Chapitre 5
— Non, c'est impossible !
— Puisque je vous dis qu'il n'y a que lui qui a pu faire ça !
Rogue tournait comme un avion dans le bureau de McGonagall. Celle-ci l'avait fait venir dès que Ron et Harry avaient quitté son bureau et le sombre professeur était choqué par les suppositions de sa supérieure.
— Pourquoi ? demanda-t-il alors. Pourquoi diable ferait-il une telle chose !
— Pour affaiblir Potter et pouvoir l'avoir plus facilement, répondit la Directrice sur le ton de l'évidence. Le trio brisé, les sentiments de haine pour les Serpentards, il a tout calculé, Severus. Tout ! J'en suis sûre et certaine !
McGonagall pivota et posa ses mains sur son bureau. Rogue rentra le menton.
— Je suis déjà parti, dit-il en tournant les talons.
D'une démarche raide, il regagna son appartement et se changea. Il allait se rendre dans le repaire de Voldemort, dès cette nuit, et essayer d'en apprendre le plus possible sur les intentions de son "maître".
Avant de partir, cependant, il songea à Hermione. Il avait entendu une rumeur chez ses élèves qui disait que leur nouvelle recrue n'avait rien mangé de la journée et avait semble-t-il décidé de ne plus répondre à aucune question en cours, ou bien répondant volontairement à côté. Quand bien même elle était la pénible Miss Je-sais-tout, une ancienne Gryffondor, et une Née-Moldue, elle restait une élève, une élève bornée qui risquait de faire chuter considérablement la moyenne de sa nouvelle classe, déjà pas bien élevée, tout en mettant sa propre santé en danger.
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Hermione était roulée en boule sur son lit, dans le silence de sa chambre privative quand on toqua contre la porte.
— Allez-vous-en ! grogna-t-elle.
La porte s'ouvrit quand même et Hermione soupira quand Rogue entra. Elle fronça les sourcils en remarquant qu'il ne portait pas son habit habituel et se redressa sur un coude.
— Vous sortez ? lui demanda-t-elle.
— Je vais chez Voldemort, la Directrice pense qu'il est responsable de votre... calvaire, répondit le sombre professeur en s'approchant. Mais je suis aussi venu vous dire qu'il faut manger, Miss Granger... Manger et participer aux cours, surtout.
— Pourquoi ? lâcha la brunette sur une ton sec.
— Pourquoi ? Allons, vous êtes la plus intelligente du collège...
Hermione ronfla en se rallongeant.
— Pour servir Serpentard ! cracha-t-elle. Non merci !
— Ah, vous m'agacez ! s'exclama alors Rogue en retour. Vous avez dix-huit ans, oui ou non ? Cessez de faire l'enfant, maintenant ! Qu'est-ce que c'est, six mois, hein, dans toute votre vie de sorcière ? Vous pleurnichez comme une enfant parce que vous avez été victime d'un sortilège malheureux !
Hermione bondit brusquement de son lit et bouscula Rogue des deux mains. Surpris, l'homme fit un pas en arrière et serra les poings.
— Trente points de moins pour Serpentard ! s'exclama-t-il en faisant volte-face. Cela vous apprendra à vous en prendre à un professeur !
Il quitta la chambre en faisant claquer la porte. Hermione poussa un cri de rage et donna un grand coup de pied dans la chaise la plus proche. Elle tomba ensuite sur les genoux, les orteils douloureux, et s'adossa au mur en se mettant à pleurer.
Dans le couloir, Rogue se redressa, mâchoires serrées. Il n'avait pas prévu de la bousculer en allant la voir, mais elle avait attaqué la première et il ne supportait pas qu'un élève parle sur ce ton à un professeur. Les trente points en moins étaient peut-être abusés et allaient très certainement provoquer la colère des Serpentards contre celui ou celle qui les leur avait fait perdre, mais tant pis.
Se souvenant qu'il avait un "rendez-vous", Rogue s'ébroua et s'éloigna en essayant de reprendre le contrôle de ses émotions. Il était hors de question qu'il montre à Voldemort que le sort de l'ancienne Gryffondor le préoccupait, sûrement pas ! Il n'avait aucune envie de se faire passer à tabac ce soir !
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— Et vous l'avez laissé partir ?
— Pourquoi l'aurais-je retenu ? Nous devons savoir ce qu'il s'est passé, pourquoi, et comment le réparer. Miss Granger est malade d'être à Serpentard et c'est parfaitement normal, dit McGonagall. On m'a dit qu'elle n'avait rien mangé de la journée, et en cours, elle ne desserre pas les dents, ou alors pour répondre faux. Cette attitude est loin de lui ressembler, Poppy !
— Je suis passée près des Sabliers pour venir ici, dit Pomfresh. Serpentard a perdu trente points depuis tout à l'heure...
— Hm, je vous parie que Miss Granger a dit quelque chose à Severus qui ne lui a pas plu, soupira la Directrice.
Pomfresh soupira en retour puis décida d'aller parler avec Hermione, mais quand elle se présenta devant sa porte, la jeune femme l'envoya paître en disant qu'elle voulait qu'on la laisse tranquille, qu'elle ne voulait voir personne, et encore moins des professeurs.
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Rogue arriva en vue de la maison de Little Hangleton après le coucher du soleil. À cause des sortilèges d'alarme et anti-intrusion disséminés dans tout le village, il était impossible de transplaner sans se faire repérer. Il fallait donc reparaître à la périphérie du village, dans un petit bois, puis rejoindre le vieux manoir branlant à pieds en traversant les ruelles sombres et sinistres de ce vieux village en partie vidé de ses habitants.
— Severus ! Te voilà enfin ! Nous pouvons commencer.
Rogue entra dans la grande salle à manger et s'assit discrètement entre deux Mangemorts masqués. Peu d'entre eux osaient se montrer à visage découvert, même entre eux, et c'était compréhensible car il devait très certainement y en avoir avec de hautes fonctions quelque part, dans le Gouvernement Moldu, ou bien des chefs d'entreprise. Mais Rogue s'en fichait. Lui n'avait rien à cacher, tout le monde savait qu'il était professeur à Poudlard et beaucoup aimaient dire qu'il était plus une sorte de messager entre Voldemort et le Directeur du collège sorcier, plutôt qu'un vrai Mangemort.
— Bon, allons-y, dit alors Voldemort.
Un tour de table s'enclencha, chacun relatant des faits intéressants ou qu'ils pensaient l'être, mais Voldemort resta indifférent à beaucoup d'entre eux. Quand vint le tour de Rogue et qu'il annonça que quelques jours en arrière, un incident en cours de Sortilèges avait provoqué une violente explosion dans le château, Voldemort sembla brusquement très intéressé.
— Dis-m'en plus, dit-il. Que sais-tu ?
— Malheureusement, pas grand chose, répondit Rogue. Tout ce que je suis en mesure de vous dire, est qu'un élève a été blessé.
— Ah ? Qui donc ? Dites-moi que c'est Potter !
Rogue serra les lèvres.
— Non, ce n'est pas lui, mais son amie, Miss Granger...
— La Née-Moldue ? Mince... Quelle déception.
Voldemort fronça alors les sourcils et sembla terriblement déçu.
— Quelles sont ses blessures ? demanda-t-il après quelques secondes de silence.
— Rien d'irréversible, mais il s'est produit quelque chose de très étrange après cette incident, répondit Rogue.
— Ah ?
Le sombre professeur expliqua alors, écouté par une vingtaine de Mangemorts suspendus à ses paroles, ce qui était arrivé à Hermione à peine quelques heures après l'explosion dans la salle de sortilèges, mais plus il parlait, et moins il semblait convaincu que le Lord était derrière tout ça. Quand il se tut, tout le monde était surpris.
— Comment est-ce possible ? demanda l'un des Mangemorts. Maître... ?
Loin de vouloir annoncer à haute voix qu'il ignorait comment il avait été possible, pour quelqu'un d'autre que lui, d'embrouiller une magie vieille de plus d'un millénaire, il préféra s'énerver, se mettre à hurler, et chasser ses fidèles de la salle à manger. Effrayés, les sorciers fuirent comme des moineaux et Rogue fut le dernier à partir.
— Severus ?
— Oui, Maître ?
— La Directrice pense que je suis pour quelque chose dans l'histoire, n'est-ce pas ?
— En effet... Est-ce le cas ?
— Quand bien même cela m'aurait grandement intéressé, non, je ne suis pour rien dans cette histoire. Je n'ai pas la capacité, encore, de pouvoir embrouiller la magie des Fondateurs.
— Mais alors qui ? Écoutez, Maître, si je puis me permettre, Miss Granger est malade d'être à Serpentard et c'est tout à fait compréhensible car de ce fait, à cause, encore une fois, de la magie des Fondateurs, ses deux amis se sont détournés d'elle. La Directrice pense que vous êtes l'instigateur de tout cela, car séparer Harry Potter de ses meilleurs amis pourrait l'affaiblir de façon significative. Elle pense donc que vous êtes...
— Oui, oui, l'instigateur, j'ai compris, et j'avoue que sa théorie est intéressante, mais dis-moi un peu, Severus, quel honneur y a-t-il à combattre un adversaire affaibli ?
— Je...
Rogue ne trouva rien à répondre face à l'évidence. Voldemort lui fit alors signe de partir et le sombre professeur gagna sa misérable chambre dans les étages du manoir. Il s'assit au bord du lit en métal au matelas à ressorts et soupira profondément en se frottant le visage.
— S'il n'est pas là-dessous, alors qui ? demanda-t-il au vide de la pièce. Qui, à part le Lord, serait suffisamment puissant pour réussir à embrouiller la magie des Fondateurs, une magie quasi ancestrale ?
Fatigué, Rogue s'allongea, un bras sous la nuque, et regarda le plafond de bois humide et vermoulu. Il décida de passer la nuit ici et de faire part de ses trouvailles à McGonagall, dès le lendemain.
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