Quand Nath répond aux appels de ses sirènes et s'enfonce dans la volupté.
Bon anniversaire notre mamie Hoganou !
Des coups frappés à la porte de la véranda côté cuisine, sortent Estelle de son sommeil tardif et plus que haché. Après l'arrestation de Simon et le départ des gendarmes, elle a vérifié que toutes les portes et fenêtres étaient bien fermées. Louis-Axelle Lafleur l'avait rassurée en lui disant qu'elle était dorénavant en sécurité, Simon étant certainement l'instigateur de sa surveillance au vu de son témoignage. La fliquette avait insisté pour qu'elle se rende à l'hôpital afin d'être examinée mais celle-ci avait refusé, ne se sentant pas blessée physiquement et ayant surtout besoin de se retrouver seule. Et puis Yvan devait la rejoindre "dès les premières lueurs de l'aube" selon ses dires.
La jeune femme emmitouflée dans une couverture et recroquevillée sur le canapé, émerge, s'étire en gémissant et se lève en poussant sur ses bras. Les coups redoublent d'intensité et la voix grave qui répète son prénom, la confortent dans ses pensées, c'est bien son directeur qui pointe le bout de son nez au lever du soleil.
Elle se rend donc dans la cuisine, toujours recouverte du plaid, écarte légèrement les stores qui occultent les vitres et ne peut s'empêcher de sourire malgré le poids qu'elle ressent sur ses épaules. Il est au taquet, le visage radieux et le sachet de croissants en portefaix.
La voilà face à son destin. Elle sait que lui ouvrir cette porte signifie également lui ouvrir son coeur et bien évidemment...son corps. Son corps qui n'est absolument pas en mesure d'assumer quelque rapprochement que ce soit. Son esprit lui même émet quelques réserves et se bat contre ce traitre d'organe qui s'emballe. Que va-t-elle pouvoir offrir à ce monsieur au physique diablement attirant et aux yeux si profondément emplis d'elle, déjà ? Pour l'instant, pas grand chose si ce n'est des larmes et de la retenue. Mais Julie l'a convaincue : un jour, un mois, un an, une vie, peu importe, ce qu'il semble vouloir lui donner ne peut être que positif.
- Estelle ! Oh ! Tu es là ? J'ai apporté les croissants ! J'espère que t'aimes ça ?
La maîtresse prend une grande respiration et tourne la clé dans la serrure pour faire un premier pas vers ce qui lui semble être l'escalade la plus abrupte de sa vie. Timidement, elle tire sur la poignée.
- Bonjour Yvan dit-elle doucement.
- Bonjour Estelle ! J'ai des ...Oh ! ça va pas ?
La jeune femme secoue la tête tout en resserant les pans de la couverture autour d'elle. Elle fait demi tour pour regagner le canapé sur lequel elle se laisse tomber, en proie à une nouvelle crise de larmes. Elle rassemble ses genoux contre sa poitrine et se cale la tête sur l'accoudoir.
Yvan, décontenancé, s'étant mille fois imaginé ce moment où il allait enfin pouvoir la serrer dans ses bras et l'embrasser "pour de vrai" comme disent les gosses, pose le sachet gras sur la table et la suit dans le salon. Ne sachant trop comment agir, il s'assoit près d'elle et attend qu'elle se calme. Repérant une boite de mouchoirs, il se lève et lui en tend un, non sans avoir remarqué la poubelle pleine de Kleenex usagés.
- Tu veux m'en parler ?
Estelle ne réagit pas.
- C'est avec ta mère ? Ca s'est mal passé ?
Estelle secoue sa tête en signe de négation.
- C'est le retour qui est difficile ?
Tentant de lutter contre ses hoquets, la jeune femme s'écrie en pointillés :
- N...Non ! Au....contraire !
Le maître se rapproche et pose délicatement une main sur le tissu polaire qui recouvre un des genoux d'Estelle. Cette dernière lutte pour ne pas succomber à son réflexe de recul.
- Alors quoi ? demande-t-il inquiet tout en caressant du pouce, l'articulation de sa douce car c'est bien ainsi qu'il a envie de l'appeler, elle si fragile et délicate.
Les mots bloquent, les larmes coulent, les tremblements sont incontrôlables. Yvan ne résiste pas, la saisit d'un bloc pour la poser sur ses propres genoux et l'entoure de ses bras protecteurs. Imperceptiblement, il commence à la bercer. La maîtresse se laisse aller contre son torse et vient puiser la chaleur et la force qui émanent de ce corps musclé et sécurisant, en posant sa joue sur l'épaule offerte. Elle lui doit beaucoup. Ses lettres l'ont maintenue hors de l'eau, ses mots l'ont caressée, ses coups de gueule l'ont menée sur le chemin de la liberté. Elle ne peut pas démarrer une relation avec lui sur des non-dits, des cachotteries ou des mensonges. Elle a passé l'âge, la trentaine approche à grands pas et elle a très envie de construire un nid pour y piailler de bonheur et pourquoi pas y couver. Ce corps qui l'entoure réveille en elle des sensations depuis longtemps refoulées. Simon ne lui fera plus jamais de mal et Hubert n'est pas coupable de cette présence malsaine, juste très frustré.
Bouge toi les fesses Estelle ! semble lui intimer sa furie de copine.
Sa respiration retrouve peu à peu un rythme plus lent alors qu'Yvan chantonne une berceuse apaisante, calée sur les expirations de sa partenaire.
Sans bouger, sans le regarder, sans réfléchir plus avant, la jeune femme raconte son parcours, la surveillance, la tuerie, ses journées auprès de Julie et enfin son agression de la veille.
- Oh putain, celui-là, je vais lui casser la gueule ! ne peut s'empêcher d'asséner Yvan.
Il s'est tu tout au long du grand déballage, continuant à la bercer, à la caresser, se pinçant la lèvre de tristesse, s'exclamant par onomatopées ou encore riant aux réparties de la grande blonde. Il a très envie et besoin de bouger mais n'en fait rien, savourant le silence qui s'ensuit comme s'ils flottaient tous les deux au-dessus du vide, sans pour autant craindre de s'y perdre. C'est la jeune femme qui met fin à cette respiration suspendue en s'écartant de son directeur. Elle cherche son regard noir mais gavé de tendresse.
- Merci lui dit-elle doucement, merci de m'avoir écoutée.
- Je t'en prie...je ...je ne sais pas quoi...
Elle fond alors sur ses lèvres et appuie son baiser comme si sa vie en dépendait. Elle gémit, ferme les yeux et goûte. Goûte, aspire et consume ses dernières réticences au contact de cette bouche amoureuse qui résiste, surprise au premier abord puis apprivoise et enfin savoure cet élan surprenant. Comme ce baiser fort et puissant est salvateur. Téméraire, il entrouvre sa bouche afin d'en donner un peu plus mais Estelle se recule, accroche son regard et demande simplement :
- Tu bois quoi au petit dèj ?
Yvan, décontenancé, la laisse se lever et répond tout aussi simplement :
- Du thé si tu en as.
- Oui j'en ai toujours, de toutes sortes, c'est ma boisson préférée.
- Ah oui c'est vrai, je suis bête, tu te balades toujours avec ton thermos à l'école.
- Bouge pas, je nous rapporte un plateau.
Ce baiser l'a quelque peu chamboulé. Il en veut tellement plus mais sent bien qu'il va devoir être patient et calmer ses ardeurs. Perdu dans ses réflexions, il en est sorti par le retour d'Estelle qui pose le petit déjeuner sur la table basse, puis vient s'assoir prés de lui. Tout en saisisant une viennoiserie, elle poursuit son discours, voulant aller jusqu'au bout, afin d'évacuer les dernières miettes d'un passé plus proche de la camisole que de la désinvolture.
- Ca m'a fait un bien fou de te livrer tout ce poids qui me dévorait depuis des jours. Julie m'a beaucoup aidée déjà. Tu verras, elle est géniale.
- Je n'en doute pas dit-il en reposant la tasse de thé fumante.
Il avance sur des oeufs, la laissant prendre les rênes de la conversation.
- Ils chont très bons les croichants marmonne-t-elle la bouche pleine.
- Ils viennent de chez André.
- Ah oui, ça ne m'étonne pas. Elle est divine cette boulangerie.
Le silence s'impose à nouveau, laissant les esprits des tourtereaux choisir la direction de leurs gestes, de leurs paroles futures.
Estelle bouge et se place de côté, une jambe repliée sur le canapé pour faire face à Yvan, son Yvan.
- Je suis désolée. Ce n'est certainement pas l'accueil auquel tu t'attendais.
- Ne t'inquiète pas pour moi, ce qui m'importe, c'est que toi tu te reconstruises, que tu mettes de côté toute cette merde qui t'a empêchée de voler.
La jeune femme fixe cet homme, longuement. Celui-ci se triture les doigts. Il a l'impression d'avoir quinze ans lors de son premier rendez-vous amoureux. Il a beau en imposer par sa carrure, ses muscles de sportif, son regard de nuit et sa voix à faire frissonner une bonne-soeur, il se sent tout petit, assis, là, sur ce sofa. La fille qui fait vibrer son coeur, fait la moitié de son poids mais a choisi de s'arroger des crimes qu'elle n'a pas commis, juste pour sauver une petite gamine détraquée. Cela l'impressionne au plus haut point.
- Euh, tu me gènes là à force de me regarder comme une vieille chouette curieuse.
- Comment ça une vieille chouette ! s'exclame Estelle en lui balançant un coussin.
S'ensuit une bataille en bonne et dûe forme que finit par perdre la jeune femme face à son adversaire masculin et à la douleur qui revient à la charge. Elle frappe le sol de la main comme un judoka battu. Essoufflée, elle demande l'arrêt des hostilités, lui rappelant ses côtes abimées. Yvan allongé près de sa douce, se lève et l'aide à en faire de même d'un geste puissant mais attentionné. Estelle se retrouve contre lui, le visage collé à son torse seulement vêtu d'un tee shirt. Il sent bon. Il sent la quiétude et la stabilité.
Audacieusement, il lui prend le menton, lui sourit en épinglant ses prunelles et dépose un doux baiser sur ses lèvres, recule un tantinet, aux aguets, puis recommence. Elle se laisse emmener là où il le désire. Les bouches s'entrouvrent, les langues se mèlent, les corps se détendent, les mains se repaissent de la peau de l'autre. Hier n'est plus, demain n'est pas encore, seul compte aujourd'hui et ce premier partage d'émotions, d'émotions si fortes qu'Estelle laisse s'échapper quelques larmes. Yvan s'en aperçoit et la serre encore plus fort.
Ils ont soif de mieux se connaitre et la journée file entre les balades, les discussions, les taquineries et les câlins tout en pudeur. Sans oublier l'appel à sa co-détenue qui lui a posé mille questions et a insulté Simon pendant un bon quart d'heure.
Epuisée par ce trop plein d'ivresse et sa nuit quasi blanche précédente, Estelle se met à bailler très tôt dans la soirée.
- Je vais te laisser te reposer. Tu as besoin de dormir au moins douze heures d'affilée !
La jeune femme réalise alors qu'elle va à nouveau se retrouver seule, ce qu'elle refuse catégoriquement. Elle ne veut plus de cette solitude. Les soirées passées avec Julie en prison, à échanger, à rire, à pleurer, à se prendre dans les bras, lui en ont fait prendre conscience.
Elle pose sa main sur le bras d'Yvan qui s'apprête à se lever de table :
- Je...je ne veux pas rester seule. Est ce que tu veux bien rester ? J'ai...j'ai une chambre d'amis.
Le sourire du maître en dit long sur ce qu'il pense. Une chambre d'amis, c'est déjà mieux qu'un canapé...mais moins bien que son lit à elle. Il chasse cette vision.
- Oui, bien sûr, personne ne m'attend même pas un chat répond-il en caressant le dos de Mallow qui louvoie entre les pieds du meuble. Et puis je dors à poil, donc pas besoin de pyjama.
Estelle ouvre des grands yeux surpris, rougit et commence à débarrasser. Le souvenir du mouvement de ses mains sur ses flancs fermes de rugbyman et l'image de cet homme nu dans le lit de la pièce voisine, la fait frissonner. Mais elle a peur, elle a peur de le décevoir, de passer pour une pauvre ingénue qui ne saura que faire de son corps, de ses mains, de ce qu'il pourrait lui faire. Elle se débarrasse de ses pensées en débutant la vaisselle.
Yvan l'observe patiemment, le félin dans les bras, bien content de l'avoir bousculée. Il va devoir apprivoiser sa douce, la mettre en confiance et surtout l'aimer, l'aimer pour la faire sienne.
Quatre jours se sont passés, chacun prend ses marques. Sylviane et son mari ont passé une très agréable soirée auprès du couple en devenir, avant de s'envoler pour l'ile Maurice. Avant de partir, la mamie de l'école a glissé un petit mot à l'oreille de sa protégée :
- Vas y, fonce, il est fait pour toi.
La jeune femme avait juste acquiescé, une nouvelle lueur dans les yeux.
Yvan a fait visiter sa maison à Estelle qui l'a trouvée adorable mais fort petite.
- Pour un célibataire comme moi, c'est suffisant tu sais ?
- Endurci le célibataire ? demande la jeune femme innocemment.
- Endurci ? Tu veux savoir si j'ai eu des nanas dans ma vie hein c'est ça ? lui répond-il en la chatouillant.
Estelle se protège comme elle peut et finit par admettre, hilare, que c'est bien le but de sa question. Son amoureux cesse alors ses chatouilles, la colle virilement contre lui et lui avoue un trait de tristesse dans le regard, qu'il a déjà aimé une femme.
- J'avais vingt et un ans et j'étais très amoureux d'elle. On a vécu en couple pendant quatre ans avant qu'elle ne me jette comme un malpropre. Tu comprends, un instit, ça ne gagnait pas assez pour Madame.
- Oh mince. Ca a dû être difficile non ?
- Oui, j'ai eu un réel passage à vide. Mais John m'a soutenu et donné les coups de pied au cul dont j'ai eu besoin à l'époque, pour ne pas sombrer.
- Et depuis ? s'enquiert Estelle qui ne lache pas le morceau.
- Depuis? Oh ! Une différente dans mon lit chaque week-end !
- Vraiment ? Non... tu ....tu...
Yvan s'esclaffe en voyant Estelle se décomposer.
- Mais non, bien sûr que non évidemment. Je ne suis pas un Apollon et ce n'est pas du tout mon style. J'ai eu une ou deux aventures sans lendemain. Voilà, ça te rassure ?
Il remet une mèche de cheveux derrière son oreille.
- Tu te trompes lui annonce-t-elle très sérieusement.
- Je me trompe, comment ça ?
- Tu es très beau !
- Oh ! C'est gentil ça. Mais comment pouvez-vous le savoir Mademoiselle Lobel ? Vous n'avez pas encore vu grand chose de ma personne.
- Non, répond-elle gênée, non...je parle de la beauté...intérieure.
Yvan ne peut s'empêcher de rire à nouveau. Il adore la taquiner et elle court à chaque fois.
- Oui bien sûr, ma beauté intérieure, celle que tu commences à toucher de plus en plus souvent sans en avoir l'air, comme en ce moment par exemple.
Estelle enlève sa main du dos de son ami. Elle ne s'était même pas rendu compte qu'elle caressait sa peau chaude et douce à cet endroit là.
- Ah non, mais ça ne me dérange pas du tout, au contraire !
Il lève la tête vers le plafond, écarte les bras et lui ordonne, l'oeil coquin :
- Continuez et prolongez ma mie, je suis tout à vous.
Estelle en rit, passablement émue, avant de changer de sujet.
- J'irais bien me baigner, pas toi ?
- Oh si, excellente idée ! Je prends ce qu'il faut et quelques fringues supplémentaires...enfin si tu tiens toujours à ce que je te serve de garde du corps tente-t-il.
Garde du corps...j'en ai tellement envie que tu sois le gardien de mon corps...
Estelle soupire.
- Ah ben je vois que ça t'enchante !
- Oh non ! Pardon, je pensais à autre chose !
- Avec les joues rouges, j'espère que ça me concerne ! rajoute-t-il avec un clin d'oeil.
Au grand dam d'Yvan, la plage et le bord de l'eau sont bondés et sa dulcinée garde quelques distances, ne quittant ni ses lunettes de soleil, ni son chapeau, de peur qu'on ne la reconnaisse. Mais l'appel de l'eau est plus fort que ses réticences. Elle jette ses accessoires sur sa serviette et se précipite dans les vagues. Doucement, elle s'éloigne en nageant vers une annexe à l'amarre. La douleur est bien moins vive et elle apprécie ce moment passé dans l'onde fraiche. Elle s'accroche au bastingage de la barque et en fait le tour.
Yvan la rejoint et cachés par la prame, la serre contre lui pour l'embrasser. Ils coulent instantanément mais cela ne semble pas les gêner. L'étreinte passionnée, en apesanteur, est interrompue par la necessité de respirer à l'air libre. Ils émergent donc pour replonger encore, flottant entre ciel et sable, chahutés par le courant.
Yvan remonte précipitamment, pour tousser et cracher cette eau de mer pernicieuse qui a joué les voyeuses et s'est insinuée dans sa bouche. Estelle en profite perfidement pour reprendre sa nage vers le rivage. Arrivés au bord de la plage, la baigneuse croise ses doigts à ceux de son amoureux, qui sans rien dire porte la main à ses lèvres et en embrasse le dos. Les touristes, aux peaux rougies par des heures de rôtisserie, ont plié bagage. Les deux enseignants se sèchent à leur tour, rangent leur serviette et remontent vers le sentier côtier qui mène à la maison d'Estelle.
- Je me suis permis de nous réserver une table au "Duc de L'Ile" pour vingt heures lance Yvan à la volée.
- Vraiment ? Au "Duc de l'Ile" ? C'est un trois étoiles Yvan !
- Oui et bien, ça en fera une de plus avec toi ! Ca t'ennuie ?
- Oh non ! lui répond-elle en lui prenant le bras. Ca me touche énormément. Tu es adorable. Ca fait une éternité que je n'y suis pas allée.
- Mais bon, je ne crois pas qu'ils nous acceptent en maillot de bain.
- Ah bon ? Ils sont beaux pourtant rajoute-t-elle en regardant leurs bouts de tissu mouillés.
Yvan est ravi, Estelle commence à se détendre et à rentrer dans son jeu. Il poursuit tout de même plus sérieusement.
- Je te raccompagne et ensuite je passe chez moi prendre une douche et me changer. Je reviens pour 19h30. Ok ?
- Ok, pas de problèmes, ça me donnera le temps de me préparer et d'essayer de ressembler à quelque chose.
- Tu es déjà parfaite lui sussurre-t-il dans le creux de l'oreille avant de la laisser sur le pas de sa porte, intimidée. A tout à l'heure !
Qu'il est doux et terriblement agréable d'être ainsi aimée et désirée se dit-elle en entrant.
A son retour, le directeur reste bouche bée devant la femme qui se tient devant lui.
- Whaouh ! John avait raison ! T'es absolument canon en jupe et talons hauts. Et j'adore la couleur de tes lèvres.
- Merci répond-elle pudiquement. Tu es magnifique aussi. Je n'avais pas encore eu l'occasion de te voir en costume. Ca te va très bien.
Yvan lui présente son bras, les yeux brillants de désir qu'il devra réprimer quelques temps encore...
La soirée se déroule dans une ambiance feutrée, parsemée de sourires, de caresses et de silences plus parlants que n'importe quelle parole.
Aucun sujet facheux n'est abordé. Yvan raconte avec humour son enfance auprès de ses parents et de son frère jumeau Javier.
- Javier ? Ce n'est pas très russe en rit Estelle.
- Mon père est d'origine russe oui, mais ma mère est espagnole, alors ils ont trouvé un compromis.
- Ah oui, je comprends mieux la couleur si incroyable de tes yeux.
Une fois rentrés, Yvan embrasse sa compagne tendrement et lui souhaite une bonne nuit, avant de pénétrer dans la chambre qu'il occupe depuis quelques jours. Estelle entre dans la sienne, ferme la porte et s'appuie contre en soupirant. Elle secoue la tête. Elle aurait tant aimé qu'il la pousse dans ses retranchements, qu'il prenne les devants, qu'il la plaque contre le mur pour la butiner, la couvrir de ses mains expertes, sans aucun doute. Et la voilà seule dans sa chambre, l'homme de ses pensées allongé dans le lit d'à côté. Elle a omis un de ses traits de caractère : il érige la notion de respect comme on érige un étendard.
Après s'être battue avec acharnement contre sa raison, elle laisse son coeur et enfin son corps la guider. Elle ressort de la pièce et vient frapper à l'huis tout proche.
- Entre ! entend-elle.
Estelle prend une grande goulée d'air avant de pousser sur la poignée. Yvan est assis le dos calé contre l'oreiller, le dernier Jacques Saussey dans la main. Il lève les yeux vers la jeune femme.
- Quelque chose ne va pas ? T'es encore habillée.
- Non, non, tout va bien. J'ai juste envie de....dormir avec toi.
- De dormir avec moi ? répète-t-il, un battement en moins.
- Oui...enfin non.
- Oui ou non ? lui demande-t-il hilare. Pardon, excuse moi rajoute-t-il face à l'embarras de sa douce.
- Je...Je vais avoir besoin de ton aide.
Les mots sont difficiles à dire. Ces mots qui vous font rougir, qui vous obligent à lâcher prise, qui vous amènent à vous dévoiler.
- Tu as envie de mieux connaitre ma beauté extérieure et ma superbe plastique en somme !
Elle pouffe. C'est si simple dans la bouche de cet homme.
Yvan se lève et vient lui prendre la main pour l'emmener dans sa chambre à elle. Estelle est tendue et il le sent parfaitement. Il va devoir la jouer fine s'il ne veut pas l'effrayer. Une interrogation lui vient à l'esprit.
- Ce sera la première fois Estelle ?
- Non, non se défend-elle, mais ça fait très longtemps. Et j'ai peur de ...
- Chut ! l'interrompt-il en posant son index sur ses lèvres. Fais moi confiance, ok ?
- D'accord.
Ressentant une déflagration dans tout son être mais ne laissant rien paraître, Yvan commence à effeuiller Estelle, attentive à chaque mouvement, vêtement après vêtement. Il ôte rapidement tee shirt et caleçon, la pousse délicatement vers le matelas aux draps déjà froissés par des nuits solitaires et vient se placer au dessus d'elle.
Leurs bouches se cherchent, leurs lèvres s'attrapent, se quittent pour mieux se retrouver. Leurs langues s'enroulent et dansent un slow envoûtant. Leurs corps s'épousent, se frôlent puis se frottent. Leurs mains partent en quête, suivent les courbes, se gorgent de la peau de l'autre. Leurs souffles accélèrent, leurs coeurs s'emballent, des sons leur échappent. Leurs sens en éveil surfent sur cette vague qui les guide peu à peu vers ce sommet de jouissance, qui vous laisse suffocant et béat de plaisir.
La nuit est à eux et ne suffira pas à étancher cette soif qu'ils ont l'un de l'autre.
Un matin, alors que les deux tourtereaux discutent dans le jardin, des cris les interrompent.
- Ouh ! Ouh ! y'a quelqu'un ?
- Ah ben enfin ! On a cru que vous étiez morts !
John et Julie arrivent l'un après l'autre, le visage radieux.
- Tout de suite, faut que tu exagères !
Moultes embrassades passées, la grande blonde entraine Estelle dans la cuisine, laissant les deux hommes à leurs papotages masculins.
- Alors ? J'ai failli pas te reconnaitre ! T'es superbe ! T'as une mine de dingue ! Il te fait grimper aux rideaux hein c'est ça ? Je le savais, c'est un super coup ! Quoi ?
- Tu me laisses parler oui ? D'abord, tu ne me laisses plus jamais sans nouvelles ! J'ai eu peur moi !
- Peur que quoi ? Que John me flingue et me découpe en petits morceaux ?
- Non évidemment ! Mais vous avez disparu l'autre jour sans rien dire et on ne vous a pas revus depuis.
- Euh ouais...on n'est pas sorti de chez lui.
- Depuis la semaine dernière ?
- Euh non...
- Vous avez fait quoi pendant tout ce temps ?
- Estelle, tu plaisantes ?
- Non pourquoi ?
- Ben, à ton avis !
- Non, vous n'avez pas...
- Si, il baise comme un Dieu ! Et son accent ! Rien que ça et je grimpe aux rideaux toute seule !
Estelle rit de bon coeur.
- Un vrai flash dis donc ! Mais tu as quelques sentiments ?
- Ah je me disais aussi. Madame la Baronne revient en force. Baiser pour baiser, ça te chagrine !
- Non ! se défend Estelle, mais c'est mieux je pense !
- Rassure-toi, je t'enquiquine. Je suis raide dingue de ce type. Bon et toi alors ?
- Il est très gentil et attentionné..
- Non mais ça je m'en fous. On le sait...Au pieu, il est comment ?
La maîtresse s'exclaffe, heureuse au plus haut point de retrouver son amie.
- Il baise comme un Dieu.
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Bon ben maintenant, on le sait.
Ce qu'on ne me fait pas faire....
Vous vouliez du sweet ? Et ben voilà...
Cette fois c'est le dernier des derniers hein ?
Merci !!!
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