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-Amy reste concentrée ! Se plaignit Seonghwa. 

Je soufflai d'agacement en ancrant mon regard sur un très joli arbre à quelques mètres, espérant que la vue de la nature apaiserait l'agacement que j'éprouvai en ce moment même contre le Cavalier.

Cela faisait maintenant trois bonnes heures que nous étions enfermés dans cette voiture, garée dans un quartier plutôt agréable de Séoul. Seonghwa me tapait sur le système depuis une bonne heure déjà, il me reprochait sans arrêt de ne pas être concentrée, alors que je l'étais parfaitement. J'avais juste commis l'incommensurable erreur de bailler, ce qui d'après moi, était normal quand vous veniez de passer plus de trois heures d'affilées, assise dans une voiture alors qu'il était bientôt quatre heures du matin. 

-Pour la dernière fois, tu veux pas la fermer ? Tu me donnes mal à la tête. Pestai-je. 

-Pauvre chou, le boulot est trop dur pour toi ? T'es pas à la hauteur finalement ? 

Il était tard et j'étais complètement fatiguée. Mes nerfs allaient lâcher dans quelques secondes et le Cavalier allait en faire les frais très rapidement. 

-Mais c'est quoi ton soucis merde ? Tu ne m'apprécies pas ? J'ai compris. T'as fait semblant d'avoir des sentiments pour moi ? J'avais capté. Alors pourquoi tu me parles comme si j'avais brisé ton cœur ? 

-Briser mon cœur ? N'importe quoi. 

-La vengeance après une rupture amoureuse douloureuse, c'est la spécialité des femmes. Blesser avec les mots, trancher avec la langue c'est notre quotidien. Et en ce moment même Seonghwa, tu sonnes comme si tu étais la victime dans l'échec de notre pseudo couple, alors que c'est toi qui l'a détruit. 

Le Cavalier me fixa pendant quelques secondes de ses grand yeux sombres, sans prononcer un seul mot. Est-ce que j'avais réussi à toucher un point sensible ? Est-ce que cela était possible qu'il ait encore une once de sentiments pour moi ? Qu'il m'ai menti ce fameux soir ?
Je scrutai son visage pour tenter de trouver plus qu'une once de sincérité, une véritable preuve de sa culpabilité, des yeux brillants, des débuts de larmes, n'importe quoi qui pouvait me permettre de m'accrocher à lui. J'avais beau le détester, vouloir me venger de l'état dans lequel il m'avait mis, il avait compté pour moi, je l'avais aimé. Le revoir et me rendre pleinement compte que notre relation n'était que mensonge, que le véritable Seonghwa se trouvait maintenant devant moi, et que celui que j'avais connu des mois plus tôt n'était qu'un tissu de balivernes, me faisait mal, je ne pouvais pas le nier. 

-Tu y repenses parfois ? À nous ? Me chuchota-t-il. 

La voiture autour de nous avait disparu, je ne distinguai que la présence de l'homme devant moi. Je voyais son torse se lever légèrement au rythme de ses respirations et je distinguai ses battements de cils. 

-Il n'y a jamais eu de "nous", Seonghwa. Répondis-je en tournant mon regard vers l'immeuble qu'on était en train de surveiller. 

Je refusai de retourner dans ses bras, de retomber dans ce cercle vicieux sans fin de l'amour et de la souffrance. D'ailleurs, j'avais du mal à suivre le Cavalier. Parfois il se montrait complètement exécrable avec un air supérieur et un ton  condescendant qui me tapait sur le système, parfois je le trouvai presque nostalgique.

-Amy, je-

-Regarde ! 

Après plusieurs heures dans le calme, il se passait enfin quelque chose. Le Cavalier suivit mon regard et l'intérieur de sa voiture se fit soudainement calme. Nous fixions la Dacia noire qui entrait dans le garage de l'immeuble. Cet endroit était censé être une zone désaffectée, mais cette arrivée nous prouvait le contraire. Je ne savais pas comment Yunho avait réussi à obtenir cette adresse, mais il avait eu raison de la trouver suspecte et de nous envoyer y camper, même si je me serais grandement passée de mon partenaire. 

-Tu penses qu'on va découvrir un visage ? Fis-je. 

-Non, ce serait trop facile. C'est un livreur. 

-Un livreur ? 

-Pas ceux auxquels tu penses. Un messager qui est en contact avec le groupe criminel, ils le paient et il sert d'intermédiaire dans le réseau. Il ne voit jamais leur visage évidemment. 

-On a un livreur nous aussi ? 

-Non, il ne faut faire confiance à personne. 

Tu n'as jamais dit une chose aussi vraie. 

Nous regardâmes l'homme masqué descendre de sa voiture et déposer un gros carton devant la porte. Il ne sonna pas, ne toqua pas, ne laissa pas de signes pour dire qu'il avait déposé un paquet. Il quitta le lieu aussi rapidement qu'i' y était arrivé.

-Ne bouge pas, je reviens. Me dit Seonghwa. 

-Quoi ? Qu'est-ce que tu fais ? M'écriais-je en le voyant sortir de la voiture. Reviens ! 

Le Cavalier couru jusqu'au paquet, s'en empara et entra dans la voiture. Il me le jeta presque dessus et démarra le véhicule en trombe. 

-Attend, fis-je, t'as pas peur qu'il soit pisté ? 

-Si, c'est pour ça qu'on ne rentre pas à la maison. 

Seonghwa faisait rouler la voiture si vite que j'en avais presque envie de vomir. D'habitude, j'appréciai les sensations forte, ça m'enivrait et me faisait sentir vivante, mais cette fois, c'était différent. L'ambiance pesante dans la voiture me mettait mal à l'aise et me donnait l'impression qu'un danger était tout proche. Lorsque nous arrivâmes au bord du fleuve Han, la voiture s'arrêta enfin et je m'autorisai à respirer normalement. Le Cavalier m'intima à sortir et je lui obéis, ravie de pouvoir sortir de cette maudite voiture. 

-Ouvre le. Fit-il en s'asseyant au bord de la jetée. 

Je le rejoins et entreprit d'ouvrit le carton. 

-Alors ? 

-On dirait des...pièces à conviction. 

Il se pencha vers moi pour constater que dans le carton, se trouvait de multiples objets retrouvés sur les scènes de crimes des Cavaliers, dans de jolis petits sachets en plastiques transparents. 

-Tu penses qu'ils les ont volés à la police ? Demandais-je. 

-Ça ne fait aucun doute. Leur obsession pour nous me dépasse. Qui pourrait être aussi obsédée par nous ? Fit-il en me lançant un clin d'œil. 

J'ignorai sa remarque stupide et analysai les objets dans la boîte. Des allumettes, un pistolet et une boucle d'oreille.

-Ils sont à vous ses objets ?

-Les allumettes sont à Mingi, le reste non. Mais ça ne doit pas leur faire de mal de penser qu'ils ont des objets à nous. Bouge pas je vais les prendre en photo.

Le Cavalier prit bien une quinzaine de minutes à prendre en photo tous les objets de la boîte aisin que leur identification par la police. Ensuite, il saisit la boîte et la jeta dans l'eau.
Je sursautai, ne m'attendant pas à ce geste.
Je regardai ensuite la silhouette de Seonghwa sortir son paquet de cigarettes et un briquet en argent. Je me levai pour le rejoindre, et laissai mes yeux se poser sur l'étendue d'eau, uniquement éclairée par les reflets des lumières de la ville. La zone où nous nous trouvions était silencieuse, mais j'imaginai sans mal le bruit des voitures, les discussions des groupes d'amis, les odeurs des food truck encore ouvert.

-Tu fumes ? S'étonna Seonghwa lorsqu'il me vit sortir à mon tour mon paquet de cigarette.

-Faut croire.

-Depuis quand?

-T'en as quelque chose à faire même ?

-Amy...

-Arrête de faire comme si tu te souciais de moi Seonghwa, on sait tous les deux que c'est faux.

Un silence s'instaura entre nous pendant que nous profitions de cette drogue qui s'infiltrait dans nos poumons.

-Je me soucis de toi Amy, que tu veuilles le croire ou non.

Son regard attira le miens. Ses yeux brillants me firent chavirer, je ne pouvais m'empêcher de me rappeler tous les baisers fiévreux que nous avions partagé, tous les rires, les moments d'amour.

Je lâchai un rire en détournant mon regard sur l'horizon.

-Ton numéro à presque marché. Dommage que j'ai appris à déceler les menteurs dans ton genre. C'est la seule bonne chose qui est ressortie de notre relation.

La vengeance était bien plus attirante que les beaux yeux de Seonghwa.