Ce matin-là, la journée commençait avec deux heures de Potions et l'humeur des élèves était plutôt morose. Ce soir, c'était Halloween, mais le temps était tellement pourri dehors, qu'il allait être impossible aux jeunes sorciers d'aller se promener dans les jardins après le repas, comme chaque année.

— Miss Granger ? Voulez-vous répondre à la question ?
— Non, Monsieur.
— Bien... Miss Parkinson ?
— Asphodèle en poudre, Monsieur, répondit Pansy.
— Très bien, cinq points pour Serpentard.

Habitués à ce qu'Hermione ne réponde plus à aucune question posée en classe, les professeurs l'interrogeaient pour la forme, sachant pertinemment qu'elle allait répondre non. Elle ne répondait plus faux, ce qui était déjà une avancée dans son acceptation de la fatalité, car après avoir bousculé Rogue et fait perdre trente points d'un coup à sa nouvelle maison, elle avait été regardée de travers pendant plusieurs jours et Malefoy s'en était donné à cœur joie pour lui faire savoir le fond de sa pensée...

Lorsque la cloche de fin du cours sonna, les Gryffondors furent les premiers à partir et alors qu'elle pliait son livre, Hermione sursauta quand une boulette de papier atterrit devant elle. Elle regarda autour d'elle et sentit son cœur louper un battement quand Harry lui sourit, presque timidement. Elle prit alors la boulette et la déplia.

Tu es très belle en brune, Mione.

Hermione serra les lèvres et regarda vers Harry, mais il n'était plus là. Elle sentit sa gorge se serrer et ferma les yeux. En passant derrière elle, Daphné posa sa main sur son épaule.

— On se retrouve en Sortilèges, dit-elle.

La brunette hocha la tête et porta ses doigts à sa bouche. Elle fronça les sourcils et eut un hoquet. Les élèves s'en allèrent ensuite sans s'inquiéter pour elle et quand Rogue s'assit de l'autre côté du bureau, elle le regarda et lui tendit la feuille déchirée.

— Il a raison, dit-il en la reposant. Maintenant, reprenez-vous, il ne faut plus vous laisser aller comme ça, Miss Granger. Je sais que c'est dur, mais vous êtes plus forte que ça...

Hermione renifla. Elle s'essuya les joues du plat des mains et hocha la tête.

— C'est une torture, dit-elle en avalant sa salive. Ça fait un mois et demi, ce soir c'est Halloween et je ne serais pas là pour Harry...

Rogue pinça la bouche. Sa Légilimancie lui donnait mal à la tête quand il était en présence de la jeune femme, tellement elle était malade d'être dans cette situation. De l'extérieur, elle semblait l'accepter peu à peu, mais à l'intérieur, la moindre chose lui rappelant Gryffondor la faisait aussitôt s'effondrer.

— Vous serez là pour moi, dit alors Rogue doucement.

Hermione le regarda, stupéfaite. Elle fronça alors les sourcils et secoua la tête.

— Oh, pardon, Monsieur, dit-elle. J'avais oublié...

Rogue se redressa en inspirant.

— J'ignore comment vous le savez et je ne veux pas le savoir, mais il n'y a pas que Potter qui a perdu des êtres chers ce soir d'Halloween... Outre le fait que je connaissais James depuis notre enfance, Lily était ma meilleure amie et leur meurtre si sauvage...

Il se tut et secoua la tête. Hermione tendit alors la main et la posa sur la sienne. Il esquissa un sourire pincé puis soupira et se leva.

— Allez vous rafraichir puis retournez en cours, dit-il en regagnant son bureau. Vous allez être en retard.
— Oui, Monsieur...

Hermione renifla, termina de ranger ses affaires et quitta la salle de classe. Elle fit un crochet aux toilettes les plus proches pour se rincer le visage, puis elle rejoignit rapidement la salle de Sortilèges et arriva juste quand Flitwick fermait la porte.

— Juste à temps, Miss Granger ! sifflota-t-il.

Hermione baissa le nez et alla s'asseoir à côté de Daphné à qui elle montra la feuille froissée.

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Le repas d'Halloween fut un succès, comme toutes les années, et ce malgré le ciel gris et pluvieux qui surplombait la Grande Salle. Les fantômes s'en donnèrent à cœur joie et les chauve-souris firent hurler les filles de terreur en fondant sur elles à toute vitesse.
Mais Hermione n'avait pas le cœur à faire la fête. Assise au bout de la table de Serpentard, tournant le dos à Gryffondor, elle était pensive. Le dessert venait d'arriver et elle n'avait presque rien touché du repas. Les potions de Pomfresh lui fournissaient les nutriments qu'elle avait besoin, sans qu'elle n'ait à devoir s'alimenter comme tout le monde. Elle faisait cependant contre mauvaise fortune bon cœur et essayait de donner le change. Et si les Serpentards avaient fini par l'ignorer, les Gryffondors, eux, avaient plus de mal.
Néanmoins, lorsqu'elle quitta la Grande Salle pour aller prendre l'air sur le perron du château, elle eut la surprise de voir Harry et Ron s'approcher d'elle, suivis des autres élèves de septième année de Gryffondor. Chacun d'entre eux l'enlaça alors, plus ou moins brièvement, plus ou moins chaleureusement, avant de se disperser.

— Vous en avez mis du temps...
— Oui, répondit Harry. On sait... mais tu sais ce qu'on éprouve pour les Serpentards en tant que Gryffondors, alors...
— Tu prêches une convaincue, répondit la brunette. En tous cas, merci pour ton petit mot, ce matin, tu m'as... fait pleurer.
— Ce n'était pas intentionnel... sourit Harry.

Hermione sourit. Elle prit alors les bras des deux garçons et ils profitèrent de l'accalmie de la pluie pour aller se promener tous les trois dans le parc humide.

Sur le perron, Daphné regarda sa nouvelle amie s'éloigner et sourit en croisant les bras. Elle haussa ensuite les épaules et se détourna, amusée. La dernière recrue de Serpentard allait peut-être aller mieux si elle pouvait retrouver ses amis de temps en temps...

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— Il est tard et je commence à avoir froid, dit Hermione. Et si on rentrait ?
— Oui... J'ai été content qu'on puisse passer un moment ensemble, dit Harry.
— Ron n'est pas revenu, dit alors la brunette.
— Bah, il a dû trouver quelque chose à faire, mais je ne m'en fais pas, il était aussi content que moi qu'on se retrouve. Tu nous manques, tu sais ?
— Oui, vous me manquez vous aussi, c'est vraiment difficile de faire partie de Serpentard après avoir été à Gryffondor, et j'ai vraiment hâte que quelqu'un trouve ce qui s'est passé parce que je n'ai aucune envie de continuer à porter du vert...

Harry sourit.

— En tous cas, cette couleur de cheveux te va vraiment très bien, tu sais ?
— Oui, tu me l'as déjà dit... sourit la jeune sorcière. Allez, rentrons, regarde, McGonagall nous cherche...

Les deux sorciers reprirent la direction du château et McGonagall sourit à Hermione quand elle passa près d'elle.

— Il est l'heure de regagner vos dortoirs, jeunes gens, dit la Directrice.
— Oui, Madame. Bonne nuit, Mione...

Harry embrassa son amie sur la joue puis rejoignit Ron. Hermione lui sourit et croisa les bras. Daphné s'approcha alors et la bouscula de l'épaule.

— Alors tu vois, dit-elle. Il leur fallait juste un peu de temps.
— Oui, sans doute, mais c'est resté bien plus froid qu'avant...
— C'est normal, enfin j'imagine... Bon, on rentre ? Ah, hem, oui, j'oubliais...
— Désolée, Daphné, mais je ne suis pas encore prête à tout abandonner...

Daphné hocha la tête. Elles se souhaitèrent bonne nuit et se séparèrent. En pivotant, Hermione sentit une présence et elle leva les yeux. Elle reconnut Rogue dans les ombres d'une colonne et serra les lèvres. Avec tout ça, elle n'avait même pas pensé à dire à Harry qu'elle pensait à lui malgré ce qui lui arrivait...
Elle décida alors de se rattraper avec son nouveau Directeur de Maison et le rejoignit dans l'ombre du couloir.

— On ne vous a pas vu, au dîner, dit-elle.
— Aucune envie d'assister à tout cela, répondit le sombre professeur en détournant la tête.
— Voulez-vous de la compagnie, ce soir ?
— Non, Miss... C'est gentil de votre part, mais non, je ne suis pas de bonne compagnie le soir de la mort de ma meilleure amie...

Hermione se mordit la joue et hocha la tête.

— Bonne nuit, professeur, dit-elle alors.
— À vous aussi, Miss...

La brunette regarda alors le sombre professeur se détourner et s'éloigner avant de disparaître dans les ombres. Elle soupira ensuite, tourna les talons, serra sa cape autour de ses épaules, et remonta lentement jusqu'à l'étage où se trouvait son appartement.