Chapitre 4 : Le manoir
Le lendemain du bal, je m'étais levée aux aurores. Ma gouvernante m'avait coiffé et maquillé. Le comte avait préparé le carrosse et fait harnacher les chevaux. Une fois prête, je le rejoignis devant les écuries.
- Toujours aussi belle. Es-tu prête à partir ? Demanda-t-il d'un ton enjoué.
- fin prête !
- nous montâmes tout deux dans le véhicule. Le cocher ferma les portes avant de s'installer à sa place et il fouetta les chevaux. Je regardai le paysage par la fenêtre puis tirai les rideaux.
- Tu es fatiguée ma grande ? Questionna le comte.
- Pas vraiment, répondis-je. Dites, vais-je me retrouver seule, une fois arrivée au château de mes parents ?
- Non, dit-il sans en rajouter.
- Les domestiques ne comptent pas.
- Il n'y aura pas que des domestiques, me rassura-t-il.
- Vous allez me manquer...
Il ignora mon commentaire pour dire au cocher d'accélérer l'allure. Lui tardait-il tant que cela de me voir partir ? D'un doigt j'écartai un peu le rideau de la fenêtre du carrosse, pour voir passer deux gardes sur leurs grands chevaux blancs. Je dus m'endormir pour le reste du trajet.
- Milla, réveille-toi. Nous sommes arrivés chez toi, chuchota le comte en me secouant doucement par l'épaule.
Dans un état second, je descendis du carrosse. Mes yeux s'écarquillèrent aussitôt en apercevant la grandeur et la beauté des lieux.
- cela te convient-il ?
- c'est... Absolument magnifique !
Je contemplai la magnificence des jardins où naissaient des fleurs toutes plus belles les unes que les autres et dont le parfum embaumait les allées. Des fontaines représentant anges et jeunes filles crachaient une eau pure et scintillante. De petits buissons taillés à ras encadraient les allées qui serpentaient dans les jardins et qui menaient à l'entrée du château. D'ailleurs, le château était en fait un grand manoir aux briques claires. Les grandes fenêtres dévoilaient de belles salles richement décorées. La bâtisse, en plus du rez-de-chaussée, comprenait deux étages. Le toit en ardoise noire brillait au soleil.
Je me tournai vers le comte, des larmes pleins les yeux.
- Ceci est bien trop parfait pour moi, dis-je en tentant d'étouffer un sanglot.
- Tout t'appartient. Ta gouvernante ainsi que tes domestiques t'attendent à l'intérieur. Excuse-moi, je ne peux rester plus longtemps.
- Êtes-vous sûr de ne pas vouloir rester un peu ? Le questionnai-je, un pincement au cœur.
- Je suis désolé. Mais ne t'en fais pas, nous nous reverrons. Et j'ai préparé une petite surprise pour toi qui arrivera demain.
- je vous en remercie mais je n'ai besoin de rien.
Il me sourit puis quitta les jardins, me laissant seule avec un domestique qui s'occupait de mes bagages. J'eus une envie folle de retirer mes talons, pour courir pieds nus dans le gazon fraîchement tondu. Je me retins afin de ne pas faire mauvaise figure dès mon arrivée. Je marchai à présent dernière le domestique qui m'avait fait signe de le suivre. Devant la grande porte, il déposa mes sacs pour l'ouvrir.
- Veuillez entrer, annonça-t-il d'un ton presque théâtral.
Je le remerciai avant d'entrer. Une fois à l'intérieur, je m'arrêtai, interloquée. Un carrelage immaculé brillait et renvoyait les reflets du plafond tel un immense miroir. Les murs étaient recouverts de tapisseries aux couleurs chaudes représentant des motifs floraux. Des candélabres en forme de têtes de chevaux soutenaient des bougies blanches. Plusieurs portes de bois donnaient sur des pièces qu'il me tardait de découvrir. Au centre de la salle, un majestueux escalier de marbre blanc conduisait aux étages supérieurs. Levant la tête pour le contempler, je remarquai les deux impressionnants lustres de cristal pendant au plafond qui l'encadraient.
- Mademoiselle ?
Un majordome m'interpela, me faisant quitter mon état d'admiration.
- Bienvenue chez vous. Souhaitez-vous faire un tour de la propriété ?
- Pas pour le moment, merci. Je voudrai juste trouver ma chambre, fis-je en continuant d'observer la pièce.
- Laissez-moi au moins vous montrer une chose.
Il insista pour que je le suive. Il me dit emprunter une porte du fond qui donnait sur un long couloir doté de plusieurs autres portes. Nous le traversâmes pour passer la porte située le plus au fond.
- Quelle salle est-ce pour être mise autant à l'écart ? Demandai-je.
La porte s'ouvrit sur une pièce magnifiquement décorée et où plusieurs coffres de bois solidement fermés s'entassaient.
Mes yeux s'écarquillèrent à nouveau.
- La salle des coffres, me répondit-il.
- Il y en a au moins une cinquantaine !
- Tous remplis à raz-bord d'or et de pierres précieuses, lança le majordome d'une voix neutre.
- Tout ceci est à moi ?
- Bien-sûr.
Je savais que mes ancêtres possédaient des richesses inestimables mais pas à ce point. Posséder autant d'argent m'effrayait. Il était fort probable qu'il aillait être objet de convoitises, mettant le manoir ainsi que ses habitants en danger.
- Voilà ce que je désirai vous montrer, maîtresse Ramia. La clé de cette porte est à vous, annonça-t-il en me tendant une grosse clé de métal argenté. Libre à vous d'entrer et sortir de cette pièce.
La clé pesait lourd, elle était toute en fer. Encore sous le choc de ce que je venais de voir, je me hâtai de faire un pas en arrière puis de mettre un coup de clé dans le verrou.
- Laissons cette porte fermée pour le moment, dis-je fermement.
- Comme il vous plaira. Vous êtes la seule à pouvoir entrer dans cette pièce, puisque vous possédez l'unique clé qui correspond à sa serrure. Prenez en grand soin et ne la confiez à personne d'autre qu'à vous même.
Mes ancêtres se sont battus afin de protéger ce trésor. Je n'allai pas en donner l'accès au premier venu. Mais garder la clé sur moi au risque de me la faire dérober était aussi frustrant que de la cacher dans un coin du manoir où elle pouvait être découverte par n'importe qui.
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