Chapitre 15
— Asseyez-vous, Monsieur Rogue, je vous en prie...
— Professeur suffira, Madame Granger, répondit Rogue en refusant l'invitation d'un mouvement de la main.
— Professeur... corrigea la mère d'Hermione avec un mince sourire un peu tendu.
— Vous pensez vraiment que notre fille ira mieux auprès de nous, professeur Rogue ? demanda alors Monsieur Granger.
— La Directrice pense que oui, et je suis de son avis... répondit Rogue. Miss Granger a subi de profondes perturbations ces dernières semaines, elle vous en a sans doute parlé, et cet après-midi, je l'ai empêchée de peu de refaire le portrait de l'un de ses camarades...
Les parents Granger se regardèrent.
— Cela m'étonne vraiment d'elle, dit Madame Granger. Notre fille n'est pas violente, d'habitude...
— Je le sais, répondit Rogue. Mais elle a craqué, aujourd'hui, et cela devait arriver un jour, toute sorcière qu'elle est... Nous craquons tous un jour ou l'autre, mais chez nous autres, cela peut parfois être très... dévastateur.
Madame Granger grimaça. Elle proposa un verre d'alcool à Rogue qui refusa cordialement.
— Puis-je monter la voir avant de partir ? demanda-t-il.
— Oui, bien sûr... Je vais lui préparer un repas bien chaud, répondit la mère d'Hermione.
Monsieur Granger se leva et serra la main de Rogue un peu gauchement, puis le sombre professeur s'éloigna et monta à l'étage en silence. Monsieur Granger rejoignit sa femme à la cuisine et ils se regardèrent d'un air défait.
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À l'étage, Rogue toqua contre la porte de son élève et elle l'autorisa à entrer. Elle était debout devant la fenêtre, enveloppée dans un grand gilet en laine, et elle esquissa un sourire tremblant quand elle le regarda.
— N'ayez crainte, Hermione, dit alors Rogue. Ça va aller. Vous êtes en sécurité ici, personne ne peut s'en prendre à vous. Reposez-vous, essayez d'oublier ces dernières semaines et tout ira bien.
— Je n'en suis pas aussi persuadée que vous, répondit la jeune femme. J'ai... Je suis désolée, professeur, j'ai honte d'avoir craqué comme ça, je... je ferais mes excuses à Malefoy, il... il a du avoir peur et...
— N'en faites rien, répondit Rogue. Il l'a mérité. Cela lui pendait au nez depuis des années, j'imagine qu'après cela et ce que la Directrice va dire à Lucius Malefoy, il ne vous approchera plus jamais.
Hermione pinça les lèvres et baissa le nez, pas convaincue. Elle pivota alors et s'approcha de Rogue en tendant les bras. Il la prit dans ses bras et la serra contre lui une longue seconde avant qu'elle ne recule. Là, elle releva la tête vers lui et il repoussa une mèche torsadée.
— Prenez soin de vous, dit-il doucement. Je vous enverrai vos devoirs chaque vendredi soir, par hibou, ou si je le peux, je viendrai vous les porter.
— D'accord... Tenez-moi au courant, aussi, pour tout cette histoire.
— Bien sûr...
Un silence s'installa alors puis Rogue souffla par le nez et embrassa la jeune femme sur le front. Elle sourit et le regarda quand il recula.
— Finalement, dit-elle. On va peut-être pouvoir faire quelque chose de ce cœur de pierre...
— Vous êtes mal barrée, Miss Granger, répondit Rogue. Vous avez peut-être réussi à fendre ma carapace, mais elle reste encore très épaisse, protégée par le souvenir de Lily.
— Je saurais la faire partir, dit la jeune femme en hochant la tête.
— Pauvre de vous... soupira Rogue.
Hermione sourit en plissant le nez et se mordit la lèvre.
— Partez, dit-elle alors. Avant que je change d'avis...
Rogue inclina la tête puis quitta la chambre et redescendit à la cuisine.
— Je viendrais lui porter ses devoirs chaque vendredi, si je le peux, dit-il aux parents Granger. Sinon, vous pouvez recevoir des hiboux ?
— Oui, bien sûr, assura Monsieur Granger. Je vous raccompagne, dit-il ensuite.
Rogue opina et le laissa passer. Il sortit dans l'allée en premier et le Moldu le suivit en tirant la porte.
— Professeur Rogue, dit-il. J'ignore quelle est votre relation avec ma fille, mais j'aimerai qu'elle cesse de souffrir pendant quelques temps.
— Ce n'est pas moi qui la fait souffrir, au contraire, répondit Rogue. J'ai... J'ai été sévèrement amoché par la vie, dans le passé, hésita-t-il un instant. On m'a arraché la femme de ma vie, et pendant quinze ans, j'ai refusé de la laisser partir. Votre fille a été suffisamment têtue pour m'y obliger, quand bien même je sois son professeur et elle, une de mes élèves. Je pense pouvoir dire sans me tromper que ma présence à ses côtés l'aide à supporter un peu ce qui lui arrive depuis deux mois, et c'est réciproque, bien que mes blessures, elles, aient plusieurs années.
Monsieur Granger hocha la tête puis Rogue s'éloigna dans la rue, les mains dans les poches de sa robe de sorcier. Il transplana quelques mètres plus loin et le père d'Hermione rentra dans la maison en soupirant.
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— Ce qui est inadmissible, Madame, c'est le comportement de Miss Granger, pas celui de mon fils ! Il n'a absolument rien fait de mal !
— Ah non ? Mais enfin, Monsieur Malefoy, votre cher fils malmène Miss Granger depuis sept ans ! répliqua McGonagall. Et parce qu'il est votre fils, justement, il pense que tout lui est autorisé ! Si le professeur Rogue n'avait pas été présent, ce soir, Drago aurait passé un très mauvais moment, je vous l'assure !
— C'est elle que vous devez punir, pas mon fils, dit Lucius.
— Et pourquoi, je vous prie ? demanda la Directrice. Votre fils est loin d'être un modèle de sainteté, Lucius. Il passe son temps à terroriser les élèves plus jeunes, il menace et insulte les plus âgés, et bien entendu, il s'arrange toujours pour que la situation soit en sa faveur quand un professeur se pointe dans les environs. J'ai une liste longue comme le bras de noms d'élèves qui ont été punis injustement à cause de votre fils. Cet enfant est imbu de lui-même, Lucius, tout comme vous, et vous devriez avoir honte ! Vous n'êtes personne, vous ne méritez aucun traitement de faveur, aucune reconnaissance quelconque !
— Je suis un sorcier de sang pur et mon fils aussi, nous...
— Vous quoi ? demanda Rogue.
Monsieur Malefoy se retourna et releva le menton quand Rogue s'approcha.
— Comment va Miss Granger ? demanda McGonagall.
— Elle ira mieux dans quelques jours, répondit Rogue. Mais je t'en prie, Lucius, termine donc ta phrase, que je puisse y répondre...
— Ce ne sera pas nécessaire, je n'ai pas l'intention de plaider coupable parce que mon fils déteste les Moldus !
— Miss Granger n'est pas une Moldue, Lucius, dit alors Rogue. Ses parents le sont, mais elle, c'est une sorcière, une sorcière de sang pur, comme toi ! Mais contrairement à toi, elle est la première de sa lignée. Je reviens de chez elle et elle m'a dit qu'elle allait faire des excuses à Drago...
— Parfait !
— Laisse-moi terminer !
Lucius se renfrogna.
— Je lui ai dit que ce n'était pas nécessaire, reprit Rogue. Drago est un garçon odieux, il a mérité ce qui lui est arrivé et j'espère que tu vas lui faire la leçon, sinon c'est moi qui m'en chargerait.
Lucius serra les mâchoires puis se détourna d'un geste théâtral avant de quitter le bureau. Il reparut en bas du Phenix d'Or et aboya à son fils de le suivre.
Dans le bureau, McGonagall soupira profondément.
— Miss Granger ira mieux en restant chez elle quelques jours, dit-elle. Je n'ai pas encore de réponse de mes contacts, mais je ne désespère pas. Nous en savons chaque jour un peu plus et j'espère que nous parviendrons à trouver une solution qui convienne à tout le monde.
— Moi aussi... Sur ce, je vous laisse, je n'ai pas encore dîné...
— Oui, oui, allez-y, je vous en prie.
Rogue inclina le menton puis quitta le bureau et rentra chez lui. Il appela alors un Elfe et se fit apporter le dîner.
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