Chapitre XXV


Je restai figée.

Mes iris s'affolèrent.

Ma respiration s'accéléra, et un étau sembla se resserrer au niveau de ma gorge rendant mon état de stress de plus en plus évident. Mes doigts attrapèrent le bout des manches du pull en laine que je portais sous ma veste, ces petits bouts de tissu devinrent une bouée de sauvetage dans l'océan mouvementé qui se déchaînait en moi.

Je pouvais presque sentir la terre tourner, si vite, que j'en eu le vertige, la nausée.

Mon front me picotait et la concentration avec laquelle Madame Jones m'observait acheva de me rendre presque malade, comme si je ne me retrouvais pas déjà suffisamment dans une situation embarrassante.

Je tentai un furtif coup d'oeil vers Madame Jones, sans pour autant avoir le courage de la regarder franchement. Le visage de Kendall se crispait progressivement, certainement en raison de l'absence de réponse de ma part. En même temps, il y avait de quoi ! Kendall avait cette manie de lâcher des bombes inattendues, me laissant avec un « Débrouille toi ! » Comme si j'étais plus douée qu'elle sur ce plan.

Tu parles.

J'étais en hyper-ventilation, prête à m'étouffer avec l'air pourtant agréablement frais du crépuscule qui pénétrait mes poumons. Aucun de mes membres ne semblaient vouloir coopérer, à croire que Kendall avait prononcé une formule magique qui m'avait pétrifié sur place.

Ma bouche, elle, avait abdiqué depuis longtemps. Elle ne comprenait ni ce que mon corps lui ordonnait, ni mon coeur et encore moins ma raison parfaitement décontenancée.

Penser, réfléchir : bref, tout ce qui se rapportait à un quelconque effort intellectuel à cet instant précis m'était impossible, pourtant j'en ressentais des choses, étrangement : positive, incontestablement : renversante, mais à quoi bon ?

Madame Jones ne mesurait en rien la profondeur de ce qu'elle venait de dire, c'était une femme d'action, qui vivait l'instant présent, elle venait simplement de formuler un désir ponctuel. C'était rassurant je devais l'avouer de savoir qu'elle me désirait encore, si elle l'admettait c'était sans doute qu'il n'y avait personne d'autre.

Ce n'est pas seulement du désir Atlantis... résonna une voix que je n'avais pas entendu depuis un moment.

- Si ! Réprimendais-je intérieurement ce pan deviant de ma conscience.

Kendall ne pouvait rien concevoir d'autre en terme de relation que du désir, de la soumission, j'en étais convaincue et puis son histoire le prouvait bien. J'espérais, ne pas me tromper car il fallait avouer que cette phrase qu'elle avait prononcé ; cette phrase infime et vide de sens - ou du moins interprétable de tellement de manière qu'elle ne signifiait plus vraiment grand chose- avait réveillé une vérité que je refusai d'admettre mais qui venait de me frapper en pleine figure : je commençais visiblement à tomber dans mon propre jeu et il aurait été assez malheureux que je devienne l'arroseur arrosé de l'histoire.

Quoi que quand on y pensait... Je n'étais pas à un malheur près vu la bombe à retardement que j'avais moi-même amorcé.

Je restai là, mes yeux s'accrochant à l'inscription métallique de l'immeuble « 112 » situé en face de celui ou je vivais, espérant que la confidence de madame Jones disparaisse avec les derniers rayons de soleil s'évanouissant peu à peu.

Aller juste un petit miracle, suppliais-je en emprisonnant ma lèvre inférieure entre mes dents.

Il fallait bien que quelque chose me sauve de cette situation puisque Madame Jones ne semblait pas vouloir passer à autre chose tant qu'elle n'aurait pas obtenu de réponse.

Le miracle ne venant pas, je me résignai à essayer de trouver quelque chose d'intelligent à dire en cet instant, je mis donc tant bien que mal ma cervelle en marche, en prenant soin de continuer d'éviter le regard de plus en plus insistant de Madame Jones. Et, par la même occasion en évinçant les consignes de Marie Anne qui m'avait quasiment ordonné de me laisser aller et de rentrer dans ce tourbillon de confusion que Kendall Jones pouvait créer autour de moi.

Alors avec un courage surhumain je plongeai dans le regard ambre de Kendall, je vis ses épaules tendues, s'affaisser : de résignation ?

Un pincement de culpabilité pris place dans ma poitrine.

Dis lui ce que tu ressens !

- Mais je ne sais pas ce que je ressens, alors la ferme ! Rétorquais-je à la petite voix dans ma tête.

Tu le sais parfaitement, tu lui sauterai dessus à l'instant si tu le pouvais !

Rien que pour faire taire cette voix dans ma tête, j'ouvris la bouche sans même savoir ce que mon cerveau allait lui ordonner de formuler. Cependant, la voix que j'entendis ne me sembla pas familière du tout, puisque de toute évidence ce son n'émanait pas de ma bouche, et ni de celle de Kendall qui venait de se renfermer comme une huitre à l'entente de cette voix inconnue.

Je me retournai brusquement.

Infiniment reconnaissante de cette intervention, peu importe qui en était l'auteur.

- Kendall Jones ?! Répéta la jeune brune qui se tenait devant nous. Je - wow- les filles y a Kendall Jones ! Hurla t'elle presque à l'adresse d'un groupe de jeunes femmes marchant un peu plus loin.

Il y avait dans le regard de « ma sauveuse » au style plutôt estudiantin : un mélange de surprise et d'admiration. Ce fut exactement cette même étincelle que l'on pouvait lire dans les yeux de la grappe d'étudiantes qui rappliquèrent rapidement autour de nous telle une horde prête à lancer l'offensive.

Sans répondre Kendall se para de son visage de femme impressionnante, et m'attira doucement vers elle de manière à me placer derrière elle, faisant alors office de « barrière de protection ». Dire qu'elle était sur la défensive était un euphémisme : je ne l'avais jamais vu aussi tendue.

- Oh mon dieu, enchaîna la jeune femme qui l'avait repéré la première d'une voix essoufflée qui traduisait de manière assez flagrante sa nervosité face à Madame Jones. Je suis - enfin- nous, sommes actuellement étudiantes en économie et gestion des entreprises en quatrième année, s'empressa t'elle. J'écris personnellement une thèse concernant l'impact des acquisitions sur la performance des entreprises en pleine croissance et je m'inspire de tous vos travaux, ils sont tellement interessants, innovants, c'est-c'est incroyable parce que vous êtes mon model et je n'en reviens pas de vous avoir en face de moi, s'exclama la jeune femme à une vitesse folle.

Légèrement dépassée et amusée par la situation, j'observais Kendall qui semblait très peu se soucier de cette thèse concernant l'impact des acquisitions sur la performance des entreprises en pleine croissance  de sa « fan ». Au contraire elle était figée comme un roc, ses iris cherchant je ne sais qui- ou quoi du regard dans cette rue quasi déserte.

Madame Jones se tourna finalement légèrement vers moi afin de me souffler quelque chose, cependant elle n'en eut pas le temps car la passante enchaîna de sa voix toujours fiévreuse, prenant Kendall de court.

Je ne pus réprimer le sourire moqueur qui apparut sur mon visage, c'était bien la première fois que j'assistais à ce genre de scène.

- Est ce que vous pourriez s'il vous plait répondre à quelques questions ? Demanda une jeune femme rousse du groupe. Les jurés seraient tellement bluffés que nous ayons pu vous les poser. Evidemment je ne vous demande pas d'interview car je sais que vous êtes surbookée, précisa t'elle comme si elle connaissait l'emploi du temps de Madame Jones par coeur. Et honnêtement je vous admire énormément pour cette capacité que vous avez à gérer tant de...

Sa phrase resta en suspend lorsque ses yeux rencontrèrent les miens et une lueur qui n'augurait rien de bond traversa ses iris bleus. Au même moment d'ailleurs, Kendall jura dans sa barbe, comme si elle avait pu interpréter de manière anticipée ce que la jeune rousse s'apprêtait à faire ou plutôt dire.

- C'est votre petite amie, votre épouse ? S'enquit alors la jeune femme en m'adressant un sourire chaleureux. Vous savez que vous êtes la seule femme d'affaire influente dans la sphère économique du pays qui assume ouvertement sa sexualité, c'est un message tellement fort et...

Je crois que ce fut la phrase de trop car Kendall s'empressa de faire le tour de sa voiture d'une démarche rapide et élégante, tout en m'entrainant derrière elle par le biais de mon bras. Je fus assez impressionnée par son indifférence face aux jeunes femmes qui auraient sans doute tout donner pour lui arracher un mot à cet instant là.

Mais bon, sans ce coté glaçant et mystérieux Kendall Jones ne serait pas Kendall Jones.

- Dans la voiture, m'ordonna t'elle d'ailleurs pour faire honneur à sa réputation, ne me laissant pas vraiment le choix.

J'eus à peine le temps de prendre place dans cette sublime mercedes que je vis trois hommes en costume noir dont Jack - ce dernier me fit d'ailleurs un furtif sourire cordial - accourir dans notre direction. Kendall entra alors rapidement dans la voiture tandis que l'une des étudiantes avait déjà attrapé son téléphone afin de capturer ce moment apparemment à « immortaliser ».

Les pauvres étudiantes furent elles mêmes rapidement encerclées par les hommes de Kendall, j'en reconnus d'ailleurs un de plus à travers les vitres du véhicule : Bobby. Ce dernier était en train d'attraper le téléphone de la jeune femme qui refusait visiblement de supprimer sa ou ses vidéos.

Je n'eus pas le temps d'observer ce spectacle plus longtemps puisque Kendall démarra en trombe le véhicule nous faisant quitter la rue à vive allure, laissant un brouhaha sans nom derrière nous.

Alors que j'attachais ma ceinture je ne pus retenir l'éclat de rire qui s'échappa de ma gorge. J'étais hilare, je n'avais jamais rien vécu d'aussi grotesque!

J'en avais mal au ventre tellement je riais.

Détournant par intermittence son regard de la route, Kendall m'observa avec un regard confus, les sourcils légèrement froncés. Cependant je riais tellement que j'étais incapable de formuler une phrase cohérente afin de répondre à son interrogation visuelle.

- Une thèse, fut les deux seuls mots que je réussis à articuler dans mon hilarité.

Kendall se mit alors à sourire à son tour, ce sourire se transforma rapidement en un rire qui par sa sincérité et sa rareté réchauffa mon coeur.

Je fus ravie de constater que cette péripétie avait balayé d'une traite le malaise de tout à l'heure.

Du moins pour l'instant.

...

Kendall éteignit le moteur.

Toujours amusée par la scène à laquelle je venais d'assister je n'avais même pas vraiment visualiser ou nous nous rendions, mais le trajet fut si bref que je n'eus pas besoin de suivre le fil pour savoir que nous n'étions pas très loin. Ça avait à peine durer trois minutes.

- Je crois que je ne t'ai jamais entendu rire autant, et il a fallut évidemment que ça soit pour te payer ma tête, me fit remarquer Kendall d'un ton léger en ouvrant la portière du côté conducteur.

Dans de derniers petits couinements, je détachais ma ceinture, amusée.

- C'était franchement l'une des scènes les plus marrantes à laquelle j'ai assisté depuis des lustres, pouffais-je. Le fan club de Kendall Jones ! Ajoutais-je assez fort pour qu'elle m'entende lorsqu'elle contourna rapidement la voiture afin de venir m'ouvrir la portière puisque j'étais visiblement trop occupée à rire pour le faire moi même.

Kendall me lança un regard noir lorsqu'elle vint m'ouvrir la portière, cela n'enlevait rien au charme de son acte de galanterie. Je la vis en plus réprimer un sourire un coin.

- Alors moi c'est Atlantis, commençais-je d'une voix aigue qui imitait celle de la jeune femme qui nous avait accosté. J'écris une thèse concernant l'impact des acquisitions sur la performance des entreprises en pleine croissance, déclarais-je avec un faux sérieux qui tira un sourire à Kendall.

Madame Jones s'appuya sur le pan du toit de la voiture alors que je m'en extirpais. En se penchant légèrement vers moi elle m'obligea à me couper dans mon élan. Mon rire se calma alors doucement.

- Tu fais la maligne, m'assura t'elle d'une voix menaçante, un rictus difficilement interprétable sur le visage.

Je relevais doucement les yeux vers elle d'une façon légèrement insolente, je devais l'avouer. Le rictus de Kendall disparut alors, et l'expression de son visage gagna en intensité.

Elle m'intimidait. Pour changer.

Madame Jones pencha alors légèrement sa tête sur le coté afin de capturer mon regard de nouveau fuyant, elle s'humecta les lèvres et ouvrit la bouche pour parler puis la referma aussitôt.

Ce fut étrange de la voir hésiter, comme si elle appréhendait de dire quelque chose et qu'elle s'était finalement rétractée.

Une lueur fugace, qui disparut avant même que je n'eus le temps de l'interpréter, traversa son regard puis elle déclara d'une voix douce :

- Allons-y madame Kayslar, nous avons déjà perdu suffisamment de temps.

Sa voix me fit frissonner et je sentis le haut de mes pommettes s'échauffer, je retins ma respiration face à son regard de brasier.

Elle me détailla longuement, ses iris comme bloquées sur mes lèvres. Comment faisait elle pour avoir un tel effet sur mon corps ? Une douleur délicieuse me tortura le ventre et je fis de mon mieux pour ne rien laisser paraitre, attendant que Kendall mette fin à ce traitre supplice car il suffisait de voir ses yeux rieurs pour savoir qu'elle n'ignorait pas l'effet qu'elle pouvait avoir sur moi.

Après quelques instants, Madame Jones se décida à mettre fin à ce petit jeu sournois, elle tourna les talons et se dirigea vers un ascenseur. Ce qui m'obligea à en faire de même. Mes yeux ne purent d'ailleurs s'empêcher de la...

Oui enfin bon.

Ça n'était pas ma faute ! Elle portait un pantalon dans une matière qui lui collait presque à la peau et qui ne laissait aucun doute quand aux contours de son corps magnifique.

Perverse, me reprochais-je.

- Euh, au fait où est-ce qu'on va ? Lançais-je en accélérant légèrement le pas, totalement embarrassée par mon comportement de perverse.

Kendall tourna brièvement la tête vers ma personne, sans mettre fin à sa marche pour autant. Un sourire narquois prit place sur ses lèvres, je compris alors qu'elle ne comptait pas me répondre.

Quand elle eut le dos tournée afin de dévérouiller l'ascenceur sécurisé, je levais les yeux aux ciels, avant de m'arrêter près de Madame Jones devant l'ascenceur qu'elle venait d'appeler et qui ne tarda pas à arriver.

Prise d'un élan d'enfantillage, je coupai le pas à Kendall et me glissai dans l'ascenseur la première, accusant son regard interloqué. Elle croisa ses mains derrière son dos, le regard insidieux avant de pénétrer l'ascenseur et d'appuyer sur le numéro 1 puis de m'hypnotiser de ses yeux véhéments.

Alors que les portes de l'ascenseur se refermait, je la vis s'approcher de moi, brusquement, sans que mon corps ne se prépare à ce chaos qu'elle provoquait en mon ventre dès qu'elle m'approchait de trop près.

En une seconde je perdis toute ma pseudo-assurance. Les bras ballants et la bouche sèche.

Je me mordis la lèvre. Tentant de refouler toutes cette palette de sensation.

- Tu crois que parce que tu n'es plus ma soumise, tu peux faire la maligne ? Demanda t'elle d'une voix assez rauque pour attiser d'avantage ce feu d'excitation qui grandissait en moi.

Son souffle contre ma peau. Oui, cette simple interactions invisible entre l'air qui venait de quitter ses lèvres et ma peau hypersensible avait suffit à me griller les neurones. Pourtant je luttais avec chaque particule de mon être car il était hors de question que je cède à la tentation, pas après que Kendall m'ait repoussée la dernière fois.

Au plus grand bonheur de ma raison- et au plus grand regret de mes pulsions, l'ascenseur fit un bruit qui indiqua que nous étions arrivées à bon port. En détournant mon regard de Kendall je me dégageais afin de sortir de l'engin, non sans percevoir sur les traits de cette dernière quelque chose qui me sembla être de la déception.

Mais je l'avais sans doute imaginé.

Madame Jones passa une main dans ses cheveux en sortant de l'ascenceur comme pour se détendre car je pouvais voir à cet instant qu'elle semblait nerveuse, et ce n'était pas soudain, je crois qu'elle l'avait été depuis que j'étais descendue la rejoindre un peu plus tôt.

- Est-ce que... Commençai-je à formuler prête à lui demander la raison de sa nervosité. Sentiment que j'avais tendance à penser impossible chez elle.

C'est le lieu que je venais de pénétrer en quittant le monde de l'ascenceur qui avait provoqué ce bug de mon élocution.

Je fronçais les sourcils, confuse et prise de court, je m'attendais à tout sauf à ça.

Devant ma confusion Kendall ria légèrement.

- Tu fais dans la symbolique maintenant ? M'exclamais-je sans pouvoir m'empêcher de réprimer le sourire idiot sur mes lèvres.

Le joli rire de Kendall retentit de nouveau, je l'observais, ça lui allait si bien de rire. Surtout dans cet endroit. Si on m'avait dit il y avait six mois de cela que je me retrouverai dans ce même spa, en visite privée, avec Kendall Jones, je ne l'aurais pas cru.

Madame Jones m'invita à la suivre, et nous traversâmes ce même couloir, passant devant ses mêmes sortes de sas, jusqu'à arriver devant le sas.

Ce fameux sas.

Des frissons me parcoururent le dos à la remémoration de ce jour où nous nous étions rencontrées, tant de choses s'étaient passées entre temps... J'en perdais le fil.

- Je ne sais pas qu'est-ce qui t'as fais croire que je voulais encore un de tes massages. Tentais-je pour la faire parler. Mais je t'assure que cette seule fois était largement suffisante.

Alors que Kendall fit coulisser la porte du sas, un air dédaigneux se dessina sur ses traits fins. Nous avancions vers la fameuse salle de massage elle me nargua, en guise de réponse :

- Les gémissements que vous poussiez vous discréditent madame Kayslar.

Prise de court, je mis une devant ma bouche, les yeux écarquillés, ce qui sembla satisfaire Kendall puisqu'elle haussa les sourcils, victorieuse.

Nous aimions ce petit jeu, je crois même que c'était notre seule manière de communiquer et j'aimais ça.

La défier, appréhender sa réaction, la voir m'encercler petit à petit, et la sentir comme prête à bondir sur sa proie.

Je m'asseyais sur la table matelassée à massage, tandis que Kendall s'appuya contre une surface en bois clair juste derrière elle, les bras croisés et un sourire moqueur sur les lèvres.

Loin de vouloir la laisser s'en tirer aussi facilement j'ajoutais d'un ton faussement nonchalant :

- Pour une gentlewoman je te trouve bien en reste Kendall, persiflais-je. Tu m'as vendu un faux romantisme au bas de l'immeuble tout à l'heure. J'attendais plutôt un diner aux chandelles.

Madame Jones plissa légèrement les yeux, et l'air moqueur qui était quelques instants auparavant sur son visage disparut au profit d'un visage sérieux.

Je déglutis doucement, j'avais dis quelque chose de mal ?

- Un dîner aux chandelles ? Répéta t'elle visiblement dubitative.

J'acquiesçais d'un hochement de tête ne sachant pas vraiment si je faisais bien de me répéter, ce n'était qu'une blague mais Kendall semblait l'avoir pris au premier degré.

- Mais pour des amies ce n'est certainement pas très approprié, hasardais-je pour me sortir de mon embarras.

Lorsque je vis un sourire apparaître sur le visage de la femme qui se trouvait en face de moi, la pression se relâcha.

- Il serait temps que tu saches ce que tu veux Atlantis, affirma t'elle d'une voix neutre.

Mon corps se tendit. Je saisissais parfaitement le fait que sa phrase faisait allusion à tout autre chose que ce dont nous parlions présentement.

- Parce que toi tu sais ce que tu veux peut être ? Rétorquais-je du tac au tac.

Ce n'était pas très loyal comme entourloupette mais c'était de bonne guerre. Madame Jones pinça les lèvres et baissa les yeux.

- Oui, je le sais. Je veux t'offrir un moment de détente et puis si tu ne t'endors pas sur cette table après que mes talents t'aient assommé tu me fera le plaisir de montrer les tiens, reprit-elle d'une voix moqueuse en revenant au sujet de surface.

Je me mis à rire de cette formulation intelligente de Kendall.

Mes rires se stoppèrent rapidement puisque d'un geste gracieux Madame Jones retira son pull gris, dévoilant son haut du corps : parfait et fort-heureusement recouvert d'un débardeur beige.

- Eh ! Je n'ai jamais prétendu avoir des talents de masseuse moi ! Ricanais-je nerveusement.

Elle sourit alors avec malice.

- Je plaisantais Atlantis, il ne s'agit en aucun cas de moi, clarifia t'elle.

Je fis de mon mieux pour ne pas m'attarder sur la manière dont ce débardeur moulant se fondaient en la peau de Madame Jones afin de limiter son effet sur toutes les parcelles de mon corps.

- Tu as besoin de décompresser, déclara Kendall dans un murmure tout en s'avançant vers moi.

Sentir l'espace entre nous se réduire me contraignit à relever le regard, le souffle court.

Concentre toi Atlantis... Me rappela à l'ordre ma conscience.

J'avalai difficilement ma salive avant d'attraper le regard voilé de Kendall, j'y lus une certaine mélancolie, qui disparut en quelques secondes comme un éclair.

- Je ne suis pas très douée de mes mains Kendall, déclarais-je doucement en essayant de reprendre mes esprits. Et je ne crois pas une seule seconde que tu me fasses assez confiance pour me laisser te masser mais pour une fois j'aimerai que tu me laisses m'occuper de toi.

Alors que les seins de Madame Jones - dont je distinguais aisément les tétons sous cette fine couche de tissu- se retrouvaient presque sous mon nez, je réprimandai des envies pour le moins très explicites en remontant mes yeux vers le visage de Kendall.

- Tu te détrompes fortement dans ce cas, m'assura t'elle vivement. Mais ce n'est pas moi qui vient de passer plusieurs jours cauchemardesques.

Je l'observais. Ses grands beaux yeux légèrement en amande, sa bouche rosée au lèvres pleine, son nez fin parfaitement dessiné. Malgré qu'elle semblait plus détendue que d'habitude il y avait un flou sur sur ses traits, comme une douleur enfouie.

Cependant, cette image disparut rapidement de son visage me laissant un doute sur mon interprétation.

Maintenant je ne lisais plus que de l'hésitation sur ce magnifique visage.

Kendall sans me libérer de l'emprise de ses yeux bruns semblait peser le pour et le contre. Un poids pesa alors dans ma poitrine, l'idée qu'elle appréhende autant de se laisser aller à mes soins me blessa quelque peu. Mais j'essayai de le comprendre, elle avait vécu des choses compliquées dont je ne connaissais sans doute même pas la moitié.

Cette pensée me brisa. Je ne voulais absolument pas la bousculer.

- Ken ... Commençais-je d'une voix douce. Faisons ce que tu avais prévu, ce n'est pas grave.

Le visage de Kendall s'illumina de surprise, c'est alors que je réalisai que j'avais employé un surnom, mais cela m'avait parut tellement naturel. Et puis c'était bien plus joli que Kenny à mon goût. J'espérais que ça ne dérangeais pas Kendall, mais je n'en avais pas l'impression vu le petit sourire en coin qu'elle arborait.

A l'aide d'une de ses mains, elle caressa mes cheveux, puis ses doigts redescendirent doucement le long de ma joue, de ma mâchoire, et chavirèrent sur mon coup sensible. Je fermais les yeux, me délectant de ce contact. Mes mains résistèrent tant bien que mal à l'appel du corps de Kendall dont la peau sentait des effluves de fleur d'orange.

Alors que l'hésitation tendait son corps. Kendall retira le fin bout de tissu qui me préservait de la perte de ma raison et de la surexploitation de mes sens.

Je passais une main sur ma nuque, mes yeux tournés vers le sol.

Aller ce n'est qu'une paire de seins Atlantis... tentais-je de me convaincre.

Une paire de sein que tu as déjà vu qui plus est ! Continua cette voix maléfique.

Effectivement ce n'était pas la première fois que je voyais la poitrine de madame Jones nue, mais les autre fois c'était différent, c'était bref et puis la dernière fois ça avait plutôt mal finis. Là je pouvais la contempler. Voir ses seins rebondit nouvellement nus dont les pointes se durcissaient doucement. Son ventre, les courbes de sa taille marquée, cette peau si lisse délicate sur laquelle je me voyais laisser glisser mes mains...

Stop.

- Je ne te demande rien de plus que de lâcher prise, appuyais-je en attrapant ses deux mains dans les miennes et en détachant mon regard de ses seins. Considérons que je te rends la monnaie du parfait massage que tu m'as offert ici il y a six mois.

Madame Jones serra l'étreinte de mes mains dans les siennes, et je vis ses joues rosirent malgré ses muscles toujours crispés.

Le poids dans ma poitrine s'allégea doucement. 

...

Le mercedes de Kendall se gara devant le New Yorker.

Un sourire sur les lèvres je détachai ma ceinture.

Notre petite séance de détente avait été coupé par l'intervention de Derreck. Je n'avais pas soupçonné qu'autant de temps s'était écoulé, j'avais été comme dans un cocon dans cette salle.

J'avais d'abord était inquiète lorsque j'avais lu le nom de mon grand frère s'afficher sur l'écran de mon téléphone, mais j'avais été rassurée lorsque j'avais lu son message qui indiquait que : lorsqu'il s'était réveillé et qu'il avait vu mon mot il avait décidé d'aller marcher pour se promener un peu et puis il avait eu faim et s'était demandé si l'objet de ma sortie était terminée, afin que nous allions diner dans notre restaurant préféré.

A ce moment là je n'avais pas vraiment toute ma lucidité, mais la culpabilité d'avoir abandonné mon frère pour la soirée m'encouragea à lui assurer :

«  J'arrive dans 10 minutes Derreck, commande pour moi : comme d'habitude. Merci, bisous. » avais-je écris.

Ses lunettes sur le nez, Kendall m'adressa un sourire timide tandis que je détachais ma ceinture.

- Vous êtes arrivée à bon port Madame Kayslar, déclara t'elle d'une manière solennelle.

Je souris à l'adresse de Kendall qui coupa le moteur. Les souvenirs de ce moment à la fois doux et intense se dessinèrent doucement en fond de ma rétine.

...

Mes mains, imbibées d'huile chaude parcouraient la peau douce du dos de Kendall. Je m'appliquais comme jamais je ne l'avais fais.

Ce fut très étrange car Kendall se crispait dès que mes mains allaient à la rencontre de son corps, si bien que je crus qu'elle allait me demander d'arrêter.

A chaque soupir de bien être que j'entendais, à chaque petits gémissements (sur lesquelles je me ferai un plaisir de l'embêter plus tard) je sentais ma poitrine gonfler de satisfaction. C'était étrange de voir Kendall allongée ainsi, à ma merci, détendue, ses cheveux légèrement ébouriffés, les commissures de sa bouche légèrement retroussées. J'essayai de me concentrer sur ce que je faisais et non pas ce sur quoi je le faisais. Autant dire que ça me demandait un effort surhumain.

- Est ce que ça te plaît ? Interrogeais-je.

Un gémissement me parvint, je me mis à sourire.

- Je prends ça pour un oui. La taquinais-je sans cesser mes mouvements.

Madame Jones bougea alors très légèrement afin de réajuster le positionnement de sa tête dans le trou prévu à cet effet : certainement afin de pouvoir parler plus facilement.

-  En fait je ne sais pas vraiment, articula t'elle doucement la voix un peu endormie.

Mes mouvements cessèrent alors immédiatement.

Merde.

Cela faisait donc vingt minutes que je m'y prenais mal ?

- Oh je-je suis désolée Kendall, je ne suis pas très douée. Me confondis-je.

Je tentais alors autre chose, des mouvements plus circulaires.

- Tout est si confus Atlantis, articula t'elle doucement.

Je fronçais les sourcils. N'étant pas sûre de comprendre.

- J'aimerai essayer autre chose, continua t'elle.

Légèrement perturbée, je cessai de nouveau mon activité.

- Euh bien sûr, me confondis-je en plaçant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.

Je devenais nerveuse.

Kendall entrepris alors de se retourner sur la table afin de se placer sur le dos. Son visage était légèrement endormie et cela me fit sourire. Ses yeux étaient davantage plissés que d'habitude et ses cheveux -qu'elle avait relevé vers le haut de son crâne en s'installant sur la table de massage- légèrement emmêlés. Elle ressemblait à une fillette qui venait de se réveiller d'une longue nuit de sommeil. Pourtant à aucun moment elle ne s'était complètement détendue pendant que je la massais, au contraire son corps avait semblé se tendre davantage.

- Si tu te mets sur le dos ça risque d'être compliqué Ken, relevais-je. Je sais que je ne suis pas experte en massage mais tout de même, boudais-je sans dissimuler mon irritation.

Kendall quant à elle resta impassible. Allongée, et seulement vêtue de son pantalon noir, les bras le long de son corps, ses sourcils froncés, et son regard visiblement concentrés sur ma personne.

- Parfois tu parais si inaccessible et détachée. Paradoxalement je réalise qu'un rien peut vite t'irriter, déclara Kendall sans répondre à ma précédente réplique.

Je ne pus dissimuler mon étonnement, je ne pensais pas que Kendall me percevait de cette manière et je me demandais pourquoi elle me le confiait à cet instant précis.

- Je ne sais jamais quelles idées te traversent Atlantis. Et ton goût pour l'ironie tourmente mon esprit.

Comme pour m'embarrasser davantage Kendall s'appuya sur les paumes de sa main pour se mettre en position assise, je reculais d'un pas, ma nervosité grandissante.

- Je ne peux plus te soumettre, je ne peux non plus te posséder, je n'ai aucun moyen de te contrôler Atlantis, et ça me contrarie car j'ai le sentiment que tu m'échappes.

Un poids invisible se mit alors à me compresser la poitrine. Je n'étais pas sûre de vouloir entendre ce genre de confidence, car l'idée justement que Kendall me soumette, me contrôle et me possède avait été la source de tous ces problèmes entre nous. Bien qu'elles avaient une dimension particulièrement excitante je ne voulais pas réitérer l'expérience.

- L'idée que quelqu'un d'autre puisse ne serait-ce que vous désirez m'est insupportable Madame Kayslar. Pire encore, l'idée que vous puissiez appartenir à quelqu'un d'autre.

Les yeux sans doute écarquillés, je ne pouvais détacher mes iris de Madame Jones.

- Et alors que je croyais que rien ne pouvait être plus insupportable que ces deux idées, j'ai réalisé qu'il n'y a rien en ce monde de plus insupportable que de devoir vous fréquenter en niant cette exigence constante de vous avoir pour moi, entièrement. Et Dieu sait à quel point cette envie incontrôlée m'irrite, se plaignit-elle.

Les symptômes reprirent aussi tôt : picotements au niveau de ma nuque, bouffés de chaleur, hyperventilation, pétrification... 

- Mes pulsions naturelles me pousseraient à te baiser sur cette table, puis à te demander de nouveau de te soumettre à moi, mais je crois qu'il ne s'agit pas de ce que je souhaite. Et ce n'est plus ce que tu souhaites également.

Tout dépend de sur quelle partie de la phrase on se penche... répondis-je intérieurement.

Je mordillais ma lèvre inférieure afin de ne pas laisser la vague d'électricité qui venait de parcourir mon bas ventre avoir raison de moi.

Kendall haussa un sourcil, la dernière partie de sa phrase était visiblement une interrogation, mais je ne pouvais y répondre par manque de réactivité de mon corps.

Au bout de quelques instants, les épaules de Kendall finirent par s'affaisser et un soupir quitta ses lèvres, elle se leva doucement afin d'aller d'enfiler son débardeur, puis son pull.

Une fois ses vêtements enfilés, elle planta ses yeux dans les miens et je ne saurais dire ce que j'y vu, de l'espoir ? Mais l'espoir de quoi ?

Elle me fixa ainsi durant un long instant, la mâchoire crispée, comme si elle attendait quelque chose. Après quelques instants : elle détourna les yeux.

J'ignorai ce qui ne tournait pas rond chez moi, pourquoi diable ne lui disais-je pas simplement que jamais je ne m'étais sentie aussi bien et en sécurité aux côtés de quelqu'un, que c'était la première fois que j'étais attirée par quelqu'un au point d'en perdre tout sens de raisonnement, au point d'en vouloir plus, constamment.

En fait je ne voulais rien lui dire, pas comme ça, pas alors que j'avais passé un marché avec Marie Anne qui rendait creux tout ce que je disais. Je refusais de voir Kendall tomber dans ce piège, elle était déjà suffisamment tourmentée, les nuages épais qui l'habitaient l'enfonçaient, je le savais.

Je ne pouvais en plus de ça être une épine de plus.

- Bordel Atlantis que va t'il falloir que je te dise pour que tu daignes ouvrir cette bouche ? Me gronda t'elle subitement.

Mes mains se mirent à trembler quand un éclair de détresse traversa son regard.

- Si seulement tu savais comme je regrette Kendall...M'effondrai-je.

Je croyais avoir été assez courageuse pour prononcer cette phrase à voix haute mais au vu du visage désormais glacial de Kendall, je compris que j'étais une fois encore restée stoïque.

- Tu fréquentes quelqu'un d'autre ? Demanda froidement Kendall.

Elle s'élança alors dans ma direction, furieuse, et les yeux assombris.

- Putain Atlantis, réponds moi lorsque je te parle, cria t'elle en face de moi me faisant sursauter. C'est Arya Miller ?

- Non... Commençais-je à plaider la voix faible.

Mais sans même m'entendre Kendall placa sa main autour de mon cou, l'attrapant fermement.

- Atlantis dis moi que personne d'autre ne t'a touché, quémanda t'elle. Regarde moi !

Mes yeux obéirent automatiquement.

A la vue de ses traits déformés par la colère ma seule envie fut de retrouver ce visage impassible et neutre qui était ma référence. Je voulus aussi calmer ses doutes car il n'avait jamais été question que quelqu'un d'autre me touche, pas comme elle le faisait. Et puis il y avait ce feu ardent qui menaçait d'avoir raison de moi si je ne lui offrais pas sa délivrance, alors je fis ce que toutes les forces de l'univers m'ordonnèrent.

Balayant mes réticences d'une traite.

Mes lèvres s'écrasèrent avidement sur celles de Madame Jones qui dans l'instant même agrippa durement mes hanches. Elle m'immobilisa contre elle et sa langue experte reprit ses marques dans cette bouche qu'elle savait si bien posséder. Alors que mon bas ventre explosait, je plaçais mes bras de part et d'autres du cou de Kendall afin de mieux savourer le plaisir que cette étreinte me procurait. Ken me souleva alors d'une traite, et mes jambes virent se positionner autour de son corps.

Bon dieu comme cette fièvre m'avait manqué.

- Comment est il possible d'être aussi bonne et énervante à la fois ? Grogna t'elle contre mon oreille.

À la simple entente de ses mots un gémissement quitta ma bouche.

Kendall avait déceler nos lèvres pour me porter jusqu'à la table de massage sur laquelle elle me déposa avant de positionner une main sur ma nuque et de m'embrasser avec une ardeur qui me liquéfia. 

La passion, la douleur, la peur, ses émotions passèrent de son corps au mien sans intermédiaire. Sans retenu.

La peau de tout mon corps picotait, et je voulais déjà plus, mon bassin se mouvant doucement contre la matière matelassée sur laquelle j'étais assise. Kendall fit alors renverser ma tête en arrière, je gémis et mes jambes s'ouvrirent d'avantage afin de plus la sentir contre moi. Mes bras quittèrent son cou et je laissais mes mains glisser sur son dos jusqu'à atteindre ses fesses, fermes et rebondies. Je sentis Madame Jones se crisper légèrement mais un gémissement rauque lui échappa tout de même.

Ken emprisonna alors la fine peau de mon cou entre des lèvres, la torturant.

C'était douloureux mais terriblement bon.

- Qu'elle idée idiote de faire de toi mon amie, jura t'elle presque contre mon cou meurtris.

Mes gémissement furent la seule réponse qu'elle obtenue.

Une vibration.

Une vibration au niveau de la poche arrière de mon jean : voilà ce qui me fit brusquement ouvrir les yeux.

Je l'ignorai lorsque les mains brûlantes de Kendall électrifièrent une petite parcelle de ma peau en remontant légèrement mon pull.

Mes lèvres attrapaient celles de Madame Jones d'une manière vitale, comme si elles avaient été conçue exclusivement à cet effet.

Sans que je ne m'y attende Kendall mordit ma lèvre, fort.

Une délicieuse douleur s'empara de mon ventre.

Nouvelle vibration.

Je mettais fin à ce baiser passionné en suçotant doucement ma lèvre afin de l'apaiser avant de repousser légèrement Madame Jones qui grogna de frustration en reculant.

Mon coeur qui battait déjà terriblement fort, vu son rythme redoublé quand je vis un appel manqué de mon grand frère, puis un message.

Bon sang, j'espèrerais simplement que tout allait bien.

- Je crois que je vais devoir y aller, m'excusais-je en reprenant quelque peu mes esprits.

Kendall soupira avant d'acquiescer d'un hochement de tête.

...

Je revins à la réalité quand la main de Kendall se posa sur ma cuisse.

- Merci gentlewoman, dis-je malicieusement.

Elle se mordit la lèvre.

Alors que j'aurais simplement pu lui dire au revoir et sortir du véhicule, je suivis mon coeur au lieu de suivre ma raison.

- L'autre jour tu disais craindre les dégâts de « la pente ».. Eh bien je crois que je cherche aussi à... les-les limiter, hésitais-je.

Kendall remonta alors sa main de manière à la positionner derrière l'appui tête du siège passager.

- Je glisse déjà à grande vitesse sur cette pente Atlantis. Avoua-t'elle.

Elle approcha légèrement son visage, faisant accélérer à une vitesse folle les battements de mon coeur.

- Kendall, soufflais-je en déglutissant difficilement.

Ses iris intenses - que je distinguais aisément sous des lunettes de soleil tant nos visages étaient proches- me regardèrent avec tant de douceur que je me détendis.

- Je glisse aussi, admis-je à mon tour, les joues brûlante. Je veux simplement aller doucement et laisser les choses se faire naturellement.

Non ! Ce n'est pas pas ce que j'étais censée dire...

Mais je n'arrivais pas à dire le contraire de ce que je ressentais, pas quand Madame Jones me regardait de ses yeux là.

Je vis le visage de Kendall se détendre et elle esquissa un sourire en coin.

- Le plus naturellement du monde Atlantis, je ne te demande aucun engagement.

Sa main vint alors se positionner délicatement sur ma nuque qu'elle massa doucement et je hochais doucement la tête pour acquiescer.

- Merci, dis-je doucement.

- Merci à toi, répliqua t'elle sans me lâcher des yeux.

Je levais les yeux au ciel. La main de Kendall se ressera sur ma nuque, tiraillant quelques mèches de mes cheveux aux passage. Je ne m'excusais pas pour autant.

-  Je croyais qu'on avait dit qu'on arrêtait de se disputer, nous n'allons quand même pas nous chamailler pour un « merci » bon sang Kendall Jones, soupirais-je.

Madame Jones se mit à sourire légèrement. Elle releva ensuite ses lunettes, exposant son visage au traits détendu, j'aimais la voir ainsi.

J'aimais son sourire stricte malgré elle, et sa manière en cet instant de capturer mes yeux. Elle paraissait si.. paisible désormais, tellement différente du rôle qu'elle s'entêtait à porter. Car c'était désormais parfaitement clair maintenant, lorsque l'on passait un peu de temps avec elle, on ne pouvait que tomber sous le charme de sa personnalité complexe.

Elle provoquait un tressaillement inexpliqué de mon coeur qui me rendait nerveuse. Atrocement nerveuse.

Nous aurions d'ailleurs pu rester là encore de nombreuses minutes sans que je ne le réalise, cependant le Klaxon d'un chauffard qui passait me ramena à la réalité.

- Les dix minutes sont largement dépassées, annonçais-je.

- Alors, tu comptes me présenter à grand frère Derreck ou dois-je le faire moi même, dans les airs ? Me taquina Kendall avec plein de malice.

Je m'étranglais.

- Ce n'est pas drôle, me plaignis-je.

- Je suis si peu recommandable que ça ? S'offusqua Kendall.

Je riai en attrapant doucement son visage entre mes mains et d'une manière certainement maladroite je déposais un chaste baiser sur ses lèvres. Cependant Kendall ne me laissa pas m'échapper, elle m'attira un peu plus vers elle et m'embrassa langoureusement, au point de m'en couper le souffle.

- Tu es certaine que ton grand frère ne peut pas patienter encore un peu ? Murmura t'elle contre mes lèvres. Dans la logique de ma symbolique il y a d'autres souvenirs mouillés que j'aimerai te remémorer...

Des papillons attaquèrent mon bas ventre tandis qu'une série d'images étourdirent mon esprit. Je repoussais gentiment Kendall en grognant de frustration.

- Je te présenterai à mon frère quand tu sauras te tenir Kendall Jones, lançais-je en sortant de la voiture.

Alors que je claquai la portière de la mercedes je la vis rire avant qu'elle ne disparaisse derrière les vitres teintées de sa voiture.

Lorsque j'étais entrée dans le New Yorker j'avais trouvé mon frère, attablé, heureusement nos plats n'étaient pas encore arrivés. Il me fit un énorme sourire avant de m'embrasser le front.

Il semblait reposé, il avait retrouvé sa bonne humeur et son sourire ravageur habituel.

- Dis donc sacré bagnole, un ami t'a déposé ? Demanda t'il curieux, alors que je m'installais sur ma chaise.

Surprise par sa question, je répondis précipitamment :

- Euh, hum, oui... une amie.

Mon grand frère m'ébouriffa les cheveux comme il aimait tant le faire lorsque nous étions petit. Je grognais pour lui montrer ma désapprobation.

- T'aurais du l'inviter !

Je me crispais légèrement.

- Une prochaine fois, peut être, dis-je doucement tandis que le serveur arrivait vers nous. Ah, je meurs de faim, enchaînais-je d'une voix enjouée afin de le détourner de ce sujet.

...

Je suivais Emma d'un pas las entre les rayons des vêtements. Elle en avait déjà une pile dans son panier, le simple fait de savoir qu'elle comptait essayer chacun d'entre eux m'exaspéra.

Je me demandais ce qui m'avait pris d'accepter ce shopping express, sachant qu'Emma était une véritable pile électrique et que ce midi j'étais vraiment épuisée. Je m'étais levée très tôt ce matin pour un baptême laïque sur lequel j'avais travaillé durant plusieurs longs jours. J'avais même décliné un déjeuner avec Kendall puisque je comptais sur ma courte pause pour retourner à l'appartement faire une petite sieste. Mais Emma ne l'avait pas entendu de cette oreille et m'avait trainé dans cette fichue boutique.

« J'aurais sans doute mieux fais d'accepter ton invitation à déjeuner car je me retrouve désormais à jouer les dames de compagnie d'Emma lors de son shopping » écrivis-je à Kendall alors qu'Emma venait de reposer un pull qu'elle avait classé de « grossissant » après l'avoir examiné durant plusieurs minutes.

- Oh putain Lantis, viens voir ce jean ! Imagine le cul qu'il me ferait !

- Hum, hum, répondis-je distraitement en sortant de ma poche : mon téléphone qui venait de vibrer, annonçant l'arrivé d'un nouveau message.

« Quel dommage, en guise de dessert j'aurais pu être la dame à ton service et mes doigts t'auraient tenus compagnie » avais écrit Madame Jones.

Je gloussais, terriblement gênée. Emma me jeta un coup d'oeil curieux, je lui fis mon plus beau sourire. Elle bredouilla quelque chose au sujet de l'amour, des messages, et je ne sais quoi d'autre mais je ne le saisis pas vraiment. Mon amie m'annonça ensuite qu'elle allait essayer sa pile infinie de vêtements. Je lui fis un hochement de tête en guise de réponse.

« Heureusement, j'ai également une invitation pour ce soir », écrivis-je en entrant dans le jeu de Kendall.

J'étais tellement absorbée par mon téléphone que je ne vis pas la femme qui se tenait devant moi, un article en main. Lorsque je la remarquais, c'était déjà trop tard, je la bousculais légèrement.

Heureusement, le choc ne fut pas très violent et je fis simplement tomber le chapeau qu'elle tenait à sa main ainsi que mon téléphone d'ailleurs toujours cassé et que je n'avais pas eu le temps de réparer. Vu à quel point il me servait, comme la situation présente pouvait en attester, il valait sans doute mieux que je le change rapidement.

Pour l'instant je priais juste pour qu'il survive à ce nouveau choc. Car moi je ne pensais pas pouvoir survivre à cette séance de shopping imposé sans Kendall pour me distraire.

- Oh je suis désolée, me confondis-je en me baissant pour ramasser le chapeau de la dame, elle se baissa à son tour afin de me ramasser mon téléphone.

Je ne voyais pas encore bien son visage mais ses traits me semblèrent étrangement familier.

- Ce n'est rien très chère, retentit sa voix sensuelle. Quelle journée, avec cette pluie nous sommes tous à cran.

J'aurais juré avoir déjà entendu cette voix.

Alors qu'elle me tenait mon téléphone, vivant, ce dernier vibra et l'écran s'alluma. Je vis alors la jeune femme jeter un coup d'œil -sans doute de manière inconsciente - à la notification. Elle fronça les sourcils, j'attrapai rapidement mon téléphone.

Sans aucune gêne, la femme releva les yeux vers moi. Ses yeux, cet air, je reconnaissais cette femme j'en étais certaine. Je lui tendis alors son chapeau jaune, me demandant d'ailleurs comment on pouvait acheter un article aussi extravagant.

La pluie certainement, ironisais-je.

Un sourire étrange se dessina sur les lèvres de la jeune femme. Et c'est à cet instant que je la reconnus. En même temps sa tenue- et accessoirement sa beauté- n'auraient pas du laisser place au doute.

- Je me disais bien que ce visage exquis d'ange m'était familier. Déclara t'elle avec un air supérieur. Tu devrais sans doute penser à mettre un nom un peu plus discret, on ne sait jamais entre les mains de qui peuvent tomber un téléphone.

Je lui fis un faux sourire.

- Merci du conseil, je tâcherai de m'en souvenir, on ne sait jamais où se balade les regards indiscrets.

Avec dédain, Raessah croisa ses mains recouvertes de gants.

- Si impétueuse. Je me demande comment Jones a pu songer à faire de toi sa soumise, déclara t'elle doucement.

Je fis me mon mieux pour ne pas laisser mon irritation paraître.

- Comment se déroule votre... Amitié ? Cingla t'elle d'une voix faussement innocente.

Je ne pus cacher ma surprise, Kendall lui en avait parlé ? Pourquoi ?

- Oh, voyons, sweetheart, ta très chère Madame Jones me dit tout ! M'annonça Raessah comme si elle pouvait lire dans mes pensées.

Un rictus déforma mes traits.

- Je ne vois pas en quoi cela te regarde, la vilipendais-je.

L'amie de Kendall leva les yeux au ciel puis elle s'approcha doucement de moi et attrapa mes deux mains qu'elle plaça doucement dans les siennes. Je me crispai.

- Chérie, je suis peut-être maléfique mais je peux t'assurer que je ne suis pas ton ennemie dans cette histoire, me confia t'elle d'une voix douce.

Ce changement soudain de ton me perturba.

- Simplement il faut que tu comprennes que Kendall n'est pas une femme pour toi. Ne te fais pas de faux espoirs et n'essaye pas de la dénaturée, elle est ce qu'elle est et toi tu devrais retourner à ta petite vie tranquille et rencontrer quelqu'un qui saura te combler.

Je retirai brusquement mes mains.

- Oui comme ça, tu auras le champs libre pour te la taper, crachais-je furieuse devant sa condescendance.

Ressah pinca les lèvres en soupirant tristement. 

- Alors là tu fais fausse route mon petit sucre, Jones est un bon coup c'est vrai et je crois que tu peux y concéder mais très peu pour moi cette femme est insupportable et puis je suis une dominante, appuya t'elle. J'imagine que tu comprends que nous sommes naturellement incompatibles.

Ses derniers mots avaient été ponctués d'un sourire crispé. Dieu seul savait à quel point je voulais lui faire avaler son fichu chapeau jaune.

- Je n'aurais pas la force de gérer un nouveau feuilleton ! Je ne sais pas ce que Kendall te vends mais tu n'es pas sans savoir qu'elle a déjà vendu la même chose à une autre femme qui a failli en perdre la raison. Me lança Raessah d'une voix neutre. Et ensuite elle a elle même faillit devenir dingue tant elle regrettait.

Dans notre duel cruel de regard je lançais toute ma colère à Raessah.

- Ce n'est pas sa putain de nature Atlantis, railla Raessah en appuyant sur chaque mots. Kendall fais signer des contrats, soumet, baise, et c'est tout. Si tu ne peux pas faire avec ça, va vivre ton histoire d'amour avec quelqu'un d'autre.

Les yeux légèrement irrités, ma gorge devint sèche.

- Je ne lui ai rien demandé ! Plaidais-je en élevant la voix me souciant peu du regard que certains clients qui passaient nous lancèrent. Kendall est une adulte qui sait parfaitement ce qu'elle fait !

Raessah se rapprocha doucement de moi et attrapa mon visage entre ses mains.

- Je sais, mais Kendall s'accroche à toi uniquement parce que c'est le chaos autour d'elle, et que tu apportes un vent de fraîcheur dans sa vie monotone.

Alors que je luttais pour ne pas laisser les mots de Raessah m'atteindre, je sentis mes yeux s'humidifier.

- Qu'est ce que tu veux ? De l'argent ? Ou tu es un larbin vicieux d'Erika Jones envoyé seulement pour foutre le trouble ?

Je la repoussais brusquement, indignée par ce qu'elle venait de sous entendre. Raessah se retint de justesse à un porte cintres sur pieds.

- Contrairement à toi qui prétends être amie avec Kendall et te soucier de son bien être alors que tu viens m'importuner sans même connaître le fond de cette histoire. Je la fréquente pour ce qu'elle est et si quelque chose ne lui convient pas dans notre relation elle est assez grande pour me le dire par elle même. Je n'en ai que faire de son argent ou de toutes ces choses que tu racontes ! Me déchainais-je. Et je t'interdis de te mêler de ce qu'il se passe dans ma vie !

J'avais hurlé si fort qu'une vendeuse arriva, suivie d'une Emma en panique.

De petites larmes coulèrent sur mes joues.

- Parce que tu te crois différente des autres ? Elle t'a parlé de ses problèmes en ce moment ? De ce que sa mère fait, des partis de sa putain d'entreprises qu'elle perd une à une ! Et Lucie, elle t'a parlé de Lucie ? Hurla Raessah alors que je ne l'écoutai déjà plus.

Je reculais d'un pas ? Quoi ? C'était quoi toutes ces histoires ?

Encore plus perdue que de coutume, je sortis en trombe du magasin, confuse et honteuse après avoir supplier Emma de me laisser seule. Sans même me soucier de ce qui se passait autour de moi, je courus jusqu'aux toilettes du centre commercial ou je laissais tomber mon sac par terre avant d'appuyer frénétiquement sur le robinet afin de faire couler l'eau, cette dernière gicla et trempa mon pull. Je jurai avant de passer le liquide froid sur mon visage en sanglotant.

Ce n'était que le début et cette histoire commençait déjà à s'avérer compliqué.

...

Alors que je venais de sortir de l'ascenseur de chez moi, après être passée au bureau afin de récupérer quelques dossiers que j'avais décidé de travailler à la maison, je sentis mon téléphone vibrer au fond de mon sac, le message qui s'afficha vint de nouveau m'accabler.

« Je sais que tu m'évites mais tu as intérêt à me rappeler au plus vite Atlantis, j'ai du nouveau pour toi et c'est trop sensible pour que nous en parlions à distance. »

Furieuse je tapai :

« Fou moi la paix, je m'en fiche de tes infos Marie Anne, notre deal ne tient plus. Je ne marche plus. »

Alors que je tournais la clé dans la serrure de la porte de l'appartement je reçu un nouveau message. Je jurai en le lisant sur l'écran abimé de mon téléphone.

« Tu n'a pas intérêt à retourner ta veste Atlantis, sinon je raconte tout à Kendall.

Navrée d'en arriver là. »

Quelle chose dans ma poitrine se déchira, ma culpabilité me donna envie de vomir et je sentis le stress m'inonder tel un virus. Sans pouvoir me retenir, je me mis de nouveau à pleurer.

J'entrai chez moi et refermai la porte rapidement avant de m'appuyer sur celle ci et de me laisser glisser doucement contre elle. Il n'était que 15h, mon frère était de sortie avec Darren et Arya avec qui je n'avais toujours pas réglé mes « problèmes » toujours chez ses parents.

Je pouvais me morfondre dans mon lit pour me punir de ma bêtise.

En trainant des pieds, je me dirigeais vers le séjour ou j'appuyai sur l'interrupteur -puisque tous les stores étaient baissés- afin de pouvoir me déplacer sans me casser la figure, j'étais déjà suffisamment amochée comme ça.

Soudain, un hurlement retentit : le mien en l'occurence.

- Bordel de merde Kendall ! Hurlais-je lorsque je la vis assise sur le canapé, un livre à la main et un air faussement concentré. Mais t'es complètement cinglée ! Lançais-je, mes sanglots redoublant en volume tant j'avais été effrayée.

Sans doute choquée par mon état Kendall bondit du canapé afin de venir vers moi, elle entreprit d'essayer de me prendre dans ses bras. Je pouvais lire la confusion sur son visage mais également la colère et l'impuissance.

Je la repoussais violemment sans le vouloir.

- Qu'est ce que tu fais là ? Criais-je. Comment est ce que t'es rentrée chez moi ? L'agressais-je.

- Atlantis, commença Madame Jones la voix calme. J'ai simplement vu que tu avais quitté le bureau plus tôt alors je suis passée, s'expliqua t'elle, je voulais te voir un peu avant ce soir.

Je reculais, m'éloignant d'elle.

- Et comment tu l'as su hein ? Criais-je. Tu n'es qu'une psychopathe !

Kendall, les poings serrées s'approcha tout de même de moi de nouveau, je reculais.

- Atlantis qu'est ce qu'il y a ? Qu'est ce qu'on t'a fais ? Qu'est ce qu'il s'est passé ? M'interrogea t'elle d'une voix tremblante de colère qu'elle essayait tant bien que mal de contenir.

J'essuyai quelques larmes du revers da ma main en reniflant piteusement.

- C'est Raessah.. m'éfffondrais-je. Et...

Je n'eus pas le temps de finir que Kendall se dirigeait déjà vers la porte d'entrée.

- Je vais la tuer, déclara t'elle sans même essayer de comprendre.

- Non ! Gueulais-je.

Je la retenais pas le bras et alors que je n'arrivais pas à l'arrêter je me mis à donner lui donner des coups, sans doute tellement ridicule qu'elle ne les sentit même pas, mais je mis toutes mes faibles forces dans ces coups. Sur ses bras, son dos et maintenant sa poitrine lorsqu'elle se retourna. Elle finit par s'immobiliser devant moi.

- Arrêtes, arrêtes, bêlais-je. Le problème ce n'est pas Raessah, c'est moi, c'est toi Kendall, merde ! Dis-je en la repoussant fortement. Si bien qu'elle se trouva appuyée contre la porte d'entrée. Qui c'est cette Lucie hein ? Encore une fiancée abandonnée ? Et qu'est-ce qu'il se passe dans ton entreprise ? Enchainais-je, la voix déformée par mes pleurs. Qu'est-ce que ta mère trafique, pourquoi tu ne me dis jamais rien ?

Kendall essaya de revenir vers moi mais je la repoussais, elle revint tout de même et serra ses bras autour de moi, j'essayais de la repousser mais son étreinte était trop forte.

- Calme toi Atlantis, murmura t'elle alors que je tapais faiblement des poings pour qu'elle me lâche. Je te promet de tout te raconter si tu te calmes.

- Je ne suis en rien différente des autres tu vas finir par te lasser, me lâcher et je vais tomber dans ton numéro de femme parfaite à la con, être éperdument amoureuse pour finir abandonnée. Sanglotais-je égoïstement.

Au fur et à mesure que je parlais, ma force s'envolait et les coups que je martelais à Kendall ressemblaient davantage à des mouvements de tortues qu'à des mouvements de défense. Mon corps se vidait de toute vitalité et ma tête se fit lourde.

- Je ne t'abandonnerai pas bébé, je ne t'abandonnerai pas, souffla Madame Jones.

Je tremblais face à ses mots qui me calmèrent doucement, mes yeux irrités allèrent à la rencontre des siens, intenses, sincères. Sans me quitter des yeux Kendall glissa ses mains jusqu'en dessous de mes fesses puis elle me souleva, je ne montrais aucun signe de résistance. Au contraire je me laissais complètement faire, passant naturellement mes bras autour de son cou, elle me mena jusqu'à ma chambre, après avoir ouvert la porte, elle me déposa délicatement sur mon lit. Elle s'accroupit ensuite entre mes jambes et passa doucement ses pouces sur mes joues afin d'essuyer les larmes qui les mouillaient encore. Puis elle regroupa mes cheveux vers le haut de mon crâne et les noua en une queue de cheval à l'aide de l'élastique que je portais constamment autour de mon poignet, au cas où.

Je tremblais à chaque frôlement de ses doigts sur ma nuque, mon épaule, mon cuir chevelu.

Après m'avoir demander l'autorisation du regard, elle m'aida à retirer mon pull bleu marine, dévoilant mon soutien gorge beige en dentelle.

Je la vis détourner le regard devant ce nouveau paysage, ses joues virèrent au rose vif. Elle se mordit la lèvre et alors qu'une vague délicieuse d'électricité s'empara de mon corps, je prononçais dans un murmure :

- Fais moi l'amour Kendall.

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