Chapitre 6
— Vous en êtes certain ?
— Absolument. Il n'est pas là-dessous et il ignore qui l'est.
McGonagall posa ses mains sur son bureau et soupira par le nez.
— Merlin, mais qui, alors ?
— Je l'ignore, mais il y a quelqu'un de plus puissant que Voldemort qui a réussi, on ne sait comment, à interférer avec la magie des Fondateurs, à bousculer le Livre des Admissions, et tout ça est sur le point de rendre une élève complètement folle.
— Severus, vous semblez bien préoccupé par le sort de Miss Granger... dit alors la Directrice.
— Elle ne va vraiment pas bien, Madame, répondit le sombre professeur. Elle ne parvient pas intégrer le fait qu'elle a changé de maison, elle n'accepte pas que contribuer aux cours donnera l'avantage à Serpentard pour la Coupe des Quatre Maisons.
— C'est compréhensible et Poppy assimile ce comportement à une sorte de choc post-traumatique, mais sans réponses, sans savoir qui a bien pu faire une telle chose, et surtout pourquoi, on ne peut rien faire, elle doit accepter, Severus, pour sa santé mentale...
— Que préconisez-vous, dans ce cas ? Qu'elle... change de coiffure ? demanda Rogue en haussant les épaules.
Le ton était ironique ; McGonagall haussa un sourcil et sembla réfléchir.
— Eh bien, ce serait une idée, en effet... Une transformation physique pourrait l'éloigner de l'image qu'elle a d'elle-même depuis six ans et l'aider à accepter son nouveau sort... dit-elle alors. Ce qui me préoccupe le plus, cependant, c'est que pour le Livre des Admissions, elle est à Serpentard depuis sa Répartition. Si nous ne réglons pas le problème, elle ne pourra plus jamais prétendre avoir été à Gryffondor, sa nouvelle maison sera inscrite définitivement dans son livret scolaire et de ce fait...
Rogue grimaça.
— De ce fait, beaucoup d'université magique risquent de lui fermer leurs portes, dit-il. Que puis-je faire ?
— Vous, en tant que Directeur de Serpentard, vous pouvez essayer de la convaincre que tout ce qu'elle croit savoir sur vos élèves n'est ni totalement faux, ni totalement vrai. En tant que Gryffondor, elle a une vision très limitée des autres maisons, et c'est normal, les Fondateurs ont fait en sorte que les rivalités entre les maisons soient plus accrues afin d'augmenter l'esprit de compétition.
McGonagall se tut un moment et se frotta la joue du bout des doigts, d'un air pensif.
— L'un de vos élèves peut-il l'aider à mieux comprendre les Serpentards, au niveau élève ? demanda-t-elle alors.
— Là comme ça, je ne vois pas grand monde en septième année... répondit Rogue. Monsieur Malefoy est hors course, ils se détestent cordialement, quant à Miss Parkinson ou Miss Bulstrode, non plus.
— Monsieur Zabini ? Miss Greengrass ?
— Je l'ignore, répondit Rogue en haussant les épaules. Je vais discuter de cela avec eux, puis avec Miss Granger, mais...
— Oui ?
Rogue grimaça.
— Serait-il possible de demander à Poppy qu'elle lui donne quelque chose pour qu'elle puisse se détendre ? Quand je suis allé la voir avant de partir, hier, elle m'a hurlé dessus et bousculé... Dans l'énervement, j'ai retiré trente points à Serpentard, ils vont râler, mais ce n'est pas ce qui m'inquiète. Ma Légilimancie a détecté un profond désespoir chez Miss Granger, et c'est normal, mais si elle continue ainsi, elle risque de devenir folle et de finir à St-Mangouste.
— Vous croyez ? Bon, je vais voir ça avec Poppy, j'avais dans l'idée de lui demander quelque chose qui puisse la nourrir, aussi, puisqu'il semblerait qu'elle refuse de s'alimenter.
— Encore aujourd'hui ?
— Malheureusement oui...
Il était un peu plus de quinze heures de l'après-midi, en ce dimanche, et les élèves étaient à Pré-au-Lard, pour ceux qui pouvaient, tandis que les autres se prélassaient dans les jardins du château en profitant des derniers rayons de soleil de la saison.
Rogue opina soudain et quitta sa chaise.
— Je vais me changer et aller lui parler, en espérant qu'elle m'écoute, dit-il. L'idée de changer de tête pourrait l'aider, effectivement, je vais le lui proposer.
— Tenez-moi au courant.
Le sombre professeur inclina le menton puis regagna son appartement. D'ordinaire, il n'avait jamais à jouer les Directeurs autrement que pour faire savoir qu'il était présent, mais Miss Granger avait besoin d'aide, et quoi qu'on en dise, il était peut-être le seul à comprendre ce qu'elle ressentait actuellement, lui l'adolescent qu'on avait brisé et qui avait voulu chercher revanche en devenant un Mangemort...
.
Assise en tailleur sur son lit, Hermione lisait. Elle avait refusé de se rendre à la Grande Salle pour le petit-déjeuner et le déjeuner, et Dobby lui avait monté ses repas, mais elle n'y avait pas touché. Il venait de repartir avec le plateau du déjeuner et avait laissé un goûter et un service à thé, bien en évidence sur la table.
Toc, toc
Hermione leva les yeux de son livre sans répondre et la porte pivota. Quand Rogue apparut, elle baissa le nez et détourna la tête.
— Bien, je n'aurais donc pas d'excuses pour votre comportement d'hier, semble-t-il, dit l'homme en fermant la porte. Ce n'est pas grave, je ne suis pas ici pour cela.
— Dans ce cas, allez-vous-en.
— Quelle agressivité, Miss Granger... soupira Rogue. Oh, attendriez-vous quelqu'un pour le thé ?
Il s'approcha de la table et observa les biscuits à la confiture et les scones.
— Servez-vous, grogna Hermione.
— Vous n'en voulez pas ? Ils sont délicieux... répondit le professeur en mordant dans un scone après avoir effleuré la crème pâtissière qui les accompagnait.
Hermione serra les mâchoires et soudain, ferma son livre dans un claquement sec. Rogue la regarda avec surprise, avala sa bouchée, puis se redressa en se frottant les mains.
— Ça suffit, dit la jeune femme. Arrêtez de me prendre pour une pomme, Monsieur.
— Vous prendre pour une pomme ? Allons, Miss Granger, je ne sais pas...
— Ah non ? Vous, la chauve-souris des cachots, vous êtes soudain très préoccupé par mon sort alors que vous avez passé les six dernières années à me maltraiter psychologiquement ! Et n'allez pas me sortir l'excuse que vous êtes comme ça avec tous vos élèves, ça ne passera pas.
La jeune femme quitta son lit, pieds nus, et s'approcha de la table. Elle avisa les friandises, puis le thé dans sa théière, et soupira. Elle s'assit sur l'une des chaises et Rogue s'assit en face d'elle.
— Servez, lui dit-elle un peu sèchement.
— Quel ton... Je plains votre futur époux...
Hermione ronfla et croisa les bras.
— Alors, qu'est-ce que Voldemort a dit ? dit-elle alors.
Rogue eut un discret sursaut en prenant la anse de la théière, mais ne releva pas. Il servit les deux tasses et poussa le plat de biscuits vers la jeune femme.
— Il n'y est pour rien, dit-il alors.
— Bah voyons... !
— Je me suis dit comme vous, puis nous avons discuté un peu du sujet et je le pense sincère, répondit Rogue. Qui que ce soit qui ait provoqué cette explosion et vos ennuis, nous l'ignorons encore.
Hermione se mordit les lèvres, décroisa les bras et fit pivoter sa tasse. Elle observa le dessin fleuri un moment puis soupira par le nez.
— Je reviens du bureau de la Directrice, dit alors Rogue en prenant un biscuit à la confiture.
— Et ?
— Elle pense que vous pourriez avoir plus de facilités à accepter votre sort actuel, qu'il soit définitif ou non, en opérant quelques changements sur votre personne.
— Des changements ? demanda Hermione en fronçant les sourcils. De quel genre ?
— Eh bien... Changer de coiffure pour commencer ?
Hermione grimaça.
— Je n'ai pas changé de coiffure depuis plus de dix ans et...
— Justement, vous vous voyez encore comme Hermione Granger, l'élève surdouée de Gryffondor, dit Rogue. Je sais que l'indifférence de Potter et Weasley vous fait du mal, mais peut-être qu'en devenant... quelqu'un d'autre, vous pourriez avoir plus de facilités à accepter tout cela ? Quand bien même je de sente que ce ne sera pas chose aisée...
Pensive, Hermione resta silencieuse. Elle prit une mèche châtain entre ses doigts et la regarda un moment.
— Je ne sais pas, dit-elle. Écoutez, professeur, je ne suis pas stupide, et je suis conscience que les choses ne vont pas s'arranger demain. Je suis encore sous le choc, je n'arrive pas à m'habituer à enfiler l'uniforme de Serpentard, alors que dès que je me regarde dans le miroir, je vois du rouge et or, et non du vert et argent.
— Je comprends, d'où cette proposition, dit Rogue. Détachez-vous de la jeune Gryffondor, devenez une Serpentarde, pas dans votre façon d'être ou de penser, juste dans votre façon d'apparaître. Nous ne sommes pas tous aussi malveillants et irrécupérables que les Gryffondors le pensent, ajouta-t-il. Même Monsieur Malefoy a un bon fond, il suffit de le connaître...
— Ce que vous savez, bien entendu ?
Rogue haussa un sourcil.
— Je suis le parrain de Drago Malefoy, Miss Granger, dit-il. Donc oui, je pense le connaître un peu mieux que vous...
Hermione leva les yeux au ciel et secoua la tête. Rogue but un peu de thé et reposa sa tasse dans la soucoupe dans un petit bruit cristallin.
— Madame Pomfresh va venir vous donner quelque chose pour vous détendre et donner un peu de repos à votre esprit, dit-il alors. La Directrice va aussi lui demander quelque chose pour vous alimenter, puisqu'il semblerait que vous ayez décidé de ne plus participer aux repas communs.
Hermione grimaça.
— De mon côté, reprit Rogue en piquant un scone. Je vais demander à Miss Greengrass, ou Monsieur Zabini, s'ils voudraient bien venir vous parler et vous expliquer notre maison avec leurs mots. Ce sera compliqué de nous voir autrement, j'en suis conscient, mais cette expérience ne peut que vous faire du bien et vous aider à grandir.
La jeune sorcière baissa le nez sur sa tasse et serra les lèvres. Elle observa ensuite Rogue et eut l'impression d'être dans un état second. Jamais de toute sa vie, elle n'avait imaginé, pas une seule seconde, que ce sombre professeur acariâtre et méchant, pouvait être capable de compassion, et surtout, de se trouver dans une situation aussi banale que prendre le thé... De plus, à le voir engloutir les biscuits les uns après les autres, il semblait être gourmand avec ça...
Une image bien éloignée de la chauve-souris des cachots qui fondait sur ses élèves quand ils s'y attendaient le moins, ça c'est sûr !
— Je vais réfléchir à vos paroles, dit alors la jeune femme en se redressant. Vous connaissez bien Daphné Greengrass ?
— Bien, non, mais je connais ses parents, et ce sont de bons sorciers qui ne sont pas versés dans la magie noire, répondit Rogue. Je suis content que vous compreniez que ce qui vous arrive n'est pas la fin du monde. C'est choquant, j'en suis conscient, mais vous êtes une jeune femme solide qui a vu pire, vous vous en sortirez.
— Merci...
Hermion soupira puis prit sa tasse et avala une gorgée de thé. Rogue poussa alors de l'index l'assiette de biscuits et Hermione lui jeta un regard noir, mais quand il insista, elle finit par prendre un scone en ramassant de la crème pâtissière au passage...
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