Chapitre 8

Le dix-neuf septembre, Hermione le passa seule dans sa chambre. Personne ne vint la voir, sinon Dobby et McGonagall, pour une toute autre raison, quand bien même ils profitèrent d'être présents pour lui souhaiter un bon anniversaire. Dobby lui offrit même une boîte de chocolats...

Néanmoins, elle eut tout de même le plaisir de découvrir plusieurs paquets sur la petite table de son appartement. Beaucoup venaient de Gryffondors, presque tous, en fait, comme si elle leur manquait terriblement, ce qui était probablement le cas. Pomfresh n'avait d'ailleurs pas chômé ces dernières semaines et beaucoup de Gryffondors étaient allés la voir pour lui parler de ce qu'ils éprouvaient, une colère et une haine viscérale mêlés à un manque grandissant et une tristesse sans nom, depuis que leur Souris de Bibliothèque avait rejoint le camp adverse... mais point de Harry ou de Ron et cela attristait plus Hermione qu'elle ne le pensait.

.

Toc, toc

— Entrez ?
— Coucou !
— Salut, Daphné, enfin...
— Oui, on vient de se quitter, je sais, répondit la Serpentarde blonde avec un sourire. Mais je t'ai amené un petit truc, pour ton anniversaire...
— Il ne fallait pas... dit Hermione, surprise.

Daphné avisa alors le tas de paquets sur la table, et esquissa un sourire un peu triste.

— Je suis la seule de Serpentard, hein ? dit-elle.

Hermione opina lentement avec un mince sourire. Daphné haussa alors les épaules et lui tendit le petit paquet.

— C'est une bricole, je ne sais pas quels sont tes goûts et comme chez nous, c'est mal vu d'offrir des sous aux anniversaires...
— Chez les Moldus, c'est courant, répondit Hermione en s'asseyant sur une chaise. Et je dois avouer qu'il vaut mieux un peu d'argent pour s'offrir quelque chose qu'on va apprécier, plutôt que recevoir un cadeau qui va finir au fond d'un tiroir dès le lendemain.

Daphné rigola et s'assit en face de son amie. Elle prit un paquet sur la pile et le secoua doucement.

— Tu veux m'aider à les ouvrir ? demanda alors l'ancienne Gryffondor.
— Si tu veux, ça m'évitera de rentrer à Serpentard...
— Ah ? Qu'est-ce qui se passe ?
— Oh rien, c'est Malefoy qui fait encore son coq...

Hermione sourit. Depuis un peu moins de trois semaines à présent qu'elle était devenue une vert et argent, elle en avait appris des belles sur les Serpentards, et si jamais elle redevenait Gryffondor un jour, elle aurait largement de quoi se moquer des autres pendant des années.

— Hé, regarde, c'est adorable ça ! s'exclama soudain Daphné.

La jeune brune la regarda, en train de défaire le paquet de son amie, et sourit.

— Je sais de qui ça vient, dit-elle. Lavande Brown.
— Tout juste, répondit Daphné. C'est qui ?
— Une grande blonde un peu quiche, avec des longs cheveux frisés.
— Ah oui, je vois, elle est un peu perchée, non ?
— Tout à fait. Elle était amoureuse de Ron, l'année dernière, mais je crois que ça lui a passé.
— Pourquoi ? Je veux dire, il n'est pas vilain, Weasley, si on exclu sa bêtise apparemment innée...

Hermione ronfla et explosa de rire. Daphné rougit légèrement et se racla la gorge.

— Ron est un très gentil garçon, dit alors Hermione. Mais il est gauche et maladroit avec les filles. Pendant le Tournoi des Trois Sorciers, il a été subjugué par Fleur Delacour, tu sais, elle avait des Vélanes dans sa famille, du coup, beaucoup de garçons ont été envoûtés et Ron n'y a pas échappé. Enfin bref, il s'est totalement ridiculisé et il avait envie de se cacher pour le reste de sa vie après ça...
— J'imagine aisément, le pauvre...

Hermione secoua la tête, amusée à ce souvenir. Soudain, elle fronça les sourcils et laissa le papier du cadeau de Daphné, en suspend.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda celle-ci.
— C'est étrange, mais je ne ressens plus autant de colère envers les Gryffondors... dit la brunette. Je veux dire, je suis triste qu'ils ne parviennent pas à surmonter leur inimitié contre les Serpentards pour venir me voir de temps en temps, mais, et je viens de le remarquer, je n'éprouve pas pour Gryffondor, la haine que j'avais pour Serpentard à l'époque...
— Peut-être que Godric a fait en sorte que ses élèves éprouvent la même haine que lui-même avait à l'époque pour Salazar ? demanda Daphné. Mais ça voudrait dire que Salazar n'était pas si en colère que les livres le disent, au final...
— Possible... Ou alors, il en avait juste rien à faire des autres Fondateurs...

Hermione haussa les épaules puis se redressa et termina d'ouvrir le paquet de sa nouvelle amie. Elle haussa les sourcils, surprise, et regarda Daphné.

— Daphné, mais c'est...
— Une bricole, d'accord ? Je l'ai acheté sur le Chemin de Traverse, ça doit valoir deux Gallions, alors n'en fait pas une montagne, répondit Daphné en levant les mains.

Elle sourit néanmoins et Hermione ouvrit la petite boîte devant elle. Elle en sortit un bracelet en argent en forme de serpent articulé qui se mordait la queue.

— J'ai pensé que pour ta santé mentale, il aurait été malvenu de t'offrir quelque chose en rapport avec Gryffondor, alors...

Hermione passa le bracelet puis se pencha pour enlacer Daphné.

— Il est magnifique, dit-elle en se rasseyant. Je suis super contente, je n'avais pas de bijoux, j'ai tout laissé à Gryffondor et...

Regardant les paquets entassés sur la table, Hermione perdit soudain son sourire.

— Ne me dis pas que... dit-elle en prenant un paquet.

Intriguée, Daphné déchira celui qu'elle avait sur les genoux et en tira un livre. Hermione aussi. Elles arrachèrent ensuite tous les emballages des autres paquets et bientôt, Hermione se retrouva avec la totalité des affaires qu'elle avait laissées à Gryffondor, y compris ses vêtements.
Soudain, on toqua contre la porte et Daphné alla ouvrir.

— Oh, entrez, professeurs, dit-elle.
— Que se passe-t-il ici ? demanda Rogue, intrigué. Oh, quel déballage...
— Eh bien, je vois que quelqu'un a reçu un sacré tas de cadeaux pour son anniversaire ! dit McGonagall, surprise.
— Ce ne sont pas des cadeaux, Madame... dit Hermione en clignant des paupières. Ce sont mes affaires... Elles sont toutes là, mes livres, mes objets, mes vêtements...
— Ah, dans ce cas, vous allez être ravie d'avoir ceci, dit Rogue en déposant sur la table une malle miniature.

Hermione le regarda d'un air abasourdi.

— Je crois qu'on l'a perdue, là, dit Daphné en souriant.
— Un peu trop d'émotions ? demanda Rogue avec un sourire narquois en croisant les bras.
— Allons, le sermonna McGonagall, amusée. Miss Greengrass, voulez-vous redonner à cette malle sa taille originale, je vous prie ?
— Bien sûr, Madame.

Daphné tira sa baguette, posa la malle sur le sol, puis prononça la formule appropriée. La malle reprit aussitôt sa forme et Hermione regarda les deux adultes. Elle ferma alors les yeux et deux larmes glissèrent sur ses joues comme elle tournait la tête.

— Nous vous laissons, dit alors la Directrice. Venez, professeur...

Rogue opina et suivit la vieille sorcière dans le couloir en fermant la porte après lui.

— Je n'avais pas imaginé qu'elle réagirait ainsi, dit-il.
— Moi non plus, mais je pense que même si ce ne sont pas de vrais cadeaux d'anniversaire, le fait que tous ses amis de Gryffondor aient eut l'idée de lui envoyer ses affaires de cette manière la touche bien plus qu'elle ne l'a montré.

Rogue inclina la tête. Il proposa alors son bras à la Directrice et ils se rendirent dans la Grande Salle pour prendre un petit quatre heures bien mérité en cette épouvantable journée pluvieuse.

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