Chapitre XXVII


J'avais un plan.

Je n'allais pas fuir, comme j'avais l'habitude de le faire. Pas une nouvelle fois, c'était trop facile et je n'avais pas envie de retomber dans ce schéma avec Madame Jones. Pourtant après les découvertes que j'avais faites n'importe quelle autre personne aurait sans doute prit la fuite mais aujourd'hui je voulais comprendre.

Non pas que je n'étais pas énervée, loin de là, je bouillonnais de colère. Cependant, je ne pouvais ignorer le tiraillement qui me rendait folle, parce que contrairement à Marie- Anne je ne croyais en aucun cas que Kendall était une sadique sans coeur. Je l'avais côtoyé, j'avais vu sa manière d'agir avec moi et je ressentais quelque chose de plus en plus difficile à décrire à son égard.

J'étais déjà trempée jusqu'au cou dans cette histoire et je ne pouvais simplement prendre mes affaires et m'en aller, bien que mon bon sens me hurlait que c'était la bonne chose à faire.

Fuir fuir, fuir.

Lui tourner le dos et ne plus me retourner. Je ne pouvais plus faire ça et j'en devenais folle, mais avais-je seulement su le faire une seule fois ?

Certes tout accablait Kendall, et je découvrais une facette de sa personnalité qui ne me plaisait pas vraiment mais qui étais je pour m'indigner ? Une manipulatrice également, apparemment. Elle au moins avait sans doute ses raisons, elle s'était sans doute dit que ça n'était pas ses affaires, que ça n'était pas à elle de m'en parler et que certaines choses sont mieux là ou elles sont.

Mais en même temps quelle idée de fouiner dans la vie des gens ?

Pour se protéger des gens détraqués qui pourraient essayer d'entrer sa vie ?

Et si tu la laissais s'expliquer ?

Je riais jaune. Des larmes pleins les yeux, j'étais aussi perdue, qu'en colère, qu'impatiente de la voir. Etait ce possible de ressentir autant de chose contradictoires à l'égard d'une seule et même personne ?

Kendall étaient à l'origine des feux ravageurs en moi et paradoxalement je n'avais qu'une seule envie, qu'elle soit celle qui les éteigne. Qu'elle soit à la fois le pyromane et le pompier.

Mais ce soir je n'allais pas être un feu embrasé, je n'allais pas me laisser consumer. J'allais être le pyromane s'il fallait et il reviendrait à Kendall d'éteindre ou d'attiser le feu parce que je comptais bien la mettre devant le fait accomplit, la bousculer afin d'obtenir des réponses à mes questions.

Je ravalais mes larmes au risque de gâcher mon joli maquillage.

J'avais pris du temps à me donner cet air légèrement sombre et je l'espérais impressionnant. J'avais maquillé mes yeux d'un noir charbonneux, de mascara et ils étaient habillés d'un trait d'eye-liner qui les étirai. Mes lèvres quant à elles étaient peintes d'un rouge à lèvre rouge sang.

Je pris une profonde inspiration avant de m'appuyer sur un pan de la baignoire victorienne. J'enfilais des bas en faisant particulièrement attention afin de ne pas les effilés. Je les liais ensuite aux jarretelles.

Je n'avais jamais eu l'occasion de porter ce genre de lingerie mais je devais avouer que c'était très valorisant même si je ne pensais pas pouvoir supporter un corset comme celui que je portais présentement toute une journée.

L'ensemble était entièrement noir, et ravageur, il fallait le dire.

Je m'observais dans le miroir infini de la salle de bain de Kendall, et je faillis ne pas me reconnaître. J'avais l'air tellement confiante et sensuelle. Jusqu'à cet instant, j'ignorais que je pouvais dégager ce genre de chose. Dans cette salle de bain au ton épuré j'étais comme un petit diablotin dans un monde paradisiaque.

Tout en m'observant devant le miroir, je fis parcourir mes doigts sur cet ensemble en dentelle. J'essayais de me donner de la contenance. Ça n'était pas évident.

Je tremblais. Et la sonnerie de mon téléphone me fit sursauter.

Une main sur le coeur je décrochais :

- Madame Kayslar, retentit la voix de Jack. Nous venons de pénétrer le parking.

J'acquiesçais avant de raccrocher.

Aller il n'y a plus de marche arrière possible maintenant.

Je sortis d'un sac sophistiqué les dernières pièces de ma tenue : des gants satinés, une longue cape noire, sans capuche, bien évidemment. L'idée n'était pas de donner l'impression que je me cachais. Il fallait que j'ai l'air impressionnante.

Après avoir enfilé des escarpins noirs, j'éteignis les lumières de la suite de Kendall, afin de rejoindre le premier niveau du penthouse. Mes pas laissaient résonner un bruit claquant derrière.

Je pus constater que mes ordres avaient été appliqués à lettre. L'appartement n'était éclairé que par des bougies déposés sur des chandeliers.

Quand j'arrivais dans l'espace séjour, je m'installais sur l'un des fauteuils beiges du salon parfaitement agencé de Kendall.

Sous la cheminé digne de Versailles du bois crépitait sous les flammes, s'ajoutant à cette atmosphère déjà brûlante. Comme si le monde était à mes côtés pour me soutenir ce soir, seules quelques rares lumières étaient visibles depuis l'imposante baie vitrée du séjour de Kendall.

Après quelques minutes, je pus enfin me résigner à cesser de gigoter dans tous les sens afin de trouver une position confortable. Je finis donc par croiser mes jambes de la manière la plus assurée qui soit - du moins je l'espérais.

Je me tenais sur un fauteuil sublime et imposant, dos à un paysage aux allures irréelles, dans un penthouse éclairé seulement par une centaines de bougies. Et malgré ça je mordillais ma lèvre inférieure nerveusement.

Ce sentiment de nervosité prit une ascendance fulgurante quand j'entendis ces pas, suivit de près par d'autre pas au bruit plus sourd- Jack devinais-je.

Je me figeai, ma main se resserra contre l'objet en cuir.

Elle approchait.

Mes jambes menaçaient de se sceller l'une contre l'autre au point que j'eus peur de plus jamais pouvoir me défaire de cette position.

Je déglutis difficilement alors que le bruit des pas s'approchaient dangereusement.

Je fermais les yeux en respirant profondément. Il fallait que je parvienne à garder la tête froide. J'essayais de détendre mes muscles mais...

Je sentis quelque chose sur moi. Ma poitrine me parut alors lourde. J'ouvris les yeux brusquement et je la vis.

Malgré ses traits fatigués elle était d'une beauté glaçante, dans un tailleur noir simple mais si beau. Elle portait simplement une chemise blanche sous la veste de son tailleur, dont les premiers boutons étaient déboutonnés.

Un air froid recouvrait son visage dégagé en raison de son chignon bas. Ce masque d'indifférence disparut progressivement au profit d'un visage emprunt à l'incompréhension et la surprise.

Je profitais de cette déstabilisation pour me lever, la cravache dans la main.

- Bonsoir Kendall, dis-je simplement d'une voix que j'espérais froide.

- Bonsoir Atlantis, me salua t'elle à son tour d'une voix peu assurée, et les sourcils froncés.

Je la fixais ensuite durant des secondes qui me parurent interminables tant c'était difficile de soutenir son regard intense.

- Attachez la, finis-je par ordonner à Jack en portant mon attention sur lui.

Ce dernier, comme je m'y attendais, se raidit et me lança un regard désespéré. Et sans surprise, Kendall resta calme, bien que ses traits se durcirent automatiquement.

- Puis-je savoir ce qu'il se passe ? Demanda t'elle sur un ton étrangement mesuré.

Je haussais les sourcils, en regardant tour à tour Jack puis Madame Jones, l'air de leur dire que je n'avais pas toute la nuit.

Devant leur stoïcisme, je lançai un regard glacial à Jack afin de lui rafraîchir la mémoire.

Le bel homme en costume gris m'avait fait la promesse d'exécuter mes ordres à condition que Kendall donne son accord.

Il se reprit immédiatement, sans doute prêt à lui demander l'autorisation, mais avant même qu'il n'eut le temps de dire quoi que se soit, Kendall intima tout en me scrutant de ses yeux :

- Faites ce que Madame Kayslar vous indique Jack.

Me faisait-elle donc si confiance que ça ?

...

J'étais devenue folle.

En même temps comment ne pas le devenir, je venais d'apprendre que toute ma vie n'était qu'un tissu de mensonge. Mes parents n'étaient même pas là pour se justifier. Et Derreck... mon frère ?

Je m'étais écroulée en larmes dans la salle de bain de Kendall et je n'avais finalement pas touché au petit déjeuner concocté par Anna. J'avais prétendu être frappée par un soudain mal de ventre, si bien que je ne pouvais rien avaler. Je m'étais ensuite rendue au travail, conduite et escortée par Jack.

- Etes vous certaine d'être en état de vous rendre au travail Madame Kayslar ? M'avait il demandé, son regard vert accrochant le mien à travers le rétroviseur.

J'avais soupiré, en passant une main lasse sur mon visage.

- Oui Jack, je dois simplement dû mal digérer quelque chose que j'ai mangé hier soir, ça va passer.

Il avait hoché la tête, acquiesçant. J'avais fermé les yeux, cherchant à fuir ce mal de tête qui pesait déjà sur ma journée.

La présence de Jack, malgré le fait que je l'appréciais était tout de même assez perturbante, j'avais l'impression d'avoir un nuage qui planait constamment sur moi et l'idée que mes moindres et faits geste soient certainement relatés à Kendall me mettait dans un état d'anxiété sévère.

- Jack, vous pourriez rentrer jusqu'à la fin de ma journée, je vous appellerai ensuite pour que vous veniez me chercher ? Avais-je tenté en déverrouillant la serrure de la porte de mon bureau. Je n'ai aucun déplacement de prévu aujourd'hui.

L'homme de main de Kendall avait tout aussi aimablement décliné ma proposition :

- Je suis navrée que ma présence vous ai été imposé Madame Kayslar mais les ordres de Madame Jones sont clairs. Je dois avoir les yeux sur vous en permanence. S'était-il justifié d'une voix tendre malgré son caractère très formel.

J'avais souris, presque tristement.

- J'espère que vous comprendrez qu'une porte va venir se placer entre vos ordres et mon espace de travail, avais-je clarifié sans le quitter des yeux.

Je ne laissais pas le temps à l'homme brun de me répondre que je pénétrais déjà mon bureau, avant de refermer la porte d'un coup sec. Jack ne m'avait rien fais et me défouler sur lui était franchement injuste mais j'avais du mal à rester calme.

Il était neuf heure et demi. J'étais en avance d'une demi heure et bureau et ça n'était pas plus mal, ça me laissait le temps de ranger mes griffes avant l'arrivée d'Amy, Emma et Dylan. Je massais doucement mes tempes pour tenter de me calmer mais je vis que mes mains tremblaient. Ça n'allait vraiment pas le faire, il fallait que j'occupe mon esprit parce que si je laissais mes émotions prendre le dessus j'allais finir par fondre sous cette masse de brouillard étouffant.

En temps normal face à un tel désarroi j'aurais appeler Arya ou Derreck mais dans ce cas de figure je ne pouvais pas, je ne pouvais pas prendre la responsabilité d'en parler à Derreck, du moins pas maintenant, je ne voulais pas lui infliger la violence de ce que je venais de découvrir car cela chamboulerait sa vie à tout jamais. Je ne pouvais pas l'impliquer dans tout ça alors que je devenais moi même folle. Il fallait que je le tienne à l'écart pour l'instant, que je le protège, pour une fois.

Je déposais mon attaché-case sur mon bureau avant de retirer mon manteau qui semblait peser des tonnes. Je m'installais ensuite sur la chaise de mon bureau et je sortis mon ordinateur portable avant de l'ouvrir, difficilement. Mes mouvement étaient lents, pesants.

J'avais l'impression de devoir faire un deuil de nouveau : la douleur du décès brutal de mes parents revenait en plein fouet, mais également l'amertume, l'incompréhension, la colère, et le deuil d'une autre vie dont j'ignorai tout, d'une autre moi.

Mes cheveux extrêmement lisses, ma peau, la forme de ma bouche, de mes yeux, cette couleur particulièrement caramélisée de ma peau, bien plus foncée que celle de Derreck, et à l'éclat bien différent de celle de ma mère plutôt métissée. Toutes ces différences maintenant je les percevais à travers mon reflet sur l'écran noir de mon ordinateur.

Je le refermai d'ailleurs brusquement. Je ne savais même plus qui j'étais.

Kendall avait tout chamboulé : moi, ma vie, mes émotions et maintenant elle faisait partie de ce qui chamboulait mon identité.

Comment en si peu de temps tout avait pu m'échapper de la sorte ?

Je ne savais même pas contre qui je devais être en colère, mais une chose était sûre je lui en voulais terriblement, car elle savait depuis tout ce temps. Elle connaissait ma vie par coeur, apparemment même mieux que moi même je la connaissais. Elle savait tout de moi et moi je ne savais presque rien, j'étais le dindon de la farce. Elle m'avait séduite en ayant su parfaitement quoi faire.

Je ravalais ma salive en fermant les yeux pour réprimander les larmes qui me montaient aux yeux.

Rien de bon ne ressortait de tout ça, peut être même que rien de bon ne ressortait d'elle. Ou alors le peu de bon était éphémère. J'avais cru à son mirage alors que j'aurais du suivre les conseils de ma conscience qui me hurlait que tout ce bazar était trop compliqué pour moi.

Est ce que c'est ce que Marie Anne avait ressentis, cette tornade ? Ce sentiment d'avoir été désintégrer de l'intérieur, parce que si c'est ça qui la motivait je pouvais le comprendre. Pas au point de vouloir faire souffrir Kendall, mais plutôt le désespoir de ne pas savoir quoi faire, de se sentir encerclée par quelque chose qui nous effraie mais dont on peine à s'éloigner.

Les larmes aux yeux, j'appuyais furieusement sur le bouton d'activation de mon ordinateur. Mais au lieu de voir l'écran de déverrouillage où je devais inscrire mon mot de passe, c'est le visage de Kendall que je voyais, ce visage doux qui s'était endormi à mes cotés, ses mains attentionnées, son regard de plus en plus en tendre et sa manière si délicate de me traiter ces derniers temps.

Elle atterrissait dans moins de 48h. J'avais le temps de me préparer à l'affronter. Et dire que je culpabilisais tous ces deniers temps alors qu'elle n'avait eu aucun scrupule.

J'estimais que je n'avais plus aucun compte à rendre à Marie Anne, alors maintenant il ne s'agissait plus que de Kendall et moi.

Il s'agissait de notre histoire. Et j'avais le sentiment que Marie Anne avait tout gâché, et que c'est moi qu'elle voulait voir souffrir depuis le début.

...

- Salut big boss ! Putain mais où est ce que tu as trouvé ce canon ? Chuchota Emma d'une voix un peu trop forte en s'immisçant dans mon bureau alors qu'Amy en sortait suite à notre petite réunion matinale.

Un léger sourire sur les lèvres, je levais les yeux aux ciels. J'étais tellement à fond dans mon travail que j'avais presque réussis à oublier tout ça, mais avoir Emma en face de moi : sans doute par instinct de survie, réveilla toutes mes émotions d'un seul coup et j'eus un moment de faiblesse. Je sentis mes yeux s'humidifier et je fis de mon mieux pour chasser ces ondes négatives de mon esprit.

- Tu ne peux pas avoir le beurre et l'argent du beurre Lantis, me taquina t'elle en s'asseyant. La plus belle femme de l'Etat et maintenant tous les beaux gosses, S'exclama t'elle en s'asseyant sur une des deux chaises en face de mon bureau. Qu'est ce que tu nous laisses à nous autres ?

Je rigolais face à ce petit visage rond visiblement outré. Emma pouvait paraître si enfantine parfois avec sa peau toute lisse et ses yeux bridés mais très grands en raison de son métissage « américo- japonais ».

- Honnêtement si tu pouvais m'en débarrasser je serai preneuse, lui lançais-je d'une voix que j'espérais légère.

Devant le regard confus d'Emma j'ajoutais :

- Je plaisante ma belle, désolée je suis un peu à cran.

Mon amie, pinça les lèvres en haussant les sourcils.

Je détournais les yeux en faisant le tour de mon bureau du regard. La décoration était assez simple, dans les tons beiges et marrons, c'était un bureau ordinaire avec une commode, un bureau, deux fauteuils en cuir beige foncé pour les clients et un tapis rouge bordeaux. Mon regard fixé sur ce dernier, mes pensées se perdirent.

...

Mon téléphone coincé entre mon épaule et mon oreille, je fouillais les tiroirs du bureau de Kendall qui se trouvait dans sa chambre, ils étaient atrocement bien rangés. Il n'y avait rien d'autres que de la paperasse ici. De tout manière je m'en étais doutée car tous ces terroirs n'étaient pas verrouillés, ça ne devait pas être le genre de Kendall d'être aussi imprudente.

- Je ne trouve rien, avais-je déclaré d'une voix essoufflée.

- Essayes sous son lit, les tiroirs de la table de chevet, tout ce qui peut s'ouvrir, ou dans son dressing il doit y avoir un coffre fort, me lança Marie Anne.

Je me dirigeais vers le dressing, et mis à part une panoplie de vêtements rangés par matière couleur et par catégorie il n'y avait pas la trace d'un quelconque coffre fort.

- Je ne crois sincèrement pas que Kendall est du genre à mettre des trucs aussi compromettants à des endroits aussi anodins, relevais-je en jetant un coup d'oeil sous le lit.

Marie Anne sembla réfléchir tandis que soupirais fortement.

J'étais en colère, déchainée.

- Merde, soupira t'elle.

Elle sembla réfléchir alors que j'avais du mal à tenir en place.

- Bon, essaye sa salle de bureau, proposa t'elle.

Je fronçais les sourcils afin de me diriger vers cette fameuse salle de bureau, bien que j'ignorais ou elle pouvait se trouver. Un des couloirs finirait bien par m'y mener.

Au bout d'un corridor du premier étage, je finis par tomber sur un escalier en verre qui menait à un deuxième étage dont j'ignorais l'existence jusqu'à cet instant. Il me mena jusqu'à à un grand couloir au sol en marbre blanc et aux murs dans une sorte de pierre grise brut, qui donnait un ensemble avec beaucoup de caractère. J'aurais sans doute bien plus apprécier l'ensemble si je ne me trouvais pas cet état de colère et de confusion.

J'ouvris des portes au hasard, en ne prenant pas la peine de m'attarder sur la beauté ou l'utilité des pièces que je découvrais.

- Putain mais il est où ce fichu bureau ? Jurais-je en hurlant presque.

Mon appel à l'aide sembla se faire entendre, puisque la quatrième porte que j'ouvris m'offrit la vue sur une pièce qui ressemblait comme deux goutes d'eau au bureau de Kendall au siège de Jones Company. Encore ces espèces d'obsessions bizarres.

Bon en attendant je n'avais jamais été aussi soulagée d'être en face d'un bureau.

- Ok j'ai trouvé le bureau, lâchais-je à la jeune française à l'autre bout du fil.

- Je crois que les dossier sont dans des sortes de chemise en cuir noire, me précisa t'elle.

Je mettais le haut parleur avant de me mettre à chercher dans tous les recoins de cette pièce, je mis quelques peu le bazar mais je m'en fichais.

- Il n'y a rien ici non plus ! M'emportais-je. Absolument rien, d'ailleurs elle pourrait très bien les avoir sur elle, qui te dit qu'ils sont ici ?!

J'avais atrocement chaud et je commençais à avoir mal à la tête.

- Non Atlantis, calme toi, Kendall ne prend jamais ces trucs là sur elle, c'est forcément dans la maison. Il faut que tu essayes d'aller dans L'Alcôve, l'ennui c'est qu'il y a un code et je ne sais pas si tu y as accès.

Troublée, je plaçais ma main en visière sur mon front.

- Mais de quoi tu parles Maria ? L'agressais-je presque. Je ne sais même ce qu'est ce truc !

Elle soupira à l'autre bout du fil.

- Parfois je me demande sincèrement si t'étais vraiment une soumise, s'exaspéra t'elle. Tu n'es jamais allée dans L'Alcôve ?

Je ne pris la peine de lui répondre. Je raccrochais, après lui avoir hurlé que je ne voulais plus jamais entendre parler d'elle et que j'étais prête à porter plainte s'il le fallait.

« Jack, j'aurais besoin de me rendre dans l'alcôve, est ce possible et pourriez vous me communiquer le code ? »

En attendant sa réponse, je sortis en trombe du bureau pour trouver cette fichue pièce bien que je n'avais pas idée de que ça pouvait être, mais la remarque de Marie Anne m'avait donnée un indice, c'était certainement une pièce où Kendall avait l'habitude d'amener ses soumises.

J'essayais de réfléchir dans ce couloir désert et silencieux.

Réfléchis Atlantis, réfléchis.

- Les suspensions, les suspensions !

Au même moment Jack me répondit.

« Madame Jones a indiqué que vous êtes ici chez vous Madame, vous avez tous les accès.

Voici le code : 170560. Et vous trouverez le pass qui débloque l'accès au sous sol derrière le grand tableau dans la suite de Madame Jones »

Je ne perdis pas une seconde de plus, je courrais afin de récupérer cette clé, me souciant peu du vacarme que je provoquais. J'appuyais frénétiquement sur le bouton « -1 » de l'ascenseur en passant le badge sur le détecteur.

J'étais essoufflée, je transpirai.

J'arrivais finalement devant deux grandes énormes portes, qui devaient au moins mesurer trois mètres, et qui avait un style assez rustique. De toute manière hors mis une sorte de salon il n'y avait rien d'autre dans ce sous sol. Il n'était d'ailleurs pas très éclairé : seulement par quelques lampes murales à l'éclat jaune. C'était assez étrange comme atmosphère.

Je m'empressais de faire le code et il me fallut une force presque inhumaine pour réussir à pousser ces portes qui devaient peser chacune une tonne.

Je me figeais.

C'était... étrange.

Dans cette grande pièce, il y avait un lit double en bois clair, très simple voire très rudimentaire, un armoire dans ce même bois, les murs était dans un marbre ciré qui n'avait rien de très élégant en fait c'était même presque médiévale. Tous les meubles étaient dans un bois clair brut et le plus étrange c'est que dans une cheminée encastrée le bois brulait doucement répandant une odeur boisée. Les plafonds étaient hauts, c'était comme une sorte de donjon. Et puis tous ces trucs, ces objets aux formes bizarres, ces chaines suspendues, ainsi que des cordes et les fameuses suspensions. Il y avait également une grande table, des barres de toutes matières. On pouvait apercevoir une sorte de meuble encastré au mur du fond de la pièce, peut être qu'il fallait que je cherche là.

Toujours pieds nus je traversais « l'Alcôve », en contournant les différents outils et installations que je croisais. J'essayais de me concentrer sur la raison de la ma présence dans cette pièce et non sur l'usage de chaque objet ici présent. Alors je me mis à fouiller de nouveau désespérément.

Rien. Mis à part des menottes, des sortes de pinces, des ceintures, des cravaches, du gros scotch, des plumes, des bougies.

Je grognais de frustration et dans un un râle de désespoir je me laissais tomber par terre en sanglotant, ça n'avait aucun sens tout ça. Marie Anne comme Kendall me rendaient toutes les deux complètement folle. Je m'affalais par terre, ma joue contre ce sol chaud- sans doute en raison de la cheminée.

Il fallait que je respire.

Au sol, j'essayais de calmer ma respiration.

Je ne voulais qu'une seule chose appeler Madame Jones et lui hurler tout ce que je pensais à cet instant car je me sentais si désemparée. C'était de ma faute, je n'aurais jamais du accepter la proposition de Marie-Anne.

« Changer d'environnement » Tu parles, ce que j'avais trouvé ici était encore pire.

Mais de toute évidence ce que je cherchais n'était pas là, peut être même que ça n'existait pas. Est-ce que Marie Anne pouvait inventer un truc pareil, je ne l'en pensais pas capable mais...

Mon regard fut soudain attiré par des sortes de boites sous le lit double. Je fronçais les sourcils avant me relever brusquement. Je me dirigeais rapidement vers celles-ci.

Devant le lit, je me mis sur mes genoux avant d'extirper la première boite qui fut à ma portée.

Celle-ci était carrée et recouverte de cuire noire, elle pesait lourd, très lourd, mais je n'eus pas de peine à l'ouvrir.

Mon coeur battait la chamade.

Je découvris que des sortes de chemises - dans le même cuir que celui de la boite - y étaient rangées. J'attrapais la première de la pile, les mains tremblantes.

Je pus lire sur la couverture de la chemise « Atlantis Kayslar- dossier Six », brodé.

J'eus des frissons.

- Putain j'y crois pas, me lamentais-je alors que mes yeux commençaient à s'irriter tant j'étais mal.

Malgré toute cette émotion je pris mon courage à deux mains pour ouvrir ce dossier. Je retenais ma respiration.

Sur la première page, il y avait une photo de moi, une photo que je n'avais jamais vu, je ne me souvenais même pas de ce jour, j'étais sur une terrasse en train de déjeuner avec Arya et Emma, je riais aux éclats.

Je tournais les pages d'un geste nerveux, presque hystérique. Il y en avait tellement de photos, des photos de moi seule ou avec mes proches, elles remontaient toutes à maximum six mois. Je fus tout de même rassurée par ce fait, Madame Jones n'avait pas commencé à m'espionner avant que l'on se rencontre. Mais je n'en étais pas pour autant mois choquée.

Une main devant ma bouche je continuais à tourner ces pages de ma vie complètement fouillée dans ces moindres recoins : devant mon travail, en voiture, au centre commercial, en promenade. Mais je n'étais pas au bout de mes peines.

Apres cette exposition de photo, j'arrivais enfin à la partie qui m'intéressait, la partie intitulée : « informations ».

« Nom de naissance : Atlantis Kayslar

Situation matrimoniale : Célibataire

Emploi : chef d'agence dans l'évènementiel - études de médecine en suspend

Situation familiale : Parents défunts »

J'inspirais profondément en retenant un sanglot. Elle savait, elle avait joué la comédie...

« Frère : Derreck Kayslar - 28 ans

« Information complémentaires : Adoptée à la naissance à New Delhi. »

Il y avait ensuite une dernière photo, celle que Marie Anne m'avait montré dans le café, cette photo qui m'avait fais changer d'avis.

Et si cette dernière m'avait roulé dans la farine depuis le début ? Et qu'elle savait exactement ce qu'elle voulait que je trouve. C'était sans doute ici qu'elle avait trouvé cette photo. Mais comment aurait elle fait ?

Ma poitrine fut comme fendue en deux.

Dans le reste de mon dossier il y avait d'autres informations comme mon adresse, mes gouts alimentaires, musicaux, vestimentaires..

J'avais jeté un coup d'oeil aux autres dossiers, il y en avait cinq exactement. Et ils contenait tous le même type d'informations. Je ne m'étais pas attardé dessus car mettre des visages sur les anciennes soumises de Kendall n'étaient franchement pas le truc dont j'avais besoin à ce moment là.

...

- Eh oh, Lantis ! S'écria Emma, me faisant sursauter.

Elle fit passer sa main devant mes yeux.

J'étais aussi tendue d'un bâton, et je me rendis compte que j'étais même essoufflée. Je frottais mes mains sur mon visage, Emma se leva et vint rapidement vers moi, elle caressa mes bras, le visage inquiet.

- Je suis vraiment en train de perdre la tête Emma, m'effondrais-je.

Mon amie, placée derrière la chaise de mon bureau, passa ses bras autour de mon cou.

- Hey tout va bien, chuchota t'elle, je suis là.

Je humais son parfum fleuris, cela m'apaisa.

-  Je crois que cette fois je suis vraiment dans le pétrin, me plaignis-je. Je ne vois pas le bout du tunnel.

Emma ne dit rien, sa joue contre la mienne, elle me réconforta patiemment. Je savais qu'elle ne me forcerait pas à parler. De toute façon je ne pouvais pas lui en parler, pas alors que tout ça était encore si confus dans ma tête.

- Qu'est ce que tu ferais si tu découvrais qu'une personne qui compte pour toi te cachait.. de très très gros secrets.

Mon amie recula doucement. Je fis tourner le fauteuil de mon bureau afin de me placer face à elle.

- Tout dépend du genre de secret. Si c'est quelque chose de grave et si ça peut avoir un impact sur la manière dont je perçois cette personne.

Je grimaçais.

- Un secret sur toi. Quelque chose qu'elle aurait appris, qui est très important pour toi mais dont elle ne t'aurait pas parler.

Emma fronça les sourcils, ce que je disais ne devait pas avoir beaucoup de sens pour elle. Mon amie croisa les bras, l'air perdue.

- Est-ce que ce secret l'implique ? Demanda alors mon amie.

Je hochais la tête pour dire non. Elle soupira doucement.

- Atlantis si jamais Kendall t'a caché quelque chose qui ne la concerne pas je pense que c'est certainement parce qu'elle ne voulait pas se montrer intrusive ou...

Mon amie se tut, certainement devant mon regard blasé.

- Et si ça n'était pas le cas et qu'elle est juste complètement insensible et bizarre ?

Emma s'accroupit alors en face de moi.

- Je crois que je vais tout arrêter, lâchais-je. Je vais arrêter de la voir et..

Emma déposa son index sur ma bouche légèrement collante en raison de mon gloss.

- Lantis je ne vais pas te dire quoi faire, mais je sais que Kendall tiens à toi, ça se voit. Et tu tiens beaucoup à elle aussi. Puis... N-n'oublie pas que tu lui caches également quelque chose.

Je détournais les yeux. Je n'avais pas envie d'entendre ça.

- Il serait d'ailleurs peut être temps que tu lui en parles Atlantis.

Mon coeur se serra, je grimaçais.

- Votre histoire est compliquée, c'est vrai, et toutes les histoires le sont à leur manière. Mais je suis sûre que la votre peut en devenir une très belle.

Je levais les yeux aux ciels.

- Est ce que tu l'as au moins laissé s'expliquer ? Peut être qu'il est temps de lever tout les voiles, elle, comme toi.

C'était bien plus compliqué que ça, mais je ne pouvais le dire à Emma. Un léger sourire passa tout de même sur mes lèvres, elle était tellement douce et compréhensive.

- La laisser s'expliquer, ironisais-je. Quand je suis face à elle, je peux boire toutes ses paroles, elle a une sorte de pouvoir sur moi.

Un sourire moqueur sur le visage, Emma se releva. Elle passa une main dans ses cheveux aussi raides que les miens.

- Eh bien, empêche la d'avoir le contrôle, faites vos trucs de... SM, chuchota t'elle avec un air coquin.

Offusquée par son allusion, je lui fis de gros yeux, elle pouffa, avant de contourner mon bureau pour se diriger vers la porte.

- Le sexe ne règle pas tout ! Lui rappelais-je en faisant tourner la chaise mon bureau.

Emma rigola avec dédain, avant d'ouvrir la porte, elle portait une longue jupe marron en daim ainsi que des cuissardes en cuirs de la même couleur. Ce style chic bohémien lui allait bien.

-  Je suis sûre que si tu me laissais faire une bouchée du charmant monsieur assis juste à l'entrée de ton bureau, une bonne partie de mon stress disparaitrait. Alors d'un certain angle si, le sexe règle tout !

Je menaçais de lui balancer l'étui de mes lunettes alors elle s'empressa de quitter mon bureau en riant.

Moi, malgré ses paroles réconfortantes, je ne riais pas.

...

C'était le moment de ma pause déjeuner.

Après ma petit entrevue avec Emma je m'étais de nouveau plonger au coeur de mon travail, j'en avais pas mal. Cependant cette discussion m'avait également beaucoup fait ruminer, notamment sur le fait que le pire dans toute cette histoire était que je n'étais même pas en mesure de reprocher quoi se soit à Kendall car ce que j'avais fais, était pire.

J'avais également pu débloquer la situation dans mon esprit. Je ne pouvais pas rester là à me torturer, à me poser des questions, à la condamner, à poser des questions silencieuses à mes parents qui ne pourraient jamais y répondre. Si je voulais des réponses il fallait que je les exige, que je la mette au pied du mur quitte à m'y mettre également.

J'avais pensé à un plan durant la dernière demi heure de ma matinée de travail.

- Est ce que ça te dirait de m'accompagner faire un tour chez La Perla ? Ensuite je t'inviterai à déjeuner, proposais-je à Emma en m'appuyant sur le comptoir de la réception de l'agence.

Sans hésitation, mon amie accepta. Je me dirigeais alors vers Jack.

- Je suis navrée de m'être emportée sur vous tout à l'heure Jack, c'était injuste.

Le jeune homme se releva, et lissa son smocking avant de m'adresser un sourire franc.

- Je vous en prie Madame Kayslar, vous n'avez pas à vous excuser.

Son sac à la main et son manteau sur le dos, Emma arriva vers moi, avec un air de drama Queen.

- Bon alors tu nous présentes Lantis ?

Je riais et fis les présentations.

- Jack nous devons nous rendre à La Perla s'il vous plait.

Il acquiesça d'un hochement de tête vif avant de nous ouvrir la porte de l'agence.

- Ton garde du corps ?! Chuchota bruyamment Emma suite à ma brève présentation. Excuses nous !

Je levais les yeux au ciel en ricanant avant que nous nous dirigions vers la mercedes grise de Kendall.

...

Cela faisait quelques minutes qu'Emma et moi faisions le tour de la boutique de lingerie La Perla, Jack nous suivait à trois pas. Je devais avouer que sa présence était particulièrement gênante dans cet endroit mais il se faisait discret.

Je ne savais pas vraiment ce que je cherchais, il y avait tellement de choses ici, des choses que je trouvais très jolies et d'autres sans doute un peu trop osé pour moi.

- Regarde ça, me lança Emma en me montrant deux caches tétons ornés de froufrous rouges.

Je pouffais en lui indiquant de reposer ces trucs.

- Je cherche quelque chose de plus sobre Emma, lui fis-je remarquer.

Elle pinça les lèvres de malice.

- Mouais, je croyais que le sexe n'arrangeait pas tout madame ! Se moqua mon amie.

Je fis mine de ne absolument pas savoir de quoi elle parlait, tandis que j'examinais un body en dentelle. Je le retirai du centre afin de mieux examiner le dessous.

- Qui a parlé de sexe ? La questionnais-je avec un air faussement innocent. Est-ce que porter de la lingerie sexy est toujours synonyme d'une volonté d'avoir un rapport sexuel ? Philosophais-je d'une voix lointaine. Ça peut également être le symbole de ma puissance et de mon... autorité, appuyais-je en plantant des yeux véhéments dans ceux d'Emma.

Le visage emplit de surprise, elle s'esclaffa. Mais une autre voix brisa l'écho de ce rire. Je relevais le nez et ma main se crispa autour de ce tissu de dentelle fine.

- Ou alors ça peut juste être ce bout de tissu insignifiant qu'on a envie de s'empresser d'arracher pour passer à la partie intéressante, relativisa cette même voix.

Cette voix que je n'avais pas entendu durant tant de jours que le simple fait de l'entendre provoqua chez moi une poussée d'adrénaline.

Arya se tenait devant moi, aux cotés d'un grand mec aux cheveux bruns foncés et au visage enfantin malgré sa mâchoire carré. Je le reconnus rapidement :

Morgan.

Mes yeux descendirent vers leurs mains liés. Je les remontais rapidement avant de me reprendre et de me racler la gorge. Mon regard finit enfin son périple dans ceux de ma meilleure amie, ses yeux azur.

Elle m'avait manqué.

Comment est ce qu'on avait pu en arriver là ? A cause de moi, je la fuyais, en fait je fuyais toujours c'était ma spécialité.

- Hey salut ! S'enthousiasma Morgan. T'es celle qui avait faillit faire une syncope parce que j'étais en calçon, ricana l'ami d'Arya en lâchant sa main pour me la tendre.

Je la regardais longuement, en ne pouvant expliquer pourquoi je me refusais à serrer cette main. Morgan quand à lui sembla l'interpréter à sa manière puisqu'il s'approcha afin de m'offrir une accolade chaleureuse, sans doute un peu trop. Je ne réagis pas.

Pendant ce temps Emma et ma meilleurs amies se prirent chaleureusement dans les bras l'une de l'autre.

- Je m'appelle Atlantis, précisais-je à Morgan qui s'écarta enfin.

Il me sourit, je tentais de lui rendre ce sourire.

Je ne pus m'empêcher de détailler ma meilleure amie du coin de l'oeil. Arya portait un jean gris moulant et un col roulé près du corps rose pale sous un très chic manteau camel. Ces cheveux court n'étaient pas vraiment coiffés mais ça lui allait si bien.

Elle était sublime. Et Morgan la dévorait des yeux tandis qu'elle était en train de rire sur je ne sais quoi avec Emma.

Je n'arrivais pas à croire qu'elle revoyait ce Morgan ! Je croyais que c'était fini ?

En plus ils achetaient de la lingerie ensemble. Comme un vieux couple !

Je bloquais toutes ces pensées de mon esprit torturé.

Quand ma meilleure amie eut fini de dire bonjour à Emma, nous fûmes finalement l'une face à l'autre, maladroites, et mal à l'aise.

- Salut dis-je, simplement.

J'essayais de calmer mon esprit qui semblait bouillonner pour je ne sais quelle raison. Arya, depuis toujours, me regardait comme si elle lisait en moi.

- Salut, répondit t'elle à son tour.

Un rictus passa sur les lèvres de ma meilleure amie. Et elle s'humecta les lèvres. Pulpeuses, roses et brillantes.

D'accord, pourquoi je remarquais ça déjà ?

Nous nous fixions sans rien dire mais j'avais l'impression de complètement me liquéfier telle de l'eau, dans son regard bleu. Seul le bruit la musique en fond qui passait dans le magasin me liait à la réalité. Les yeux d'Arya se bloquèrent sur ma main où je tenais toujours le body «séduction». Je la vis rougir.

Emma se racla alors la gorge, ce qui nous sortit de cette espèce d'absence. Arya se tourna vers Morgan et elle lui lança, en attrapant son bras :

- Vu que j'ai croisé les filles je pense que tu ferais mieux d'aller à la salle comme prévu, elles vont me tenir compagnie.

Ils s'éloignèrent légèrement pour parler.

Je fis mine de reprendre mes occupations de recherche malgré le regard insistant et profondément choqué que me lançait Emma. Elle finit par abandonner quand une vendeuse l'accosta et qu'elle se dirigea vers un rayon un peu plus loin.

Je ne pus m'empêcher d'observer le couple Arya-Morgan du coin de l'oeil. Morgan hocha la tête, sourit puis il lui embrassa la joue.

- Madame Kayslar, est ce que tout va bien ?

Jack. Il venait de m'interrompre. Confuse je répondis que oui, tout allait bien. En fait je ne savais pas vraiment de quoi il parlait. D'Arya ? Est ce que Kendall lui avait donné une directive par rapport à...

- Jack, est-ce que vous me surveillez ? Lui demandais-je spontanément alors qu'il allait retrouver sa place, quelques pas plus loin.

Il sembla embarrassé mais je n'eus pas le temps d'entendre sa réponse puisque Arya arriva vers moi, elle posa une main au creux de mon dos et me guida ensuite vers le fond du magazin où se trouvait les plus jolies cabines d'essayage de New York.

- C'est qui ce mec en costume qui ne te lâches pas des yeux et qui nous suit ? Me questionna t'elle en m'indiquant de glisser dans une des cabines.

Je le fis. Sans répondre à sa question : je me contentais de pincer les lèvres.

- D'accord je ne veux pas savoir, déclara ma meilleure amie en refermant le rideau lourd de la cabine sur nous. Mais j'aime pas me sentir contrôlée, moi.

Malgré son air exaspéré et son demi reproche, elle me prit très fort dans ses bras.

Je me détendis dans ses bras, et laissais retomber mon sac à main par terre. Ca faisait longtemps, que je n'avais pas retrouvé ma meilleure amie comme ça. Je plongeais ma tête dans son cou et humait son parfum délicat qui m'était si familier. C'était un câlin normal, simple, ça faisait longtemps que quelque chose de simple ne s'était pas produit entre nous.

- Je suis passée à l'appartement hier soir, je voulais te parler mais tu n'étais pas là, souffla t'elle dans mes cheveux.

Je soupirais de bien être dans ses bras avant de mettre fin à cette étreinte.

- Ouais.... je suis, hum, enfin c'est seulement pour quelques jours, m'emmêlais-je maladroitement en tripotant mes doigts. Tu aurais du m'appeler avant de passer ça t'aurais éviter de te déplacer pour rien.

Arya fit une grimace, comme si ce que je venais de dire était désagréable. Elle s'assit sur le tabouret qui se trouvait dans la cabine.

- Tu me manques Atlantis.

Ses yeux dans les miens, elle me parlait à nue, de manière claire.

- Je veux te retrouver, je veux retrouver ma meilleure amie.

Ses deux derniers mots ne collaient pas vraiment avec la lueur qui passait dans ses yeux. Et ce n'était pas qui moi interprétait mal puisque Arya se leva et elle s'approcha, je connaissais ses intentions.

- Arya, on ne peut pas juste s'excuser à chaque fois et essayer d'étouffer ce problème, dis-je d'une voix faible. Tu sais bien que rien n'est plus comme avant entre nous.

Cela ne sembla pas l'arrêter, elle s'approcha encore. Ses mains se posèrent délicatement sur mes côtes.

- Arya je t'en prie, on ne peut pas faire ça, tu as Morgan, et j'ai -

Je me tus parce sa que sa joue frôla la mienne. Je tentais de garder mon calme mais c'était difficile car je ne pouvais ignorer la réponse de mon corps et de mes émotions aussi confuses soient elles.

- Morgan et moi ce n'est rien de plus de que l'amitié car ce n'est pas lui que je veux. Me susurra t'elle à l'oreille alors que mon corps était collé contre le sien. Et ce n'est pas elle que tu veux non plus.

Je ne la repoussais pas, en fait je laissais même ses mains glisser délicatement sur mon dos. Me serrer d'avantage contre elle. Ses lèvres pleines se poser délicatement sur ma joue, puis mon menton...

- Nous devrions essayer de discuter, murmurais-je.

- J'en ai assez d'essayer de discuter, me répondit elle en collant mon front au sien.

Je me raidis comme incapable de respirer.

- Je peux tout t'offrir, je te connais par coeur, tu es tout ce que j'ai toujours voulus. Prends tout le temps qu'il te faut mais reviens moi Atlantis.

Je m'extirpais doucement, les mains tremblantes, les larmes aux yeux.

- Non Arya, je t'en prie suppliais-je. Pas ça, tout est déjà tellement compliqué, tu n'imagines même pas à quel point tout est confus, chuchotais-je d'une voix torturée.

Ma meilleure amie attrapa mes mains, cela me réchauffa.

- Non, rien n'est compliqué Atlantis, je me suis juste voilée la face toutes ces années mais -

- Non tu ne comprends pas, la coupais-je fermement. Je...

Je me tus car nous entendîmes des bruits de pas, puis rapidement la voix de Jack vint nous interrompre.

- Madame Kayslar, j'ai Madame Jones au téléphone, elle vient d'atterrir et a cherché à vous joindre sur votre téléphone sans succès. Elle souhaiterait vous parler.

Dans la panique je repris mes esprits, et attrapait mon sac avant de me précipiter d'ouvrir le rideau.

- Dites lui que je ne suis pas disposée à lui parler pour l'instant, répondis-je simplement. Et que je la rappellerai plus tard, s'il vous plait.

Jack sans discuter s'exécuta. Le téléphone à son oreille, il écouta ensuite attentivement. J'étais très nerveuse, je retenais ma respiration.

- Elle attend votre appel Madame, finit il par m'annoncer en raccrochant.

Soulagée par sa réponse, je me dirigeais ensuite vers Emma, suivit de près par Arya puis Jack.

Le reste de l'après midi se déroula dans une atmosphère aussi étrange.

Arya n'était pas restée avec nous. Après avoir acheté deux paires de collants, elle m'avait embrassé la joue en me murmurant à l'oreille qu'elle attendait mon appel quand j'aurais digérer tout ça.

Emma nous avait regardé d'un oeil étrange mais elle n'avait rien dit.

Au moins, ma brève absence lui avait permis de me trouver exactement ce que je cherchais, un ensemble parfait mais également des accessoires très originaux. Mon amie et moi étions ensuite aller déjeuner, j'avais invité Jack à se joindre à nous mais naturellement il déclina. Le déjeuner m'avait du bien car avec Emma je pouvais parler de tout, et elle me faisait rire en me racontant ces histoires de familles digne d'une télénovela et puis ses rencontres sur Tinder. Elle me permettait d'avoir des sujets de discussions normales et non des histoires de dossier d'espionnage, des histoires secrètes d'adoption, des pactes de vengeance ou encore des doutes quant à ses sentiments pour sa meilleure amie.

En six mois ma vie avait pris un tournant que je n'aurais jamais pu imaginer.

Pendant la seconde partie de ma journée de travail, je fus très peu productive car je repensais au fait que Kendall m'avait appelé, j'étais prise entre ma colère, ma culpabilité et cette forte envie de l'avoir près de moi. Et bien évidemment je ne cessais de repenser à ce qu'Arya m'avait dit. Je ne savais même plus quoi en penser, j'étais tellement confuse.

J'avais pleuré, encore, dans mon bureau, je m'étais même assoupie, et puis j'avais commencé à avoir la nausée, j'avais même vomis dans la poubelle de mon bureau. Jack m'avait donc ramener en urgence chez Kendall, et je m'étais assoupie à même sur le canapé. A mon réveil, il faisait déjà nuit et j'avais tout une équipe à ma disposition, Anna, un médecin et Jack, malgré le fait que j'avais insisté sur le fait que je me sentais beaucoup mieux et qu'il n'était pas nécessaire que le médecin m'occulte, Jack m'avait bien fait comprendre que c'était des ordres « qui venaient de là haut».

- Vous n'avez rien de bien grave madame Kayslar, mais vous devez vous montrer vigilante, vous êtes très stressée et votre état émotionnel est fragile, ça peut s'avérer dangereux, m'avait annoncé le docteur Green à la fin de notre consultation dans le séjour de Kendall.

Elle avait été très agréable et j'avais même eu l'impression de discuter avec une amie plutôt qu'avec un médecin.

- Bien je vais maintenant m'entretenir au téléphone avec Madame Jones, je vous met au repos pour trois jours minimum, avait-elle déclaré.

Je me sentais tellement épuisée que je n'avais pas broncher.

Apres cela, Anna m'avait amené mon diner sur un plateau : un bon potage. On s'occupait de moi comme une princesse.

Une princesse sous haute surveillance, ironisais-je.

Après mon dîner que j'avais déguster devant une émission de télé amusante, j'avais indiqué à Jack qui - je l'avais découvert aujourd'hui- était toujours assis dans l'espèce de salle d'attente de l'appartement, que j'allais me coucher.

Avec gaucherie, Jack m'avait répondu :

- Madame, je suis navré mais je ne peux vous laisser vous coucher sans avoir appeler Madame Jones, elle s'inquiète énormément.

J'avais refusé.

- Croyez-moi Madame, elle compte reprendre un vol sur le champs si elle fait face à un nouveau refus. Et il s'agit d'un voyage très important, appuya t'il.

Je le croyais sur parole.

En levant les yeux aux ciels je lui tendis ma main afin qu'il me prête son téléphone.

- Je vous écoute Jack, retentit la voix froide de Kendall.

Je frissonnais et tirait sur la manche du gros gilet que je portais.

- Salut, dis-je. Je vais bien merci, on s'occupe très bien de moi, comme tu l'as sans doute demandé. Mais, je n'ai pas envie de te parler pour l'instant et je refuse que l'on règle ça au téléphone alors on verra à ton retour, je ne fuis pas, je t'attends, l'informais-je d'une traite et d'une voix mesurée avant de raccrocher.

Je rendis le téléphone à Jack, ses joues étaient rouges et pour une fois il n'avait pu feinté l'indifférence, il était choqué par mon comportement.

- Jack j'aurais besoin que vous me rendiez un service demain, je vous expliquerai plus en détails. Lui annonçais-je sans prendre en compte ses états d'âmes.

Le jeune homme se reprit en adoptant un visage d'une neutralité parfaite et acquiesça avant de me souhaiter une bonne nuit. Je me demandais d'ailleurs quand est ce qu'il dormait.

J'étais ensuite aller me coucher, sans réussir à m'endormir tant je ruminais alors j'avais lu, regarder la télé de nouveau, appeler Emma qui m'avait tenu compagnie au téléphone durant des heures malgré l'heure tardive. Ensuite, j'avais parlé dans le vide à mes parents, je leur avais posé des questions, j'avais pleuré puis bloquer le numéro de Marie Anne de mon répertoire et supprimer l'application de messagerie privée.

J'avais finis par m'endormir vers cinq heures du matin, et ce jusqu'à l'après midi où, à mon réveil, j'avais pus peaufiner mon plan.

...

On y était.

Kendall avait les mains liées dans son dos par une corde en fibre tendre que j'avais trouvé parmi l'attirail de son alcôve. J'ordonnais alors à Jacques de l'aider à retirer ses talons, elle était désormais pieds nus, les dents serrés. Elle ne me quittait pas des yeux, j'en fis de même. Je ne lâchais rien et malgré le fait que j'étais en position de force je finis tout de même par baisser les yeux et indiquait à Jack de mettre en marche la suite. Ainsi, je lui tendis un bandeau noir satiné, quand Kendall le vit, elle se tendit.

-  Atlantis, qu'es tu en train de faire ? Demanda t'elle alors froidement ce qui figea Jack dans son mouvement.

J'ignorais sa question et prit la direction de l'ascenseur. Au bout de quelques secondes Jack et Kendall finirent par me rejoindre, et elle avait bien les yeux bandés.

Quand nous arrivâmes devant les deux grandes portes de ce qui se faisait appeler l'alcôve, je remerciais Jack et puis je fis le code. Je me plaçais derrière Kendall afin de la guider. Elle ne marchait pas lentement comme quelqu'un qui est effrayé, non même dans cette position elle semblait avoir un contrôle total de la situation.

- A quoi jouons nous Atlantis ? Me demanda t'elle alors que je venais de l'immobiliser.

Alors que je retirai ma cape, encombrante il fallait l'avouer, je clarifiais d'une voix que j'espérais tranchante :

- Nous ne jouons pas Kendall.

Lorsque j'étais revenue dans cette pièce un peu plus tôt j'avais remarquer une sorte d'anti chambre avec une très longue barre en métal qui semblait être une barre de pool dance.

C'était parfait.

Je m'approchais de Kendall, en lui intimant de reculer, de manière à se placer contre cette barre, ses vêtement frôlaient ma peau, et son visage le mien, car pour une fois nous faisions la même taille grâce à mes talons et ses pieds nus.

Qu'est ce qu'elle sentait bon, bordel !

On reste concentrée.

- Je vais te détacher, tu vas retirer ta veste puis ta chemise, ensuite je vais te rattacher.

C'était risqué mais elle avait toujours les yeux bandés alors le risque restait limité.

Dans cette pièce faiblement éclairée, je vis ses poings se serrer alors que je dénouais les noeuds faits par Jack.

- Retires les toi même, m'ordonna t'elle d'une voix tranchante.

Elle me provoquait visiblement, tout en gardant son sang froid. Je n'allais pas lui faire le plaisir de perdre le mien.

Afin de la déstabiliser je retirai brutalement le bandeau qui couvrait ses yeux, lui offrant ainsi une vue sur mon corps simplement couvert par mon ensemble de lingerie.

Je vis tout de suite ses iris s'assombrir et sa bouche s'entrouvrit.

- Putain, souffla t'elle sans réussir à quitter mon corps des yeux.

Ça lui laissait l'occasion d'admirer la vue. Je profitais de son état second pour aller chercher un martinet à bout carré et approcher un petit tabouret, sur lequel était déposé quelques ustensiles dont je risquais d'avoir besoin.

- Retire ta veste et ta chemise Kendall, articulais-je en la menaçant à l'aide du martinet.

Elle parut davantage irritée que surprise. D'un geste élégant, elle laissa retomber sa veste au sol, puis elle déboutonna lentement sa chemise.

Ce fut à mon tour d'être fébrile.

Elle ne portait pas de soutien gorge, comme d'habitude. Malgré les sensations qui fusaient en moi, je vins me placer derrière elle afin d'attacher ses poignets à la barre.

- Bien maintenant passons aux choses sérieuses, murmurais-je une fois mon noeud noué.

Il n'était pas parfait mais il ferait l'affaire.

La mâchoire serré, Kendall me scruta intensément. Je me mis à marcher lentement autour d'elle.

- J'ai appris récemment que j'avais été adoptée, dis-je sans cérémonie.

Ses épaules se tendirent. Je fis le tour pour arriver jusque devant elle et plantai mon regard insidieux dans le sien. Son visage d'habitude si hermétique sembla se décomposer.

- Tu étais au courant ? L'assenais-je.

Elle ne dit rien, m'observant simplement.

A l'aide du martinet je frappais la peau lisse de son ventre. Je n'avais pas frappé très fort. Juste assez pour la faire grogner.

- Tu as lu ton dossier, devina t'elle. Comment ?

Elle était beaucoup trop perspicace.

Je frappais de nouveau, juste en dessous de son sein.

- Je pose les questions Kendall !

Elle grimaça.

- Ça n'était pas mes affaires Atlantis. Se justifia t'elle d'une voix calme. Ce sont des histoires de familles.

Un rire jaune sortit de ma bouche.

- Non ça n'était pas tes affaires Kendall mais ça l'est devenu quand tu as décidé de fouiller ma vie de fond en comble ! Lui hurlais-je au nez en me plaçant en face d'elle.

Il y eut un silence, elle inspira profondément.

Cédant à mes pulsions je lui claquais un sein de ma main gantée.

Elle serra les dents.

- J'enquête sur mes potentielles soumises Atlantis, j'y suis contrainte par précautions. J'ai cessé cette enquête dès que tu as accepté de devenir ma soumise.

Je claquais l'autre.

- Donc pendant tout ce putain de temps tu savais absolument tout de ma vie et tu faisais semblant de me poser des questions !

Je ne savais lire sur son visage ce qu'elle ressentait à cet instant, son visage était redevenu complètement hermétique.

- Non je n'ai jamais fais semblant, se défendit t'elle, ce que j'avais était uniquement des bribes d'informations factuelles Atlantis, tout ce que je sais de toi, toutes ces choses qui font que tu es qui tu es c'est en te côtoyant que je les ai compris, que j'ai su les apprécier.

Je balayais ses paroles du revers de la main.

- Et tu ne t'es jamais dis que l'information de mon adoption, précisément, était susceptible de m'intéresser ? Lui reprochais-je.

Ma voix résonna.

- Je ne pouvais pas me permettre de chambouler ta vie Atlantis, ça n'était pas ma responsabilité de te parler de ça.

J'étais prête à re-frapper, mais cette phrase m'avait dans un sens légèrement calmé. La respiration rapide, je m'approchais d'elle au point que nos lèvres se touchaient presque.

- Tu te trouves des excuses, lui soufflais-je. Je suis tellement en colère contre toi, lui confiais-je en luttant pour ne pas l'embrasser.

Elle sourit, étrangement.

- Alors tu veux me punir ? Me chuchota t'elle.

J'attrapais une bougie sur le tabouret, la cire s'était complètement liquéfiée.

Kendall ferma les yeux.

Je penchais alors le récipient de la bougie et je fis tortueusement couler le liquide chaud sur sa poitrine qui se soulevait et se relevait à une vitesse croissante. Elle avait la mâchoire serrée et tout le haut de son corps était recouvert de frissons.

- Ce que je veux c'est te voir à ma merci, désabusée, lui répondis-je contre sa joue. Je veux te voir aussi désarmée que je le suis face à toi.

Ses tétons se durcirent. Je m'étais renseigner sur ces ce type de bougie c'était sans risque, et ce n'était pas très douloureux. La cire de couleur rose, durcissaient sur la peau de lait de Madame Jones, on aurait dit le nappage d'un cupcake. C'était... appétissant.

- Je suis désolée Atlantis, je n'ai pas eu le courage de chambouler ta vie de cette manière, murmura t'elle.

Les larmes me montèrent aux yeux, déstabilisée, j'arrêtais mon entreprise.

- Je n'ai pas eu le courage de te voir souffrir bébé.

Elle ouvrit les yeux, ses joues étaient rosies, sa respiration saccadées. Ses yeux accrochèrent les miens d'une manière renversante.

- Ta souffrance m'est insupportable Atlantis et je n'ai malheureusement pas le pouvoir de l'apaiser alors je ne peux me permettre d'en porter la responsabilité.

Je sentis des larmes dévalées sur mes joues. Mon coeur rata un battement et un sanglot m'échappa.

Kendall baissa alors la tête, comme si me regarder en cet instant lui pesait.

- Je suis depuis longtemps déjà à ta merci, complètement désabusée et torturée par toi Atlantis, avoua t'elle d'une voix faible que je ne reconnus à peine tant elle me paraissait être celle d'un être fragile et sans défense.

J'en tremblais. Et lorsqu'elle releva lentement la tête et que je vis ses yeux humides, ma gorge se serra.

- Alors punis moi si cela peut t'apaiser, me déclara t'elle d'une voix nouée. Je suis désarmée face à toi, au sens propre comme au sens figuré.

Je lassais retomber le martinet au sol ainsi que le récipient qui contenait la bougie, il se brisa, tout comme une barrière invisible entre Madame Jones et moi venait d'éclater.

- Apaise moi Ken, lui ordonnais-je comme un supplice.

Son visage s'assombrit, nous n'entendions plus que nos respirations, lourdes. Ma peau me brulait. J'étais comme dans une autre dimensions où seule, Kendall et moi existions. Je laissais mon corps me guider, et je fis ce qu'il m'ordonna sans réfléchir. Je m'approchais d'elle, et d'un geste quasi nerveux je déposais mes mains gantées sur sa peau, je la caressais. Mon corps se colla avidement au sien, comme s'il s'agissait de mon instinct de survie qui me dictait mes actions, et ma bouche entra finalement en collision avec sa mâchoire, dure.

- Atlantis, souffla t'elle difficilement.

Je n'allais pas l'écouter, pas aujourd'hui, je me fichais qu'elle ait peur de me bousculer, j'avais besoin d'elle, maintenant.

- Erika Jones a revendu des parts de mon entreprise à mon insu, souffla t'elle alors mes mains remontaient le long de ses côtes.

Elle semblait suffoquer. Je fus choquée par cette déclaration soudaine mais cela ne me stoppa pas.

Nous aurions l'occasion d'en parler plus tard.

Mon corps contre le sien j'étais en train de lutter pour retirer ce fichu noeud que j'avais fais et je me maudis de l'avoir autant serré.

- Lucie est le nom de ma première soumise, elle était éperdument amoureuse de moi, je n'ai pas su le comprendre à temps.

Je me figeais afin de l'observer, elle parlait difficilement et je voyais aisément sur ces traits qu'elle était soudainement éprise d'une profonde tristesse.

- Je n'ai pas su voir que ça tournait à l'obsession, qu'elle était instable et droguée. Quand j'ai mis fin à notre dernier contrat, elle m'a harcelé durant des mois, elle a essayé de me faire comprendre qu'elle avait des problèmes mais je ne l'ai pas écouté. Un jour on l'a retrouvé morte chez elle suite à une overdose.

Ses yeux étaient de plus en plus humide et je m'empressais d'embrasser chacune de ses joues en espérant lui apporter un peu de réconfort, je voulus parler pour l'apaiser mais je ne sus quoi dire exactement alors je la serrai fort contre moi et et je me jetais sur ses lèvres, douces, je les savourais, sauvagement. Je redoublais d'effort pour la détacher, je finis par y parvenir. Kendall profita de sa nouvelle liberté pour échanger nos postions, c'était désormais moi contre cette barres. Elle me plaqua contre cette dernière. Ce fut légèrement douloureux mais sentir ses mains brulantes sur mon cou juste ensuite fut délicieux. Je gémissais quand elle attrapa une de med lèvres entre ses dents. Seulement, elle recula brusquement.

Je la regardais d'un air meurtris, en manque d'elle. Son visage était un mélange de passion, de rage, de tristesse, de désir.

- Fais moi l'amour, baise moi, soumet moi, peu importe je m'en fiche mais je t'en prie Kendall, fais quelque chose. La suppliais-presque.

Elle se mit à tourner autour de moi comme je l'avais fais plus tôt. J'étais de nouveau dans mon rôle celui de sa proie.

Elle était si séduisante dans son pantalon de tailleur et la poitrine nue. Après quelques tours elle se colla à moi, avec cette seule barre verticale comme obstacle, ses seins nus caressait le dos de mon corset et ses dents parcourait la peau de mes épaules.

- J'adore ce que tu portes bébé, tu m'excites, par ta simple tenue, dit elle contre ma peau.

Son souffle chaud me rendit folle. Ses dents se plantèrent dans ma peau alors que ma main agrippa sauvagement sa nuque. Je gémis et sans prévenir elle m'arracha férocement mon corset en faisant sauter les attaches métalliques.

- Retires ces talons, m'ordonna t'elle d'une voix grave que je reconnus. Et ces gants.

Cette voix. Je ne l'avais pas entendu depuis longtemps. Trop longtemps.

Je m'exécutais. Tout en sentant son regard peser sur mon dos.

- Allonge toi sur la table, sur le dos.

J'obéis.

Allongé sur la table en bois froide, j'haletais.

Je pouvais entendre Kendall s'affairer mais j'ignorais ce qu'elle faisait et la faible luminosité ne m'aidait pas. J'eus seulement ma réponse quand au bout de quelques instants j'entendis Madame Jones s'approcher de moi et qu'un liquide chaud, une huile qui sentait divinement bon entra en contact avec la peau de mon mon ventre, de mes seins, de mes bras.

Je frémissais.

- Imbibes ton corps, fais que tes mains deviennent les miennes, m'ordonna t'elle d'une voix suave.

Ses mains virent alors se poser sur les miennes, et elle me guida. Ses caresses sensuelles vivaient par les miennes : ses mains, mes mains. Ce contact huileux s'étendait maintenant sur toute la partie supérieure de mon corps. Notamment sur mes seins, qui succombaient à ce supplice.

Rapidement Kendall cessa de m'accompagner, elle m'observa lui servir mon corps, brillant.

Une chaleur intense m'irradiait et cette chaleur atténua même la douleur que je ressentis lorsque sans que je ne vois rien venir Kendall ligota mes pieds à chaque coin de table. Les cordes serraient et mordaient ma peau, me contraignant à me cambrer sur ta table. Je pouvais à peine bouger mes jambes car elles étaient maintenues par le sens diagonale opposé. C'est à dire par le côté de la table où se trouvait ma tête. Ainsi j'étais contrainte à les garder écartées et pliées.

Un désir ardent me consumait. Et pour l'instant Kendall ne me touchait pas, elle était toujours debout m'observant d'un regard prédateur, fondre sous mes propres caresses.

Au bout de quelques instants, elle se baissa vers moi je sentit sa main repousser l'élastique de ma culotte, elle ne s'amusa pas, elle alla droit au but : en s'insinuant dans les replis les plus innervés de moi. Elle y exerça une pression qui montait crescendo, particulièrement sur mon clitoris. J'explosais de plaisir et des vagues électriques me submergèrent. Mes doigts cognèrent contre la table alors que mon corps brûlait sous cette tension puissante.

Je croyais que cette tension serait celle qui m'achèverait mais Kendall s'arrêta.

Elle se placa au dessus de moi, afin de m'embrasser si fougueusement que ce fut douloureux. Elle grognait dans ma bouche et tant elle m'agrippait ses ongles me griffaient. Sa bouche quittait par moment mes lèvres pour sucer ma peau jusqu'à ce que la douleur se mêle au plaisir, elle me mordait, me claquait, je fermai les yeux et me laissais transporter dans ce tourbillon de sensations. Des gémissements aigus et profonds quittaient mes lèvres. Kendall s'amusait à créer un équilibre parfait entre légères douleurs et plaisir.

C'était doux, à sa manière à elle.

Elle revint finalement en moi sous mes supplications, et sa langue contre ma vulve fut douce, elle fut celle qui me fit venir une première fois, ses doigts expert une seconde fois et ce dans des spasmes délicieux qui résonnaient au plus profond de mon être.

Cette tempête m'avait vidé. Apaisé.

...

- Tu ne m'as jamais laissé te faire l'amour Kendall, murmurais-je alors qu'elle venait de m'allonger sur son lit.

Elle baissa les yeux, et après quelques secondes d'hésitation elle me confia :

- Aucune femme ne m'a jamais fais l'amour Atlantis, et aucune avant toi ne m'avait donné envie que l'on me le fasse.

Mon coeur fondit dans ma poitrine.

...

Je me réveillai brusquement dans la nuit, haletante et en sueur, suite à un rêve sur mes parents et Marie Anne. Je m'assis doucement en veillant à ne pas réveiller Kendall qui devait être épuisée par son bref séjour.

Je repliais mes jambes sur moi et enfouis ma tête dans mes genoux en sanglot.

Je pensais ne pas avoir réveillé Kendall mais au bout de quelques secondes, je sentis ses bras chauds m'envelopper ainsi que son odeur douce de leur d'oranger mélangé à quelque chose qui ne devait se trouver que sur sa peau. Elle m'embrassa la tempe et je me laissais vider, je déversais toute ma peine, dans ses bras.

- Nous retrouverons ta famille si c'est ce que tu souhaites bébé. Je ferai tout ce qui est nécessaire pour que tu aies les réponses à tes questions.

Me promit elle en me caressant les cheveux.

- On va surmonter tout ça.

On.

Je finis par me rendormir sous les caresses de Kendall avec ce mot en bouche.

À cet instant j'ignorais que même si ce jour marquait le début de notre véritable histoire, il marquait aussi le début de la fin.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top