°°Ce n'est pas la fin. Ce n'est même

Pas le commencement de la fin.

Mais, c'est peut-être, la fin du

Commencement.°°

Winston Churchill

Arlette était assise sur une chaise en plastique, au milieu de la salle de jeux des Rosiers. Elle était souriante et son visage n'avait jamais eu autant de couleurs que ce jour-là. D'autres personnes âgées l'entouraient. Gisèle écoutait passionnément l'histoire contée par Arlette. Victor regardait les lèvres de sa camarade bouger sans entendre le moindre son mais il parvenait à lire les mots sur la bouche de la vieille femme. D'autres personnes étaient avec eux et écoutaient presque religieusement les paroles énoncées. Arlette avait changé depuis qu'elle avait raconté la vérité à ses enfants. La femme était bien plus ouverte aux autres. Ce matin-là, elle avait décidé de raconter aux autres résidents des Rosiers son histoire depuis que Mathilde était rentrée dans sa vie. Elle parlait de son frère et de sa sœur et de leur terrible séparation. Cela lui faisait du bien de raconter son histoire. Ça lui permettait d'être mieux dans son corps et avec son passé douloureux. La soirée précédente, la vieille femme avait discuté avec son amie Louise. Arlette avait proposé l'idée de faire des groupes de parole dans la maison de retraite. Elle imaginait facilement qu'elle n'avait pas été la seule à souffrir dans sa jeunesse et elle savait désormais que cela faisait un bien fou de parler de ses problèmes aux autres. L'aide-soignante en avait parlé à la directrice de l'établissement qui avait apprécié l'idée d'Arlette. Le lendemain, une partie des résidents était donc réunie dans la salle de jeux de la maison de retraite. L'amie de Louise, étant de l'instigatrice de ce mouvement, avait proposé de parler la première. Et c'est ainsi qu'elle se retrouvait à parler de ses aventures à ses voisins de chambre. Le changement de personnalité d'Arlette était immense entre le début du printemps de cette année 2018 et la fin de l'été de cette même année. Elle n'était plus du tout renfermée sur elle-même et son rire résonnait souvent à travers les murs des Rosiers. Elle semblait enfin être elle-même. Ce changement était dû à l'arrivée dans sa vie de la jeune et pétillante Mathilde et de la discrète et sensible Louise. Les deux femmes observaient d'ailleurs leur amie qui parlait de son passé. Elles se tenaient contre le mur et regardaient tendrement Arlette s'épanouir. L'aide-soignante et la journaliste semblaient, elles aussi, très heureuses d'avoir pu aider une vieille femme à s'en sortir.

Louise, d'ailleurs, dans le plus grand secret, pensait qu'elle aurait voulu aider encore son amie. Et, tandis que celle-ci parlait de sa jeunesse, l'aide-soignante se promit de tout faire pour retrouver Jules et Marie qui manquaient tant à Arlette.

Mathilde, quant à elle, était fière du livre qu'elle avait écrit sur la vie de la vieille Arlette Siron et elle avait hâte de le présenter à une maison d'édition.

La tempête dans la tête d'Arlette ne faisait plus rage et tout allait pour le mieux aux Rosiers.

Fin