Chapitre XXX
Après la journée mouvementée émotionnellement de la veille et notre douche glaciale contrastant avec nos coeur réchauffées : j'avais attrapé deux peignoirs, avant de me glisser dans l'un d'eux, j'en avais enfilé un à Kendall qui s'était étonnamment laissée faire, un sourire tendre sur les lèvres. Je séchais ensuite Madame Jones, d'abords ses cheveux, en passant par son visage parfaitement dessiné, à son cou sur lequel je n'avais pu m'empêcher de déposer mes lèvres avec chasteté. Du moins c'était mon intention, mais je doutais d'avoir honoré cette intention quand d'un seul geste Madame Jones me souleva, que mes jambes s'enroulèrent autour de sa taille et que nos visage se retrouvèrent si près l'un de l'autre que nos lèvres se touchaient presque. Je gloussais avant d'enrouler mes bras autour de son cou.
- J'ignorais qu'il était possible de se sentir si triste et si remplie de bonheur à la fois, murmura t'elle d'une voix rauque dans mon oreille alors qu'elle m'entrainait vers le lit.
Pour réponse Madame Jones eut droit à mes lèvres plaquées délicatement aux siennes, douces, qui l'invitait pour une valse doucereuse et sensuelle dans une atmosphère aux odeurs parfumées de savons, de peaux et de cheveux humides.
Nos peignoirs n'était pas fermement nouées et je ne donnais pas cher du mien qui, avec mon acrobatie précédente, s'était presque entièrement détaché, offrant une ouverture en fente sur mon corps fermement maintenu dans les bras de ma petite amie.
Le contact de nos lèvres, de nos souffles, de nos langues ne cessaient, au contraire il s'intensifiait, me faisant oublier que peu auparavant mon corps était frigorifié, car désormais il était bouillonnant et sentir les mains de Kendall se crisper contre mes fesses n'arrangeaient rien à cette effusion. Mes mains désormais sur la nuque de Madame Jones la tenait fermement, intensifiant notre contact humide.
Kendall nous avais déjà mené au pied de son immense lit mais nous ne parvenions à détacher nos corps l'un de notre, tel un koala, je m'accrochais à celle qui faisait trembler tous les atomes de mon corps. Il y avait cette urgence dans notre étreinte, comme celle de rattraper des milliers d'années de frustration -de retenu. En réalité c'était surtout mon urgence car Kendall, elle, comme à son habitude, bien qu'excitée gardait son contrôle et menait la danse avec fermeté. Elle la menait si bien que dans un enchaînement de quelques secondes je m'étais retrouvée avec le haut du corps découvert, quand elle fit glisser le peignoir sur mes bras : ma peau fut alors l'objet d'une armée de baisers sensuels, de mes bras, à ma poitrine, à mes clavicules, à mon cou, à ma nuque, je n'eus aucun répit. Mon corps avait fondu sous ce traitement délicieux, je gémissais doucement le souffle haletant. Je savourais ma rencontre avec la tendresse des lèvres de Kendall et l'intensité avec laquelle mes jambes se resserraient autour de ses hanches en disait long sur mon état d'ivresse charnel.
- J'aimerais aspirer toutes tes peines, avais-je murmurer entre deux gémissements, les yeux clos, la tête renversée en arrière.
J'ignorais pourquoi j'avais formulé cette pensée à haute voix, surtout dans un moment pareil, où elle s'évadait en moi et se laissait oublier sa journée éprouvante, mais il fallait croire que je n'avais plus aucun filtre. Je regrettais déjà cette confidence puisque Kendall avait cessé de marquer ma peau de ses lèvres et m'avais doucement relâché, nous étions ainsi toute deux debout, l'une face à l'autre, nos respirations encore saccadées. Elle me regardait intensément les sourcils froncés, comme si j'avais dis quelque chose d'une gravité extrême. Avec ses cheveux encore humides et ses lèvres gonflés par nos baisers chauds, Kendall était encore plus irrésistible.
- Dans ce cas : laisse moi te prendre, intima t'elle presque sur un ton mi froid mi sensuel qui fit exploser mon bas ventre.
Elle tira ensuite sur la ceinture qui retenait de manière très douteuse le peignoir que je portais, ce qui lui fit perdre ses dernières résistances, et mit à nu le bas de mon corps. La main de Madame Jones vint ensuite attraper mon cou fermement. Je frissonnais de cette gestuelle autoritaire, mon corps ne me répondait plus à moi, il n'entendait plus que Kendall, dont le regard avait emprisonné le mien.
Délicatement, et toujours sans me quitter des yeux elle relâcha son emprise afin de glisser tortueusement son index entre mes deux seins. Celui-ci suivait les courbes de mon corps, décuplant mon désir, je peinais à garder les yeux ouverts, seule l'interdiction silencieuse de Kendall de les fermer me dissuader à me laisser aller, ma bouche entrouverte devenait de plus en plus sèche. Et lorsque ce petit doigt fourbe atteint mon nombril, puis mon bas ventre je ne pus me retenir de me mordre la lèvres au point de sentir le gout de mon sang dans ma bouche.
- Laisse moi te prendre toute la nuit, susurra Kendall.
Sur ces mots elle tira sur la ceinture de son propre peignoir. Lorsqu'elle attrapa mes deux poignets et que je compris ses intentions, il me fallut toute la volonté du monde pour mettre mon excitation de coté afin de déclarer :
- Me baiser pour oublier, et noyer tes peines : non.
Ma voix était douce mais ferme, le visage de Kendall, bien qu'encore sombre en raison de la tension pleine de luxure qui régnait encore dans la chambre, laissa paraître sa surprise et sa confusion avant qu'elle ne se fige.
- Je ne connais que ça, lâcha-t-elle au bout de quelques secondes, son regard était redevenu froid, voilé.
Je libérais délicatement mes poignets de ses mains afin de placer les miennes sur ses joues, immédiatement se la sentis se détendre.
- J'ai plus à t'offrir que du sexe pour te faire du bien mon ange, avais-je soufflé. Laisse moi te donner davantage que ça, s'il te plaît.
Elle m'observait comme si j'étais un extraterrestre, les sourcils froncés, et avec une concentration presque effrayante, comme s'il lui fallait répéter ses mots dans sa tête pour les assimiler.
Je craignais de peut être être aller trop vite avec cette déclaration mais maintenant que j'étais certaine de ce que je voulais, je n'avais qu'une envie c'était celle de lui faire du bien- de tout faire pour réduire la distance qui éloignait mon âme de la sienne, sa douleur de la mienne, son bonheur du mien. Je ne pouvais pas rattraper le temps perdu mais je pouvais tout faire pour ne pas perdre celui qui s'offrait à nous et désormais je décidais de ne plus faire dans la demi mesure, nous avions assez fais les frileuses. Je n'eus d'ailleurs pas le temps de regretter quoi que se soit dans mes paroles car Kendall m'attira à elle, me serrant fort dans ses bras, si fort que durant près d'une minutes je n'osais respirer.
- Apprends moi bébé, avait-elle alors chuchoté, ce qui détendit instantanément mon coeur.
Nous restâmes ainsi, enlacées, plusieurs minutes avant que je ne décide malgré moi d'interrompre ce doux moment :
- Bien, maintenant laisse moi aller nous chercher de quoi dormir dans ton dressing, il faut que tu reposes.
Je la vis ouvrir la bouche, sans doute déjà prête à objecter mais je l'arrêtais en plaçant ma main sur celle ci.
- Je m'occupe de tout, toi tu vas te brosser les dents et moi je vais chercher de quoi nous vêtir pour dormir, ensuite tu viendras te blottir dans mes bras pour rejoindre le pays des merveilles, lui annonçais-je en ramassant mon peignoir tombé au sol afin de le replacer sur mon dos.
Un sourire se dessina sur les lèvres de Ken, après qu'elle ait haussé un sourcil. Je lui fis un clin d'oeil malicieux avant de faire volte face, cependant Madame Jones ne put bien évidemment s'empêcher de m'attraper la nuque pour me retenir.
- Il n'y a bien que toi sur cette terre qui puisse tenter de me donner des ordres en toute sérénité, releva t'elle avec un brin de menace dans la voix. Un boxer fera l'affaire pour moi.
La légère fessée qui s'en suivit ne me surprit pas tant que ça.
...
J'observais minutieusement les parcelles de cette peau blanche et lisse aux allures lactées. Je la regardais avec précaution comme si mes yeux avaient le pouvoir de la briser. Kendall paraissait à la fois si forte et fragile, et d'une beauté presque aveuglante. Ainsi étendue sur le lit, couchée sur le ventre, avec pour seul vêtement un boxer gris, je pouvais apercevoir les courbes de son corps sous le draps blanc qui couvrait de manière inégale son corps élancé. Quelques mèches de ses cheveux venaient caresser son visage.
Les jambes repliées, la tête sur mes genoux observant ce tableau rare, je n'étais en mesure de savoir si Kendall dormait ou non. Je savais qu'elle n'avait presque pas fermé l'oeil de la nuit. M'étant réveillée plusieurs fois dans durant celle-ci j'avais sentis son regard perçant sur moi dans la pénombre nuptiale. A chaque fois, elle m'avais sourit d'un sourire léger avant de me murmurer de me rendormir et malheureusement je n'étais pas assez forte pour combattre le sommeil qui d'une manière traitre m'attirait dans ses bras.
Comme hypnotisée par cette femme avec qui j'avais passé la nuit et dont je ne réalisais toujours pas qu'elle était mienne, je tendis la main avec hésitation, j'espérais qu'elle dormait et que j'aurais le loisir de la toucher sans qu'elle n'appréhende chacun de mes mouvements, qu'elle ne se crispe. Je me demandais d'où lui venait cette crainte si ancrée des contacts physiques. Sans doute de traitement subis- que je ne voulais même pas imaginer - durant son enfance.
Ma main parcourait très doucement la peau de son dos, sa peau était incroyable douce, et avec la lumière éclatante du jour levé j'en distinguais chaque millimètre. Ce n'était pourtant pas la première fois que je touchais cette peau mais le fait que je puisse être aussi libre en terme de surface et de temps à ce sujet était quelque chose d'assez inédit. Je pris le temps de connaître cette peau, de la naissance de ses cheveux au niveau de sa nuque, aux deux creux au bas de son dos. Même dans son sommeil, elle s'était raidit, tout son corps était tendu comme si je lui infligeais une torture. Cela me fit culpabiliser et j'eus envie de cesser cette exploration mais je voulais affronter la réalité, je me demandais si les raison de cette peur du contact pouvait se lire sur sa peau. Est ce qu'elle avait des cicatrices ? Je n'avais jamais eu l'occasion de le savoir. Or je voulais savoir, bien que la colère me gagnait à cette simple pensée.
Et pourtant, j'avais beau observée avec attention son corps, y passer timidement ma main, je ne voyais, ni ne sentais rien. Son épiderme était parfaite. En raison du fait qu'elle était couchée sur le ventre, il y avait des parties de son corps auxquelles je n'avais sur le moment pas accès mais celles là, je les connaissais davantage, du moins de vue, et je savais qu'elles étaient d'apparence tout aussi lisses. Le fait qu'il n'y ait aucune cicatrice ne m'apporta pas le réconfort que j'espérais, en fait il m'inquiétait presque, car je savais qu'elle avait subit des traitement horribles dans tous les cas, et je n'avais aucun moyen d'évaluer l'ampleur des dégâts. Cette peau d'une douceur incroyable devait cacher sous sa couche visible une réalité bien plus rugueuse, j'en étais certaine.
Alors que j'étais au coeur de mes réflexions je fus rapidement interrompue, car au bout de quelques secondes la main de Kendall attrapa violemment mon poignet, elle s'était redressée d'un seul coup, alerte, son regard froid me scruta durant quelques secondes. Au départ elle semblait enragée, sur le qui-vive et prête à bondir sur son ennemi. Je paniquais, j'étais peut être allée trop loin... Je m'apprêtais à formuler une phrase d'excuse, quand son regard s'adoucit, qu'elle relâcha sa forte emprise sur mon poignet avant de le porter à ses lèvres, et de l'embrasser. Elle se recoucha ensuite, comme si de rien n'était, apaisée.
Je la regardais se rendormir, le coeur battant à tout rompre, j'avais l'impression d'avoir vécu l'expérience la plus intense de ma vie, elle avait parut si apeurée et en colère à la fois, j'en avais le ventre retourné.
Face à ce constat, mes yeux commencèrent à s'irriter, et je sentis des larmes s'y former. Rapidement et afin de ne pas la réveiller, je ravalais ma peine et me levais du lit à pas de loup.
...
Vêtue d'un ensemble de nuit beige en satin appartenant à Kendall j'étais descendue au rée de chaussée, et je fus assez surprise voire amusée quand je remarquais Jack assis sur l'un des fauteuils, somnolant légèrement.
Sans doute parce qu'il entendit le bruit léger de mes pas, il se redressa subitement. Gêné il se confondit en excuse et passa ses mains sur les tissu de son costume gris clair afin de le lisser.
- Madame Kayslar, bonjour, commença t'il les joue rosies. Veuillez m'excusez pour la posture dans laquelle vous m'avez tr...
Placée derrière un canapé d'angle beige situé en diagonale de celui sur lequel il était précédemment assis, je lui adressais un sourire réconfortant, avant de le couper :
- Jack je vous en prie, vous n'allez tout de même pas vous excusez de vous être endormis à peine quelques minutes alors que Madame Jones n'est même pas encore réveillée. Le taquinais-je. Nous sommes rentrés tard hier vous devez être épuisé.
Il m'offrit un petit sourire bien qu'il paraissait embarrassé. Dans ce séjour ultra lumineux, les reflets des rayons du soleil venait se poser sur sa peau à travers les baies vitrés et mettaient en exergue son visage aux angles doux. Jack dégageait en permanence quelque chose de rassurant.
- J'ai été très inquiet hier pour Madame Jones, j'ai difficilement pu m'endormir et suis restée très attentif à mon téléphone. J'ai dormis sur une seule oreille, m'informa t'il.
Je fus touchée par ses paroles. Croisant les bras sur ma poitrine je penchais légèrement la tête sur le coté, la moue moqueuse.
- Jack vous êtes vraiment adorable et si prévenant avec Kendall, me justifiais-je face à son regard interrogateur. Mais je vous avais dis de vous reposer et que j'allais m'occuper de tout.
En hochant vivement la tête pour dire oui, Jack ria très doucement.
- Bien sûr Madame Kayslar et je vous fais entièrement confiance, mais je ne suis pas encore tout à fait habitué au fait que Madame Jones fasse autant confiance à quelqu'un d'autre qu'à moi. Vous me rendez moins indispensable, déclara t'il sur un ton assez taquin.
Cette phrase réveilla la dualité de mes sentiments, bonheur et culpabilité, le bonheur de constater de la bouche de son propre entourage que Kendall m'estimait aussi fort que je l'estimais et la douloureuse culpabilité à laquelle je commençais à 'm'habituer, de savoir que je portais encore le poids de mon arrangement avec Marie Anne. Mais ce bémol, ne gâchait rien à la plénitude que je ressentais de savoir que je l'avais choisis, qu'elle m'avait choisie et je ne voulais que rien ne vienne se glisser dans notre bulle, je voulais faire tout ce qui était en mon pouvoir pour nous protéger. Nous avions parcourut tant de tristesse, de douleur et d'épreuves toutes les deux, et elle même en traversait une terrible à ce moment là avec la santé fragile de son père, ça n'était pas le moment pour moi de venir en rajouter une couche. J'avais certes fais une grosse erreur par le passé mais maintenant je m'investissais corps et âme avec toute ma sincérité et c'était le plus important. Il fallait que j'oublie ça, peut être même que Marie Anne se faisait à l'idée et que son message adressé à Kendall était sincère ? Je l'espérais. De toute manière elle était trop fine d'esprit pour agir maintenant, alors j'avais le temps, j'avais le temps de laisser la situation se calmer, cette épreuve passée avant de pouvoir vider mon sac auprès de Kendall.
Alors que Jack n'imaginait pas ce qui venait de se jouer dans mon esprit, je passais une main dans mes cheveux noirs en riant. Je contournais le canapé afin de me rapprocher lui, lorsque je me trouvais à une distance raisonnable de lui je le rassurais sur un ton moqueur :
- Vous êtes indispensable Jack et si vous étiez une femme je serai certainement très jalouse !
Jack qui devenait heureusement de moins en moins protocolaire en ma compagnie rigola, il ne me laissa pas le temps de continuer à l'embêter gentiment puisqu'il rétorqua :
- Vous auriez tord Madame Kayslar, je ne devrais sans doute pas m'octroyer autant de liberté en vous faisant cette confidence mais l'univers de Madame Jones tourne autour de vous.
Il l'avait dit naturellement, ses yeux verts rieurs plantés dans les miens, sans doute sans se rendre compte à quel point cela mit mon univers à moi sur pause.
- D'ailleurs, tout vos portraits ont été précieusement emballés et sont stockés, j'ai moi même supervisés la désinstallation hier après votre départ sur ordre de Madame Jones, m'expliqua t'il. Ils pourront être livrés et installés à votre adresse dès que vous le souhaitez. Je tiens cependant à vous prévenir que Madame Jones a tenu à en garder quelques uns, précisa t'il.
Je levais les yeux au ciel, bien que je ne pus m'empêcher de trouver cela adorable, comme c'était étonnant tiens ! Je pouvais même deviner lesquels. Je le remerciais en lui précisant que je l'en informerais dès que je saurais ce que je voulais en faire.
- Jack, avec toutes ses confidences je vais bien finir par croire que je peux faire de vous mon complice pour tout ! M'exclamais-je en ayant une idée très claire derrière la tête.
Alors que ce grand monsieur, à la posture parfaitement droite s'affolait déjà de mes intentions, je l'entraînais gentiment vers l'espace salle à manger.
...
J'en étais à mon avant dernière crêpes quand marraine Anna fit son entrée dans la cuisine, suivie de deux autres femmes très discrètes en tenue de travail, visiblement des techniciennes de surface. D'une même voix les deux quadragénaires me dirent bonjour timidement avant de se diriger vers le fond de cette immense cuisine moderne et de s'éclipser par une énième porte.
- Bonjour Madame Kayslar, entama la marraine de Kendall en me regardant avec un air gentil bien que plein de reproches.
Anna déposa sur l'îlot central en marbre gris clair un sachet en carton fin contenant sans doute quelques courses. Je lui adressais un grand sourire tout en retournant ma crêpe avant de répondre un bonjour d'une voix innocente. Je savais bien ce qui démangeait la bouche d'Anna. Et contrairement à elle, moi j'étais assez fière de moi, j'avais dû argumenter durant cinq bonnes minutes pour que Jack accepte de me donner accès aux cuisines.
- Eh bien Madame il faut croire que vous avez une flamme résistante inextinguible en vous.
Je riais doucement en déposant ma jolie crêpe sur les autres.
- Oui mais c'est pour la bonne cause Anna, je voulais préparer le petit déjeuner moi même, tenez approchez voir comme ça sent bon, tentais-je de l'amadouer.
Dans son chemisier rose pâle, son pantalon de tailleur blanc, et son chignon sophistiqué on avait du mal à croire qu'elle travaillait ici en tant que gouvernante.
- Oui ça sent très bon Madame, me complimenta t'elle d'un sourire stricte. Mais vous ne devriez pas, vous auriez dû me le demander. Que va penser Madame Jones si elle apprend que vous jouez les cuisinières alors que nous sommes censées nous occuper de vous ? Me rouspéta t'elle doucement.
- Cuisinière, relevais-je amusée. Je vous en prie Anna ce ne sont que des crêpes, et ça me fait plaisir, Kendall va devoir s'y faire, ajoutais-je en attendant que le premier côté de ma dernière crêpe cuite.
Anna pinça les lèvres, réprimandant un sourire.
Nous nous trouvions dans la première cuisine, car de ce que Jack m'avait expliqué il y avait celle où je me trouvais, très moderne, esthétique et avec une sorte de coin bat. Sur la partie ouverte qui donnait sur le-dit bar il y avait plusieurs tabourets à disposition. La cuisine s'ouvrait en plus sur un espace salle à manger avec une grande table rectangulaire dans un acier futuriste. Cette salle à manger était assez spectaculaire, un lustre dans un design géométrique venait planer au dessus de la table. Tout était bien pensé, le style des chaises, dans une matière transparente qui donnait l'impression qu'elles étaient presque invisibles, aux tableaux en noirs et blancs qui habillaient l'espace. En ayant vu cette salle à manger j'avais compris que la petite salle à manger dans laquelle j'avais l'habitude de manger,bien que grandiose, n'était réservée qu'à des occasions assez intimes.
Et il existait une arrière cuisine, réservée au chef et son personnel.
Ces espaces étaient tous situés au-delà de la salle à manger coocconing, on y accédait par un petit escalier que j'avais déjà remarqué auparavant mais je ne m'étais jamais réellement demandée où il menait. Désormais je devais à peu près connaitre tous les recoins de cet appartement. Et avec l'aide de Jack j'avais même pu apprivoiser cette cuisine, et préparer un plateau royal pour Kendall comme je le voulais.
- Pour aujourd'hui je n'ai pas d'autres choix que de m'y faire ne serait ce que pour ce très beau plateau que vous avez concocté, céda Anna d'une voix tendre.
Alors que je récupérais ma dernière crêpe et éteignait le feu du piano de cuisson, je vis du coin de l'oeil, Anna ouvrir la bouche puis la refermer, c'était étrange de voir une femme avec son assurance hésiter, face à moi.
- Oh ce n'est pas grand chose Anna, répondis-je avec quelques secondes de retard, j'avais volontairement eu un regard insistant vers la marraine de Kendall afin de l'inviter à dire ce qui semblait la tracasser.
La quinquagénaire entreprit d'abord de ranger les petites courses qu'elle avait apporté avant de déclarer tout en s'affairant à son rangement :
- J'espère que votre nuit n'a pas été trop mouvementée, finit-elle par lâcher. Je me suis beaucoup inquiétée.
Je fronçais les sourcils en déposant quelques crêpes sur une petite assiette, la première partie de sa phrase m'avais parut pleine de sous entendu.
- Kendall a peu dormi cette nuit, elle est très préoccupée et peinée mais je crois que ça va aller, je ferai de mon mieux pour que ça aille.
Après avoir rangé une motte de beurre au frigo ainsi qu'un pot de confiture, Anna se plaça face à moi, de l'autre coté de l'îlot central, plaçant ses mains sur la paroi de ce dernier, comme si sa taille de mannequin n'était pas déjà suffisamment imposante.
- Et vous, est ce que vous faites juste bonne figure ou est-ce que votre nuit a été difficile ? Me demanda t'elle dans le blanc des yeux.
Comprenant parfaitement à quoi elle faisait allusion je sentis mes joues s'échauffer je détournais le regard, et le fait que je dus mettre de l'eau à chauffer dans la bouilloire pour le thé me permit de me faufiler d'une certaine manière.
- Non, elle ne s'est pas défoulée sur moi Anna si c'est ce que vous vouliez savoir, dis-je doucement en plaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille. Nous n'avons rien fais cette nuit, si ce n'est se reposer, je crois que c'était plus sain.
Ce fut au tour de mon interlocutrice de froncer les sourcils, comme si elle avait du mal à croire ce que je disais. J'ignorerais pourquoi mais malgré un petit malaise, je ne ressentais pas son inquiétude comme une intrusion dans mon intimité.
- Bon dieu, mais comment faites vous ? Murmura t'elle, davantage pour elle que pour moi. Vous lui avez jeté un sort ce n'est pas possible, s'étonna t'elle.
Je n'avais pourtant pas le sentiment de faire quoi que se soit de spécial, si ce n'était de suivre mes intuitions et faire ce qui me paraissait normal. J'avais simplement de la chance que Kendall me laisse faire, me fasse confiance. J'avais le sentiment maintenant que quelque chose de puissant nous unissait. J'en eus des frissons.
Anna s'apprêtait à répondre quand la bouilloire sonna et que nous entendîmes en plus des voix provenant de l'étage inférieure. Je reconnus très rapidement la voix de celle avec qui j'avais dormis cette nuit, ce qui me contraria légèrement car j'avais prévu de lui apporter ce plateau au lit.
- Allez-y Madame Kayslar, je vous en prie, Madame Jones doit vous demander. Je me charge d'amener le plateau, déclara Anna en retrouvant son timbre de voix habituel. Et qu'il ne vous vienne pas à l'idée de monter faire la vaisselle ou de revenir ranger. Me prévint elle.
J'acquiesçais en gloussant, bien que j'aurais aimé continuer cette conversation, je descendis les petites marches qui me séparaient de la voix de Madame Jones.
Cette dernière étaient en pleine discussion avec Jack, je m'arrêtais au milieu de mon parcours afin de les observer, ne souhaitant pas les interrompre.
- Comment avez vous pu me laisser dormir autant Jack ? Cela ne m'arrive jamais. Il est bientôt neuf heures, j'avais un entretien avec Mia à 6h30. Je devais valider un dossier avec un nouveau partenaire commercial et je devais m'entretenir avec maître Lewis avant de me rendre à l'hôpital. Lui fit remarquer Kendall d'une voix froide. M'avez vous déjà vu endormie après 5h30 ? Le questionna t'elle la voix plus dure encore.
Kendall ne semblait pas en colère, juste très tendue derrière son visage de marbre. Elle était déjà douchée, et portait un gilet en laine noble sur un simple top à manche longue blanc, ainsi qu'un pantalon à pince noir et des mocassins rouge bordeaux. Pour elle, c'était assez décontractée comme tenue, surtout que ses cheveux étaient lâchés et venaient s'échouer sur ses épaules.
Plus je la voyais et plus je la trouvais époustouflante, n'était-ce pas censé être le contraire, la beauté que l'on perçoit ne s'estompe t-elle pas avec le temps ?
- Non Madame, mais avec la situation actuelle j'ai présumé que vous aviez sans doute besoin de repos et que c'était la raison pour laquelle vous étiez exceptionnellement restée dans votre chambre. Navré, ça ne se reproduira plus, à l'avenir je saurais que j'ai pour ordre de venir vous réveiller.
Jack, parfaitement droit dans ses bottes, les mains derrière son dos, parlait avec professionnalisme et n'avait bronché une seule seconde.
- Bien, dit alors Kendall d'une voix plus calme.
Avant j'aurais trouvé ça impétueux comme manière d'agir mais maintenant que je commençais à comprendre comment fonctionnait Kendall, je comprenais que c'est surtout à elle même qu'elle faisait ces reproches et que ce "Bien" sonnait davantage comme un "merci".
- Où est Madame Kayslar ? Enchaîna alors Ken.
Là, Jack perdit un peu de sa stature, voyant que ses yeux manquaient presque de sortir de ses orbites, je fis remarquer ma présence par un doux et espiègle :
- Bonjour, Madame Jones.
Kendall tourna alors la tête en direction de ma voix. Peut être que je me faisais des films mais j'eus l'impression que l'expression de son visage changea radicalement, d'abord ses sourcils se froncèrent légèrement, cette courbe descendit jusqu'au bas de son visage où une sorte de rictus qui tirait davantage sur le sourire se dessina sur ses lèvres.
- Madame Kayslar me répondit t'elle sur le même ton. J'ose naïvement espérer que tu ne reviens pas de la cuisine.
En disant cela son regard avait furtivement fusillé Jack.
Alors que j'arrivais en face d'elle, je passai mes bras autour de son cou afin de reporter totalement son attention sur moi, j'en profitais pour humer son parfum délicieux et au creux de son oreille je lui murmurais :
- Tu n'as pratiquement pas fermé l'oeil de la nuit mon ange. Tu as dû dormir deux heures au plus, alors le Dieu du chronomètre te pardonnera ce petit écart, je m'en assurerais, souris-je.
Un de ses bras qui était venu se poser sur ma taille, me serra un peu plus contre elle. Je lui embrassais tendrement la joue, avant de me reculer doucement, je constatais alors que Jack s'était retourné afin de nous offrir de l'intimité.
- Tu sais camoufler ton insolence sous tant de douceur, c'est injuste d'être aussi délicieuse, me dit Kendall, ses doigts entrelacés aux miens.
Certes ses lèvres s'étaient étirées en un léger sourire mais je voyais bien une once de tristesse et de fatigue dans son regard.
- Délicieuse ? Relevai-je. J'aime bien. Je veux bien être délicieuse pour toi, même si c'est injuste pour les autres, rétorquai-je en déformant volontairement ses propos.
Sa main serra fermement la mienne et je vis sa mâchoire se serrer, il allait vraiment falloir que j'arrête de la provoquer un jour, mais j'aimais tellement lire son désir pour moi dans son regard.
- Si mon père ne se trouvait pas actuellement sur un lit d'hôpital et que je ne devais pas l'y rejoindre, je me serai atteler à savourer chaque bouchée de ce délice qui m'appartient, me répondit elle d'une voix grave qui me fit vibrer.
Leçon numéro un, énième rappel : il allait vraiment falloir que j'arrête de la provoquer parce qu'au final c'est toujours moi qui me retrouvais frustrée.
En étant autant sur mon petit nuage j'en avais légèrement dédramatisée la gravité de la situation du père de Kendall.
- Tu as eu des nouvelles, il va mieux ? L'interrogeai-je inquiète.
Au même moment le téléphone de Kendall se mit à vibrer dans sa poche, retirant sa main de la mienne, elle l'attrapa afin de lire son écran, Madame Jones grimaça avant de croiser ses bras sur sa poitrine, un courant froid passa dans mon dos. Oui, je vivais désormais la peur au ventre.
Je ne me rendis même mas compte que je torturais ma lèvre inférieure, c'est lorsque Ken plaça son pouce sur mon menton, tirant légèrement sur celle-ci afin de la libérer que je le réalisais. Mais toute mon angoisse disparue lorsque la femme qui se trouvait en face de moi m'offrit un sourire doux.
- J'ai appelé à mon réveil et l'état de mon père est stable, il a été plongé dans un coma artificiel pour quelques jours. Il n'est pas encore tout à fait sortit d'affaire mais les médecins sont optimistes.
J'expirais doucement, de soulagement, en remerciant le ciel dans un murmure. Mais je remarquai que Kendall ne semblait absolument pas soulagée, au contraire. Comme souvent, ses iris marrons me fixaient intensément.
- Pourtant ça n'a pas l'air de te réjouir, dis-je en penchant légèrement la tête sur le côté.
- Si j'en suis extrêmement soulagée mais je suis également très contrariée, me fit savoir Madame Jones de sa voix froide.
Devant mon visage confus, elle enchaîna :
- Nous allons devoir nous séparer pour la matinée. au moins. Je dois me rendre à l'hôpital dans l'immédiat pendant que Marc et Erika n'y sont pas. Et ensuite je vais devoir me rendre au bureau. Je voudrais t'emporter partout avec moi, mais tu as déjà prévu de retourner travailler aujourd'hui alors Bobby sera à ta disposition car j'ai besoin de Jack.
Elle avait dit ça avec une telle gravité et un tel sérieux : je trouvais ceci si craquant, sans même le faire exprès elle pouvait être tellement adorable. J'attrapais ma lèvre inférieure entre mes dents, devant toute cette affection émanant de cette femme d'habitude si imperturbable.
- Madame Jones, n'essayerez vous pas de me lancer un message subliminal ? Souhaitez vous vraiment me faire culpabiliser de ne pouvoir passer toutes mes journées avec vous ? La titillai-je.
Je vis un rictus passer sur les lèvres de Kendall.
- Navrée mais vous avez choisis de fréquenter une personne tout aussi occupée que vous qui n'avez même pas quelques petites minutes à lui accorder à votre réveil, lui lançais-je sur un ton volontairement dédaigneux en m'éloignant à petit pas vers la salle à manger.
Les bras toujours croisés sur son torse, Madame Jones plissait désormais les yeux, comme si elle m'analysait minutieusement, ce qui me déstabilisa légèrement mais je n'en perdis pas le fil pour autant. Elle suivait désormais mes pas à ma cadence.
- Seulement heureusement que moi, j'ai de quoi me faire pardonner, enfin si Madame veut bien m'accorder ces fameuses quelques minutes, appuyais-je avant de tirer une chaise afin de l'inviter à s'attabler.
Dans une synchronisation parfaite bien qu'involontaire la voix d'Anna retentit annonçant le petit déjeuner. Elle descendit les marches, arrivant vers nous, avec le plateau que j'avais préalablement préparé quelques instants plus tôt.
- Etrangement, on me souffle dans l'oreillette que ce "de quoi te faire pardonner" contient une part d'interdit, rétorqua Kendall alors que sa marraine venait déposer le plateau sur la table.
Bien qu'elle s'était avancée jusqu'à la chaise victorienne que j'avais tiré pour elle, elle ne s'installa pas dessus. Au contraire, elle vint se placer derrière moi, me faisant soudain sentir plus petite que je ne l'étais déjà. Son corps touchait le mien et m'enveloppait.
- Bonjour Marraine, adressa t'elle à Anna, la voix de Kendall résonna dans mon dos. Atlantis me fait perdre ma politesse.
Anna lui adressa un sourire complice bien que bref avant de s'excuser, Jack avait également disposé, j'ignorais à quel moment en revanche. Kendall avait une dangereuse capacité à me faire oublier ce qu'il y avait autour de moi. Et de toujours retourner la situation à son avantage, comme présentement, or j'étais bien décidée à la pousser au lâcher prise.
- Tu ne l'avoueras jamais mais tu adores lorsque je te désobéis, tentais-je en me retournant afin que nous soyons l'une en face de l'autre, entre ses deux mains appuyé sur le dossier de la chaise.
Il suffisait que je mette sur la pointe des pieds pour que mes lèvres touchent les siennes.
Ken grimaça avant de s'humecter les lèvres. Ne prenant pas la peine de répondre à ma petite provocation, elle déposa délicatement ses mains sur mes hanches avant de me pousser. Ce fut un mouvement tellement fluide que je n'eus pas le temps de me sentir prise au piège - et pourtant j'étais celle qui avait finis assise sur la chaise normalement prévu pour elle.
Je rétorquais déjà mais toujours derrière moi Ken appuya doucement ses mains sur mes épaules afin de me maintenir assise. L'une de ses mains passa de mon épaule à mon cou en faisant une escale presque insaisissable sur mon sein droit. Le tout dans un geste si sensuel que ce fut mon corps qui me contraignit à rester immobile.
- Ce que j'adore ce sont les crêpes et j'ignorais que tu savais en préparer, ce n'est pas très australien, se moqua t'elle gentiment. Mais je crois que ce que j'adorerais davantage c'est de te voir en manger.
En parlant, Kendall avait attraper la théière et servait de son contenu dans une tasse moderne en porcelaine. C'était l'une des rare fois où ses cheveux se trouvaient sur mon visage, libérant son parfum ineffable.
Soudain, j'avais comme perdu ma verve, je ne faisais que l'observer, avec attention : sa main gauche précédemment sur mon épaule vint placer des mèches de cheveux derrière son oreille, m'offrant la vue de son profil parfait. Ses doigts fins attrapèrent une crêpe préalablement nappée de confiture de fraise (je remerciais intérieurement Anna), et qu'elle l'approcha de mes lèvres, lentement, me laissant le temps de désirer follement que ce petit bout de plaisir sucrée atteigne ma bouche au plus vite.
C'était désormais Kendall qui m'observait religieusement. Surtout lorsque ma bouche s'entrouvrit, prête à recueillir ce qu'elle m'offrait. Et pourtant cette dernière ne fut pas satisfaite car à la dernière minute sa main changea de trajectoire et c'est sa bouche à elle qui s'ouvrit, elle croqua dans le coin de la crêpe, laissant volontairement un peu de confiture se déposer sur la commissure de ses lèvres, qu'elle vint ensuite lécher. Ça se rapprochait vicieusement à de la torture.
- Voyons bébé, n'était-ce pas pour moi ? Demanda t'elle d'une voix rauque et sur un ton faussement innocent. Ton "de quoi te faire pardonner"...
Kendall croqua de nouveau dans la crêpe, en mâchant doucement.
- ... Est aussi délicieux que toi, me complimenta t'elle en se redressant et en mangeant avec une élégance dont elle seule avait le secret le reste de sa crêpe.
Je me mordis la lèvre avant de lui offrir un sourire en coin, elle me faisait chavirer. Kendall Jones s'essuya ensuite les doigts à l'aide d'une serviette, et attrapa la tasse de thé qu'elle avait précédemment servit afin d'y tremper ses lèvres.
- Mais le mien sera encore meilleur bébé, se réjouissait t'elle d'avance. Attends moi ce midi.
Quelque chose dans ma poitrine pétilla rien qu'en entendant ces mots. Madame Jones déposa la tasse et embrassa le haut de mon crâne.
- Quelle assurance Kendall, soupirai-je avec une fausse lassitude. Méfie toi, tu sous estimes le pouvoir de mes crêpes.
Un large sourire prit place sur ses traits. Elle ne m'avait pas offert totale satisfaction car elle n'avait même pas pris la peine de s'assoir et de déguster ce que je lui avais préparé avec amour mais le simple fait de la voir sourire ainsi me satisfaisait grandement.
- Bonne reprise et bonne matinée Madame Kayslar, me souhaita t'elle avant de s'éclipser. Travaillez bien car cette après midi vous m'appartenez.
Je devinais un sourire béat sur mes lèvres, et mon corps semblait toujours flotter sur une surface cotonneuse. C'est Jack qui m'interrompit dans mes rêveries quelques secondes après le départ de Kendall. Il était arrivé avec une sorte de tupperware en verre, dans laquelle il avait glissé - à l'aide de la grosse pince qu'avait pris le soin d'apporter Anna - plusieurs crêpes.
- Madame Jones est gourmande, se justifia t'il devant mon regard surpris. Mais ne vous en faites pas j'ai l'ordre de vous en laisser, se moqua t'il légèrement.
Il referma le tupperware à l'aide de son couvercle avant de lâcher :
- J'ai également reçu l'ordre de vous transmettre mot : vous êtes merveilleuse.
Après un "bonne journée", un sourire formel et un vif hochement de tête, Jack disparut à son tour, me laissant amusée par cette scène rigolote.
Finalement j'avais totale satisfaction.
...
Reprendre le travail après ces deux jours de congés qui de surcroît n'avaient pas été des plus reposants ne fut pas mince affaire, s'ajoutait à cela que mon cerveau embrumé d'un nuage rose ne m'avait pas été d'une très grande aide. Et pourtant ça n'était pas le travail qui manquait.
Certes Emma, Amy et Dylan avait fait un travail remarquable, et puis de toute manière ils ne pouvaient que faire du bon travail car quand je n'étais pas à l'agence j'échangeais constamment avec Amy par message en plus du fait que cette dernière contactait toujours tante Naïra qui passait à l'agence pour assurer mes rendez vous à ma place lorsqu'elle le pouvait. La mère d'Arya gardait toujours un oeil sur son bébé- son agence, pendant que je n'y étais pas.
Avec la période de Thanksgiving et des fêtes de fin d'années qui approchait à grand pas, la demande était forte. C'était bon pour le porte monnaie de l'entreprise mais pas pour mon sommeil. J'allais beaucoup devoir travailler durant les prochaines semaines. J'adorais comme je détestais cette période de l'année, d'une part parce que j'organisais souvent des événements très challengeant et géniaux pour mes clients mais d'autre part parce que j'étais toujours trop épuisée pour moi même profiter du côté féerique de cette période. De plus ceux avec qui j'avais passé pratiquement toutes ces fêtes au cours de ma vie n'étaient plus là et voir toutes ces familles réunies me rappelait dans un sens notre solitude à Derreck et moi, malgré le fait que nous passions toutes les fêtes dans le ranch de la famille d'Arya dans le Wyoming. Cette année les choses risquaient d'être bien différentes.
J'étais en plein coup de de fils avec une cliente quand Emma débarqua dans mon bureau, un énorme sourire aux lèvres. Je dû lui indiquer en déposant un doigt sur mes lèvres de ne pas faire de bruit tant elle semblait excitée. La raison de son état : elle avait vu Bobby me déposer à l'agence et qu'elle n'avait cessé de me poser des questions, ou plutôt de faire ses propres déductions.
- Emma laisse la travailler, et retourne à ton poste je t'y ai mis pleins de paperasse rien que pour toi, il faut qu'on évacue ça avant demain ! L'avais-gentiment tiré Amy quand Emma s'était déjà une première fois glissée dans mon bureau entre deux rendez-vous.
Heureusement que ma secrétaire avait un peu de bon sens. Seulement Emma n'avait pas tenu très longtemps avant de revenir à la charge, comme en attestait les gros yeux qu'elle me faisait à ce moment là.
- Arrêtes de me regarder comme ça ! La rouspétais-je dans un fort chuchotement en éloignant mon téléphone de mon oreille. N'as-tu pas mieux à faire à l'accueil, tiens ?!
Mon amie dont les cheveux noirs et raides étaient lâchés passa une main nonchalante dans ceux-ci avant de s'appuyer sur la table. Je pouvais voir qu'elle se mordait la joue pour s'empêcher de pouffer de rire.
Au bout d'une minute, je pus enfin me libérer de mon entretien téléphone avec Madame Collins pour qui j'organisais une fête à l'effigie de l'annonce du sexe de son bébé.
- Toi, tu as passé une très bonne soirée ! Que dis-je ? Une excellente nuit ! Me lança tout de suite Emma avec énergie.
- Je ne vois absolument pas de quoi tu parles, me défendis-je faiblement.
- Tu parles ! Tu vas finir par avoir des crampes aux joues tant tu souris. Depuis ce matin tu dégoulines de bonheur, je ne t'ai jamais vu aussi rayonnante !
Je ne pus rien rétorquer car mes lèvres me trahirent.
- De toute manière je savais que je t'avais perdu quand tu n'as répondu à aucun de mes messages de la soirée.
Mon rire retentit avant que je ne fasse tourner ma chaise de bureau afin de m'offrir un petit tour de manège.
- J'adore Arya mais c'est pas sur elle que je parie, je ne crois pas qu'un simple dîner avec elle ait pu te mettre dans cet état..
Ayant arrêté mes enfantillages, je me retrouvais de nouveau face à mon amie, toujours debout, elle me jaugeait en me scrutant de ses yeux bridés comme ci la réponse était écrite quelque part sur mon visage.
- Non, je crois plutôt que tu as enfin enfin sauté le pas avec Kendall, et qu'il fallait simplement que tu parles sérieusement avec Arya pour réaliser que depuis le début tu te voiles la face, chantonna mon amie en dandinant ses hanches tel un génie.
Je me contentais de lever les yeux au ciel en guise de réponse, alors que mon amie entama quelques petits pas de danses avec un cavalier imaginaire. Dans sa robe col-roulé en laine rouge on aurait pu la prendre pour mère Noël.
- Je t'imagine sur ton petit nuage, avec ta princesse charmante, il ne manque qu'à réunir la cour pour commencer le bal et vous envoyer tout droit vers la lune de miel, déclara t'elle avant de virevolter sur elle même.
Je fus éprise d'un fou rire en voyant Emma agir ainsi, j'en riais aux larmes.
- Je crois que tu t'emballes un peu trop vite Emma, et puis les choses n'ont pas été aussi simples que tu sembles le croire.
Comme piquée, Emma tira la chaise de "l'invité" de mon bureau afin de s'installer.
- Ça je veux bien le croire. Tu lâches enfin une info intéressante...
Elle regarda sa montre avec un drama exagéré.
- ... Tu as exactement dix minutes pour tout me raconter avant que tu ne te transforme en patronne diabolique et ne m'expédie à mon poste. Tu en profiteras pour m'expliquer pourquoi tu as troqué mon beau prince charmant de l'autre jour contre le monsieur au crâne chauve à l'entrée de l'agence.
Je fus plus que surprise de savoir que Bobby ne s'était pas contenté de me déposer, j'imaginais qu'il avait reçu pour orde de rester. Au moins il n'était pas dans mes pattes, c'était une sorte de compromis tacite auquel avait dû penser Kendall et qui pour l'heure en tout cas me convenait.
Tout en racontant ma vie apparemment très intéressante à mon amie, je me demandais à quel moment j'allais introduire le fait que Jack, son -nouveau et énième prince charmant- était mariée et père d'une petite fille.
Je fus cependant interrompu par un coup de fil de mon téléphone privé. Lorsque je vis le nom qui s'afficha mon coeur s'emballa. Emma se mordit la lèvre, comme ci elle ressentait les puissantes vibrations qui émanaient de mon corps. Pour m'encourager elle fit mine de se boucher les oreilles.
- Re-bonjour bébé, entendis-je dès que je portais le téléphone à mon oreille.
Mes joues chauffèrent.
Je lui avais écris une heure auparavant, afin de savoir si tout se passait bien, notamment à l'hôpital, et à vrai dire j'avais finis par regarder mon téléphone dès que j'en avais l'occasion afin de voir si elle m'avait écrit en retour, malgré le fait qu'il était sur vibreur.
- Bonjour mon ange, soufflais-je timidement. J'hésitais à t'appeler tout à l'heure mais je ne souhaitais pas te déranger.
Je dû me retourner afin de ne pas faire face au grimaces enfantines d'Emma et ses chuchotements idiots.
- Ne dis plus jamais ça, tu ne me déranges jamais Atlantis, m'annonça t'elle d'une voix froidement sexy.
J'entendis Emma derrière moi, m'indiquer affreusement bruyamment de mettre le haut parleur, elle en fit un credo, je finis donc par céder après m'être retournée et lui avoir ordonné de rester silencieuse.
- Au contraire entendre ta voix est ce qu'il y a de plus apaisant, retentit la voix de Madame Jones.
Emma fondit avant moi, encore un peu et c'était elle qui était totalement sous le charme. Peut être qu'elle aurait été plus douée que pour moi pour répliquer d'ailleurs, car mis à part les papillons dans le ventre qui en disaient long sur mon ressentis suite à l'entente de ces mots, j'ignorais comment y répondre. Et la présence de mon amie, ne m'aidait pas. Je dû donc me retourner de nouveau afin de trouver le courage de dire, presque dans un murmure :
- Tu me manques, alors que nous ne nous sommes quittées que ce matin. C'est effrayant, chuchotais-je.
J'entendis Kendall rire, un sourire fendit mon visage.
- Je suis arrivée à cette conclusion depuis quelques temps déjà, m'informa t'elle avant de tout de suite enchainer sur un autre sujet comme si s'étendre sur la question lui était proscrit. Tout va bien de mon côté bébé, je me suis goinfrée de tes délicieuses crêpes sur le chemin pour aller voir mon père.
Je souris, ravie. Cela me donna envie de lui embrasser la joue, comment pouvait on à la fois paraître si douce et adorable et autoritaire et imposante ?
- Il était inconscient quand je suis arrivée et c'était très étrange de le voir ainsi mais il sera réveillé d'ici quelques jours et il ne devrait pas avoir de séquelles graves.
- J'imagine que ça a du être bouleversant, mais globalement ce sont de bonnes nouvelles, je suis très contente de l'apprendre. J'imagine que tu dois te sentir bien plus légère et rassurée maintenant.
Il y eut un léger silence durant lequel je n'entendis que la respiration calme de Kendall. J'avais la sensation qu'à l'autre bout du fil elle s'était crispée.
- Ça va, répondit elle simplement.
C'était donc ça, dès qu'il s'agissait de savoir comment elle allait, la conversation perdait tout relief. Je m'apprêtais à insister mais elle enchaîna :
- De ton côté tout se passe bien ?
Je n'osais pas insister.
- Oui. Oh et puis de toute manière Bobby est à quelques mètres de moi en cas de soucis tu sais, ironisais-je.
Je pouvais deviner le sourire de Madame Jones à l'autre bout du fil.
- Je crois qu'il va définitivement falloir que je passe à l'agence pour te baiser sur ton bureau afin d'imprégner cette pièce de mon aura, peut être que cela fera taire cette insolence qui se cache dans tes phrases faussement innocentes, me menaça t'elle.
Ce fut ma lèvre inférieure qui une énième fois fit les frais du déchainement qui fut provoquer dans mon corps.
- Je dois y aller bébé, j'ai une matinée chargée. Je t'embrasse. A très vite.
- J'envoie une invitation solennelle à ton aura. A très vite mon ange. Bon courage.
Je l'entendis grogner avant qu'elle ne raccroche.
Bien qu'encore légèrement embrumée, je fis de nouveau tourner ma chaise à l'aide de mes petits pieds pour tomber sur une Emma, avachie sur mon bureau, bavant presque.
- Enfin, enfin ! Je suis fan de votre couple, je suis tellement heureuse pour toi !
Je rougissais presque de cette appellation : "couple". Je me cachais derrière mes mains, telle une petite fille afin de reprendre mes esprits puis mes explications concernant mes péripéties de la veille pour mon amie sans m'attarder sur son extase concernant l'échange que je venais d'avoir avec ma petite amie. Et pourtant - si c'était ça ma vie sentimentale désormais- j'en étais plus fan encore.
...
Allan Roberts, un client pour qui nous organisions chaque année les séminaires de fin d'années de son entreprise et qui au passage nous lâchait toujours un énorme chèque de pourboire, sortait tout juste de mon bureau, moi l'accompagnant. C'était un bel homme, grand et métisse, d'environ dix ans mon aîné. C'était l'un de mes clients les plus réguliers dans le cadre des évènements au sein de son entreprise sur le design et les nouvelles technologies. A chaque fois qu'il passait à l'agence nous passions plusieurs minutes à discuter dans mon bureau.
Depuis un moment déjà j'avais sentis l'intérêt qu'il me portait, bien qu'il restait toujours très poli et courtois. Pour son attitude respectueuse il m'était très sympathique seulement je n'avais jamais été réellement sensible à ses avances, ça n'était pas le charme qui manquait pourtant. Mais ça ne risquait pas d'être le cas maintenant qu'une autre personne habitait toutes mes pensées.
- Atlantis, une fois de plus vous faites un travail remarquable, c'est toujours un énorme plaisir de vous voir, me dit l'homme d'affaires sur le seuil de la porte de mon bureau.
Un sourire très timide sur les lèvres j'attrapais la main que me tendait M. Roberts, habillé dans un élégant costume noir aux boutons de manchettes, certainement, en or.
- Je vous en prie Allan, je ne fais que mon travail rien de plus, satisfaire mes clients est ce qui m'importe le plus.
Il n'avait pas lâché ma main qu'il tenait toujours dans la sienne, délicate, je devais l'avouer.
- Oh pourtant il y a bien une de mes requêtes que vous vous refusez toujours à m'accorder : ce fameux dîner.
Je me mordis l'intérieur de la joue, sentant ma main devenir moite dans la sienne.
- Je suis très flattée par cette invitation Allan, mais une fois de plus je ne peux l'accepter, j'en suis navrée.
Devant son sourire tendre et sa moue certes déçu mais très douce à la fois, je posais mes yeux partout sauf sur lui. Cette situation était terriblement gênante.
C'est justement en cherchant à fuir son regard que je remarquais le bout d'une chaussure rouge bordeaux qui me parut très très familier. Je relavais les yeux, d'une traite, tombant directement dans un regard qui me chamboula par son intensité.
Les jambes croisées, Kendall avait dû patienter au niveau de la salle d'attente jusqu'à l'issu de mon rendez-vous. J'étais si soulagée de constater que l'heure de la retrouver avait déjà sonné.
Cependant, actuellement je ne voyais rien d'autre que sa mâchoire saillante et je lisais une sorte de colère froide dans son regard. Dans la seconde qui suivit notre contact visuel elle se leva, et dans un pas sec qui ne perdait en rien son élégance elle vint se placer, sous mon regard hypnotisé par sa présence, tout juste derrière Allan Roberts. J'avais ainsi ce dernier en face de moi, et ma petite amie derrière lui, visiblement prête à l'étrangler.
Sous ces deux iris bruns que je connaissais par coeur, je retirerai doucement ma main de celle de mon client.
- Alors laissez moi au moins l'espérer, je ne suis pas pressé : j'attendrais que vous acceptiez que l'on se rencontre. Et vous savez que je suis un homme déterminé, se targua t'il, un énorme sourire au lèvre.
Je vis Kendall, qui était légèrement plus grande qu'Allan, grimacer derrière lui avant qu'un rictus ne passe sur son visage. Pour cette raison Allan n'eut rien de plus de ma part qu'un simple sourire crispé. Il sembla remarquer mon malaise car il me disait déjà au revoir lorsqu'il se retourna et qu'il tomba nez à nez avec Kendall, qui se tenait parfaitement droite et les mains derrière son dos.
Je pinçai les lèvres.
- Oh, bon sang, Kendall Jones ? S'étonna t'il. Navré j'ai faillis vous rentrer dedans, s'excusa t'il. J'ignorais que quelqu'un attendait derrière moi.
Décidément Ken ne passait inaperçue nulle part. Elle se contenta de lui répondre d'un simple sourire, qui se rapprochait davantage d'une grimace, très formel. Elle lui tendit ensuite la main, qu'il attrapa, et ils s'empoignèrent tout deux avec fermeté durant des secondes qui dans mon esprit s'éternisèrent. L'atmosphère me parut vite étouffante.
- Allan, lui adressa t'elle simplement en guise de salutation, comme si dire un mot de plus allait lui coûter la vie.
Je ne savais où me mettre.
- J'ignorais que vous faisiez vous également appel au service de cette agence, dit mon client afin de faire la conversation sans imaginer à quel point la situation était gênante. Nos rendez vous professionnels sont si brefs que nous n'avons à peine le temps d'échanger, se plaignit t'il gentiment et surtout de manière très innocente.
Il ne le voyait peut être pas, mais moi je voyais la mâchoire de ma petite amie se serrer davantage, au point que tout son visage durcit. Je retenais mon souffle.
- Pour le bien de tous, il vaut mieux ne pas mélanger le professionnel et le personnel. Lui dit elle sèchement, sans oublier d'accompagner ses mots d'un sourire si strict que n'importe qui aurait préféré en être dispensé.
Je fis les gros yeux à ma petite amie, Allan était si gentil et en plus il n'y était pour rien, ça n'était pas de sa faute, il n'était au courant de rien et pratiquement personne d'ailleurs. Ce dernier remarqua très certainement le ton froid de Kendall mais il ne sembla pas s'en préoccuper car il s'aventura à continuer de converser :
- Je le crois aussi, mais voyez-vous dans certain cas de figure il est très difficile de s'en tenir à cette règle.
- Croyez moi Allan, il vaut mieux vous y tenir. Le menaça t'elle ouvertement, les traits durs, et sans aucun sourire. On ignore parfois où on met les pieds.
Je fus glacée par son ton et je voulus m'enterrer dix pieds sous terres lorsque mon client reçu ses paroles telle une gifle, il paraissait aussi confus que gêné. Lorsqu'il se tourna vers moi, je m'empressais de lui indiquer que j'allais l'accompagner jusqu'à la sortie, tout en lançant des regards très expressifs à Ken. Elle aurait tout de même pu m'épargner cette scène sur mon lieu de travail !
- Bonne journée Allan, un courrier vous sera prochainement adressé concernant mon investissement dans votre dernier projet, lança Kendall.
Ce dernier se contenta d'hocher la tête, ne sachant sans doute pas s'il valait mieux qu'il réponde ou non.
Kendall, les bras croisées, nous observa nous éloigner vers la sortie en grimaçant nerveusement. Emma à l'accueil se cachait derrière ses cheveux pour camoufler son fou rire, mais elle ne dupait personne, elle était rouge comme une tomate, au moins il y'en avait une que ça avait amusé.
Je fis de mon mieux pour dire au revoir à Allan Roberts de la manière la plus chaleureuse qui soit malgré cette scène très étrange. Lorsque je revins vers ma petite amie, elle avait déjà récupéré mon manteau, mon sac, mon téléphone, refermer la porte de mon bureau et pris les clés. Sa manie de tout vouloir gérer pouvait parfois être très séduisante, je devais quand même l'avouer.
- Encore un peu et tu sortais tes muscles, bravo ! La rouspétais-je en lui poussant légèrement l'épaule. Si je perds ce client, la très illustre Kendall Jones ira lui présenter des excuses solennelles, sois en certaine ! Tu l'as dis toi même on ne mélange pas travail et vie privée et ici c'est mon lieu de travail Ken.
Un rictus passa sur son visage avant qu'elle ne balance ma doudoune noire sur son épaule.
- Je suis prête à faire un chèque du double de la somme de tous ces clients qui te veulent, me dit elle avec une gravité qui me fit douter du sérieux de ses paroles. Ça pourrait nous éviter d'en arriver à des situations des plus tragiques.
Je soupirais en réprimant un sourire, elle était incorrigible. J'adressais un regard exaspéré à Emma qui quittait son poste pour sa pause déjeuner, elle enfilait son manteau, sans perdre une miette de la scène qui se déroulait, et pour ne rien changer elle mimait avec ces lèvres "Elle est vraiment trop mignonne".
- Tu préfères prendre le risque de me voir devenir très méchante avec tes si aimables clients plutôt que d'accepter que je devienne ta cliente la plus fidèle, annonça Ken d'une voix mesurée et sans me quitter des yeux.
Emma, qui ne pouvait visiblement résister à la fameuse "aura" de Kendall, rougit avant de glousser timidement.
Je tentais d'attraper mon manteau en adressant un regard pleins de reproches à ma petite amie, cependant elle ne me laissa pas faire et avec beaucoup d'élégance elle m'invita à me l'enfiler.
- Tu es à moi Atlantis, murmura t'elle dans mon oreille alors que j'enfilais un manche du manteau et qu'elle m'assistait. Et maintenant plus que jamais, je ne supporte de voir du désir à ton égard dans le regard de quiconque et si pour ça le monde entier doit savoir que tu es déjà la femme la plus désirée sur cette terre et ce par nul autre que moi, je suis prête à en faire une annonce officielle.
Ses lèvres brûlantes vinrent se poser à la naissance de mes cheveux.
- Dès que tu y consentiras, ajouta t'elle alors que tout mon corps frissonnait. Ce pantalon taille haute est une merveille sur toi, me complimenta t'elle.
J'avais été suspendue à ses mots. Une fois encore j'avais été coupée du monde et je ne revins à la réalité que lorsque nous entendîmes les pas d'Emma, Dylan et Amy lorsqu'ils passèrent devant nous, sortants pour leur pause déjeuner. Les deux derniers parurent très choqués de me voir aussi intime avec Kendall Jones - qui avait fait la une du Vogue Magazine simplement quelques semaines avant notre rencontre et pour qui je n'avais officiellement fait qu'organiser une fête d'anniversaire.
Après de discrets "bonjour", il s'en allèrent, seule Emma m'indiqua que je pouvais y aller car elle fermerait l'agence.
- Merci Emma. Dit Kendall à ma place. Je ne peux vous inviter à vous joindre à nous pour déjeuner aujourd'hui, mais retenez que je vous en dois un.
Mon amie ne put cacher sa joie, elle devait sans doute même se retenir de sautiller partout comme elle savait si bien le faire. De fait, il y avait de quoi, elle était une des rares personnes avec qui j'avais vu Kendall se montrer aussi amicale.
Une main au creux de mon dos, Madame Jones m'escorta vers la sortie, Emma me fit un clin d'oeil, alors que je me laissais entrainer. Jack nous attendait, devant la Mercedes de sa patronne dont la portière était déjà ouverte.
...
Durant le trajet, après avoir bouclé ma ceinture puis la sienne, Ken s'était excusée auprès de moi en raison du fait qu'elle devait passer quelques appels importants : cinq appels au total et environ quinze minutes de conversation. Durant ceux-ci elle n'avait cessé de me regarder ou encore de placer une mèche de cheveux rebelle derrière mon oreille. Elle avait finit par attraper mon poignet fin, sur lequel son pouce n'avait cessé de faire des allers retour. Ce geste doux, avait réveillé des sensations inconnues à mon corps.
C'était étrange de l'entendre parler de manière aussi machinale, froide et autoritaire à ses interlocuteurs mais de lire autant de douceur dans son regard quand elle me regardait.
A plusieurs reprises cependant notre contact visuel fut coupé car elle recevait un autre appel en dessous qu'elle ne cessait de décliner. Au bout de la troisième fois, je l'interrogeai du regard, les sourcils froncés.
- Marc, m'adressa t'elle en éloignant son téléphone. Il appelle depuis ce matin.
Elle approcha de nouveau le téléphone de son oreille :
- Bien, redirigez le responsable de l'équipe vers moi, c'est une grosse campagne. Ordonna t'elle à la personne à l'autre bout du fil. Je ne serai plus disponible à partir de maintenant.
Puis Kendall avait enfin raccroché et ce sans attendre la réponse de sa secrétaire à l'autre bout du fil de ce dernier appel. Un « bonne journée » à son adresse n'aurait d'ailleurs sans doute pas été de trop mais Kendall semblait contrariée et je devinais que c'était certainement en raison des appels de son frère.
- Il doit regretter et vouloir s'excuser, tentai-je. Vous devriez vous parler mon ange, ça reste ton frère.
Mais comme je m'y attendais Madame Jones passa sa main dans mes cheveux avant de venir fermement plaquer ses lèvres contre les miennes, elle savait comment m'envouter, le simple fait de sentir ses lèvres contre les miennes suffisait à faire perdre à mon esprit tout sens de rationalité. Alors que mes mains tentait de prendre appui sur ses joues, elle les bloqua, avant de sourire contre mes lèvres.
- Voyons, un peu de tenu Madame Kayslar, souffla t'elle contre mes lèvres, rompant le contact de nos bouches.
Parfois j'en oubliais même la présence de Jack.
Contre toute attente, en se détachant légèrement de moi, Kendall revint sur le sujet précédent.
- Marc n'a pas simplement tenu des propos immondes. Il m'a trahis et je ne pardonne pas la trahison, ponctua ma petite amie. Pas même à mon propre sang, c'est sans doute mon seul trait de caractère commun avec Erika sauf que j'ai au moins le mérite de ne pas me montrer injuste. Se justifia t'elle.
Mon corps de glaça, elle me regardait dans le blanc des yeux. J'étais tellement tétanisée que je n'avais même pas remarqué que la voiture s'était garée.
- Oui mais vous étiez tous deux à bout de nerfs, apeurés et triste. Articulais-je difficilement tandis que Madame Jones détachait sa ceinture puis la mienne. Il ne pensait rien de ce qu'il a dit j'en suis certaine, il est certes aller trop loin mais c'était une erreur. On en fait tous, murmurais-je, toujours figée.
Un sourire triste déforma les traits de mon interlocutrice.
- Non bébé, ce qu'on fait tous : ce sont des choix. Qui parfois s'avèrent effectivement être des erreurs. Mais dans ces cas là le seul auprès duquel il faut se repentir, c'est nous même.
Si j'avais été debout, j'aurais sans doute tituber tant j'avais la nausée. N'imaginant ce qui se tramait dans ma tête, Kendall m'observait avec attention, son visage traduisit vite son inquiétude, sans doute face à ma mine déconfite.
- Voilà pourquoi je n'aime pas avoir ce genre de discussions avec toi bébé, regardes comme tu as l'air affligée pour des histoires dont tu ne devrais même pas te préoccuper. Je ne souhaites pas que tu penses de moi que je suis cruelle.
- Tu ne l'es pas, m'empressais-je de répondre en déglutissant doucement. Simplement, exigeante.
Les yeux humides, je clignais plusieurs fois des paupières afin de dissuader toutes larmes de s'en échapper. Elle n'imaginait pas à quel point je me sentais concernée par ce qu'elle venait de dire.
Ma petite amie s'approcha alors de moi, et m'embrassa délicatement le front.
- Je ne la regrette pas, car c'est cette exigence qui m'a permis de faire le meilleur de tout mes choix : toi, me confia t'elle.
Je frissonnais.
Sur ses mots, elle ouvrit la portière avant de s'extirper de la voiture, me laissant prise au dépourvue, et imbibée de sentiments paradoxaux. .
...
Nous étions arrivées sur un parking désert qui donnait sur une sorte d'énorme hangar, je n'avais cessé de demander à Kendall ce qu'on allait faire mais elle ne souhaitait me répondre. Jack nous attendait dans la voiture alors peut être que ça n'allait pas être long ? Je n'en avais aucune idée, je voulais tant savoir ce qu'elle m'avait préparé. J'espérais juste que ce n'était rien à faire en plein air parce que le vent était particulièrement violent et bruyant, et je n'aimais pas lorsque le temps météo était aussi agitée. Comme si elle l'avait sentit la main de Kendall se resserra dans la mienne.
- Plus que quelques secondes et nous serons au chaud et au calme bébé.
Je resterai mon manteau contre moi avant de lui sourire, ses cheveux comme les miens volaient dans le vent. Elle portait un long manteau couleur camelle en daim qui se fondait parfaitement dans le paysage affirmé de cet automne.
Alors que nous marchions main dans la main vers l'entrée du hangar, je vis à quelques mètres de cette dernière : un jeune homme assez roux et au visage très enfantin. Il arborait un sourire très chaleureux et quand nous arrivâmes à sa hauteur il salua aimablement Kendall avant de lui serrer la main, puis la mienne. Ma petite amie ne fut pas aussi chaleureuse que lui, son visage était froid, distant, comme avec quasiment toutes les autres personnes que nous croisions d'ailleurs. J'étais contente d'en être dispensé.
- Tout est comme je l'avais demandé Calvin ?
- Oui Madame Jones, tout est prêt, nous n'attendions que vous. Si vous voulez bien me suivre mesdames.
La voix particulièrement grave de ce jeune homme contrastait avec les traits de son visage. Il nous escorta alors jusqu'à l'entrée du Hangar, nous étions toujours main dans la main. Je fus subjuguée lorsque nous approchâmes, les deux grandes portes coulissantes du bâtiment étant ouverte, je pouvais découvrir la beauté rafraichissante de ce lieu unique. Il avait des plantes à perte de vue, des fleurs, de toutes les couleurs, de toutes les tailles, de touts horizons et ce partout : au sol, sur les murs, suspendus au haut plafond. J'étais émerveillée, on aurait dit un jardin avec toutes les merveilles de la flore terrestre réunies.
- Nos plantes ont bien poussé depuis la dernière fois, fit remarquer Kendall à Calvin.
Tout en échangeant avec lui, elle m'observa avec un sourire en coin, elle semblait très satisfaite de l'effet qu'avait la découverte de cet endroit sur moi. Cependant elle dû sentir mon visage se crisper à l'entente de ce "nos" car elle porta ma main à sa bouche avant de l'embrasser discrètement, écoutant d'une oreille les explications de son interlocuteur sur la fameuse évolution de ses plantes, puis elle me considéra avec un sourire narquois. Je fronçais les sourcils.
- Mon père sera heureux de constater cette évolution lorsque nous reviendrons ensemble.
Ah. Je compris alors le sourire narquois. En même temps je n'aurais pas pu savoir que ce "nous" c'était pour désigner : elle et son père.
- Nous espérons qu'il se remettra vite afin de le revoir parmi nous, visiter et évoluer dans cet espace qu'il a lui même pensé.
Kendall adressa un sourire strict au jeune homme.
Alors que je n'avais pas encore terminé de m'émerveiller, elle m'invita à avancer, car il semblait que cette partie digne d'un compte Disney n'était qu'un passage pour nous. Nous la traversâmes durant quelques minutes, ce qui me laissa le temps de tout contempler sur mon passage.
- J'adore cet endroit mon ange, soufflais-je à Kendall alors que nous marchions toujours, le pas léger et escortée par Calvin.
- Je le savais bébé et tu n'as encore rien vu, me prévint elle avant de passer un bras possessif autour de ma taille. Mon père est passionné de plantes, de jardinage et de tout ce qui touche aux études de la sciences botanique, alors il a voulut y consacré tout un hangar. C'est son havre de paix et il n'y donne accès qu'à un cercle de personnes très restreint.
- Il ne t'en voudra pas de m'avoir emmener ici ? M'inquiétais-je.
Elle m'embrassa tendrement la tempe.
- Il m'avait fait promettre de t'emmener ici bébé. A son réveil, il sera heureux de constater que pour une fois je n'ai eu aucun mal à l'écouter.
Oh ? Pourquoi Franck Jones aurait il voulu que je vienne ici si c'était aussi intime ? Il me connaissait à peine, nous nous étions vu deux fois seulement. Est-ce que Kendall lui avait parlé de moi ? Que lui avait t'elle dit ? Je voulus en savoir plus mais elle ne sembla pas disposée à s'étendre sur le sujet.
Après avoir traversé ce monde enchanté nous finîmes par arrivés sur deux autres grandes portes, comme celles à l'entrée du hangar. Elles étaient ouvertes et donnaient sur un petit chemin marqué par de grosses dalles rondes en béton couleur pierre. Kendall demanda à Calvin de nous laisser là, il s'exécuta, elle me tira alors par la main afin d'avancer, je me laissais donc porter et retrouvait durant de brève seconde le temps non clément, blottie contre Kendall, pour que nous arrivions face à un autre énorme bloc de bâtiment, une hangar qui semblait plus petit : comme une sorte de dépendance.
A la hauteur d'une immense porte en acier, fermée qui donnait accès au second bâtiment, Kendall se sépara de moi afin d'actionner un bouton qui enclencha un engrenage automatique qui provoqua l'ouverture en coulissement de la porte couleur grise. J'adorais cet effet d'ouverture, j'avais l'impression d'être face à la caverne d'Ali baba, qui s'apprêtait à me livrer progressivement ses merveilles.
...
Nous étions dans l'atelier de peinture de Franck Jones, et c'était un endroit indescriptible tant il respirait l'aura de ce monsieur. On y trouvait une multitudes d'oeuvres déjà achevés dans un coin de la pièce, représentation florales, humaines, abstraites, c'était le véritable coeur artistique de cet homme, je comprenais maintenant d'où venait la fibre artistique de ma petite amie. C'était certes un atelier mais ça ressemblait également à un salon très chaleureux et bohème. On y retrouvait des toiles vierges de toutes tailles, ainsi que des chevalets aux dimensions assorties et tout un assortiment d'outils de peintures sur d'immenses étagères. L'espace sentait divinement bon, cette odeur fleurie me réchauffa le coeur. Il faisait en plus très bon, ni trop chaud, ni trop frais, juste comme il fallait. La luminosité y était comme je ne l'avais vu jamais nul part ailleurs grâce à un alignement des lampes industrielles sublime suspendues à un plafond dont la hauteur échappait au petit être que j'étais. Le sol en terrazo ciré donnait envie de retirer ses chaussures afin d'en sentir la douceur. Etrangement ici je me sentais chez bien, comme on se sent chez soit. Au fond de la pièce on trouvait une sorte d'espace détente avec un aménagement de petit matelas colorés et d'énormes coussins qui donnaient envie de s'y jeter. Une grande toile vierge posée sur un chevalet se trouvait au centre de la pièce, et tout un attirail de matériel de peinture était étalés à ses pieds en suivant une ligne horizontale invisible.
Kendall était à quelques mètre de moi, elle m'avait vu observer cette pièce en silence, tout en m'observant elle même avec son habituelle intensité.
- Je n'ai jamais vraiment aimé la peinture mais avec mon père j'ai appris à y prendre goût, lorsque nous devons discuter d'un sujet important, nous le faisons en général autour d'une toile. Lorsqu'il est en colère contre moi, lorsqu'il souhaite me féliciter : il me le dit sur une toile, il m'a appris le langage des couleurs, des formes..
Je l'écoutais attentivement. Elle semblait si admirative de son père, je n'imaginais pas sa douleur face à son état de santé. Leur relation semblait si fusionnelle. Elle me rappelait celle avec mon propre père. L'aurions nous toujours autant été s'il avait été vivant avec tout ce que j'avais appris ces derniers jours ?
- Je veux que l'on peigne un tableau bébé, notre tableau, notre première oeuvre commune. Et je veux le placer au centre de mon séjour.
Mon rythme cardiaque s'accéléra rapidement, parfois Kendall faisait preuve d'une telle sensibilité, et d'un romantisme qui me paralysait. Eprise d'un élan d'émotion, je me précipitais vers elle afin de déposer un baiser chaste sur ses lèvres.
- J'adore l'idée d'une oeuvre commune. Chère âme romantique sortez de ce corps, la titillais-je.
Au lieu de me répondre, elle préféra, prendre mes lèvres, avec douceur. Kendall m'étreignit contre elle, sa main suivit la longueur de mon dos, jusqu'à atteindre mes fesses me pressant contre elle, tandis que l'autre tenait adroitement ma nuque. Mes mains caressait ses joues. Elle se crispa mais la douceur de notre contact finit par la détendre. Quand de ses dents elle vint mordre ma lèvre, je gémis. Elle s'écarta, difficilement, au vu de la manière dont ses yeux brillaient de désir.
- Tu es si belle. J'ai constamment envie de toi mais j'essaye rester sage. Aide moi s'il te plait.
Sa main caressait mes cheveux, je lui souris, en reprenant difficilement mon souffle. L'aider..l'aider. J'essayais de me le répéter.
- Aller viens, il faut qu'on se change et qu'on se mette au travail bébé.
...
- Hey, ce n'est pas juste, pourquoi est ce que toi tu es dans une superbe salopette en jean de camionneur et moi dans ce short qui m'arrive au ras des fesses et ce débardeur tellement transparent que je pourrais être nue, on ne verrait pas la différence !
Un paravent était placé dans un coin de la pièce et des vêtements y avaient été déposé pour Ken et moi.
Kendall ria en nouant ses cheveux en un chignon approximatif au dessus de son crâne. Ça lui donnait un air post-baise qui mit mes hormones en feu.
- C'est pour mieux te mater, bien évidemment. Avoua t'elle sans concession aucune et en retroussant les manches de son top blanc qu'elle avait gardé sous la salopette.
Joueuse, je retournais le tablier que je venais de nouer autour de ma taille. Kendall, pieds nus tout comme moi, vint alors faire disparaître le peu d'espace qui nous séparait. Elle cherchait à me prendre mon tablier, nous étions toutes deux hilares. Naturellement, elle parvint à ses fins et le jeta à l'autre bout de la pièce.
- Tout compte fait, ce sublime corps ne mérite pas d'être caché sous un vieux tablier de peinture, tu ne crois pas ?
Je la repoussais en lui lançant un regard pleins de reproches.
- Ah tu vois c'est exactement ce que je me suis toujours dis, mais un jour j'ai rencontré une personne très ringard qui a voulu me faire avaler que les vêtements courts me sont prohibés pour une raison qui échappe au commun des mortels !
- Ringard ? S'étonna t'elle avec un sourire en coin.
Je croisais les bras et acquiesçais d'un hochement de tête effronté.
- Je dirais plutôt terriblement possessive, ses yeux pétillaient de malice.
Je me mordis la lèvre inférieure avant de lever les yeux au ciel et d'attraper une palette de peinture parmi tous les outils étalés de manière linéaire au sol, en me baissant.
- Tu lèves les yeux au ciel et ensuite tu te penches légèrement en avant, serait ce un appel à un petit rappel à l'ordre ? Je vais commencer à croire que mes fessées te manquent.
Tout mon sang sembla s'échauffer de plusieurs degré à l'intérieur de mon corps. Et le regard qu'elle me lança n'arrangea rien. Mais afin de pousser le bouchon de la provocation je ne répondis pas. De la manière la plus sensuelle qui soit j'attrapais trois tubes de peintures que je vins vider sur une palette. Je m'appliquais à ma tâche alors que Kendall restait les bras croisées, me regardant comme si elle était prête à me dévorer. Je fis de mon mieux pour faire semblant de rester concentrer à ma tâche, mais je ne pus continuer à feinter quand je vis Madame Jones approcher de moi, d'un pas déterminé.
- Je deviens naïve, j'ai vraiment cru que je pouvais passer l'après midi ici avec toi en ayant la capacité de réprimer mes envies.
- Ken, murmurais-je, la voix rongée par le désir, alors que devant moi, elle se baissa, lentement.
Sa tête était à hauteur de mon entrejambe. Rien que cette proximité m'irradiait. Les doigts de Kendall Jones allèrent à la rencontre de mes chevilles, de mes jambes, de mes cuisses, dans une lenteur déchirante.
Alors que jambes tremblaient et que je peinais à rester debout, ce fut au tour des lèvres de Kendall de prendre le relai, ses mains tenaient fermement mes jambes, quand ses lèvres venaient les tatouer sous tout leurs angles. Ma respiration devenait de plus en plus irrégulière.
- J'ai tellement envie de toi bébé, grogna t'elle contre ma peau.
Moi aussi.
Je manquais de lâcher la palette et les trois tubes de peintures que je tenais dans chacune de mes mains.
Ses mains remontèrent jusqu'à mes hanches qu'elles attrapèrent.
Accroupie, Kendall Jones était accroupie devant moi, relevant le nez et me regardant comme si j'étais la dernière pierre précieuse sur terre.
- Ça fait bien trop longtemps que je ne t'ai pas entendu gémir, je te veux tout de suite. Retourne toi.
Deux jours. Effectivement. C'était trop ou alors je devenais insatiable.
Elle me donnait des ordres, encore, j'aimais ça, dans un contexte sexuel, j'adorais même.
Je sentais la chaleur de son souffle jusqu'au niveau de mon entre-jambe et j'ignorais si c'était un ordre ou une supplication, sans doute un peu des deux. On ne m'avait jamais autant désiré, je le savais, je le sentais dans la chaleur de ses doigts qui s'aventurait vers la ceinture du petit bout de tissu qui recouvrait approximativement mes parties intimes.
Bordel, rien qu'avec sa voix elle pouvait me faire gémir. J'étais au bord de l'implosion quand Kendall Jones vint mordiller la peau située juste au dessus de la ceinture de mon short.
- Retourne toi, tout de suite.
J'allais obéir quand une voix maléfique jaillit de mon esprit.
"Non, non, c'est trop facile.." me susurrait t'elle. Et elle n'avait pas tord, j'étais joueuse, peut être même à m'en brûler les ailes. Pourquoi Kendall aurait elle ce qu'elle voulait, tout de suite ? Même quand je parvenais à prendre le dessus, elle trouvait un moyen de retourner la situation.
- Non, Ken attends.. soufflais-je.
Elle se figea, retirant ses mains de mon corps comme ci ce dernier était brûlant. Une once d'irritation traversa ses traits. Les sourcils froncés, elle attendait certainement mes explications.
- J'ai mes règles, mentis-je soudain.
Il m'avait fallut réunir la puissance de toutes les femmes de la terre pour réussir à faire taire mon entre-jambe qui à la manière dont elle lançait, me faisait comprendre son mécontentement.
J'entendis Ken jurer et marmonner dans sa barbe avant de se redresser.
- Il faut toujours qu'elles se la ramènent au moment les moins opportuns celles là, aboya t'elle presque.
Je dus me pincer fort les lèvres afin d'éviter d'exploser de rire.
- Je n'aurais jamais pensé me retrouver dans cette situation un jour, se plaignit t'elle ensuite en attrapant un gros pinceau.
Après avoir attrapé à mon tour un pinceau moyen, je l'imbibais d'une liquide bleu océan. J'étais très surprise par ce que je venais d'entendre.
- Tu veux me faire croire que parmi tes anciennes soumises aucune n'a jamais eu ces règles? Ricanais-je en donnant un coup de pinceau sur la toile.
Je n'avais aucune idée de ce que j'allais peindre, je me laissais simplement portée par le pinceau.
Ma petite amie, comme si nous étions dans un espace confinés vint se placer tout près de moi, c'était si agréable de la voir manier un pinceau, entre ses doigts. Elle donnait une saveur différente à tout ce que je connaissais.
- J'exigeais que nous ne nous voyons pas les jours où elles saignaient.
Je ne pus cacher ma stupéfaction face à cette déclaration. Je fis une légère pause dans la création de notre oeuvre, avant de reprendre :
- Tu leur accordais des sortes de congés parce qu'elles avaient leur règles ?
Madame Jones était appliquée et concentrée.
- Je ne l'avais jamais envisagé sous cet angle, mais c'est ça.
Je dévisageais ma petite amie, elle finit par le sentir et tout en continuant à peindre, elle se mit à m'observer par intermittence :
- Parle bébé. Je n'aime pas-j'ai horreur, de ne pas savoir ce que tu penses.
- Ça sonne très : "venez quand on peut baiser et quand c'est pas le cas restez chez vous".
Je m'étonnais moi même du caractère cru de mes paroles, Kendall elle ne sembla pas relever, en même temps c'était sa spécialité.
- C'était le cas, dit elle simplement.
Je tournais la tête afin de l'observer, vérifiant que c'était bien elle qui avait parlé.
- Atlantis, le sexe était l'unique chose qui nous liait, se justifia t'elle. Et je connais suffisamment le caractère désagréable des menstrues pour ne pas en plus imposer du sexe en cette période à une femme.
J'hochais doucement la tête pour montrer que je comprenais.
- J'ai toujours peur de t'effrayer, annonça t'elle doucement. Avant toi, personne ne m'a jamais posé autant de questions sur moi, sur mon passé.
Je lui lançais un regard du coin de l'oeil.
- Je te prends dans ton entièreté Ken, soufflais-je. Je ne comprends pas tout mais je ne chercherais jamais à te dénaturer, je veux simplement te comprendre et tu ne m'effraies pas.
J'ignorais si c'était la peinture qui avait cet effet là sur nous mais nos échanges me semblaient bien plus fluides que de coutume.
- D'ailleurs il y a quelque chose que je ne saisis pas. Avouais-je alors que je levais enfin mon pinceau afin de changer de couleur.
Ken grimaça comme si elle savait d'avance que le sujet que j'allais posé ne lui plairait pas.
- Je peux comprendre en quoi notre.. J'hésitais. Notre relation est différente de celle que tu as eu avec avec tes soumises mais je ne comprends pas ce qu'il y a de différent de ce que tu as vécu avec Marie-Anne. En quoi est-ce différent ? Elle a tout de même été ta fiancée et elle ne t'a pas suffis, je...
Les épaules de Kendall se tendirent. Je me tus. Je ne savais jamais sur quel terrain je m'aventurais lorsque je posais des questions et surtout à quelle Kendall Jones j'allais faire face, est ce qu'elle était contrariée ? Ses traits ne laissent pas transparaitre grand chose, seuls ses yeux la trahissaient et étant donné que je la voyais de profil je n'étais en mesure de lire quoi que se soit dans ceux-ci.
Ma phrase était ainsi restée en suspend. Et désormais seul le bruit de nos pinceaux râpants le tissu de la toile se faisait entendre. Est ce que j'avais dis une si grosse bêtise, encore ?
- La première de nous qui aura formulé la réponse à cette question, aura perdu au jeu de nos mystères, formula t'elle finalement avec une sorte de panique étouffée dans la voix.
J'ignorais pourquoi mais je m'étais sentie tremblante à l'entente de ces paroles et surtout très étrange. Mais je n'eus pas le temps de m'attarder dessus car alors que je pensais déjà que je resterais une énième fois avec une question sans réponse de sa part, Ken enchaîna :
- J'avais fais une promesse à Marie-Anne, celle de m'efforcer de lui offrir ce qu'elle attendait de moi, elle s'est énormément investie dans ma vie Atlantis. J'ai essayé.
Sa voix était grave. Et j'y décelais à la fois du regret et une sorte de honte.
- J'ai essayé de tenir cette promesse jusqu'au bout, je suis une personne de parole. Mais Marie-Anne s'accrochait à une version de moi qui n'existe pas. Je me sentais redevable envers elle et cette promesse c'était ma façon à moi de lui rendre tout le soutien qu'elle m'avait offert.
Parfois j'avais l'impression de parler à deux personnes distinctes à la fois, comme s'il y avait une personne sans coeur dans ce corps et une autre d'une énorme sensibilité et avec beaucoup d'amour à offrir.
Kendall qui jusque lors ne me regardait pas, s'arrêta de peindre avant de se tourner vers moi.
- Bébé, regarde moi.
Je ne le fis pas, de toute évidence cette histoire avec Maria m'affectait bien plus que je ne le pensais, je ne supportais pas de l'imaginer dans les bras de Kendall. Je ne supportais plus d'entendre son nom tout court, le nom de mon bourreau.
Je sentais le regard tendre de Kendall peser sur moi, celui qu'elle arborait lorsqu'elle souhaitait me rassurer. Mais pourtant je ne l'étais pas, aborder ce sujet réveillait en moi des insécurités.
- Est ce que ça t'était aussi insupportable lorsqu'elle te touchait ? Demandais-je alors que je remplissais un cercle d'une couche de peinture à l'huile couleur orange.
- Regarde moi, ordonna t'elle de nouveau.
- Et est-ce qu'elle dormait avec toi ?
- Atlantis, appela t'elle.
Là, je tournais les yeux, puis mon corps, vers elle.
- Ne me fais pas me répéter, s'il te plait. Je ne veux pas que tu fasses ça, me dit elle sur un ton autoritaire.
- Faire quoi ? dis-je doucement.
- Vous comparer.
Je soupirais doucement, avant de détourner les yeux, la voir m'observer ainsi me donnait envie de faire disparaitre le peu d'espace qui nous séparait afin de l'embrasser.
- Tu ne veux pas répondre à mes questions Kendall ? L'interrogeais-je sèchement, réprimant mon envie.
Je passais une main sur ma nuque, quand est ce qu'on dépasserait définitivement ce stade ? Celui ou elle ne me laissait voir que la partie émergé de l'iceberg ?
- Marie Anne et moi nous sommes rencontrés en seconde, nous fréquentions le même lycée. Elle était ma seule amie au lycée, j'étais une adolescente compliquée et très renfermée, je ne me suis jamais intégrée. Elle était la seule avec qui je pouvais passer du temps.
Kendall s'interrompit, elle déposa ses outils de peinture avant de tirer une chaise jaune poussin sur laquelle elle s'installa avant de m'indiquer de la rejoindre sur ses genoux, ce que je fis, nerveusement. Je voulais entendre cette histoire mais d'un autre côté l'écouter m'était si insupportable. J'avais l'impression d'entendre une sorte de réadaptation de l'histoire d'amour entre Edward Cullen et Isabella Swann. J'en avais la nausée.
- Continue, dis-je tout de même en voyant qu'elle me considérait avec précaution, les bras autour de son cou.
- A la fin de nos études au lycée elle était déjà éprise de moi, elle me l'a fait savoir, ça n'était pas réciproque.
La main de Ken se serra contra ma taille comme pour adoucir l'effet qu'avait cette histoire sur mes nerfs.
- Nous avions gardé le contact, bien que nous ne fréquentions pas les mêmes établissements supérieurs : de simples visites de temps à autre, ma tante Meredith à qui m'avait confié mon père en France, et ma marraine l'appréciaient.
Je pinçais les lèvres, me demandant si j'allais la laisser aller jusqu'au bout, Kendall m'adressa alors un petit sourire en coin, comme pour m'apaiser. Elle pouvait se montrer si prévenante, c'était déroutant.
- Je ne suis pas experte en la matière mais je crois que ça a contribué à l'affirmation de ses sentiments envers moi. Elle a finit par me demander à ce que nous entretenions une relation amoureuse, ce que j'ai longtemps refusé, sans qu'elle en comprenne la raison.
Mes bras étaient tendus autour du coup de Kendall et le vas et vient de sa paume sur le tissu fin du débardeur beige que je portais, ne suffisait pas à me détendre.
- A cette époque mon mode de vie n'était pas encore clair, ma vie n'était pas aussi organisée qu'elle l'est maintenant, et je n'étais pas la femme que je suis aujourd'hui.
Forcément, La Kendall Jones méthodique et maniaque que j'avais en face de moi n'était pas née ainsi, bien que c'était quasiment impossible pour moi de l'imaginer autrement. Cette petite parenthèse bien que très brève me fit l'effet d'une bouffée d'air frais. Et heureusement d'ailleurs car je ne m'étais pas parée à entendre la suite :
- Notre première et dernière nuit fut un accident, j'étais très ivre, elle aussi, mais moins. Je n'en ai quasiment aucun souvenir clair, elle si. Je lui ai fais mal, elle ne m'a pas arrêté, j'ai été très dure.
Ma bouche devint sèche. J'essayais d'imaginer ce que "très dure" pouvait vouloir dire, déjà sur la barque je l'avais trouvé horrible alors plus dure que ça.. Si en plus c'est Kendall elle même qui l'admettait.
- Très dure ? insistais-je en retirant mes bras.
Ma petite amie pinça les lèvres avant de venir passer son pouce sur ma lèvre inférieure, me laissant en manque quand elle coupa ce contact de manière un peu trop prématurée à mon goût.
- Très dure, répéta t'elle. Elle avait plusieurs bleu sur le corps, et pendant quelques jours elle a peiné à s'assoir.
Ah. Je me figeais.
- Je sais me contrôler maintenant bébé. S'empressa t'elle, inquiète de ma réaction.
Je le savais pourtant. Sinon je n'aurais pas été là, sur ses genoux à tenter d'entretenir une "relation amoureuse" des plus normale avec elle.
- Je sais, dis-je simplement. Continue.
- Cette expérience ne l'a pas fais fuir, au contraire. Elle pensait simplement que j'avais un problème, elle voulait m'aider. Elle connaissait une partie superficielle de mes parts d'ombres et souhaitait me faire changer, elle m'a convaincue du fait que je devais changer.
Je ne pus m'empêcher d'hausser les épaules en grimaçant avec exaspération. Quelle prétention. Argh, ce qu'elle pouvait m'énerver celle là. Un problème et qui était elle pour en juger ?
- Je ne lui en veux pas c'était une erreur de jugement. M'assura Kendall comme si elle avait pu lire dans mes pensées. Je sais aujourd'hui que je n'ai aucun problème, je ne prétend pas que mon enfance n'y est pour rien dans mon rapport au sexe et aux relations sentimentale mais ça n'est sans doute pas le seul facteur, c'est un goût comme un autre. Toutes les personnes qui aiment baiser comme je le fais n'ont pas subis des expériences difficiles et ne sont pas détraquées.
L'entendre dire ces mots me fendit le coeur. Je le savais mais l'entendre.. J'étais heureuse au moins qu'elle se confie un minimum à moi sur ce sujet et encore plus heureuse du fait qu'elle ne croit plus souffrir de quoi que se soit.
Pour la première fois depuis le début de ses confidences, je hochais la tête en guise d'acquiescement.
- Quoi qu'il sen soit, Marie Anne m'était d'un énorme soutient moral et cherchait à m'aider à sa manière. Elle m'aimait surtout, et m'apportait un semblant de normalité dans ma vie compliquée. Elle était une des rares personne à me soutenir et à m'aimer sans contrepartie. Et je n'avais jamais connu ça. J'ai finis par lui promettre d'essayer.
Je soupirais, avant d'attirer son corps au mien afin de la serrer contre moi, elle sentait si bon. Une fois encore, je voulais tout réparer en elle.
- Officiellement nous étions un couple parfait qui vivait un véritable comte de fée. Officieusement je voyais d'autres femmes, pour le sexe. Marie Anne ne supportait pas mes méthodes et nous n'avons jamais réussis à trouver un terrain d'entente. On ne baisait pas, faire dans le vanille était impensable pour moi jusqu'à..
Vanille ? J'avais déjà lu ca quelque part, c'était les relations sexuelles plus conventionnelles. Elle serra la mâchoire. Je savais jusque quand. Jusqu'à moi, je voulais l'entendre.
- Toi.
Sa voix... Bon Dieu, était si charmante, surtout lorsqu'elle me considérait avec autant d'attention.
- Elle espérait que mon désir pour elle me pousse à rompre avec mes pratiques et que ce compromis serait temporaire.
Des frissons de dégoût passèrent dans mon dos à la simple entente de cette phrase. Désir, non je ne voulais pas entendre ça. Pas entre elles deux. Oui, je m'étais habituée au fait que le désir de Kendall me soit réservé..
- Mais une fois encore c'était une erreur de jugement, je suis de nature égoïste, j'avais des besoins à satisfaire, et je la voyais surtout comme une partenaire. Je n'avais pas besoin d'intimité, ni de tendresse et encore moins d'affection. Elle ne voulait pas être ma soumise car elle ne voulait pas que notre relation soit basée sur le sexe, entre autre. Alors que de mon côté j'avais besoin de dominer et baiser sauvagement : je le faisais avec d'autres, avec son consentement.
C'était cru, c'était Ken.
- Nous avions toutes deux notre propre appartement à Paris, quand elle le voulait, elle pouvait venir chez moi, enchaîna Ken d'une voix robotique. C'était les seules choses sur lesquelles nous avions réussi à trouver des compromis. Dans mon appartement elle avait sa propre chambre. Nous ne dormions pratiquement jamais ensemble. Cette situation était supposée évoluer mais ça ne fut jamais le cas, je n'arrivais pas à lui donner davantage. Cependant, Marie Anne était persuadée que si je l'épousais, et que je signais un contrat de mariage je serai prête à m'offrir à elle complètement, à renoncer pour de bon à tout le reste. Elle connait mon attache aux engagements. Elle m'a reproché mon manque d'implication, et m'a rappelé ma promesse. J'ai essayé, répéta t'elle.
J'essayais, à mon tour, d'imaginer à quel point on pouvait aimer quelqu'un au point d'être prête à faire autant de sacrifices, au point d'autant se voiler a face ? Est ce qu'à la place de Marie Anne j'aurais agis de la même manière ? Je repensais au fossé que j'avais ressenti au creux de ma poitrine en quittant l'appartement de Kendall la veille.. après tout peut être que oui. Peut être que j'étais devenue aussi folle que Marie Anne.
- Mais la vérité c'est que nous avons toutes les deux été stupides, nous aurions pu, elle comme moi lui épargner toute cette souffrance inutile.
Je me détendis légèrement, on arrivait enfin au terme de ce récit. Kendall fronça les sourcils, comme si elle réfléchissait intensément.
- Elle s'est accrochée autant qu'elle a pu, elle m'aimait Atlantis. Je ne le comprenais pas mais aujourd'hui je le comprends. Je sais ce que ça fait, je sais ce qu'elle a ressentis. Je l'ai ressentis à chaque fois que tu as fuis.
Quoi ? Mon souffle s'interrompit.
Quoi ? Hurla de surcroît ma conscience.
Mais les lèvres pleines de Kendall contre les miennes la fit taire, toute la partie inférieure de mon corps se mit alors à trembler, son baiser était suppliant, passionné. Ses mains me possédaient, si bien que j'en regrettais amèrement cette histoire de règles. Elle finit en frottant son nez contre le mien, me laissant le souffle court, mon front contre le sien.
- Tu es le bouleversement de ma vie Atlantis, un bouleversement n'arrive jamais deux fois.
- Et si je ne te satisfais pas, si je ne te suffis pas ? Soufflais-je.
- Tu es parfaite, tu es merveilleuse, tu es tout ce que je désires. Clarifia t'elle, d'une voix catégorique. Tu me fais tellement de bien. Je ne te mérite pas.
Wouah. C'était digne d'un sublime film romantique. Des papillons me traversèrent la poitrine Je me mordis la lèvre.
- C'est toi qui est incroyable mon ange, murmurais-je. Tu es la personne la plus profonde que je connaisse. Plus je te découvre et plus j'en veux, tu as milles facettes et je les veux toutes pour moi. D'ailleurs, il y en a deux avec lesquelles je risque de beaucoup m'amuser.
Je quittais ses genoux avant de marcher à reculons vers la toile, afin de ne pas rompre notre contact visuel.
- Je suis impatiente de savoir lesquelles ? M'interrogea Kendall, son regard intense me retourna le ventre.
- J'hésite encore entre la facette baise sauvage et le coté guimauve romantique. Peut être que finir notre tableau m'apportera plus de lucidité quand à mon choix.
Un sourire en coin, Kendall haussa un sourcil avant de s'humecter les lèvres. Arrgh.. elle était irrésistible. Sous tous les angles.
...
Nous étions retournées à notre atelier peinture, dans un silence apaisant. Je me sentais bien plus légère, j'avais le sentiment de découvrir Kendall de plus en plus, et même si tout ce que je découvrais n'était pas toujours des plus agréable à entendre, elle me faisait confiance, nous communiquions. Elle semblait être prête à beaucoup pour moi, je l'étais aussi, pour elle.
Au bout d'une dizaines de minutes à peindre aussi calmemeent, le petit diablotin en moi se réveilla quand je remarquais que ma partie du tableau ne ressemblait strictement à rien de présentable, ce qui était parfaitement injuste, la partie de Kendall était sublime, raffinée, abstraite, artistique. Décidément, y avait il une chose que cette femme ne savait pas faire ? Elle était bien trop concentrée et appliquée à mon goût.
Je m'étais donc aventurée à déposer ma palette et mon pinceau sur un petit tabouret situé à un mètre de moi avant de sauter sur Kendall et de lui déposer un baiser sur la tempe. Revenant immédiatement à la réalité, elle demanda :
- Tu cherches à me déconcentrer ?
Je ne répondis pas à sa question, je me contenter de lui donner un autre baiser. Cette fois-ci elle me le rendit, je lui en refis alors un, elle riposta de nouveau. Je revins à la charge, mais en veillant cette fois à m'éloigner afin qu'elle ne puisse riposter d'aussitôt. Mais elle anticipa mon jeu enfantin car elle me retint par la taille avec vivacité afin de me tenir fermement dans ses bras. Mes jambes quittèrent légèrement le sol et nous fîmes un énorme tour du monde tandis que je lui hurlais gentiment d'arrêter de me malmener avant que je n'ai la nausée. Au lieu d'arrêter elle me mitrailla d'une rafale de baisers partout sur mon visage. J'en riais aux larmes, savourant en même tant ses baisers sauvagement volés. Quand Madame Jones, concéda enfin à faire cesser ce tour de manège, j'étais secouée dans tous les sens, mes jambes enroulées autour de sa taille, son visage à elle était habillée d'un voile doux et illuminée.
- Tu me rends si heureuse, résonna sa voix contre mon oreille. J'ai l'impression d'avoir été plongée dans un état second toute ma vie et de ne découvrir la véritable saveur du monde que maintenant.
- Et quelle en est la saveur Madame Jones ? M'enquis-je les bras et les jambes enroulés autour de son corps.
Elle se mordit la lèvre avant de me libérer de ses bras, je retombais sur l'espace aménagés avec plein de carrés de matelas et de gros coussins colorés, cette petite chute surprise me fit pousser un cri, je n'avais même pas remarqué que nous avions tournoyé jusque là. Ma panique passée, je riais de nouveau, elle s'écroula près de moi un sourire béat sur les lèvres. J'aimais voir ce genre de sourire fendre son visage.
- Merveilleusement renversante, soupira t'elle finalement alors que nous étions toute deux avachies.
- Oh, m'exclamais-je. Kendall Jones, prendrait-elle goût à l'inconnu et l'imprévisible ? Me moquais-je en me plaçant à califourchon sur l'ainée de Franck et Erika Jones.
- Si tu es l'imprévisible et l'inconnu alors mes anticorps n'ont aucune chance, avoua t'elle.
Les yeux pleins de malice, je surenchéris :
- C'est qu'il faut dire que je suis assez coriace.
J'attrapais son visage entre mes mains pour l'embrasser, mais je fus stoppée net dans mon mouvement.
Dans un geste très rapide et assez spectaculaire, elle m'avait poussé puis plaquée sur la surface matelassée, ses jambes dans une sorte de position de kamasutra version chaste me retenaient fermement en place alors que son bras étendu de manière horizontale sur mon buste me maintenait clouée sur la paroi matelassée. Son corps reposait sur le mien, bien que je sentais qu'elle se retenait de complètement laisser son poids me tomber dessus.
Tout avait été d'une vitesse extrême et le plus étonnant était que je n'avais même pas sentis de douleur, elle semblait très bien savoir ce qu'elle faisait.
- Tu viens de me faire une prise de karaté, haletais-je, les yeux exorbités.
- Non ce n'est pas du karaté bébé, c'est du Pencak-Silat, se moqua t'elle sans pour autant me libérer. Je voulais juste qu'on rééquilibre un peu les forces, tu semblais oublier à qui tu as affaire.
Pencak Silat ? Encore quelque chose de nouveau, cette femme était un véritable labyrinthe. Rééquilibrer ? Je trouvais la balance très tanguante moi.
- J'ai bien compris le message Madame Jones, ironisais-je le souffle saccadé.
Etrangement, bien que cette position n'était pas des plus agréable, elle n'était pas totalement désagréable, ou alors était ce peut être le fait de me retrouver autant sous son emprise physique qui me plaisait. Son regard s'assombrit.
- Et vous êtes terriblement dangereuse, soufflais-je.
- A trois centimètres près je pourrais te couper le souffle.
Ah, eh voilà la Kendall Jones meurtrière maintenant. Et pourtant ça n'avait rien de menaçant, sa voix avait été si basse, ses lèvres si près, un désir indécent picotait chaque paroi de mon corps.
- De cette manière, murmura t'elle en enfouissant son nez dans mon cou. Un, elle suçota légèrement la peau de mon cou.
Je soupirais profondément, de la manière la plus désespérée qui soit.
- Deux, cette-fois ci elle me mordilla en remontant vers ma mâchoire, je gémis. Trois. Ses lèvres emprisonnèrent alors ma peau, la suçant jusqu'à ce que le plaisir se mêle à la douleur.
Putain. De. Fausses. Règles. J'étais une triste représentation de l'arroseur arrosé.
Le souffle encore plus irrégulier je gémis contre les cheveux doux de Kendall, je me retenais de l'implorer de me faire l'amour là tout de suite, dans l'atelier de son père. Où était donc passée la jeune femme sage que j'étais ? Qu'avait elle fait de moi ?
Trop prématurément, elle se redressa afin de s'assoir, me libérant d'un coup alors que la tension dans mon corps était toujours ascendante.
- Tu ferais un parfait cobaye lors de mes entraînements avec Maître Denzhu, ton corps est très réceptif.
Ah oui, mon corps est très réceptif à toi. Bien qu'encore sonnée, je me redressais doucement avec l'aide da ma charmante petite amie, comme si j'étais une plume, elle m'attira sur ses genoux.
- Si tous les entraînements ressemblent à celui-ci je veux bien offrir mon corps à la science du..
Je me tus à la fois car je n'avais aucunement retenu le nom de l'art martial qu'elle pratiquait, mais également parce que je m'enivrais de son odeur.
- Pencak-Silat, prononça t'elle pour moi.
- Depuis quand est ce que tu le pratiques ? Soufflais-je en me blottissant contre elle.
- Depuis neuf ans.
Mes doigts suivaient les lignes de son visage, tandis que ses mains offraient de douces caresses à mes jambes, à mes cuisses. Nous aurions pu rester ainsi durant des heures.
- Ah, dans ce cas, non merci. Je ne serai pas ton cobaye, parce que tu dois véritablement savoir comment tuer quelqu'un d'un coup sec, ricannais-je.
Le rire jovial de Kendall retentit, au même moment d'une sorte de sonnette, au son semblable à celle qui annonçait la fin des cours au lycée. Pendant que je me demandais encore ce que ça pouvait être, Kendall m'avait déjà légèrement poussé afin de se lever et de se diriger vers l'énorme porte du hangar, sa démarche était si élégante. Ma petite amie fit descendre une manivelle, avant de tirer la porte pour ouvrir notre cocon de l'après midi, sur le dehors humide du mois de Novembre.
Bon dieu ce corps dans cette salopette était impossible à lâcher de yeux.
J'eus à peine le temps de demander à Kendall ce qu'elle faisait que je remarquais un chariot laissé devant l'entrée, Kendall revint avec dans ma direction après avoir refermer l'immense porte du hangar.
- Une facette inédite et crée sur mesure pour toi : la Kendall à ton service bébé. M'annonça ma petite amie.
La Kendall à mon service.. Mon coeur s'emballa.
...
Je n'avais jamais mangé un sandwich aussi succulent et je ne cessais de le répéter tant chaque bouchée était une extase. Mon appétit était toujours au rendez vous. Et Kendall s'en donnait à coeur joie. J'étais assise entre ses jambes, adossée à son buste, la tête contre son épaule, tandis qu'elle était assise le dos droit, et ses jambes étendues le long des miennes. C'était ma nouvelle position favorite.
Ken avait aménagé une sorte de petit pique nique, à nos pieds, avec une nappe en carreau blanc et rouge, tous les mets étaient disposés dans de petit paniers tissés trop mignons. Il y avait des petits amuses-bouches de truffes en entrée qui n'avaient pas survécu très longtemps. C'était la première fois que j'en mangeais et c'était une explosion de saveur dans ma bouche. Il y avait également de petite pâtisseries qui donnaient envie de passer tout de suite au dessert, ainsi que des jus de fruits fraîchement pressée. La Kendall Jones guimauve romantique n'était pas mal du tout non plus.
- Comment s'est passé ton diner avec Arya Miller hier soir ? Me demanda t'elle soudain avant de s'essuyer les mains à l'aide d'une serviette.
Ah, j'avais oublié cette capacité de Kendall à passer d'une atmosphère à une autre en un battement de cil.
Elle avait parlé d'une voix froide. Je sentais son corps se figer progressivement contre moi.
- Hum, je ne sais pas c'était étrange, répondis-je avec précaution avant d'emboucher le dernier croc de mon "sandwich gastronomique".
- C'est pour ça que tu es revenue ?
- Non, tu sais pourquoi je suis revenue Ken. Clarifiais-je en lui attrapant la serviette des mains afin de m'essuyer mes doigts à mon tour.
- Quelque chose s'est mal déroulé, elle t'a fais du mal ?
Je me redressais légèrement afin de pouvoir lever la tête et observer mon interlocutrice, sa mâchoire était serrée, son regard glaçant.
- Non mon ange, Arya est ma meilleure amie ! Elle ne me ferait jamais de mal, au contraire c'est moi qui lui en ai fais.
Kendall ne sembla pas s'en soucier.
- Il faut que tu déménages, m'ordonna t'elle.
Evidemment, je me doutais bien que Kendall n'avait pas entamé cette conversation dans le but de prendre des nouvelles d'Arya, ses préoccupations étaient d'autres natures. Dans un soupir je me replaçais contre elle.
- Je sais, consentis-je.
Je sentis alors un léger tiraillement au niveau de mes cheveux. Kendall venait de tirailler sur ma queue de cheval, afin que je lui offre mon visage. Elle paraissait décontenancée :
- Je m'attendais à une énième joute oratoire. Tu obtempères, aussi rapidement ?
Je n'y croyais pas moi même, mais pour la première fois, nous étions d'accord sur quelque chose du premier coup. Je ne pouvais pas continuer à vivre dans l'appartement d'Arya en y étant à l'aise, à fortiori qu'Arya depuis quelques temps se retrouvait à dormir chez ses parents par ma faute.
- Je n'ai pas le choix de toute manière, ça vaut mieux.
Ma petite amie se détendit complètement contre moi, elle relâcha ma queue de cheval avant de m'embrasser le haut du crâne. Ses bars autour de mon corps me pressèrent contre elle et je m'y sentis en sécurité.
- Bien dans ce cas, fin de la discussion. Une équipe s'occupera de ton déménagement dès demain.
Je fronçais les sourcils avant de bondir, me plaçant agenouillée face à Kendall.
- Mon déménagement ? Où ça ?
- Chez nous.
Je faillis m'étouffer.
- Non, attends, ce n'est pas ce que je voulais dire ! M'affolais-je.
Ken me regarda impassible, elle pinça les lèvres avant de se placer en lotus et de croiser les bras.
- Je ne peux pas emménager chez toi, dis-je plus calmement, en soutenant difficilement son regard.
- Je suis impatiente d'entendre pourquoi tu ne souhaites pas vivre avec moi, répondit t'elle sèchement.
- Ce n'est pas ça, tentais-je. Mais ce n'est pas une décision à prendre à la légère et à l'heure d'aujourd'hui je la trouve prématurée. Et puis j'ai besoin d'avoir un mon espace à moi, qui m'appartient et que je ne serai pas contrainte de quitter en cas de problème.
Ma phrase n'eut pas l'effet que je voulus, car Kendall ne semblait pas du tout voir les choses de la même manière que moi. Elle tripota son collier ras du cou en or et elle se frotta le menton, sa mâchoire était le point d'exploser. Elle était furieuse.
- Prématurée ? Nous avons perdu assez de temps Atlantis, s'en est assez. Tu auras tout l'espace que tu souhaites et si tu es fâchée contre moi, c'est moi qui partirais.
Je n'en croyais pas mes oreilles. J'ouvris la bouche avant de la refermer. J'avais l'impression que son corps avait perdu dix degrés soudainement tant sa voix était froide.
- Kendall, s'il te plait. Implorais-je, voyant qu'elle se braquait.
- Tu es si têtue ! S'emporta t'elle. Devons-nous nous disputer ? Demanda t'elle comme si c'était une cassette qu'elle avait juste à enclencher.
- Non pas de dispute.
Elle soupira avant de serrer les dents.
- Mais je ne peux pas emménager chez toi.
- Si, tu le peux. Il est hors de question que tu vives dans l'appartement de cette femme. Ne discute pas.
- Je n'y vivrais plus, mais je ne m'installerais pas chez toi non plus.
Elle fulminait.
- Putain tu es si têtue Atlantis ! Gronda t'elle.
- Et toi tu ne cesses de me traiter comme une enfant.
Elle m'adressa un regard furieux, que je lui rendis immédiatement.
- Tu emménages demain, fin de la discussion Atlantis, ne me défie pas.
- Sinon quoi Kendall ? M'agaçais-je en la fixant dans le blanc des yeux.
L'adrénaline montait dans ma poitrine, tout aussi fort que mon énervement.
- Sinon je te punis Atlantis.
Cette menace retentit au creux de mon bas ventre. Ce quelle pouvait me rendre dingue ! A genoux, je m'approchais d'elle, lentement, de manière à ce que mon souffle se dépose sur ses lèvres.
- Alors tu vas devoir me punir Kendall, parce que je n'enménagerais pas chez toi.
Elle parut d'abord très surprise mais la lueur qui traversa ses iris ensuite m'incendia. Elle se mordit la lèvre, avant de serrer les poings malgré ses bras croisés.
- Je suis d'accord pour appliquer les règles du contrat dans un cadre exclusivement sexuel.
Elle haussa un sourcil, pas moins furieuse pour autant. Ma conscience aussi haussa un sourcil.Une fois de plus depuis que je connaissais Kendall Jones, je prenais une décision sans la consulter.
- Je peux supporter une douleur légère, je l'aime même, précisais-je les joues chauffantes, en détournant légèrement les yeux. Il faut simplement que j'apprenne à connaître mes limites. Tu peux me punir, avec ma permission. Punition et non châtiment, insistais-je. Et je veux que tu me baises sauvagement Kendall. Je veux aussi de la douceur, mais je veux aussi ça. Le reste du temps, on fait comme tous les autres couples : des compromis. Je ne peux t'obéir en tout temps, je ne suis pas comme ça.
Je n'en revenais pas de dire tout ça. Kendall ne semblait pas en revenir non plus. Nos visages étaient l'un face à l'autre, sa respiration était légèrement irrégulière et ses yeux me scrutaient comme s'ils cherchaient une faille.
- C'est ce que je te propose, dis-je d'une voix plus timide face à son silence lourd.
Quand elle sembla satisfaite de son examen visuel elle lâcha :
- Bien, J'accepte. Elle enchaîna alors : Tu saignes : je ne te punirais pas tant que tu saignes, et je te ne te baiserai pas tant que je ne t'aurais pas punis.
Elle me foudroya ensuite du regard, je baissais les yeux. Elle était si impressionnante dès qu'elle revêtait son masque de dominante. Sa voix tranchante faisait couler comme une liqueur aphrodisiaque dans mes veines. Je n'aurais jamais cru le penser un jour mais bon sang comme je voulais qu'elle me punisse. J'avais déjà perdu au jeu que j'avais moi même enclenché, c'était désormais pour moi que cette histoire de menstrues allait être un véritable supplice.
Putain. De. Fausses. Règles. Elles allaient finalement me suivre jusqu'en enfer.
Avec élégance, Kendall se releva et se plaça devant moi, je relevais le regard vers elle. Brutalement sa main prit possession de ma gorge afin d'immobiliser mon visage en sa direction.
- Un compromis pour moi c'est une fessée pour toi. Hors punition.
Je haletais, ma tête était située juste au niveau de son entre-jambe. Un fil de courant électrique semblait passer entre nous, c'était intenable.
- Tu reviens jouer sur mon terrain bébé, et j'ai de l'endurance, beaucoup d'endurance.
Elle me relâcha, je déglutis difficilement. J'étais à bout de souffle.
- Manges ton dessert.
...
Malgré toutes ces émotions, nous avions tout de même achevé notre tableau au bout de plusieurs heures. Grâce au talent de Kendall, surtout, il était assez réussi. Il représentait deux corps abstraits entrelacés d'une manière presque poétique. Il fallait tout de même préciser que pour arriver à ce résultat elle avait du se placer derrière moi et guider ma main en l'accompagnant de la sienne.
- Ton pinceau doit caresser la toile, tout doucement, comme ça.
Pourtant la manière dont son corps avait été plaqué au mien n'avait rien de doux. Au contraire cette pression avait été terriblement oppressante. A son contact mon corps avait été comme fusillé à des milliers de voltes. J'avais par ailleurs d'avantage été concentrée sur son souffle contre ma peau, et la chaleur de sa main crispée contre la mienne que par ce cours improvisé de peinture.
Kendall était toujours remontée. Son regard n'avait plus rien de doux il était persistant et passionné, sa voix tranchait, ses mains même dans un contact anodin plaquait mon corps. La tension était palpable. Je craignais à tout moment de de finir ligoter et bâillonner car elle devait en mourrir d'envie. Seules mes fausses règles me sauvaient, j'en étais sûre.
A notre sortie de l'atelier, de nouveaux dans vêtue de nos vêtements chaud, nous étions retournées auprès de Calvin qui avait préparé, à la demande de Madame Jones un assortiment de fleurs sublimes et plantes aromatiques à mon intention, tenu dans deux bouquets. Lui et moi avions eu le temps de discuter aimablement sur les vertus et propriétés de certaines fleurs de mon bouquet, pendant que Kendall avait passé un coup de fil important un peu plus loin et que Jack et un collègue de Calvin avait préparé la livraison du tableau, emballé.
Le bouquet de plantes aromatiques sentait divinement bon, je ne cessais de le humer alors que son parfum se diffusait dans la mercedes de Kendall. Cette odeur agréable allait parfaitement avec le ciel que la nuit gagnait progressivement et dont le paysage s'offrait à nous à travers les fenêteres du véhicule.
Kendall fixait droit devant elle, sans relâche, durant tout le trajet, heureusement qu'elle n'avait aucun super pouvoir sinon le pare brise aurait été brisé en milles morceaux. Le siège du milieu ne nous séparait pas, j'en avais donc profité pour déposer ma tête contre son épaule. Kendall resta tendue. Comment allais-je faire pour la calmer ?
Alors que je tentais de répondre à cette question, je sentis une vibration. Le téléphone de Kendall.
Elle décrocha immédiatement.
- Mia... Oui... Ou en êtes-vous ? Bien...Vous avez eu Petter ?... Bien... Tout doit être prêt demain. Je veux les clés chez moi dès 6h... Bien. Des nouvelles de l'hôpital ?... Oui...Rappelez les...Bien.
Seigneur, même à l'armée ça devait être plus doux.
- Quelque chose ne va pas mon ange ? Demandais-je lorsqu'elle raccrocha.
Je l'entendis alors grogner.
- Non, ne m'appelle pas comme ça, m'ordonna t'elle les dents serrées. Tu me donnes envie de t'embrasser et je ne veux pas t'embrasser Atlantis. Tu es tellement énervante, bougonna t'elle.
Je réprimais un sourire.
- Tout irait mieux si tu n'adorais pas autant me mettre hors de moi. Siffla t'elle.
Je lui embrassais le cou, son corps la trahit, elle frissonna.
- Moi je veux et je peux t'embrasser, me vantais-je.
Elle attrapa ma mâchoire.
- Cesse ce petit jeu Atlantis.
Je m'humectais les lèvres, je la sentis défaillir.
- On rentre, on prend une douche, tu manges et tu vas dormir, tu t'es couchée tard hier soir, tu dois dormir tôt aujourd'hui, me prévint elle.
C'est exactement ce que me disait ma mère lorsque j'avais fais des bêtises toute la journée à l'école quand j'étais petite. Mais honnêtement, pour une fois je n'aurais même pas objecter, bien qu'il était seulement dix-huit heures j'étais crevée mais il fallait que je rentre à l'appartement d'Arya, il fallait que je parle avec mon frère sinon je n'allais pas passer une bonne nuit.
- D'accord, je le ferai mais chez moi, je dois rentrer, il faut que je parle à mon frère.
Elle relâcha doucement ma mâchoire et sembla plus calme.
- Vous avez des ennuis ? Releva t'elle sans me quitter des yeux.
- En quelque sorte, soupirais-je d'une petite voix.
Elle me scruta, pour une fois c'est moi qui allait me la jouer secrète.
- Bien, on passe chez Arya Miller. On rentre ensuite. Tu en profiteras pour annoncer ton déménagement à grand frère Derreck.
J'aurais juré qu'elle me taquinait désormais. Son visage était déformée par le fait qu'elle se retenait de sourire. Je levais les yeux au ciel, elle me foudroya du regard, je m'excusais. Kendall se redressa ensuite et tapota t'épaule de Jack, elle lui annonça notre détour. Ce dernier acquiesça d'un hochement de tête, mon regard croisa le sien dans le rétroviseur, il me sourit poliment.
- Je ne peux pas encore parler de mon déménagement à mon frère alors que je n'ai même pas encore commencé à chercher un appartement, relevais-je. Je le ferai quand j'aurais des infos concrètes.
- Toutes les informations dont tu as besoin se trouvent actuellement dans ton téléphone.
Je fronçais les sourcils. Avant de m'empresser d'attraper mon téléphone dans mon sac. J'avais un message de Kendall, envoyé vingt minutes auparavant. Ah, je sentais que ça n'allait pas me plaire..
Je l'ouvrais :
" Appartement spacieux et lumineux situé au coeur de l'Upper West Side, offrant une vue imprenable sur Central Park, étendu sur une superficie de trois cents mètre carré il est composé de deux suites modernes (...)"
Il y avait également l'adresse, ainsi que de nombreuses photographies de cet appartement magnifique et meublé, que je n'avais absolument pas les moyens de me payer, il devait valoir au moins sept milles dollars par mois de loyer.
Je hochais déjà la tête pour dire non.
- Merci pour la suggestion, mais je n'ai pas les moyens de me payer un appartement pareil et puis c'est trop grand, je n'ai pas besoin d'autant de chambre et de toute cette superficie.
- Cet appartement m'appartient, tu n'as rien à payer. Si celui-ci il ne te plaît pas, j'en ai d'autres, tu pourras choisir celui que tu souhaites. Rien n'est trop grand pour toi Atlantis.
- Il est très bien mais c'est hors de question Kendall.
Elle soupira. Je pouvais presque la sentir bouillonner.
- Quel est le problème cette fois ?
- Je veux vivre dans un appartement que j'ai les moyens de me payer et le payer ! Et puis techniquement ça reste chez toi, je ne veux rien te devoir. Je ne veux pas de tes faveurs ni que tu m'entretiennes.
Elle me scruta avant d'aboyer :
- Jack, vos boules quies.
Il s'exécuta, Kendall reporta alors toute son attention sur moi.
- Tu ne me dois rien, tu es mienne. Je ne t'entretiens pas, je prends soin de toi. Dit-elle la voix rauque.
J'ouvris la bouche, mais je ne trouvais rien à rétorquer, je la refermais. Cela sembla apaiser légèrement sa colère.
- Tu ne vivras plus chez Arya Miller. Tu auras ton propre espace. Et nous ne vivrons pas ensemble. Un compromis pour moi, une fessée pour toi. J'ai fais nettoyer l'appartement, tu auras la clé demain, et tes affaires y seront transférées avec ton accord.
Si la vie était une série de transaction Kendall serait Dieu. Elle marquait un point, là c'est moi qui restait bornée sans vouloir trouver une solution équilibrée.
- Accepte alors de me le louer. Je sais que je n'ai pas les moyens de me le payer mais je tiens à te verser la somme d'un appartement moyen.
Elle giamaca.
- Je n'ai pas besoin de ton argent Atlantis.
- Très bien alors je ne veux pas de cet appartement non plus.
Kendall colla alors sont front au mien, les yeux sombres.
- Seigneur tu es intraitable bébé, tu me rends complètement dingue. Quand cesseras-tu ?
J'avais l'impression de la torturer.
- Souhaites tu réellement que je cesse ? Soufflais-je.
Un rictus passa sur son visage. Argh, elle n'avait pas dit non.
- Très bien, céda t'elle finalement.
- Et on va signer un contrat de location, précisais-je.
Sa main alla s'enfoncer dans mes cheveux avant de tirer dessus. La tension était à son apogée. Non, trouver un terrain d'entente n'avait pas suffit à la calmer.
...
- Tu es certaine que tu veux je monte ? M'avait demandé Kendall.
J'avais répondu que oui. Il était temps que mon frère comme moi cessions nos cachoteries, de plus, je savais qu'Arya n'était pas là et que Kendall et elle ne risquaient pas de se croiser.
Lorsque nous étions montées, c'est Darren qui nous avait ouvert, un pot de glace à la main, il m'avait informé que mon frère prenait sa douche. Darren bien que foudroyé par "l'effet Kendall", lui serra la main avant de me prendre dans ses bras.
Je m'étais légèrement crispé. C'était lui le copain de Derreck. Comment avais-je pu ne pas le remarquer ? Tout s'était passé sous mes yeux et je n'avis rien vu. Quelle genre de soeur étais-je pour que mon frère ait peur à ce point de me parler, à moi. Il faisait donc suffisamment confiance à Arya mais pas à moi ? Et Darren, lui aussi avait dû faire semblant tout ce temps ? Ça avait dû être horrible. Je comprenais mieux maintenant cette complicité unique qu'il avait avec mon grand frère. Mais J'étais tiraillée entre le fait d'être remontée contre eux, triste de leur manque de confiance et heureuse pour eux.
- Derreck, c'est ta soeur ! Avait hurlé Darren avant que je n'aille toquer à la porte de la chambre de mon frère. Le bruit de la douche avait cessé.
J'avais préalablement demandé à Kendall, de m'attendre dans le salon, le temps que j'aille parler avec mon frère. J'étais sûre que Darren allait lui être d'une bonne compagnie.
Après avoir obtenu l'autorisation de mon frère, de l'autre coté de la porte, j'étais entrée. Je l'avais trouvé dans son peignoir bleu ciel. Nous nous étions fixés longuement en silence, nous n'avions pas besoin de parler, il savait pourquoi j'étais là.
- Arya m'a prévenu ce matin. Elle n'était pas sensée te le dire, je ne voulais pas que tu l'apprennes comme ça, finit-il par soupirer.
- Tu ne voulais pas que je l'apprenne tout court, dis-je avec amertume en m'appuyant à la porte. Et tu as tout fais pour, pourquoi ?
Une moue triste passa sur son visage.
- Papa et maman n'ont jamais accepté.
Ma poitrine me fit mal mais ça ne m'étonna pas.
- Ils m'ont toujours demandé de le cacher et ils espéraient que je me réveille un beau jour, changé. Maman n'arrêtait pas de me demander si j'avais finalement une petite amie...
Ses yeux s'humidifièrent.
- Je les ai tellement déçu.
Je m'approchais et m'assit à coté de lui sur son lit.
- Non, n'importe quoi, tu es un fils incroyable, maman et papa le savaient, le réconfortais-je en lui prenant la main.
Il me sourit tristement avant de m'expliquer plus en détails cette histoire dont j'ignorais tout.
- L'histoire avec Arya s'était juste pour qu'ils me laissent un peu tranquille et qu'ils ne se posent pas de question par rapport à Darren.
Je n'arrivais pas à réaliser que mes parents aient pu se comporter ainsi, j'aurais espéré tellement mieux de leur part.
- Et maman avait peur que si tu apprenais pour mon homosexualité, ça te mette des idées « étranges » dans la tête.
Des idées étranges ? Bon sang, je pris mon frère dans mes bras avec fougue, je n'arrivais pas à croire ce que j'entendais. Nous étions tout deux très émus. Au moins, mes parents n'avaient fais que ne pas accepter de voir la vérité en face et ne lui avaient rien fais subir parce que là, je les aurais maudis.
Dans mes bras pendant plusieurs petites minutes, mon frère se laissa aller, un sanglot lui échappa, ça me déchira le coeur.
- Tu es mon frère, je t'aime, dis-je simplement en me détachant légèrement de lui alors que des larmes humidifiaient mes joues. C'est la seule "idée étrange" que ça me met dans la tête. Et je ne pensais jamais dire ça un jour mais pour une fois je crois qu'il vaut que mieux que papa et maman soit là haut..
Mon frère fronça les sourcils.
- Parce que je crois que s'ils étaient là pour entendre ce que je m'apprête à te dire, ça aurait été le coup de grâce.
Là, son visage perdit quelques teintes.
- Je sors avec Kendall Jones. Déclarais-je simplement. Et je t'interdis de te culpabiliser pour ça, tu n'y es pour rien si ta petite soeur sors elle aussi avec une personne du même sexe qu'elle.
Son visage se décomposa.
- Kendall Jones ? Répéta t'il en bondissant du lit.
Je ne m'attendais pas à ce que se soit la partie de ma phrase qui le choque le plus.
- Tu ne sors pas avec Arya ? S'étonna t'il.
Ce fut à mon tour de froncer les sourcils.
- Quoi ? Tu pensais que je sortais avec Arya ? M'indignais-je.
- Oui ! Vous êtes étrange depuis quelques temps, et puis votre sortie d'hier soir avait tout d'un rendez vous galant ! Et Arya est super étrange quand on parle de toi ces derniers temps.
- Attends donc depuis tout ce temps tu savais que je sortais avec une femme ? Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?
- Non je n'en étais pas sûr mais j'avais quelques doutes, ton histoire d'amie chez qui tu passes quelques jours, t'es bien gentille mais j'avais le même alibi !
Outch, touché.
- Et puis il y a pleins de petits détails qui m'ont mis la puce à l'oreille ! Se justifia t'il.
On allait de révélations en révélations, donc c'était vraiment moi la cruche dans toute cette histoire. Derreck s'exprimait en faisant de grand gestes, je ne comprenais pas pourquoi d'un coup il était aussi tendu.
- Kendall Jones, répéta t'il en me regardant avec une mine dépitée et en secouant la tête.
Je n'avais jamais vu mon frère aussi agité. Il faisait les cent pas dans la chambre.
- Tu n'as jamais travaillé pour elle hein ? Depuis le début c'était ça, elle te draguait ?
J'ignorer si draguer était le terme approprié mais... Je hochais la tête pour dire oui.
- Elle n'est pas mariée, lui précisais-je.
- Je le sais, il y a eu un communiqué qui circulait à ce sujet il y a quelque temps, mais peu importe tu connais sa réputation en tant que femme d'affaires ? Je me suis renseigné quand je croyais qu'elle te harcelait.
Il me lança un regard mauvais lorsqu'il prononça ce dernier mot. Je ne pus m'empêcher de rire légèrement en me rappelant cet épisode. Il me toisa alors avec stupéfaction. Je m'excusais.
- C'est une vrai garce, elle est hautaine, autoritaire, arrogante, elle obtient toujours ce qu'elle veut, et tu connais sa réputation avec les femmes ? Seigneur, elle est terrible Lantis !
Je me retenais de nouveau d'exploser de rire, et de lui lancer : "Je suis passée par là moi aussi, ça te passera quand tu apprendras à la connaître" mais au lieu ça, je me levais et attrapais mon frère - qui faisait vingt cinq centimètres de plus que moi- par les épaules, afin de calmer son agitation.
- Tu as ma bénédiction avec Darren, et crois moi au départ je le trouvais super lourd et collant, j'étais même un peu jalouse de votre complicité, avouais-je arrachant un sourire à mon grand frère. Et au final je l'adore. Prends le temps d'apprendre à connaître Kendall, s'il te plait, elle n'est pas comme ça dans un cadre privé.
Mon grand frère ne parut vraiment pas convaincu.
- Avec Darren ce n'est pas pareil, c'est pas un connard ! S'exclama t'il. Atlantis, je ne veux pas te faire descendre de ton petit nuage mais cette femme c'est une richarde qui ne se refuse aucun caprice. Tu connais le montant de sa fortune personnel ? Elle a tout ce qu'elle veut, quand elle le veut, et surtout qui elle veut. T'es loin d'être la première femme sur sa lise et tu es ma petite soeur, je dois te protéger.
Devant mon mutisme et mes lèvres pincées il me secoua :
- Tu es une femme merveilleuse Atlantis, je ne veux pas que tu souffre. Tiens d'ailleurs pourquoi toi hein ? Et elle est passée ou son ex-fiancée, tu sais ce qu'il s'est passé ? Quoi, tu es amoureuse de cette femme ?
Il parut horrifié.
- Non ! Ne me dit pas qu'elle t'a raconté qu'elle est amoureuse de toi ? Ne me dis pas que tu y crois Lantis !
Je ne m'étais pas préparé à autant de scepticisme de la part de mon frère et encore moins à toutes ces questions.
- Eh bien on va lui demander, elle est dans le salon ! Crachais-je contrariée en me dirigeant vers la porte.
- Quoi ?! Non Atlantis, attend ! M'interrompit t'il en criant et en stoppant ma main sur la poignée de la porte.
- Je suis désolé. Ok ?
Je lui adressais un regard noir.
- Mais je veux juste te parer à toute éventualité.
- Je fréquente Kendall depuis six mois Derreck, alors crois moi quand je te dis que je suis parée à toute sorte d'éventualité. Je ne suis pas une gamine, je n'ai pas besoin que tu me protèges comme ça, surtout si c'est pour te montrer aussi mesquin.
Il m'adressa un sourire d'excuse, avant de me faire un gros bisou sur la joue. Je le poussais légèrement avant de retourner m'assoir sur son lit. Mon grand frère passa une main, sur son visage, il était sceptique, on le voyait à des kilomètre à l'heure, mais déclara tout de même :
- D'accord, je respecte tes choix soeurette mais je l'ai à l'oeil je te préviens.
Je souriais déjà.
- Par contre je ne suis pas encore prêt à..
D'un coup les traits de son visage se déformèrent.
- Attend, vous avez déjà.. ?
Je lui fis de gros yeux, ah non, je n'allais pas parler de ça à mon frère.
- Oh mon dieu, s'écria t'il.
Soudain, il sembla remarquer quelque chose, il plissa les yeux avant de s'approcher de moi, il tourna légèrement ma tête.
- Un suçon Atlantis ! Hurla-t-il alors que je m'empressais de le pousser et de mettre une main sur mon cou afin de le cacher.
J'étais morte de honte.
- Je ne suis vraiment pas prêt à la rencontrer en tant que « belle-soeur » pour le moment, reprit il. Laisse moi le temps de digérer toutes ces infos et d'aller à la salle me remettre un peu en forme pour mieux l'impressionner.
Je ricanais. Il était toujours si dramatique.
- Tu n'imagines pas comme je suis heureuse que tu sois au courant, soupirais-je. Mais il y a autre chose que je dois te dire avant de partir..
Il haussa un sourcil.
- Je déménage, dis-je avec précaution.
Il s'en offusqua.
- Quoi ?! Ne me dis pas que tu comptes habiter chez elle ! M'accusa t'il immédiatement. Avant de partir ? Et je peux savoir où tu vas? Non tu ne vas nul part ! Assied toi, m'ordonna t'il. Il faut qu'on en parle.
Je me défilais en courant vers la porte de la chambre de mon frère. Sachant pertinemment qu'il ne me suivrait pas dans le séjour car Kendall y était.
- Si tu veux en savoir plus, on se voit demain soir, prépares bien ton cerveau parce que je compte bien te présenter ma petite amie à ce moment là. Tu vas l'adorer, j'en suis sûre.
La mine horrifiée mon frère me regarda lui faire un clin d'oeil et quitter sa chambre, impuissant.
Darren et Kendall discutaient lorsque je revins vers eux. Du moins Darren (il était tellement bavard parfois qu'il pouvait faire la conversation tout seul) car Kendall n'était pas très bavarde et semblait toujours aussi tendue.
Elle se releva dès qu'elle me vit et fit ses salutations à Darren. Madame semblait très pressée, je me demandais bien pourquoi.
En guise d'aurevoir je pris le petit copain de mon frère dans mes bras.
- T'as intérêt à rendre mon frère heureux, lui avais-je chuchoté avant que nous quittions l'appartement.
...
- Mon frère est gay.
Alors que nous marchions côte à côte dans le parking de sa résidence, Kendall n'eut aucune réaction. Quand elle s'en rendit sans doute compte, elle tenta de prendre un air surpris, mais c'était très peu crédible, tellement que j'eus envie d'en rire.
- Tu étais au courant ? M'exclamais-je.
Elle pinça les lèvres avant de m'entraîner vers l'ascenseur.
- Je sais pratiquement tout de toi et de ton entourage bébé. Et, bien que j'étais au courant je ne pouvais prendre la liberté d'exposer l'intimité de ton frère.
Cette fois-ci j'étais d'accord.. c'était compréhensible. Elle passa un badge sur le détecteur et l'ascenseur se mit silencieusement en route.
- Et est ce que vous avez d'autres secrets à me confesser Madame Jones ou c'était le dernier ?
Un sourire assassin passa sur son visage. Dans l'atmosphère électrique de ce petit espace qu'était l'ascenseur, je me sentis en danger, c'était bon cette adrénaline. Je le sentais monter au fur et à mesure que l'ascenseur prenait, lui aussi, en hauteur.
- Et toi Atlantis ?
Je frissonnais, elle me plaqua violemment contre la paroi glaciale de l'ascenseur. Je pris peur, de quoi elle parlait ? Non, Marie Anne n'avait pas...
- Tu es une mauvaise joueuse Atlantis.
Son pouce fit le pourtour de mes lèvres, et descendit jusqu'au col en petit "v" de mon top à manche longue gris.
-Tu triches.
Son ton était menaçant et plein d'avertissement. Ma bouche était sèche, et j'avais le sentiment que ses mains broyaient mes côtes, mais pas assez, non, j'étais affamée. Mes pensées se faisaient lentes. De quoi parlait-elle?
- Tu ne saignes pas.
Je me figeais, revenant subitement à la réalité. Seigneur, comment l'avait elle su ?
Mes yeux s'écarquillèrent, la panique me gagna. Le portes de l'ascenseur s'ouvrirent. Kendall s'écarta de moi, me laissant prisonnière de ma respiration affolée. Ma petite amie s'effaça, comme pour libérer la voie pour que je sorte de l'ascenseur. Elle plaça ensuite une main au niveau des portes de l'engin afin d'empêcher ces dernières de se refermer.
- J'espère que tu n'avais pas sérieusement prévu de dormir tôt ce soir Atlantis, dit elle en me transperçant le corps de son regard brun.
Mes jambes étaient tout d'un coup cotonneuses. Madame Jones leva alors sa paume libre et abaissa un doigt, puis un deuxième.
Je fronçais les sourcils, elle comptait ?
- Cours Atlantis. Cours, m'ordonna t'elle.
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