Chapitre 3


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     Le ventilateur allumé depuis plusieurs heures, ma lampe de chevet qui grésillait et mes draps en vrac, je continuai de fixer la vieille carte et la boussole posées devant moi. Après que Mingi nous ai fait à manger, hier soir, j'avais pris en otage ces deux objets dans ma chambre pour pouvoir les étudier de plus près. Si au départ, je les avais souvent insulté dans ma tête, rejetant toute ma frustration sur eux, désormais, je les regardai avec minution. La poupée n'en avait pas vraiment été une et la longue-vue nous avait montré une date et non un lieu, il fallait donc que je pose un regard nouveau sur ces objets, un regard innocent. C'était dur, surtout quand on été habitué à toujours tout analyser comme mon cerveau savait si bien le faire. Je n'avais donc pas dormis de la nuit, faisant les cent pas dans ma chambre, retournant la boussole et la carte dans tous les sens en espérant trouver un détail que nous avions peut-être manqué dans notre précédente observation. Je ne sentais pas la fatigue, elle avait depuis plusieurs heures, abandonnée son combat pour m'emporter avec elle. Il fallait dire que je lui avait résister farouchement en enchainant les cafés, bien que la machine à cafés de l'appartement ne marche qu'une fois sur trois, et en me forçant à bouger dans ma chambre pour ne pas avoir envie de m'allonger et de m'assoupir. 

Je tournai ma tête vers ma fenêtre pour apercevoir le soleil se lever sur le Mexique. La vie n'était peut-être pas facile ici, mais il fallait avouer que les levers et couchers de soleil était tout simplement stupéfiant. Les nuages rosées ressortaient au milieu d'une ciel parfaitement bleu et teinté le paysage d'une lumière maronnée à couper le souffle. Partir loin de mes proches dans la précipitation m'avait fait du mal au départ, il y avait des choses que je regrettais d'avoir dit à Yves, des choses que j'aurais voulu prendre le temps de bien lui expliquer, mais le pire restait la peine que je causais à ma mère. En effet, après le gala de Bang Yongguk, j'avais appris que j'étais morte. Pour protéger mes proches, Hongjoong avait fait croire que j'avais péri, tuée par les Cavaliers. La première chose que j'avais fais en apprenant cela de la bouche de Mingi, avait été de pleurer de douleur, parce que je comprenais ce que cela impliquait si jamais nous retournions à Séoul, j'étais présumée morte et je devais donc ne risquer aucun contact avec ma famille ou mes anciens amis, je n'avais plus rien qui me rattachais à ma vie d'avant et mes proches avaient enterré un cercueil vide. 

Mon regard dériva vers la petite table sur laquelle nombreuses de mes affaires étaient posées dans un bordel sans nom. Un objet rouge et brillant attira mon attention et je sentis ma gorge se serrer en le reconnaissant, c'était le collier que m'avais offert Seonghwa. J'ignorai pourquoi je ne l'avais pas jeté ou détruit, je savais juste que lorsque j'avais tenté de le faire, j'en avais été incapable. J'aimais Seonghwa comme une folle et jeter ce collier voulait dire faire un deuil que je n'étais pas encore prête à faire. L'amour que j'avais pour lui m'avait fait souffrir durant les premiers mois de mon arrivée à Tijuana. Désormais, je l'aimais toujours autant mais mon amour pour lui s'était transformé en une véritable obsession. Ces pensées n'étaient qu'entre mon cœur et moi-même, mais il occupait sans arrêt mon esprit et je rêvais de le voir souffrir comme il m'avait fait mal, mais plus que tout, il me tardait le moment de le voir à genoux devant moi, me suppliant de le pardonner. Ce que je ferais ensuite, je ne le savais pas encore, seul le temps et nos retrouvailles me le diraient. 

-Petit-déj'. Annonça Mingi en entrant dans ma chambre. 

-On ne t'a jamais appris à toquer ? 

-Si, mais je m'en fou. 

Le Cavalier déposa un plateau bien garnis de toutes sortes de nourritures sur mon lit et s'installa en face de moi. Son regard fit des allés et retours entre moi, la boussole et la carte. 

-T'as dormi ? 

-Non. 

-Je m'en doutais. 

-J'ai fais du bruit cette nuit ? 

-Tu pensais trop fort, tu n'imagines pas à quel point j'ai eu du mal à m'endormir. Fit-il avec un sourire moqueur. 

-La ferme. Dis-je en lui jetant un coussin dessus. 

Je regardai le plateau avant de me saisir d'une des tartines et d'un verre de jus d'orange. 

-Tu as trouvé quelque chose au moins ? 

-Non, pas l'ombre d'une piste. 

Je me laissai aller contre le coussin derrière mon dos, savourant le liquide qui coulait dans ma gorge et qui n'avait pas pour but de me tenir éveiller. 

-J'ai changé de regard dessus, je les ai tourné dans tous les sens mais je n'ai rien trouvé. 

-Tu devrais faire une pause. 

-C'est qu'il prend soin de moi maintenant, alors qu'avant il rêvait de me brûler vive. Ironisais-je. 

-J'ai pitié de toi. Se défendit-il. 

-C'est ça oui. 

Je ne remarquai que maintenant qu'il avait apporté avec lui, la longue-vue et la fiole contenant l'adresse du port. Je pris la fiole dans mes mains et en sortit le message, mais même en le relisant plusieurs, je ne vis aucun message caché ou codé qui aurait ou nous indiquer le lieu de notre réunion. Je poussai un soupir de frustration pendant que Mingi s'amusait avec la longue-vue en se comportant comme un enfant de cinq ans qui jouait au pirate. J'adoptai alors le comportement de sa mère et je lui arrachai la longue-vue des mains en lui lançant un regard désapprobateur et en la déposant à côté de moi.

-T'es pas drôle. Se plaignit-il. 

-Pauvre chou. Aide-moi. 

-Mais on les a observé des dizaines de fois chacun. 

Je regardai les objets un par un, cherchant une nouvelle technique d'approche. 

-Il faut comprendre pourquoi Hongjoong nous les a envoyé. Chacun d'eux représentent quelque chose, on en a déjà trois sur cinq. 

-Amy..

-On s'y prend mal. 

-Comment ça ? 

-Ces objets sont sensé nous indiquer comment retrouver les autres, n'est-ce pas ? J'acquiesçai en silence en attendant qu'il poursuive. Ces objets vont nous permettre de nous réunir, de reformer notre groupe. Il ne faut pas qu'on les regard un par un, mais qu'on les connecte ensemble, qu'ils forment eux aussi un groupe. 

Il rassembla les cinq objets entre nous, plaçant d'un côté ce dont nous avions découvert la signification et de l'autre, ceux qui restaient un mystère pour nous. 

-Ca, c'est la mauvaise technique. 

Il les plaça ensuite au hasard en les mélangeant. 

-On doit oublier la signification qu'on leur à donné. Il faut les regarder avec un œil nouveau. 

-Le mot nous indique l'adresse, le point de départ. Commençais-je. Du port, nous prendrons le bateau et on devra se diriger avec la boussole j'imagine, ensuite la longue-vue nous permettra de nous reconnaître de loin, donc...

D'une main tremblante d'excitation, je pris la longue-vue et la plaça sur mon œil. Le monde semblait arrondie et je portai l'objet sur la carte. Mon cœur fit un véritable bond dans ma poitrine en voyant que grâce à la longue-vue, des écritures violettes ressortaient sur la carte. 

-Mingi ! Les indications sur la carte sont écrites avec de l'encre invisible ! 

Je lui donnai la longue-vue pour qu'il puisse constater par lui-même notre découverte. Cela fait, le Cavalier et moi nous nous regardâmes avec un sourire, et prise d'un élan d'excitation et de joie, je lui sautais littéralement dans les bras. On avait enfin réussi, on avait déchiffré l'énigme de Hongjoong. Si j'avais su qu'il fallait seulement que Mingi vienne m'aider, je n'aurais pas fais de nuit blanche et je serais allée le chercher. Comme si mon corps avait décidé de se mettre en pause pour me permettre de tenir toute la nuit, je ressentais maintenant une vague de fatigue m'assaillir de toute part. 

-Bon, maintenant il va falloir si on doit voler un bateau ou si Hongjoong nous en a gentiment envoyé un. Fit Mingi. 

-Fais chier. Dis-je. 

Mon sommeil aller devoir attendre. 

-Je vais m'en occuper. 

-Hors de question. 

-Amy, tu as besoin de dormir. 

-C'est trop dangereux, quelqu'un pourrait te reconnaître. Ne t'inquiète pas, ça ne me prendra qu'une heure ou deux. 

-Non, je vais simplement aller me renseigner pour le bateau et toi, quand tu auras dormi, tu trouveras un moyen de voler le bateau si il n'est pas à nous ou de nous trouver quelqu'un qui sache conduire un bateau si Hongjoong nous en a acheté un. 

J'allais m'opposer une nouvelle fois à ce plan qui était complètement stupide et dangereux mais il me devança en courant vers la porte. Quand je compris ce qu'il voulait faire, je m'élançai derrière lui mais il fut bien plus rapide et me claqua la porte de ma propre chambre au nez. Alors que je martyrisai la porte de mes coups, je l'entendis déplacer un objet lourd pour l'appuyer contre ma porte, m'enfermant ainsi dans ma chambre. 

-Déconne pas Mingi, sors moi de là j'ai plus quatre ans. 

-Va dormir, je m'occupe de tout.

-Mingi ! 

-Je ne t'entends pas !

-T'es un gamin ! Reviens de suite ! 

Je savais qu'il était parti mais je ne m'arrêtai pas pour autant de lui crier dessus. C'était sûrement la fatigue qui commençait à me tendre les nerfs. Mingi avait raison, je ferais mieux de partir me coucher afin d'être plus utile après. 

Avec un soupir, je me dirigeai vers mon lit, grignotait encore quelques tartines avant de poser le plateau sur la table. J'allai ensuite fermer mes volets qui comme à leurs habitudes, m'exposaient une certaine résistance en grinçant. Puis, je me glissai enfin sous mes draps après avoir éteint ma petite lampe de chevet. 

J'étais inquiète pour Mingi, si quelqu'un le découvrait notre tentative pour rejoindre les autres serait un désastre mais aussi parce que depuis que nous vivions ensemble, j'avais appris à l'apprécier. Bien sûr, au départ nous n'avions qu'une envie : nous entretuer. Puis nous avions compris que nous ferions mieux de faire une trêve si nous voulions nous en sortir dans cet environnement complètement étranger à nos yeux. Petit à petit, la trêve s'était transformée en une amitié au départ timide avant de devenir l'une des choses que je chérissais le plus. En effet, même si il était dur de me l'admettre à moi-même, Mingi m'avait sans le savoir, aidait à tenir le coup face à ma tristesse causée par Seonghwa, ma présumée mort et face à ma haine et mon désir de vengeance qui grandissaient de jours en jours. 

Je me demandai désormais quelle serait sa réaction quand il comprendrait que je ne nourrissais qu'un désir : me venger. 

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