Chapitre 17
— Ah, Severus, vous voilà. Où étiez-vous ?
Rogue pivota et regarda la vieille sorcière venir à lui d'un pas décidé.
— J'ai porté ses cours à Miss Granger, je ne pensais pas devoir vous en informer... J'ai manqué quelque chose ? demanda-t-il.
— Non, non, répondit McGonagall en agitant la main. Vous n'avez pas dit que vous partiez, c'est tout... Bon, et comment va-t-elle après une semaine de repos ?
— Mieux, enfin, c'est elle qui le dit, mais j'ai bien senti que ce n'était pas encore ça... répondit Rogue. Elle ne m'a pas demandé de nouvelles de notre affaire, par contre, et je n'ai pas pensé à lui en parler.
— Hum, oui, de toute façon, c'était une impasse.
— Ah ? Comment ça ?
— La source de cette information était une vieille prophétesse dont les paroles sont un peu empoisonnées par l'alcool depuis plusieurs années, répondit McGonagall. Sereine pensait qu'elle tenait une bonne piste, mais son mage a manqué se faire tuer en y allant...
— Non... Comment ça ?
— Venez, allons dîner, je vais vous raconter.
Rogue opina et ils gagnèrent la Grande Salle où les élèves dînaient déjà dans un brouhaha de tous les enfers.
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— Voilà qui est ennuyeux.
— C'est ce que j'ai dit a Sereine et elle pense qu'elle peut trouver une autre piste.
— Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, Madame, je vais m'en charger.
McGonagall regarda Rogue avec surprise. La Grande Salle étant trop bruyante pour discuter, ils avaient reporté leur discussion après le dîner, et ils se trouvaient à présent dans la Salle des Professeurs, où chacun venait se reposer un peu entre deux cours.
Son travail de tricot sur les genoux, la Directrice resta silencieuse un moment puis elle souffla par le nez et reprit ses aiguilles.
— D'accord, dit-elle. Mais soyez prudent. On ignore tout de cette personne qui joue avec la magie, il se peut que nous ayons à faire à une sorte de nouveau Voldemort encore plus puissant, et visiblement, sans aucune gène.
— C'est ce que je crains, mais je serais prudent, ne vous en faites pas, répondit Rogue.
— La dernière fois que vous avez dit ça...
— Je sais, la coupa Rogue en levant la main, les sourcils froncés.
Il se leva alors et souhaita une bonne soirée à la Sorcière. Il quitta la pièce et soupira en se retrouvant dans le couloir glacial.
Pendant un instant, il songea à proposer, à la prochaine réunion collective, qu'ils chauffent un peu magiquement les couloirs, puis il se souvint qu'une utilisation massive de magie en ce moment n'était pas conseillé. D'ailleurs, McGonagall avait déconseillé aux professeurs de pratiquer des sortilèges trop puissants ou nouveaux tant que le problème de Miss Granger ne serait pas résolu. Cela ne leur avait bien évidemment pas plu, mais ils n'avaient pas le choix s'ils ne voulaient pas d'autres victimes malheureuses sur les bras...
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Hermione était à plat ventre sur son lit, en train de lire, ses écouteurs dans les oreilles. À première vue, on aurait dit une jeune femme ordinaire, à cela près que les pages de son livre se tournaient toutes seules dès qu'elle arrivait en bas, et que la musique qu'elle écoutait n'avait rien à voir avec les tubes actuels qui passaient à la radio...
Entendant toquer contre sa porte, la jeune femme leva les yeux et sa mère entra dans la chambre en souriant. Hermione retira ses écouteurs et lui sourit en retour.
— Tu as reçu du courrier, ma chérie, dit la femme en montrant une lettre.
— De qui ?
— Un oiseau l'a lâchée devant ton père, répondit Madame Granger. Un gros oiseau tout blanc...
— C'est la chouette de Harry, dit Hermione en souriant. Merci, maman.
— De rien, mon cœur, on déjeune dans vingt minutes
Hermione hocha la tête puis sa mère la laissa, et la brunette s'assit au bord du lit en ouvrant l'enveloppe. Effectivement, c'était une lettre de Harry, mais il y avait aussi un passage écrit par Ron, un autre par Ginny, et deux lignes écrites par Parvati et Lavande. Mais les nouvelles étaient basiques et Hermione fut un peu déçue quand elle arriva en bas des trois feuilles. À vrai dire, elle ne s'était pas attendue à quelque chose de fantastique, non, mais ces mots, ces phrases, cela sonnait creux dans son esprit. C'était comme s'ils avaient été un peu contraints à lui écrire et Hermione se mordit la joue en repensant à ce qu'elle avait dit à Rogue, la veille, quand il était venu lui apporter ses devoirs de la semaine... Aurait-il glissé une petite phrase dans une discussion avec Harry ou l'un des autres ? Ou bien à McGonagall qui aurait fait la commission, de façon innocente, aux Gryffondors ?
Même si elle avait été contente, sur le coup, de recevoir une lettre, Hermione éprouva encore plus fort la solitude forcée qu'elle endurait depuis deux mois. En l'espace de quelques heures, elle avait tout perdu, littéralement, et pourtant, elle n'arrivait pas à s'adapter à ce changement. Ses amis de Gryffondor lui manquaient et les Serpentards la répugnaient...
— Il n'y a que Daphné qui en vaille la peine, dit alors Hermione en quittant son lit.
Elle s'assit à son bureau et prit une feuille et un stylo. Elle n'avait pas de chouette sous la main pour envoyer ses courriers, mais elle s'était récemment acheté un gadget qui semblait bien pratique, chez Scout'Hibou : un sifflet à hibou-facteur. Peu de sorciers l'utilisaient et celui qui avait inventé cela avait fait un joli flop, mais Hermione, coincée dans le monde Moldu, et n'ayant jamais jugé utile de posséder sa propre chouette, trouvait une grande utilité à l'objet...
Lorsqu'elle eu rédigé sa lettre, elle la plia soigneusement et la glissa dans une enveloppe. Elle attrapa ensuite une étiquette avec son nom et son prénom et la colla sur le rabat. Ce n'était pas un sceau comme utilisaient les sorciers, mais ça ferait l'affaire.
La jeune femme s'approcha ensuite de sa fenêtre, l'ouvrit et se pencha à l'extérieur. D'un coup d'œil rapide, elle vérifia qu'aucun de ses voisins n'était dans son jardin - vu la température, ce serait tout de même un comble - et porta le petit appeau de bois à ses lèvres. Elle souffla dedans aussi fort que possible, mais aucun son ne sortit. Intriguée, Hermione le regarda et voulut souffler à nouveau dedans, mais un bruit lui fit tourner la tête et elle rentra précipitamment dans sa chambre quand un grand hibou gris jaillit d'un arbre.
— Ça marche, ce truc ! s'exclama la jeune femme en regardant le hibou se poser dans la jardinière vide de sa fenêtre.
Elle vérifia que l'oiseau avait bien le harnais de Scout-Hibou autour de lui, puis elle lui confia sa lettre en précisant bien le nom du destinataire et son adresse. Elle glissa ensuite quelques Mornilles dans la pochette sur le harnais, puis le hibou s'en alla dans un battement d'ailes. Il disparut derrière une cheminée quelques maisons plus loin, et Hermione soupira profondément.
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Rogue se frotta les mains. Grâce à ses contacts Mangemorts, il avait obtenu quelques renseignements sur les perturbations magiques qui semblaient secouer de plus en plus le monde sorcier. Si ce n'était pas encore dans les journaux, c'était uniquement parce que le Ministre de la Magie n'y croyait pas et avait mieux à faire, selon ses propres paroles, et cela n'avait pas manqué de rappeler à Rogue la réaction de Fudge quant au retour de Voldemort, quelques années en arrière...
Le sombre professeur marmonna. Il n'avait jamais aimé Shacklebolt, cet espèce de marabout d'origine africaine, toujours habillé d'un boubou coloré... Alors certes, les sorciers en général avaient plus ou moins des tenues originales, surtout quand ils essayaient de se faire passer pour des Moldus, mais le Ministre, lui, était un original des pieds à la tête...
— C'est vous, mon contact ? demanda soudain une voix de femme.
Rogue se retourna. Par mesure de précaution, il avait enfilé une longue cape noire en cuir munie d'un vaste capuchon qui dissimulait entièrement son visage. Son interlocutrice avait préféré un foulard sur le bas de son visage.
— C'est moi, répondit alors Rogue. Vous avez des infos, on m'a dit ?
— Sur les perturbations magiques, oui, répondit la femme. Mais c'est pas gratuit, hein...
Son ton était grinçant et Rogue plissa le nez. Il sortit une bourse de Gallions de sous sa cape et la jeta au sol.
— Mille Gallions, dit-il. C'était le prix convenu.
La femme ne répondit rien. Elle tendit la main et la bourse s'envola pour se poser dessus. Elle la rangea aussitôt puis se mit à expliquer à Rogue que ses hommes et elle suivaient depuis des semaines un groupe de magiciens qui passaient de Nexus en Nexus pour pratiquer quelque sortilèges et incantations autour.
— L'un de mes gars a réussi à s'infiltrer parmi eux pendant une réunion, dit la femme en s'asseyant sur une poubelle. Il a découvert que ces magiciens du dimanche n'en étaient pas. Apparemment, ils savent parfaitement ce qu'ils font...
— Et que font-ils exactement ?
— Aucune idée, mais quand ils abandonnent un Nexus, celui-ci est tout barbouillé et peu après, des trucs bizarres se produisent le long des lignes qui en partent... C'est comme si...
— Comme s'ils l'enchantaient ?
— Ouais, quelque chose comme ça...
Un silence s'installa. Rogue remercia alors la femme et transplana. Il reparut devant chez lui, dans l'Impasse du Tisseur, et se glissa dans la maison de briques en déverrouillant les sortilèges d'alarme et anti-intrusion les uns après les autres. Ils se remirent en place après son passage et l'homme alla s'effondrer dans son fauteuil en soupirant.
Toute la journée, il avait sillonné l'Angleterre pour parler à des sources, mais cette dernière semblait être la mieux informée de toutes. Si ces magiciens perturbaient les Nexus les uns après les autres, et que leurs manipulations provoquaient les sursauts de magie qui avaient rendue la vie impossible à Hermione et tant d'autres, alors ils devaient impérativement être arrêtés.
— Qu'espèrent-ils faire en brassant la magie des Nexus ? demanda Rogue en se relevant. Ce sont des puits magiques extrêmement puissants, ils n'ont aucun lien particulier avec une quelconque créature à invoquer...
Rogue grimaça et s'approcha de sa bibliothèque. Il survola les livres d'une main et en tira un qu'il ouvrit rapidement.
— Non, ce n'est pas ce que je pensais, les Nexus ne communiquent pas entre eux... mis à part par les lignes de force, dit-il. Qu'est-ce qu'ils cherchent à faire ?
Il regarda l'heure et grogna. Il était plus de minuit, impossible de se rendre à Poudlard pour parler de tout ça à McGonagall... Avec un soupir, il rangea le livre et décida de manger quelque chose puis de se coucher. Il vérifia ses sortilèges une dernière fois et disparut dans la cuisine.
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