Chapitre 26

La veille de la rentrée de janvier, alors que Hermione désespérait de ne pas avoir de nouvelles de Borcham, celui-ci vint la trouver à la bibliothèque, quatre jours après qu'elle lui eut parlé.

— Oh, tu te souviens que j'existe ? lança-t-elle, un peu amère.
— Je t'en prie, Granger, c'est pas facile ce que tu m'as demandé... se défendit le jeune homme. Ça ne sert pas vraiment mes intérêts...
— Ah non ? Pourtant, j'ai cru comprendre que les autres t'embêtaient parce que tu es trop réservé et prétendument gay...
— Ce n'est pas prétendu, répondit Borcham en détournant la tête. Mais c'est récent et je ne suis pas encore à l'aise avec ça...
— Raison de plus pour sortir avec moi... Ça te fera penser à autre chose, et dans la foulée, les autres arrêteront de te chicaner sur ça...
— Et toi, de ton côté, tu en profites pour faire taire les rumeurs sur Rogue et toi.

Hermione grimaça.

— Tu en as entendu ? demanda-t-elle.
— Ouaip, et c'est pas du propre...
— Je ne veux rien savoir... dit la jeune femme en levant les mains. C'est des Serpentards je parie.
— À ton avis ?

Hermione serra les mâchoires et souffla par le nez.

— Malefoy devrait recevoir une gifle chaque fois qu'il profère des calomnies sur les gens ! siffla-t-elle. Il est tellement...
— Imbu de lui-même ?

Hermione renifla dédaigneusement. Borcham posa alors sa main sur la sienne et la jeune femme le regarda avec étonnement. Il lui fit un signe de tête vers la porte de la bibliothèque et Hermione vit Pansy Parkinson entrer, des livres dans les bras.
Pansy déposa ses livres sur le comptoir et regarda ensuite autour d'elle de façon automatique. Quand elle vit Hermione et le Serdaigle à la même table, en train de discuter, de se sourire, et pis encore, de se tenir la main, son visage changea aussitôt et devint presque machiavélique.  Elle ignorait cependant que ce qui faisait sourire les deux jeunes sorciers, c'était tout simplement qu'ils étaient en train de se moquer d'elle et de parier sur le temps que la rumeur d'eux deux sortant ensemble allait mettre pour se propager dans tout le collège...

.

— J'ai cru comprendre que tu avais un petit-ami ?

Hermione regarda Daphné sans comprendre.

— Qui te la dit ? demanda-t-elle, surprise. Ça date de ce matin...
— Pansy a presque placardé des affiches partout dans la Salle Commune quand elle est revenue de la bibliothèque...

Hermione soupira.

— C'est bien, dit-elle alors. Ça marche.
— Pardon ? C'est un écran de fumée ? dit Daphné, surprise.
— Je sors avec Borcham pour protéger ce que j'ai avec Rogue, répondit la jeune femme. Et de son côté, Borcham sort avec moi pour faire taire ceux qui l'embêtent avec son attirance pour les garçons.

Daphné plissa un œil.

— Je ne pensais pas que tu allais prendre mon conseil au pied de la lettre, dit-elle.
— Ce n'est pas comme si j'avais le choix, aussi... Il reste des mois avant la fin de l'année, il peut se passer n'importe quoi... Ce que j'ai avec Rogue, c'est super fragile, Daphné, c'est un homme tellement torturé, tellement brisé, que je doute qu'il me laisse entrer dans sa vie une seconde fois si quelque chose foire...
— Mouais... J'imagine que vous en avez discuté et qu'il est d'accord ?

Hermione plissa le nez.

— Je n'irais pas jusque là, dit-elle. Disons qu'il n'a pas dit non, quoi...
— Je vois... Et tu vas faire quoi avec Borcham alors ? Ce que les couples font d'ordinaire ?
— On va se retrouver entre les cours, aller au village ensemble, etc...
— Et Rogue ?
— Je suis son apprentie, Daphné, techniquement, je peux le voir quand je veux.
— Ouais, mais ce n'est pas parce que tu as réussi un truc que tu dois baisser ta garde pour autant, hein... Les autres risquent de t'épingler encore plus après ça.

Hermione regarda son amie puis souffla par le nez.

— J'ai besoin d'être près de lui, Daphné, dit-elle. Il y a quelque chose en lui qui m'attire et ce n'est pas son extérieur. Il souffre terriblement depuis des années et je sens que je peux y faire quelque chose.
— Tu crois vraiment ? Cet homme est un Mangemort... Il est mauvais jusqu'au cœur...

Hermione secoua la tête.

— Non, dit-elle. Je ne pense pas. Pas complètement. Je pense qu'il est surtout très triste et aigri. Il a perdu la seule femme qu'il a jamais aimée et la plaie est toujours béante malgré les années. Je n'ai pas la prétention de la remplacer un jour, mais si je peux, par ma présence, atténuer un peu la douleur, alors je le fais avec plaisir.

Daphné ne semblait pas convaincue. Elle hocha néanmoins la tête, n'ayant pas envie d'avoir des mots avec la seule amie qu'elle avait dans ce collège...

.

— Tu vas retrouver ton petit-ami ?
— Pas sur ce ton, Severus, répondit Hermione en glissant ses livres dans son sac. Si tu ne voulais pas que je fasse ce qu'il faut pour nous protéger, alors il fallait le dire.

Rogue serra les mâchoires puis secoua la tête.

— Désolé, dit-il. C'est simplement que je n'ai pas encore conscience que tu es près de moi parce que tu as trouvé quelque chose à quoi t'accrocher...

Hermione se mordit la lèvre puis sourit doucement.

— J'imagine qu'être aimé fait toujours une drôle d'impression au début, dit-elle. Puis on s'habitue... Allez, j'y vais. A ce soir ?

Rogue opina lentement. Hermione lui fit un clin d'œil puis quitta la salle de Potions avec une pile de livres sur les bras. Elle chuchota un mot à la porte pour qu'elle se ferme toute seule et s'éloigna dans le couloir. Soudain, il y eut un choc, elle poussa un cri de surprise et ses livres volèrent.

— Bordel ! s'exclama-t-elle. Vous pourriez regarder où vous allez !
Tu étais sur mon chemin, répondit une voix. Ce n'était pas à moi de m'écarter.

Hermione eut un frisson qui lui descendit dans le dos et elle tourna la tête vers Malefoy qui se tenait au milieu du couloir, les bras croisés, un air victorieux sur le visage.

— Je suppose que son Altesse ne va même pas m'aider à ramasser mes livres, si ? grogna la jeune femme.
— Ce sont tes livres, justement...

Hermione s'accroupit pour ramasser les ouvrages et serra les lèvres. La présence de Crabbe et Goyle ne l'empêcherait pas de s'en prendre au Serpentard s'il insistait un peu plus, mais elle n'avait pas envie d'être punie, ou pire, de perdre à nouveau son sang froid et faire plus de mal à Malefoy qu'il ne le méritait...
Empilant les six livres, Hermione se releva en les soulevant. Soudain Crabbe donna un coup dans la pile et les livres retombèrent.

— Oups... dit-il avec un sourire mauvais.
— Idiot, sourit Malefoy. Tu aurais pu faire attention... Elle va devoir les ramasser maintenant... Encore.

Hermione ferma les yeux. Son poing se serra et elle inspira. Elle se baissa de nouveau et ramassa ses livres. Elle savait cependant que s'ils la cherchaient une fois encore, elle allait exploser. Et ça ne rata pas.

— Goyle... soupira Malefoy quand Hermione trébucha sur le pied du gorille du blond. Tu es bête, vraiment...

Appuyée de l'épaule contre le mur, les mâchoires serrées, Hermione regarda des livres qui gisaient sur le sol pour la troisième fois en moins de trois minutes. Cette fois, s'en était trop. Se baissant, la brunette ramassa un livre, la main tremblante, et se releva. Elle le regarda un moment puis se retourna et dans la foulée, lança le livre de toutes ses forces.
Surpris, Malefoy se protégea de son bras et le coin de cuir du livre lui déchira la peau du poignet. Il poussa un cri et son regard gris moqueur devint aussitôt le regard du chasseur qui a repéré sa proie.

— Salope... ! siffla le blond. Tu vas voir ce que je fais à ceux qui s'en prennent à moi comme ça !

Il tira sa baguette magique et la pointa sur Hermione qui se figea.

— Si tu fais ça, dit-elle. Tu auras une mort sur la conscience, du sang sur les mains, et tu finiras ta vie à Azkaban.
— Je n'irais nulle part parce que c'est toi qui m'as attaqué et que je n'ai fait que me défendre. Tout le monde pourra le prouver.

Hermione serra les lèvres.

— Te défendre ? dit-elle. Avec un Sortilège Impardonnable ? Tu te prends pour qui, Malefoy ? demanda-t-elle ensuite. Parce que je vais te décevoir, mais tu n'es absolument rien pour les sorciers ! Tu n'es qu'un enfant de quinze ans, un gamin pourri gâté, prétentieux, qui pète plus haut que son cul et qui pense que Papa Malefoy serra toujours là pour lui éviter les emmerdes !
— Arrête ! s'exclama le blond. Je vais te faire passer l'envie de me bousculer dans les couloirs, et en plus, de refuser de t'excuser.

Hermione sentit son visage se décomposer.

— Tu te rends compte de ce que tu dis ? demanda-t-elle, choquée. Mais Malefoy, tu espères quoi, au juste ? Tu crois vraiment que les professeurs, que la Directrice, vont te croire quand tu leur diras que tu as simplement voulu défendre ton putain d'honneur de mes deux en attaquant une fille de ta propre maison, désarmée, avec un Sortilège Impardonnable, en plein couloir ? Tu vis dans un rêve !

La baguette du blond se mit alors à trembler. Il était hors de lui et prêt à mettre sa menace à exécution. Hermione, les mains levées, choquée, soupira alors et baissa les bras. Elle se détourna, ramassa ses livres et marmonna sur l'état de l'un d'eux.

— Ne me tourne pas le dos, sale putain ! hurla soudain Malefoy.

Un éclair rouge jaillit alors et fit exploser le mur près d'Hermione. Elle poussa un hurlement de peur en se protégeant de ses mains et tomba sur les genoux.

— Mais t'es malade ! s'exclama-t-elle en regardant le trou dans le mur, de la taille d'un poing. Ça va pas dans ta tête !

Hermione croisa alors le regard de Crabbe et celui-ci semblait clairement surpris par ce que venait de faire son ami.

— Drago, dit-il alors. Pose ta baguette, tu veux ? Un prof va débarquer dans une seconde et tu vas te faire exclure...
— Jamais. Pas avant que cette putain de Sang-de-Bourbe ne soit morte !

Hermione eut un hoquet de stupeur. Assise sur le sol, elle avala sa salive, abasourdie. Elle entendit alors le bruit d'une porte et son cœur fit un bond.

— À l'aide ! cria-t-elle. Venez m'aider !
— Ta gueule ! répliqua aussitôt Malefoy. Ferme ta gueule !

Le mur explosa à nouveau et soudain, un rai de lumière rouge passa au-dessus d'Hermione et frappa le blond en pleine poitrine. L'effet du Stupefix fut immédiat, le Serpentard tomba à la renverse dans un bruit sourd.
Hermione, le cœur affolé, tourna la tête et vit le professeur Vector, baguette tendue devant elle.

— Accio baguette, dit-elle.

La baguette de Malefoy s'envola alors et se posa dans celle de Vector qui tendit ensuite la main à Hermione.

— Mais par Merlin, qu'est-ce que vous avez bien pu lui faire, Miss Granger ? demanda-t-elle.
— Rien, répondit Crabbe. Pour une fois... Elle n'a rien fait...

Il était blanc comme de la craie. Goyle n'en menait pas large non plus. Comprenant que les trois adolescents étaient en état de choc, Vector les conduisit à l'Infirmerie et attendit que McGonagall et Rogue arrivent pour qu'ils puissent entendre toute l'histoire...

.

— Reposez-vous. Ça va aller ?

Hermione hocha la tête et soupira. Pomfresh s'approcha ensuite de Crabbe et Goyle, assis plus loin sur un banc. Elle leur tapota les épaules, ils hochèrent la tête puis l'infirmière se dirigea vers Rogue et McGonagall, plantés un peu plus loin, l'air grave. Hermione tendit l'oreille.

— Je ne comprends pas... dit Rogue. Je l'ai vu au petit-déjeuner, il était comme d'habitude... Miss Granger aussi, elle n'était pas plus agacée que d'habitude...
— Je vais devoir l'exclure, dit alors McGonagall, le visage grave. Je peux encore fermer les yeux sur quelques insultes, mais là non. Je vais convoquer Lucius et Narcissa, et nous allons prendre la décision qui s'impose. J'espère que vous comprenez que les conséquences de cet acte auraient pu être monstrueuses... Monsieur Malefoy est allé bien trop loin cette fois-ci.
— Je suis d'accord, dit Pomfresh. Selon Miss Granger, il semblait sûr de lui, sûr qu'il n'aurait aucune punition pour son acte... Il était prêt à la tuer...

Rogue, les bras croisés, était pensif. McGonagall le regarda un moment puis soupira.

— Severus, reconduisez-les à Serpentard, dit-elle alors. Je vais m'occuper de Monsieur Malefoy...
— Bien, Madame...

Rogue se dirigea alors vers Crabbe et Goyle et leur demanda de finir leur morceau de chocolat puis de le suivre. Il s'approcha ensuite Hermione et lui annonça la même chose.

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— Allez dans votre dortoir et reposez-vous, dit Rogue. Ne parlez de tout cela à personne, c'est entendu ?
— Oui, Monsieur...

Crabbe et Goyle n'en menaient pas large. Ils étaient sous le choc. Ils passèrent le mur de Serpentard dans un état second, puis Rogue se tourna vers Hermione et ils quittèrent le couloir glacial.

Le trajet jusqu'à l'appartement d'Hermione fut très silencieux. Quand ils furent devant la porte, la jeune femme l'ouvrit et soupira en entrant. Rogue resta sur le seuil.

— Tu n'entres pas ? demanda la Gryffondor.
— Je ne sais pas si je peux... Tu veux peut-être rester seule ?
— En effet, mais seule avec toi, ça me va aussi, répondit la jeune femme. Allez, reste pas dehors, laisse le froid dans le couloir.

Rogue accepta et la porte se referma sur eux dans un silence pesant.

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