Chapitre XXXIV


Retour des personnes qui avaient pu lire le chapitre XXXIV en avant première :

« Ce chapitre est à la fois remplit d'une extrême douceur, et à la fois, violent. Avec tout l'océan d'émotions qui s'en dégage, à la fin on a la gorge serrée.»

« Le meilleur chapitre de l'histoire, il est tellement captivant qu'on ne souhaite pas que ça s'arrête. Il nous fait passer par toutes les émotions. C'est un chapitre incroyable. »

« Ce chapitre mélange tension, fureur et violence à l'état pur. Il est authentique et très original de par les moments qu'il décrit qui sont totalement ancrés dans la réalité. »

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TW : Ce chapitre contient des scènes de violences sexuelles, d'abus émotionnels et des descriptions de maltraitances.
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- Pourquoi est ce que mon safeword est ton nom ?

J'étais au volant de la Tesla que Mia nous avait réservé pour notre séjour. C'était la première fois que je conduisais Kendall, elle avait fortement grimacé mais finalement elle avait l'air de pas mal apprécier. Je conduisais bien. J'avais appris tôt, dès mes 16 ans. Mon père avait été d'une telle patience et d'une telle pédagogie que j'avais acquis de bonnes bases. Cependant je savais que si Kendall me laissait conduire c'était uniquement parce qu'elle n'avait pas l'habitude de conduire avec le volant à droite comme c'était le cas en Australie, contrairement à moi, à qui il avait suffit de quelques minutes pour que je reprenne la main.

- C'est toujours de cette manière que l'on m'a réprimandé.

Je quittais légèrement la route des yeux pour regarder ma petite amie qui avait la mine sérieuse.

- Je vois, mais comment est ce qu'on fait si un jour c'est toi qui a besoin de...

Je m'arrêtais, pesant mes mots, mes yeux fixés sur la grande route, mais je devinais aisément le froncement de sourcil de Kendall.

- De poser une limite, de te protéger de moi ?

Les mains serrées sur le volant de la voiture, agréable à conduire, j'attendis une réponse qui ne vint pas. Je déglutis difficilement avant de lancer un regard furtif vers Madame Jones.

- Pourquoi voudrais-je me protéger de toi Atlantis ? Me demanda t'elle d'une voix neutre.

- Je ne sais pas, on ne sait jamais. Nous avons tous des limites que l'on aime pas que l'on franchisse, enfin je suppose, dis-je d'une voix incertaine en doublant un camion.

Kendall sembla pensive.

- Bébé, je n'aime pas le fait que tu ressentes toujours le besoin que de prendre des pincettes lorsque tu veux me demander quelque chose. Est ce que tu voudrais que nous ayons un safeword que l'on pourrait utiliser toutes les deux ?

Je hochais la tête, un petit sourire sur les lèvres. Madame Jones sembla évaluer cette demande.

- Et tu veux que je choisisse ? Me demanda t'elle après quelques secondes.

- Oui, si tu veux bien.

Pendant que je roulais à bonne allure sur l'autoroute ma petite amie se mit à tripoter sa chaîne en or.

- Tu connais déjà mes limites, il me semble Atlantis. Je ne crois pas avoir besoin de me protéger de toi, si ?

Mes mains se crispèrent sur le volant, et ma gorge se noua. Je savais les yeux de Ken fixés sur mon visage et j'étais bien contente d'avoir les yeux concentrés sur la route pour ne pas avoir à soutenir ce regard.

- Non, non pas du tout dis-je d'une voix douce. Mais nous avons tous des limites, émotionnelles comme physiques que l'on aime pas que l'on franchisse.

Kendall ne dit rien pendant quelques instants. Et je fini même par me dire qu'elle n'était pas emballée par mon idée.

Sans même m'en rendre compte, je me mis à tapoter nerveusement le volant. J'étais heureuse d'être dans mon pays pour pouvoir mettre la lumière sur mon passé et mes origines mais cet appel d'Erika ne m'avait donné qu'une envie : rentrer à New York pour régler cette histoire qui mettait mon couple en danger.

...

- Alors c'était vraiment vous toute cette histoire, avais-je soufflé en m'enfonçant dans le fauteuil de l'aéroport. Comment pouvez vous vouloir autant de mal à votre fille ? M'étais-je énervée. Pourquoi vous la détestez autant ?!

Erika n'avait rien répondu mais elle était toujours là, à l'autre bout du fil. Mes yeux s'étaient irrités et j'étais à la fois en colère, triste et impuissante.

- Érika s'il vous plaît, ne faites pas ça, je vous en supplie laissez tomber cette histoire peu importe quelles sont vos motivations. Je ne vous demande rien simplement de nous laisser tranquille, avais- je tenté.

Il y eut un silence mais la mère de Kendall était toujours là. Je m'étais tu, de toute manière je n'avais rien à dire de plus, j'étais pieds et mains liés. Puisqu'Erika était la tête de toute cette maudite opération elle devait avoir accès à mes messages avec Marie-Anne, à nos appels et peut être même à des enregistrements de nos rencontres. Tout ça sortit de son contexte pouvait même faire croire que je faisais partie de tout ça depuis le depuis, que j'avais voulu faire du mal à Kendall alors que pas du tout, je m'étais stupidement retrouvée dans ce plan et on m'avait juste piégé avec un appât, mais Madame Jones n'avalerait jamais ça et à sa place je ne l'aurais pas cru non plus.

- C'est tout ? Avait retentit de nouveau la voix glaçante de l'autre femme, sexagénaire.

Nerveuse, je m'étais finalement levée pour tourner en rond au niveau de ce salon privé de l'aéroport.

- Pardon ?

- C'est tout ce que vous avez ? J'ose espérer que vous n'avez pas fais demander à ce que je vous appelle simplement pour vous lamenter et me supplier de ne pas faire ce que j'ai l'intention de faire, comme si j'allais gentiment accepter. Kendall a au moins toujours eu le mérite de les aimer intelligentes alors je vais vous accorder le bénéfice du doute parce que je n'aime pas les victoires aussi faciles. Battez vous, rendez ce jeu un peu excitant même si vous savez que je vais gagner. Battez vous pour elle puisqu'apparemment vous l'aimez, offrez moi du spectacle, avait elle soupiré avec lassitude.

Mon visage s'était figé et sans doute décomposé, j'avais l'impression de m'adresser au diable en personne ou d'être dans un mauvais rêve. Qu'est ce qui ne tournait pas rond chez cette femme ?

- Vous êtes malade, avais-je grogné.

Erika Jones ria, et j'en eus des frissons.

- Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour briser Kendall et ensuite la récupérer à la petite cuillère comme le fais une gentille maman. Soit elle l'accepte, soit elle flanchera toujours, jusqu'à ce que je la récupère. Quand elle saura que le petit monde factice qu'elle a crée avec vous n'est basé que sur un tissu de mensonge c'est dans mes jupons qu'elle viendra pleurnicher et cette fois son cœur sera tellement meurtrie qu'elle abdiquera.

- Vous avez maltraité votre fille jusqu'à ce que son père ait été contraint à l'exiler, vous cherchez à détruire tout ce qu'elle construit, vous n'acceptez pas son orientation sexuelle mais vous prétendez l'aimer et vouloir la récupérer ? M'indignais-je.

A l'autre bout du fil Erika avait semblé soupirer.

- Je crois que c'est le moment de tout dire à votre bien aimée Atlantis, bien que nous connaissions l'issue inévitable de cette histoire, je vous assure que je ne vous ferais aucun cadeau si c'est moi qui la raconte.

Je m'étais apprêtée à répondre quand Erika m'avait devancé, enchaînant, d'une voix cynique.

- Je suis une femme de terrain, je ne lui dirais à rien à distance alors profitez de votre petite escapade qui n'est en fait qu'un sursis et prenez ça comme une faveur de vous à moi.

Je n'eus le temps de rien répondre car le bip du téléphone se fit entendre.

J'avais eu la poitrine douloureuse, les doigts qui picotaient, et les yeux humides. C'était douloureux, comme si on m'avait asséné un coup violent et je m'étais tétanisée jusqu'à ce qu'une annonce aéroportuaire me fasse sursauter et que je ne me sois reprise, je soupirais avant de composer le numéro de Jack.

- C'est Erika Jones. C'est elle qui est derrière tout ça, avais-je lancé d'une voix affolé et rapide en regardant par dessus mon épaule pour m'assurer que Kendall n'arrivait pas encore.

- Quoi ? Calmez vous Atlantis. Comment pouvez-vous en être aussi sûre ?

- Je viens de lui parler ! Crachais-je. J'ai besoin de votre aide Jack. Vous pensez que c'est possible de récupérer un enregistrement de cet appel comme apparemment vous avez un informaticien qui pirate les téléphones des gens, c'était juste avant que je ne vous appelle ?! Piquais-je.

Il n'y avait eut aucune réponse, ce n'était absolument pas le moment de se demander si je disais vrai.

- Jack ! Lui avais-je crié dessus.

L'homme de main de Ken avait soupiré.

- Non. Votre téléphone n'est plus sur écoute, Madame Jones l'avais fais demandé.

Je jurais.

- Si ce que vous dites est vrai je vous aiderais. Je vais mener ma petite enquête, et essayer de voir comment je pourrais vous aider parce qu'Erika Jones est un poison pour Kendall. Je ne la laisserais pas faire. En attendant ne m'appelez plus et ne faites rien jusqu'à votre retour.

- Jack...

- Ne faites rien Madame Kayslar, m'avait il répété. On s'occupera de régler cette histoire sordide à votre retour. Je ne peux pas vous aider à distance et nous ne pouvons pas prendre le risque que Madame Jones nous entende parler de tout ça alors que vous êtes seule avec elle, à l'autre bout du monde.

J'avais levé les yeux au ciel en me mordant la lèvre, retenant toute les émotions désagréables qui montaient en moi.

- Kendall ne me ferait jamais le moindre mal Jack, même en colère, avais-je soufflé.

- Je n'en doute pas mais ce n'est pas pour vous que je m'inquiète c'est pour elle. Ne faites rien s'il vous plaît.

J'avais soupiré, mais avais sagement opiné du chef comme ci l'employé de Ken pouvait me voir, avant de raccrocher.

...

- Océan, me dit Kendall, chassant mes pensées désagréables.

J'entrais dans notre quartier résidentiel familier du sud de Canberra, qui était composé d'une dizaine de district faisant penser à un labyrinthe de maison de barbies, aux pelouses tellement vertes qu'elles semblaient artificielles et aux piscines turquoises. Je tournais furtivement mon regard vers la belle femme d'affaire assise à mes côté.

- J'ai toujours eu une peur bleu de l'océan. Petite j'avais même très peur de nager. Ce temps est résolu évidemment en grandissant on parvient à combattre certaines craintes irrationnelles.

J'avais souris faiblement. Kendall qui avait peur de quelque chose ? Tiens donc.

- L'océan est profond, infini, sombre, déchaîné, c'est..

Kendall s'interrompît.

- D'une immensité et d'une profondeur effrayante. Et je crois que ça représente bien toutes mes sens interdits, alors ça devrait faire un bon safeword.

Surprise, et alors que je n'avais pas encore compris que c'est là que menait la courte tirade de ma petite amie, je lui jetais un rapide coup d'oeil, un large sourire aux lèvres. La jolie main de Madame Jones se posa sur ma cuisse habillée de mon pantalon, l'enveloppant de chaleur.

- J'espère que nous sommes bientôt arrivées parce que les voitures me donnent toujours de mauvaises idées.

Un sourire espiègle sur les lèvres, je haussais un sourcil avant de rire.

...

Ma maison. La maison de mes parents. En me garant sur la place goudronnée prévue pour le parking de la voiture de mon père, devant notre maison, je fus prise d'une émotion que je tentais tant bien que mal de contenir. Tout avait changé mais en même temps tout était identique. Notre quartier presque fantôme maintenant que tous les enfants avaient grandis et pris leur envol. Le plus tragique était qu'en observant la façade de notre maison, on ne pouvait s'imaginer qu'elle avait été désertée, j'avais l'impression qu'en ouvrant la porte j'allais tomber sur ma mère qui aurait préparé un bon déjeuner et mon père qui jouerait un morceau de guitare. Et pourtant tout cela était factice, la maison était toujours entretenue car Derreck et moi payions tous les mois pour ça mais c'était bel et bien tout ce qui nous restait. J'avais la chair de poule malgré l'air chaud et les yeux humides. Revenir ici ouvrait une clave d'émotions.

Alors que je venais d'éteindre le contact de la Tesla que je conduisais, Madame Jones caressa mes cheveux, plaçant une mèche derrière mon oreille, mon visage suivit sa main, et sa douce caresse.

- Ça va aller bébé ?

J'avais simplement hoché la tête, finalement.

- Je suis là, avait-elle murmuré.

J'avais levé les yeux vers ma petite amie qui me fixait avec intensité et tendresse avant de lui embrasser la paume de main.

- Merci mon ange, avais-je soufflé avant que Kendall Jones n'aille ouvrir sa portière, puis vienne ouvrir la mienne.

Le corps lourd, je réussis tout de même à m'extirper du véhicule puis à faire des pas qui me parurent être les plus difficiles de ma vie afin d'atteindre le porche d'entrée de ma maison d'enfance. La main tremblante, j'attrapais les clés que Noah m'avait confié de ma sacoche, puis voulut les insérer dans la serrure mais j'y parviens difficilement. Une main chaude et familière vint alors se poser au creux de mon dos, puis autre attrapa les clés et les inséra dans la serrure pour moi.

L'odeur, fut le premier paramètre auquel je du faire face. Leur odeur était là partout, comme si à tout moment je pouvais les retrouver, comme s'ils n'étaient jamais partis, les volets étaient fermés alors la maison était sombre mais je reconnaissais tous les meubles bâchés ; tous les tourbillons de souvenirs qui étaient associés à cette maison m'assaillirent en une seule fois quand j'eus passé la porte d'entrée. J'aimais tellement cette maison mais revenir ici pour la première fois depuis le crash provoqua une douleur violente chez moi et sans m'en rendre compte je me mis à pleurer à chaudes larmes, éclatant en sanglot. Nous étions seuls Derreck et moi, ils étaient partis et nous étions seuls. Qu'est ce qui pouvait combler ce vide et ce chagrin ?

- Atlantis, je suis désolée j'aimerais tellement pouvoir apaiser toutes tes douleurs, chuchota Kendall au creux de mon oreille alors qu'elle me prit fortement dans ses bras.

Je m'abandonnais à elle, pleurant mon désespoir, vidant mon corps d'émotions que j'avais enfouies en moi durant si longtemps.

- Laisses toi aller mon bébé, tu en as besoin.

Je l'écoutais, je me reposais sur elle comme si elle était une éponge pouvant tout absorber, et elle me laissa pleurer durant de bonnes minutes, en silence, m'embrassant les joues, les oreilles, le front. Et quand je fus assez calme, Madame Jones prit mon visage entre ses mains.

- Si tu veux que l'on aille à l'hôtel tu sais que je m'occuperais de tout, mais si tu souhaites rester je sais que tu es forte et courageuse Atlantis, même si c'est douloureux, te ré-approprier ces lieux, t'aidera sûrement à avancer dans ton deuil. Guérir prends du temps.

Je fixais ce visage pur, d'une beauté froide, et je me le demandais, comment faisait elle pour toujours trouver les mots justes ? Les joues toujours dans ses mains, je poussais ma tête vers son visage pour l'embrasser, follement. Pour lui dire que je l'aimais. Sans avoir à le lui dire. Nos langues se mêlèrent et j'eus l'impression de goûter à ses lèvres pour la première fois, mon ventre trembla, mon corps sembla flotter. Et malgré tout le chaos qui nous entourait je sentis dans mon coeur qu'une brise de paix traversa mon corps. C'était donc ça, l'amour.

...

Finalement je m'étais ressaisie, après notre baiser au milieu du salon, Kendall m'avait pratiquement ordonné d'aller me reposer de notre long voyage, bien évidemment je n'avais pas vraiment eu de marge de discussion et je l'avais finalement fais mais avant j'avais insisté pour faire une visite de la maison à Kendall et nous en avions profité pour ouvrir les volets et aérer. J'avais indiqué à Ken que si elle souhaitait travailler elle pouvait le faire dans le bureau de mes parents. Quant à moi je m'étais naturellement dirigée vers la chambre de mes parents et je m'étais couchée sur des draps pris dans l'armoire, et quand je m'étais allongée sur le lit, je m'étais sentie chez moi, près d'eux. Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas ressenti une telle quiétude que je m'endormie aussitôt.

...

La chaleur m'avait réveillé, j'avais oublié le climat de mon pays, et qu'il valait toujours mieux dormir avec la climatisation allumée surtout en cette période de l'année. J'avais quitté le lit et après une douche tiède, avais enfilé une robe blanche en coton léger dans l'armoire de ma mère avant de descendre au rée de chaussé, pour découvrir que Kendall avait rentré nos bagages, qu'elle avait visiblement fais plusieurs courses car le frigo était plein. Elle avait aussi préparé à manger, de la bolognaise, et elle avait aussi retiré toutes les bâches du salon et sans doute passé un coup parce que la maison était comme neuve. Je me demandais si elle avait ne serait ce que posé son petit derrière cinq minutes. Je souris, et je remontais à l'étage, devinant que Madame Jones était certainement dans le bureau de mes parents entrain de faire ce qu'elle savait faire de mieux : travailler.

En passant dans le couloir où se trouvait ma chambre puis celle de Derreck, j'entendais déjà la voix naturellement rauque et charmante de ma petite amie qui avait laissé la porte du bureau légèrement entrouverte.

- Qu'est ce qu'il a dit ? Dit Ken d'une voix froide.

Il y eut un silence. Je fronçais les sourcils, m'appuyant sur le mur qui était orné de plusieurs cadres contenant essentiellement des photos de Derreck et moi tout au long de notre enfance.

- Jack ça fait déjà plus de vingt quatre heures que vous avez découvert que cet enfoiré de Bobby est un infiltré qui travaille pour je ne sais Dieu qui !

Je me figeais. Bobby ? La taupe, c'était Bobby ?

- Je me fiche qu'il ne soit pas coopératif ! Je ne dépense pas des milliers de dollars dans ma sécurité pour apprendre que quelqu'un s'est joué de nous pendant aussi longtemps. Je vous avais dis que je ne le sentais pas au départ et mon instinct ne me trompe jamais.

Kendall Jones était furieuse. En fait elle avait ton plein de rage qui me fit frissonner et pour une fois, pas pour les bonnes raison.

- Il étais chargé de la protection d'Atlantis, sur votre recommandation, alors que je souhaitais que se soit vous. Et tant qu'on ne saura pas pour qui il travaille, je ne sais toujours pas si elle est en danger ou non. Quelle incompétence, pesta Ken.

Tout semblait plus clair désormais, Marie Anne avait raison lorsqu'elle disait que la personne qui agissait contre Kendall, donc sa mère, avait accès à son intimité. J'avais pensé à tout le monde sauf à Bobby, mais effectivement tout faisait sens maintenant. Il était toujours en retrait mais présent, et j'ignorais pourquoi mais il ne m'avait jamais inspiré confiance comme Jack par exemple.

- Il faut le faire parler. Retentit finalement la voix de ma petite amie. Faites ce qu'il faut. Je vous rappelle dans une heure pour avoir mes réponses. Exécution.

Faire ce qu'il faut ?

J'accourus aussitôt dans le bureau, poussant la porte parce que premièrement j'ignorais ce que ma petite amie voulait dire par là mais je n'étais pas sure de vouloir le savoir et il était hors de question de faire du mal à cet homme peu importe ce qu'il avait fait. Deuxièmement que Bobby parle ne faisait pas partie de mon plan, car je n'avais aucune idée de ce qu'il allait dire.

Je tombais aussitôt sur ma petite amie, qui dans un pantalon en flanelle blanc ainsi qu'une large chemise de la même couleur et de la même matière était appuyée sur le bureau en bois ancien, les bras croisés et une oreillette Bluetooth à l'oreille. Elle m'observa sans surprise et prit un visage neutre avant de mettre fin à son appel en tapotant sur l'oreillette.

- Kendall Jones, dis-je en observant ma sublime petite amie avec un regard plein de reproche. Elle pinça les lèvres.

- Atlantis reste en dehors de ça. Tu n'étais pas supposée entendre cette conversation de toute manière.

Je fis les gros yeux, et ignorant ce qu'elle venait de dire je continuais :

- Qu'est ce que tu leur as demandé de faire à Bobby ? Le torturer pour qu'il parle, franchement, on est où là ? Dans un mauvais film ?

Madame Jones haussa un sourcil avant de serrer les dents.

- Ne t'occupes pas de ça Atlantis, trancha t'elle.

Je croisais les bras, la fixant avec défi, pour bien lui indiquer que je n'avais aucune intention de lâcher l'affaire.

- Bobby récoltait des informations sur moi, sur les plans de sécurité, de mon appartement, de mes bureaux, et sur toi. C'est peut être quelqu'un de dangereux et il a tout à sa disposition pour nous nuire, je me dois donc d'agir en conséquence. Tu n'as pas à t'encombrer avec ces histoires puisque je paye des gens pour s'occuper de ça bébé.

Je me rapprochais d'elle.

- Ken, je comprend mais s'il te plaît, porte plainte ou...je ne sais pas, dis-je de manière impuissante en laissant mes bras retomber. Mais pas ça, qu'est ce qu'ils vont lui faire ? Tu n'es pas comme ça. Lançais-je.

Un rictus passa sur le visage de Madame Jones. Ce n'était pas un ange, d'accord ça je le savais, mais ça ?

- Je suis exactement comme ça Atlantis et tu le sais. Nous allons faire parler Bobby, les méthodes ne te concernent pas. Et je veux que tu arrêtes de te mêler des choses dont je te demande de ne pas te soucier pour l'amour du ciel bébé, peux tu faire ce que je te demande sans discuter pour une fois ?

Je souris nerveusement, amèrement même.

- Arrêtes de me dire ce que je dois faire Kendall ! Lançais-je d'une voix légèrement forte.

Mon aplomb me surprit moi même, brièvement, je dirais même très brièvement car je vis aussitôt un air menaçant sur le visage de Kendall, puis ironiquement sournois. Madame Jones s'approcha ensuite lentement de moi. Je déglutis difficilement, soutenant tant bien que mal son regard ardent.

- Peut-être que c'est exactement ce dont tu as besoin : que je te dise ce que tu dois faire.

Elle avait prit une voix suave qui me fit tressaillir, pourquoi avait elle toujours cette voix délicieusement autoritaire ? Et d'un seul regard, sans même un mot, elle m'indiqua le mur à ma gauche, près de la fenêtre, et telle une personne hypnotisée je m'approchais de ce dernier doucement avant d'aller me placer contre celui-ci.

Ken vint se placer devant moi, et attrapa d'un geste ferme l'une de mes jambe qu'elle plaça autour de sa taille.

- Tu as besoin de ça, tu aimes ça bébé, chuchota t'elle contre mes lèvres, alors que je soupirais, fortement.

Sa main passa sous ma robe légère, elle alla taquiner là bordure du tanga que je portais. Et je bougeais déjà mon bassin, espérant que sa main aille là où je la désirais. Un rictus diabolique sur les lèvres, Madame Jones faisait pourtant tout pour éviter de m'octroyer cette satisfaction. Mais quand elle m'effleura légèrement à travers le tissu en coton, je gémis plaintivement. Je sentis la respiration de ma petite amie devenir de plus en plus saccadée cependant elle savait garder le contrôle, et elle attendit donc que je sois au bord, que mon regard soit suppliant pour pousser la culotte sur le côté et commencer à tournoyer son pouce sur mon clitoris de manière atrocement lente. Je geins contre sa bouche, ma main griffant son dos en dessous de sa chemise. Et puis lentement, alors que j'étais humide, elle inséra deux doigts en moi tout en continuant sa doucereuse torture avec son pouce. Je fermais les yeux en poussant un gémissement profond, c'était si bon et intense d'avoir ses doigts en moi.

- Ouvre tes yeux, grogna Madame Jones.

J'haletais alors qu'elle appliqua plus de pression ainsi que de vitesse. Je m'exécutais. Nous nous fixâmes, ses yeux marrons étaient pleins de froideur et de luxure. Elle inséra un troisième doigt.

- Ken, haletais-je d'un voix faible, très proche de l'arrivée.

- Chut, me stoppa t'elle, son souffle presque dans ma bouche, nos nez l'un contre l'autre. Je ne veux entendre que tes gémissements.

Mes jambes se mirent à trembloter alors qu'elle s'insérait en moi avec urgence. Putain. Elle me contrôlait. Je criais.

- Viens pour moi bébé, tout de suite, m'ordonna t'elle en me prenant encore plus fort.

Et je lâchais prise, sur le champs, explosant sous ses doigts. Madame Jones me réduisit au silence, étouffant mes cri en m'embrassant fougueusement, et ce jusqu'à ce que mon orgasme ait fini de me consumer.

Quand j'eus finalement repris mon souffle, elle baissa ma jambe puis ma robe retomba, et dans un geste d'une sensualité qui me coupa le souffle elle porta ses doigts à ses lèvres pour les lécher et pendant un instant j'avoue avoir souhaité être ses doigts. Je n'avais jamais assez de cette femme. Puis elle recula avant de me tourner le dos pour retourner au niveau du bureau. Elle s'arrêta avant de m'attirer d'un coup à elle, plaquant mon corps contre le sien.

- Oh, et bébé ?

Je lui offrais mon attention, encore sonnée par mon orgasme et le cœur battant la chamade suite à cette montée soudaine d'adrénaline.

- Oui, dis-je d'une voix légèrement tremblante.

- Je crois que ça : c'était moi qui te disais quoi faire et tu ne semblais pas avoir le moindre problème avec ça. Tu restes en dehors de ça.

Elle sourit, de manière stricte avant de me relâcher, doucement.

...

Nous avions déjeuné, Kendall cuisinait merveilleusement bien, et j'avais aussi très faim, c'était un bon combo. Elle avait passé tout le repas à me poser une tonne de questions sur mon enfance, sur mes parents, avec un brin de curiosité que j'avais trouvé adorable, j'avais dormi quatre heures, j'étais complètement déréglée avec le décalage horaire et le soleil était en train de se coucher. Nous avions mangé dans le calme, loin des turpitudes de New York, Erika, Bobby... et d'ici, du but de ce voyage. Nous ne verrions Rosie que le lendemain. J'avais juste vidé mon esprit et profité du moment présent, mes doigts entrelacés dans ceux de ma petite amie, assise sur ses genoux, comme si même pour manger nous ne pouvions nous séparer. Et la vérité était que non, manger était bien plus agréable en étant sur les genoux de Kendall, en sentant sa chaleur, son odeur, au diable le côté pratique.

- Je débarrasse ! M'exclamais-je dès que nous eûmes fini et en m'empressant de me relever avant qu'elle ne me retienne par la taille.

Elle grogna.

- Je t'ai dis de rester assise et de me laisser m'occuper de tout.

Je l'embrassais sur le front.

- Et moi je te dis d'aller t'installer confortablement sur le canapé et de te détendre parce que je prends le relai.

Ma petite amie serra les dents mais n'objecta pas d'avantage. Je souris en prenant la vaisselle sale avec laquelle nous avions mangé pour tout mettre au lave vaisselle. Je vis Kendall du coin de l'œil, depuis notre grande cuisine américaine familiale, allumer quelques bougies, durant un instant je me demandais si ça pouvait être ça notre vie. Cette maison semblait avoir un effet de déconnexion incroyable. Notre vie pouvait elle vraiment ressembler à ça ?

Je surpris après plusieurs minutes le regard de ma petite amie, sur moi. Alors que je me lavais les mains. Je souris presque timidement, elle m'observait depuis l'espace salon comme si j'étais une merveille.

- Tu es ravissante, lança t'elle d'une voix douce. Je suis très chanceuse.

Mon coeur flancha. Et je m'empressais d'essuyer mes mains avec une serviette avant d'aller vers elle, je pris ses mains dans les miennes et je me mis à faire quelques petits pas.

- Danse avec moi.

Kendall, confuse, fronça les sourcils mais m'attrapa par la taille d'une main et souleva nos mains entrelacés d'une autre dans cette pièce à l'éclairage chaud et à l'odeur d'été.

- Je suis heureuse d'être avec toi. Et tu rends ce voyage plein de douleur emplit de magie.

Le regard de Madame Jones devint encore plus intense. Nous valsâmes durant plusieurs instants dans ce silence parfait. En se regardant. Puis soudain elle me plaqua fortement contre elle, comme si elle s'était retenue jusqu'à ne plus pouvoir et me dévora littéralement la bouche, je geins dans la sienne, ses mains soulevèrent mon corps, passant sous ma robe. Bordel on avait un don pour passer d'une ambiance cosy romantique à une ambiance chaude et ero-électrique. Le visage de Ken vint s'enfouir dans mon cou où elle planta ses dents jusqu'à ce que cela devienne douloureux, je couinais, mes mains dans ses cheveux corbeaux lâchés.

- Tu sens tellement, toi. Murmura qu'elle contre ma peau sensible et marqué. Et tu es à moi.

Je gémis alors que les mains de Madame Jones trouvèrent mes fesses, et que moi je déboutonnais son pantalon en flanelle.

- A toi, dis-je le souffle court, avant d'attraper ses lèvres, l'embrassant fiévreusement.

Madame Jones nous guida vers le canapé, l'un de mes tétons déjà dans sa bouche, ma tête bascula en arrière.

- Oh mon dieu, laissais-je échapper entre mes lèvres savourant ce moment.

Alors que nous étions près du canapé gris que ma mère avait mit à l'époque deux mois à choisir tant elle était minutieuse, la main de Kendall venait de trouver mon intimité, me faisant gémir plaintivement, puis elle se figea. J'ouvris brutalement les yeux, flous, me demandant ce qu'il se passait. Ken me relâcha doucement et mes jambes touchèrent de nouveau le sol alors que j'étais toujours désorientée.

- Excuses moi bébé, mon téléphone vient d'émettre un son d'urgence. Il est en haut, dans le bureau.

- Oh, lâchais-je.

Je n'avais rien entendu, j'avais été trop submergée par les sensations de mon corps, et je n'étais pas vexée que Kendall l'ait entendu, elle était toujours à l'affût et avec cette histoire avec Bobby c'était encore pire. C'était sans doute mieux que nous ayons été interrompues, j'avais une surprise pour ma petite amie ce soir et elle avait faillit faire tomber mon plan à l'eau en me divertissant.

- Vas-y bébé, on ne te dérange jamais pour des choses qui ne sont pas grave alors il vaut mieux aller voir, dis-je, les lèvres gonflées, et les cheveux légèrement en bataille.

Elle hocha simplement la tête, son visage était rouge et sa mâchoire serrée, Ken détestait être interrompue.

- Je reviens et on reprendra les choses la où nous les avons laissé.

Elle déposa un baiser plein de promesses sur mes lèvres avant d'aller vers les escaliers.

...

Kendall avait tenté de dissimuler son inquiétude auprès de la femme qu'elle aimait mais elle se consumait de l'intérieur depuis que Jack lui avait appris que Bobby était visiblement un ancien membre des forces armés recruté par Erika Jones. La fille de Franck Jones savait maintenant qu'elle était réellement en danger, et surtout Atlantis. Cependant son équipe avait tiré tout ce qu'elle pouvait de Bobby, le bonhomme n'en savait pas plus, il avait juste pour ordre de transmettre certaines informations et Kendall Jones s'en voulait terriblement de ne rien avoir remarqué auparavant. C'était le fait d'avoir remarqué via des vidéos de surveillance que l'homme chauve rôdais à plusieurs reprises près de son appartement à des horaires où il était affilé à d'autres tâches qui avait mis la puce à l'oreille à la jeune femme d'affaires.

C'est la main presque tremblante, que Kendall attrapa son téléphone qu'elle avait laissé sur le bureau des défunts parents d'Atlantis. La milliardaire retint son souffle mais son cœur eut tout de même un soubresaut lorsqu'elle vit l'auteure de ce message. Comment était-ce possible que ce numéro puisse émettre une notification d'urgence ? Cela voulait donc dire qu'il y avait même une faille dans sa sécurité informatique.

Kendall cliqua sur le message, alors que la colère montait en elle.

« Elle te ment ».

La grande sœur de Marc referma rapidement le message, qui provenait du numéro d'Erika Jones. Elle ferma les yeux, et prit une profonde inspiration. La jeune femme savait ce que cette femme odieuse essayait de faire : s'insérer dans sa tête. Lui mettre de fausse idée pour qu'elle commence à douter, pour tout gâcher. Elle voulait s'immiscer dans son entreprise et maintenant aussi dans son couple ?

Rapidement Kendall Jones attrapa son ordinateur portable, de son attaché case posé sur le bureau, elle procéda à une sauvegarde de son smartphone sur le cloud avant de le remettre en mode usine et de le jeter dans un vase qui ressemblait davantage à un petit aquarium de forme ronde qui contenait de l'eau mais pas de poisson. C'était le moyen le plus efficace de se mettre en sécurité dans le cas où son téléphone aurait été mis sur écoute ou même tout simplement pour qu'Erika ne puisse pas la recontacter.

La jeune femme aux cheveux noir passa une main nerveuse dans ses cheveux.

Elle te ment, elle te ment, elle te ment.

- Non, trancha t'elle à haute voix refusant de s'adonner à ce genre de pensée.

Pourquoi Atlantis lui mentirait elle et à quel sujet ? Il ne fallait pas qu'elle se laisse avoir par Erika. C'était forcément une ruse. Kendall avait confiance en Atlantis, elle savait qu'elle était toujours sincère. Elle en était convaincue, cependant...

Les paumes sur la table, et le corps tendu, la femme d'affaires sentit des pensées noires la gagner et elle se détesta aussitôt de laisser une si petite brèche infecter toutes ses idées. Mais elle se souvint notamment de ce jour où elle avait trouvé Atlantis et Jack dans l'appartement de ce dernier, depuis ce jour elle avait observé une certaine distance de la part de sa petite amie, comme si elle cherchait à la tenir à l'écart de quelque chose. Elle avait refoulé ce sentiment, se disant que comme souvent elle sur-analysait trop les comportements de Lantis cependant désormais elle se demandait si ce n'était pas un signe de son instinct qu'elle avait refoulé.

Est ce que Jack est au courant de quelque chose ? Est ce qu'on faisait chanter Atlantis, est ce qu'elle cherche à la protéger de quelque chose ? Les interrogations fusaient dans l'esprit de Kendall, peut être qu'Atlantis lui cachait vraiment quelque chose mais que ce n'était rien qui la concernait. Si elle lui avait mentit il y avait forcément une explication. La fille de Franck Jones en était certaine. Ce n'était sans doute pas grand chose. Les poings serrés contre la table, et la mâchoire serrée, Madame Jones,la tête froide, ouvrit son ordinateur, en un clic elle pouvait avoir accès au téléphone d'Atlantis, ses dernières localisations, ses derniers appels...

Kendall, leva la main, le visage froid mais son cœur ne lui permit pas de cliquer sur l'accès à distance. Elle ne pouvait pas de nouveau retomber sans ses vieux travers, elle aimait Atlantis et elle lui faisait confiance. Si elle voulait savoir quelque chose elle lui demanderait, mais elle ne pouvait pas fouiner dans son dos. Confiance, transparence et communication, c'était les mots du docteur Sully.

Kendall se redressa, calmement. Elle demanderait à Atlantis, tout simplement.

Madame Jones s'apprêtait à redescendre quand elle remarqua à l'autre bout du couloir, que la lumière de la chambre des parents d'Atlantis était allumée. Elle s'avança alors vers la pièce, la porte était bien entre ouverte et elle sentit tous les muscles se tendre lorsqu'elle découvrit le tableau qui se dressait devant elle.

...

J'avais tronqué ma petite robe, pour un ensemble de lingerie violet et entièrement transparent. Le string était accompagné d'un porte jarretelle, qui allait avec des bas d'un violet pâle et électrique. Et le soutien-gorge était une simple brallette, sans doublure qui ne laissait aucune place à l'imagination quant à la courbe de mes seins. J'avais noué mes cheveux en une queue de cheval et maintenant je voyais la mâchoire de Kendall manquer de s'écraser au sol, alors qu'elle venait d'entrer dans la grande chambre au style moderne de mes parents.

- Atlantis, tu-tu es...

Sa voix était saccadée et basse, comme si elle ne parvenait à parler que difficilement.

Je haussais un sourcil, et mordit ma lèvre, apparemment ça lui plaisait, tellement qu'elle ne pouvait plus parler. Alors que ses cheveux noirs encadraient son visage à la peau délicate, je vis les yeux de Ken s'assombrir de désir, elle pinça les lèvres. Et une forte chaleur se diffusa en moi, je ne me lasserais jamais d'avoir un tel effet sur elle.

- Je ne voudrais pas employer de mots grossiers dans ce qui était anciennement la chambre de tes parents, dit Kendall de cette même voix suave qui me donnait instantanément des frissons.

Je riais doucement tandis que les yeux de Madame Jones qui ne parvenait à quitter mon corps, racontaient une toute autre histoire, pleines de mots grossiers, et indécents. Je pouvais presque voir l'envie gagner chaque millimètre du corps parfait de Kendall. Sa bouche était légèrement entrouverte et elle me baisait littéralement du regard, je sentais mon corps se tendre sous ses yeux ambres.

Je lui fis signe du doigt d'approcher, et elle le fit lentement, comme un prédateur à qui l'on autorise à observer sa proie de plus prêt. La tension qu'il y avait soudainement me noua le ventre. Et je dus me ressaisir pour lui faire un bruit de bouche qui lui indiqua de s'arrêter. Madame Jones le fit avec un air renfrogné. Je souris, son agacement me fit rire.

- Je ne suis pas d'humeur à jouer bébé, me fit elle savoir.

- Moi non plus mon ange mais tu es tellement concentrée sur moi que tu n'as pas vu cette jolie petite boîte rouge sur le lit.

Kendall ne regarda même pas cette boite.

- Tu es presque nue devant moi dans cet ensemble béni, j'ai perdu le contrôle de mes neurones à l'instant et tu voudrais que je vois autre chose que toi ?

Je souhaitais me retenir de sourire, mais comment pouvais-je quand elle me posait cette question avec autant de sérieux, comme si elle portait la plus grande affliction du monde sur ses épaules par ma faute. J'eus un rictus moqueur. Elle fit un pas de plus, je reculais.

- Ken, tranchais-je en prenant une mine suffisante. La boîte.

Elle grogna avant de tourner la tête pour enfin prêter attention à cette petite boîte rouge. Madame Jones l'analysa attentivement avant de la prendre en main puis de soulever son clapet. A l'intérieur il y avait une bague, en or, toute simple, sur laquelle se trouvait simplement gravée mon prénom dans une écriture calligraphique. Madame Jones regarda le contenu de la boite durant plusieurs secondes sans relever les yeux vers moi, et cela me fit légèrement angoisser.

- Tu n'es pas la seule à vouloir marquer ton territoire, dis-je d'une voix plus fébrile.

Je vis un sourire en coin se dessiner sur ses traits, alors qu'elle releva doucement les yeux dans ma direction.

- Je ne porte jamais de bague, me dit elle et je me sentis tout de suite mal, merde. Parce que je trouve que c'est très intime comme bijoux et que ça doit toujours avoir une signification, continua t'elle me rassurant instantanément. Tu n'aurais pas pu me faire de plus joli cadeau Atlantis, merci.

Je lâchais un léger soupir de soulagement et je la regardais enfiler le bijou qui enroula parfaitement son doigt, je remarquais qu'elle le porta à l'annuaire gauche j'ignorais si c'était volontaire ou non mais là connaissant ce n'était pas un hasard, je sentis l'émotion me gagner et je dû cligner plusieurs fois des paupières pour que mes yeux ne s'humidifient pas.

- À toi, me lança Madame Jones en levant sa main puis en remuant ses doigts.

Je souris largement avant de nouveau lui faire signe d'approcher et elle le fit. Quand Ken fut en face de moi, me surplombant, j'attrapais une ceinture que j'avais posé sur la commode derrière moi.

- Je veux ça ce soir, lui fis-je savoir en lui tendant la ceinture, je veux que tu me soumettes, s'il te plaît.

Le visage inexpressif, la respiration forte, Madame Jones ne dit rien pendant un instant, se contentant de me fixer dans les yeux puis de fixer mes lèvres. Puis, elle attrapa la ceinture de mes mains avant d'approcher encore et de tortueusement déposer ses lèvres sur les miennes. Je soupirais profondément, déjà impatiente. Sa bouche quitta la mienne pour aller vers ma joue, le creux de mon oreille où elle chuchota :

- Je vais te soumettre bébé, mais pas comme ça.

Je fronçais les sourcils mais avant que je n'eus le temps de parler elle me souleva délicatement et nous guida vers le lit où elle m'allongea avant de venir me chevaucher et de m'embrasser passionnément, jusqu'à ce que j'en perde la tête, elle prenait complètement possession de moi lorsqu'elle m'embrassait comme si ma bouche n'avait été faite que pour la sienne. Madame Jones retira aisément ma bralette alors que les mains sur son dos je la serrais fort contre moi. La fièvre nous montait.

Dans un geste plein d'urgence, Kendall fit se joindre mes deux mains au dessus de ma tête et les attacha à l'aide de la ceinture que je lui avais confié, elle la serra jusqu'à ce que je ne puisse plus bouger mes poignets.

- Je vais aussi me changer puisque tu as pris de l'avance sur moi, me souffla t'elle avant d'embrasser tendrement mes lèvres alors que j'étais au bord de l'asphyxie tant nos bouches n'avaient pas été détachées.

J'attendis donc patiemment alors que mon corps me brûlait toujours, elle me laissait mariner et le plus cruel était que ça ne faisait pas redescendre l'excitation, au contraire ça l'attisait : l'attente.

Puis elle revint, je l'entendis et je du me dandiner légèrement pour relever la tête afin de la découvrir, subliment nue, un simple harnais doté d'un gode sur la taille, et cette simple vue, enflammait mon corps déjà embrasé.

Ken revint sur moi, le regard ancré dans le mien, je pouvais sentir les battements de son cœur, tambourinant fortement et je remarquais comme soudainement elle avait fermé les yeux comme pour contrôler ses émotions qui semblaient la déstabiliser bien plus que de coutume. Comme elle était entre mes jambes, je les fermais autour d'elle, avant de soulever la tête pour l'embrasser tendrement. Ken semblait attendre quelque chose ou en tout cas le préparer. J'ignorais si c'était rassurant mais en tout cas elle fini par trancher car elle plongea soudainement sa tête dans mon cou avec un grondement, avant de mordre la peau de mon cou déjà sensible en raison du traitement qu'elle lui avait déjà infligé plus tôt dans le salon. Je couinais pendant qu'elle me mordait, et mon bassin s'était arqué, sentant le dildo qui se dressait entre nous deux. Madame Jones était d'une humeur marquante ce soir.

- Tu sais quel est mon plus grand défaut, de tous ? Murmura t'elle dans mon oreille.

Mais elle m'embrassa aussitôt, fougueusement, comme pour m'interdire de répondre.

- J'utilise le sexe comme arme, répondit t'elle, elle même alors que nos haletions.

Madame Jones se décala légèrement, puis elle m'arracha mon string d'un coup sec. Bon sang. Elle revint au dessus de moi et sa main trouva mon intimité.

- Et je compte m'en servir contre toi bébé, parce que tu as des secrets, et que si tu veux que je te donne tout de moi, il va falloir que tu me donnes tout de toi.

Mes yeux s'écarquillèrent, qu'était il en train de se passer ? Pourquoi disait elle ça ? Est ce qu'elle était au courant de quelque chose ? Son ton n'était absolument pas menaçant cependant je sentis la panique monter, Kendall savait comment user de mon corps pour me faire parler.

- Qu-quoi..

Mes mots restèrent en suspend car les doigts de Kendall assaillirent mon intimité et mes yeux se retournèrent dans leurs orbites face à cette sensation.

- Est ce qu'il y a quelque chose que tu aimerais me dire ?

Mes yeux s'ouvrirent immédiatement. Je scrutais les siens, profonds.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, soufflais-je difficilement.

Elle commença à frotter mon clitoris, et une vague de plaisir commença à prendre le dessus de mon corps.

- Atlantis, parle moi, soupira t'elle contre mes lèvres.

Je me mordis la lèvre en gémissant, et elle se fraya un chemin vers le sud de mon corps, jusqu'à ce que sa langue chatouille ma vulve et avidement elle me lécha, et me suça, je mouillais et criais et juste quand j'étais sur le point d'être submergée par le plaisir, elle s'arrêta.

- Réfléchis bébé, est ce que tu m'as tout donné de toi ?

Entre la panique, le plaisir et la frustration, je geins, presque dans un petit sanglot. Mon orgasme avait était juste là et désormais il s'effaçait déjà.

Je haletais fort.

- Kendall, je ne te cache rien, murmurais-je. Arrêtes ça sil te plaît, lui demandais-je en me redressant légèrement.

Madame Jones m'observa, elle me scruta même, sans un mot, mais elle ne sembla absolument pas convaincue.

- Tu sais que je vais te faire parler.

Son ton était dur, menaçant et à la fois atrocement charmant. C'était ma Kendall dominante, exigeante.

Je mentirais si je disais que dans cet instant je la craignais pas. Sans le quitter des yeux, elle avait porté une main vers l'un de mes seins, qu'elle pinça, me faisant crier légèrement, puis elle se mit à le masser, ma respiration accéléra encore, je serrais mes mains dont les poignets étaient attachés autour de la tête de lit.

D'une fausse paresse Kendall glissa paresseusement un doigt dans mon ouverture. Puis un autre.

- Tu es tellement... bonne, bordel, jura t'elle.

Mon dos se cambra pendant que sa bouche retourna à mon intimité, suçant fort mon clitoris alors que ses doigts me prenaient. Mes muscles commencèrent à se serrer, et alors que j'étais sur le point d'exploser, Ken interrompit tout.

Mes yeux s'ouvrirent brutalement.

- Non ! Kendall, je t'en prie. Qu'est-ce que tu fais?

J'essayais de me redresser, de tirer mes mains de l'attache de la ceinture. Kendall s'était assise en face de moi, le regard vide, le visage à la fois brûlant et glacial. C'est comme si c'était une personne complètement différente de la femme aimante que j'avais avec moi à peine quelques minutes auparavant. Qu'est ce qu'il se passait ?

- Arrêtes de bouger Atlantis, je n'aime pas lorsque tu cherches à te débattre.

Je levais les yeux au ciel, mais je le regrettais aussitôt, car quand ces derniers revinrent sur elle je vis son air s'assombrir.

- Je ne sais pas ce que tu es en train de faire mais je n'aime pas ça, me plaignis-je. Tu ne peux pas utiliser le sexe comme arme, tu ne peux pas...

La main de Kendall contre ma bouche me fit taire.

- À moins que tu ne prévoies d'utiliser le safeword pour m'arrêter, je t'ai suffisamment entendu. Elle haussa les deux sourcils, l'air de me dire « compris ? »

Kendall Jones parlait calmement, pourtant je sentais la menace dans chaque syllabe. Mon dieu, elle savait tout, j'en étais sûre, et elle devait avoir envie de me tuer. J'avais envie d'elle, j'avais peur, peur de ce qu'elle me ferait dire, peur du pouvoir qu'elle avait sur moi mais je savais aussi que que j'avais le choix. Elle ne me faisait pas mal physiquement ce soir. Je comprenais maintenant ce qu'elle voulait dire par « je vais te dominer, mais pas comme ça ». Elle me faisait mal émotionnellement, j'étais juste frustrée et agacée et en panique. Je pris une profonde inspiration.

J'hochais, finalement, lentement la tête pour dire oui.

Même si j'étais dans un état complexe et mitigé, je désirais toujours autant son toucher. J'avais besoin de son toucher et elle semblait le savoir car elle revint vers moi, calant son corps sur le mien, m'embrasant avec plein de tension, tellement que je ressentis des picotements dans tout mon corps.

- Je sais qu'il y a quelque chose bébé, lâche prise, me murmura t'elle à l'oreille sur un ton plus tendre.

De doux gémissements s'échappèrent de mes lèvres alors qu'elle fit caresser le bout du doux dildo sur mon clitoris. Bordel j'étais à deux doigts de lâcher prise, de parler, peut être qu'elle savait, qu'elle comprenait, qu'elle voulait juste que je lui dise.

- Il y a quelque chose que tu ne veux pas me dire ? De quoi cherches tu à me protéger ?

Au même moment le dildo s'enfonça en moi, je haletais face à cette plénitude soudaine. Madame Jones attrapa ma mâchoire dans une de ses mains pour me contraire à la regarder, comme pour lire dans mes yeux. Je sentais que l'autre partie du gode était inséré en elle et lorsqu'elle poussa profondément en moi, nous gémîmes toutes les deux. Elle me prenait trop lentement et c'était sans doute volontaire car elle savait que j'avais besoin de plus pour venir. J'étais presque au bord, mais je n'y étais pas encore.

- Ken, s'il te plaît, suppliais-je dans un sanglot.

Elle me torturait et ça avait l'air presque satisfaisant pour elle. Elle s'enfonça, de manière sèche, je gémis, les larmes aux yeux.

- Tu es y presque bébé. Tu veux venir ?

J'hochais la tête et essayais de balancer mes hanches vers elle mais elle attrapa ma taille fermement pour avorter mes tentatives.

- Qu'est ce que tu me caches Atlantis ?

J'haletais follement, Kendall gémissait et grognait.

- Kendall ! Tentais-je de l'appeler à l'ordre. Ne fais pas ça !

Je voulais qu'elle libère mon corps, soulage toute cette tension . Qu'elle me fasse jouir pour que je puisse me libérer de son emprise.

Les mouvements du gode accélèrent, Ken se montrait plus rapide et plus puissante, toujours sans lâcher mes yeux une seule fois, je voyais le plaisir déformer ses traits et ça m'excitait encore plus. Son orgasme était en train de la gagner et le mien aussi.

- Ne viens pas, Atlantis, contrôle-le, je t'interdis de venir, m'ordonna t'elle d'une voix entre-coupée par son souffle saccadé.

Les larmes commencèrent à couler sur mon visage, et je me mis à avoir des spasmes, luttant avec tous les muscles de mon corps pour me retenir de venir. Ken me scrutait toujours, et j'ignorais ce qu'elle cherchait sur mes traits, dans mes yeux, mais elle ne semblait pas le trouver.

- Je ne te cache rien, putain Kendall ! M'énervais-je.

Elle ne répondit pas par la bouche, elle le fit dans trois dernières poussées d'une puissance presque violente, et elle y a trouva sa propre libération, gémissant de manière rauque avant de s'effondrer sur moi. Je tremblais, je pleurais, je m'étais retenue.

Je me sentais mal : je lui avais menti, encore tétanisée par la peur, et elle le savait sûrement. Mes mains étaient encore attachées par la ceinture. Je n'avais aucune idée de ce qu'il venait de se passer, ni de ce qui avait mis Kendall dans cet était mais j'étais en revanche certaine que c'était de l'abus émotionnel. Nous n'avions pas fais l'amour, elle m'avait même pas baisé, elle venait de me tester, nous venions de faire la guerre et son armée avait encerclé la mienne de manière déloyale avant de torturer tous mes soldats pour avoir des aveux.

C'était la première fois depuis que nous étions officiellement ensemble, qu'elle m'avait fait me sentir utilisée, prenant son plaisir, m'arrachant le mien. Usant de l'emprise qu'elle avait sur moi pour parvenir à ses propres fins, comme on coucherait brutalement avec une prostituée simplement pour lui rappeler qui est ce qui paye. Je pleurais. Madame Jones ne m'avait pas fait mal, au contraire, mon corps la réclamait encore mais elle venait de me bousiller à l'intérieur.

Je la sentis bouger, retirant lentement la partie du dildo qui était en moi, puis celle qui était en elle, ainsi que le harnais. Madame Jones quitta ensuite le lit et revint quelques instants plus tard avec avec une serviette chaude et elle essuya délicatement mon intimité. Après ce qui venait de se passer, elle se montrait de nouveau douce, tendre et intime. Elle revint au dessus de moi pour détacher mes poignets, qu'elle massa doucement.

Je laissais mes bras retomber, et je tournais la tête sur le côté, m'assurant de ne pas la regarder, ses doigts essuyèrent mes larmes.

- Bébé, regarde-moi, s'il te plaît.

Pour une fois elle n'exigeait rien. En fait, j'avais presque l'impression qu'elle avait des remords, voire même beaucoup de tristesse. Je savais que je n'avais pas le droit d'être en colère contre elle avec tous mes mensonges mais je l'étais quand même.

- Je t'aime, entendis-je.

Mon corps se figea. Elle l'avait dit dans un murmure presque désespéré.

- Je t'aime maladivement Atlantis. Je suis désolée pour ce que je viens de te faire, je sais que je t'ai fais du mal, je suis désolée d'avoir douté de toi. Je suis tellement désolée, mon bébé.

Et elle éclata en sanglot dans les bras, après quelques secondes, mes bras l'étreignirent, alors que je pleurais aussi à chaudes larmes. Et je m'y retrouvais encore : un pied dans le paradis, et un pied dans l'enfer.

...

Kendall et moi avions pleuré dans les bras l'une de l'autre, avant que nous nous endormions, sa tête sur ma poitrine, enlacées et nues. Au matin lorsque je m'étais réveillée j'étais seule dans le lit. Et je réalisais encore difficilement ce qu'il s'était produit la vielle. Elle m'aimait, des milliers de papillons avaient traversé mon ventre à cette idée. J'avais l'impression d'avoir rêvé ces mots dans sa bouche et pourtant je savais qu'elle les avait dit car je sentais le bonheur intense dans mon coeur. Jamais je n'aurais cru entendre ces deux mots précieux de la bouche de Madame Jones. Mais ils faisaient de moi la femme la plus chanceuse au monde.

Paradoxalement, nos retrouvailles le lendemain se firent dans une ambiance assez étrange, plutôt pensante. Je m'étais comme d'habitude réveillée la dernière et après avoir pris une douche et enfilé une robe portefeuille rouge m'arrivant au dessus des genoux, j'étais descendue, découvrant que Kendall avait préparé le petit déjeuner.

Assise autour de la table à manger, derrière son ordinateur portable, un verre de jus d'orange fraîchement pressé à la main, elle ne me remarqua pas aussitôt. Je voyais qu'elle était tendue, et je l'étais aussi. Depuis ce qu'il s'était passé la veille, étant endormies, nous ne nous étions pas vues, et nous n'avions pas échangé non plus. Je savais qu'elle s'en voulait.

- Bonjour, dis- je simplement.

Ma petite amie releva les yeux, elle m'observa presque avec surprise et appréhension avant de se relever subitement, déposant son verre sur la table. Je vis qu'elle voulut faire un pas vers moi, mais elle se rétracta, car j'avais inconsciemment eu un mouvement de recul.

- Atlantis, me dit t'elle d'une voix presque tremblante qui ne lui ressemblait pas. Comment tu te sens ? Tu es bien reposée ?

Intriguée, j'observais Madame Jones. Pourquoi me regardait t'elle avec autant d'attention et de peur ? Qu'est ce qui s'était passé hier dans son esprit pour qu'elle ait toutes ces questions ? Et puis maintenant comment allais-je me sortir de tout ça ? Comment dans quelques jours j'allais pouvoir la regarder dans les yeux et lui dire que je lui cachais effectivement quelque chose. Parce qu'une chose était sûre elle ne savait rien, elle avait peut être eu des doutes mais elle ne savait rien et maintenant que je savais qu'elle m'aimait ça rendait le tout encore plus grave. Je me sentais à la fois tellement heureuse de savoir que nous ressentions la même chose mais aussi si coupable que j'ignorais comment lui dire moi aussi que je l'aimais.

- Oui, ça va, dis-je doucement. Et toi ?

Elle se contenta de répondre que ça allait, dans la cuisine américaine éclairé par les éclats du soleil déjà très présent, nous nous comportions comme deux personnes amourachées et maladroites, n'osant pas vraiment se regarder, ne sachant pas vraiment quoi se dire. J'attrapais le dossier d'une chaise, à l'autre bout d'elle — de la table, et m'appuyais dessus.

- Tu as préparé le petit déjeuner, c'est très..

En plaçant ne mèche de cheveux derrière mon oreille, je relevais lentement mes yeux vers les siens, ils étaient souvent si froids et insaisissables mais là il étaient pleins d'émotions et de chaleur. Je déglutis difficilement.

- Gentil. Tu as du te lever très tôt pour faire tout ça. Entre les pancakes, les œufs, la salade de fruit, énumérais-je nerveusement.

Un rictus passa sur le visage naturellement froid de Madame Jones. Elle portait un pantalon ample bleu pastel dans un style oversize et un débardeur moulant couleur crème. Ce style épuré et délicat lui allait à merveille.

- C'était le moins que je puisse faire au vu de la manière dont je me suis comportée hier soir, me répondit t'elle simplement. Si tu veux bien, tu peux t'installer je vais te servir.

Je fus étonnée par son ton, et par cette formulation d'invitation, ce n'était pas un ordre, c'était une demande aimable, Ken semblait appréhender chacun de ses mots et elle scrutait chacun de mes gestes, comme pour être sûre qu'elle n'allait rien faire de travers en parallèle. Je tirais la chaise puis m'installais, puis je l'observais me servir. J'étais en train de vivre le petit déjeuner gênant de la première fois que l'on couche avec quelqu'un, qui on le sait est plus qu'un coup d'un soir. Sauf qu'il s'agissait de ma petite amie et qu'elle m'avait avoué ses sentiments et pas moi. C'est moi qui mettais de la distance et qui rendait tout ça gênant, c'est moi qui ne l'avait pas embrassé pour lui dire bonjour ce matin comme je le faisais toujours.

J'avais mangé en silence, un peu de tout, sous le regard concentrée de Kendall qui de manière inhabituelle détournait le regard dès que nos yeux se rencontraient.

- Nous devrions peut être y aller, j'avais dis à Rosie que nous passerions dans la matinée, et puis j'ai hâte d'en finir avec tout ça, soupirais-je en déposant ma tasse désormais vide.

Kendall hocha machinalement la tête, puis elle continua à me regarder avec instance comme si elle s'attendait à ce que je dise autre chose. Cependant je n'avais rien d'autre à ajouter. Je savais ce qu'elle voulait savoir. Bien sûr que je l'aimais aussi. Mon dieu comme je l'aimais mais je ne voulais pas que ça se passe comme ça, et il allait donc falloir que je maintienne cette distance entre nous — même si je savais que c'était en train de la torturer, autrement il suffirait d'un simple baiser pour que tout mon amour pour elle explose. Elle méritait mieux qu'une déclaration d'amour qui serait entachée dans les jours qui allaient suivre par une histoire chaotique de duperie et de chantage sordide. Et puis je ne voulais pas reparler de ce qui c'était passé hier, du fait que pour je ne sais quelle raison elle avait douté de la sincérité envers elle et que j'avais d'une manière dégueulasse passé le test.

Alors que Madame Jones attendait toujours, je fini par me lever, je vis sa mâchoire tressauter mais je fis de mon mieux pour l'ignorer et ne pas aller la prendre dans mes bras. Je commençais à débarrasser et lentement elle finit par se lever et en faire de même. Je veillais à la laisser passer pour ranger les choses à leur place afin que nous ne soyons pas trop proches l'une de l'autre.

- Je vais chercher mon sac en haut, et les cadeaux que j'ai acheté pour Rosie. Je te descend quelque chose ? Demandais-je quand nous eûmes fini de ranger et de nettoyer.

Les lèvres pincées Madame Jones secoua légèrement la tête pour répondre que non. Elle gardait un visage impassible mais désormais je la connaissais par coeur et je lisais la détresse dans ses yeux sombres. Je fis rapidement volte face pour qu'elle ne puisse rien lire en moi avant de monter à l'étage.

...

Lorsque je redescendis ma petite amie m'attendait patiemment dans le séjour, des mocassins en cuirs ouverts aux pieds. J'étais encore dans les escaliers quand je sentis son regard intense sur moi. Je détestais la voir aussi tourmentée.

- On peut y aller, dis-je simplement en essayant d'éloigner ces pensées. Ma petite sacoche en cuir au bras ainsi que le sac où se trouvait les présents pour la voisine et amie de ma mère.

J'étais très anxieuse. Je n'avais aucune idée de ce qu'allait me raconter Rosie, mais ça allait peut être changer ma vie d'une manière irréversible. J'étais prise dans ce flot d'anxiété quand je me dirigeais vers la porte d'entrée pour sortir quand je sentis une main attraper mon bras, et c'est dans un mouvement furtif que Madame Jones m'attira contre elle, un bras autour de ma taille et une main sur la nuque. Son odeur enivrante me gagna aussitôt, nos fronts se collèrent et son souffle chaud et sucré caressa mon visage. Je fermais les yeux, sentant l'effet Kendall Jones gagnant mon corps.

- Hey, murmura t'elle.

J'essayais de garder la tête froide.

- Hey, soufflais-je.

- Tu me fuis, dit elle d'une voix torturée. Tu recommences.

Je voulu secouer la tête pour dire non mais je savais que c'était inutile, elle savait et bon sang comme c'était bon de la sentir contre moi.

- C'est pour ce que je t'ai fais, ou ce que j'ai dis ? Continua t'elle.
J'ouvris les yeux doucement, rencontrant aussitôt son regard qui retournait le ventre. Ce n'est pas grave si tu...

Les mots de Madame Jones s'échouèrent, elle serra les dents. Je voyais le mal que ça lui faisait de penser que je ne l'aimais pas. Comment pouvait t'elle penser qu'on ne l'aime pas ? Putain. Je fermais les yeux, avant de porter un bras autour de sa nuque. Je ne pouvais pas garder mes sentiments pour moi une seconde de plus, je le savais, je le sentais, mon corps en bouillonnait.

- Si ça t'a mise mal à l'aise je ne l'évoquerais plus, promit t'elle.

J'ouvris les yeux avant de sourire, elle sourit à son tour, tristement, croyant sûrement que j'étais heureuse d'entendre ces paroles absurdes.

- Je t'aime aussi Kendall, dis-je dans un murmure. Je t'aime. Je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime, chuchotais-je incapable de cesser de le dire, pour qu'elle n'en doute plus jamais.

Je vis la surprise gagner les traits de Madame Jones, puis elle sembla lentement réaliser ce que je venais de dire. Je passais mon autre bras autour de son cou, je me mis légèrement sur la pointe des pieds, avant de délicatement déposer mes lèvres sur les siennes. Ce n'était pas un baiser de passion, c'était un baiser d'amour, simple et doux et c'était incroyable, comme un baiser d'amour de première fois. Je virevoltais, mon coeur dansait la samba et je sentais le sien battre à tout rompre. Je détachais doucement nos lèvres, et je pu lire la plénitude sur le visage parfait de Ken.

- Je t'ai donné cette bague pour que tu ne l'oublies pas, dis-je en attrapant une de ses mains sur ma taille, caressant le bijoux froid. Promet moi de ne jamais douter du fait que je t'aime, que tu ne l'oublieras pas et ce importe ce qu'il se passera, même si tout pourrait te faire croire le contraire. Ne retires jamais cette bague, tant que tu crois encore en nous. Promet le.

Ma petite amie fronça légèrement les sourcils, puis hocha lentement la tête.

- J'ai besoin de l'entendre, j'ai besoin que tu le dises, s'il te plaît.

Sa main sur ma nuque alla vers ma joue qu'elle caressa de son pouce.

- Je te le promets Atlantis, souffla t'elle contre mes lèvres avant de frotter délicatement son nez contre le mien.

...

La maison de notre voisine Rosie était tout juste en face de celle de mes parents, sur la chaussée parallèle. Il s'agissait d'une charmante maison de ville de deux étages, Rosie et son mari, avaient

trois enfants avec lesquels nous avions beaucoup joué dans notre enfance. La charmante maison avait une cours avant où la sexagénaire cultivait de jolies fleurs de toutes les couleurs.

Je sentis mes mains devenir moites alors que Kendall et moi nous trouvions devant chez elle, le soleil n'aidant pas. J'avais soudainement envie de prendre mes jambes à mon cou. La main de Kendall — cette femme qui dégageait toujours cette froideur que je trouvais maintenant paisible, trouva la mienne et me calma.

- Frappes à la porte quand tu seras prête, ou alors on va rester là devant cette porte le soleil tapant sur notre dos jusqu'à ce qu'on fonde, mais ça ne sera pas très grave on se rappellera de nous comme étant un couple heureux et amoureux, ça me va très bien aussi.

Je riais doucement, quand Kendall se mettait à faire des blagues c'était toujours quelque chose, elle savait comment me détendre.

Je pris sur moi et je frappais à cette porte peinte marron foncé. On vint nous ouvrir au bout de quelques secondes, c'était Rosie, une australienne qui entrait parfaitement dans le cliché qu'on s'en faisait, assez grande, des yeux clairs très jolis, une peau bronzée et des cheveux blonds tachetés de gris par l'âge. Je me souvenais d'elle comme étant une femme pleine d'énergie et de bienveillance.

- Oh Atlantis, ma chérie, bonjour ! Comme c'est bon de te revoir, s'était elle exclamée avec l'accent australien que je n'avais pas entendu depuis un moment.

Elle m'avait ensuite enlacé chaleureusement, avant de porter son attention sur Kendall qui lui sourit poliment.

- Et vous je vous connais, je vous ai vu plusieurs fois à la télé, releva t'elle en allant embrasser Kendall que je sentis se tendre légèrement mais qui prit sur elle. C'est ton amie dont tu m'as parlé au téléphone ? Me demanda Rosie en reportant son attention sur moi.

Je fis oui de la tête et elle sourit.

- Aller entrez, faites comme chez vous, mon dieu comme tu as grandis Atlantis, tu es devenue une si belle jeune femme.

Je souris alors que nous avançâmes dans la maison lumineuse et apparemment en travaux.

- Ah oui et ne faites pas attention, je me suis mise en tête de refaire la peinture du salon moi même et dieu sait si je finirais un jour, plaisanta la dame. Quelle idée pour une femme âgée comme moi de se lancer dans des travaux, parfois j'oublie que j'ai soixante ans passés.

Kendall me lança un regard amusée, Rosie était vive, pleine d'énergie, et surtout haute en couleur. Elle portait une sorte de large robe indienne multicolore ainsi que des bijoux assortis.

- Tenez, installez vous dans le salon, je vais chercher de quoi nous rafraîchir dans la cuisine, mettez vous à l'aise ! Scanda t'elle avant de disparaître.

Je souris doucement, Kendall me chuchota qu'elle avait l'air bien plus jeune que nous tant elle débordait d'énergie.

Alors que nous avions pris place sur le canapé d'angle blanc de chez Rosie, j'observais l'intérieur de la maison qui en dehors des bâches liées aux travaux était agencée de manière insécables, décorés avec des décorations inspirés des cinq continents sans que cela ne soit trop chargé, l'espace séjour était surélevé, et après il y avait un vaste espace de salle à manger et de ce qui semblait être un espace de yoga. Sur les murs on trouvait de nombreuses photos de ses enfants plus jeunes, adultes, parfois avec des enfants, de beaux portraits de famille. On était loin de la période où cette maison était mise sans dessus dessous par des enfants.

- C'est difficile de croire qu'il y a une quinzaine d'années, ce salon était mis sans dessus dessous par pleins de petits monstres.

Kendall sourit sincèrement.

- Les enfants égayent une maison.

Légèrement surprise j'observais ma petite amie.

- Tu en voudrais ? Demandais-je aussitôt avec beaucoup trop d'enthousiasme pour que cela ne me trahisse pas.

Visiblement amusée, Ken, haussa un sourcil en pinçant les lèvres d'une manière presque mystérieuse. Je n'eus pas le temps d'entendre sa réponse car Rosie revint avec un grand plateau sur lequel était posé trois verres ainsi qu'une large carafe qui contenait un liquide à la couleur exotique.

- Voilà les filles, je nous ai préparé un bon cocktail de fruits que je cultive dans mon jardin, avec de gros glaçon, ça devrait nous faire du bien, sourit Rosie en prenant place à son tour sur le canapé.

- C'est très gentil, là remerciais-je. J'avais oublié qu'il pouvait faire aussi chaud ici en fin d'année, il est à peine 11h et le soleil est déjà agressif.

Rosie rouspéta sur le temps en nous servant, nous demandant si nous étions bien reposées de notre long voyage.

- Vous avez une très jolie maison, complimenta Kendall alors que nous sirotions toutes les trois délicieusement la boisson que nous avait préparé l'amie de ma mère.

- Merci beaucoup Kendall. Je vous ferais visiter si vous le souhaitez, mes enfants m'ont offert les services d'une décoratrice d'intérieur l'an dernier.

- Comment vont ils d'ailleurs ? Rebondis-je.

La sexagénaire nous expliqua alors que son fils aîné après des études de finance et un bon poste dans le secteur, avait tout plaqué pour faire une sorte de tour de l'Amérique du Sud, le deuxième était quant à lui était kinésithérapeute et vivait à Melbourne, divorcé et père de deux enfant. Pour finir, la petite dernière, sa fille vivait à Madagascar où elle travaillait pour une organisation internationale, elle avait deux jumelles.

- Et comment va Derreck ?

- Très bien souris-je. Il est très heureux je crois, il le mérite.

Rosie voulut nous resservir de la boisson, j'en pris volontiers, Kendall déclina poliment, assise à bonne distance de moi, je sentais tout le calme qui émanait d'elle et c'était réconfortant, si elle n'avait pas été là je n'aurais jamais eu le courage de dire :

- Rosie, je n'avais jamais ressentis le besoin de revenir ici depuis la mort de mes parents. Je le regrette car ça me fait beaucoup de bien, mais si je n'avais pas appris des choses aussi troublantes sur ma naissance je ne crois pas que je serai revenue d'aussi tôt.

La dame à la robe multicolore, assise et le corps tourné vers moi hocha lentement la tête.

- Je suis ici parce que j'ai besoin de réponses et que tu es la seule personne qui puisse me les donner.

Après qu'il y ait eut un bref silence durant lequel j'avais jeté un furtif coup d'œil à Madame Jones qui hocha la tête lentement comme pour m'encourager, Rosie soupira, regardant vers le plafond.

- Je pensais que j'emporterais cette histoire avec moi dans ma tombe, dit t'elle avec un sourire triste.

Mon ventre se noua.

- Quand cette sorte de détective est passé ici avec ces questions j'ai su que tôt ou tard tu reviendrais ici pour avoir le fin mot de cette histoire, j'appréhendais ta visite je l'avoue, quand tu m'as appelé pour me prévenir j'étais anxieuse. Cependant, je sais que c'est ce que ta mère aurait voulu. A'laya était une femme d'une bonté rare et c'est le moins que je puisse faire pour elle.

Je souris tristement.

- Chérie, dit Rosie, en déposant une main réconfortante sur ma cuisse. Il faut que tu saches qu'Eric et A'laya vous aimaient ton frère et toi d'un amour inconditionnel et que ce que je vais raconter n'effacera jamais tout ça.

Le noeud dans mon ventre se resserra.

- Je ne t'apprends rien en te disant que ta mère était une grande adepte de méditation, c'est d'ailleurs elle qui m'y a initié, et il y avait un programme en Inde dédiée aux femmes enceintes auxquels elle avait toujours eu en tête de participer durant l'une de ses grossesses. Sa première grossesse avait été assez difficile cependant le début de la deuxième s'était assez bien déroulée, alors elle avait décidé d'y aller et c'est ce qu'elle a fait. Ton père était supposé l'accompagner et Derreck devait rester chez nous durant leur absence cependant entre temps ton père avait été promut au travail, il avait beaucoup de responsabilité alors il ne pouvait pas se permettre de s'absenter pour trois mois, il était réticent à ce que ta mère y aille seule d'autant plus qu'elle devait y accoucher mais elle était

déterminée. Je me souviens qu'elle m'avait dit que c'était une expérience essentielle à son cheminement et qu'elle voulait aller créer ce lien avec son bébé.

J'écoutais attentivement, je reconnaissais bien ma mère et son cheminement spirituel à la fois riche et singulier. Profondément chrétienne mais aussi très attachée à toujours élever sa spiritualité, celle qui venait de nous, de l'énergie humaine. C'était les mêmes faces d'une même pièce pour elle et elle n'hésitait pas à combiner plusieurs biais.

- A'laya est donc partie, elle appelait au moins tous les deux jours pour donner des nouvelles, l'utilisation des téléphones était normalement proscrite durant la retraite mais un aménagement avait été mis en place pour ta mère à la demande de ton père, se souvint Rosie en riant.

Cela me fit sourire aussi, et naturellement je me tournais vers Kendall qui passa sa main sur mon dos qu'elle caressa doucement.

- La retraite se passait bien. La grossesse de ta mère aussi, m'informa Rosie.

Je recevais cette information avec perplexité.

- Rosie, est ce que ma mère était vraiment enceinte ? Je peux comprendre qu'elle ait voulu faire cette retraite mais c'est assez étrange non ? On dirait qu'elle cherchait à cacher quelque chose et qu'elle est partie pour ça.

Rosie sembla étonnée par ma remarque.

- Je peux jurer sur la tête de mes enfants que ta mère était bien enceinte Atlantis.

Je soupirais, je n'avais pas encore mes réponses puisque je ne comprenais encore rien.

- Elle était enceinte, intervint Kendall. Mais était elle enceinte d'Atlantis ? Demanda ma petite amie d'une voix calme.

Je n'avais pas vu venir cette question et je ne me l'étais jamais posée, un autre noeud se forma. Je pouvais lire la réponse sur le visage figé de Rosie qui finit lentement par secouer la tête pour dire non. Et là c'est tout mon coeur qui se noua, je me laissais complètement retomber sur le dossier du canapé, comme si l'on venait de me frapper.

Rosie m'attrapa aussitôt les mains avec vigueur, alors que je sentis mes yeux se remplir de larmes.

- Ta mère a perdu ce bébé, c'était aussi une petite fille, qu'elle comptait appeler Atlantis, elle l'a perdu dans une explosion. Une explosion d'une cause toujours inconnue à ce jour est survenue près du domaine où avait lieu la retraite et il y a plusieurs blessés graves dans ce tragique accident. Plusieurs femmes y ont perdu leur bébés et certains responsables des lieux sont même décédés.

Mes yeux s'écarquillèrent.

- Ta mère a faillit y passer, me dit Rosie avec émotion. Elle est tombée sur le ventre au moment de l'explosion. Faire une fausse couche au huitième mois de grossesse est très dangereux,

heureusement elle a pu être prise en charge rapidement mais elle a dû traverser cette épreuve douloureuse seule. Quand nous avons appris la nouvelle, quelques heures après, ton père a prit le premier vol et Derreck est venu ici, j'ignore s'il s'en souvient mais il est resté deux mois chez nous, il devait avoir quatre ans au plus à l'époque.

Une larme coula sur ma joue, de même que sur le visage de Rosie qui était toute aussi émue que moi, tenant toujours mes mains. Ken resta silencieuse, nous observant.

- Ça a été très difficile. Atrocement douloureux. C'est tout le quartier qui a été en deuil. Il avait été très difficile pour ta mère de tomber enceinte une deuxième fois. Et puis il y a eu ce que ta mère appelait « son miracle ».

Une autre larme coula, et Kendall se leva pour revenir avec des mouchoirs pris sur la table à manger, elle en tendit un à Rosie qui se redresser, avant de venir s'assoir très prêt de moi pour essuyer mes joues délicatement.

- Tu étais le miracle, annonça Rosie d'une voix déformée par l'émotion. Un autre bâtiment avait été touché par l'explosion : un orphelinat.

J'attrapais la main de Ken dans la mienne, serrant fort dessus, pour y prendre ancrage.

- Et seul un nouveau né y avait survécu car il se trouvait à l'extérieur du bâtiment ce jour là, devant recevoir des vaccins hors du foyer. Quand ta mère a entendu parler de cette histoire, malgré sa convalescence et ses blessures elle a souhaité voir ce bébé aussitôt. Et il faut avouer que même bébé, ta ressemblance avec A'laya était frappante. Même aujourd'hui en te voyant j'ai été subjuguée à ce propos, tu lui ressembles tant alors que...

Rosie se tut, souriant.

- Je ne suis pas une grande adepte des histoires de réincarnation mais je crois que ta mère avait raison en disant que tu es un réel miracle. Elle a su aussitôt qu'elle voulait t'adopter, enfin ils parce qu'Eric était aussi l'homme le plus heureux du monde quand il t'a vu.

Je pris une profonde inspiration, le pouce de Kendall caressant ma main.

- Ils se sont bien sûr occupés de toute la paperasse, de te faire des papiers, et puis ils sont revenu avec toi ici, comme ils l'avaient prévu. La vie est pleine de surprise parfois. Voilà ton histoire chérie, c'est une histoire pleine d'espoir.

Je ne cherchais pas à retenir les larmes qui coulèrent sur mes joues.

- Si c'est une histoire aussi simple, pourquoi ne m'en ont ils jamais parlé ?

Rosie pinça les lèvres en secouant la tête, m'indiquant qu'elle n'avait pas la réponse à cette question.

- Ce que je sais c'est qu'ils comptaient vous en parler à ton frère et à toi durant leur séjour à New York, ta mère me l'avait confié.

Cette phase provoqua un séisme, et cette fois les bras de Madame Jones m'enlacèrent immédiatement, elle m'embrassa la tempe. J'étais une véritable madeleine ces derniers temps, mes émotions faisaient l'ascenseur. J'ignorais comment j'aurais pu traverser cette épreuve seule. Quelle ironie du sort, la femme que j'aimais était celle qui m'avait donné la force de venir à bout de l'histoire qui m'avait poussé à accepter de participer à une entreprise dans le but de faire du mal.

Je du attendre de calmer mes pleurs pour murmurer :

- Ma-ma famille biologique ? J'ai vu une photo.

Rosie qui tapotait ses yeux avec un mouchoir, pinça les lèvres comme si elle appréhendait de répondre.

- Tes parents ont durant longtemps cherché à les retrouver et ils ont retrouvés leurs traces quand tu avais environ deux ans, ils sont tous morts Atlantis. Je crois que c'est aussi de ça qu'A'laya et Éric essayaient de te protéger. Ta famille biologique a été ravagée par une vague de famine qui avait touché la région en raison d'une vague de sécheresse, ils étaient d'une pauvreté extrême et c'est pour cette raison qu'ils t'avaient confié à l'orphelinat dans l'espoir de t'offrir un meilleur avenir. Tes parents biologiques avaient déjà beaucoup d'enfants assez grands et ils ne pouvaient se permette d'avoir une bouche de plus à nourrir. Cette photo c'est la chose qu'ils avaient pu laisser pour toi à l'orphelinat.

Je fermais les yeux, faisant mentalement le deuil de cette famille que je n'avais jamais connu et que je connaîtrais jamais. Je laissais ma tête retomber sur l'épaule de Kendall, et après que nous soyons toutes restées ainsi dans le silence, mon nez dans son odeur qui était celle où je me sentais chez moi, celle de ma maison, je sentis la paix. La paix s'installa peu à peu, dans mon coeur, dans mon esprit. Voilà c'était ça mon histoire, celle du miracle dans la douleur, celle de l'espoir dans la tragédie. Mes parents avaient cherché à me protéger, ils m'avaient aimé, m'avaient chéris et ils étaient aujourd'hui encore plus que jamais mes parents et c'était tout. Je n'avais plus de doutes, plus de colère. J'avais uniquement des regrets. Pourquoi avait t-il fallut que cette histoire soit instrumentalisée, pourquoi avait il fallut que j'accepte qu'elle soit la monnaie d'échange contre Kendall ? J'aurais pu avoir ces réponses autrement, j'aurais pu tout faire autrement.

...

Nous avions quitté chez Rosie, après être restées au moins une heure à discuter avec elle, riant, pleurant, enfin surtout moi. Nous avions fini par boire toute la carafe de cocktail maison et j'avais donné à Rosie son cadeau puis nous l'avons chaleureusement remercié avant de partir, le coeur léger. Je me sentais libre et j'enlaçais fortement Kendall dès que Rosie eut refermé la porte de chez elle, la remerciant, lui disant que je l'aimais.

- Que dirais tu d'une après midi australienne version Kayslar ? demandais-je alors que les bras de Madame Jones étaient autour de ma taille.

- J'en dis que je suis partante pour tout ce qui est en version Kayslar.

Je riais alors que les douces lèvres de Madame Jones m'embrassèrent le cou.

- Hum, j'ai toujours su que tu avais un faible pour Derreck, au fond, blaguais-je.

Elle ria franchement contre la peau sensible de mon cou. Et c'est comme ça que nous nous étions retrouvées à sortir faire du vélo sur les engins étonnamment en bon état de Derreck et moi, stockés dans notre garage. Nous avions roulé jusqu'à la plage, où nous nous étions promenés pieds nus, avions achetés de quoi manger dans une camionnette qui vendait des en-cas mexicains. C'était agréable de pouvoir se promener sans être interpellées, bien évidemment on reconnaissait Kendall mais personne n'était venu nous déranger, juste quelques sourires et des salutations gentilles. Nous avions fini par rentrer, au crépuscule, après s'être embrassées comme un jeune couple en chaleur sur des transats isolés de la plage. Nous avions fini par rentrer au risque de finir par faire l'amour sur la plage. Non, nous l'avions plutôt fait en rentrant.

...

Après que nous ayons dévoré au lit des hamburgers commandés, Kendall s'était extirpée du lit en première, allant prendre une douche, pendant que je somnolais encore à moitié, conséquence de nos ébats et de mon ventre plein. Lorsqu'elle revient, dans son peignoir, elle me réveilla doucement, en m'embrassant et alors que je refusais de me lever grognant que j'étais fatiguée, elle me souleva doucement dans ses bras — j'allais réellement finir par me prendre pour une princesse, avant de m'amener dans la salle de bain, où elle m'avait fais coulé un bain chaud qui sentait divinement bon et dans lequel elle m'avait plongé.

...

Après ce bon bain, et après avoir enfilé ma chemise de nuit, je descendis au rée de chaussé qui était finalement éclairée, et où des bougies était allumée. Une enveloppe posé sur le comptoir de la cuisine attira mon attention. Une lettre en était sortie. Je reconnu aussitôt le sigle de faculté de médecine de New York en haut à gauche, j'attrapais le bout de papier, les doigts tremblants. Et je lus les quelques mots rédigés à la main :

« Suite à la recommandation du directeur d'étude de troisième année et au vu de son parcours universitaire remarquable, comme peuvent en témoigner ses excellents résultats, l'étudiante Atlantis Kayslar dont les études avaient été interrompues de manière compréhensible par un événement tragique, pourra reprendre son cursus dès la rentrée prochaine au sein de la faculté de médecine de New York »

Choquée, je portais ma main à ma bouche. Premièrement je n'avais fais aucune demande de reprise de mon cursus, deuxièmement c'était presque impossible après avoir passé plus de deux ans sans étudier, et troisièmement je ne doutais pas du fait que j'avais un bon dossier mais ce genre de chose n'était possible que lorsque l'on avait le bras long, très long, aussi long que celui d'une personnalité comme Kendall Jones.

C'est seulement à cet instant que je remarquais ma petite amie appuyé à l'autre bout du comptoir, toujours dans son peignoir, un sourire adorable sur le visage, m'observant comme si j'étais la femme la plus belle au monde.

- Tu es brillante. Et je sais qu'au fond de toi c'est ton rêve le plus cher de devenir médecin. Je ne dis pas que c'est ce que tu dois faire, mais je veux que tu saches que tu as le choix, que tu peux tout reprendre et finir ce que tu avais commencé. Non, ne dis rien. M'interrompit t'elle alors que je voulus parler. Pas maintenant. Je te demande simplement d'y réfléchir bébé.

Et je lui promis d'y réfléchir. Avant d'aller me jeter sur elle pour l'embrasser. Ou plutôt pour lui dire que je l'aimais dans un baiser fougueux.

...

Je pensais que notre baiser allait se finir sur le canapé, nos deux corps nu, quelque chose de bestial, de familier. Encore. Mais apparement Madame Jones avait prévu autre chose. Ce baiser plein d'ardeur nous mena bien sur le canapé mais elle me fit m'assoir dessus. Je ne comprenais pas pourquoi ma petite amie me privait de ses lèvres et de sa chaleur, je fis la moue, puis je la vis, sans me quitter des yeux, s'agenouiller sur ses deux jambes, entre mes jambes, la mine grave.

- Mon ange, qu'est ce que tu fais ? M'inquiétais-je en prenant ses mains pour qu'elle se relève.

Une demande en mariage ? Kendall Jones était en train de me demander en mariage ? Non elle n'était pas sur un genoux, mais sur les deux ? Alors quoi, elle se soumettait à moi ?

- Ken ? Insistais-je devant son silence, inquiète.

- Tu m'as dis que tu voulais tout ?

Je fronçais les sourcils, mes cheveux étaient encore humides et ceux de Kendall aussi, elle avait l'air tellement vulnérable, face à moi comme ça, comme si je la contrôlais. Je réfléchis puis je compris rapidement, je lui avais dis que je voulais tout d'elle.

- Alors je vais tout te donner, me dit t'elle doucement, fuyant mon regard.

Ce n'était pas une demande en mariage c'était cent fois plus, je devins anxieuse.

- D'accord Ken, mais viens t'asseoir près de moi s'il te plaît, tu n'as pas besoin de te soumettre pour ça, dis-je doucement en soulevant doucement son menton.

Sans me regarder elle secoua la tête pour dire non.

- Parce que je voulais tout de toi je t'ai soumise Atlantis alors si tu veux tout de moi c'est à moi de me soumettre à mon tour. Si je te donne tout tu connaîtra tous mes démons et tu deviendras mon garde fou, il faut que que tu saches les dominer. Que tu saches m'arrêter. C'est ce que tout avoir implique, de tout voir, de ne pas pouvoir fuir, d'être submergée. Est ce que tu es sûre que c'est ce que tu veux Atlantis ?

Je déglutis difficilement, les yeux de Kendall étaient vitreux, c'était déstabilisant, je ne l'avais jamais vu comme ça.

- Je veux tout, dis-je encore dans un murmure.

Les yeux ambres de Kendall croisèrent les miens et mon ventre se tordit d'une manière désagréable, je n'allais pas aimer ce que j'allais entendre, et je ne supportais déjà plus de la voir aussi vulnérable et torturée. J'étais en face de cette Madame Jones que j'avais cherché en vain et maintenant je n'étais plus sûre de pouvoir l'affronter.

- Érika a toujours été particulièrement dure avec moi, puis elle est carrément devenue méchante, même lorsque j'étais petite nous n'avons jamais eu de bon rapport, chez nous, c'était une nourrisse qui s'occupait de moi car Erika supportait à peine de me voir. Je ne sais pas pourquoi, elle m'a toujours rejeté, sans raison apparentes, mais je n'ai jamais été à la hauteur pour elle, et puis elle me reprochait d'être bizarre, d'être source une de honte parce que je m'intégrais difficilement avec les autres enfants, et à l'école.

Un frisson désagréable me traversa.

- Tout s'est détérioré un après midi, la fille de notre voisine était venue jouer chez nous et elle m'a fais un bisou, innocent, nous étions des petites filles, ça n'avait rien de charnel c'était de la curiosité, ou peu importe, j'avais déjà conscience du fait que j'étais attirée par les filles et non par les garçons à cette époque mais j'étais encore une enfant, et je ne comprenais pas grand chose en réalité. Ma mère a vu ce baiser et tout a basculé a partir de là.

Je serrais les dents. La voix de Kendall restait mesurée, distante, comme si ce qu'elle racontait n'était pas son propre vécu.

- Les coups ont commencé. Tous les prétextes étaient bons, si mes cheveux étaient mal brossés, si je parlais trop fort à son goût, si je n'étais pas assez souriante devant mon père, si je refusais de jouer avec Marc, si je restais cinq minutes de plus au lit au lieu de me lever lorsque l'on venait me réveiller. Si...

Kendall soupira.

- C'était des prétextes. J'étais une enfant, et évidemment je faisais toujours quelques chose de travers, c'est le propre même de l'enfance d'être en plein apprentissage. Au départ c'était des gifles, violentes et puis c'est devenu de réelles sessions de tabas, sur le dos, les jambes, les fesses, avec une serviette froide, qui contenait un savon. Les premières fois j'avais crié riais espérant qu'une des domestiques interviendrait, ce qui n'arriva bien évidement jamais. Mon père était souvent en voyage ou en tout cas absent toute la journée. Puis j'ai arrêté, à force, pleurant en silence. C'était, une douleur familière, je rois que c'était d'ailleurs notre seul lien. C'était inévitable, même lorsque tout se passait bien durant une journée, elle finissait toujours par venir dans ma chambre et fermer la porte. Elle me frappait jusqu'à ce que je la supplie d'arrêter.

Mes mains se crispèrent dans celle de Kendall tandis que j'essayais de fermer les yeux pour chasser les images qui imprégnaient mon esprit.

- Une fois Marc a ouvert la porte de ma chambre, mais il était petit, assez pour ne pas s'en souvenir. Il a voulu me prendre dans ses bras mais Erika lui en a interdit, le tirant. J'avais aussi cherché à le tirer vers moi, Marc était ma seule source de réconfort, en dehors de mon père qui n'était pas souvent là. Et quand elle a voulu me l'arracher c'est la seule fois où je me suis débattue. La seule fois où je n'aurais pas dû d'ailleurs.

Je fronçais les sourcils, alors que je tremblais presque de colère. Là j'entendis un reniflement, Kendall baissa davantage la tête, je sus qu'elle pleurait et mon coeur en fut déchiré. Je voulu prendre son visage entre mes mains mais elle serra fort mes mains dans les siennes.

- Je lui ai mis un coup de pied dans le ventre en me débattant, j'y avais mis toute ma force, elle portait un pantalon blanc ce jour là, je me souviens encore du cri qu'elle avait poussé, dit t'elle d'une voix faible. Elle est tombée au sol et du sang a coulé sur ses jambes presque aussitôt. Erika était enceinte, je l'ai compris en grandissant. Sur le coup, j'avais juste cru lui avoir fais mal et j'avais même cru qu'elle allait se relever aussitôt et m'étrangler jusqu'à ce que mort s'en suive mais elle ne fit rien, elle s'était juste relevée difficilement en hurlant qu'on vienne l'aider. Mon père n'a jamais su pour cette grossesse, elle devait être dans son premier trimestre.

Ma petite amie marqua une pause.

- Ken, ce n'était pas de ta faute tu..

- Peu importe Atlantis, dans l'esprit d'Erika qui me déteste depuis le jour où elle m'a accouché, j'étais une petite fille ingrate, bizarre, sources de honte, qui aimait les filles et qui de surcroit, venait de tuer son bébé. Tu imagines bien que depuis ce jour le mot haine n'était plus suffisant pour expliquer ce qu'Erika ressentait et ressens toujours à mon égard. Les coups se sont arrêtés durant plusieurs jours après ça, et puis elle a recommencé, en me privant de nourriture, me donnant tout juste des portions me permettant de ne pas mourir de faim. Je n'avais pas le droit de sortir de ma chambre sauf quand mon père était là, ce qui était rare. Et je n'allais plus à l'école, Erika avait prétexté que j'étais souffrante et que je suivrais l'école à la maison pour un temps, c'est l'avantage de mettre ses enfants dans l'école privée la plus cher des Etats Unis, on cède à tous les caprices des parents.

Le détachement de Kendall me faisait encore plus mal, et je ne pu retenir longtemps les larmes qui inondaient mes yeux.

- Elle a finalement décidé de m'envoyer au couvent, malgré les protestations de mon père qui l'a toujours beaucoup trop aimé ou craint, je ne sais pas, pour s'opposer à elle.

- J'ignore comment un homme aussi bon que ton père peut aimer une femme aussi cruelle, chuchotais-je.

- C'est parce qu'il ne la connait pas, il ne connait que ce qu'il y a à la surface. J'aurais pu tout lui raconter, mon père a toujours été si attentif à moi, mais...

Ken avait la bouche ouverte mais aucun son n'en sortit pendant plusieurs secondes.

- J'étais pétrifiée, chuchota t'elle alors qu'une larme coula sur ses joues. J'avais l'impression qu'elle était partout, qu'elle pouvait tout voir, tout entendre.

Je passais une main dans les cheveux noirs de jais de ma petite amie, et elle baissa sa tête, la faisant reposer sur mes genoux.

- Je savais que ce qui m'attendait au couvent allait être difficile, je n'avais encore rien vu. Erika Jones avait grandis dans cet endroit et si elle m'y amenait c'est qu'elle savait que j'allais y subir un traitement atroce. La seule chose qui me donnait de la force était que mon père m'avait dit qu'il trouverait un moyen de me sortir de là. J'y ai tout de même passé un an.

Je continuais à caresser les cheveux de ma petite amie que je n'avais jamais vu aussi faible, et brisée.

- Il y avait pleins d'autres jeunes filles dans ce couvent, enfin c'était plutôt un centre de redressement, allant de mon âge à la majorité, murmura Kendall. J'étais considérée comme un cas grave et j'étais isolée, j'étais constamment enfermée dans une sorte de cellule d'environ six mètre carré, avec un filet de lumière d'une finisse presque ridicule. On ne m'avait rien, dis, pas d'explication, pas de durée, rien. J'y étais simplement. On me donnait à manger tous les deux jours, et je prenais une douche une fois par semaine environ, on apportait un seau remplit d'eau froide, et une éponge. J'avais un seau pour mes besoins. J'ai perdu l'habitude de dormir dans cette pièce parce que ne pas avoir la notion du temps, du jour de la nuit est une forme de torture extrême. Il y avait un simple matelas en éponge, avec un draps bien trop léger pour la pièce glaciale.

Je pouvais imaginer que ça avait été assez dur car Kendall ne dormait pratiquement jamais, même lorsqu'elle le faisait ça semblait superficiel. Elle n'était pas tranquille.

- J'ai aussi commencé à délirer, j'étais tellement maigre que je tenais à peine debout. La seule chose qui m'aidait c'était d'écrire, de graver des choses sur les murs, je ne pleurais plus, je n'attendais plus mon père, je voulais juste disparaitre. J'avais presque complètement perdue la tête le jour où l'on m'a libéré. J'étais restée deux cents soixante dix jours dans cette pièce, et le jour ou l'on est venue me sortir on m'a dit que mon père viendrait me chercher dans deux mois, que je partirais pour la France et qu'il était donc temps que je redevienne une petite fille normale car j'avais été pardonné. Erika m'avait fais payé la mort de son bébé, entre autre.

Je pleurais, ressentant une plaie béante dans ma poitrine.

- Redevenir une petite fille normale, murmura Kendall. Je me vois encore dans cette cellule tous les jours, constamment, c'est ma prison mentale. Elle a laissé des séquelles dans tous les aspects de ma vie. Quand j'en suis sortie j'avais peur des gens, je ne supportais pas que l'on me touche, dès que l'on m'approchais j'avais des crises de rages violentes et j'en ai eu jusqu'à l'adolescence. Mais c'est toujours une torture. Il n'y a qu'avec toi que c'est paisible.

Je souris tristement.

- Je ne parlais plus, et durant longtemps je ne supportais pas la lumière ou le bruit. Ce sont des choses sur lesquelles j'ai travaillé avec tante Meredith. En deux mois j'ai pu reprendre un poids correct, et ça m'a laissé le temps de faire semblant que tout ce que je viens de ta raconter ne s'était passé que dans ma tête, et quand mon père est venue me chercher pour m'emmener vivre à Paris, j'ai fais semblant. Je voulais juste qu'il m'emmène loin, n'importe où. Erika avait appelé au couvent et elle m'avait dit que si je parlais à mon père, si j'essayais, elle lui dirait que j'avais tué leur bébé, que mon père me détesterait, qu'il me jetterait en prison.

Les lèvres de Ken tremblaient, et mes cuisses, non couvertes par ma chemise de nuit étaient trempées par ses larmes.

- Au fond il a toujours su que quelque chose n'allait pas, mon père n'a simplement jamais voulu accepter la vérité. Il m'a envoyé en France pour me protéger d'elle, il venait me voir tous les mois, et il savait que j'étais brisée, que je n'étais plus la même. Il sait qu'elle m'a bousillé, et il a essayé de me réparer.

Je me penchais sur la tête de Madame Jones, humant le parfum sucré de ses cheveux humides, embrassant son crâne, pleurant silencieusement avec elle.

- Tu as tout. Je n'ai jamais raconté toutes ces choses à quiconque, pas même à tante Meredith ni à Raessah. Tu es la seule personne à m'avoir déjà vu aussi faible, parce que je n'ai pas le droit de l'être, tu comprends ? Si je le suis elle va encore gagner. Elle veut me détruire pour que que je rampe à ses pieds et que je la supplie de me pardonner, elle aime avoir les gens à sa merci, les manipuler. C'est ce qu'elle fait avec mon père, avec mon frère, avec tout le monde. Je suis la seule qui la connaisse vraiment alors je n'ai pas le droit d'être faible, tu comprends ?

En disant cela Kendall avait relevé la tête, attrapant ma nuque et me fixant. J'avais hoché la tête, pour lui répondre que je comprenais.

- Tu ne l'es pas, murmurais-je. Tu es tout sauf faible mon ange, elle ne peut pas gagner. Dis-je la voix brisée. Je suis là, et je ne laisserais personne te faire du mal.

Elle ne pouvait pas gagner. Je ne pouvais pas la laisser gagner. Madame Jone sourit, son visage s'adoucit.

- Merci, murmurais-je. De m'avoir tout donné.

Nous échangeâmes un baiser salé. Un baiser de réconfort, de guérison, de confiance. Et quand nos lèvres se détachèrent, que je vis l'intensité de ses yeux assombrit je compris aussitôt.

- Dis moi ce que tu veux ? Susurrais-je.

Et ma Kendall, dominante, au visage autoritaire, malgré ses joues humides et ses joues rosies, revint. Mon bas ventre se tordit sournoisement, anticipant la suite.

- J'en veux trois, soupira t'elle avant d'écarter mes cuisses d'un geste franc, elle retira mon tanga avec ses dents, me faisant frissonner.

- Ken, murmurais-je, fébrile et mon corps même pas encore remis de nos ébats précédents, acharnés.

- J'en veux trois, bébé, dans ma bouche, exigea t'elle.

Madame Jones attrapa ensuite aussitôt mon clitoris dans sa bouche, avant de le sucer, je gémis, ma tête bascula en arrière, mes mains attrapèrent ses cheveux, tout mon corps trembla de ses sucions, mon dos se arqua. Je respirais fortement, la bouche ouverte. Encore sensible, je vins en quelques minutes, violemment, hurlant presque. Mais elle ne me lâcha pas, au contraire sa bouche sur ma vulve me dévorait goulument, elle était affamée de moi. Je serais ma main dans ses cheveux, mes jambes tremblaient, et mon bassin allait vers sa bouche. J'avais des frissons puissants, et tout l'énergie de mon coprs était diffusé vers ma vulve qui pulsait. Je vins une secondes fois, dans un orgasme profond qui me fit pousser un râle alors que mes jambes se resserrèrent autour de la tête de ma petite amie. Mon dieu. Je n'en pouvais plus, j'essayais sans grande conviction de repousser sa tête mais son bras s'enroula autour de ma taille. Et quand je remarquais la main de Madame Jones se glisser sous son peignoir pour aller entre ses cuisses, et quelle se toucha avec urgence, c'est mon corps qui en redemandait. Les gémissements rauques de Ken contre ma vulve me rendaient folle. Elle n'était pas loin, et moi non plus au vu de ma sensibilité et d'à quel point elle suçait mon clitoris juste à l'endroit qui faisait vriller mes nerfs. Elle suça plus fort, se touchant plus vite. Il en restait un, il allait me ravager cet orgasme je le savais, parce que je n'avais jamais ressentis ça, c'était des orgasme violents. Je la repoussais encore, non pas parce que ce n'était pas bon, mais parce que j'appréhendais ce séisme, ce niveau de lâché prise que je n'avais encore jamais atteins, j'avais peur que mon coeur explose et que je sois de ceux qui meurent pendant un orgasme trop violent.

- Ken, je ne peux plus, soufflais-je alors que paradoxalement je lâchais un gémissement profond de plaisir.

- J'ai dis que j'en voulais trois, bébé. Tu vas m'en donner trois. S'il te plait, me répondit t-elle les dents serrées.

Putain, oui.

Elle m'offrit une dernière sucions, fatale, je vins dans sa bouche, elle vint, criant sur ma vulve, gémissant fort sans cesser de me lécher, m'accompagnant jusqu'à ce que mon orgasme consume entièrement mon corps.

Je m'effondrais, et elle s'effondra aussi sur moi, sa tête sur mes cuisses. Quand je le pu j'ouvris lentement les yeux, pour avoir la vue sur cette femme incroyable dont le fruit de mon excitation recouvrait la moitié de son visage, luisant.

- Je vous aime Madame Jones, murmurais-je.

...

Le lendemain était le jour de notre retour à New York, notre vol était à quatorze heure, alors nous nous étions levées assez tôt pour mettre de l'ordre dans la maison, remettre les bâches, prendre quelques trucs que Derreck m'avait demandé et faire nos valises.

Nous en avions pour un peu plus d'une journée et demi de voyage, nous étions un mardi, ce qui voulait dire que nous devions arriver à JFK le jeudi matin.

Nous devions partir dans les trente minutes, et j'étais en train de me préparer dans la salle de bain de mes parents, déjà nostalgique de quitter cet endroit.

J'étais sur mon petit nuage d'amour, tellement perchée que lorsque Madame Jones me demanda à emprunter mon téléphone car le sien ne marchait plus — elle m'avait dit l'avoir mouillé par inadvertance, je n'avais pas vu le danger.

- Bébé, puis-je t'emprunter ton téléphone ? J'aimerais m'entretenir avec Jack.

- Oui bien sûr, dis-je en me brossant les cheveux, il est dans mon sac.

Ken attrapa délicatement la brosse de mes mains pour peigner mes cheveux de la même couleur que les siens, d'une délicatesse charmante avant de m'embrasser le haut du crâne puis de disparaître.

Je l'ignorais mais à cet instant là, Kendall s'apprêtait à composer le numéro de Jack sur mon téléphone quand l'historique de mes appels avait attiré son attention, un numéro en particulier, celui qui m'avait contacté le jour où nous étions arrivés en Australie, le numéro d'Erika, que Ken connaissait par coeur, et puis plusieurs appels entrants et sortant de Jack, deux appels entrants de Marc que je n'avais pas vu et un message vocal laissé sur mon téléphone la veille et que je n'avais pas écouté :

- Atlantis, c'est Emma. Marie Anne est passée à l'agence hier dans la journée, elle m'a dit que c'était assez urgent donc elle m'a demandé de te transmettre un message. Apparement une certaine Erika Jones lui aurait envoyé un message où il est écrit « préparez un bon vin, un peu de pop corns et admirez le spectacle car il est imminent ». Voilà, je ne sais pas ce que ça veut dire mais elle m'a dit que tu comprendrais. Erika Jones c'est bien la mère de Kendall ? Écoutes ma belle je ne sais pas ce qu'il se passe mais j'espère que tu as pu parler avec Kendall parce que ça ne sent vraiment pas bon tout ça. Il faut que tu lui dises, cette histoire est en train de tourner au vinaigre.

Je n'avais jamais entendu ce message, car après l'avoir écouté Kendall l'avait supprimé. Et à ce moment là j'étais piégée car elle savait qu'il se passait quelque chose et en réalité c'est à partir de cet instant que notre histoire s'était finie. Parce qu'elle savait. Elle savait que je mentais.

...

Madame Jones s'était complètement renfermée depuis cet appel avec son homme de main. J'ignorais ce qu'il lui avait dit ou sur quoi ils s'étaient entretenu mais il s'était passé quelque chose. Jack était un homme de parole, il m'avait dit qu'il me croyait et qu'on s'occuperait de tout lors de mon retour à New York, je ne le croyais pas capable de me faire un coup pareil, j'en étais même sûre. Ça devait être concernant son travail, Madame Jones était tellement exigeante en affaire qu'un rien pouvait la faire passer du chaud au froid en quelques secondes. Je ne me souvenais pas de la dernière fois que je l'avais vu aussi silencieuse et froide. Elle n'était pas distante physiquement, j'avais même passé la totalité de notre voyage endormie à moitié sur elle, elle était juste absente, enfermée dans ses pensées.

- Quelque chose ne va pas mon ange ? Avais-je demandé alors que nous nous apprêtions à prendre notre denier vol.

Elle m'avait regardé avec intensité, avant de sourire faiblement.

- Non, tout va bien, il y a juste deux trois choses qui me tracassent concernant le travail. Je vais régler ça en rentrant, ne te préoccupes pas de ça, m'avait t'elle dit d'une voix assez injonctive avant de m'embrasser la joue.

Je n'avais pas remarqué sa mâchoire serrée tressaillir, autrement j'aurais su qu'elle me mentait.

...

Jack était venu nous récupérer à l'aéroport toujours dans un de ses costumes impeccables à la James Bond, avec un autre homme, un nouveau et un autre et encore un autre. On était de nouveau à New York et c'était répartit pour l'effervescence folle de cette ville, et pour le tralala de sécurité, cette histoire avec Bobby avait dû pousser Kendall à augmenter la sécurité autour et nous. Deux véhicules nous escortaient, un devant et un derrière. Nous étions de retour sur le terrain de Madame Jones, avec ses règles. Ça prenait du temps, mais on s'y faisait.

Il était aux environs de dix heures quand la Mercedes de Kendall se gara dans la rue chic où se trouvait mon appartement, je devais y retrouver Derreck que j'étais impatiente de voir.

- Ken. Avais-je soufflé à mon amoureuse en attrapant sa tête entre mes mains, avant de sortir de la voiture. Je sais que tu es une acharnée du travail mais sois raisonnable s'il te plaît, ne te laisse pas consumer par tout ça.

Elle s'était tendue et avait contracté sa mâchoire.

- Ne t'inquiète pas pour moi bébé, ça va aller. Je te retrouve ce soir, avait t'elle dit avant d'embrasser furtivement mes lèvres.

Je l'avais embrassé à mon tour, plus longtemps, profondément même et je n'avais là non plus pas vu ses mains se crisper sur ses genoux, puis je quittais le véhicule. Jack vint sortir ma valise du coffre et il m'indiqua discrètement qu'il me contacterait dans la journée.

...

Il était midi. Emma revenait d'un rendez vous chez l'ophtalmologue, elle avait prit sa journée et était remplacée par une intérimaire à l'agence. Elle n'attendait personne alors elle fut surprise lorsque l'on sonna à sa porte, alors qu'elle venait tout juste de s'installer dans son canapé, espérant souffler et se demandant ce qu'elle allait pouvoir se préparer à midi.

La mâchoire de la jeune femme d'origine asiatique faillit tomber lorsqu'elle ouvrit la porte et qu'elle tomba nez à nez sur Kendall Jones. En fait elle faillit faire une syncope. La milliardaire portait un tailleur gris, très élégant, ses cheveux étaient noués en un chignon bas qui défiait la perfection, elle inspirait la classe, l'intimidation, la froideur mystérieuse. La fille de Franck Jones tenait un manteau blanc sur son bras et un large sac en papier carton d'une main d'où venait une odeur délicieuse, Emma se sentit rougir. L'effet Kendall. Elle ne s'y était jamais fais.

- Oh, Ken-kendall, je-je... bégaya la jeune femme qui se dit qu'elle aurait du faire un peu de rangement la veille, maintenant Kendall allait croire qu'elle était bordélique.

- Bonjour Emma, j'ai apporté le déjeuner. J'espère que vous aimez les coquilles saint Jacques ?

Emma confuse, passa une main nerveuse dans ses cheveux. Kendall Jones, chez elle, dans son petit appartement ultra normal, pour déjeuner, qu'est ce qu'il se passait ? Elle était en train d'halluciner.

- Je vous dois un déjeuner Emma, vous vous en souvenez ? Demanda Madame Jones de sa voix rauque qu'Emma trouvait tellement charmante.

Elle n'enviait pas Atlantis, mais franchement parfois si.. alors le déjeuner, essayait de se reprendre la jeune femme. Oui elle s'en souvenait mais pourquoi maintenant ?

- Oui je m'en souviens, même si je dois avouer que je suis très surprise mais vraiment très honorée. Euh entrez, bienvenue, de-désolée c'est un peu le bazar. Vous pouvez posez le sac sur la table à manger.

La réceptionniste de l'agence d'Atlantis, s'effaça laissant la femme d'affaire entrer chez elle. Elle avait mis de l'ordre dans ses cheveux raides, et plissé sa tenue : jean large pull d'hivers beige agrémenté d'une grosse ceinture noire sur sa taille avant d'aller rejoindre l'autre femme.

...

- Le repas est délicieux. Je crois que je n'avais encore jamais rien mangé d'aussi bon, et ce vin, se délecta Emma. Je comprenais déjà pourquoi Atlantis était aussi entichée mais là je comprends encore mieux, ria Emma.

Kendall sourit sans que ce sourire n'atteigne ses yeux. La femme d'affaire avait à peine mangé. Elle avait surtout veillé à ce qu'Emma mange bien, et à remplir son verre à chaque fois que ce dernier se vidait. Veille technique avant un interrogatoire, faire manger son hôte et le faire boire, jusqu'à ce qu'il soit aux anges et puis on pouvait tout en tirer.

Soudainement, Madame Jones tira sur la chaise d'Emma la faisant grincer et glisser jusqu'à ce qu'elle soit parfaitement en face d'elle, la milliardaire avait écarté les jambes, de manière à rapprocher Emma au maximum d'elle, pour que le visage d'Emma ne soit plus à quelques centimètres du sien de celui de Kendall et là, la jeune femme qui n'avait plus les idées claires rougit, incapable de voir autre chose que les lèvres pleine de la femme d'affaires.

- Emma, regardez moi, ordonna Kendall d'une voix très autoritaire.

L'autre femme s'exécuta en relevant ses yeux vers ceux de Kendall.

- Atlantis me cache quelque chose. Et je sais que vous êtes au courant. Dites moi de quoi il s'agit.

Emma savait qu'elle n'avait pas les idées claires et.. purée elle n'aurait jamais dû boire autant.

- Je ne suis au courant de rien, articula faiblement l'amie d'Atlantis.

- Vous mentez. Rétorqua Kendall d'une voix presque suave qui troubla Emma.

Elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas faire ça à Atlantis. Même si tous ces sens étaient troublés et qu'elle savait qu'elle était dans de sales draps car Kendall était désormais dans sa tête. Emma était hypnotisée, Atlantis lui avait dit que Madame Jones avait ce pouvoir là, et elle comprenait mieux maintenant. Tous ces sens étaient troublés.

- Vous lui avez laissé un message vocal. Vous parliez de Marie Anne, d'Erika Jones. Je vous ai entendu.

- Kendall.. voulut commencer Emma cherchant à s'extirper, cependant les mains délicates de Kendall attrapèrent ses bras, ce n'était pas de la contrainte, c'était même agréable se surprit à penser Emma.

Non non non, qu'est ce qu'il me prend ? S'indigna la jeune asiatique. Elle est en train de jouer de séduction pour me faire parler.

- Regardez moi.

Emma s'exécuta de nouveau, elle plongea dans ce regard et elle déglutit difficilement.

- Parlez. Ordonna Kendall.

Il y eut un silence. Emma se mordit la lèvre, les mains de Kendall la tenait toujours. Et quand elle fixait son visage elle ne voyait que ses lèvres, l'alcool lui montait à la tête. Elle avait les idées tellement floue, elle était prise au piège.

- Je ne sais pas grand chose, tout ce que je sais c'est que Marie Anne l'a fais chanté.

Le visage de Kendall se rapprocha encore, laissant simplement de petit millimètres entre leurs visages.

- Vous en savez plus.

Emma leva les yeux au ciel, elle s'en voulait déjà.

- Elle voulait se venger de vous et elle voulait l'aide d'Atlantis donc elle lui a proposé un marché.

Le visage de Kendall devint aussi froid qu'un roc de glace.

- Quel est le rôle d'Erika Jones dans cette histoire ?

Emma hocha la tête pour dire qu'elle ne savait pas. Kendall ferma les yeux, elle savait que l'amie de la femme qu'elle aimait ne mentait pas.

- Qu'est ce que devait faire Atlantis ?

Le visage d'Emma se décomposa. Elle secoua la tête pour dire qu'elle ne savait pas, mais cette fois elle mentait, Kendall le savait.

- S'il vous plaît, je ne peux pas.

Cependant ce n'était plus la Kendall séduisante qu'Emma avait en face d'elle c'était la Kendall froide, mathématique, dangereuse, effrayante. Son visage était fermé et son air donnait l'impression qu'elle pouvait tuer quelqu'un avec une froideur impeccable.

- Je crois qu'elle devait faire semblant d'être amoureuse de vous, mais...

Kendall se releva dès que ces mots eurent franchit les lèvres d'Emma. Cette dernière tétanisée tenta tout de même d'hurler.

- Mais elle vous aime ! Kendall, je vous en prie, attendez, écoutez moi !

Sauf qu'elle ne l'écouta pas. Elle avait même déjà franchis la porte. Et Emma se détestait déjà, Atlantis ne le lui pardonnerait jamais. Elle ne se le pardonnerait jamais.

...

Lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et que j'arrivais sur le pallier digne d'un hôtel. J'avais le sentiment, d'être un imposteur à chaque fois que je rentrais dans cet immeuble luxueux. Je sonnais à la porte sachant que mon frère y était, Kendall lui avait passé le double des clés qu'elle possédait à cet effet. Mon frère allait vouloir que je lui raconte tout de ce voyage mais je sentais que j'étais assez fatiguée et que j'allais vouloir prendre une bonne douche et me reposer pour pouvoir être en forme pour le lendemain où je devais aller travailler.

Je du sonner de nouveau, et mon frère, en jean et en t-shirt blanc vint m'ouvrir un large sourire sur les lèvres.

- Salut toi, dit il avant de m'enlacer dans ses bras larges.

Il n'y avait que deux personnes au monde qui pouvait me faire sentir chez moi en m'enlaçant : Derreck et Kendall.

- T'as l'air en forme toi, souris-je en m'écartant de D.

Cependant mon frère me fit les yeux gros yeux, je fronçais les sourcils mais au lieu de répondre, mon frère s'écarta du cadran de la porte et je fus prise de court lorsque je vis l'homme assit sur mon canapé. Franck Jones. Il n'avait pas encore tourné la tête vers moi.

- C'est Jack qui l'a fais venir. Il m'a dit de te transmettre ça, me chuchota mon frère en me tendant une petite carte blanche ou un mot était écrit en petit.

« Il est votre issue. Il peut vous aider. Trouvez comment. C'est tout ce que j'ai pu faire pour vous aider. ».

Je soupirais, puis je serrais le papier dans mon poing, avant de relever les yeux vers mon frère.

- 'Lantis, qu'est ce qu'il se passe ? Demanda t'il préoccupé.

Je souris à mon frère, avant de poser une main sur son épaule.

- Je te raconterais tout dès que j'aurais réglé tout ça, promis. Tu veux bien attendre dans ma chambre le temps que je discute avec lui ?

Je ne pouvais déjà plus rien régler mais ça je l'ignorais.

...

En voyant Madame Jones approcher de l'avant de la voiture, Jack descendit la vitre.

- Prenez votre après midi, je veux être seule. Je ne veux aucune sécurité et que personne ne cherche à me joindre, ordonna Kendall Jones. Je prends ma voiture.

L'homme de main avait attendu sa patronne durant environ une heure en bas d'un immeuble que le jeune homme reconnaissait, c'était chez une amie d'Atlantis. Jack sentait que quelque chose se tramait, sa patronne était aussi fermée qu'une huître depuis son retour. Quelque chose là mettait dans cet état aussi glaçant. Jack Bolton hésita.

- Mada..

- Exécution, la coupa la femme d'affaire d'une voix dure.

Kendall Jones haussa un sourcil, Jack laissa ses mots en suspend avant d'ouvrir la portière, la milliardaire s'écarta pour le laisser sortir de l'habitacle du véhicule, puis elle y prit place aussitôt, avant de claquer la porte.

- Le nouveau téléphone que vous avez demandé est dans la boite à gant, informa Jack, il a été configuré et synchronisé.

- Aucune communication sur mon déplacement à un autre membre de l'équipe sécurité, pas même Sauwyer. Je suis officiellement à mon bureau. Aucune communication à Madame Kayslar me concernant, interdiction formelle.

Jack hocha la tête puis il attrapa le regard de sa patronne, emplit de colère, et d'autre chose... de la déception, de l'amertume. Les yeux sombres de la fille de Franck Jones épièrent l'homme de la tête aux pieds, elle serra la mâchoire. Et il comprit aussitôt qu'il se passait quelque chose.

Kendall Jones démarra aussitôt, en trombe. Jack du s'écarter, hâtivement. Elle roulait vite, dévorée par la rage. Il était temps qu'elle y retourne. Chez elle. Dans la propriété des Jones. Le lieu qu'elle détestait le plus au monde mais où se trouvait toutes ses réponses.

...

- Franck. Bonjour, dis-je poliment en m'avançant vers le père de ma petite amie.

Ce dernier qui tenait un verre d'eau releva ses yeux bleu vers moi, avant de se lever, me souriant puis m'enlaçant.

- Atlantis, quel plaisir de vous revoir, j'espère que vous avez fais un bon voyage. Je répondis que oui, et nous primes place, à côté, sur mon canapé.

- Et vous, comment va votre santé ? Vous avez très bonne mine. J'ignrais que vous alliez déjà mieux. Je vous croyais toujours au Texas. J'espère que vous vous ménagez.

- Je n'ai pas le choix, ria t'il, en croisant les jambes. Ma famille sait se montrer très persuasive, vous devez en savoir quelque chose, me taquina t'il en faisant allusion à sa fille. D'ailleurs très bel appartement.

Des cheveux poivre et sel, un teint parfait, des mains manucurées, un sourire ravageur, un tailleur au prix d'un loyer moyen dans New York. Un vrai Jones.

- Merci, dis-je un peu gênée. C'est celui de Kendall, j'y habite juste, elle est très généreuse avec moi. Franck hocha la tête en souriant.

- Ma fille peut être généreuse, c'est vrai mais là je crois qu'elle est surtout amoureuse.

J'aurais pu rougir, je me mordis la lèvre. Cet homme, riche et puissant, dégageait une forme de quiétude et de bienveillance déconcertante. Il se pencha et déposa son verre d'eau à moitié vide sur la table basse avant de prendre une mine plus grave.

- Jack m'a dit que vous aviez besoin de mon aide. Je suppose que c'est à propos de ma fille ?

Je pinçais les lèvres et passait une main dans mes cheveux, Franck Jones attendit patiemment, me regardant avec encouragement comme pour me dire que je pouvais lui faire confiance.

- Pas seulement, c'est aussi à propos de votre femme.

Là il fronça les sourcils, avant de croiser les bras, visiblement plus préoccupé.

- J'ai fais une bêtise, et elle me fait chanter.

Toujours calme, le père de ma petite amie posa deux doigts sur son menton.

- J'aime votre fille Franck, je vous assure que je l'aime plus que tout, je n'ai jamais rien fais pour lui faire du mal mais..

Je me tu, me sentant impuissante.

- Pourquoi restez vous avec cette femme ? Me surpris-je à demander. Devant son absence de réaction j'eu une élan d'audace et je continuais :

- Elle fait du mal à votre fille, elle est cruelle, comment pouvez vous aimer une femme comme ça ? Vous voyez bien à quel point ça détruit Ken. Quand elle ne s'attaque pas à elle, c'est à son entreprise. Pourquoi vous ne faites rien ? Me lamentais-je.

Je me demandais déjà si je n'allais pas trop loin, après tout de quel droit lui demandais-je des comptes ? Plusieurs secondes lourdes s'écoulèrent, il me fixait et je ne pouvais dire si c'était bon ou mauvais signe.

- Marc m'a dit vous avoir parlé, fini par répondre Franck. Il a creusé. Et je ne sais pas s'il est prêt à affronter la vérité, à vrai dire je ne la supporte pas moi même.

Il se pencha de nouveau pour boire de l'eau avant de se redresser.

- Erika est une femme dangereuse, manipulatrice, vicieuse et froide.

J'en avais des frissons, rien qu'à entendre parler d'elle.

- Mais elle est aussi d'une intelligence rare, c'est la première chose qui m'a séduite chez elle, elle a un cerveau comme on en fait plus et je lui dois tout. Jones c'est mon nom, et je suis certes bien né mais je ne serai pas ou j'en suis sans elle, c'est la partie de l'histoire dont on ne parle pas. C'est mon nom partout, mais c'est sa réussite, principalement, je ne suis que la couverture. J'aurais sûrement fini gouverneur de je ne sais quel comté de l'Alabama, avec une petite fortune héritée si je ne l'avais pas rencontré. Cette femme gère ma vie, mon entreprise, mon image et mon foyer depuis plus de quarante ans. Vous n'échappez pas à quelqu'un comme ça.

Il parlait comme un prisonnier qui avait développé de l'affection pour son gourou.

- Vous pensez que je n'ai pas cherché à protéger ma fille ? Que je ne me déteste pas de l'avoir laissé endurer toute cette souffrance ?

Ses yeux s'humidifièrent.

- Je savais, bien sûr que que je savais. Je ne sais pas tout, mais je sais l'essentiel, je ne pouvais simplement rien faire, j'ai fais tout ce que j'ai pu, l'emmener loin d'ici. C'est tout ce qui était en mon pouvoir et je l'ai fais. C'est tout ce qu'on peut faire face à Erika, fuir ou faire avec, elle ne négocie pas. Son seul langage se sont les échanges. Si elle fait quelque chose pour vous, vous devez sacrifier quelque chose pour elle. J'ai sacrifié le fait de pouvoir voir ma fille grandir pour qu'elle la laisse tranquille.

Je fronçais les sourcils, réfléchissant, analysant tout ce qu'il venait de dire. Quelque chose ne collait pas.

- Vous êtes un homme riche, avec des contacts, des resources, si vous vouliez faire quelque chose pour l'éloigner vous auriez pu. Si vous ne l'avez pas fais c'est qu'il y avait quelque chose. Au delà du fait qu'elle vous ai façonné.

Je vis le visage de Franck commencer à se décomposer et je sus que je tenais quelque chose. Je posais une main prudente sur son épaule, en me rapprochant de lui.

- Franck, qu'est ce que votre femme a contre vous ?

...

Kendall avait roulé pendant vingt minutes, coincée dans la circulation, et par les feu rouge.

Elle avait le sentiment qu'elle allait exploser car elle sentait son coeur tambouriner dans sa poitrine de manière frénétique, son sang pulser dans ses oreilles et la colère, une rage dévorante. Et quand elle était arrivée au niveau du portail en fer forgé qui bloquait l'accès à la propriété, elle n'avait même pas ralentit, en s'approchant, elle avait simplement foncé, affolant la sécurité qui craignant un accident et ayant de toute manière connaissance de toutes les plaques de la famille Jones, s'empressèrent d'ouvrir.

Après avoir passé les grands grillages de justesses, Kendall s'enfonça dans la propriété où elle n'était pas revenue depuis ses huit ans et demi. L'enfer sur terre. Les souvenirs jaillissaient, par bribes, les souvenirs douloureux, elle tentait de les éloigner alors que le château où vivait ses parents se dressaient devant elle. C'était la seule propriété de ce genre que l'on trouvait à New York, enfoncée de manière insoupçonnée dans une masse de forêt.

Dans un dérapage strident, elle veilla à bien garer sa voiture, Madame Jones coupa le moteur et descendit du véhicule, avant de courir, montant deux à deux les marches qui menaient à l'entrée secondaire, dans cet espèce de domaine de l'enfer. Devant l'immense porte noir, se tenait un gardien de sécurité qui fit un signe de tête lorsqu'il vit Kendall Jones arriver, l'annonçant sans doute car il parla dans son talkie walkie avant de lui ouvrir les deux grandes portes, celle que Madame Jones avait regardé en imaginant qu'elles s'ouvrent miraculeusement pour qu'elle puisse s'échapper. Elle s'était promis de ne jamais remettre les pieds ici et voilà qu'elle était là, revenant dans la prison dorée.

Une employé voulut accoster la milliardaire, Kendall manqua de la heurter en passant, ignorant ce qu'elle lui disait. Elle savait où aller. Ici rien n'avait changé ni l'odeur fausse d'agrume et de fleurs des îles qui camouflait la tension nauséabonde de cette maison, ni la décoration, à l'image d'Erika, clinique, froide, et à l'image d'une vitrine avec sur les murs des escaliers, des portraits, ou plutôt de la propagande. Franck Jones, sur un immense fauteuil, Erika entourés d'enfants lors d'une tournée associative — quelle ironie, Marc lors de la signature d'un gros contrat. L'étalage, la recherche de validation, la perpétuelle recherche d'influence et d'amassage d'argent. Les philosophies de vie d'Erika Jones et cette maison incarnait son esprit. Un énorme coquillage étincelants et atrocement vide.

Il fallut cinq minutes à Kendall pour monter les escaliers, traverser les couloirs, ouvrir les portes, et arriver dans cette pièce qui avait toujours été la préférée de sa mère : son salon privée, c'était une pièce de taille moyenne, avec un grand écran plat, un bar, une petite bibliothèque, une table basse en verre, un large sofa beige.

Kendall ouvrit la porte, brusquement, et elle s'arrêta.

Erika, assise sur le sofa, les jambes repliés, un large verre de vin à la main, la bouteille de la boisson était posée sur la table basse et à côté il y avait un bol transparent remplit de pop corn. Madame Jones vit un sourire mesquin se dessiner sur les lèvres de la femme de son père. Cette dernière portait un large pantalon noir de yoga, ainsi qu'un chandail blanc cassé, ses cheveux était toujours dans leur coiffure sophistiqué, ses ongles manucurés en rouge. Kendall avait toujours trouvé sa mère d'une beauté époustouflante, malgré toute la haine qu'elle lui portait, à chaque fois qu'elle la voyait c'était la première chose qui la frappait. Une beauté qui n'avait d'égal que sa méchanceté.

- Oh, qui vois-je ? Lança Erika de sa voix calme et faussement douce et en appuyant sur la télécommande pour mettre son programme en pause et sans même encore lever les yeux vers Kendall. Quelle entrée fracassante chérie, murmura t'elle, plantant dès lors son regard dans son portrait craché, en plus jeune. Finalement de retour dans les jupons de maman hein ? Je t'avais dis que tu reviendrais et d'ailleurs tu tombes très bien, j'étais en train de regarder quelque chose de très intéressant.

Kendall serra les poings alors qu'Erika l'observa, avant de regarder la place à côté d'elle sur le sofa. Madame Jones se sentit devenir nerveuse, pire elle angoissait, il fallait qu'elle compte dans sa tête. Elle était grande, elle savait se défendre, Erika Jones ne pouvait plus rien lui faire.

- Je n'avais pas prévu de le regarder en ta compagnie, je comptais te l'envoyer, tu imagines bien que je ne saurais prendre du plaisir sans ma chère fille aînée, mais il semblerait que le destin soit de mon côté, voilà que tu accours. Viens donc te joindre à ta mère pour admirer le spectacle Kendall. Le vin est bon et le pop corn est délicieux, j'ai fais cette découverte récemment. Le pop corn, ria Erika. Comme c'est grossier.

Madame Jones, incapable de se contenir fonça sur sa mère et arracha la télécommande qu'elle tenait dans sa main, étant désormais face à l'écran plat, elle appuya sur le bouton play. Et un film sordide s'enclencha sous ses yeux. Des vidéos et des images de surveillance, montrant Atlantis, échanger des appels avec Marie Anne, avec le son. Des photos de toutes leurs conversations par messages, des preuves de l'implication inespérée de Jack. Il y avait tout. Bien que la réalité avait été tronquée car sur toutes ces preuves on ne voyait pas qu'Atlantis avait accepté de faire ça pour avoir des réponses concernant son adoption, les preuves laissaient juste penser que Marie Anne l'avait approché et qu'elle avait accepté. On ne voyait pas des preuves de ses regrets, de lorsqu'elle avait demandé à ce que ça cesse, annonçant qu'elle ne voulait plus, qu'elle ne pouvait plus. On ne voyait pas tout.

Kendall prit connaissance de toutes ces données en sentant les parcelles de son cœur tomber en lambeau une à une, elle sentit un déchirement atroce qui lui fit pousser un cri rauque, de désarroi, de rage. Surtout lorsqu'elle entendit un échange entre Marie Anne et sa petite amie qui revint en boucle encore et encore, Erika l'avait fais exprès.

- Atlantis, je m'inquiète vraiment. S'il y a de l'amour il est évident que tu ne pourras pas faire cette mission, il faut que tu sois sûre, il faut qu'elle y croit.

C'était au tout début, dans les jours qui avaient suivit le fait qu'Atlantis accepte de participer au plan. La française l'avait appelé en pleine nuit. Et Atlantis lui avait dit ce qu'elle voulait entendre, pour qu'elle la laisse tranquille.

- Marie Anne, je ne suis pas et je ne serais jamais amoureuse de Kendall. Tu comprends ? Je t'ai dis que je ferais ce qu'il faut, alors laisses moi faire ce que j'ai à faire et arrêtes de m'appeler avant qu'elle ne le remarque et que se soit toi qui face foirer le plan.

Atlantis n'avait évidemment pas pensé ces paroles, elle avait juste dit ce qu'il fallait, mais elle l'avait dit, et Kendall n'entendait que ça. La milliardaire savait de fait que Marie Anne n'était pas derrière tout ça, du moins que ce n'était pas la tête du poisson. C'était Erika. La fille de Franck, éteignit la télé, sentant des larmes couler sur ses joues, la douleur lui paralysant la poitrine. Kendall sentit son être de vider, comme si on le lui arrachait lentement. De toutes les souffrances qu'elle avait connu c'était la pire.

- Il fallait que tu me prennes ça, murmura la jeune femme, faisant toujours dos à sa mère.

- Tu m'as pris l'amour de ton père, son estime, tu m'as pris mon enfant ! Maintenant tu sais ce que je ressens, soupira Erika. Je t'avais dis de ne plus chercher à me défier Kendall, et ton père n'est n'est pas là pour te sauver cette fois.

Kendall ferma les yeux, alors qu'elle était prise de tremblements.

- Tu es rentrée aux Etats Unis, et qu'est ce que tu croyais que j'allais en plus te laisser te pavaner en menant cette vie de débauchée que tu mènes ?

Erika Jones ria doucement. Les poings de Kendall étaient douloureux tant elle les serrait.

- Alors qu'est ce que ça fait ? Le sentiment de tout perdre, d'être seule au monde ? Horrible, n'est ce pas ?

Kendall avait tellement mal qu'elle ne ressentait plus rien, elle n'entendait plus rien.

- Maintenant que je t'ai tout pris, je suis prête à te faire une faveur, si tu te soumets à mes conditions bien évidemment et tu les connais. Tu es avec Erika Jones ou tu es contre elle jeune fille. Nous pourrions encore former une bonne équipe. En gage de bonne foi, j'ai fais enterré toute cette histoire avec tes actions, il n'y aura plus de litige. Tu récupères ce qui est à toi, et je te récupère.

Kendall sentit alors tout son être exploser et elle se retrouva d'un seul coup, fonçant sur sa mère qui sursauta de peur faisant ainsi tomber son verre de vin qui se renversa sur ses vêtements avant de s'écrouler au sol, Madame Jones récupéra un débris, la tige du verre, pointu, pouvant faire office d'arme et elle empoigna sa mère par la gorge. Erika se figea les yeux exorbités, Kendall la surplombait, appuyée par dessus le canapé, et elle vit dans le regard de sa fille, quelle ne reconnaissait pas, une pulsion dangereuse, glaçante. C'est à peine si la bonne femme pouvait respirer, tant sa fille serrait sa gorge, la menaçant avec le bout en verre.

- Je pourrais te tuer, siffla Kendall entre ses dents.

Erika tenta de se débattre, de crier, ses mains tapèrent sur le canapé, mais sa fille était plus forte qu'elle, bien plus forte et elle sentit ses forces commencer à la lâcher. Cependant il y eut un bruit, quelqu'un courrait et arrivait vers la pièce. Kendall lâcha alors Erika, réalisant ce qu'elle était en train de faire puis elle alla se cacher derrière une petite porte où se trouvait les toilettes de la pièce.

Elle laissa la porte entrouverte. La sexagénaire, toussa fortement et il lui fallut plusieurs instants avant de reprendre sa respiration, sa main sur son cou et effrayée.

...

Franck sourit en coin avant de se lever et de se déplacer lentement dans la pièce.

- Dites moi plutôt ce qu'elle a contre vous ? Qu'avez vous fais ?

Je fermais les yeux en laissant tous les souvenirs désagréables de ce plan me revenir et je lui racontais, simplement comment les choses s'étaient passées, mes motivations au départ, mes regrets presque instantanés, le développement de mes sentiments. Il me faisait dos, le visage tourné vers la baie vitré qui donnait du cachet à mon séjour. Quand j'eus terminé mon récit, il se retourna, les mains dans ses poches. Je notais encore qu'il avait l'air en pleine forme.

- C'est une sacrée histoire. Digne d'un chef d'œuvre de tragédie.

Je baissais les yeux, pour le coup, ce cynisme m'enfonçait davantage qu'il ne m'amusait.

- Et maintenant vous êtes sûre que vous l'aimez ? Me demanda t'il d'une voix très sérieuse en me fixant sans me lâcher.

- Vous n'imaginez pas à quel point, soufflais-je.

Je soutins son regard parce qu'il m'épiait comme pour chercher une faille, ce qu'il ignorait c'était que même les plus petits atomes de mon être en étaient sûrs et certains. Je l'aimais.

- Kendall est bornée. Dit il avant me faire dos de nouveau, face à la baie vitrée, fixant l'horizon clair.

- Je sais.

- Elle n'entendra pas vos explications.

- Je sais.

- Elle ne supporte pas la trahison. Même dans sa forme la plus abstraite.

- Je sais.

- Elle ne vous fera plus confiance.

- Je sais.

Franck revint vers moi, et il s'essaya sur le canapé.

- Erika sait qu'elle a frappé là où il fallait. Lança t'il. Elle sait que le doute est le pire ennemi de ma fille que et si elle apprend ça, elle doutera constamment de vous, vous pourrez lui prouver autant que vous le souhaitez que vous l'aimez, elle en doutera toujours car la première femme de sa vie, sa mère, ne l'a jamais aimé.

- Kendall vous aime.

- Je sais, soufflais-je.

Il grimaça avant de détourner le regard.

- Elle n'est pas ma fille biologique, lâcha Franck d'une voix lointaine comme s'il souhaitait que ça ne soit pas lui qui parle.

- Par-pardon ? Bégayais-je.

- Erika et moi traversions une mauvaise passe, nous étions mariés depuis cinq ans. Nous ne parvenions pas à avoir d'enfant et c'était son souhait le plus cher. La seule chose qui tenait encore notre couple c'était nos entreprises, notre argent. C'était un soir, dans un restaurant huppé, un hollandais qu'elle devait rencontrer pour les affaires parce que j'étais trop pris, elle avait trop bu, lui aussi, nous ne nous touchions plus depuis des mois, ils ont passé une nuit ensemble.

Le milliardaire haussa les épaules avec fatalisme.

- Elle me l'a dit le soir même. Je crois que mon amour pour elle est définitivement mort ce soir là. Puis nous avons découvert un mois plus tard qu'elle était enceinte. Erika ne voulait pas garder le bébé. J'ai du la convaincre. La contre partie c'était que cette histoire ne devait jamais être divulguée, j'ai accepté naïvement, pensant qu'elle parlait de la confiance dans notre couple, mais j'ai appris quelques semaines plus tard que cet homme avait été retrouvé mort chez lui, il s'était apparement pendu. C'était le prix de la vie de ce bébé, que la seule personne qui puisse un jour déterrer cette histoire disparaisse.

Je mis une main sur ma bouche, horrifiée. Franck haussa les sourcils, nous savions tous les deux que cet homme ne s'était pas pendu.

- Erika détestait déjà Kendall bien avant sa naissance, bien avant de comprendre qu'elle était lesbienne, je crois même que c'est la plus futile de toutes les raisons Elle ne supporte pas de la voir parce qu'elle n'est pas ma fille et que ça la confronte tous les jours à une erreur qu'elle a commise et c'est cette idée qu'elle ne supporte pas.

Je sentis mon coeur accélérer dans ma poitrine, j'étais sous le choc.

- Voila ce qu'elle a contre moi. Et si j'avais tenté quoi que se soit de plus pour protéger Kendall à l'époque elle m'avait menacé de lui dire que je n'étais pas son père, et vous savez, ma fille était bien trop fragile à l'époque, elle ne l'aurait pas supporté, j'étais son seul point d'ancrage, apprendre que je n'étais pas vraiment son père l'aurait anéantie.

Je pinçais les lèvres, contenant difficilement mon émotion.

- Kendall est et sera toujours ma fille. Je suis et je serais toujours son père. Elle le sait, mais même aujourd'hui elle ne supporterait pas d'apprendre ça.

Je pris la main de Franck Jones, la serrant, ressentant le besoin de le consoler.

- Faites en votre monnaie d'échange, Erika vous laissera tranquille si elle sait que vous avez son plus grand secret en votre possession et vous n'aurez plus de quoi craindre d'elle.

- Merci infiniment, dis-je d'une petite voix

- Je fais ça pour ma fille Atlantis. Elle mérite d'être heureuse, et son bonheur est avec vous, je le sais. Maintenant allez régler cette histoire avant qu'il ne soit trop tard.

Franck se leva et attrapa un bloc de post-it que je posais toujours sur ma table basse, il sortit un stylo de sa veste et griffonna quelque chose sur le papier avant de me le tendre.

...

J'avais foncé. Je n'avais même pas pris de manteau. Le froid m'agressa malgré mon pull.

Arrivée, en bas dans la rue, j'avais couru, pour aller à ma voiture, l'adresse de la propriété Jones à la main. En courant, j'avais heurté quelqu'un, et je faillis tomber. La personne me rattrapa. Je le connaissais.

- Madame Kayslar, s'exclama Jack tout aussi affolé que moi et m'aidant à retrouver mon équilibre. Je venais vous chercher, je crois que Madame Jones est au courant de quelque chose.

Je sentis mon monde défaillir. Et nous nous mîmes à courir pour atteindre ma voiture qui heureusement n'était pas garée loin, esquivant des passants qui nous regardaient de travers ou nous criaient de faire attention.

- Au courant de quoi ? Qu'est ce qu'elle vous a dit Jack ? Demandais-je en ouvrant la portière de ma voiture, hurlant presque.

- Vous n'êtes pas en état de conduire, me fit il remarquer, laissez moi faire.

- Jack, putain, je vais conduire cette fichue bagnole et vous allez me dire ce qu'elle vous a dit ! Exigeais-je.

Il soupira.

- Elle n'a rien dit mais j'ai vu quelque chose dans ses yeux..

Je jurai avant de monter dans la voiture, Jack en fit de même, du coté passager.

- Où est ce qu'elle est ? Dis-je alors que j'étais en hyper tension, tentant de réfléchir, de me calmer, de conduire, de me concentrer.

- Je n'en ai aucune idée. Dit il simplement. Où est ce qu'on va ?

- On va sauver mon couple Jack.

...

Après m'avoir annoncé, on m'avait mené vers une espace de salon après avoir arpenté le labyrinthe qu'était cette maison, j'avais courus. Et elle était là, une tâche rouge sur son chandail blanc, telle une tâche de sang. Dès que je la vis toute la colère de mon corps jaillit d'un seul coup. Nous nous fixâmes durant un moment, ses yeux étaient humides, sa gorge était rouge, elle semblait bouleversée, j'ignorais ce qui lui était arrivé mais ce n'était pas à la hauteur de ce que je lui souhaitais.

- Atlantis. Dit t'elle d'une voix trop enjouée à mon goût. Vous êtes venue pleurnicher et me supplier ?

Je souris, d'un sourire que je savais diabolique.

- Kendall n'est pas la fille de Franck.

Il y eut un silence, un long silence, pensant, chaotique. Je l'avais prise de court et je vis son regard s'affoler. Je sentis les forces s'équilibrer, maintenant on pouvait parler à part égale, maintenant elle allait savoir ce que ça faisait de jouer avec la vie des autres. Et de détruire la femme que j'aimais. Cependant elle sembla se reprendre. Trop rapidement à mon goût.

- La dissuasion nucléaire. Releva t'elle avec finesse. Elle consiste à prévenir une attaque en persuadant l'acteur concerné que les coûts de son action excèdent ses bénéfices, afin de se préserver.

Je pinçais les lèvres. Elle était intelligente et elle comprenait vite.

- C'est très ingénieux de votre part. Et ça aurait sans doute fonctionné si vous n'étiez pas arrivé trop tard. Dit elle sereinement et en s'asseyant sur le sofa.

Je fronçais les sourcils, décontenancée. Elle n'avait tout de même pas eu le temps de parler à Kendall ? Elle le fixait bien trop sereinement, je sentis mon visage se décomposer. Et j'entendis soudainement un bruit qui me fit me retourner furtivement. Je me retournais et je remarquais qu'une porte à laquelle je n'avais pas prêté attention était entre-ouverte.

Je sentis immédiatement sa présence, je savais qu'elle était là. Elle était là. Sa mère lui avait déjà raconté l'histoire avec sa propre narration et elle n'était certainement pas en ma faveur, mais surtout elle avait entendu, le secret que Franck m'avait confié. Ken n'aurait pas dû apprendre ça de cette manière. Un sanglot m'échappa et elle se montrera. Le visage figé et froid, seules ses larmes la trahissaient, des larmes qui ne cessaient de couler sur ses joues. Ses yeux étaient noirs, et je ne l'avais jamais vu comme ça. Ce n'était pas ma Kendall. C'était un monstre que j'avais en face de moi, un monstre ravagé, elle avait libéré sa part la plus sombre. J'en tremblais de peur. Qu'est ce que j'avais fais ? Des larmes chaudes coulèrent sur mes joues.

- Ken... murmurais-je en faisant un pas vers elle.

- Océan, lança t'elle.

Je ressenti cette balle dans mon corps : elle ne voulait pas que je l'approche, mais je continuais à m'approcher, espérant l'atteindre. Cependant elle brandit un objet en verre et pointu, avec un air menaçant, ce qui m'arrêta immédiatement.

- Océan, hurla t'elle de nouveau, avant de marcher à reculons dans la pièce pour atteindre la porte qui permettait de sortir de ce salon.

Je ne bougeais pas, menacé par ce débris de verre, est ce que je la pensais capable de me blesser avec ça ? Oui. La Kendall que j'avais présentement en face de moi était capable de tout. Elle n'était pas elle même.

Je du attendre que ma petite amie disparaisse de mon champs de vision pour suivre ses pas en courant, après avoir lancé un dernier regard assassin à Erika Jones qui s'était resservie un verre de vin et le sirotait comme si de rien était.

Je courus, de toute mes forces, la vue brouillée par les larmes, dévalisant les escaliers. Quand j'arrivais en bas, là où ma voiture avait été garé, avec Jack qui m'attendait à l'intérieur. Je cherchais Kendall du regard, Jack sortit de ma mini voiture dès qu'il me vit, accourant vers moi. Une chose était sûre Kendall n'était pas sortie par là. Il devait y avoir une autre entrée à la maison où Madame Jones avait garé sa voiture car nous ne l'avions pas vu.

Jack venait de me demander ce qui s'était passé quand nous entendîmes un moteur gronder, puis un énorme dérapage. Je me mis à courir, comme si je pouvais rivaliser avec le moteur d'une Mercedes, l'engin jaillit au bout de quelques secondes et je me mis à courir derrière, hurlant le nom de la femme que j'aimais. Je courus jusqu'à ne plus pouvoir, jusqu'à ce que la voiture me distance trop, et Jack arriva, m'attrapant avant que je ne m'écroule par terre.

...

Sauwyer vérifiait si l'appartement de Kendall Jones ne contenait pas des mini caméras d'espionnage ou de mini micro. Il le faisait chaque semaine, c'était un contrôle de routine, qu'il effectua avec davantage d'attention au regard des derniers évènements avec Bobby. Il fut interrompu par un appel de sa patronne. Il décrocha immédiatement.

- Sauwyer. Dit il en décrochant.

- Code Blanc, entendit t'il.

Il se figea. Il savait ce que ça voulait dire.

- Quand partez vous Madame ?

- Immédiatement. Je vous ai fais parvenir mes instructions.

Le chef de sécurité de la milliardaire hocha la tête.

- Bien reçu, lança t'il avant de raccrocher. Ça a été un plaisir de vous servir Madame Jones.

Elle raccrocha. Il en fit de même, prenant un temps pour réaliser ce qu'il se produisait, il avait servit Kendall pendant dix ans et il fut quelque peu prit d'émotion.

Le code blanc c'était : une disparition volontaire et définitive.

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