Chapitre 20
Pomfresh quitta la chambre d'amis en silence et redescendit au rez-de-chaussée où se trouvaient les parents Granger et McGonagall.
— Alors, comment va-t-il ?
— Je l'ai vu en meilleur état, admit l'Infirmière. Mais il s'en remettra, comme à chaque fois.
— Le... Médicomage, a dit qu'il fallait le ramener à l'école le plus tôt possible, dit alors Monsieur Granger.
— Oui, répondit Pomfresh. Malheureusement, dans son état, il n'est pas déplaçable, même magiquement. Est-ce que cela vous ennuie qu'il reste encore quelques jours chez vous ? Ce sont ses côtes qui m'inquiètent plus que le reste... Si j'essaie de le faire bouger et que l'une d'elles se brise, il pourrait mourir d'une perforation du poumon et j'aimerais l'éviter...
Les deux Granger hochèrent la tête après s'être regardés et la mère d'Hermione déposa une tasse de thé devant Pomfresh.
— Et ma fille ? demanda-t-elle.
— Elle est perturbée, mais elle s'en remettra, elle aussi, répondit Pomfresh.
— Je peux vous demander quelque chose, Madame la Directrice ? demanda alors Monsieur Granger.
— Quoi donc ?
— Est-ce que... Est-ce que entre ma fille et cet homme, il y a quelque chose ?
— Quelque chose ? Quelque chose comme... ?
— Je ne sais pas, des sentiments quelconques ?
Pomfresh et McGonagall se regardèrent puis celle-ci soupira.
— Je ne l'espère pas, répondit-elle. Hermione est une élève et le professeur Rogue... un professeur, et son Directeur de Maison... Les lois de mon école régissent sévèrement ce genre de relation et ils pourraient être tous les deux renvoyés si jamais leur "amitié" évoluait.
Les Granger opinèrent.
— Hermione est majeure maintenant, dit alors sa mère. Nous ne sommes pas des parents extrêmement strictes et nous estimons qu'elle est désormais suffisamment grande pour gérer elle-même ses relations avec les gens qu'elle rencontre, en particulier les hommes.
— De plus, elle est une sorcière, elle peut facilement se débarrasser d'un prétendant non désiré, dit Monsieur Granger.
— Certes, répondit McGonagall. Et Hermione a toujours fait preuve d'une maturité bien plus importante que ses camarades du même niveau scolaire, mais je ne peux pas, moralement parlant, la laisser fréquenter le professeur Rogue. Il en va de sa propre santé psychologique.
— Est-ce que le mot "Mangemort" aurait à voir avec votre décision, Madame ? demanda Monsieur Granger.
— Où l'avez-vous entendu ?
— Le Médicomage, dit Pomfresh. Il a du le prononcer...
— En effet, c'est le premier mot que l'un des deux a prononcé quand ils sont arrivés...
Pomfresh et McGonagall échangèrent un regard puis la Directrice décida d'expliquer aux Granger ce qu'était un Mangemort, dans l'espoir évident qu'ils interdisent à leur fille de développer une quelconque forme de sentiments pour Rogue.
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Dans la chambre d'amis, cependant, Hermione ignorait la discussion qui se tramait dans la cuisine. Assise sur une chaise près du lit, elle tenait la main de Rogue dans la sienne et il était en train de lui expliquer ce qu'il s'était passé pour qu'il en arrive là.
— Vous n'auriez pas dû, dit la jeune femme quand il se tut.
— Je le sais, mais je le devais, répondit l'homme en soupirant. Et ce n'était pas pour vous...
Il fronça les sourcils et Hermione renifla.
— J'ai... trouvé des livres sur le Chemin de Traverse, sur les Nexus et les lignes de force, dit-elle alors. Je vais étudier tout ça et voir si je ne peux pas vous aider d'une manière ou d'une autre.
— Faites, mais par pitié, ne vous approchez pas de ces gens... Même les Mangemorts ne réagissent pas comme ça quand...
Rogue toussa alors et gémit de douleur. Hermione baissa le nez. Elle regarda les potions posées sur la table de chevet et soupira. Rogue tourna alors la tête vers elle et posa sa main sur sa joue. La jeune femme ferma les yeux.
— Ne vous en faites pas pour moi, Hermione, j'ai connu pire... dit-il.
— Je n'en doute pas, mais c'est plus fort que moi...
Elle regarda alors ses mains qui, bien que désormais propres, lui donnaient encore l'impression d'être souillée du sang de son professeur. Elle serra les poings et Rogue posa sa main dessus. Il soupira ensuite et ramena son bras indemne sur son torse.
— Reposez-vous, dit alors Hermione. Je reviendrais tout à l'heure... Je vais voir ce qu'ont dit Pomfresh et la Directrice.
Rogue opina puis ferma les yeux et Hermione quitta la chambre. Quand elle gagna la cuisine, elle n'y trouva que ses parents et, étonnée, elle interrogea son père du regard.
— Assied-toi, chérie, dit-il.
— Qu'est-ce qui se passe ? C'est rare quand...
— Assied-toi, répéta sa mère.
Hermione obéit et ses deux parents la regardèrent.
— Tu vas aller chez grand-mère pendant quelques temps, dit alors son père.
— Quoi ? Mais comment... ?
— Le professeur Rogue va rester quelques jours ici, je vais prendre soin de lui, dit Madame Granger. Nous... Papa et moi nous ne voulons plus que tu l'approches.
La Gryffondor ouvrit la bouche, surprise.
— Qu... Mais... ?
— Écoute, le Directrice de Poudlard nous a expliqué ce qu'était un Mangemort et nous en avons suffisamment entendu pour t'interdire d'en approcher un tant que tu seras notre fille, dit Monsieur Granger.
— Que... Mais papa, il... Le professeur Rogue n'est plus en activité, il...
— Je sais, la Directrice nous a expliqué ce qu'il faisait présentement pour elle, mais il n'est pas pour toi, répondit son père. Cet homme... Cet homme a tué plus de monde que n'importe qui dans cette ville, Hermione ! Et il est hors de question que mon unique fille se compromette avec un assassin. Ais-je été clair ? Va faire une valise, tu pars chez ma mère dès ce soir.
— Et pour... pour combien de temps ? haleta Hermione, incapable de déterminer si elle devait être en colère ou pas.
— Jusqu'à ce que tu puisses réintégrer Poudlard.
Hermione souffla par la bouche en fermant les yeux. Elle se redressa ensuite en serrant les mâchoires et inspira profondément.
— Très bien, je...
Elle ne termina pas sa phrase et monta dans sa chambre dans un état second.
— Tu n'as pas été un peu dur ? demanda alors Madame Granger.
— Tu as entendu comme moi ce que cette femme a dit, répondit son mari en se tournant vers elle. Cet homme là-haut, qui a été tabassé et qui n'a trouvé refuge que chez notre fille, a tué des dizaines de personnes sur les ordres de quelqu'un d'autre ! Les ordres d'un... homme... qui veut tuer un adolescent de dix-sept ans parce qu'une prophétie lui a été racontée il y a des années !
Monsieur Granger secoua la tête.
— J'étais content pour Hermione quand elle a découvert qu'elle était une sorcière, mais aujourd'hui... Aujourd'hui, je ne sais plus quoi penser de tout ça, chérie... Notre fille unique nous échappe chaque jour qui passe, et bientôt, nous ne serons plus que ses géniteurs.
— Tu dis des bêtises, répondit sa femme. Hermione est notre fille, elle nous aime, elle nous protège du mieux qu'elle peut de toute cette... magie, de son monde, des "monstres" qui y vivent...
Elle secoua la tête et se détourna pour ranger les reliefs du thé partagé avec les deux sorcières. Son mari la regarda un moment puis soupira et décida d'aller se changer les idées au cabinet. Il avait des papiers en retard à remplir, et le samedi, pas de rendez-vous, donc il serait tranquille.
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— Bonjour, ma chérie !
— Bonjour grand-mère...
Hermione passa près de la mère de son père sans lui accorder un regard. Elle disparut dans la maison et Sonia Granger se tourna vers son fils, surprise.
— Je vais tout t'expliquer, maman, répondit celui-ci. Entrons...
La vieille femme hocha la tête et suivit son fils et sa petite-fille dans la grande maison qu'elle avait fait construire avec son mari, au début des années cinquante, dans le Comté du Sussex, aux abords d'un village nommé Coldwaltham. C'était à deux heures de route de Londres, et c'était la campagne, rien de mieux pour se reposer de la ville !
Lorsque Sonia proposa du thé, Hermione préféra gagner directement sa chambre et un silence s'installa, un peu pesant, avant que Monsieur Granger n'explique à sa mère les raisons réelles de leur venue en plein milieu de l'année scolaire.
Bien entendu, à part les parents d'Hermione, personne ne savait, dans leur famille, que la jeune femme était une sorcière et que, depuis six ans et demi, elle faisait ses études dans une école de sorcellerie située quelque part en Écosse. Tous pensaient qu'elle était dans une grande école privée, type Oxford ou Yale... d'où le fait qu'elle y reste dix mois sur les douze que comptaient l'année civile.
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— Mais comment cela a-t-il pu arriver ? Ta fille est studieuse et soucieuse des lois, elle n'aurait jamais fait une telle chose de son propre chef, si ?
— Selon la Directrice de son école, cela viendrait des deux, en fait, dit Monsieur Granger en tournant pensivement sa cuillère dans sa tasse, quand bien même il n'y avait pas mis de sucre.
— Tu sais, ta fille est grande maintenant, j'imagine qu'elle peut gérer une relation avec un homme adulte, non ?
— Là n'est pas la question, maman, répondit le père d'Hermione. Le problème n'est pas qu'il soit plus vieux qu'elle, j'ai six ans de plus que ma femme et tu n'as jamais rien dit... Non, le problème c'est que cet homme a un passé bien trop compliqué pour Hermione. Il a fait des choses peu respectables, il a eu des emplois non recommandables... Je ne veux pas d'une telle vie pour ma fille.
La grand-mère d'Hermione hocha la tête, lèvres pincées.
— Jusqu'à quand reste-t-elle ?
— Pour l'instant, jusqu'aux vacances de Noël, répondit son fils. Il s'est passé quelque chose à l'école qui l'a profondément perturbée, un élève lui fait des misères depuis qu'elle est entrée là-bas, et cette année, il a dépassé les bornes en l'insultant et en la poussant à se retourner contre lui pour mieux la faire punir. Son père, à ce garçon, a été prévenu, mais selon Hermione, il ne vaut pas mieux que le fils...
— Ah, ces gens riches... soupira Sonia Granger. Ils se croient au-dessus des lois parce qu'ils ont un titre... Enfin, si être ici peut aider Hermione à aller mieux, ma foi...
La femme haussa les épaules puis elle regarda vers le grand escalier en bois qui montait vers les deux étages de la maison. Elle soupira et plongea un sucre dans son thé.
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Hermione était assise sur le rebord de la fenêtre de sa chambre. Monsieur Granger venait de partir après avoir déjeuné avec sa mère, déjeuner que la jeune sorcière avait refusé de partager, et désormais, elle était seule, encore plus loin de ses amis qu'elle ne l'avait été jusqu'à maintenant. Mais le pire était sans doute qu'elle savait qu'après ce que McGonagall avait dit à ses parents sur Rogue, en plus du fait qu'il ait été tabassé, ses parents ne la laissaient plus jamais le voir. Ils ne le laisseraient plus jamais entrer chez eux, pas avec ce qu'ils savaient maintenant sur lui et son passé de Mangemort.
Passant ses mains sur ses joues, Hermione renifla et serra son châle autour d'elle. Pendant tout le voyage jusqu'ici, et jusqu'à maintenant, elle n'avait pas cessé de cogiter. Depuis qu'elle avait été victime de ce sortilège qui l'avait envoyée à Serpentard, elle s'était rapprochée de la seule personne a éviter, et aujourd'hui, elle avait l'impression de le connaître depuis toujours... Et il ne faisait bien sûr, absolument rien pour aller contre ça, au contraire...
Hermione repensa à sa main sur sa joue et elle serra les mâchoires. Était-elle en train de tomber amoureuse ? Severus Rogue en était-il seulement encore capable ? Il avait perdu la femme de sa vie sans jamais pouvoir lui avouer ses sentiments, aujourd'hui était-il encore capable d'aimer sincèrement ? La jeune femme en doutait. Il semblait apprécier être avec elle et pouvoir lui parler de son passé, mais...
Quelques discrets coups contre la porte tirèrent la jeune femme de ses pensées, et elle tourna la tête pour regarder sa grand-mère. Deux chats entrèrent alors dans la chambre et Hermione sentit sa tristesse s'envoler quand, derrière eux, pas moins de sept chatons firent leur apparition en couinant à qui mieux mieux...
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