Chapitre 14

Hermione était recroquevillée sur son canapé, les jambes en tailleur, un coussin serré entre les bras. Elle avait filé chez elle en quittant les deux professeurs, furieuse, et depuis, elle ne décolérait pas.
Soudain, on toqua contre la porte et elle ferma les yeux.

— C'est qui ? demanda-t-elle.
— Le Directeur de la maison au sang pourri...

Hermione pinça les lèvres et soupira. La porte pivota alors et Rogue entra. Il l'avisa aussitôt sur le canapé et s'approcha.

— Écoutez, Miss, je sais que cette histoire vous tient à cœur, je connais ce sentiment, Lily réagissait comme vous quand on parlait de magie, dit-il. Mais par pitié, ne faites pas quelque chose que...
— Que je pourrais regretter si j'y survis, je sais, le coupa Hermione en rejetant son coussin.

Elle déplia ses jambes et se leva. Elle fit face à Rogue, le canapé entre eux, et le sombre homme serra les mâchoires.

— La Directrice est en train d'envoyer des courriers, elle doit en savoir plus, dit-il. Jusqu'à ce qu'ils répondent, prenez votre mal en patience, d'accord ? Vous pensez pouvoir le faire ?
— Je pense, mais rien que de savoir qu'un... gus, s'amuse avec la magie, je...

Elle haussa les épaules et Rogue contourna le canapé. Il la prit dans ses bras et la jeune femme soupira contre son torse avant de reculer. Elle posa ses mains sur ses bras et il lui releva le menton de son index.

— Patientez, dit-il.
— D'accord...

Rogue hocha la tête puis la laissa et Hermione retourna sur le canapé et s'enroula dans la couverture abandonnée le matin-même par Rogue. Elle soupira profondément et bascula sur le côté, la tête sur l'accoudoir, laissant son esprit vagabonder dans les flammes de la cheminée.

.

— Daphné, je peux te parler ?

Daphné regarda Hermione avec étonnement puis hocha la tête et lui fit signe de s'asseoir près d'elle, mais la Gryffondor secoua la tête.

— Allons ailleurs, c'est... plutôt personnel.
— Miss Je-sais-tout à une vie personnelle ?! railla alors Malefoy.
— Ignore-le, répondit Daphné en se levant. Ce n'est qu'un garçon...
— Tu vas voir ce qu'il pourrait te faire, le garçon, Greengrass ! siffla alors le blond.

Hermione le regarda et fronça les sourcils.

— Je te jure, Malefoy, qu'avant la fin de l'année, je t'en colle une, dit-elle.
— Essaie toujours, mon père le saura... et tu seras renvoyée.

La jeune femme regarda Daphné et haussa un sourcil.

— Qu'est-ce qu'il a dit, là ? demanda-t-elle. À dix-sept ans, il se cache encore dans les capes de son père ?
— Ne le provoque pas, Hermione, dit Daphné en faisant de gros yeux. Allez, viens, tu voulais me parler, non ?
— On n'en a pas terminé, toi et moi, Malefoy, dit alors la brunette. Et cette fois-ci, papa Malefoy ne sera pas là. Crois-moi.

Elle tourna les talons et précéda Daphné en dehors de la Grande Salle. Elles traversèrent le hall et se glissèrent sous le grand escalier de marbre.

— Tu ne devrais vraiment pas le provoquer, dit Daphné. Il est à prendre avec des pincettes en ce moment... Il paraîtrait que son parrain, tu sais qui c'est, j'imagine, aurait une copine, et il n'a pas l'air d'apprécier.

Hermione s'étrangla, toussa, puis fronça les sourcils.

— Rogue ? Une copine ? croassa-t-elle. C'est une chauve-souris des cachots, quelle fille saine d'esprit voudrait d'un homme comme lui, sérieusement ? Enfin bref. J'ai un truc à te dire et ça ne concerne ni Rogue, ni Malefoy.
— Ok, je t'écoute, ça a l'air sérieux.
— Assez ouais...

Hermione s'approcha du mur et s'assit en tailleur sur le sol. Daphné s'agenouilla devant elle et s'installa sur une cuise, intriguée.

— Ça à l'air très important, dit-elle.

La Gryffondor se mordit la joue puis expliqua à son amie que McGonagall avait peut-être trouvé, avec l'aide de plusieurs Directeurs d'écoles magiques en Europe, la source du problème qu'elle endurait depuis deux mois.
En apprenant qu'un mage ou une créature magique, s'amusait à jouer avec la magie, Daphné blêmit. Quand elle était plus jeune, la menace courante avec ses parents était qu'elle ou sa sœur finiraient leur vie comme des Moldues si elles n'étaient pas sages et n'obéissaient pas...

— Tu te moques de moi, comment c'est possible ? demanda Daphné quand la Gryffondor se tut. Qui peut être assez cinglé pour risquer le sort de millions de personnes innocentes ?
— Je ne sais pas, mais je suis bien décidée à l'en empêcher, répondit Hermione. Cependant, et ils ont raison, Rogue et McGonagall m'ont interdit de m'approcher d'un Nexus, que sa puissance me tuerait.
— En effet, ils ont raison, mais tu as dit que même Tu-Sais-Qui n'est pas assez résistant pour s'approcher d'un Nexus, alors qui ?

Hermione haussa les épaules.

— J'ai promis d'attendre que McGonagall en sache plus, mais je bous d'impatience, tu n'imagines même pas ! Je ne suis pas née avec la magie, enfin si, mais je l'ai ignoré jusqu'à ce que je reçoive ma lettre, Daphné, et aujourd'hui, je ne conçois même plus de vivre à nouveau sans l'utiliser quotidiennement...
— Je comprends, oui, bien entendu, et je n'ai aucune envie de finir ma vie comme une Moldue, mais est-ce que tu crois vraiment que risquer ta vie pour ça alors qu'il y a des adultes plus puissants pour faire le boulot, ça vaut le coup ?

Hermione se mordit la joue et haussa les épaules.

— Je me sens concernée... dit-elle doucement. J'imagine que quand les autres élèves, dans ces autres écoles, sauront ce qu'il s'est passé pour qu'ils endurent la même chose que moi, ils voudront sans doute se venger eux aussi...
— Sans doute, mais...

Daphné grimaça un sourire puis prit la main de sa nouvelle amie qui lui sourit doucement. La cloche sonna alors une heure quelconque de la fin d'après-midi, et Hermione soupira profondément.

— On va boire quelque chose de chaud ? demanda alors la jeune blonde.
— Oui, vas-y, je te rejoins, il faut que j'aille aux toilettes avant.
— Entendu. Et surtout, ignore Malefoy, c'est un idiot fini en ce moment...

Hermione ronfla et Daphné se releva et s'en alla. Hermione perdit alors son sourire et souffla par le nez.

— Tiens, qui voilà, toute seule dans un recoin sombre... susurra alors une voix traînante.
— Et quoi ? Tu espères sans doute me faire quelque chose pour te défouler ? demanda Hermione en se relevant.
— Peut-être ? Va savoir... Je n'aime pas qu'on me parle mal, Granger, surtout pas quand ça vient de toi, la Sang-de-Bourbe...

Hermione lissa sa jupe sans répondre et se détourna. Malefoy lui agrippa alors l'épaule.

— Reste ici, j'ai pas terminé ! dit-il.
— Lâche-moi immédiatement, dit la brunette.
— Ou sinon ?
— Ou sinon, Monsieur Malefoy, vous serez collé et une lettre sera envoyée à votre père, ronronna alors une voix.

Hermione leva la tête et reconnut Rogue. Le Serpentard se retourna ensuite, non sans lancer un regard furieux à Hermione qui croisa les bras.

— C'est elle qui a commencé, Monsieur, dit-il.
— Quoi ?! s'exclama Hermione. Non mais tu te prends pour qui, prince de Serpentard de mes deux !
— Miss Granger ! tonna Rogue. Modérez votre langage !

Hermione se crispa et serra les mâchoires.

— Dix points de moins chacun, dit alors Rogue. Serrez-vous la main et disparaissez ! Exécution !
— Mais, Monsieur... ! se plaignit aussitôt Malefoy. Je ne peux pas faire ça ! Granger est une Sang-de...

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase, la main d'Hermione lui éclata au visage et il recula de quelques pas, surpris. La Gryffondor se jeta ensuite sur lui et le plaqua contre le mur en le tenant par le devant de sa robe de sorcier.

— J'en ai assez ! hurla-t-elle. J'en ai assez de tes putains de scènes de prince de mes deux, Malefoy ! Je suis une sorcière ! Une sorcière !!
— Miss Granger ! s'exclama Rogue. Lâchez-le, c'est un ordre !

Hermione serra les mâchoires et ses phalanges craquèrent. Elle relâcha alors le Serpentard et se détourna en plongeant ses mains dans ses cheveux. Elle ferma les yeux et se mit à pleurer.

— Dégagez, Drago ! siffla alors Rogue. Je vais rédiger une lettre à votre père sur le champ, votre comportement est inadmissible !

Malefoy grimaça de rage, le rouge aux joues, et se détourna soudain. Quand il fut partit, Rogue se tourna vers Hermione et posa une main dans son dos.

— Venez, dit-il. Venez avec moi, Hermione...

La jeune femme ne résista pas et il l'entraîna un peu plus loin, dans un couloir perpendiculaire. Là, il la prit dans ses bras et la jeune femme fondit en larmes, sanglots bruyants et corps secoué de spasmes. C'était le bout de la corde, l'élastique avait cédé et elle ne contrôlait plus rien.

— Calmez-vous, calmez-vous...

Rogue lui caressa les cheveux et s'adossa au mur dans son dos. Soudain, Aurora Sinistra apparut au bout du couloir et s'approcha, intriguée par les pleurs. Rogue et elle échangèrent un regard, et le professeur d'Astronomie releva le menton puis hocha la tête.

— Ramène-la chez elle, dit-elle. Je vais chercher Poppy.
— Merci, Aurora...

.

Assis au bord du lit de la Gryffondor, Rogue lui caressait la main. La jeune femme ne dormait pas, mais elle était à bouts de nerfs. Son corps était encore secoué de sanglots et elle reniflait régulièrement.
Lorsque la porte de l'appartement s'ouvrit pour laisser entrer Pomfresh et McGonagall, le sombre professeur se leva en leur disant d'être silencieuses. Il laissa passer Pomfresh, mais entraîna la Directrice vers le salon.

— Elle a craqué et manqué défoncer la tête de Monsieur Malefoy, expliqua-t-il en réponse à la question silencieuse de cette dernière. Si je n'avais pas été présent, il aurait passé un très mauvais moment...
— Elle est à bout, dit McGonagall. Je vais la renvoyer chez elle jusqu'à ce que nous trouvions une solution.
— Est-ce prudent ? demanda Rogue.
— Elle sera loin des Serpentards, loin des Gryffondors, et avec ses parents, donc oui, je pense que c'est plus prudent, répondit la Directrice. En tant que Directeur de Serpentard, je vous charge de lui amener chaque semaine ses devoirs et de prendre des nouvelles d'elle.
— Bien, Madame...

Les deux regardèrent ensuite Pomfresh qui discutait avec la jeune sorcière. Quand celle-ci hocha la tête, Pomfresh déposa sur la table de chevet deux fioles jaunes, puis elle se détourna et revint vers Rogue et McGonagall.

— Elle est d'accord pour rentrer chez elle, dit-elle. Le mieux est qu'elle parte dès que possible.
— Je l'emmène dès ce soir, dit Rogue. Puis je m'occupe de Drago. Son attitude envers elle est inadmissible, il la cherche depuis des années, et alors même qu'elle est, malencontreusement, dans sa propre maison, il continue et ne fait rien pour lui être agréable. Lucius va en entendre parler.
— Entendu, dit McGonagall. Mais je m'occupe de Lucius et de son fils, c'est à moi de faire cela, en tant que Directrice.

Rogue opina puis les deux femmes quittèrent l'appartement et le sombre professeur revint vers Hermione. Il se baissa près du lit et elle le regarda.

— Merci, dit-elle doucement, un bras replié sous la tête.
— C'est mon rôle de Directeur, je ne fais rien de plus...
— Si... Vous en faites bien plus que vous ne le pensez, Monsieur... Croyez-moi.

Hermione esquissa un sourire puis Rogue lui demanda de se tenir prête pour l'heure du dîner. La jeune femme lui demanda de lui envoyer Ron et Harry, et Daphné, puis il quitta l'appartement et la jeune femme soupira profondément quand le silence se fit dans la pièce.

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