Mingi avait raison.
Il était sorti seul pour glaner des informations, chose que je trouvai bien évidemment complètement imprudente, mais il m'avait enfermé dans ma chambre pour me forcer à me reposer. J'avais ruminé contre lui, Dieu seul savait que je l'avais fait, mais si il ne l'avait pas fait, je me serais probablement écroulée de fatigue dans la journée, et un poids mort qui dormait pendant une situation critique n'était pas un bon allié.

Au fil de mes journées au Mexique, enfin surtout de mes nuits passés à ruminer des pensées contre les Cavaliers, mon sommeil avait peu à peu décidé de me fausser compagnie. J'avais alors réussi à occuper mes nuits à parfaire les mouvements de combat que Mingi m'apprenait, j'avais travaillé sur la maîtrise de mes émotions, sur comment arborer un visage parfaitement neutre et comment maîtriser à la perfection la joie, la colère, la tristesse et toutes les émotions possible. Bien sûr, je ne savais pas vraiment si j'excellai dans ce domaine, alors il m'était arrivé plusieurs fois de les tester sur Mingi. Il ne savait pas que je ne pleurais pas vraiment ou que je n'étais pas vraiment en train de rire à gorge déployée, mais j'étais certaine qu'il ne m'en aurait pas voulu. C'était un un Cavalier et les Cavaliers étaient des manipulateurs sans nom, j'étais juste devenue meilleure que l'un d'eux qui pensait me connaître par cœur à force de vivre avec moi, alors qu'il ne connaissait pas la moindre existence de la partie vengeresse de mon esprit. 

Ma sieste c'était en réalité transformée en nuit d'une bonne dizaine d'heures. Je ne me sentais pas particulièrement reposée mentalement, mais mon corps si, alors je n'allais pas m'en plaindre. Mingi avait retiré le meuble qui bloquait la porte de ma chambre et j'avais pu le rejoindre dans le petit salon avant de lui donner une tape derrière le crâne. 

-Aïe, s'était-il plaint. 

-Ne te plaint pas, ce n'est rien comparé à ce que ma vengeance te fera subir. 

-J'aimerais bien voir ça, avait-il répondu en rigolant. 

Oh mais tu la verras, crois-moi. 

Il ne me prenait pas au sérieux, personne ne le faisait jamais. Les Cavaliers avaient beau avoir obéis à Hongjoong, ils ne me prenaient pas au sérieux. À leurs yeux, j'étais toujours la petite chialeuse de Amy qui ne savait pas gérer ses émotions, piquait parfois des crises de colère et envoyait tout le monde bouler. Mingi était le seul qui m'avait vu évoluer, qui m'avait appris à être comme eux, mais se rendait-il compte de ce qu'il avait créé ? De la force qu'il avait libéré en moi ? De cette rage qui était capable de consumer le monde d'un seul coup ?
Non, évidemment que non.
Si au départ, cette constatation m'avait dérangé, qu'elle m'avait agacé à me faire me sentir comme une personne dont personne ne craignait le courroux, maintenant je comprenais quel avantage elle me donnait. Je pouvais l'utiliser à mon avantage désormais, m'en servir comme excuse si jamais les choses tournaient mal pour moi. Pourtant, je n'étais pas sûre que cette mascarade piègerait Hongjoong, c'était le seul Cavalier qu'il m'était impossible de manipuler. Mes stratégies quant aux autres Cavaliers étaient déjà toutes prêtes, attendant sagement que leur tour vienne. Je n'étais pas stupide au point de penser qu'absolument tout se passerait bien, il y aurait forcément un moment où je serais déstabilisée, mais j'avais de quoi rebondir, il était hors de question que je me refasse avoir comme la pauvre cruche que j'étais avant. 

-T'as fini de cuisiner ? J'ai faim. Me cria Mingi depuis le salon. 

-Bordel mais t'as toujours faim. Viens te faire à manger toi-même si je ne suis pas assez rapide à ton goût. 

-Je suis un homme, j'ai besoin de force, et puis la place de la femme c'est à la cuisine non ? Fit-il en riant.

-Sors moi encore une connerie machiste dans ce style et je te coupe la bite pour te la servir avec des lentilles. Je vins poser les deux assiettes sur la petite table en face de canapé. Je te ferais ensuite boire ta propre pisse, histoire que tu puisses littéralement ravaler ta connerie puis, je pense que je ne serais pas contre une petite castration chimique et pour finir, je pense qu'il serait préférable que j'épingle ton membre fraichement coupé en face de ton lit, pour que tu aies toujours un petit souvenir de moi. 

-Je trouve que t'as un peu trop réfléchi sur la question. 

-Crois-moi, quand tu es une femme, ta vengeance sur les hommes est déjà toute préparée.

-Mais ce-

-Ne me sors pas le "Not all men" alors qu'on parle d'un problème que seul les femmes vivent, allez, mange avant que tu ne m'agaces un peu plus. Je commençais à t'apprécier, ce serait stupide de gâcher ça. 

J'allumai alors la télévision qui s'ouvrit sur un feuilleton mexicain de mauvais goût mais qui nous faisait souvent passer le temps.  Et puis, même si aucun de nous deux ne voulait l'admettre, on adorait ce feuilleton et on suivait la sortie de chaque épisodes tous les mercredi, sans exception. On se rejoignait devant la télé, faisant mine de n'avoir jamais rien à faire à cette heure précise de la journée et de devoir allumer le poste télé simplement parce que l'ennui était trop pesant. 

-T'as trouvé des choses intéressantes à propos du bateau ? Lui demandais-je. 

-Hongjoong nous a trouvé un yacht super high tech, il nous appartient mais il nous faut trouver un capitaine. 

-Tu déconnes ? On a vraiment un yacht de bourges ? 

-Je te le promets. 

-Ça c'est génial.

-On pourra partir en mer quand tout aura repris son cour normal.

-Faudra apprendre à commander un bateau. 

-On est riche, on peut tout faire, même se payer des cours pour diriger un yacht. 

Je me voyais déjà bronzer, allongée sur un serviette posée sur le sol d'un yacht d'un blanc immaculé. Le soleil à son zénith me permettant de bronzer C'était une vision trop belle pour être vrai et j'avais toujours un peu de mal à réussir à me projeter dans un avenir où l'argent ne serait pas un problème pour moi.  

-Tu comptes t'y prendre comment pour nous trouver quelqu'un qui sache conduire ce bateau ? 

-J'ai bien ma petite idée. 

***

Cela me faisait étrange de quitter le Mexique. Je venais d'y passer plusieurs mois, j'avais appris de mes erreurs, je m'étais entraînée du mieux que je l'avais pu et je m'étais fait un ami, un véritable ami. Mingi et moi nous avions eu de nombreux fous rires dans cet appartement, des disputes bien évidemment et des moments de complicités. En quelques mois, j'en avais plus découvert sur moi que durant toute ma vie, et cela c'était un coup que j'étais désormais prête à encaisser. Dans ma chambre, j'avais ruminé contre les Cavaliers, j'avais hurlé de colère, pleuré de douleur et j'avais pris des résolutions qui allaient déterminer mon avenir, des résolutions que je voulais absolument tenir parce que j'étais consciente que seule la vengeance pourrait apaiser ma haine. 

J'avais appris à aimer cette vie reculée dans un coin du Mexique, à n'être personne, ne devoir rendre de compte à aucun ami ni aucune famille. J'avais connu la liberté que offrait l'anonymat et je ne voulais pas me retrouver de nouveau prisonnière. De toute manière, la dernière nouvelle que mes proches avaient eu de moi, était l'annonce de ma mort, je pouvais donc vivre comme je l'entendais, en m'assurant bien-sûr de sortir avec de quoi dissimuler mon visage, mais ce n'était pas réellement un soucis. 

-Il est où celui qui doit conduire le bateau ? Me demanda Mingi. 

Nous avions quitté notre appartement une heure auparavant, après avoir tout nettoyé de fond en comble, ne laissant donc aucune trace de nos empreintes digitales, nous avions fait en sorte de disparaître aussi furtivement que des fantômes. Si nous étions, par malheur, retrouvés par les autorités, nous serions dans de beaux draps, entre Mingi qui était un fugitif car son visage avait été révélé et moi qui étais présumément morte, nous ne manquerions pas d'avoir des problèmes. 

-Dans le bateau. Répondis-je. 

-Alors pourquoi on attend ici depuis vingt minutes ?

-Je voulais dire au revoir à la ville. 

-Tu es bien trop sentimentale Amy, ça te perdra. 

Oh, tu penses ? Mingi, tu ne sais pas à quel point tu te trompes. Tu vois seulement ce que je veux que tu vois de moi. 

-Si tu le dis. 

Nous montâmes alors tous les deux dans le splendide Yacht que nôtre chef avait réussi à nous dénicher et je me dirigeais vers la cabine de commande, Mingi sur mes talons. 

-Mingi, je te présente Pablo. Il sera notre chauffeur pour cette nuit. 

Je retournais la chaise pivotante et nous fîmes face à un mexicain d'une trentaine d'années, le corps ligoté à la chaise et un gros bout de scotch collé sur la bouche. 

-Allez, en route. Annonçais-je

Face aux yeux larmoyants de l'homme qui tentait d'avoir ma pitié, je sorti mon pistolet et le plaquais contre sa tempe.

-On est pressé, Pablo, alors si tu pouvais t'activer, ce serait super. 

Je regardai alors Pablo, parcouru de tremblements, se pencher sur les commandes du bateau, et le démarrer. Etant donné que Mingi et moi n'avions aucune connaissance en mer, Pablo aurait pu décider de nous amener sur les rives d'une autre ville mexicaine au bord de l'eau et de nous livrer aux autorités, mais je savais qu'il ne le ferait pas. 

-Comment tu es sûre qu'il ne va pas nous piéger ? Me demanda Mingi. 

-J'ai appliqué ta méthode, j'ai menacé de liquider sa famille. En commençant par sa femme Juana, ensuite par son premier fils Arturo, puis par son deuxième fils Antonio et enfin par sa petite dernière, Carmen, la prunelle de ses yeux. 

Au fur et à mesure que je parlais, je voyais Pablo se raidir sur la chaise. Ses doigts devenaient blancs à force de serrer l'un des leviers. 

-Ne fais pas de connerie Pablo, quand tout sera terminé, tu pourras les rejoindre.

-Comment ça ? Fit Mingi. 

-Je ne le tuerais pas. 

-Trop sentimentale, c'est ce que je disais. 

Je reportai alors mon attention sur l'eau aussi sombre que le ciel. L'océan me semblait immense et si calme, j'aurais volontiers dépensé tout mon argent pour vivre au milieu de cette solitude et tranquillité constante, mais je ne pouvais pas me le permettre. 

***

Nous venions d'arriver au point de rendez-vous et visiblement, nous étions les derniers. Il y avait six bateaux, les un à côtés des autres. De ces six bateaux, l'un d'eux dénotait puisqu'il était la copie conforme des bateaux de pirates que l'on pouvait voir dans les films de piraterie. Mingi et moi nous nous lancions un regard amusé avant d'abaisser la planche qui allait nous permettre de passer de notre bateau, au bateau de Hongjoong où tous les autres Cavaliers étaient déjà réunis et nous attendaient sur le pont.

Alors que Mingi, sa valise dans la main, commençait déjà à traverser le pont de fortune, je me tournais vers Pablo pour plonger mon regard dans le siens. 

-Ce fut un plaisir de voyager avec toi. 

Et ce fut sur ces derniers moi que j'appuyai sur la gâchette du pistolet et collait une balle entre les deux yeux du pauvres mexicain. Un coup rapide, de sorte à ce que je n'ai pas le temps de regretter mon premier meurtre et de tout faire foirer.
Après cela, je saisis ma valise dans ma main et je dépassais rapidement Mingi sur le pont qui s'était retourné, par surprise. 

-Tu avais dit que tu ne le tuerais pas. Fit-il en arrivant sur le pont du bateau de Hongjoong en même temps que moi. 

-J'ai menti. Je me retournai ensuite vers les sept garçons. Ravie de vous revoir. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top