X. Explosion

°°Chaque coup de colère

Est un coup de vieux,

Chaque sourire est

Un coup de jeune°°

Proverbe chinois


Je me réveillais tard dans la matinée du samedi matin car je n'avais pas réussi à m'endormir avant une heure avancée dans la nuit. Les yeux embués par la fatigue, je me levais doucement de mon lit et me dirigeais vers mon plateau repas car j'avais manqué l'heure du petit-déjeuner dans le réfectoire. Arrivée au niveau de la fenêtre près de mon fauteuil, j'ouvris brusquement les rideaux. Je fus éblouie mais le soleil matinal me permit de mieux me réveiller. Ne voulant pas manger trop tard, je m'installais directement dans mon fauteuil et je rapprochais mon plateau de moi. Tandis que je mangeais, Martin passa voir si tout se passait bien. Il ouvrit la fenêtre pour amener un peu d'air frais dans la pièce. Puis, il m'aida à choisir mes vêtements et promit de revenir m'aider à les enfiler quand j'aurais fini mon repas. Je mangeais lentement pendant que la brise du matin fouettait mon visage. La matinée était plutôt fraîche et le ciel était grisonnant malgré le soleil qui essayait de poindre à travers les nuages compacts. J'imaginais facilement que nous allions avoir une averse durant la journée. Tandis que j'observais le paysage, j'entendis Martin rentrer dans ma chambre pour m'habiller. Nous avions choisi une longue jupe noire surmontée d'un chemisier avec des fleurs et d'un petit cardigan lui aussi bleu. N'ayant aucunes compétences dans ce domaine, il appela une autre aide-soignante pour me coiffer. Celle-ci passa seulement quelques coups de brosse pour discipliner mes cheveux et je fus enfin prête. Je n'avais pas envie de passer le reste de la matinée dans ma chambre et je décidais donc de prendre l'ascenseur pour me rendre dans la salle de jeux des Rosiers. Il y avait là-haut des jeux d'échecs, de dames ou de cartes. Des animateurs venaient souvent nous voir et nous proposer des activités comme des cours de danse adaptés pour nous ou des spectacles. Les résidents des Rosiers venaient souvent ici pour ne pas se trouver seuls dans leur chambre. Je n'allais presque jamais là-haut sauf quand les activités étaient obligatoires. Les animateurs furent donc surpris de me voir débarquer dans la salle. Ils étaient tous contents pour moi de voir que je sortais plus et que je voyais plus de monde. Ils m'accueillir à bras ouverts et me proposèrent de faire une partie d'échecs avec Victor. C'était une force tranquille que la vie n'avait pas épargnée. Il était né sourd à une époque où les différences n'étaient pas vraiment acceptées. Il était mon aîné de trois ans et nous nous étions bien entendu durant les seules fois où j'avais parlé avec lui. Personne ne parlait la langue des signes dans la maison de retraite mais nous arrivions à communiquer en utilisant l'ardoise qu'il baladait toujours avec lui. Ne pouvant pas parler car il n'entendait rien, Victor se plongeait souvent dans des livres et le personnel des Rosiers s'était même cotisé pour lui offrir une bibliothèque plus grande que la petite qu'il avait dans sa chambre et qui débordait de livres. Le vieil homme pouvait passer des heures entières prêts de la bibliothèque de notre salle de jeux à classer des livres. Il s'occupait aussi en faisant des fiches de lecture pour chacun des livres qu'il dévorait. Il paraissait beaucoup plus en forme que moi avec ma canne. Il passait souvent ses week-ends à faire des balades avec ses enfants. De ce que les aides-soignantes m'avaient raconté quand il était arrivé il y cinq ans, Victor était un ancien architecte brillant dans son domaine. Ces enfants l'avaient placé dans cette maison de retraite car l'homme ne supportait plus la solitude depuis qu'il avait perdu sa femme. A sa mort, il s'était retrouvé seul dans le silence le plus complet. Pour ma part, c'était moi qui, sept ans auparavant, avais décidé de venir ici car je n'arrivais plus à m'occuper de ma maison et de moi toute seule. Je n'avais pas beaucoup d'amis parmi les autres personnes âgées sauf Sophie mais les autres habitants de l'établissement m'appréciaient et discutaient volontiers avec moi.

Tandis que j'étais plongée dans mes réflexions, Victor avait déjà sorti le jeu d'échecs et m'attendait pour commencer. J'avais les pièces blanches et commençais donc à jouer en premier. Je n'étais pas la meilleure mais je me débrouillais plutôt bien. C'était Putti qui m'avait initié à ce jeu. Avec mon frère et ma sœur, nous passions de nombreuses heures tous les soirs dans des tournois endiablés contre notre père que nous n'avons jamais réussi à battre même avec l'aide de Mutti, qui était le surnom de notre mère. Quand nous jouions tous les trois avec mon frère et ma sœur, le plateau finissait souvent par voler à travers la pièce car nous étions tous les trois de très mauvais joueurs. Les disputes se terminaient souvent par Mutti qui venait intervenir pour nous séparer et nous envoyer dans nos chambres respectives. Nous ne restions pas bien longtemps fâchés et lendemain matin tout était oublié.

Victor, contre qui je jouais maintenant, avait presque le même niveau que moi et le nombre de victoires entre nous était donc équitable. Ce matin-là, nous fîmes trois parties et, malheureusement pour moi, il en gagna deux sur les trois. Il me serra la main après nos parties et je me levais pour laisser la place à d'autres adversaires de jouer contre lui. Je regardais ensuite ma montre et vis qu'il était bientôt l'heure de manger. Je me dirigeais donc tranquillement vers la salle à manger. Les autres résidents me suivirent et, en quelques minutes, la pièce fût pleine. Les aides-soignants passèrent entre les tables avec de grands bacs de nourriture qu'ils distribuaient à chaque personne. La nourriture aux Rosiers était plutôt bonne même si je préférais largement les plats que je me concoctais lorsque j'en étais encore capable. J'étais une bonne cuisinière, adorant préparer des plats pour ma famille. Dans les affaires que j'avais apportées avec moi aux Rosiers, j'avais pris mon précieux carnet de recette où j'avais consigné de nombreuses idées de repas. Les pages étaient fragiles mais le vieux livre était encore largement utilisable. Je n'avais pas pu emmener beaucoup de choses avec moi dans la maison de retraite, car les rangements n'étaient pas nombreux dans ma chambre. J'avais donc sélectionné ceux qui étaient les plus importants à mes yeux. J'avais donc surtout pris des souvenirs, des vêtements et seulement quelques meubles. J'aimais bien cet endroit et malgré le peu de personnalisation de ma chambre, je m'y sentais bien et comme chez-moi. De plus, j'étais heureuse car mes enfants n'avaient jamais vendu la maison dans laquelle je vivais avant de venir aux Rosiers. Elle était restée inhabitée durant plusieurs années avant qu'Isaac et Noémie ne décident d'y habiter et d'y fonder leur famille. J'étais heureuse que la bâtisse dans laquelle j'avais élevé mes enfants reste la propriété des Siron. Ma maison était dans un petit village de campagne et possédait un immense jardin où mes arrière-petits-enfants pourront naturellement y jouer durant des heures. Le bâtiment datait de la fin de la Seconde Guerre mondiale et avait été construit grâce aux pierres des autres édifices qui s'étaient écroulés. Il y avait à l'intérieur cinq chambres mais, l'une d'entre elles, me servait de bureau. Les pièces étaient spacieuses et l'on ne se marchait jamais dessus. Quand j'étais mariée avec Pierre, nous vivions dans une autre maison bien plus grande que nous avions pu nous offrir grâce au travail d'avocat de mon ex-mari. Il l'avait gardé car c'était lui qui l'avait en grande partie payée. Quand j'étais partie du jour au lendemain, je m'étais réfugiée chez mes parents et j'avais économisé mon argent pour pouvoir acheter une maison. Malheureusement, je n'avais pas assez dans mon compte en banque et Pierre, dans sa grande bonté, m'aida pour payer le reste. Il ne me donna jamais de pension pour subvenir aux besoins de nos enfants mais il m'avait grandement aidé à acheter une maison. Je lui en serai éternellement reconnaissante. Les enfants avaient donc pu grandir dans un bel endroit. Cette habitation me tenait vraiment à cœur car elle marquait mon indépendance. Je n'étais plus mariée et je ne vivais plus chez mes parents. C'était ma propre maison. Voir mes petits-enfants reprendre cette vieille bâtisse fut pour moi comme un accomplissement. Même si j'avais dû l'abandonner pour venir vivre aux Rosiers, je voyais qu'elle n'était pas oubliée.

Après mon repas, je retournais donc dans ma chambre pour attendre l'arrivée d'Hélène, d'Agnès et de Charlotte. Ma cadette était très ponctuelle et lorsque le clocher au loin sonna quatorze heures, je vis, par la fenêtre, arriver sur le parking une voiture et en sortir les trois jeunes femmes. Mes deux filles m'aidèrent à mettre mon manteau et mes chaussures tandis que Charlotte prenait mes affaires et les plaçait dans mon sac à main. Notre quatuor était très excité à l'idée de voir la robe de la future mariée. Agnès et Charlotte l'avaient déjà vue mais elles étaient impatientes devoir ma réaction. Je savais seulement que la robe avait été prévue pour que le ventre de grossesse de ma fille ne la gêne pas lors du mariage. Celui-ci était prévu dans quelques mois et le ventre de ma cadette risquait de s'arrondir d'ici-là. Nous nous installâmes dans la voiture et Hélène nous conduisit jusqu'à la boutique qui se trouvait à Nancy. L'endroit semblait charmant et on entrevoyait de nombreuses robes à travers la vitrine. J'étais si heureuse pour ma fille. Cela me faisait bizarre de me dire que j'allais voir mon dernier enfant se marier. Toute ma progéniture avait déjà quitté le foyer familial depuis longtemps mais c'était autre chose de les voir se marier. J'étais si émue de voir Hélène prendre son envol. L'émotion avait aussi été présente lors du mariage de Nathan et d'Agnès mais elle était différente. Même si j'étais fière d'eux et contente pour eux, je me disais toujours qu'il me restait un enfant à couver et que j'étais encore très jeune. Sauf que, désormais, ma dernière fille se mariait et je ne me sentais plus si jeune que cela. Je me rendais enfin compte que de nombreuses années avaient passé depuis la naissance de ma cadette. Les années s'étaient écoulées à une vitesse affolante.

Hélène était rentrée la première dans la boutique suivie d'Agnès. J'étais la dernière derrière Charlotte. Une douce odeur de lavande flottait dans l'air. Tout était d'une blancheur extrême. La pièce était d'un blanc éclatant à cause des housses en plastique qui couvraient chacune des robes. Celles-ci se comptaient par centaine. Ma cadette semblait être une habituée de l'endroit et elle nous dirigea directement vers le comptoir où discutaient les trois vendeuses de la boutique. L'une des trois femmes embarqua avec elle Hélène et la conduisit vers une cabine d'essayage tandis que les deux autres nous accompagnèrent dans un petit salon avec au centre une estrade. Les deux commerçantes prirent nos vestes et nous proposèrent du cafés et des biscuits. Nous discutâmes entre nous pendant que l'on entendait des froissements de tissus dans la cabine au loin. Après quelques minutes, l'une des marchandes, qui était avec nous, nous intima de fermer les yeux. Nous exécutâmes et nous entendîmes alors la robe glisser sur le sol et les talons d'Hélène claquer dans un rythme régulier. Grâce aux sons, je compris qu'elle montait sur la petite marche au centre et qu'elle se tournait vers nous. Puis, l'une des vendeuses fit un décompte avant que l'on ouvre à l'unisson les yeux.


Ma fille se tenait devant nous dans une magnifique robe blanche. On avait placé dans ses cheveux un voile et elle tenait dans ses mains un bouquet. La robe était simple mais je supposais, qu'avec quelques accessoires, elle serait parfaite. La robe était composée de deux longues bandes de tissus qui se croisaient à l'avant et à l'arrière du vêtement. Le tissu était cintré grâce à une fine ceinture de strass qui soulignerait le ventre d'Hélène quand il serait plus rond. C'était des manches courtes très simples et il n'y avait aucun morceau de tulle ou de dentelle. C'est ce qui faisait le charme de l'habit. Ma fille semblait soucieuse de mon avis et me regardait intensément, attendant sûrement mon approbation. Je me levais donc et me plaçais juste devant elle. Je saisis ses mains dans les miennes et lui dis ces mots :

« Tu es magnifique, comme un ange tombé du ciel. Je t'aime tant ».

C'est là qu'elle relâcha tout son stress et qu'elle pleura dans mes bras. Sa sœur et sa meilleure vinrent me rejoindre et la prirent aussi dans leurs bras. Nous restâmes quelques instants dans cette position avant que je ne relève la tête de la future mariée et que j'essuie ses larmes. Elle lâcha un rire nerveux avant de se redresser et de se regarder dans le miroir. Agnès, Charlotte et moi, nous retournâmes à nos places et nous observâmes Hélène de plus loin. La jeune femme posa alors jalousement sa main sur son ventre avant de dire :

« Au moins, je ne serais pas serrée dans ma robe avec le bébé. »

Son amie et sa sœur sursautèrent alors et s'écrièrent en chœur :

« Tu es enceinte ? »

Ma cadette acquiesça alors d'un signe de tête et les regarda, amusée par leur surprise. Les deux femmes restèrent bouches bées avant de sauter dans les bras d'Hélène. Elles l'étreignirent de toutes leurs forces et la félicitèrent. Je me sentais alors comme un vieux sage, dans le fond, à les regarder sauter de joie. Hélène les autorisa alors à le dire à leur famille mais elle précisa qu'elle ferait l'annonce officielle de la grossesse et du sexe du bébé lors du mariage. Celui-ci n'était prévu que dans quelques mois et ma cadette saurait alors si elle attend un petit garçon ou une petite fille. Agnès et Charlotte étaient complètement ébahies face à cette soudaine annonce. Nous discutâmes encore quelques minutes des détails de cette surprise avant qu'Hélène ne fasse une remarque à sa sœur par rapport au sac qu'elle avait apporté avec elle dans la boutique. Je savais ce que contenait le bagage qu'avait apporté Agnès car c'était moi qui lui avais demandé de le prendre. Il y avait, à l'intérieur, la tiare de notre famille qui était passée de main en main durant les décennies. Elle ressemblait à une petite couronne sertie de diamants. Elle était fine et pouvait se poser aisément sur un chignon. Mon aînée attrapa le cabas et le tendit à Hélène. La jeune femme ouvrit le sac et se trouva nez à nez avec un joli coffret en velours bleu qui renfermait la tiare. De plus en plus surprise, la future mère découvrit le bijou. En le voyant, elle lâcha un cri d'étonnement avant de venir toucher du bout des doigts les pierres qui ornaient le diadème. On lisait, dans ses yeux, un émerveillement certain. Elle n'osait pas y croire. Charlotte se leva alors et s'approcha de son amie pour la coiffer de l'ornement. Puis, elle rabattit le voile sur la tête de la future mariée. Celle-ci se tourna alors vers le miroir et se regarda éblouie par son reflet. Elle resta ainsi pendant de longues minutes avant de me regarder. Hélène souffla un bon coup avant de déclarer :

« Mansa, Agnès a eu la chance d'avoir été conduite à l'autel par Papa. Malheureusement, il est mort avant que je puisse moi aussi me marier. Je voulais donc te demander, malgré les traditions, si tu pouvais m'emmener près de l'autel le jour de mon mariage ?

Je m'attendais à cette requête car je savais qu'Hélène n'aurait voulu personne d'autre que ses parents pour la conduire vers celui qu'elle aime. Sa demande était légitime et j'étais fière de pouvoir l'exécuter. Je lui répondis donc :

-Avec plaisir ma chérie, tu auras ta mère à tes côtés pour aller jusqu'à l'autel. Je te le promets. »

Ma cadette descendit alors de l'estrade et vint m'enlacer avant de s'exclamer pour dire qu'elle avait passé une merveilleuse après-midi.

Cela faisait déjà presque deux heures que nous étions dans la boutique et nous décidâmes de rentrer. Nous passâmes près de la caisse et je me désignais pour régler les frais liés à la robe de mariée. Hélène fit tout pour m'en empêcher mais j'étais très obstinée. C'est pourquoi, en sortant du magasin, ma fille ne cessait de me remercier.

Tandis que nous marchions, je m'exclamais alors en m'adressant à mes filles :

« Je suis si fière de vous avoir élevé. »

Agnès me lança un sourire bienveillant mais Hélène, qui marchait juste devant moi, se retourna brusquement et faillit me bousculer. Elle me toisa d'un regard qui n'exprimait plus du tout la joie et s'écria furieuse en plein milieu de la rue :

« Comment ça, tu es fière de nous avoir élevé ? Tu as peut-être éduqué Agnès et Nathan mais certainement pas moi. Je n'ai aucun souvenir de notre vie tous les cinq quand Papa et toi étiez encore mariés et heureux. Tu es partie du jour au lendemain avec pour seule consolation une lettre posée sur la table de la cuisine. Tu ne nous as jamais prévenus de quoique que ce soit. Tu es partie, tout simplement. J'ai vu la face la plus terrible de mon père et j'ai vu mon frère et ma sœur complètement déboussolés. Je ne me souviens plus exactement des événements mais le sentiment est resté. J'avais trois ans et, quand je suis rentrée en maternelle, on me posait des questions sur ma mère et je n'ai jamais su quoi répondre car je ne savais pas où tu étais ni comment tu allais. Papa allait très mal et il pleurait beaucoup car il s'imaginait déjà lire un article sur le cadavre d'une femme qu'on aurait retrouvé et qui serait peut-être toi. Ses mains tremblaient quand il voyait les informations à la télévision. Il était terrifié pour toi tandis que tu courrais la campagne sans nous donner de nouvelles. Enfin, quand tu es réapparue, c'était pour Papa une bénédiction de savoir que tu étais vivante même si vous alliez divorcer. Nous avons alors habité entre vos deux maisons. Saches que je préférais largement être chez Papa même si je t'aimais. Quand nous étions chez-toi, tu n'étais jamais là. Tu étais toujours au travail. Tu partais tôt le matin et revenais tard le soir. On avait pourtant tant besoin de toi pour surmonter le chagrin de voir nos parents se séparer. Papa, Nathan et Agnès étaient les seuls à me câliner car tu n'avais jamais le temps pour cela. Ma sœur serait plus à même de se faire appeler Maman que toi. Tu n'étais jamais là pour nous. Tu fais maintenant partie de nos vies plus que jamais et je t'ai pardonné mais je t'interdis de t'attribuer les mérites des autres. Papa, mon frère et ma sœur ont été les seuls à m'élever. Je t'aime Mansa mais ne dis jamais que tu étais là pour nous quand nous étions enfants. »

Ses paroles se déversèrent sur moi comme un tsunami et me bouleversèrent profondément. Elle venait de me reprocher tout ce que j'avais peur qu'on me reproche un jour. Hélène venait de mettre le doigt sur le point le plus sensible de mon cœur. Elle était énervée et me regardait sauvagement. Les joues encore rouges de colère, ma fille se retourna et partit vers la voiture. Agnès saisit alors ma main et m'offrit un sourire désolé avant de m'entraîner vers le véhicule.

Le trajet retour fut macabre car il n'y avait aucun bruit dans l'habitacle. Hélène me déposa aux Rosiers et lâcha un ''Au revoir'' sec avant de repartir. J'étais esseulée sur le parking tandis que la pluie qui menaçait depuis le matin s'abattit sur moi.



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