Chapitre XXVI


Le simple fait d'avoir prononcé cette phrase, m'essouffla. Je manquai d'air tant j'étais submergée par mon désir et l'intensité des yeux de Kendall fit s'envoler mon coeur. Ma chambre sembla devenir le lieu de tous les fantasmes, l'atmosphère y devint pesante, lourde, brûlante.

Mon jean me parut alors bien désagréable. Je n'avais qu'une envie : retirer ce tissu qui me collait à la peau et qui mettait une barrière de plus entre Kendall et moi. Je suffoquai, et je pouvais sentir une fine couche de sueur, lentement, recouvrir ma peau.

Répondant à je ne sais quel ordre, je sentis mes jambes s'écarter légèrement d'elles mêmes tandis que d'un geste provocateur, ma main glissa sur ma nuque, puis sur mon cou avant de s'échouer doucement sur ma poitrine, toujours recouverte de dentelle.

Le visage de Kendall, qui était toujours accroupie devant moi, devenait de plus en plus crispé. Intrépide, je plantais mon regard dans les iris brunes de Madame Jones, avant de malaxer un de mes seins d'une main. Je savourais lentement le plaisir de la voir perdre le contrôle, de voir ses pupilles briller de désir dans cette chambre si peu éclairée.

Elle me voulait. Et la difficulté avec laquelle elle venait de déglutir me le confirma, de la même manière que les jointures maintenant blanches de ses mains - appuyées de par et d'autre de mon corps, sur mon lit- tant elle s'agrippait fort à ce dernier.

Je pouvais entendre son souffle, court.

J'aurai pu gémir, simplement par cette attraction, par l'idée de ce qu'elle pouvait me faire. Pourquoi me torturait t'elle autant en me faisant languir ?

J'entrepris de faire glisser une languette de mon soutien gorge quand Kendall souffla :

- Non.

Elle se redressa lentement avant de placer ses mains sur son visage, et de frotter ce dernier de ses paumes. Je fronçais les sourcils d'incompréhension.

- Non ? Répétais-je avec irritation.

Dans ce meli melo de sentiments, j'avais du mal à contrôler mes émotions et à cacher mon agacement.

- Quoi, qu'est ce que tu veux entendre ? Dis-je d'une voix désespérée en me levant à mon tour. Baise moi ? Fais moi mal ? La poussais-je en haussant légèrement le ton.

La mâchoire de Kendall se serra. Je crus qu'elle allait s'énerver mais elle prit simplement une profonde inspiration avant de me tourner le dos, comme pour me fuir.

- Est-ce la formulation qui te dérange ? Braillais-je en bondissant du lit.

- Je ne crois pas que les choses devraient aller si vite Atlantis, me répondit-elle en se retournant vers moi afin de m'envelopper de ses yeux doux.

Cependant au lieu de me calmer, son explication n'arrangea rien. Le fait qu'elle me repousse de nouveau, eut le dont d'horriblement me vexer.

- Eh bien ça n'avait pas l'air de te déranger il y a quelque temps, lançais-je avec amertume. Que les choses aillent si vite !

J'attrapais un de mes vieux t-shirt dans ma penderie et l'enfilait.

- Il me semble que les choses sont différentes maintenant, releva Kendall d'une voix tranchante.

Je ricanais avec cynisme avant d'aller vers ma salle de bain ou je rinçais mon visage qui n'avait pas encore retrouvé sa couleur habituelle. Mes yeux encore humides et mon nez ensanglanté faisaient peur à voir.

- Tellement différentes qu'on a fait un voeux de chasteté apparemment ! Criais-je depuis la salle de bain.

J'entendis Kendall grogner alors que je m'appliquais de la crème hydratante sur le visage. Elle vint s'appuyer sur cadran de la porte de ma salle de bain, les bras croisés.

- Atlantis, je ne sais pas encore comment m'y prendre et j'ai peur de te bousculer, s'expliqua t'elle d'une voix neutre. Je ne peux pas, pas maintenant, je ne suis pas... Elle soupira comme si ca lui pesait de l'avouer. Prête.

Je ricanais de nouveau en retournant vers l'espace chambre, ce qui poussa Kendall à se décaler du cadran de la porte. Peut être qu'il valait mieux que je sorte finalement parce que j'allais devenir folle si je restais dans cet appartement à ruminer.

- Atlantis ! Appela t'elle d'une voix forte mais sans pour autant hausser le ton.

Je l'ignorai en enfilant un pull au dessus de mon t-shirt et de sortir une veste en cuir de ma penderie.

- Kendall Jones la romantique après Kendall Jones la sadique tyrannique ! M'exclamais-je d'une voix faussement nonchalante. Tu n'es pas prête à quoi au juste Kendall ? Me baiser ! Tu l'as déjà fais ! Hurlais-je d'un coup en claquant la porte de ma penderie. Pourquoi n'y...

Je me tus soudain car Kendall se tenait juste devant moi, derrière le battant que je venais de claquer. Ses yeux étaient d'une froideur extrême. Et son visage crispé par une sorte de colère froide.

Je m'étais peut être un peu trop emportée.

Le peut être disparu de mon esprit lorsque ses sourcils se froncèrent et qu'elle fit un pas de plus dans ma direction, prenant la place du battant précédemment ouvert et ne laissant plus aucun espace entre nous. Je retins ma respiration, honteuse. Incapable de soutenir ce regard menaçant et pleins de réprimandes, je détournais les yeux avant de baisser la tête.

L'index de Kendall vint alors se poser sous mon menton, m'obligeant à relever la tête vers elle, vers ses yeux, que je ne pouvais fixer quand ils se paraient de leur allures dominantes.

- N'élève plus la voix Atlantis, me prévint Kendall d'un ton calme mais emprunt d'une pointe de menace.

On pouvait entendre mes halètements tant j'étais nerveuse.

- Je- Excuse-moi, me confondis-je d'une voix faible.

Mes excuses n'adoucirent en rien le visage de Kendall.

Après de brèves secondes à littéralement me gélifier sous son regard scrutateur, j'avais perdu toute ma verve et mon assurance. L'index glacé de Kendall finit par libérer mon menton de sa prise au bout de quelques instants. Lorsqu'elle recula, je pus enfin respirer normalement.

- Prends les affaires qui te semblent indispensables et appelle ton frère pour lui dire que tu passes quelques jours chez une amie, on s'en va. M'ordonna t'elle en quittant la chambre et ce sans même me regarder.

Je fronçais les sourcils en attrapant cependant mon sac à main ainsi que mon attaché -case, d'un seul geste.

En suivant Kendall d'un pas rapide à travers le séjour je demandais d'une voix affolée :

- Attend ! Où est ce qu'on va ?

Je ne pensais pas que mon destin allait autant me prendre au mot lorsque je disais avoir besoin de prendre l'air.

- Il est hors de question que je te laisse ici toute seule, dans cet état d'hystérie, se justifia Madame Jones.

Elle venait d'ouvrir la porte d'entrée et se tenait sur le seuil, tournée vers moi, attendant visiblement que je la rejoigne.

- Mais je ne suis pas toute seule, Derreck ne va certainement pas tarder à rentrer et autrement je peux sortir me promener, aller voir Emma ou Amy.

Je regrettai d'emblée ma phrase lorsque je vis le regard meurtrier que me lança Ken, ce n'était sans doute pas très stratégique d'avoir dit ça. D'autant plus que ce n'est pas comme si je venais de faire une scène qui avait visiblement beaucoup énervée mon interlocutrice.

- Sortir ? Pour que tu croises de nouveau Raessah, il est en hors de questions, pas tant que je n'aurais pas régler cette histoire et prit des mesures. Clarifia t'elle.

Je croisais les bras. Pourquoi est ce qu'elle avait toujours réponse à tout ?

- Par ailleurs il me semble que ton frère ne rentrera pas avant ce soir voire cette nuit, ton amie Arya n'est même pas à l'ordre du jour. Et non pas que cela me déplaise.

Je pinçai les lèvres en tournant la tête vers les grandes fenêtres françaises de notre séjour.

Nia nia nia, madame je sais tout.

- Changer d'environnement pour quelques jours ne te fera pas de mal.

Cette phrase qui par son contenu aurait sans doute due être douce, fut particulièrement autoritaire. Elle m'extirpa de l'admiration de la vue qu'offraient les fenêtres. Je me tournais vers Kendall et je sentis alors mes joues s'échauffer. Elle portait une chemise beige à petites tâche noir ainsi qu'un pantalon cargo en simili cuir noir qui tombait indécemment sur ses hanches. Ses cheveux étaient plaqués et tirés derrière ses oreilles.

Elle le faisait exprès ? D'être toujours aussi irrésistible, renversante, délicieuse.

Je passais nerveusement une main dans mes cheveux pour éloigner ses pensées distrayantes de mon esprit. Madame Jones haussa alors un sourcil en mettant ses mains dans ses poches.

- Est ce que cet interrogatoire grossier est terminé ou dois-je encore me justifier, alors que j'en ai horreur ? M'interrogea t'elle.

Je pris un air choquée en raison de son ton arrogant. Elle haussa son autre sourcil, la mâchoire crispé. Je soupirai avant de me résigner.

Je preferais la version douce de Kendall.

Indéniablement.

Je m'avançais ainsi vers la porte et elle s'effaça afin de me laisser passer ou peut être pour m'éviter ? Est ce que c'est ce qu'elle faisait quand elle était énervée ? Non Kendall n'était pas du genre à fuir. Si ?

Aucune idée, quoi qu'il en soit, j'avais réveillé le monstre.

...

Nous mîmes du temps à arriver chez Kendall en raison des embouteillages. D'après ce que j'avais réussis à intercepté de sa « discussion » avec Jack durant le trajet, elle avait un rendez-vous ou un dîner important dans peu de temps et -je le devinais- par ma faute, elle n'était pas vraiment en avance. Initialement nous étions supposées passer la soirée ensemble mais je compris qu'il y avait un gros imprévu.

Comme je l'avais remarqué, Kendall était toujours aussi distante, en fait elle n'avait pas lâché son téléphone du trajet, quand elle raccrochait, il sonnait de nouveau et ainsi de suite. J'eus presque envie de balancer son smartphone par la fenêtre. De mon côté j'en avais donc profité pour appeler Derreck, puisque l'heure était au téléphone.

- Ma soeur préférée ! J'allais justement t'appeler. Commença t'il dès la troisième sonnerie.

Sa voix chaleureuse me fit sourire. Je me raclais la gorge en jetant un regard furtif vers Kendall qui venait de mettre fin à un appel. Elle ne me regardait pas.

- As-tu seulement le choix ? Ironisais-je. Tout va bien pour toi ?

Je l'entendis rire à l'autre bout du fil. Et c'est à ce moment que Kendall sembla se souvenir de ma présence puisqu'elle posa ses yeux sur moi, se demandant certainement - si je ne m'abusais- à qui j'étais en train de parler.

- Tout va bien ! M'annonça t'il d'un ton joyeux. Enfin, je suis toujours chez Darren et il est un peu malade, s'empressa t'il d'ajouter.

- Oh, dis-je sous le regard de plus en plus inquisiteur de Madame Jones. Rien de grave j'espère ?

Je n'allais pas lui faire le plaisir de savoir d'aussitôt à qui j'étais train de parler. D'accord, je n'aurais pas du m'énerver comme je l'avais fais mais franchement est ce que c'était une raison pour se muer en statut de marbre glaciale ?

- Non, je crois qu'il a juste attrapé un rhume tu sais avec le changement de climat...

J'écoutais mon frère, songeuse.

- Vous passez beaucoup de temps ensemble, relevais-je en ayant pensé tout haut.

Je venais sans le vouloir, de couper mon frère et une gêne s'installa alors. Je réalisai rapidement que c'était maladroit, si il avait une petite amie, qu'il ne voulait pas m'en parler et qu'il préférait camoufler cela par du temps passé avec Darren, je n'avais pas à faire ce genre d'insinuation.

Kendall quant à elle ne cessait de se rapprocher de moi, mordant sur le siège du milieu qui nous séparait. Elle était comme prête à bondir sur mon téléphone à tout moment.

- Darren et toi, ajoutais-je d'avantage pour Kendall que pour mon frère. Enfin je veux dire que tu me manques, je te vois moins souvent, m'empressais-je.

Kendall sembla se détendre, elle détourna ses yeux et se concentra sur le paysage qui défilait.

- Euh, ouais, enfin justement c'est pour ça que je voulais t'appeler, pour te proposer de venir passer la soirée avec nous pour que tu ne te retrouves pas toute seule ce soir, m'assura mon grand frère d'une voix hésitante.

Je devais tout de même admettre que j'avais du mal à assimiler le fait que mon frère, pourtant d'habitude si bavard avec moi, refuse de me parler sa petite amie secrète.

- C'est gentil D, mais je vais passer deux-trois jours chez...

Je jetais un furtif coup d'oeil vers Kendall, même de profil je pouvais voir qu'elle réprimandait un sourire moqueur.

- Une amie. Ça va aller pour toi ? Demandais-je.

- Celle qui t'a déposé la dernière fois ?

Mon coeur rata un battement.

- Oui, dis-je doucement.

Prions pour qu'il ne demande pas comment elle s'appelle...

- Ok Génial. Arrête de te faire du soucis pour moi Lantis, ça va mieux, ne t'en fais pas. Amuses toi bien avec ton amie, me dit mon frère.

Un sourire étira mes lèvres, toujours aussi mignon.

- Et puis quand tu rentreras on aura la discussion que je voulais qu'on ait. J'ai l'impression de te voir de moins en moins. Et... Il sembla hésiter. Tu devrais vraiment appeler Arya.

En évitant soigneusement le sujet « Arya », je répondis :

- Je sais et je suis désolée je te promet de nous organiser quelques chose à mon retour.

J'entendis la voix grave de Darren en fond.

Donc il était vraiment avec lui ? Peut-être que je me faisais des films. Comme toujours. Et que Derreck n'avait pas de petite amie secrète. Je faisais certainement une transposition de ma propre situation.

- Oui on se fera un truc soeurrette, je vais devoir y aller, Darren hurle dans mes oreilles. Je t'aime !

Je souhaitai un bon rétablissement à Darren, avant de glisser un « je t'aime » qui me mit mal à l'aise. Je vis Kendall m'observer du coin de l'oeil quand je prononçais ses mots, je me mordis la lèvre en raccrochant.

Je soupirai de soulagement en voyant que nous venions de pénétrer le parking privée de chez Kendall.

...

Le lit était parfaitement fait et les rideaux grands ouverts laissaient passer la lumière orangé d'un ciel où le soleil entamait sa descente. Le dressing était toujours plein à craquer de vêtements, j'avais même l'impression qu'il y'en avait de nouveaux ! Je soupirai face à cette perspective, en revenant vers l'espace chambre.

La marraine russe de Kendall, à la demande de Madame Jones, m'avait accompagé jusqu'à « ma » chambre, celle où j'avais dormis la première fois, cela m'avait fais bizarre de rejoindre cette chambre et non celle de Kendall, maintenant que les choses étaient censées être différentes. Je m'emballai trop.

Mis à part un simple « Bonjour madame Kayslar » , Marraine Anna, ne m'avait pas adressé un seul mot, je notais tout de même qu'elle ne m'avait adressé aucun regard mauvais. Elle avait même été très agréable. Je soupçonnais fortement Kendall d'être passée par là.

- Est ce que vous avez tout ce qu'il vous faut Madame ? Demanda la quinquagénaire.

Mes yeux firent le tour de la chambre, oui j'avais tout ce qu'il me fallait. Cette chambre en terme d'équipement, d'agencement et de style était parfaite mais sa froideur me frappait. Je n'avais aucun soucis avec la chambre à proprement parler mais dormir là, toute seule ? Sérieusement ? Surtout que Kendall avait un rendez vous, elle allait donc m'abandonner dans cet immense appartement. N'était ce pas le but de ma venue ici d'éviter de rester toute seule ?

- Oui c'est parfait An.. Hum, enfin excusez moi mais comment dois-je vous appeler ?

M'ayant sans doute demander ça d'avantage par politesse et pour la forme que par réel soucis de ma situation. Elle ne s'attendait certainement pas à ce que l'on échange autant de mot. La marraine de Madame Jones me scruta alors un long instant d'un regard dans lequel je ne sus lire.

- Appelez moi Anna Madame Kayslar, répondit t'elle simplement.

J'acquieçsais d'un hochement de tête.

- J'imagine que Kendall exige que vous m'appeliez Madame ?

Ce fut à son tour de faire oui de la tête.

- Je ne vais pas la contrarier dans ce cas, soupirais-je.

Cette phrase anima une lueur étrange dans le regard de mon interlocutrice. De la chaleur dans ce corps reptilien ? De la gentillesse ?

Je n'en sus pas plus puisque Anna m'adressa ce qui ressembla à un sourire avant de s'excuser et de s'engager sur le seuil de la porte. Je me laissai alors tomber sur le grand lit de la chambre. Cependant, au moment de refermer la porte derrière elle, Anna me lança :

- J'oubliais ! Madame Jones m'a chargée de vous informer que vous l'accompagnerez à son rendez vous et qu'il faut que vous vous prépariez rapidement. Vous partez dans 15 minutes.

Surprise, je m'appuyai sur mes coudes afin de me relever. Je répondis un simple :

- Euh, d'accord, merci Anna.

Elle ajouta :

- Vous êtes ici comme chez vous, je vous ferai une visite demain. Si vous avez une moindre demande, appelez moi grâce à l'interrupteur au dessus de votre tête de lit. Madame Jones se trouve en général dans sa chambre ou dans son bureau de travail à domicile.

Elle a une salle de bureau, en plus de celui dans sa chambre ?

Troublée par le comportement anormalement aimable de Anna, je lui fis un sourire en hochant lentement la tête.

Elle pinça les lèvres puis s'éclipsa. C'était vraiment bizarre, mais ça n'était pas le plus choquant pour l'instant.

QU'EST CE QUE JE VAIS METTRE MOI MAINTENANT ? Hurlais-je dans ma tête. Je ne savais même pas de quel genre de rendez vous il s'agissait !

ELLE NE POUVAIT PAS VENIR ME LE DIRE ELLE MÊME ? M'écriais-je de nouveau.

ET ELLE N'AURAIT PAS PU ME DEMANDER MON AVIS ? Et si jamais on nous prenait en photo ? Comment allait t'elle me présenter ?

Assise sur le lit, je pris une profonde inspiration avant de me diriger vers le dressing afin de choisir une tenue.

Cette femme allait finir par me rendre folle.

...

Se préparer en quinze minutes s'avéra être quelque chose d'assez compliqué pour moi, d'autant plus qu'il avait fallut choisir une tenue dans ce dressing qui s'avérait être un véritable magasin. J'avais été tenté d'aller chercher Kendall pour lui demander comment je devais m'habiller mais mon égo m'en empêcha, si elle voulait m'éviter et faire la fâchée, tant pis, je pouvais aussi me comporter comme une enfant de cinq ans.

J'avais finalement opté pour une robe en soie verte émeraude à lanière très fine, elle m'arrivait aux genoux bien évidemment. Elle n'était ni trop décontractée ni trop habillée. Je l'avais habillé de bijoux en or : un collier avec un pendentif incrusté d'ambre ainsi que des boucles d'oreilles puces, discrètes. J'avais ensuite refait ma queue de cheval, en laissant quelques mèches, de ma frange dégradée, libres. Afin de ne pas ressembler à un zombie ambulant, j'avais légèrement maquillé mes yeux ainsi que ma bouche d'un gloss rosé. Le tout en catastrophe.

Essoufflée, je jetais un coup d'oeil au miroir. Pour une préparation express c'était plutôt pas mal, même très satisfaisant. J'eus à peine le temps d'enfiler une paire d'escarpin pigalle beige qu'on frappa à la porte de la chambre. J'attrapai une pochette où je glissais mon téléphone et mon gloss afin d'aller ouvrir, ravie de constater que Kendall avait enfin décidé de venir me voir.

J'avais l'impression d'avoir couru un 200 mètres, mais je n'eus pas le temps de reprendre mon souffle avant d'ouvrir. Tant pis pour le côté glamour.

- Oh, lâchais-je. Jack, je ne m'attendais pas, enfin excusez moi, je respire comme un phoque. Je dois descendre ?

Jack m'offrit un grand sourire. Il portait un costume bleu marine bien coupé au dessus d'une chemise bleu ciel ainsi qu'une cravate dans des tons similaires mais un peu plus foncé, ses cheveux étaient plaqués en arrière. Il était sublime et sur son trente et un. On allait voir qui ? Le président ?

- Vous êtes ravissante Madame Kayslar.

Ce fut à mon tour de lui offrir le plus chaleureux des sourires, avant de le remercier et de lui rendre le compliment.

- Je viens vous escorter jusqu'à la voiture, Madame Jones vous y attend.

Car venir elle même vous chercher lui aurait couter la vie, pensais-je avec cynisme.

Le regard de Jack longea alors mon corps de haut en bas, si bien que cela me mit mal à l'aise, était il vraiment en train de... ?

- Madame Kayslar, si je ne m'abuse, il me semble qu'il vous manque un manteau ?

Morte de honte d'avoir ne serait que pu imaginer que Jack me matait, quelle cruche, je me dépêchais d'attraper un manteau en fourrure de je ne sais quoi beige, assortis aux escarpins. Je suivis ensuite Jack vers les escaliers du penthouse où je remarquais un piano placé devant la baie vitré ainsi qu'un sublime violoncelle. J'étais certaine qu'ils n'étaient pas là auparavant, je me demandais si Kendall jouait de ses instruments. Je ne l'y imaginais pas vraiment. Personnellement je n'avais pas vraiment de fibre artistique, une certaine passion pour la littérature mais rien de très poussé. J'avais du mal à imaginer Kendall se laisser porter par ce genre de fibre, elle était tellement terre à terre.

Jack s'effaça afin de me laisser sortir de l'ascenceur de l'immeuble en premier, il suivait mes pas en restant à petite distante.

- Jack où est ce qu'on va ? Demandais-je.

Il me devança légèrement, marchant désormais devant moi afin de me guider dans cet immense parking.

- Si Madame Jones ne vous l'a pas dit Madame Kayslar, j'imagine que c'est volontaire de sa part que vous l'ignoriez, me répondit-il avec un sourire moqueur sur les lèvres.

Je pris un air indignée, avant d'interrompre ma marche. Un léger rire s'échappa de la bouche de Jack. C'était bien la première fois que je l'entendais rire aussi franchement.

- Bon sang Jack mais de quel coté êtes vous ? Le taquinais-je alors que ma voix ponctuellement aigüe résonna dans le parking privée.

- En étant du coté de ma patronne ne suis-je pas automatiquement du votre ? Dit il avec grâce.

Ce fut à mon tour de ricaner :

- Quelle beau parleur vous faites Jack !

Dans cette atmosphère détendue, nous reprîmes notre marche vers la voiture, j'étais contente de constater que Jack pouvait se comporter d'une manière aussi naturelle avec moi. Mais la détente fut de très courte durée car quand nous nous approchâmes de la voiture - et quelle voiture putain ! - Kendall se tenait appuyée sur le parchoc, les bras croisés et un air agressif sur le visage, mais ce regard ne m'était pas adressé, je me retournais et vis le visage de Jack se décomposer.

Merde elle nous observait depuis quand ? Je ne l'avais même pas vu, moi.

- Nous sommes en retard Jack et peut être que si vous n'étiez pas aussi occupée à amuser Madame Kayslar, serions-nous déjà en route, aboya Madame Jones les dents serrés.

Ouais bah tu n'avais qu'à venir « m'escorter à la voiture » toi même ! Lui répondis-je (intérieurement).

J'adressais un regard désolée à Jack qui ne le remarqua même pas, il avait revêtu son masque impénétrable et fuyait mon regard.

Je lançais un regard noir à Kendall qui ne se gêna pas pour me le rendre. Je n'attendis pas que Jack fasse le tour de la Rolls Royce pour venir m'ouvrir la portière, je le fis moi même avant de me glisser sur le siège en cuir blanc cassé. C'est également ce que fit Kendall en claquant de surcroît violemment la portière.

C'était à mon tour de l'ignorer et d'être désagréable, elle allait voir ce que ça faisait. Enfin ça c'était ma résolution avant qu'elle ne me lance d'une voix grave mais calme :

- M'as tu déjà vu me comporter d'une manière aussi familière avec mes employés Atlantis ?

Mon coude appuyé sur la portière, à la naissance de la partie vitrée, je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel.

- Nous nous sommes à peine échanger trois phrases ! Est-ce que c'était une raison suffisante pour l'attaquer comme tu l'as fais ?

Madame Jones se crispa.

- Oh mais peut être que si tu ne te braquais pas comme une enfant et que tu étais venue me chercher toi même en haut, Jack n'aurait pas eu à le faire ! Oh et excuse moi de ne pas être un robot dénuée de chaleur humaine ! Dis-je d'une voix volontairement insolente en me tournant brusquement vers elle alors que Jack venait de prendre place au volant.

- J'avais des appels importants à passer, se justifia t'elle du tac au tac.

La mâchoire de Kendall se serra. Elle était toujours aussi sublime, et portait un tailleur couleur pêche rosée en tissus floral de palais. Je pris une profonde inspiration en me rappelant tout de même que c'était de ma faute si elle était d'aussi mauvaise humeur, je lui avais hurlé dessus et m'étais comportée de la pire des manière.

- Je suis vraiment désolée de t'avoir crier dessus tout à l'heure et d'avoir réagis comme je l'ai fais, dis-je d'une voix plus calme alors que la voiture entamait sa sortie vers le parking.

Les yeux de Kendall s'adoucirent.

- Lorsque quelque chose nous contrarie, on en parle et puis chacune s'exprime, on s'excuse et on avance. Nous sommes des adultes, tu ne peux pas convoquer le rapport de force à chaque fois que je te contrarie ou tout faire pour m'éviter.

Je ne me reconnaissais même pas dans la sagesse de ce que je venais de dire, comme si je m'en sortais mieux en matière de relation que Kendall. Bon tout de même un peu.

- Et toi tu ne peux pas toujours agir sous le coup de l'impulsivité, déclara Kendall d'une voix neutre. Et te montrer aussi insolente et explosive. Je ne peux pas te punir, ce n'est pas une raison pour me pousser dans mes retranchements.

La culpabilité me prit immédiatement et dans un geste naturel je rapprochais ma main de celle de Kendall sur l'accoudoir.

- Tu as raison, lui concédais-je. Je ne le ferai plus, je réalise que je suis sans doute allée trop loin dans mes propos et que je t'ai certainement blessé. J'étais bouleversée et je n'ai pas pris la peine d'écouter ce que tu avais à dire.

Son regard s'assombrit. Ma main vint alors se poser timidement sur la sienne. Après quelques instants de ce qui sembla être une profonde réflexion, les épaules de Kendall se détendirent et d'un geste hésitant elle serra doucement ma main.

- Et puis tu sais... Dis-je d'un air légèrement provocateur. Parfois une légère fessée peut remettre les idées en place.

Une lueur de surprise traversa son visage et un air de malice emprunt d'autorité prit place sur ses traits. J'avais légèrement rapprocher mon visage du sien, de manière à ce que mon souffle caresse ses lèvres. Je me souvins cependant soudain de la présence de Jack au volant et je me mordis la lèvre, gênée. Comment faisait-il pour être toujours aussi imperturbable ?

La main chaude de Kendall qui venait de quitter ma main pour s'échouer sur ma joue me sortit de mes pensées, je tournais légèrement ma tête contre sa paume, afin de savourer son contact doux.

- Tu ne devrais pas me tenter, susurra t'elle d'une voix suave. C'est bien plus attrayant que des explications.

Son pouce chatouilla ma lèvre inférieure, tortueusement, faisant trembler mon corps. J'entrouvris légèrement mes lèvres, elle y glissa son pouce avec sensualité, je l'attrapais entre mes dents. Le regard de Kendall s'assombrit et elle poussa un grognement.

- Ce ne serait pas une bonne idée. Soupira t'elle en coupant le contact entre son pouce et ma bouche.

Quelque chose sur son visage changea, comme si une ombre c'était mise à planer sur elle. Je commençais à reconnaitre cette expression qui signifiait qu'elle contrôlait ses pulsions ou les combattait.

- Je ne peux plus te toucher, comme ça, Atlantis. Il est préférable que ce genre de chose n'arrive plus, je ne veux pas te faire fuir, ajouta t'elle en liant de nouveau nos mains.

Je fronçais les sourcils.

En réalité, elle ne me touchait plus tout court depuis que l'on se fréquentait de nouveau. Ce geste de recul était semblable à sa réaction dans la chambre tout à l'heure, il allait peut être falloir qu'on ait une discussion à ce sujet, je n'avais en aucun cas envie de la censurer ou de la changer, le tout était de trouver un équilibre il allait falloir que je le lui fasse comprendre. Je n'étais pas Marie- Anne.

En raison de la présence de Jack au volant, qu'il porte des bouchon d'oreilles ou non, je ne me sentais pas assez à l'aise pour évoquer un sujet aussi intime. Ça attendrait un autre moment, on avait le temps.

Je me contentais donc d'offrir un léger sourire à Kendall.

- Discutons en, plus tard ? Je crois en plus qu'il y a deux trois autres choses que tu dois...

M'expliquer...

Je me tus brusquement, n'ayant pas le temps d'achever ma phrase.

Je fus assez scotchée par le moteur silencieux de l'engin incroyable dans lequel nous roulions, tellement silencieux que la source de ma stupéfaction semblait résonner directement en moi. Comme sortie de mes propres entrailles.

Comme pour m'enfoncer dans ma pétrification, Kendall éteignit les lumières de la voiture, de manière à ce que seule les lumières aléatoires de l'extérieur illuminaient par moment l'intérieur de la Rolls Royce.

C'était une musique. Dont les première notes me firent frissonner et il fallait ajouter à cela : l'emprise soudaine des iris brûlantes de Kendall sur moi. Les paroles... j'en eus la gorge sèche, quelle idée de passer ce genre de titre à la radio, je m'étais raidis.
A en voir l'air narquois et atrocement sexy de Kendall, elle se délectait de me voir aussi... Molle. Mes jambes auraient pu se liquéfier tant des bouffées de chaleur me prirent.

I will never sacrifice my love, not even for you

You know I don't play it safe

Sometimes you have to break the rules

Yeah, we could call it love, or we could call it nothing

But you got what I want, so baby, give me something

So let me, let me just lay you down

Turn me on, take it all tonight

- Sacrifice de Black Atlass et Jessie Reyes, c'est une bande son de 50 nuances de Grey, tu ne connaissais pas apparemment . Murmura t'elle doucement en passant son pouce au centre de la paume de ma main.

Est ce qu'elle savait ce que ce geste voulait dire ? Bien sur qu'elle le savait. Il allait falloir qu'elle arrête ses signaux contraires parce que ça allait finir par me rendre schizophrène.

- Hum, non je n'ai jamais, enfin 50 Nuances, c'est.. ce n'est pas mon truc, articulais-je difficilement la respiration lourde.

Le rire de Kendall retentit, en même temps ce que je venais de dire était vraiment hilarant au vu du cadre dans lequel notre relation avait évolué.

Madames Jones se pencha sur moi - son visage effleurant ma mâchoire et la peau fine de mon coup, je retins mon souffle - afin de baisser la vitre de mon coté.

Ouais, de l'air.

- Nous discuterons, m'assura t'elle, finissant ma phrase inachevée.

...

De l'air j'en eus pas beaucoup.

J'avais oublié un point important qui me revint rapidement à la figure tel un boomerang : où nous allions, ou plutôt qui allions nous voir. Puisque la voiture venait de se garer devant le Four seasons Hotel donc j'avais la réponse à la première question. Je ne reconnaissais pas cette entrée mais j'imaginais que c'était une entrée privée afin de nous préserver des paprazzis.

Dans quoi Kendall m'avait elle embarqué ?

- Hum, qu'est qu'on va faire au juste ? Demandais-je à Kendall alors que son air malicieux ne l'avait pas quitté.

Jack qui venait de garer la voiture au niveau du « dépose minutes » de l'entrée isolée, fit le tour pour ouvrir la portière à Madame Jones.

- Dîner, me répondit Kendall alors que sa portière venait d'être ouverte.

Je lui fis une grimace devant son ton faussement innocent. Elle porta ma main à ses lèvres pour la baiser délicatement.

J'en eus des frissons.

- Excuse moi bébé, souffla t'elle avant de s'extirper de la voiture.

Alors qu'elle fit élégamment le tour afin de venir m'ouvrir. Je me plaignais déjà de ses cachoteries, ça ne sentait vraiment pas bon.

- T'excuser pourquoi ? L'assenais-je dès qu'elle ouvrit ma portière.

Ken tripota son collier ras du coup en or. Elle m'attrapa ensuite rapidement par la taille afin que nous avancions vers l'entrée mais je me figeai, lui montrant que je ne bougerais pas d'un mètre tant que je ne saurais pas. Sous mon regard supposé réprobateur et mes bras croisés elle lâcha :

- Parce que l'on va diner avec mon père et...Marc.

Ma main vint automatiquement se placer devant ma bouche, à la même vitesse qu'une grimace d'appréhension se dessina sur les traits de Ken.

- Tu te moques de moi ?! M'écriais-je bien que le manque d'assurance de Kendall sur ce coup là m'amusa.

- J'imagine que tous les paramètres étaient réunis pour que tu rencontres ce vieil homme adorable ce soir. Expliqua t'elle avec sa propre sciences. Cette rencontre est un énorme imprévu. Tu n'aurais jamais accepté si je t'en avais parlé et il était hors de question que je te laisse seule ce soir alors que nous étions censées passer la soirée ensemble.

Je riais faussement, bien que touchée par son attention.

- Alors tu t'es dis, pourquoi ne pas présenter mon ancienne soumise à mon père ? Ironisais-je.

Avec une pointe de quelque chose que j'interprétais comme de la déception sur le visage, Kendall tira sur mon manteau afin de m'attirer vers elle et d'attraper mes lèvres pour une danse éfrennée, passionnée.

Quand nos bouche se détachèrent je faillis chavirer.

- Pourquoi refuses-tu d'admettre que tu es bien plus que ça à mes yeux ? Murmura Madame Jones d'une voix saccadée par sa respiration, contre mes lèvres.

Je flanchais. Mon coeur flanchait.

L'avais-je seulement déjà vu aussi vivante ?

...

Il était près d'une heure du matin et Madame Jones me portait dans ses bras.

- Je me sens puissante lorsque je te porte dans mes bras, me murmura t'elle au creux de l'oreille alors que l'on venait de pénétrer sa chambre.

Jack qui nous ouvrit la porte la referma doucement pour nous laisser de l'intimité alors que Kendall fit un tour sur elle même, me faisant lâcher un cri de surprise.

Elle rigola.

Je ressentais les effets de cette phrase jusqu'à la racine de mes nerfs. D'autant plus que grâce à son bras qui passait sous mon genou, elle caressait la peau de mes cuisses, dévoilée.

Je faisais de mon mieux pour garder mon calme et ma lucidité malgré l'excitation qui déchaînait mon corps.

Il fallait que je reste un minimum lucide car quelque chose que je pensais improbable c'était passé ce soir : Kendall avait bu. Et j'ignorai ce que cela signifiait.

- Ce n'est qu'un verre, m'avait t'elle chuchoté en se tournant vers moi alors que ma main avait discrètement agrippée sa cuisse lorsqu'un commis lui avait servit une coupe de vin blanc.

Après cela une certaine gêne s'était installée, Marc avait levé les yeux au ciel et Franck Jones n'avait fais aucun commentaire bien que je sentais que ça le tracassait. Il avait cependant porté son attention sur moi en souriant à pleine dent, m'interrogeant sur ma vie, mon travail, ma famille. Il m'avait reconnu de la soirée d'anniversaire de Kendall et ne cessa d'ailleurs de me féliciter pour son organisation.

Kendall m'avait un peu plus tôt dans la soirée présenté comme son amie, un bras ferme autour de ma taille.

Marc qui ne m'avait vraiment pas manqué était devenu étonnamment... gentil ?

- C'est un plaisir de vous revoir Madame Kayslar. Vous êtes sublime.

Kendall était-elle également passé par là ? Ou faisait il bonne figure devant son père ? Parce que j'avais l'impression de flotter dans un monde parallèle ou tout le monde étaient devenu un nounours dégoulinant de bonté.

Le père de Kendall d'ailleurs était sans aucun doute la personne la plus adorable qu'il m'avait été de rencontré parmi l'entourage de Kendall.

- Nous comprenons maintenant pourquoi il y avait tant de mystère autour de ta vie sentimentale ma fille, tu sais garder le précieux bien au chaud.

Mes joues s'étaient échauffées. Quel charmeur ! Ça devait être naturel dans leur famille ce charisme et cette élégance. Cette entrée avait eut le mérite de me détendre d'emblée et de faire cesser mes palpitations.

Avec un regard possessif Kendall m'avait sourit avant de répondre :

- N'est elle pas merveilleuse, papa ?

Ils avaient tous les trois su me mettre à l'aise. De plus Marie Anne ne fut pas évoqué une seule fois et même Marc n'y fit pas référence. Le père de Kendall avait beaucoup de conversation et il était très convivial, je me demandais comment il avait pu épouser une femme comme Erika Jones. Cette dernière d'ailleurs ne fut pas évoquée, et c'était tant mieux.

Pour une fois, je ne m'étais pas sentie de trop et pourtant j'avais été entourée des trois membres d'une des familles les plus connues du pays. En train de diner dans le restaurant d'un somptueux hotel où je n'avais - en toute franchise- même pas les moyens de me payer une nuit.

En réalité c'était surtout un diner d'affaires, donc ma participation aux discussions avait était moindre malgré le fait que Kendall comme son père avait fait de leur mieux pour me faire parler en me taquinant ou en m'interrogeant sur tel ou tel sujet. Marc quand à lui ne m'avait pas ignoré mais il ne s'était pas souvent directement adressé à moi non plus.

Il semblait se jouer des trucs assez importants dans leurs affaires, j'essayais d'être attentive mais je ne saisis pas grand chose à leur jargon, puis ils semblaient parler avec beaucoup de codes.

Alors que Franck était en train d'évoquer d'une manière assez abstraite un problème qui semblait venir peser sur les affaires de la famille j'avais vu Kendall faire signe à un commis qui avait immédiatement rappliqué de lui servir un autre verre de vin.

Si j'avais pu j'aurais caché cette fichue bouteille !

J'avais lancé un regard insistant vers Madame Jones, regard qu'elle avait vite remarqué. Elle y avait répondu en me caressant simplement la cuisse par dessus ma robe fine, de manière sensuelle. Je fus frustrée, étourdie puis gênée par ce geste qui n'avait pas échapper à Marc Jones.

Kendall n'était pas ivre, absolument pas mais légèrement flottante. Je m'inquiétais car je connaissais ses problèmes avec l'alcool mais en parallèle cette légèreté, la rendait irrésistible, insouciante.

Même légèrement alcoolisée elle savait me porter sans aucune difficulté. Madame Jones me déposa avec délicatesse sur son énorme lit, elle se mordit la lèvre en m'observant. Ma robe était presque complètement remontée sur ma taille et les bretelles rebelles retombaient sur mes épaules. Kendall n'avait pas prit la peine d'allumer la lumière, et seules les éclairages venus de l'extérieur et qui traversaient la baie vitrée venait éclaircir légèrement la chambre.

- Je croyais que je dormais dans l'autre chambre, la taquinais-je, la sortant de sa contemplation.

Un sourire malicieux passa sur ses lèvres.

- Je souhaitais simplement que tu aies ton espace, ton intimité, souffla t'elle en se plaçant au dessus de moi, j'écartai les jambes pour la laisser se placer.

Mon dieu, respire.

- Tu connais le sens du mot intime toi ? L'embêtais-je d'une voix joueuse.

Avec un sourire que je qualifierais de dangereux, elle se pencha sur mon cou, et fit doucement remonter mes mains au dessus de ma tête, mon corps lui obéit et mes bras restèrent ainsi.

- Il n'est pas trop tard pour que je t'y emmène, me susurra t'elle avant de me sucer le lobe de l'oreille.

Je suffoquais alors que ses mains attrapaient mes hanches. J'avais tellement envie mais... C'était la première fois depuis un certain temps qu'elle se montrait aussi entreprenante sur le plan sexuel et à mon avis l'alcool y était pour quelque chose, je n'allais pas profiter de ça. Surtout que si elle se contrôlait moins cela pouvait vouloir dire que ses pulsions ou du moins ses désirs naturels allaient être bruts, sans doute un peu trop pour moi. Je n'étais même pas certaine d'être prête pour avoir ce genre de rapport de nouveau, malgré mon envie qui ne cessait de s'acroitre.

Ainsi, alors que sa bouche experte explorait mon cou, mes épaules, j'articulais difficilement :

- Pourquoi est ce que tu as bu ce soir ? Qu'est ce qu'il y a ?

Elle se figea. Et plongea ses iris brunes dans mes yeux, je fis de mon mieux pour ne être déstabilisée par ce duel tendre de regard.

- Pourquoi ne reprends-tu pas tes études de médecine ?

Surprise, je pouffais alors que Kendall se laissa tomber à côté de moi sur le dos. Je ne perdis pas de temps pour m'assoir sur elle à califourchon.

- C'est ce qu'on appelle faire diversion Madame Jones !

Elle leva les yeux au ciel - j'y décelai d'ailleurs un brun de mélancolie - avant de s'appuyer sur ses coude afin de se mettre en position assise. Ses bras entourèrent mon corps alors que son visage et le mien n'étaient séparés que par quelques millimètres.

Elle ne voulait pas en parler, je n'allais pas insister, de peur de la braquer mais j'allais la garder à l'oeil, quelque chose n'allait pas j'en étais sûre, j'allais bien finir par le découvrir.

- Est ce que tu te sens bien chez moi ? Souffla t'elle contre ma bouche.

Je fis oui de la tête et je caressais ses cheveux du bout des doigts, je sentais dans son haleine sucrée quelques effluves lointaines d'alcools.

J'embrassais délicatement son front.

- Anna est elle agréable ? Murmura t'elle les yeux fermés.

Avec un petit sourire et après un baiser sur sa joue, je répondis :

- Elle est étonnamment très aimable. Je me demandais même si tu n'y étais pas pour quelque chose.

Mes doigts suivirent le tracé de son visage, son nez, sa mâchoire. Je ne me faisais pas à cette beauté.

Kendall ouvrit les yeux me scrutant d'une manière si intense que je perdis le fil de notre conversation.

- Je l'ai prié de se montrer agréable avec toi, sans doute avec beaucoup plus de fermeté que de coutume mais c'était il y a quelques temps déjà.

J'embrassais la naissance des cheveux de Madame Jones, au niveau de sa nuque. Elle frissonna.

- Peut être qu'elle a simplement finit par se faire une raison.

- Hum...c'est étrange mais tant mieux, chuchotais-je.

Je continuais ma route sur le haut du corps de Kendall, elle sentait divinement bon. Cependant elle me coupa au cours de cette activité agréable en attrapant mon visage entre ses mains.

Elle m'observa et ne dit rien, c'était intense, cela me retourna le ventre.

- Tu vas finir par m'expliquer ce qui ne va pas en ce moment ? Tu bois, tu es...

Ses lèvres vinrent se plaquer sur les miennes, doucement, ce ne fut pas un baiser de passion mais un simple bisous, doux, suffisant.

Elle descella nos lèvres au bout de quelques instant, pour m'informer le souffle court :

- Je dois me rendre à Paris demain.

Oh non.

Je me sentis tout de suite moins bien, plus lourde. Devait elle vraiment partir maintenant ? Je n'avais pas envie qu'elle parte, pas maintenant... jamais en fait, enfin...

C'est loin Paris, me dis-je.

Comme si elle lisait dans mes pensées Kendall ajouta :

- Ce n'est que pour deux jours. Je voudrais que tu m'accompagnes mais c'est un voyage d'affaire dont mon père m'a informé tout à l'heure, mon emploi du temps est surchargé et puis tu as également ton travail. On se fera notre Paris, promis.

Notre Paris... quelle belle formulation.

J'attrapais ses mains sur mes joues. Je ne savais pas pourquoi nous étions si tendres ce soir mais j'aimais cette complicité naissante entre nous.

- Tu as raison soufflais-je, en glissant une de ses mains vers mes lèvres afin de déposer un baiser au creux de sa paume. Je vais t'attendre ici sagement dans ce cas. A quelle heure pars tu ?

Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres.

- Je te manque déjà ? M'interrogea t'elle avec un air sournois.

Je me mordis la lèvre.

- Mon vol part à 6h10.

Toujours avec ce même sourire amusé, elle laissa le haut de son corps retomber sur le lit. Je ne la suivis pas, enjambant plutôt son corps pour gagner la salle de bain.

- Nous ferions mieux de nous coucher dans ce cas, répondis-je depuis la salle de bain où je retirai la robe qui m'avait sublimé ce soir.

Alors que je revenais dans l'espace chambre, simplement couverte par mes sous vêtements, je constatai que Kendall s'était déjà assoupie. Toute habillée et encore très légèrement maquillée.

Je la pris en photo avant de m'allonger doucement près d'elle. J'observais son visage endormi, plaçais une de ses mèches de cheveux derrière son oreille.

Je finis à mon tour par m'endormir, me demandant quels maux tourmentaient cette sublime créature.

...

Kendall avait été particulièrement agacée lorsque le commandant Sawyer de son jet l'avait informé qu'en raison d'un problème de maintenance détecté à la dernière minute, son jet ne pouvait assurer le trajet New York- Paris. Prendre des vols commerciaux à la dernière minutes et surtout pour un voyage d'affaire, ne l'enchantait vraiment pas, même en première classe.

Après toute la chorégraphie chronométrée de la préparation du décollage, des consignes de sécurité, du défilé des hôtesses de l'air et des passagers : le airbus A380 de Air France entama enfin sa course sur la piste afin d'amorcer son envol.

Kendall ne put s'empêcher de jeter un nouveau coup d'oeil à son téléphone, plus précisément à ses messages.

C'était ridicule.

Atlantis dormait encore, elle ne se levait qu'à 8h00. Et au vu de la lourdeur de son sommeil ( elle n'avait même pas bronché lorsque Kendall s'était délicatement extirpé du lit) elle n'était certainement pas réveillée. Elle n'allait tout de même pas lui envoyer un message en dormant ! Kendall se sentit bêtes face à ses pensées, elle perdait vraiment le contrôle de tout en ce moment, même de ses pensées.

La manière dont cette nouvelle dépendance devenait omniprésente en elle l'effrayait mais elle ne put s'empêcher d'espérer lire un message de la femme qu'elle avait laissé sur son lit dès que l'avion aurait atterrit à Paris.

On dirait une jeune adolescente face à sa toute première expérience, s'exaspéra t'elle en soupirant tandis que l'avion prenait de l'altitude. Elle n'en était pas loin en réalité.

Peut être qu'une bouteille de vin l'aiderait à se faire à l'idée qu'elle perdait le contrôle. Kendall tenta de chasser cette idée de son esprit. Elle s'enfonca dans son spacieux fauteuil et ferma les yeux.

...

Lorsque j'étais descendue afin de prendre mon petit déjeuner la table était déjà dressée, avec une multitudes de fruits, de crêpes, de produits laitiers, de confiture. Bref, trop de choses et j'étais encore trop ensommeillée pour distinguer tout ce qui se trouvait sur cette table. Il allait vraiment falloir que je dise à Kendall d'arrêter d'exposer autant de nourriture, il était évident que je ne pouvais manger tout cela et ma mère si elle elle pouvait faire ça me
ferait un long sermon sur le gaspillage.

Vêtue d'un peignoir, je m'installais sur une des chaises victoriennes en baillant, j'avais peu dormis bien que c'était un sommeil de qualité grâce à cette literie royale.

Les immenses rideaux de la baie vitrée de la salle à manger étaient grand ouverts et à cette période d'automne la pluie battait son plein, une journée déjà déprimante.

Elle te manque déjà ? Demanda une voix sournoise dans ma tête.

Je soupirais. Deux jours.

Anna arriva rapidement, avec un sourire professionnel sur les lèvres et un charriot, comme dans les hôtels.

- Bonjour Madame Kayslar. Comment allez-vous ce matin ?

- Un peu fatiguée mais ça va. Souris-je à mon tour.

Anna déposa ensuite une assiette d'oeufs brouillés à la ciboulette qui sentait divinement bon devant moi. Je ne me rappelai pas avoir déjà confié à Kendall que c'était la manière dont j'aimais les manger, comment le savait elle ?

- Oh, merci, dis-je la voix encore un peu endormie.

- Votre diner d'hier s'est il bien déroulé ? Continua t'elle en se munissant d'une théière.

J'étais toujours aussi hésitante face à cette femme tout aussi mystérieuse que Kendall, je n'arrivais toujours pas à déterminer si je devais me méfier d'elle ou baisser ma garde, après tout il y a encore quelques semaine elle me détestait.

- Ça a été, dis-je simplement. C'est gentil de me le demander, ajoutais-je avec un sourire léger.

Alors qu'elle versait de l'eau chaude dans ma tasse, elle releva le nez pour me sourire. Anna avait du faire des ravages dans sa jeunesse, avec ses cheveux d'un blonds naturellement éclatants et ses yeux d'un bleu froid. Peut être avait elle été mannequin ? Je me demandais comment elle en était venue à devenir la « nounou » de Kendall voire même sa mère de substitution.

Mère de substitution. Cette expression me mit mal à l'aise. Chez moi, on nous avait appris à nous occuper de nos aîné pas à nous faire servir par eux.

- Vous savez vous n'êtes pas obligée de vous occuper de moi comme ça, je peux me préparer mon petit déjeuner toute seule, tentais-je.

Un sourire amusé passa sur ses lèvres, elle se redressa.

- Vous n'avez même pas accès à la cuisine très chère, me fit t'elle remarquer.

Je ne pus cacher ma surprise, c'était une plaisanterie ? Je lavais les yeux au ciel.

- Mais si cela peut vous réconforter je peux vous laisser vous servir votre thé toute seule, ajouta t'elle.

Je pouffais devant cette situation, mais acquiesçais d'un hochement de tête en infusant un sachet de thé vert anglais à la mente dans ma tasse d'eau bouillante. Anna ne put s'empêcher cependant de retirer le couvercle du sucrier, j'attrapais deux becs.

- Goûtez vos oeufs et dîtes moi s'ils sont comme vous aimez, m'indiqua t'elle d'une voix presque maternelle.

Je ne perdis pas de temps pour attraper une fourchette et gouter, mes yeux se refermèrent de plaisir.

- C'est parfait, me délectais- je la bouche pleine. Dites moi, est ce qu'il y a d'autres choses que je dois savoir concernant mon séjour ici ?

Anna me tendit une serviette, je l'attrapais afin de m'essuyer.

- En dehors du fait que vous êtes interdite de cuisine et de tout ce qui se rapporte aux taches ménagères, vous avez quartier libre Madame Kayslar, vous êtes la maitresse de maison jusqu'au retour de votre dame.

J'assimilais lentement ses paroles. Maitresse de maison ? C'était peu être un peu trop lourd à porter pour moi, je ne restais ici que quelques jours.

- Madame Jones a simplement laissé ça pour vous.

Elle me tendit une enveloppe scellé à la cire rouge, il y avait un symbole de fleur de camélia dessus. J'y passais mon doigt doucement. Je fus soulagée de constater qu'Anna ne m'observait pas parce que j'avais l'impression que c'était intime, pourtant ce n'était qu'une lettre dont je ne connaissais même pas le contenu. Il n'y avait que Kendall pour laisser une lettre au lieu de m'envoyer un message.

A l'aide d'un couteau, j'ouvris l'enveloppe avant d'en extirper une feuille pliée en deux. Je découvris alors son écriture fine et élégante.

« Bonjour bébé,

Tu dors comme un ange et nous nous sommes assoupies avant que je n'ai eu le temps de te laisser quelques instructions, hier soir.

Atlantis, je connais ton tempérament naturellement défiant mais ces instructions sont non discutables. Pour le temps de mon voyage, suis les. A mon retour, nous discuterons et négocierons si nécessaire.

Dans un premier temps, Jack deviendra à partir d'aujourd'hui, ton garde du corps, j'ose espérer que tu sauras te montrer professionnelle, je ne tolérais aucun écart de comportement de sa part, il en va de ta responsabilité que vos rapports restent strictement cordiaux. Il te déposera au bureau et t'accompagnera lors de tes moindres déplacements. Il a pour instruction de ne jamais te quitter des yeux. Ne lui rend pas la tâche difficile. Il est l'homme en lequel j'ai le plus confiance et je tiens à te protéger de tout types d'incidents.

Dans un second temps, j'ai mis à ta disposition un nouveau téléphone, tu le trouveras sur mon bureau. J'ai remarqué que celui que tu as actuellement est abimé depuis un certain temps. Je ne sais où j'avais la tête pour ne pas avoir opérer ce changement bien avant, toutes mes excuses.

Enfin, tu es ici chez toi, fais tout ce qui sera nécessaire pour que tu te sentes à l'aise, tous mes employés sont à ton entière disposition, à tes ordres.

Je n'ai pas oublié notre discussion, tu auras toutes tes réponses dès mon retour : Lucie, mon entreprise, Erika Jones et ses manigances. Promis.

Sois vigilante et prudente,

Il me tarde de te retrouver.

Ken. »

Ken... mon surnom, celui que j'avais choisis.

Ses derniers mots m'apaisèrent, je me mordis la lèvre. Elle savait comment m'avoir dans sa poche, pour deux journées dont une déjà entamée, je pouvais lui faire le plaisir de lui obéir.

- Une fois votre petit déjeuner terminé, si vous avez un peu de temps avant de vous rendre au travail, je pourrais vous faire la visite, vous n'avez vu qu'un tiers des appartements de Kendall. M'annonça Anna alors que je repliais la lettre.

J'acquieçais d'un vif hochement de tête tout en dégustant mes oeufs.

- Bon appétit Madame Kayslar, s'il vous manque quelque chose n'hésitez pas à sonner. Elle avait dit ces mots alors qu'elle me servait ce que je devinais comme étant du jus d'orange à l'aide d'une jolie carafe en verre.

Sonner ?... Ah oui.

Anna me fit un sourire que je lui rendis avant de s'apprêter à quitter la salle à manger, cependant avant de s'en aller elle se retourna, hésitante. Ses lèvres étaient pincés et elle passa une main sur ses cheveux pourtant attaché en un chignon bas et parfaitement laqués.

- J'espère que vous êtes sincère Atlantis, car elle s'investie énormément, je crois même qu'elle s'efforce de vous offrir ce qu'il y a de meilleur en elle. Et je peux vous assurer que personne avant vous n'y avait eu droit. Et je vous parle en tant que membre à part entière de sa famille et non en mes qualités de gouvernante.

Mon coeur se mit à battre la chamade, ses mots résonnèrent, ses yeux bleus intenses m'intimidèrent. Et une sensation que je commençais à trop bien connaitre me tourmenta, celle d'avoir l'impression que l'on déchirait ma poitrine en deux. La culpabilité.

Je n'eus à peine le temps de tenter de refouler la sensation d'irritation qui menaçaient mes yeux que mon téléphone, que j'avais déposé sur la table en m'installant, se mit à sonner.

Je déglutis difficilement alors qu'Anna hocha la tête, signe qu'elle se retirait.

Ironie du sort.

L'application de messagerie dérivée...

Marie-Anne.

Qu'est ce que j'allais lui dire ? Je n'étais pas prête à l'envoyer balader, je ne pouvais pas, pas avant d'en avoir parler moi même avec Kendall, mais quand ? Et ce qu'il y avait un moment opportunt ? Je n'avais même pas essayé. Mais comment essayer, même Anna semblait commençait à me faire confiance, est ce que je pouvais prendre le risque de tout faire foirer, maintenant ? Et puis Kendall n'allait pas bien, je le savais. Ca n'était pas le moment, vraiment pas.

- Bonjour ma belle, j'espère la nuit t'a porté conseils et que tu as de nouveau les idées claires, entendis-je une fois avoir décroché et porter le téléphone à mon oreille.

Je levais les yeux au ciel, ma jambe tressautait déjà.

- Et si on arrêtait de faire semblant d'être amies ? Ne pus je m'empêcher de lui lancer.

- Orh, voyons ! rouspéta t'elle. Ce n'est pas parce que nous avons des différends que nous devons en arriver là.

Mes yeux firent de nouveau un tour de manège.

- Bon, je crois que j'ai des choses à rattraper. Alors où en es-tu dans ta mission ?

Je pris une profonde inspiration avant de me diriger vers l'étage supérieur du Dupleix, je ne pouvais prendre le risque d'avoir cette discussion dans la salle à manger. Une fois dans la chambre de Kendall, je fis un résumé à Maria. Elle m'écouta attentivement.

- Mon dieu mais c'est génial, tu t'en sors tellement bien, c'est déjà Roméo et Juliette ! S'excita t'elle.

Je grimaçai en passant une main sur la place ou Kendall était couché quelques heures auparavant.

- Je vois que tu remplis bien ta part du marché, tu te surpasses même, ne serais tu pas amoureuse ? Se moqua la mannequin.

Je l'ignorai, me contenant de pousser un grognement d'agacement.

- Bon et toi tes infos ? M'impatientais-je.

J'entendis comme un bruit de moteur à l'autre bout du fil.

- Attends, attends donc si je comprends bien tu es seule chez Kendall avec Anna ?

Je fronçais les sourcils avant de marmonner un «oui».

- Alors comment ça se passe avec Anna ?

- Est ce que c'est important ? M'agaçais-je.

Marie claqua sa langue sur son palais.

- Disons que oui puisque je t'ai filé un petit coup de main.

Je n'en croyais pas mes oreilles, je l'encourageais à s'expliquer :

- Eh bien disons que lors de notre dernière discussion elle m'a confié que Kendall fréquentait une nouvelle jeune femme et qu'elle ne voyait pas ça d'un très bon oeil, alors pour qu'elle ne te pose aucun soucis je lui ai dis que j'avais refais ma vie avec quelqu'un d'autre et que je ne te connaissais pas mais que j'avais entendu beaucoup de bien de toi et que tu étais une personne de confiance, de ce que j'ai entendu.

Je tapais ma main sur mon front. Non mais pour qui elle se prenait celle là ? Comme si j'avais besoin qu'elle vienne à ma rescousse. Bon au moins tout s'expliquait maintenant. Mais quelle vipère cette Maria. Qu'est ce que j'étai supposée faire maintenant, la remercier ?

- Bon du coup, ces infos ? Lui lançais-je en ignorant sa faveur.

- Il vaudrait mieux qu'on se voit pour cela, rétorqua Marie-Anne.

Je soupirais.

- Je ne peux pas sortir te rencontrer Maria, j'ai Jack sur le dos, il ne me lâche pas d'une semelle et je ne vais pas jouer les James Bond a essayé de le semer.

J'entendis un rire retentir.

- Non j'y crois pas, elle t'a collé un homme de main sur le dos ?

Je soupirai en ouvrant discrètement la porte de la chambre de Kendall afin de m'assurer que personne n'était dans les parages. Je la refermai doucement.

- Oui et il a pour ordre me suivre partout donc pour la petite entrevue on va devoir s'en passer.

J'entendis Marie Anne soupirer, s'en suivit le bruit d'une portière que l'on claque.

- Elle est complètement cinglée, Dieu seul sait pourquoi je n'ai pas épousé cette femme, c'était peut être une faveur du destin.

J'ignorai si Marie Anne parlait pour elle même, mais je ne pris pas la peine de répondre à cette réplique. De toute manière j'étais bien trop occupée à constater que Kendall ne m'avait pas acheté n'importe quel téléphone, mais le dernier modèle Iphone, qui coutait une blinde. Je n'avais rien contre le fait de débourser autant d'argent pour un téléphone surtout quand personnellement il se trouvait être au centre de mes activités professionnelles, mais ça me dérangeait profondément quand ça ne venait pas de ma poche. Hors de question d'ouvrir cette boîte.

J'allais de nouveau m'assoir sur le lit.

- Comme je te l'avais dis mon informateur s'était rendu a Canberra pour y voir plus clair quand à cette histoire d'extraits de naissance.

Je me figeai.

- D'ailleurs il a trouvé votre maison très charmante, tu devrais y faire un tour avec Kendall ça vous permettr...

Je la coupais :

- Qu'est ce qu'il a trouvé ?

- Dans votre maison ? Rien, mais il s'est rendu à la mairie Jon Stanhope de Canberra. Et disons qu'avec ses méthodes quelques peu atypiques, un agent a pu lui fournir quelques réponses.

Ses méthodes ? Je chassais rapidement cette interrogation de mon esprit.

- Et ? L'encourageais-je alors que ma main se crispait autour de mon téléphone.

Elle soupira.

- Ton extrait de naissance est bien une copie du document dans son authenticité il n'y a aucune modification faites dessus les variations sur le document sont du à l'usure, la conservation, je ne sais pas.

Ma main se décrispa, j'expirai et pris une nouvelle bouffée d'air frais. Quel soulagement, et moi qui avait cru que... peu importe, ça n'avait aucun importance.

- Bon, soufflais-je, dans ce cas voilà il n'y a plus rien à rechercher, mes parents n'avaient rien à me cacher et toi tu n'as plus rien à fouiner donc notre deal ne tient plus, assurais-je avec un sentiment de délivrance.

- Tu sembles avoir oublier les photos ?

Je me levais du lit - boostée par ce nouvel élan d'espoir de voir la lumière au bout du tunnel- en passant une main dans mes cheveux.

- C'est sûrement juste un mal entendu, on a du partir en vacances et puis mes parents m'ont pris en photo avec cette famille, je ne sais pas moi, mes parents étaient du genre aventurier dans leur jeunesse.

Il y eu un long silence, durant chaque secondes qui passaient je doutais de plus en plus de mon argumentaire.

- Atlantis, souffla finalement Marie-Anne.

Je sentis dés lors au plus profond de moi que quelque chose n'allait pas. Je m'approchais du bureau imposant de Kendall surlequel je m'appuyais.

- L'agent municipal a déclaré que le document n'avait pas été modifié mais qu'en revanche il est affilié à un autre document.

Je sentais des picotements au niveau de mes jambes et de mes mains.

- Un document ? Dis-je en essayent de garder de la contenance. Quel document ?

Maria ne répondit pas tout de suite, j'entendais uniquement sa respiration.

- Quel document ? Répétais-je en l'agressant sans le vouloir.

Je respirais difficilement.

- Un-un acte d'adoption, lâcha t'elle finalement d'une voix à peine inaudible.

Ce fut comme un coup dans mon estomac. Je me retins au bureau, et mon téléphone manqua de m'échapper des mains.

Adoption ? Non c'était impossible, mes parents ne m'auraient pas cacher ça ! Pourquoi l'auraient-ils fait ? Et Derreck, était-il au courant ? Est ce que lui aussi avait été ad... non, je refusais d'y croire !

- Tu n'as pas honte d'inventer cette histoire simplement pour servir ta soif de vengeance ! Mes parents sont morts merde ! Est ce que tu te rends compte de ce que tu viens de dire ?

Les larmes montaient, Marie Anne parlait, elle expliquait, s'excusait, mais je n'entendais rien d'autre que le bruit sourd des battements effrénés de mon coeur. J'essayais de calmer ma respiration, pour ne pas suffoquer.

- Cherche ton dossier dans la maison ! Entendis-je soudain sous cette masse d'émotions.

Je mis quelques secondes à réaliser que c'était Marie Anne qui me parlait à l'autre bout du fil.

- Kendall a un dossier sur absolument toutes les personnes qu'elle rencontre, de ses employés à sa famille, à ses soumises. Toutes les personnes qui font de près ou de loin partie de sa vie.

Mes yeux s'écarquillèrent.

- Un dossier ?

Maria soupira fortement.

- Ouais une vrai psychopathe hein, ironisa t'elle.

Ça ne me fit pas rire du tout.

- Attends tu veux dire que cette information est dans le dossier ? Dis-je d'une voix affolée. Et que Kendall sait tout ça depuis le début mais qu'elle ne m'a rien dit ?

Marie Anne déclara avec une voix lasse :

- Bien sûr Atlantis, Kendall sait absolument tout de toi, c'est toi qui ne sait rien d'elle. Si tu veux savoir si ce que je dis est vrai, cherche ton dossier.

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