Chapitre 6 : La fuite
Les gardes de Marc m'encerclaient, rendant toute tentative d'évasion quasi-impossible. Sans parler des effrayantes armes qu'ils tenaient dans leurs mains. Pourquoi sortir l'artillerie lourde simplement pour enlever une jeune fille sans défense ? Si tout cela était mis en œuvre pour me faire obtempérer sans résistance, j'en était outrée.
- Que voulez-vous donc faire de moi ? Questionnai-je , d'une voix qui se voulait autoritaire.
- Ne vous accordez pas plus d'importance que vous n'en avez. Ce qui m'intéresse, c'est votre héritage. Et comme ma seule chance de l'avoir est par le mariage, j'ai discuté un moment avec le comte, j'ai attendu que vous ayez dix-huit ans et enfin je vous prend avec moi, expliqua Marc en passant sa langue sur ses lèvres.
- Et une fois mariés, tous les biens vous revenants, vous vous débarrasserez de moi...
- Tout à fait. Je deviendrai alors un puissant comte possédant mes biens et titres en tant que prince et tous les vôtres venants de l'ancien roi d'Espagne.
- Quelle horreur... Les profiteurs comme vous devraient être chassés !
- Mais malheureusement pour vous, vous ne pouvez rien pour m'arrêter. N'oubliez pas que je possède tout le soutient du comte, ricana-t-il.
- Peut être mais vous n'aurez jamais le mien. Qu'importe s'il ne compte pas pour grand chose, cela me permettra de vous détester !
Remarquant une faille dans la garde de mes asseyants, j'affichai soudainement un léger sourire.
- Très bien, vous me semblez bien déterminé à m'avoir... Hé bien laissez-moi vous souhaiter bonne chance.
Aussitôt je me précipitai sur la chance qui s'offrait à moi. Je me faufilai entre deux gardes en les poussant le plus fort possible. En raison de leur manque de vigilance, je pus m'extirper de leur cercle. Je quittai les jardins aussi vite que je le pouvais, me dirigeant vers la forêt toute proche. Les gardes à mes trousses poussaient des cris sauvages. Avec ma grande robe de satin verte, j'avais beaucoup de mal à progresser dans les bois. Retirant mes chaussures à talons en les envoyant voler sur un arbre, je me sentis plus à l'aise pour courir. Les épines de pins ainsi que des bouts de branches mortes me blessaient les pieds. Mon bras gauche saignait. Il avait été entaillé par la lame d'un garde lorsque je l'avais poussé pour m'enfuir. La blessure me faisait ressentir une forte sensation de brûlure. Je ne m'en souciai pas pour le moment afin de tenter de trouver une cachette. Je dévalai une longue pente abrupte, plongeant droit vers le cœur de la forêt. Une fois en bas, je chutai en raison de mon élan. Relevant la tête, je rampai jusqu'à un gros buisson touffu. Le temps de m'assurer qu'aucun bout de ma robe ne dépassait de sous l'arbuste, les gardes martelaient déjà le sol de leurs bottes de fer. Je ne bougeai plus, ne respirai plus, priant pour qu'ils passent leur chemin. Comme je l'espérai, ils passèrent sans me voir. Marc n'était pas parmi eux. Il devait déjà être en train de s'installer dans mon manoir, inventant sûrement un mensonge pour signaler ma disparition au comte. Mais de toute façon, tant que nous ne sommes pas mariés, il n'a aucun droit de propriété, que ce soit sur moi, sur le manoir ou sur mes biens. Le cœur battant en furie, je glissai durement ma main dans mon corset pour en retirer la clé qui y était dissimulée.
Jamais cette clé ne lui appartiendra, jamais !
Ce petit bout de métal représentait la seule chose qu'il me restait de ma famille. Je contai donc la protéger à n'importe quel prix. Tétanisée par la peur, je restai ce qu'il me paraissait une éternité cachée à plat ventre sous le buisson. Pourtant la forêt était devenue calme depuis un bon moment. J'étais en train de réaliser ce qu'il venait de se produire. Le prince Marc Poliévik n'était rien d'autre qu'un tyran. Il fait parti de ceux qui convoitent mon héritage. A ce moment là, j'eus une volonté de fer pour l'entraver. Mais comment une jeune comtesse pouvait-elle rivaliser face à un aîné plus puissant ? Le temps passait, sans que je sorte de ma cachette... Jusqu'à ce que la faim ne vienne réveiller mon ventre. Je me levai lentement et prudemment, tout en époussetant ma robe. Hors de question de retourner au manoir pour le moment. Il me fallait trouver un moyen d'éloigner Marc de ma vie et de celle de mon ancien tuteur. Je recherchai autour de moi, cherchant ce qui pourrait convenir pour calmer ma faim. Les épineux géants au dessus de moi laissaient parfois tomber une pigne de pin remplie de pignons. J'en ramassai une et trouvai une pierre près d'un mûrier sauvage. Avec la pierre, je cassai la coque des pignons. Puis de temps en temps, je posai la pierre afin de cueillir une poignée de mûres. Ces petits encas calmèrent ma faim sans pour autant la faire disparaître. Je devais trouver un village et vite. Même si je n'avais rien pour acheter de la nourriture. Si je n'arrivai pas vite à me débarrasser de Marc, je serai contrainte d'abdiquer en retournant au manoir en raison de la faim, de la soif et de la fatigue. Mais je n'en étais pas encore là. J'allai résister le plus longtemps possible !
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