Chapitre XXI


Kendall était bien embarrassée par ce que son avocat venait de lui apprendre. Elle avait fait ses propres estimations après ce que sa mère lui avait annoncé, cependant elle avait sous-estimé la situation et la fourberie de sa mère.

- L'acquisition de ces parts s'est faite de manière illégale, en enclenchant une procédure judiciaire je ferai en sorte qu'elles soient gelées jusqu'à l'instruction, l'informa son avocat.

Kendall, les cheveux tirés en un chignon strict et dans un tailleur blanc parfaitement taillé analysait la situation avec minutie.

- En faisant cela, nous bloquerons la comptabilité de l'entreprise et donc sa gestion, fit elle remarquer à ce dernier.

Assis sur la chaise en face du bureau imposant de madame Jones, il prit un air désolé.

- Je sais bien madame Jones, cependant, c'est le seul moyen que nous avons de garder un contrôle sur la situation et de réguler le cours de ces actions.

Kendall, tendue posa ses coudes sur son bureau, elle était folle de rage, mais comme à son habitude elle ne laissait rien paraître.

- Trouvez une solution maître Lewis, vous avez été engagé pour ça. Vous avez carte blanche, usez de tous les moyens à votre disposition, qu'ils soient moralement condamnable ou non, Erika Jones n'a pas eu de scrupules nous n'en n'auront pas non plus.

Ce dernier incommodé, passa une main dans ses cheveux bruns parfaitement coiffés. Il nota quelque chose sur son carnet.

- Bien, je vais faire mon maximum, finit il par céder.

Kendall ne comptait pas laisser sa mère s'en tiré aussi facilement. Elle avait certes eu un moment de faiblesse, après toutes ces années elle n'avait pas imaginé qu'il serait possible après qu'une simple discussion avec sa mère l'affecte autant, mais elle s'était rapidement ressaisie.

Légèrement incertain par ce qu'il s'apprêtait à demander, Maître Lewis observa Kendall Jones qui avait le regard ancré sur l'écran de son IMAC, elle tapait frénétiquement sur le clavier. Il travaillait pour elle depuis suffisamment longtemps pour comprendre qu'elle se consolait dans son travail.

- Et concernant.. Maitre Lewis hésita légèrement avant de finir sa phrase puisque Kendall ne le regardait pas et qu'elle était bien trop absorbée par ce qu'elle faisait.

Lorsque la femme releva ses yeux froids vers lui, il reprit :

- Concernant votre dernier contrat, reprit-il. S'il n'y a aucune rétractation, je ferai envoyer un recommandé à madame Kayslar pour l'informer de la rupture.

Madame Jones fixait son avocat, un sourcil haussé, une main sur la souris de son ordinateur.

- Une rétractation ? Répéta t'elle de sa voix froide et professionnelle davantage pour s'interroger elle que même que pour interroger son interlocuteur.

Après une très brève période de réflexion, Kendall redirigea son attention vers son écran.

- Il n'y aucune rétractation, trancha Kendall et l'envoi du courrier n'est pas nécessaire, je me chargerai de lui transmettre.

Maitre Lewis acquiesça et tendit une enveloppe à Kendall.

- Voici le courrier Madame Jones, il faudra le signer.

Kendall hocha machinalement la tête, toujours plongée dans l'élaboration du programme de son séminaire à venir.

...

J'entrais dans mon bureau en claquant la porte sans le vouloir, Amy dans mes pattes.

- Atlantis, il faut vraiment que vous rappeliez monsieur Bower et aussi les Santos qui ont appelé une dizaine de fois hier, mais surtout en urgence appe..

- Amy, soufflais-je en m'affalant sur la chaise de mon bureau, est ce que je peux avoir cinq minutes s'il vous plaît ? Demandais-je en pinçant l'arrête de mon nez.

Amy arrêta net sa phrase et me regarda avec attention.

- Oui, bien sûr, je vous laisse, appelez moi quand vous serez prête, je reviendrai avec un thé ça peut toujours faire du bien.

Je la remerciais, et elle s'éclipsa doucement.

Je soupirais grossièrement, je n'arrivais pas à croire qu'Arya était en train de se taper cette... Fille avec son accent latino exagéré, sur notre canapé ! Celui qu'on avait mis deux semaines à choisir, car on voulait un modèle unique et simple, mais à la fois charismatique. Je n'allais même plus pouvoir m'asseoir dessus en ayant la paix maintenant.

Avec l'énorme chambre d'Arya, elles n'avaient pas pu trouvé leur bonheur ? J'hallucinais et j'étais remontée. Oui, j'étais remontée parce que je n'avais aucune envie d'assister à ce genre de scène, c'était vraiment le comble ! Et avec ça elle avait osé m'envoyer un message pour me reprocher pour ne pas l'informer de mes plans alors qu'elle-même avait dû être ravie de ne pas m'avoir vu rentrer !

J'arrangeai mon bureau et jetai les dossiers qui avaient été posés dessus par Amy pour tenter de me calmer. J'avais pourtant eu le sentiment que j'allais passer une agréable journée, mais il fallait croire que je ne supportais plus de voir ma propre meilleure amie. J'eus à peine le temps d'allumer mon ordinateur qu'on toqua à la porte.

J'espérais que ce n'était pas Dylan ou encore Amy parce que j'allais finir par balancer quelque chose sur quelqu'un.

Avant que je n'eus le temps de donner l'autorisation à la personne derrière la porte d'entrer, cette dernière était déjà ouverte.

- Je ne peux peux même pas souffler cinq minutes ! M'énervais-je en me bondissant de ma chaise.

Je vis alors le visage magnifique mais insupportable de Marie Anne surgir.

- Oh.. S'inquiéta t'elle devant mon expression sans doute très explicite, elle s'arrêta net au pas de la porte.

Amy arriva calmement derrière elle, le visage surprit, il était rare que je m'emporte comme ça, je n'étais pas du genre à avoir le sang chaud.

Elle vint vers moi :

- Désolée, elle est passée tellement vite devant le secrétariat que je n'ai pas eu le temps de vous l'annoncer. J'appelle la sécurité ? Me chuchota discrètement Amy.

Marie-Anne, qui se tenait juste derrière, me fit un grand sourire. Elle tenait dans ses mains deux mug Starbucks, elle en tendit un vers moi. Elle m'agaçait à toujours être aussi gentille et agréable. C'était difficile de croire que cette adorable femme pouvait souhaiter du mal à qui que se soit.

- Non, non ça va Amy, c'est rien, nous sommes... Amies. Et je crois que pour le thé elle vous a devancé. Répondis-je tout bas.

Ma secrétaire me fit un léger sourire avant de s'éclipser.

- Désolée, se confondit Marie-Anne sincèrement. Je pensais avoir un genre de pass VIP qui me permettait de rentrer dans ton bureau !

Je levais les yeux au ciel en attrapant le mug Starbucks qu'elle me tendait.

- Arrête avec cette mine abattue, je vais finir par croire que c'est à cause de moi ! S'exclama t'elle.

La blonde déposa un sac que je savais hors de prix car il était le modèle phare d'une grande maison de couture cette saison, avant d'elle-même prendre place sur la chaise réservée à mes clients, en face de mon bureau. J'avais remarqué que Marie-Anne ne faisait pas vraiment dans la pudeur et cela m'étonnait franchement, même en ayant fréquenté Kendall seulement quelques semaines ce coté d'elle avait déteint sur moi. Alors pour Marie-Anne qui l'avait fréquenté deux ans, je m'attendais à des tenues plus pudiques..

Je dus relever mon regard avant que Maria ne croit que c'était le contenu de cette robe grise, légèrement transparente et incroyablement décolletée qui retenait mon attention. Parce qu'à cet instant, je ne pensais à rien d'autre qu'à ce que Madame Jones m'aurait fait si j'avais osé sortir habillée de cette manière. Ces pensées provoquèrent une vibration dans mon bas-ventre.

- Comment va Kendall ? M'interrogea Marie-Anne, me sortant de mes pensées pleine de luxures.

Je pris place dans mon bureau en retirant le couvercle du mug que la jeune femme m'avait apporté, libérant une fumée à forte odeur de menthe.

- Comment tu as su pour le thé ? Demandais-je intriguée.

Elle m'offrit un sourire malicieux.

- J'ai lu ton dossier, répondit t'elle doucement comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.

Je fronçais les sourcils, me demandant de quoi elle parlait. Marie-Anne commença doucement à boire sa boisson.

- Je plaisante, s'expliqua t'elle avec un léger sourire. Tout le monde aime le thé à la menthe, ajouta t'elle en haussant les épaules.

Je me contentai d'acquiescer.

- Ce sont les documents que je t'ai envoyé qui te rendent aussi raide ?

Je fis un lent « non » de la tête, en appréhendant désormais d'en découvrir le contenu.

- Alors quoi, l'état de Kendall ne s'est pas amélioré ? Demanda Marie-Anne avant de croquer dans une pomme qu'elle sortit de son chic sac à main.

Un rictus apparut sur mon visage, décidément, elle n'allait pas lâcher l'affaire.

- Madame Jones va très bien, soupirais-je en entreprenant d'allumer mon ordinateur portable.

Il allait bien falloir que j'affronte ces choses que Marie-Anne avait découvert, cela n'arrangeait pas vraiment à ma nervosité de ce matin. Je n'étais pas certaine que c'était le bon moment pour moi de déterrer cette histoire mais je ne pouvais pas admettre devant Marie-Anne que j'avais tellement passé de temps à prendre du bon temps avec son ex fiancée que j'en avais oublié tout ce qu'il y avait autour de moi.

Marie-Anne leva les yeux au ciel.

- Madame Jones, répéta t'elle sans cacher son exaspération. C'est tellement protocolaire !

Je l'ignorai en entrant les identifiants qui me permettaient d'avoir accès à la messagerie où Maria m'avait transmis les informations. Les documents prirent quelques instants à charger, me faisant tapoter le bois de mon bureau du bout des doigts.

- Alors qu'est-ce que tu en penses, est ce que tu as des questions ? Continua Marie-Anne que je ne regardais pas, fixant l'écran devant moi en retenant mon souffle.

Lorsque les documents chargèrent, je fus presque déçue, il y en avait deux : un que j'avais vu des centaines de fois, mon extrait de naissance et un second qui n'était rien d'autre que l'extrait de naissance de Marie-Anne. Je fixai longuement l'écran, mis à part pour m'annoncer que nous étions des sœurs jumelles imaginaires, je ne voyais pas vraiment où la Française voulait en venir.

- Je dois t'avouer que je n'y ai pas compris grand chose, dus-je mentir. J'attendais que l'on se voit pour que tu m'expliques.

Marie-Anne, comme si elle n'attendait que ça bondit de sa chaise et vint se tenir près de ma chaise, la tête au-dessus de mon épaule. Ses cheveux avaient une odeur légèrement sucrée et épicée.

- Je peux ? Demanda t'elle doucement en plaçant sa main au-dessus de la souris de mon ordi.

Je la laissais faire, elle ouvrit deux onglets, l'un avec son extrait de naissance et l'autre avec le sien, elle les mit côte à côte.

- Regarde bien les documents, tu ne vois rien d'anormal ? Demanda doucement Marie-Anne, toujours derrière moi.

Malgré tout l'effort de concentration que je fis pour tenter de remarquer quoi que se soit sur les documents, je ne remarquai rien. Je répondis négativement d'un hochement de tête.

- Tu ne vois vraiment rien ? Insista la jeune française. En même temps, c'est compréhensible, c'est tellement subtil qu'il faut vraiment être particulièrement attentif pour s'en rendre compte.

Mon ventre se noua davantage, j'appréhendai de plus en plus ce que Marie-Anne avait à me montrer.

- Bon, aller, accouche ! M'emportais-je un peu.

Marie-Anne fit un zoom sur une partie de mon extrait de naissance, puis pointa alors l'écran du doigts, dirigeant mon regard vers l'inscription « Délivrée par l'Etat civil de Camberra... », et vers l'inscription de la date vers mon nom. Je déglutis difficilement.

- C'est presque invisible, mais si on est attentif et qu'on s'y connaît un minimum, on voit qu'il y a un changement de texture du document.

Sur cette fin de phrase, elle alluma la torche de son téléphone avant de la pointer l'écran.

- Et si on y met une lumière blanche, on peut clairement voir que sur ces zones qu'il y a un changement de support. Comme si des morceaux d'un autre document avaient été superposés d'une manière presque invisible sur un autre, m'expliqua t'elle. Si tu examine mon extrait à coté tu verras qu'il n'y a aucune irrégularité pourtant ils sont faits du même papier.

Je fronçais les sourcils en examinant les documents que j'avais en face de moi, mon cœur battant de plus en plus fort.

- Est-ce que ça voudrait dire que mon extrait de naissance a...

- A été modifié, concluat Marie Anne avant moi.

Je me retournais vers elle, les yeux écarquillés.

- Enfin, pour l'instant, ce n'est qu'une piste, mais l'expert qui a examiné les documents est formel, il y a 80 % de chance que ce document ait été manipulé. C'est indétectable physiquement, ce n'est visible qu'en version numérique. En tout cas la personne qui a fait ça est particulièrement douée.

Je ne comprenais rien, je faisais de mon mieux pour dissimuler mon choc et refouler les tonnes de questions qui commençaient à tourbillonner en moi. Marie-Anne posa sa main sur mon épaule comme si elle l'avait senti.

- Et les 20 % restant ? Demandais-je d'une voix faible.

Elle fit le tour et reprit place sur sa chaise.

- Une simple altération du document.

Je pris une profonde expiration.

- Qu'est-qu est ce que ça voudrait dire ? Bégayais-je en fermant un peu trop brutalement mon MacBook Pro.

Marie-Anne me regarda tendrement, tandis que mes yeux commencèrent à me brûler.

- Ma belle, je ne pense pas que se soit une bonne idée de parler de ça maintenant.

Je détournais mon regard et levai mes yeux humides au ciel en croisant les bras.

- Je n'y crois pas ! Pestais-je. Tu me balances tout ça et tu refuses de rentrer dans le vif du sujet !

Marie-Anne pinça les lèvres.

- Je sais que c'est compliqué pour toi et que tu as plein de questions en tête, mais il vaut mieux ne pas s'avancer trop vite avec des suppositions, dit elle doucement avec son éternel regard compréhensif qui m'étonnait toujours autant. Tu devrais essayer de discuter avec ton frère, il est peut-être au courant de quelque chose.

Bien que je mourrais d'envie de hurler qu'il ne servait à rien de repousser l'inévitable, je savais qu'elle avait raison. Il fallait attendre d'en savoir plus pour parler de quoi que se soit. Je tentai de reprendre mon calme en silence.

- Tu n'avais pas regardé ce que je t'avais envoyé hein ? Demanda subitement Marie-Anne.

Je sentis mes joues chauffées, je ne pris pas la peine de répondre.

- Tu peux prendre ton pied autant que tu veux, mais tu ne dois pas...

Je me relevais brusquement de ma chaise et me dirigeais vers la porte de mon bureau.

- Ne pas prendre goût au jeu, jurais je presque en ouvrant la porte de mon bureau. Fais ce que tu as à faire et je le ferai de mon côté, maintenant, j'ai besoin d'être seule s'il te plaît.

- Ne sois pas naïve, commença t'elle à ma hauteur en me regardant droit dans les yeux. Elle ne ressent rien. Pour personne. Souffla t'elle.

Je claquais la porte derrière elle.

...

Arya fut surprise de trouver sa mère assise sur un transat d'intérieur, un magazine à la main en pleine journée, un jour de semaine. Elle n'avait pas l'habitude de voir sa mère presque hypéractive ne rien faire. Cette dame trouvait toujours un moyen de trouver quelque chose à faire pour essayer de rendre le monde meilleur. Arya bien qu'elle se refusait catégoriquement de le dire à sa mère en raison de leur relation faussement épineuse, l'admirait énormément pour ça.

- Quand tu n'embêtes plus les plantes, tu t'acharnes sur ces pauvres magazines, l'embêta Arya en pénétrant le séjour.

La jeune femme portait des lunettes de soleil afin de cacher ses cernes dus au fait qu'elle s'était attirée les foudres de Lucia qui l'avait insulté de toutes les insultes existantes dans la langue espagnol après le départ d'Atlantis car elle avait tenté de rattraper cette dernière. Après ça et surtout après le regard noir que lui avais lancé sa meilleure amie elle n'avait pas réussi à trouver le sommeil, elle n'avait pas non plus réussis à retenir ses larmes. C'est pour cette raison qu'elle s'était rendue chez elle, lorsqu'elle avait un chagrin, elle ressentait le besoin d'en parler à son père, il la comprenait toujours.

- Oh, s'exlacma Naïra, voilà ma fille chérie qui daigne enfin rendre une petite visite à sa pauvre mère, l'embêta t'elle.

Arya leva les yeux au ciel, un sourire malicieux sur les lèvres. Elle vint embrasser sa mère sur la joue, sans retirer ses lunettes de soleil.

- Tu as déjà petit déjeuner ? Demanda Naïra en observant rapidement sa fille. Tu veux que Linda te serve quelque chose ?

Naïra remarqua que sa fille ne portait qu'un simple jean et un pull gris, sans aucun bijou, ses cheveux attachés en un chignon approximatif, ce n'était pas le genre d'Arya de sortir en étant si peu apprêtée.

- Non ça va, je n'ai pas faim, se dépêcha de répondre Arya. Papa est dans son bureau ? J'ai besoin de lui parler.

Naïra, sans quitter son magazine des yeux, répondit négativement en hochant la tête.

- Il est partit très tôt ce matin et il ne rentre que très tard ce soir.

Arya souffla, frustrée, elle alla dans la cuisine pour se servir un jus de fruits à boire, elle allait avoir besoin de beaucoup de sucre aujourd'hui pour tenir cette journée.

- Je vais y aller maman, déclara t'elle en revenant dans la salle de séjour. Je repasserai demain.

Naïra referma le magazine qu'elle tenait et elle tapota le transat, indiquant à sa fille de venir s'asseoir près d'elle.

- Je sais que tu as toujours préféré parler à ton père plutôt qu'à moi, mais si quelque chose ne va pas, tu peux toujours m'en parler chérie.

Arya regarda sa mère avec hésitation.

- Ce n'est pas contre toi maman, mais c'est juste que..

Sa mère lui embrassa le front.

- Ne te sens pas obliger de te confier à moi Ary, mais si tu veux le faire, je suis là.

À ce moment là Arya eut l'impression que tout le poids de son chagrin s'effondrait sur elle. Elle avait besoin d'en parler cela faisait bien trop longtemps qu'elle gardait tout cela pour elle, et puis bien qu'elle ne se confiait pas souvent à sa mère, elle savait que cette dernière était à l'écoute et compréhensive.

- Maman, je, hésita Arya. C'est Atlantis.

La mère d'Arya se mit à sourire, elle se demandait quand est ce que sa fille allait se rendre compte de ce dont elle s'était rendue compte depuis des années. Elle caressa le dos de sa fille, pour la mettre à l'aise et l'encourager à continuer.

- C'est compliqué, soupira Arya en retirant ses lunettes de soleil, dévoilant ses yeux injectées de sang. Je ne comprends plus rien à ce que je ressens. Et j'ai l'impression de ne plus la connaître et de la comprendre.

Il y eut un long silence.

- Depuis que tu as mis les pieds en Australie au lycée lors de cet échange qui n'était supposé durer qu'une année, tu n'as pas voulu quitter ce pays et c'était en grosse partie en raison du fait que tu ne voulais pas être séparée de ta nouvelle amie. Même lorsqu'il a fallu aller à la fac, tu as fait en sorte d'attirer Lantis à New York, dit la maman d'Arya presqu'avec nostalgie. S'il y a bien une personne qui connaît Atlantis et qui la comprend, c'est toi Arya, vous avez partagé tous les moments importants de votre vie ensemble. Elle est ta meilleure amie, peu importe ce qu'il se passe, ce que tu ressens, rien ne pourra vous enlever ça.

Arya se mit à sourire lorsqu'elle se remémora de tous les moments qu'elle et Atlantis avaient partagé.

- Nous nous sommes presque embrassées et depuis, je n'arrive pas à refouler cette envie de..

Arya laissa sa phrase en suspend, se souvenant de qui était son interlocutrice.

- Je suis en train de mettre en péril notre amitié pour une histoire d'hormones.

Naïra caressa délicatement le dos de sa fille.

- Es-tu certaine qu'il ne s'agit que de sexe Arya ? Demanda sa mère sans passer par quatre-chemins. Parce que s'il ne s'agit que de ça, votre amitié vaut bien plus que ça, mais s'il s'agit d'autre chose..

La gorge sèche, Arya voulut ajouter quelque chose mais elle n'y parvint, elle se blottit dans les bras de sa mère qui la berça doucement.

- Il y a quelqu'un d'autre maman, je crois qu'elle aime quelqu'un d'autre, finit elle par lâcher la gorge nouée.

...

« Je regrette ton lit, le mien parait bien inconfortable maintenant. »

Je ne savais même pas vraiment pourquoi j'avais envoyé ce message à Kendall, c'était certes vrai, mais en réalité si je lui avais envoyé ce message, c'était uniquement parce qu'aussi étonnant que cela pouvait paraître, j'avais ressentis le besoin de lui parler, sans avoir quelque chose de particulier à lui dire. Après avoir réglé une dizaine de dossiers au travail et avoir passé la journée à passer des coups de fil, j'étais épuisée et j'avais besoin de quelque chose de réconfortant et il s'avérait que Kendall était la seule « chose » qui semblait aller bien dans ma vie ces derniers jours. Qui l'aurait cru ?

Mon frère était sortit je ne sais ou, il m'avait simplement indiquer qu'il rentrerait le lendemain, il semblait préoccupé ou alors il m'en voulait, je n'en savais rien, j'avais l'impression de ne pas l'avoir vu depuis des mois et Arya..

Mon ventre se noua rien qu'en pensant à elle, mon téléphone vibra à cet instant sauvant mon cœur de ce serrement qu'il le prenait ces derniers temps dès que je pensais à elle.

Je me dépêchais de m'essuyer le corps et d'enfiler mon pyjama afin de répondre au plus vite au message que je venais de recevoir.

« Est ce seulement mon lit que tu regrettes ? »

Je ne pus m'empêcher de sourire.

« J'avoue que ta salle de bain n'est pas mal non plus ».

Rien que le fait d'imaginer le sourire joueur de Kendall en lisant mes messages me satisfaisait, j'avais le sentiment de la découvrir sous un tout nouvel angle, comme si la personne que j'avais fréquenté avant n'était que son fantôme maléfique et que la, je voyais l'authentique Kendall Jones.

J'attendis quelques minutes, mais aucune réponse ne vint, j'avais oublié que je parlais à une femme qui dirigeait un empire, elle avait tout sauf le temps de textoter.

Je lâchais finalement mon téléphone afin de me préparer un repas, je n'avais rien mangé de la journée et je commençais à en ressentir les effets. Je dois avouer que j'étais légèrement déçue, mais je ne sais pas à quoi je m'attendais. Kendall ne me devait rien.

Je mis du Billie Holiday en fond pour accompagner ma soirée qui s'annonçait bien calme et solitaire.

Alors que je venais de découper une courgette en rondelle je reçu un appel. Je me dépêchai de courir jusqu'à ma chambre ou j'avais laissé mon téléphone pensant qu'il pouvait s'agir de Derreck, ou plutôt de Kendall..

Mais penser cela était bien trop naïf de ma part, il ne s'agissait de personne d'autre que Marie-Anne le Bourgeois. Je laissai sonner, sans surprise elle m'envoya un message juste après.

« Je dois envoyer quelqu'un en Australie pour creuser cette histoire, arrange toi pour me transmettre les clés de chez tes parents d'ici jeudi.

Quand revois-tu Kendall ? Le plus rapidement serait le mieux, il faut accélérer les choses »

Je me retins de balancer mon téléphone et choisis judicieusement de le mettre sur silencieux avant de l'enfouir au fond de mon sac à main.

Tellement remontée, je ne fis pas attention en sortant de ma chambre et je heurtais quelque chose ou plutôt quelqu'un.

- P-pardon je ne t'ai pas entendu entrer, m'excusais-je, je relevais timidement le regard vers ma meilleure amie.

Arya ne portait rien d'autre qu'une brassière noire et un leggings moulant, dévoilant sa peau bronzée et son corps sculpté. Contrairement à moi, elle était sportive et cela se voyait. Sa peau brillait et ses cheveux étaient trempés, elle était sûrement partie courir. La vision de ce sublime corps bronzé était particulièrement déstabilisante, une bouffée de chaleur m'envahit alors.

Je déglutis difficilement, en tentant de détourner mon regard. Arya, quant à elle, avait ses yeux azur ancrés sur moi, cette intensité m'intimida davantage.

- Je suis désolée pour ce matin, dit elle doucement.

- Non, m'empressais-je. C'est ton appartement Arya c'est à moi de, enfin...Ce ne sont pas mes affaires.

Elle acquiesça d'un hochement de tête en pinçant les lèvres. Je lui fis un léger sourire, gênée, avant de tenter de la contourner pour rejoindre la cuisine. Mais le bras de ma meilleure amie me retint par la taille.

- Attends Atlantis, souffla t'elle contre mon oreille d'une voix presque inaudible.

Je relevais doucement mon regard vers le sien et à la vue de son regard tendre des frissons me prirent. Elle plaça une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, je fermais les yeux, ne contrôlant plus la situation.

- Qu'est ce qui nous arrive en ce moment ? Murmurais-je alors que mes yeux s'attardèrent sur ses lèvres pulpeuses.

Je fermais les yeux pour réprimer cette pulsion grandissante et dangereuse.

Mais alors qu'elle s'apprêtait à répondre mes lèvres se plaquèrent sur les siennes, d'abord Arya se figea, mais rapidement son bras se fit plus dur sur ma taille et ses lèvres s'entrouvrirent légèrement, me laissant profiter de leur douceur envoutante. Ma langue se fraya doucement un chemin jusqu'à la sienne, jamais on ne m'avait embrassé de cette manière, si tendre et fiévreuse à la fois. Alors qu'une de mes mains se plaça contre les cheveux humides d'Arya afin d'approfondir notre baiser, elle me plaqua fougueusement contre le mur, comme si un désir qu'elle avait réprimandé durant une éternité jaillissait enfin. Son corps brûlant se plaqua contre le mien. Quand ses lèvres quittèrent les miennes pour emprisonner la peau de mon cou, un gémissement aigue m'échappa. Mon corps s'enflamma, je fermais les yeux pour savourer cette sensation.

J'entendis alors un bruit lointain, je pris quelques instants à comprendre que quelqu'un frappait à la porte. J'ouvris les yeux, ma meilleure amie se tenait devant moi, les sourcils froncés.

- Ça va Lantis ? C'est la cinquième fois que je t'appelle.

Je pris quelques secondes avant de retrouver mes esprits, j'avais extrêmement chaud mais j'étais surtout extrêmement honteuse. Je n'arrivais pas à croire que je venais d'imaginer toute cette scène, comment mes pensées avaient-elles pu autant déraper ?

- Oui ça va, me précipitais-je. Je vais ouvrir va te doucher, je lui tournais rapidement le dos pour m'empresser d'aller ouvrir.

Je pris une profonde inspiration afin de revenir à moi même, j'aurais sans doute du regarder qui c'était dans le hublot, cela aurait évité à mon cœur de presque rater un battement.

Kendall en chair et en os, dans un tailleur noir parfaitement coupé.

- Bonsoir Atlantis, dit elle la voix mesurée.

Sa beauté avait de quoi faire défaillir même une statue.

- Bonsoir Madame Jones, répondis-je malgré le souffle qui commençait à me manquer.

Elle m'observa longuement.

- Atlantis, appela t'elle après de longues secondes à nous observer. Selon mes informations Derreck n'est pas ici alors je crois que tu peux continuer à me dévorer du regard tout en m'invitant à entrer.

En rougissant, je l'invitais maladroitement à entrer, je fus soulagée de constater que ma meilleure amie était entrée dans sa chambre et que la porte de celle-ci était fermée, je n'étais pas vraiment prête à assister à une confrontation entre Arya et Kendall. Pas ce soir, pas après ce qu'il venait de passer enfin du moins ce qu'il c'était passé dans ma tête.

- Tu aurais au moins pu venir avec ton lit, lançais-je une fois mes esprits retrouvés.

Kendall me fit un sourire, celui que je connaissais, son sourire strict de dominante.

- J'ai encore mieux, déclara t'elle en me tendant une enveloppe qu'elle sortit du pan intérieur de la veste de son tailleur.

Je l'ouvris sans hésitation, il s'agissait de la lettre de rupture de notre contrat, je dévisageais Kendall en tenant le papier dans mes mains tremblantes.

- Alors il faut que je signe pour que..

- Le contrat est déjà rompu, me coupa t'elle. Ta signature n'est indispensable que pour m'assurer que les clauses de confidentialité seront respectées et que nous mettons fin à ce contrat en de bons termes, sans aucun litige.

Je hochais doucment la tête pour acquiecser.

- Et qu'est ce que ça fait de nous ? Demandais-je d'une voix légèrement provocatrice. Parce que tu n'es pas venue jusqu'ici juste pour me transmettre ce papier, tu aurais pu envoyer Jack.

Un rictus passa son visage et elle s'approcha de moi, me surplombant.

- J'ai coutume d'être courtoise avec mes amies, souffla t'elle à mon oreille me faisaient frissonner.

Amies ? C'est ce que nous étions maintenant ? Je ne sais pas si je devais me sentir vexer ou au contraire me réjouir de faire partie de ce carré très restreint, mais une chose était certaine ce mot dit de cette manière dans la bouche de Kendall n'avais pas le sens que je lui connaissais.

- Alors maintenant que nous sommes amies, tu devrais sans douter envisager de rester, lui susurrai-je tendis que je vis son corps se tendre et ses yeux se planter dans les miens avec envie.

...

Cela faisait bizarre d'avoir Kendall dans ma chambre, en débardeur, avec son pantalon de tailleur qui mettait indécemment le bas de son corps en avant.

Elle était assise sur mon lit depuis un instant, passant une tonne de coup de fil, je me demandais comment elle faisait pour mener cette vie si stressante tout en gardant un tel sang froid.

Cependant en parlant au téléphone elle semblait tendue, j'avais l'impression que quelque chose n'allait pas, mais je ne pouvais le lui demander. Je l'avais laissé dans la chambre et j'avais fermé la porte derrière moi. Pendant que je dressais la table, Arya sortit de sa chambre en tenue de soirée, elle ne me posa pas de question sur mon invité même si je savais qu'elle n'était pas sans savoir de qui il s'agissait et elle m'informa qu'elle sortait avec une « amie », je ne posais pas plus de questions non plus, j'étais soulagée qu'elle parte à vrai dire... Autant par rapport à l'épisode troublant de tout à l'heure, que vis-à-vis de Kendall. Cette cohabitation commençait à devenir compliquée.

Lorsque madame Jones eut fini, elle vint me rejoindre dans la cuisine, elle se plaça derrière moi, sans que je ne le remarque.

- Ça sent très bon Atlantis, murmura t'elle dans mon dos, me faisant sursauter. Je peux t'aider ?

Un sourire idiot se dessina sur mes lèvres.

- Ce n'est pas aussi bon que ce que ton chef prépare, mais je pense que pour cette fois ça fera l'affaire. Dis-je sans me retourner et en nous servant deux assiettes. Et non, je ne veux pas de ton aide : tu es mon invité, vas t'asseoir !

Elle grogna et plaqua son corps contre le mien, ses seins pointant contre mon dos.

- Mes amies ne me donnent pas d'ordres, me menaça t'elle presque.

Je me mordis la lèvre pour étouffer une espèce de gémissement, même dans ce petit jeu où l'on se cherchait sans vraiment le faire, elle réussissait encore à me dominer. Je me retournais doucement.

- Et tu ne peux pas punir tes amies, or une règle sans sanction est une règle qui n'existe pas, la défiais-je.

Un rictus se dessina sur son visage, elle me froudraya du regard tout en se mordant la lèvre puis elle prit place à table, non sans me faire comprendre du regard que ce n'était que partie remise.

Nous mangeâmes doucement et ce fut l'un de mes repas les plus agréables depuis des lustres, on ne parla essentiellement que de mon travail, Kendall le trouvait interessant, mais elle ne comprenait toujours pas comment j'avais pu renoncer à mes études de médecine, n'aimant pas trop aborder ce sujet, je fis de mon mieux pour ne pas m'attarder sur la question.

La capacité de d'écoute de madame Jones était impressionnante, elle donnait le sentiment d'être importante même quand c'était une discussion parfaitement banale.

- Tu as l'air préoccupée, tentais-je alors qu'il y avait un léger silence et que Kendall venait de finir son assiette.

Elle qui semblait avoir été hypnotisé par ma personne pendant un bref instant, releva alors son regard vers moi.

- C'est parce que je me demande ce qui te tracasse, tu sembles absente, déclara t'elle me prenant au dépourvu.

Je détournais le regard. J'ouvris la bouche pour parler mais je la refermai, qu'allais-je lui dire ? Que je n'étais peut-être pas la personne que je croyais, que mes parents me mentaient peut-être depuis toujours ? Ou que je participais à un plan de Marie-Anne pour lui faire du mal ? Que je la manipulais ? Que tout ça n'était qu'un jeu ? Ou encore que je ne savais même plus quel genre de relation j'entretenais avec ma meilleure amie, ce que j'attendais d'elle. Tous mes sentiments étaient confus et contradictoires et..

Je sentis des larmes me monter aux yeux. Kendall le remarqua sans doutes, car sa mâchoire se serra, elle se leva rapidement et s'accroupit à ma hauteur, lorsque sa main passa affectueusement dans mes cheveux, je ne pus retenir les larmes qui se déversèrent sur mes joues, et des sanglots se mirent à me secouer tout le corps.

Des bras hésitants et chauds m'enveloppèrent, l'odeur dans laquelle ils me plongèrent me réchauffa le coeur comme si c'était exactement ce dont j'avais besoin à la fin de cette éprouvante journée.

...

Atlantis venait de trouver le sommeil, Kendall l'avait mener jusqu'à son lit en la portant tandis qu'elle sanglotait encore. Voir cette jeune femme s'effondrer avait été presque insupportable à Kendall, l'idée de savoir que quelque chose ou quelqu'un l'avait mit dans cet état la rendait furieuse. Elle ressentait le besoin constant de la protéger, de veiller sur elle et madame Jones ignorait d'où lui venait ce besoin d'être en contact avec cette femme. Elle savait que cette proximité nouvelle entre elles n'était pas une bonne chose, elle la rendait bien trop vulnérable, mais elle ne parvenait à se replonger dans sa vie d'auparavant. Comme si une simple soumise ne lui suffisait plus.

Après avoir passé quelques instants à caresser les cheveux incroyablement doux et lisse de la jeune femme, dont la respiration s'était peu à peu ralentit Kendall ne put s'empêcher de céder à ce besoin constant de contrôle qui dictait sa vie.

- Jack, dit elle une fois que ce dernier ait décroché, je veux un rapport sur toutes les dernières communication d'Atlantis, ne laissez rien de côté, je veux tous les détails, ses déplacements, les déplacements de son entourage, je veux être au courant de tout ce qu'elle fait.

- Qu'est-ce qu'on cherche Madame Jones ? Demanda son employé.

Kendall regarda le corps endormi à coté d'elle avant de répondre :

- N'importe quoi qui puisse expliquer que Madame Kayslar se porte mal. Et informez Raessah que je ne souhaite plus la recevoir ce soir, et les soir à venir.

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