Chapitre 8 : Alliés
Après avoir expliqué ma situation, j'aperçu le regard perplexe qu'affichait Robin.
- Eh bien, elle n'est pas mal ton histoire, dit-il en hochant la tête.
- Mais est-ce la vérité ? Rien ne le prouve, soupira Ethan.
- C'est la vérité ! Quel intérêt tirerai-je d'un mensonge ?
Robin se leva d'un coup puis croisa ses bras contre lui.
- Moi je te crois. Je vais t'aider.
- Es-tu sûr de toi, l'écureuil ? Cette histoire ne me plait pas mais saches que je te suivrai, s'indigna Ethan.
J'étais heureuse d'avoir de l'aide mais les réactions d'Ethan me perturbaient. Pourquoi semblait-il si renfermé sur lui même ?
- Je vais desseller les chevaux, dit-il en tournant les talons.
- Moi je vais préparer à manger, répondit Robin.
Robin prépara un petit feu à l'entrée de la grotte. Après avoir dessellé et nourri les chevaux, Ethan revint avec un cadavre de cerf sur les épaules.
- Ah ! Quelle horreur ! M'écriais-je.
Du sang coulait d'une plaie ouverte sur l'encolure de la bête et venait dégouliner sur les vêtements d'Ethan. Je détournai la tête, appréhendant de sentir l'odeur de la chair sanglante.
- On va le dépecer. Tu devrais aller dans la cabane si tu ne veux pas voir ça, me conseilla Robin.
Je ne tardait pas à m'exécuter. Habituellement, c'est cuisinée dans mon assiette que j'avais l'habitude de voir la viande. Grâce à mon statut je n'avais jamais eu à assister à la préparation en cuisine. De plus comme je ne tenais pas particulièrement à assister au dépeçage de l'animal, je me retirai sur le champ. Je ne quittai la cabane que lorsque une douce odeur de viande vint raviver ma faim déjà bien présente. Embrochée sur une solide tige en fer, la carcasse dont la tête avait été retiré cuisait au-dessus du feu de camp.
- Quelle bonne odeur, lançai-je.
- Dommage qu'on n'ait pas de sel, râla Robin.
- Pff ! Tu sais bien que l'on en trouve uniquement sur les tables des nobles, répliqua Ethan.
- Eh bien, tu n'es pas noble, toi ? Lui demanda le rouquin.
- Non.
Robin se tourna alors vers moi.
- Et toi Milla, as-tu du sel ?
- Ah ! Tu crois vraiment qu'une comtesse se promène avec du sel plein les poches ? Poursuivi Ethan.
- Non, désolée je n'en ai pas...
Amusé d'avoir raison, le jeune brun pouffa puis se retira en dehors de la grotte.
J'observai Robin qui retournait les braises a l'aide d'un bâton fin. Les reflets rougeoyants des flammes se reflétaient sur ses cheveux.
- Dis moi, Robin... Cela ne te dérange pas si...
- Si quoi ? Questionna-t-il en relevant ses yeux pleins de reflets dansants provenants des flammes.
- Parle moi un peu d'Ethan. Pourquoi réagit-il si singulièrement ? Et puis tu dis qu'il est noble ?
Il rit un peu puis réorienta son regard vers le feu.
- Étrange question pour quelqu'un qui ne le connaît que depuis quelques minute. Je pense qu'il vaut mieux que tu lui demande, mais je doute fort qu'il se confie à une inconnue... Et à quiconque d'autre d'ailleurs. Les rares fois qu'il daigne s'adresser à quelqu'un, c'est à moi.
- Eh bien... Soufflai-je.
- Il préfère la compagnie de sa jument plutôt que celle des hommes, ironisa Robin en regardant son ami au loin qui brossait son destrier.
- Il aime la solitude ?
- C'est la pire de ses phobies. S'il avait décidé de faire cavalier seul, il serait mort depuis longtemps.
- Ah bon ?!
- Tes rapprochements sur le sujet me forcent à répondre à ta précédente question...
- Oh je suis désolée. Je m'étonnais juste de tes dires.
- Je vais te dire pourquoi il est comme ça, parce que je vois en toi quelqu'un de confiance. Si tu venais à revoir monseigneur Poliévik, ne lui en touche pas mot.
- Marc ?! Jamais je ne lui dirais autres choses que des reproches !
- C'est à cause de lui et de ses parents qu'Ethan se retrouve ici à errer dans la forêt.
- Pourquoi ?
- N'as-tu jamais entendu parlé de la famille des De Bayle ? C'était une puissante famille de templiers qui était très proche de la famille royale d'Espagne.
- Vraiment ?! De mes ancêtres ?
- Oui. L'un d'eux s'est marié à l'un de tes ancêtres. Il se nommait Denz De Bayle. Ethan est l'un de ses descendants. J'en conclus donc que vous êtes cousins.
- Comment ?! Ethan et moi ?!
- Oui. D'ailleurs, lui aussi avait des titres, un château et des richesses vertigineuses, continua-t-il en attrapant un petit bout de venaison pour la grignoter.
- Mais alors que fait-il ici ? Marc y est pour quelque chose ?
- Exactement. Avide de richesses qu'il n'aura jamais, il pille celles des autres. C'était il y a trois ans, Ethan avait à peine quinze ans. Il vivait avec sa famille dans le château de ses ancêtres. Ils possédaient une partie des richesses du roi d'Espagne en plus de toutes celles acquises en croisades. Ils n'étaient pas vraiment à plaindre.
- En suite ?
- En suite le jeune prince Poliévik se posta devant leurs portes avec une armée de deux cent hommes, soupira Robin. Il leur avait ordonné de faire un massacre... De tuer tous ceux qui résidaient dans le château. Un seul échappa au carnage...
- Quelle abomination. Marc n'a-t-il aucune pitié ?
- N'en parle pas à Ethan. C'est un sujet douloureux pour lui. Mais je suis sûr que lui aussi a compris quel lien vous partagez, conclu Robin en grignotant un autre bout de viande. Mais goûte-moi ça. Dis-moi ce que tu en penses.
Je me servi un petit bout de viande pour le porter à mes lèvres.
- C'est excellent ! C'est la première fois que je mange de ceci.
Ravi, Robin m'adressa un large sourire avant de tourner la tête vers l'extérieur de la grotte.
- ETHAN, VIENS MANGER !
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