Chapitre 29

Le lendemain dimanche, Hermione se réveilla tard. Il était plus de neuf heures et elle s'étonna de voir les aiguilles dans cette position, car d'ordinaire, elle ne dormait jamais autant, pas même le dimanche. Cependant, ce matin-là, elle n'avait aucune envie de se lever. Elle se sentait molle, fatiguée, et surtout un peu agacée, et elle se souvint rapidement pourquoi.
Pourquoi était-il ainsi ? Pourquoi pensait-il toujours être le méchant de l'histoire ? Hermione soupira en roulant sur le dos. Si elle n'avait plus envie d'aller à l'université, ce n'est pas à cause de lui, mais bel et bien à cause de Malefoy. En effet, elle avait appris, quelques jours en arrière, de la bouche de Blaise et Parkinson en personne, qui discutaient tranquillement dans un coin dans la Grande Salle, qu'ils allaient pouvoir retrouver leur ami à l'université magique de Londres, même s'il avait été renvoyé de Poudlard quatre mois avant la fin de l'année. Pire encore ! Hermione avait même entendu Blaise dire qu'il serait de retour pour passer ses ASPICs !
Grommelant, la jeune femme se remit sur le flanc et observa son réveil une longue seconde avant de se lever et d'aller prendre une bonne douche chaude. Quand elle sortit de la petite salle de bains, elle haussa un sourcil en découvrant un plateau sur la table de la cuisine et elle sourit en s'approchant, finissant de tresser ses cheveux mouillés.
Un petit mot était glissé entre les deux croissants encore chauds, près d'une théière et d'une tasse avec sa soucoupe.

— Pardon, lut Hermione avec un sourire.

Elle rigola ensuite et s'approcha de la cheminée dans laquelle elle jeta une pincée de poudre de Cheminette.

— Bureau de Severus Rogue, dit-elle.
J'écoute ? répondirent les flammes.
— Veux-tu du thé bien chaud et un croissant frais ? dit Hermione.

Il y eut un léger rire dans le foyer puis Hermione recula et les flammes s'emballèrent. Elles recrachèrent sur le tapis un grand échalas en robe de chambre noire et pantoufles qui se redressa devant Hermione.

— Tu sais que tu pouvais juste venir frapper à ma porte, aussi ? dit celle-ci avec un sourire.
— Avoue que tu aimes avoir un petit-déjeuner prêt quand tu te lèves, répondit Rogue.
— J'avoue... Est-ce que ce serait une tentative détournée pour que je vienne vivre avec toi à la rentrée ?

Rogue détourna la tête et s'approcha de la table. Hermione l'observa. La maison de l'impasse du Tisseur était glauque à souhaits, mais d'un autre côté, si elle allait à l'université magique de Londres, elle ne serait pas obligée de vivre sur le Campus si elle s'installait dans la maison de son compagnon. De ce fait, elle pourrait échapper à Malefoy plus facilement.

— Tu sais, dit-elle alors en le rejoignant. Je vais réfléchir à ta demande.
— Ah ? Puis-je savoir pourquoi ce changement d'avis soudain ?
— Parce que je pourrais finalement aller à l'université quand même.
— Ravi de l'entendre. Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? Non, avant, dis-moi pourquoi tu as envisagé de ne plus aller  l'université.

Hermione serra les lèvres et baissa le nez. Elle servit le thé après avoir fait apparaître une seconde tasse et souffla.

— Malefoy, dit-elle alors. J'ai entendu Zabini et Parkinson dire qu'ils allaient le retrouver là-bas à la rentrée.
— Ah. Oui, Lucius m'en a parlé... Drago devait aller dans une école plus prestigieuse pour pouvoir entrer au Ministère de la Magie, mais Narcissa a décidé autrement, compte tenu de ce qu'il t'a fait.
— Et c'est une bonne chose, répondit Hermione. Cela lui rabaisse un peu son caquet, mais du coup, s'il y va, j'ai peur de le croiser, de risquer encore une fois de déchainer les enfers sans le vouloir, et cette fois-ci, personne ne sera là pour m'aider et l'empêcher de me faire du mal.

Rogue resta silencieux. Il prit un croissant et le déchira pensivement. Hermione reprit la parole.

— Mais si je m'installe à l'Impasse du Tisseur, je diminue les risques de le croiser sur le Campus et de tenter le diable, dit-elle. Il ignorera que je vis chez toi, et il ignore où vivent mes parents, il ne pourra pas aller là-bas non plus.
— Et le reste du temps ?
— Je serais prudente. Je connais pas mal de sortilèges pour me défendre et je pourrais me servir d'un autre pour détecter sa présence dans un endroit ou près de moi. Sinon il reste l'ordonnance d'éloignement qui l'enverra en prison s'il m'approche à moins de tant de mètres...

Rogue hocha la tête. Il tendit la main et prit celle de la jeune femme entre ses longs doigts. Il la sentait encore hésitante, mais aussi apeurée. L'attaque de Malefoy l'avait terrifiée et c'était tout à fait normal et compréhensible. Il avait vraiment tenté de lui faire du mal, quitte à la tuer.

— Pourquoi ? demanda alors Hermione. Pourquoi il a fait ça ?
— Je ne sais pas, chérie...
— Nos querelles ont toujours été "normales", si je puis dire, c'était des enfantillages, de la jalousie... Mais là ! Il a pété un câble, littéralement ! Je ne l'avais jamais vu comme ça, Severus, il m'a fait peur, même Crabbe et Goyle ont eu peur...

Rogue secoua la tête. Lucius et Narcissa n'avaient rien obtenu de leur fils, sinon qu'il haïssait Hermione et qu'il lui ferait payer son insolence un jour ou l'autre, mais ça, le sombre professeur n'allait en aucun cas le dire à sa compagne ! Surtout pas maintenant qu'elle revenait en de bonnes dispositions concernant l'université.

— Si tu viens t'installer chez moi à Londres, il se pourrait que j'y passe aussi plus de temps... dit-il alors.
— Pour mon plus grand plaisir, sourit Hermione en retour.

Rogue secoua la tête avec un mince rictus. Ils prirent ensuite leur petit-déjeuner en parlant de tout et de rien et alors que le thé dans la théière était froid, on toqua à la porte.

— Tu attends quelqu'un ? demanda Rogue, prêt à décamper.
— Non... Va dans la salle de bains et attends, on ne sait jamais.

Rogue opina et disparut dans la pièce d'eau. Hermione attendit un moment puis se leva, fit disparaître la seconde tasse de thé et prit le croissant entamé de son compagnon. Elle alla ensuite ouvrir au visiteur en le grignotant.

— Vous ? Mais...

Hermione sentit sa bouche s'ouvrir toute seule quand elle reconnut les deux garçons devant elle. Mal à l'aise, Ron et Harry ne semblaient avoir qu'une envie, fuir au plus vite.

— Mais qu'est-ce que vous faites ici, tous les deux ? demanda la jeune femme. Vous ne m'avez plus adressé la parole depuis des mois...
— On sait et on... commença Ron.
— On voudrait s'excuser... acheva Harry.

Hermione plissa les yeux. Elle jeta un coup d'œil dans l'appartement puis fit entrer ses deux anciens meilleurs amis.

— Vous avez mangé ? demanda-t-elle.
— Oui, merci... répondit Harry. C'est... charmant chez toi...

Hermione haussa un sourcil. Un silence s'installa et la jeune femme retourna à son petit-déjeuner. Elle fit disparaître les restes d'un geste de la main avant de s'habiller de la même manière.

— Mione, on... commença Ron.
— Oui, des excuses, je sais, le coupa la brunette. Mais vous ne pensez pas que c'est un peu tard, maintenant ? Ça fait des mois que je suis toute seule ! Vous m'avez abandonnée !

Harry détourna la tête et Ron rougit. Hermione leur fit alors face puis soupira.

— Ne vous forcez pas à aimer la Serpentarde que je suis devenue, lâcha-t-elle alors, amère. Je sais très bien que c'est la magie qui est à l'œuvre entre nous, et rien d'autre. J'espère qu'à l'université magique, à Londres, toutes ces simagrées ne seront plus. Maintenant allez-vous-en, je vous en prie. J'accepte vos excuses, mais je ne suis pas prête à vous pardonner.

Sans un mot, tristes, Ron et Harry quittèrent l'appartement. Ils étaient levés depuis huit heures et ils avaient répété la scène des dizaines de fois ces derniers jours, mais s'ils s'attendaient à ce que leur amie leur en veuille, ils n'avaient pas pensé que ce serait à ce point...
Quand la porte de l'appartement se fut refermée et verrouillée, Hermione crispa les poings et serra les mâchoires. Elle exhala soudain et se mit à pleurer. Deux bras l'enlacèrent aussitôt et la jeune femme se mit sangloter bruyamment...

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