Chapitre 25
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Beaucoup trop de choses se déroulaient dans mon esprit sans que je n'ai le temps de m'y habituer.
Premièrement, je ne m'étais pas remis de l'état léthargique dans lequel était Seonghwa, d'après Yunho il n'était pas en danger pour l'instant, mais des pronostics vitaux pouvaient être engagés à tout instant, ce qui ne me rassurait absolument pas.
Comme si ce n'était pas assez dur à supporter, Mingi venait d'informer Hongjoong du message que Yves avait laissé dans ma boîte vocale, et depuis une bonne heure maintenant, tous les Cavaliers, sauf Seonghwa évidemment, étaient réunis autour de notre grande table rectangulaire.
-Nous sommes tous d'accord sur le fait de la liquider ? Demanda Hongjoong.
Tous les Cavaliers présents savaient que ce n'était pas réellement une question mais plutôt un ordre, pourtant ils hochèrent tous la tête avant de lancer des petits regards dans ma direction. Je les imitai, je n'avais pas vraiment le choix. Je ne pouvais pas laisser Yves remonter les différentes pistes que nous avions laissé.
-Bien, Amy et Jongho vous vous chargerez de Yves. Amy, c'était ton amie, à toi de mettre au point l'opération. Je veux qu'elle soit morte avant demain.
Je frissonnai face à cette demande, c'était si rapide.
-Est-ce que je dois signer sa mort ? Questionnais je.
-Tu penses que tu devrais le faire ?
Je pris un petit temps pour réfléchir.
-Non, parce que quand les autorités retrouveront son corps, ils feront directement le liens avec nous et avec ma prétendue mort.
-Tu apprends vite. Conclu Hongjoong. Il faut apprendre à choisir ses combats et ne pas vouloir se vanter de tous ceux que l'on gagne, sinon le danger que l'on se fasse retrouver grandira et ce n'est pas ce dont on a besoin en ce moment.
Hongjoong termina la réunion et Jongho me rejoint rapidement. Nous montâmes dans ma chambre et je poussai un soupir. Je devais planifier la mort de mon ancienne meilleure amie, celle qui m'avait soutenu dans les jours les plus durs, avec qui j'avais des milliers de souvenirs, celle que j'avais considéré comme une sœur. Je ne ressentais plus d'amitié envers elle oui, mais devoir la tuer de sang froid, devoir lui ôter la vie alors qu'elle essayait de me rendre justice, c'était douloureux.
-À cette heure, elle doit être rentrée chez elle. Peut-être que Baekhyun est avec elle. Fis-je. Comment on maquille sa mort ? Les gens ne vont pas croire à un suicide.
-Et si on la faisait "disparaître" ? Proposa Jongho.
-La police finira par comprendre que sa disparition a été maquillé et qu'elle est liée à ma mort. On la force à se noyer ?
-Ils retrouveront les poids qu'on lui aura attaché. Un coma éthylique qui a mal fini ?
-Elle n'est pas trop alcool, son entourage va se poser des questions. Une balle dans le cœur ?
-Pareil, la police remontera jusqu'à nous.
-Pas si on le fait passer pour un dommage collatéral lors d'un règlement de compte proche de chez Yongguk.
-Tu veux qu'on commette un crime sur le territoire ennemi ?
-La police classera d'abord ça comme une victime étant au mauvais endroit, au mauvais moment. Comme ils ne peuvent pas agir dans les quartiers de la mafia, ils ne chercheront pas plus loin. Mais si jamais quelqu'un essai de réouvrir l'affaire, il creusera d'abord la piste de la mafia, on aura le temps, d'ici à ce que cette personne remonte jusqu'à nous, de l'évincer du tableau elle aussi.
-Comme ça, comprit Jongho, ça alimentera toujours la piste vers la mafia et jamais vers nous.
-Exactement.
Je m'admirai et me dégoûtait à la fois.
Je venais de mettre au point un plan plutôt pas mal, qui éloignerait des potentiels curieux, de la piste des Cavaliers, mais je venais de créer ce plan pour liquider mon ancienne meilleure amie. Comment est-ce que je pouvais éprouver autant de sentiments contradictoires à mon propre égard ? J'avais envie de continuer à être une Cavalière, mais tuer Yves était vraiment le prix à payer ? Est-ce que je ne leur avais pas déjà sacrifié toute ma vie ? J'avais mis un terme à notre amitié, oui, mais elle ne méritait pas de mourir. Elle ne méritait pas de payer les frais de mes erreurs.
Pourtant, en jetant un regard à Jongho, je savais très bien que je n'avais pas le choix. Comment est-ce que je pouvais être la parfaite petite Cavalière qu'ils voulaient que je sois, si je refusai de leur obéir sous prétexte que l'ancienne Amy en moi ne voulait pas tuer Yves ?
***
Mettre en place un règlement de compte en deux heures n'avait pas été simple. Jongho avait du partir dans un des quartiers que régissait la mafia, l'un des plus belliqueux, afin de choisir nos couvertures. Jongho était entré par effraction dans un des appartements, avait kidnappé une fille de neuf ans qui dormait dans son lit et l'avait ligoté dans le sous sol de l'immeuble voisin. Il avait répété l'opération avec une famille dans l'immeuble voisin. Il avait ensuite laissé un message à chacun des familles qui disait "Viens récupérer ton gosse si t'en as les couilles".
Pourquoi nous avions opté pour cette technique ?
Il était de notoriété publique que les sous-fifres de la mafia coréenne, ceux qui se trouvaient tout en bas de l'échelle, se vantaient toujours d'en faire parti. Ils adoptaient alors un égo surdimensionné et se faisaient une guerre entre eux afin de pouvoir grimper les échelons. Il était également connu que divers règlements de compte avaient régulièrement lieux, c'était le type de problème que l'on rencontrait avec une mafia bien trop étendue et nombreuse, avec un chef qui privilégiait les hautes sphères de son organisation au lieu de s'occuper des plus petites.
Maintenant que nous avions réussi à mettre le contexte en place, il fallait que Yves s'aventurent dans ce coin de Séoul, ce qu'elle ne faisait jamais. La seule solution que nous avions trouvé, était de lui envoyer un message depuis un téléphone prépayé, lui disant que nous avions des informations sur la mafia coréenne. Bien sûre, Yves n'était pas stupide au point de se jeter dans la gueule du loup sans réfléchir, elle avait été donc très méfiante envers les messages. Mais Yves restait Yves, et je la connaissais par cœur, la manipuler n'avait pas été compliqué. J'avais joué la carte des sentiments en disant que j'avais vu plusieurs fois Amy avec Seonghwa lors de gala organisées par la mafia, qu'elle semblait en danger mais que en tant que cuisinier je n'avais rien pu faire. Yves était directement tombée dans le panneau et le rendez-vous dans la rue avait été fixé. La manipuler avait été si simple, comme si je l'avais toujours fais.
L'heure fatidique était arrivée.
Jongho et moi étions cachés derrière des poubelles épaisses. La nuit était tombée depuis près de deux heures, le quartier était calme, mais cela allait bientôt changer. L'une des choses les plus importantes que j'avais appris auprès des Cavaliers, était de mettre le temps de mon côté. Calculer les horaires à la lettre permettait d'avoir une couverture en plus, d'être sûr de ne pas faire d'erreurs qui pourraient s'avérer contraignantes.
Une forme arriva dans la ruelle avec un pas mal assuré, trahissant une angoisse permanente, ce qui était compréhensible, personne ne se sentirait rassuré en se rendant dans un quartier contrôlé par la mafia. Yves avait enfilé un jean et un pull pour la protéger du froid, elle avait eu l'intelligence de rabattre la capuche sur sa tête.
C'était étrange de la revoir après tant de mois de séparation. Je l'avais observé en rentrant à Séoul, c'était vrai, j'avais vu à quel point j'étais devenue un sujet de querelle entre elle et Baekhyun, mais ce soir, notre rencontre serait différente.
Elle regardait autour d'elle, cherchant son informateur mystère. Jongho me lança un regard signifiant qu'il était temps pour moi d'aller à sa rencontre.
J'avais eu envie de m'habiller comme une Cavalière, mais ce serait prendre le risque que quelqu'un regarde par sa fenêtre et que le meurtre de Yves soit directement relié à notre groupe, j'avais donc dis adieu à cette idée et m'étais simplement habillée d'un jogging noir et d'un sweat également noir, dont j'avais rabattu aussi la capuche sur ma tête.
Je sortie alors de derrière les poubelles. Mon apparition attira directement l'attention de Yves qui se mit à marcher vers moi. Il faisait trop sombre pour qu'elle voit mon visage mais ça n'allait pas tarder à arriver.
-Est-ce que vous êtes-
Sa phrase resta en suspend lorsque mon visage passa sous la faible lumière d'un lampadaire.
-Amy ?
La surprise prit possession de son visage.
-Oh mon dieu Amy, tu es vivante !
Alors qu'elle se mettait à courir vers moi, je sorti le pistolet caché dans mon dos et le braquai sur elle. Yves s'arrêta immédiatement face à mon geste, je la vis regarder l'arme avec attention avant de relever son regard vers mon visage. Elle était pleine de confusion, ce qui était compréhensible.
-Amy ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
-Tout se passait parfaitement. Personne n'était à mes trousses puisque j'étais morte, je pouvais enfin revenir, faire partie du groupe, et tu te mets à vouloir me rendre justice. Tu penses m'aider, mais tu me mets plus des chaînes qu'autre chose.
-Comment ça ?
La voix de mon ancienne meilleure amie était faible, elle était terrorisée par mon état, parce ce que j'étais devenue.
-Tu sais je les ais retrouvé. Ils ont des problèmes d'ordre mentale c'est sûr, mais moi aussi alors on forme plutôt un bon petit groupe.
-De qui tu parles ?
-Voyons Yves, des Cavaliers.
Le visage de Yves blêmit encore plus, je ne savais pas que c'était possible à ce stade. J'étais consciente que mon calme devait l'inquiéter, mais elle n'aurait pas à s'inquiéter bien longtemps.
-C'est de ta faute. Tu m'obliges à le faire. Ajoutai-je.
Soudain, des coups de feu retentirent un peu plus loin. Yves sursauta, on n'entendait plus que des cris et des coups de feu, le contexte parfait.
C'était maintenant.
-Tu diras bonjour à Himchan de ma part. Fis-je.
Ses yeux s'agrandirent alors que j'appuyai sur la détente et que le corps de Yves recevait l'impacte de la balle et s'écroulait en arrière. Mes cours de tirs avec Mingi m'avait bien servi, le meurtre était propre, sans éclaboussures inutiles.
Je sentais encore mon bras légèrement se reculer à cause de la force de l'arme.
Sans un regard pour le cadavre de mon ancienne meilleure amie, je fis volte-face et rejoins Jongho. Le Cavalier se releva et ensemble, nous nous dépêchèrent de quitter ce quartier. Nous nous occuperions de brûler mon pistolet en rentrant, effaçant alors toutes les preuves qui pourraient incriminer les Cavaliers puisque nous avions déjà demandé à Yunho de supprimer mon nom du document des archives du magasin d'arme mexicain où je me l'étais fournis.
Je venais de tuer Yves.
Je n'avais pas tremblé.
J'avais eu le contrôle.
J'en voulais plus.
Cette sensation délicieuse d'avoir manipulé quelqu'un coulait dans mes veines, mais je savais qu'elle finirait par disparaître, il fallait que je recommence.
Je voulais tout contrôler, je savais pertinement que j'étais faîtes pour ça et je n'étais pas prête de l'oublier.
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