Mon nom est Milla Ramia. Je suis l'unique descendante d'une famille de comtes décimée par le poison d'autres nobles jaloux de nos titres et de nos terres. Sans parler de nos grandes richesses venant de nos ancêtres rois et reines d'Espagne. Aujourd'hui le jour de mes dix-huit ans, je suis prête à recevoir mes titres ainsi que ce lourd héritage. Je deviens la nouvelle comtesse Ramia. Mais à quoi cela mène-t-il ? Moi qui serai bientôt seule dans un château trop grand pour moi. Qui me dit que personne ne viendra m'assassiner pour me voler ce qui m'appartient ?
Je pensai à tout cela devant mon miroir, alors qu'une domestique s'occupait de mes cheveux. Elle plaça sur ma tête un fin diadème en argent afin de faire tenir ma coiffure. Puis elle passa du fond de teint sur mon visage pour éclaircir ma peau déjà pâle. Et afin de mettre en valeur mes yeux bleus, elle les maquilla de poudre d'argent. Elle appliqua en suite de la poudre rose sur mes joues puis me parfuma d'eau de jasmin.

- Mademoiselle ? Dit-elle en me faisant signe de me lever.

Lorsque je m'étais redressée, elle avait piqué une rose blanche dans le diadème ce qui sublima d'avantage ma coiffure. La fleur était semblable à celles de tissus qui avaient été cousues sur la jupe de la robe bleu ciel que je portai. Elle fit disparaître tous les plis puis vint se placer derrière moi.

- Retenez votre souffle un instant, je vous prie.

Elle tira sèchement sur les lacets de mon corset. Cela me comprima les côtes ainsi que la poitrine. J'avais l'impression d'étouffer.

- N'oubliez pas de respirer par le ventre, rajouta-t-elle.

Elle se plaça de nouveau devant moi pour accrocher à ma gorge un collier de perles blanches ainsi qu'un ras de cou en dentelle soutenu par un ruban de couleur bleu marine. Et comme si cela ne suffisait pas, elle suspendit à mes oreilles des perles en saphir de formes allongées. Pour finir, j'enfilai des gants blancs qui montaient jusqu'en dessous de mes coudes.

- Voilà, vous êtes parfaite, annonça la domestique.

Elle me conduisit jusqu'à une imposante porte en bois derrière laquelle se trouvait l'estrade où la cérémonie allait se dérouler. Puis elle me laissa seule. Je devins anxieuse. Je devais attendre que mon père adoptif vienne me chercher. Mais ce fut ma gouvernante qui vint à ma rencontre. Je fus surprise de la voir là et non pas les autres domestiques. Elle fit une révérence puis se redressa en me souriant.

- Vous êtes magnifique, mademoiselle ! J'ai une bonne nouvelle à vous annoncer. De la part du comte, déclara-t-elle.

- Dites donc.

- Votre tuteur a décidé de vous faire une surprise pour l'occasion, me dit-elle en agrandissant son sourire.

- Que peut-il bien vouloir m'offrir ? J'ai déjà tout ce dont j'ai besoin.

- Malheureusement, je ne peux vous en dire plus. C'est une surprise. Mais réfléchissez bien. Une fois que vous aurez reçu vos titres, vous partirez avec vos domestiques et moi dans le château de votre défunt père qui vous revient de droit. Il vous manquera bien quelque chose, une fois là-bas.

- Puis-je avoir un indice ? Demandai-je.

- Une surprise qui veillera sur vous et qui vous tiendra compagnie. Pardonnez-moi, je ne peux en dire plus, chuchota-t-elle.

Je croisai nerveusement mes doigts puis les décroisai pour tenter de faire passer mon stress. Elle en profita pour s'éclipser.