Chapitre 21
Interdite de magie à cause du fait qu'elle vivait chez sa grand-mère ignorante de sa véritable condition, Hermione se sentait encore plus mal qu'à Poudlard ou chez ses parents. Heureusement, les oiseaux étant communs dans cette zone campagnarde, grand-mère Sonia n'avait pas encore réalisé que sa petite-fille recevait, presque chaque nuit, du courrier et en envoyait.
La jeune femme correspondait principalement avec Daphné et un peu avec McGonagall, qui était vraiment désolée que ses parents l'aient envoyée aussi loin. Elle était désolée, certes, mais pas pour autant pas d'accord avec leur décision... Puisqu'elle en était responsable, dans un sens...
Repliant la dernière lettre en date de Daphné, Hermione soupira. Cela faisait maintenant un mois qu'elle avait quitté Poudlard, et elle se sentait en meilleur état psychologique et acceptait beaucoup mieux sa nouvelle vie. En réalité, elle avait l'impression d'avoir été punie par ses parents, et aussi par McGonagall qui ne semblait pas pressée de la faire revenir au collège.
C'était le deux décembre, aujourd'hui, et dans trois semaines, ce serait les vacances de Noël, allait-elle les passer ici, seule avec cette grand-mère chez qui elle n'avait jamais passé que deux semaines en été, et encore, avant d'entrer à Poudlard ?
Quittant sa chambre, la jeune femme descendit dans la salle à manger et trouva sa grand-mère dans le salon, devant son feuilleton du matin préféré. Elle regarda quelques secondes une scène du soap opéra, puis se tourna vers la vieille femme vautrée dans le fauteuil.
— Grand-mère, tu sais pourquoi papa et maman me laissent encore ici ? demanda-t-elle.
— Chut...
Hermione leva les yeux au ciel et se posa devant le téléviseur. Sa grand-mère la regarda en fronçant les sourcils puis attrapa la télécommande et mit le film sur pause, un privilège de la télévision par satellite que la femme ne s'était pas refusé.
— Non, Hermione, je ne sais pas pourquoi tes parents ne t'ont pas encore rapatriée à Londres, dit-elle sur un ton agacé. Cependant, je suis de l'avis de ton père, tu es allé trop loin avec cet homme et...
— Trop loin ? Bon sang, je suis majeure et on n'a pas couché ensemble !
Grand-mère Sonia ferma les yeux un instant, surprise par la rudesse des paroles, puis elle haussa un sourcil et soupira.
— Le téléphone est à ta disposition, ma fille, dit-elle en indiquant l'entrée de la maison. Pose-leur la question toi-même et tu sauras.
— Mouais, j'ai déjà essayé d'appeler, ça ne répond jamais... Je n'ai pas envie de passer Noël ici, moi, il n'y a rien à faire, tu n'as même pas internet !
— Pour que tu puisses correspondre avec ce pervers ? Bien sûr, ma fille, tu as de l'espoir.
Hermione serra les mâchoires. Elle avait envie de tout balancer à cette femme un peu coincée, mais si elle lui disait qu'elle était une sorcière, elle allait décrocher le téléphone et appeler le premier asile sur le bottin... Loin d'être comme son fils, qui avait peu à peu accepté les pouvoirs magiques et le nouveau monde de sa fille, grand-mère Sonia avait une aversion totale pour tout ce qui était surnaturel. Elle ne croyait pas aux fantômes, avait une réponse pour toutes les croyances populaires et les légendes, et se permettait également de commenter des passages des livres religieux de ses amis fervents catholiques ou chrétiens, quand ils lui sortaient leurs "inepties", comme elle les appelait.
Dépitée, Hermione remonta dans sa chambre et s'assit à son bureau. Elle prit une feuille de papier et un stylo et rédigea un courrier à ses parents. Puisqu'il n'y avait pas moyen de les joindre par téléphone, elle allait utiliser la méthode sorcière, donc un Scout'Hibou.
.
— Un hibou approche, chérie.
— Ah ? Il y a longtemps que nous n'en avions eu...
Monsieur Granger plia son journal et s'approcha de la cuisine. Sa femme ouvrit la fenêtre et laissa entrer l'oiseau qui se percha sur le dossier d'une chaise.
— Il a un harnais, dit la femme. C'est un coursier...
— Comment tu le sais ?
— Hermione m'en a parlé, une fois... Oh, tiens, justement, quand on parle du loup...
Madame Granger donna un quignon de pain au gros hibou gris puis le remit dehors avant de regarder la lettre de sa fille.
— Elle a appelé quatre fois cette semaine, dit-elle. J'ai honte de ne pas l'avoir rappelée, tu sais ? Elle doit s'inquiéter pour son professeur...
— Honnêtement, je me fiche de cet homme, chérie, répondit Monsieur Granger. Il est resté ici quatre jours, il est rentré chez lui maintenant, c'est parfait.
— On devrait peut-être la rapatrier, dans ce cas, tu ne crois pas ? Après tout, c'est bientôt les vacances de Noël et je sais déjà qu'elle n'a aucune envie de passer cette fête avec ta mère... qui ne la fête pas.
Monsieur Granger serra les lèvres puis soupira en dodelinant de la tête.
— D'accord, dit-il. Allez, ouvre donc cette lettre, et si elle nous demande pourquoi nous n'avons pas répondu à ses appels, elle sait très bien que nous sommes débordés à cette époque de l'année...
Sa femme sembla sceptique puis elle haussa les épaules et décacheta l'enveloppe. Elle en tira une fine feuille et commença à lire dans sa tête avant de reprendre à voix haute sur un signe de son époux.
— Papa, maman, cela fait deux semaines que je suis chez grand-mère, et je vous avoue que je me sens sévèrement punie. Surtout que vous ne répondez pas quand j'appelle à la maison ou au cabinet... Je sais que vous êtes débordés de travail en ce moment, mais vous pourriez au moins prendre une heure pour répondre à votre fille qui s'ennuie comme un rat mort dans une maison où il n'y a même pas internet...
Madame Granger sourit puis reprit :
— Grand-mère m'a répondu ce matin, au fait qu'elle n'avait même pas internet, que si c'était pour que je corresponde avec ce pervers, alors non. Par pervers, comprendre bien entendu qu'elle parlait du professeur Rogue, qui, s'il n'a pas eut une vie facile, n'est absolument pas un pervers, loin de là. D'ailleurs, c'est très agréable de ne pas avoir de nouvelles d'un homme que j'ai laissé presque mourant. Je vous remercie. Heureusement que j'ai pensé à prendre mon sifflet, je peux appeler un Scout'Hibou quand j'ai besoin de faire savoir au monde que je suis encore vivante...
Monsieur Granger fit la moue.
— Elle nous en veut, dit-il.
— Tu connais ta fille, chéri, elle ne fait jamais la tête bien longtemps...
— Très juste, continue ?
— Oui. J'en était donc... Ah oui... Encore vivante... Donc, je discute avec Daphné, ma seule amie à Serpentard, elle me tient informée de ce qui se passe à Poudlard, et j'ai échangé quelques lettres avec McGonagall aussi, qui elle, m'a donné des nouvelles rassurantes de Rogue. Il va mieux, mais ce n'est pas encore ça, et il a été remplacé pour ses cours. Je sais que je vous ai expliqué ce qui m'avait causé tous ces soucis, j'ignore par contre si vous vous en souvenez, et je ne vais pas m'éterniser là-dessus, mais j'ai lu tous les livres que j'ai loués chez Fleury&Bott, l'autre jour, et je suis encore plus perdue qu'avant de les lire.
— Voilà ce que ça donne d'être trop curieux, soupira Monsieur Granger.
Sa femme haussa brièvement les sourcils et acheva la lettre sur le fait que leur fille voulait à présent rentrer chez eux, qu'elle commençait à sérieusement s'ennuyer chez sa grand-mère qui avait autant de conversation qu'un poste de radio éteint.
— Bon, on fait quoi ? On la ramène à la maison ? demanda Madame Granger en repliant la lettre.
— Oui. Dans trois semaines, ce sont les vacances de Noël, je te propose qu'on la renvoie les passer là-bas, répondit son mari. Elle est absente depuis un mois, elle a largement eut le temps de se remettre et d'accepter sa nouvelle condition.
— Tu crois ?
— J'en suis quasiment sûr.
— Et pour son professeur, on fait quoi ?
— La Directrice McGonagall s'occupera de ça, j'en suis certain. Laissons aux sorciers leurs affaires, occupons-nous de notre fille. De toute façon, avec le sermon que nous lui avons fait, elle ne risque pas de s'approcher à nouveau de cet homme...
Madame Granger plissa les lèvres dans une moue triste.
— Je l'avais trouvé... cordial, quand il l'a ramenée, pourtant, dit-elle en se détournant. Comment un homme comme lui peut-il avoir fait autant de mal ?
— On ne connait pas les gens, chérie, répondit son mari en secouant la tête. Tout le monde a plusieurs visages, tu le sais bien... Comment dit le proverbe, déjà ?
— L'homme a trois visages, un pour le monde, un pour sa famille et un pour Dieu, quelque chose comme ça, répondit Madame Granger. Mais ça n'excuse pas le fait que notre fille s'intéresse à un homme torturé comme le professeur Rogue ! Serait-ce de la pitié ?
— Non, je ne pense pas... Je pense que cet homme est tellement mal dans sa peau, tellement triste, et que Hermione est tellement perdue, depuis cet accident à Poudlard, qu'ils en sont venus à pleurnicher ensemble sur leur sort... Je ne pense pas qu'elle soit amoureuse, et lui encore moins, mais la Directrice va quand même les surveiller, je ne m'en fais pas pour ça.
Madame Granger opina lentement puis son mari prit la lettre de leur fille et se rendit dans son bureau pour lui téléphoner et lui annoncer qu'il viendrait la chercher dès le samedi suivant.
.
En apprenant la nouvelle de son prochain retour, Hermione était aux anges et la troisième semaine de "captivité" fut la plus longue de toutes, à un point tel que sa grand-mère avait hâte qu'elle rentre chez elle, et que pour rien au monde elle ne la reprendrait... Ce n'était pas facile à entendre venant d'un membre de sa propre famille, mais Hermione s'en fichait. Elle n'avait pas reçu de devoirs depuis trois semaines ! Les dossiers devaient s'accumuler sur son bureau et elle allait passer les deux prochaines à tout rattraper et à tout envoyer, dans l'ordre, à chaque professeur concerné...
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