Chapitre 25
— Où je mets ça ?
Rogue leva les yeux de ses parchemins et indiqua l'armoire. Hermione alla déposer des bocaux remplis de choses étranges, puis elle reprit son plumeau et termina de dépoussiérer les étagères.
— Je sais que c'est un ancien cachot, chéri, mais tu ne crois pas que la poussière et les toiles d'araignée sont de trop ? demanda-t-elle. À moins qu'elles ne fassent partie du décorum...
— C'est toi qui a tenu à prendre ton poste dès maintenant et un apprenti doit commencer tout en bas...
Hermione jeta un regard à son compagnon puis serra les lèvres. Elle se détourna ensuite et s'éloigna. Rogue esquissa un sourire en la regardant évoluer dans sa salle de classe. Jamais depuis que Dumbledore l'avait embauché, il avait un jour imaginé qu'il aurait un ou une élève qui lui servirait de larbin. Bon, il n'avait pas non plus imaginé s'enticher d'une de ses élèves non plus...
— Va prendre l'air, dit alors le sombre professeur. Inutile que tu restes ici toute la journée. Je te retrouve pour déjeuner.
Hermione hocha la tête. Ils échangèrent un sourire puis la jeune femme quitta la pièce. Elle remonta dans le hall du château en se frottant les mains pour les réchauffer, et tomba nez à nez avec Daphné qui sortait du couloir menant à Serpentard.
— Il t'a relâchée ? demanda-t-elle, amusée.
— Rigole, mais j'ai passé toute la matinée à faire la poussière... soupira Hermione.
— Ah ! C'est toi qui a voulu ce poste, hein... Moi on me l'aurait proposé, j'aurais refusé... Et je sais que tu n'as pas accepté pour lui alors...
Hermione pinça la bouche puis elle passa son bras sous celui de Daphné et elle sortirent dans le domaine en parlant du Nouvel An. Elles avaient déjà épuisé le sujet des cadeaux de Noël et la Gryffondor s'était d'ailleurs étonnée d'en avoir reçu de Ron et Harry, qui n'avaient cependant, toujours pas trouvé le temps de lui écrire...
— Oh, ils finiront bien par t'écrire, ne t'en fais pas...
— Connaissant Molly Weasley, elle serait capable de leur jeter un sort pour les obliger à le faire... répondit Hermione en grimaçant.
Daphné rigola et elles s'assirent sous un arbre où la neige n'avait pas pu s'installer. Elles discutèrent encore un moment des deux Gryffondors puis Daphné passa sur un sujet un peu plus délicat : Rogue, et la relation que son amie avait avec lui.
— Je ne comprends pas tes inquiétudes, dit Hermione quand la blonde se tut. Je reconnais m'être entichée de lui, mais tu ne le connais pas, tu ne peux pas dire...
— Non, je sais, je ne peux pas parler de quelqu'un que je ne connait pas, mais toi, je commence à te connaître et...
Daphné soupira.
— Tu devrais sortir avec un garçon de ton âge, acheva-t-elle alors. Du moins, officiellement.
Hermione fronça les sourcils.
— Qu'est-ce que tu sous-entends, par là ? demanda-t-elle. Je devrais sortir avec, je ne sais pas, Nott ?
— Peut-être pas lui, ni Drago, mais peut-être un autre garçon, histoire de protéger ta relation avec Rogue.
Hermione plissa le nez, pas convaincue.
— Je dois discuter de ça avec Severus, dit-elle après quelques secondes de silence. Nous sommes concernés tous les deux, je ne peux pas prendre de décision sans le consulter.
— Oui, bien sûr, mais tu devrais y songer, répondit Daphné. Ça pourrait éviter des allusions gênantes ou des situation malsaines qui pourraient vous conduire à rompre... notamment le fait que tu sois son apprentie alors que, de mémoire de château, personne n'était jamais devenu l'apprenti d'un professeur...
Daphné souffla alors par le nez et prit la main de son amie dans la sienne.
— Je vois bien qu'il t'aide à accepter ton sort, dit-elle. Mais je ne pense pas que cette histoire soit saine, pour toi... Tant que tu seras son élève, il y aura une barrière entre vous et tu le sais aussi bien que moi.
Hermione hocha lentement la tête. La cloche du château annonça soudain que c'était l'heure de déjeuner, et les deux jeunes femmes retournèrent vers l'école sans un mot.
.
— Après réfléxion, j'ai tendance à vouloir dire qu'elle a raison.
— Sérieusement ? Mais...?
— Avant de me jeter un livre à la tête, écoute-moi.
Le couple était en train de prendre le thé, dans la salle de classe de Rogue. Assise de l'autre côté du bureau, Hermione était revenue pensive de sa balade avec Daphné, et elle avait raconté au sombre professeur son dilemme.
— Hermione, tu ne peux pas sciemment sortir avec moi et avec un autre garçon ! dit alors Rogue. C'est... malsain.
— Comme notre relation.
Rogue serra les mâchoires et s'appuya contre son dossier en soupirant.
— Que voudrais-tu faire ? demanda-t-il alors. Te servir d'un pauvre garçon qui sera sous ton emprise, expérimentant la frustration maximale en sortant avec une fille qui a déjà un compagnon et qu'il ne peut ni toucher ni aimer ?
Le ton était amer et Hermione comprenait parfaitement. Évidemment, dit ainsi, cela semblait totalement stupide comme idée, mais la jeune femme était persuadée que Daphné avait raison.
Soudain, un éclair se fit dans sa tête et Hermione sourit. Rogue haussa un sourcil à son attention.
— Je viens d'avoir la meilleure des idées, dit-elle. Tout le monde sera content, crois-moi.
— J'ai confiance en tes capacités intellectuelles, mais tu n'as pas une grande expérience dans les relations amoureuses et...
Hermione agita la main.
— Si je te parles de Maximilien Borcham, ça te parle ? demanda-t-elle alors.
— Le Serdaigle ? demanda Rogue. Oui, je vois qui c'est, il...
Rogue se tut alors et Hermione sourit. Quand un sourire étira le visage taillé à la serpe de son compagnon, elle se redressa.
— Bien joué, ma chérie... dit Rogue. Bien joué...
.
Hermione était persuadée que son idée était la meilleure. En effet, Maximilien Borcham était un Serdaigle qui se faisait souvent brimer et rabaisser à cause de son attirance pour les garçons, et surtout son incommensurable timidité. Il était en septième année, mais il se comportait comme une première année, à se cacher dans les salles vides et à la bibliothèque...
Hermione le cherchait, d'ailleurs, en ce dimanche après-midi. Elle avait mis quelques jours pour peaufiner ce qu'elle allait lui dire, et quand bien même elle n'était absolument pas certaine qu'il serait intéressé et encore moins qu'il accepte, elle était bien décidée à lui exposer son plan.
À l'aide du sortilège de la Pointe, elle finit par trouver le jeune homme rencogné près d'une statue de fée à qui il faisait la lecture.
— Granger ? dit-il en la reconnaissant.
— Je te cherchais, Borcham, répondit la jeune femme. Tu as quelques minutes à m'accorder ?
— Pourquoi ?
Hermione esquissa un sourire et s'agenouilla en face du garçon qui ferma son livre, intrigué.
.
— Tu es sûre que ça va marcher ?
— Non, mais les gens commencent à penser que j'ai une relation avec Rogue, ce qui faux, dit Hermione.
— À d'autres... répondit le Serdaigle. C'est plus qu'évident, excuse-moi...
— Non, je rassure qu'il n'y a rien entre lui et moi, je suis juste son apprentie, parce que McGonagall croit que ça peut m'aider à accepter d'être à Serpentard...
Borcham était sceptique.
— Et tu voudrais donc qu'on sorte ensemble, toi et moi, de façon officielle, afin que les élèves fassent cesser ces rumeurs, dit-il. Et moi, dans le lot ?
— Toi, les gens pensent que tu es gay, ce qui se voit comme le nez au milieu de la figure, répondit Hermione. Le fait de sortir avec moi fera taire les mauvaises langues qui n'arrêtent pas de te charrier...
— Je ne sais pas... Ça paraît être une bonne chose, mais je ne sais pas... Et Potter et Weasley, ils en pensent quoi ?
Hermione baissa le nez, lèvres serrées.
— Pardon, Granger, j'avais oublié... s'excusa aussitôt le Serdaigle.
— Ce n'est rien... Bon, je te laisse réfléchir quelques temps et ensuite faudra le donner une réponse, d'accord ?
Borcham opina et Hermione le laissa alors. Elle retourna chez elle, un peu perturbée, mais elle ne se laissa pas abattre pour autant. Elle envoya un court mot à Rogue pour lui dire le résultat de sa proposition, puis elle décida de faire ses devoirs.
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