Chapitre XVI


Kendall Jones comme elle en avait coutume se réveilla dès la première sonnerie de son réveil, à 5h30. La jeune femme quitta son lit sans difficulté et elle enfila ses chaussons parfaitement posés au pied de son lit. Suivant parfaitement son rituel matinal, elle se dirigea vers son bureau où elle alluma son IMAC d'un geste machinal. Elle démarra le logiciel de sécurité qui verrouillait sa navigation et surtout conservait la confidentialité de ses échanges, puis elle déclencha le canal de l'opérateur qui était chargé de la gestion de ses réseaux sociaux - choses dont elle se serait bien passées, mais qui dans le monde actuel était nécessaire ne serait ce que pour réguler les informations mensongères que relatait la presse, que sur le plan professionnel.

Kendall Jones n'avait que ça son : travail. C'était la seule chose qui lui appartenait, la seule chose qu'elle avait réussis, la seule chose qu'on lui avait laissé. Le peu de Jones que Kendall avait en elle se reflétait uniquement dans son travail. Évidemment, elle ne s'était pas construite toute seule, son père, qui venait la voir en cachette presque chaque mois en France, avait veillé à ce qu'elle soit inscrite dans les écoles les mieux réputées de la capitale. Franck, riche héritier de la célèbre famille Jones du Texas qui avait fait fortune grâce au pétrole, avait ensuite fourni à sa fille les fonds et les contacts nécessaires pour créer son enseigne américaine de fusions et acquisitions depuis la France. L'enseigne s'était ensuite étendue au secteur immobilier, puis celui de l'hôtellerie et de l'industrie de luxe.

L'emmener en France avait sans doute été la meilleure idée que le père de Kendall avait eut. Ce dépaysement avait certes été brutal et douloureux au début, mais Kendall savait qu'il avait été nécessaire. Sinon comment aurait, elle finit aujourd'hui ? Sa mère se serait arrangée pour qu'elle ait une vie de misère.

- Hâtes toi de te faire guérir Kendall ! Hâtes toi de te faire guérir et le jour ou ce virus qui t'habite t'aura quitté sans doute pourras, tu espérer recevoir l'amour d'une mère que tu prétends mériter ! Lui avait un jour dit Erika Jones.

Kendall était comme aseptisée aux mots de sa mère, le temps l'avait rendu hermétique à toutes ses méchancetés, à son venin. Elle ignorait comment un homme aussi bon que son père avait pu tomber amoureux de cette femme au cœur si mauvais, à cette femme à laquelle elle ressemblait tant. Kendall n'avait presque rien pris de son père physiquement, ses cheveux corbeau, ses yeux marron, son corps svelte : tout lui venait de sa mère. Elle vivait avec son reflet partout et elle détestait son physique pour cela. Franck s'était toujours trouvé entre les deux femmes, et Kendall le vivait douloureusement.

La deuxième sonnerie du téléphone de Kendall indiqua qu'il était 5h35. Laissant la magie du cyber espace faire son travail elle quitta l'immense chaise de son bureau dont le style était identique à celui du bureau qui se trouvait au siège Jones company, pour rejoindre la salle de bain de sa suite.

Comme à son habitude, elle laissa l'eau froide qui tombait du pommeau de douche encastrable ruisseler sur sa peau. L'eau froide lui permettait de tonifier son corps pour lui permettre de tenir toute la journée. Kendall s'était habituée depuis plusieurs années maintenant à ce rythme de vie effréné. La fatigue ne se faisait pas souvent ressentir cependant ce jour-là Kendall se sentait moins vive que de coutume. Elle n'avait pas énormément dormi cette nuit-là, malgré ses paupières lourdes, elle n'avait cessé de faire les cent pas dans sa suite immense. Son esprit était préoccupé, habité par l'image d'Atlantis, cette jeune femme sublime et particulièrement insolente. Kendall avait du faire preuve d'une force surhumaine pour ne pas la punir de son comportement, elle aimait l'efficacité et elle exécutait ses punitions tout de suite après les avoir annoncés. Kendall aimait surtout affirmer son autorité et satisfaire ses envies dans l'immédiat.

Cependant, quelque chose chez cette Atlantis la poussait à repenser ses méthodes, Atlantis était bien plus joueuse que ces précédentes soumises. Elle paraissait à la fois audacieuse mais tellement pure, à fleur de peau. Elle ne pouvait pas la brusquer, au risque de la faire fuir de nouveau. Madame Jones ne supporterait pas ça de nouveau, l'idée qu'Atlantis cherche à la fuir ou l'éviter l'horrifiait.

Kendall n'avait pas pour habitude de prendre ce genre de femme comme soumise, et encore moins de leur porter autant d'affection. Elle ne pouvait en effet pas nier qu'elle ressentait une certaine tendresse pour cette femme. Pourtant, elle aimait que l'on exécute ses ordres, que l'on ne discute pas, que l'on ne négocie pas. Elle avait toujours pris toutes ses relations : soumise et dominante très sérieusement, elle n'avait jamais toléré aucun écart et elle tenait à ce que ces relations restent parfaitement encadrées. Cependant cette fraîcheur dans le regard d'Atlantis, cette manière qu'elle avait de toujours la surprendre était déconcertante et totalement nouvelle. Personne dans son entourage ne se comportait d'une manière aussi naturelle, et sincère. C'était comme si Atlantis n'avait jamais aucune arrière-pensée, et Kendall aimait ça : cette sorte de transparence entre elles. Elles ne jouaient aucun rôle. Et pour la première fois depuis toujours Kendall voyait en une soumise autre chose qu'un corps qu'elle faisait sien. Elle y voyait désormais quelque chose de plus profond, une sensibilité qu'elle voulait toucher, mais dont elle se méfiait.

Une troisième sonnerie retentit, il était 5h45. Kendall se sécha le corps et enfila l'ensemble de tailleur vert qui était plié et déposé sur une étagère de la salle de bain. Elle attacha ses cheveux en une queue-de-cheval stricte, enfila une montre en or, son collier en la même matière - un cadeau de son père - qu'elle ne quittait que pour dormir. Une fois qu'elle fut satisfaite de ce qu'elle voyait dans le miroir. Kendall quitta la salle de bain et descendit vers le ré de chaussée de son appartement.

Anna, la duègne et la marraine de Kendall depuis son enfance, avait déjà déposé le petit-déjeuner de la jeune femme sur la table. Kendall la trouva en train de lui presser des oranges afin d'en extraire le jus.

- Marraine Anna, dit Kendall en guise de salutation.

La femme aux cheveux gris tirés en chignon très élégant lui fit un sourire affectueux. Leur relation était particulière, Anna avait perdu son époux lorsqu'elle était jeune et elle ne s'était jamais remariée, elle n'avait donc jamais eu d'enfant. Kendall était comme son enfant, elle ne l'avait certes pas complètement élevée puisque Kendall vivait avec sa tante et que c'est cette dernière, s'était également chargée de son éducation. Cependant Anna était celle qui s'était occupée de Kendall au quotidien, celle qui allait la chercher à l'école, qui la coiffait le matin, qui lui préparait son goûter en attendant que sa tante rentre du travail, celle qui l'aidait à faire ses devoirs, celle qui parfois la couvrait puis la grondait parce qu'elle était rentrée trop tard, celle qui insistait pour veiller toute la nuit lorsque Kendall tombait malade, celle qui avait vu madame Jones devenir la personne impressionnante qu'elle était. Kendall l'aimait, et elle la considérait comme un membre de sa famille a part entière, avoir Anna à ses côtés était nécessaire.

- Je t'ai fait une salade de fruit, des pancakes et des tartelettes à la fraise comme tu les aimes, l'informa la vieille dame. Joyeux anniversaire ma grande.

Les deux femmes n'étaient toutes deux pas démonstratives, mais Anna s'avança vers la jeune femme et après que Kendall se soit légèrement baissée, elle lui embrassa affectueusement le front. Anna versa de l'eau bouillante dans une grande tasse et elle y ajouta une infusion de thé à la menthe avant de s'installer à son tour. La marraine de Kendall était une femme russe élancée, avec un corps qui ne laissait aucun indice sur son âge pourtant avancé, seuls ses cheveux d'un gris intenses la trahissaient. Kendall avait à de nombreuses reprises insisté pour qu'elle cesse de travailler, notamment lorsqu'elle s'était installée à New-York mais cette dernière refusait catégoriquement. « Je me suis occupé de toi presque toute ma vie Kendall, laisses moi continuer à le faire. » disait elle.

- Merci Marraine, répondit Kendall la voix calme. C'est très gentil d'y avoir pensé.

Anna lui pinça la joue, tendrement.

- Tu crois vraiment que j'aurai oublié ton vingt septième anniversaire Kendall ?

Cette dernière lui offrit un sourire radieux, de ceux qu'elle ne réservait qu'à son père, à sa tante et à Anna. Elles mangèrent ensuite en silence. Kendall n'aimait pas vraiment parler le matin, elle n'était pas de mauvaise humeur, mais elle préférait commencer sa journée dans le calme, Anna le savait. La sonnerie du téléphone de Kendall vint briser ce moment de calme. La mâchoire de Kendall se serra lorsqu'elle vit l'auteur de l'appel. Quelle idée d'appeler aussi tôt. Kendall déposa la cuillère de fruit qu'elle s'apprêtait à avaler.

- Maria. Bonjour.

Un sourire se dessina sur les lèvres d'Anna après qu'elle ait trempé ses lèvres dans son café. La marraine de Kendall lança un regard complice vers la jeune femme qui arborait un air impassible.

- Joyeux anniversaire, joyeux anniversaire, joyeux anniversaire Kendall... Se mit à chantonner Maria la voix encore ensommeillée.

Comme à chaque fois qu'elle entendait la voix de Maria, le cœur de Kendall provoqua une sensation désagréable en elle. Un léger sourire s'étira sur les lèvres de Kendall, elle détestait le jour de son anniversaire, mais l'attention la toucha naturellement. Un sentiment de culpabilité gagna Kendall, parfois elle aurait aimé que tout ce qu'il s'était passées entre elle et Maria n'ait jamais existé, qu'elles soient simplement restées de bonnes amies. Mais rien ne pouvait s'effacer, ce semblant de relation «sentimentale normale » avait bel et bien existé.

- Merci Maria, dit t'elle en adoucissant sa voix. Tu n'aurais pas dû te déranger si tôt pour cela.

Un fort bâillement de la jeune femme à l'autre bout du fil se fit entendre.

- Je sais que tu seras difficile à joindre le reste de la journée. C'était le moment le plus opportun pour t'appeler.

Marie-Anne avait fini sa phrase en un petit rire gêné. Il y eut un moment de silence ou Kendall se crispa face aux références de Maria, effectivement quiconque connaissait bien Kendall savait qu'elle était presque quasi injoignable en pleine journée.

- C'est très gentil, déclara Kendall, gênée.

Il était compliqué pour elle de parler de Marie-Anne sans paraître froide. Kendall ne ressentait rien d'autre que de l'amitié à son égard, toute leur relation n'avait été basée que sur des faux espoirs, des jeux de rôles et des attentes diamétralement opposées.

- Et puis, je voulais m'assurer que tu n'as pas oublié notre rendez-vous de ce soir, lui rappela son interlocutrice.

Kendall lui répondit que non. Comment pouvait-elle l'oublier, elle Kendall Jones, d'habitude imperturbable appréhendait cette brève rencontre. Elle ne voulait pas blesser Marie-Anne dont elle connaissait les intentions et elle redoutait une énième confrontation. Elle ignorait qu'en réalité ce dîner n'était qu'un prétexte pour l'amener au lieu de sa surprise.

- Cependant, je devrais m'en aller assez tôt, j'ai un rendez-vous ce soir.

Marie-Anne se retint de demander avec qui, et elle tenta de garder la voix la plus neutre possible. Tandis que Kendall visualisait déjà le corps pulpeux d'Atlantis dont elle voulait déjà posséder chaque partie.

- Ne t'en fais pas ! Ca ne sera pas long, mentit, Maria.

Une expression malicieuse passa sur le visage de la marraine de Kendall qui enduisait un pancake de miel. Elle pinçait les lèvres comme si elle se retenait de dire quelque chose, Kendall en raccrochant ne pu s'empêcher de l'interroger :

- Quelque chose semble te brûler les lèvres ? Ironisa la jeune femme en mettant en bouche la cuillère de fruit qu'elle avait précédemment dû déposer.

Anna prit un air innocent et fit mine de ne pas savoir de quoi Kendall voulait parler, elle lui tendit le pancake.

- Je connais ce visage Marraine, insista madame Jones en attrapant ce que sa marraine lui tendait.

Anna avala une gorgée de la boisson bouillante qu'elle tenait dans ses mains avant de répondre.

- J'étais simplement certaine que Maria et toi finiriez par vous rabibocher.

Le visage de Kendall se renfrogna.

- Ma relation avec Maria est terminée Marraine, tu le sais mieux que quiconque. J'essaie simplement de rester courtoise.

Anna effaça ses paroles d'un revers de la main.

- Tu as besoin de Maria Kendall, dit elle la voix grave, tu as  besoin d'une femme respectable et élégante.

Kendall la mâchoire serrée et l'appétit coupé, tenta de se lever pour mettre un terme à la conversation, cependant la main de sa duègne vint se poser sur son avant-bras et cette dernière lui lança un regard sévère lui intimant qu'il serait particulièrement malpoli de sa part de ne pas l'écouter jusqu'au bout.

- Je te connais ma fille et je sais que tu as besoin d'une femme qui sait tenir tes vices. Tu as besoin de quelqu'un qui sait te contenir Kendall, ajouta Anna avec assurance.

La marraine attrapa plus fermement l'avant-bras de la femme, de manière à rendre ses mots plus intenses.

- Il te faut une femme. Une vraie. Quelqu'un de stable, qui souhaite s'investir dans un projet de vie à tes côtés, fonder une famille.

Une expression de dégoût traversa le visage d'Anna.

- Quelqu'un qui gomme ces ombres qui t'habitent, et non pas de ces femmes sans pudeur avec lesquelles tu t'amuses.

Kendall retira son bras, l'air froid, elle recommença à manger, préférant ne pas répondre aux paroles de sa marraine.

- Tu crois que cette Amandine peut te combler ? Demanda Anna d'une voix pleine de reproche.

Kendall la fixait sans répondre, à quoi bon ? Sa marraine savait pertinemment qu'elle s'appelait Atlantis et non Amandine.

- Elle peut peut-être te combler...

Anna montra du doigt le bas du corps de Kendall, pour lui indiquer qu'elle faisait allusion aux envies sexuelles.

- Mais c'est éphémère, assura t'elle.

Kendall s'essuya doucement le coin des lèvres avec sa serviette avant de répondre froidement :

- Et ça me convient parfaitement Marraine.

Elle se servit alors du jus d'orange, espérant que cette conversation était terminée.

- Cette jeune fille je la trouve bien disgracieuse.

Kendall se figea sur sa chaise.

- Je l'ai juste aperçu, je ne lui ai pas parlé. S'empressa de clarifier Anna. Tu comprends bien que le matin où tu l'as laissé ici, je me sentais incapable de me tenir en face de cette femme, en sachant ce que tu fais avec elle, alors que je considère Maria comme un membre à part entière de ma famille. Je lui ai laissé un mot.

En buvant son verre de jus d'orange, Kendall fit de son mieux pour se contenir, s'il s'agissait de quelqu'un d'autre elle l'aurait déjà fais taire. Elle fixait sa marraine avec un regard assassin qui n'empêchât pas cette dernière de continuer sa tirade.

- J'aimerais que tu n'amènes pas ce genre de femme chez toi, déclara marraine Anna. Vous pouvez parfaitement vous rendre dans un hôtel ou dans une autre de tes...

Kendall, décidant qu'elle en avait assez entendu, se releva après avoir bruyamment déposé son verre vide sur la table.

- Si j'ai besoin de conseils concernant la manière dont je mène ma vie sexuelle et sentimentale, je te le ferai savoir marraine Anna, dit-elle sèchement.

Elle enfila la veste de son tailleur d'un geste gracieux sous le regard médusée de sa marraine, jamais encore Kendall ne lui avait parlé d'une manière aussi crue. Elle pouvait se montrer particulièrement cinglante, cependant cela ne s'était jamais appliqué à Anna.

- En attendant, tâches de te faire à l'idée que Maria ne fera plus jamais partie de ma vie, continua t'elle en fixant froidement sa tante dans le blanc deux yeux.

Anna était ébahie.

- Tu sais la place que tu occupes dans ma vie marraine, mais notre relation n'a aucun lien avec nos rapports professionnels. Et le fait que tu ai été ma gouvernante durant toutes ces années n'enlève rien au professionnalisme que j'attends de toi.

Anna, se leva lentement à son tour, comme étourdie.

- Tes états d'âmes concernant mes fréquentations n'ont pas lieu de se faire ressentir dans le cadre de ton travail. Traite la femme que je fréquente avec respect et courtoisie sinon...

- Sinon quoi Kendall ? La défia presque sa tante.

Elles se fixèrent alors durant de longues minutes, chacune cherchant à faire flancher l'autre. Anna était une femme au fort caractère et Kendall également. Cette dernière se contenta de lui sourire, d'un sourire lourd de sens qui ressemblait davantage à une grimace qu'à un sourire, avant de contourner la table à manger pour lui donner un bisou sur le front.

- Merci pour le repas Marraine, lui dit Kendall avant de tourner les talons.

...

- Elle était sur le point de t'embrasser Atlantis ! Je l'ai vu de mes propres yeux !

Je détournais le regard d'Emma qui buvait un chocolat chaud, adossée contre le comptoir de la cuisine, le visage malicieux, les yeux rouges et les cheveux en bataille. Ses insomnies avaient encore dû frapper cette nuit. Je finissais de boire mon thé à la mente tout en l'écoutant. Je n'étais pas une grande adepte des discussions matinales et encore moins ce matin, j'étais épuisée, j'avais difficilement dormis cette nuit, mon entre jambe était en feu et j'avais l'impression que je pouvais me liquéfier à tout moment, Kendall m'avait torturer à distance toute la nuit. Étrangement dès l'aube toute vibration s'étaient arrêtés et depuis : rien, et après m'avoir autant torturé cette absence de vibrations était un supplice.

- Si je n'étais pas arrivée qu'est-ce que tu crois qu'il se serait passé ? Me questionna Emma d'une voix qui traduisait parfaitement le fait qu'elle avait déjà une réponse en tête.

Je soupirai fortement, je n'en savais strictement rien. J'ignorais moi-même ce qu'il s'était apprêté à se passer, mon esprit était totalement brouillé par l'engin qui se trouvait entre mes jambes. J'avais vu des choses dans le regard de ma meilleure amie que je savais complètement fausse. J'étais tellement frustrée que je m'imaginais des choses. Arya était de nature très tactile et flirty, et ce, avec tout le monde, Emma se faisait des films. Arya était comme une sœur pour moi, imaginer ce genre de choses était dingue. Et puis s'il y avait eu quoi que se soit elle me l'aurait dit, cette fille était incapable de faire semblant.

Elle n'avait même pas semblé avoir remarquer qu'il s'était passé quelque chose d'étrange ou alors elle n'avait pas jugé nécessaire de revenir là-dessus - et moi non plus. Nous nous étions expliquées concernant notre dispute et après des excuses mutuelles nous nous étions réconciliées. Ma meilleure amie n'appréciait pas Kendall et elle m'avait clairement fait comprendre qu'elle ne changerait pas d'avis, la veille.

- Cette femme est un rapace ambulant, elle est aigrie et vicieuse, je ne comprends même pas comment elle peut te plaire sérieusement Atlantis.

Arya était assise en tailleur sur le lit de la chambre d'ami d'Emma, je me trouvais dans la même position qu'elle, les bras croisées et mes lunettes sur le bout de mon nez.

- Je ne comprends pas cette aversion que tu as pour Kendall, avais-je lancé en allumant mon ordinateur portable. Tu avais l'air tellement enthousiaste au début, t'étais contente non ?

Arya prit un air mi-scandalisé mi-épuisé, elle leva les yeux aux ciels, et je ne sus réellement comment l'interpréter. Je m'étais tus, craignant que ça ne reparte sur une dispute. Son visage s'était alors instantanément adoucit et elle avait passé sa main dans ses cheveux. Je la trouvais magnifique ce jour là, plus que d'habitude, comme si je redécouvrais sa beauté. Ou peut être m'avait t'elle juste manqué, ça devait être ça, c'était uniquement après n'avoir pas vu une personne durant quelque temps que l'on remarquait certains détails.

- Je sais, enfin, je n'imaginais pas qu'elle était comme ça, avait-elle dit avec la voix « quand j'explique un truc inexplicable à ma meilleure amie, mais qu'elle doit nécessairement le comprendre parce qu'elle est ma meilleure amie ». Je ne croyais pas qu'il se passerait quelques chose entre vous. Je ne pensais même pas que tu étais attirée par les filles 'Lantis, tu ne me l'as jamais dit !

Elle pointait un doigt accusateur sur moi, j'avais haussé les sourcils, et pris l'air le plus innocent que j'avais pu. J'avais l'impression qu'Arya pouvait remarquer à tout moment que je n'étais pas complètement dans mon état normal, je continuais à transpirer et mes jambes tremblotaient légèrement.

- Je ne le savais moi-même pas, m'étais-je défendue. Je ne me le suis jamais demandé Ary.

Elle se mit à sourire, je l'interrogeais alors du regard.

- En même temps, on aurait dû s'en douter, vu la catastrophe que tu peux être quand t'es en face d'un homme.

J'avais quitté ma position pour que mon léger coup de poing atteigne son épaule.

- La ferme ! M'étais-je indignée. Puis je ne suis même pas certaine d'être attirée par les femmes Arya..

Elle avait fortement soupiré.

- Tu ne vas quand même pas me faire le coup du : je ne suis pas attirée par les femmes je suis juste attirée par Kendall Jones ? Avait elle demandé avec une voix lasse.

- Je crois que c'est exactement ça, avant elle, je n'avais jamais été physiquement attirée par une femme.

Elle avait semblé davantage exaspérée et un rictus était venu courber ses lèvres.

- Donc aucune autre femme ne pourrait te plaire physiquement ? Avait continué ma meilleure amie la voix lourde.

Elle me fixait avec un sérieux qui m'avait déstabilisé. Tout comme ses interrogations. Je ne me posais pas autant de questions.

- Je ne sais pas Arya, mais Kendall est très.. Elle est parfaite, c'est difficile de trouver une autre femme attirante quand je côtoie l'une des femmes les plus magnifiques qui soit.

Ary m'avait offert un petit sourire, et nous nous étions fixées quelques instants, comme ça, soudainement gênées.

- Et si on parle en terme de sentiments, de quelque chose qui dépasse les frontières du sexe et de l'attraction physique.

J'avais grimacé.

- Ma relation avec Kendall me convient pour le moment Arya. Je n'ai pas envie de quelque chose de plus sérieux.

Arya m'avait scruté longuement avant de soupirer :

- Je ne sais pas...

Elle avait laissé le haut de son corps retomber sur le lit.

-Je ne sens juste pas cette relation. Mais si elle te convient très bien, n'en parlons plus.

J'avais déposé mon ordinateur portable près de moi et m'étais allongée près de ma meilleure amie, sur le dos, fixant le plafond comme elle.

Nous avions décidé d'un commun accord de ne plus aborder le dossier « Kendall Jones » sauf en cas de force majeure. Cela m'éviterait d'avoir à mentir à ma meilleure amie concernant la nature de ma relation avec Kendall, ou de faire semblant et cela lui éviterait de l'insulter à chaque phrase.

...

- Arrêtes Emma ! Repris-je avec le plus d'assurance possible. Arya est ma meilleure amie depuis la troisième, il n'y a jamais eu aucune ambiguïté dans notre relation. Je veux dire...

Emma me regardait attentivement, en hochant doucement la tête de haut en bas.

- Il ne s'est jamais rien passé entre Arya et moi et il ne se passera jamais rien, dis-je convaincue.

- Okay chef, souffla Emma en déposant sa tasse dans l'évier. Je suis contente que les choses se soient arrangées en tout cas. Et de toute manière, tu sais que t'es la bienvenue, tu reviens quand tu veux.

Je me levais pour lui offrir une légère accolade.

- Aller hop ! On file au domaine on a une grosse journée qui nous attends.

En disant cela, je me rendis compte que c'était l'anniversaire de Kendall et que je ne savais absolument pas comment j'étais supposée le lui souhaiter, est ce que je devais lui acheter un cadeau ? Mais surtout, je lui avais toujours rien dis concernant la surprise de Marie-Anne et à ce stade ça me paraissait déjà bien trop tard.

Je décidais de lui envoyer un simple petit message :

« Bonjour, joyeux anniversaire, même si tu ne mérites pas que je te le souhaite. Bonne journée. »

...

- Wouaw Atlantis c'est juste...

Marie-Anne sembla chercher ses mots. Elle se tenait sur une estrade que nous avions installés, et elle observait la salle dans son étendue. Je me trouvais au niveau des tables, à quelques mètres de l'estrade, Dylan, Amy et Emma à mes côtés.

- C'est incroyable Atlantis, vous avez accompli un travail divin, je n'aurai pas pu espérer mieux s'exclama la jeune française.

Je souris, ne pouvant cacher ma fierté peu importe que je me sente mal à l'aise ou non en compagnie de Marie-Anne, mon travail était une grande fierté pour moi.

- C'est un travail d'équipe, lançais-je en jetant des regards à mes employés. Sans eux tout ceci n'aurait pas été possible.

Marie-Anne descendit alors de l'estrade, un grand sourire aux lèvres, elle avança vers nous et s'adressa à nous quatre :

- Vous avez raison Atlantis, et je vous adresse à tous mes plus sincères remerciements, Kenny va adorer, j'en suis sûre.

Mon cœur se pinça à l'entente de ses mots. Cependant, je fis de mon mieux pour paraître neutre et nous échangeâmes quelques secondes avec Marie-Anne avant que je ne m'excuse et m'éclipse pour passer un appel. Je me tenais dans le jardin du domaine à l'abri des regards et des oreilles indiscrètes. Il y eut trois, puis quatre sonneries, c'était assez inhabituel. Je m'apprêtais à raccrocher quand j'entendis sa voix et comme d'habitude cela me fit presque trembler.

- Atlantis. Bonjour, commença t'elle.

Je souris, elle pouvait être tellement protocolaire parfois.

- Salut Kendall, je me demandais si nous pouvions nous voir.

Elle ne répondit pas tout de suite et j'entendis une voix parler derrière elle, sa secrétaire. J'attendis qu'elles eut finit leur échange pour ajouter avec très peu d'assurance.

- Tout de suite. Je dois te parler de quelque chose, je préfère que nous le fassions de vive voix.

- Hum...

J'attendis quelques instants.

- Actives ta caméra, ordonna t'elle alors.

Ce qu'elle me demanda me surprit, mais je m'exécutai sans réfléchir. J'activai le FaceTime de mon iPhone et son visage envahit alors l'écran de mon smartphone. Elle était sublime, le vert épousant à merveille sa peau de lait. J'étais ridicule en face d'elle, avec mon simple t-shirt noir et mon chignon fait à la va-vite. Kendall était derrière son bureau, assise sur son trône.

- Tu es magnifique Atlantis, entendis-je cependant dire Kendall. J'aimerais être la cause du léger et charmant désordre de tes cheveux.

Tout au long de sa phrase des vibrations m'assenèrent. Je serrai les dents, et un léger gémissement quitta mes lèvres. Je vis alors un léger sourire passer sur ses lèvres.

- Tu me désires.

Je ne sus si c'était une question ou une affirmation, mais je me contractais autour du dildo. Elle se mordit la lèvre et je regardai autour de moi pour m'assurer que personnes que moi ne se trouvait dans cette partie du jardin.

- Tu es trempée et excitée. Déclara Kendall en ne détachant pas son regard du mien.

La voir même à travers cet écran me mettait dans des états inimaginables.

- Chaque parcelle de ton corps souhaiterait que mes doigts s'insèrent en toi, que ma langue apaise ton clitoris tellement stimulé que le simple contact de mes lèvres se refermant sur lui suffirait à te faire venir.

Tout mon corps sembla répondre aux images qu'elle insérait vicieusement dans mon esprit. Son regard s'attarda sur ma poitrine portant assez bien recouverte puis elle croisa ses bras, reprenant un air grave.

- Pourquoi souhaites-tu que l'on se voit ? Me demanda t'elle alors, arrêtant soudainement le flux d'électricité qu'elle avait volontairement déversé en moi.

Je repris mon souffle et mes esprits durant quelques secondes où elle ne cessa de me scruter.

- Tu cherches à me piéger ? Tu penses que si tu me vois, tu pourras m'allumer et que je céderai ?

- Quoi ? Non ! M'indignais-je. Je dois te parler.

Même si je devais avouer y avoir pensé. C'était la moindre des choses d'essayer !

- Tu aurais peur de ne pas réussir à résister ? Dis-je d'une voix taquine.

Elle pinça les lèvres.

- Je tiens surtout à calmer tes élans de soumise pseudo-rebelle. Nous nous verrons ce soir.

Pseudo ? Elle n'avait tout de même pas osé ! L'indignation déforma les traits de mon visage.

- Atlantis ! Lança une voix que je reconnus.

Je me retournais, bon dieu Marie-Anne se trouvait à quelques mètres seulement derrière moi. Prise de panique, je laissais mon téléphone tomber au sol.

Est-ce qu'elle avait vu avec qui je parlais ? Depuis quand est ce qu'elle était là ?

Elle se baissa pour ramasser mon téléphone en même temps que moi.

- Oh je suis désolée Atlantis, je vous ai effrayé, pardon. J'espère qu'il n'est pas cassé.

Je m'empressais d'attraper mon téléphone avant elle, d'appuyer sur la touche on/off afin de m'assurer que l'appel s'était bien coupé, puis je glissais l'appareil dans ma poche.

- Non-non, ne vous en faites pas, ce n'est rien. Dis-je précipitamment, me rendant compte que l'écran était effectivement cassé, rien de très grave, du moins a ce moment là, je m'en souciai peu.

Marie-Anne me fit un grand sourire.

- Je dois partir me préparer, et je viens m'assurer que vous aussi Atlantis, j'ai sincèrement besoin de vous, je comptais sur vous pour accueillir les invités.

- Je ne peux pas, Marie-Anne, essayais-je de dire d'une voix la plus douce possible. J'ai déjà quelque chose de prévu ce soir, mentis-je.

En réalité, ce n'était pas totalement faux, je devais voir Kendall ce soir, cependant je me demandais si ça allait réellement être le cas avec ce que Marie-Anne avait prévu.

- Mais je peux demander à ma secrétaire ou à mon hôtesse d'accueil de rester pour le faire si ça vous convient.

La déception se lisait sur son visage, mais il était hors de question que j'y aille.

- En fait elles sont également invitées. Aussi j'ai appris que Marc serait accompagné par une de vos très proches amies : Arya Miller. J'ai pensé que vous aimeriez rester mais si vous avez quelque chose de prévu, je comprends parfaitement, dit Marie-Anne la voix sincère.

Arya ? Sérieusement, qu'est-ce qu'elle pouvait bien vouloir faire ici, elle ne supportait même pas d'entendre le nom de Kendall et voilà qu'elle était la cavalière de Marc Jones ? Marc Jones en plus !

- Tenez moi informée si jamais vous changez d'avis me souffla Marie-Anne en m'enlaçant amicalement avant de s'éclipser.

...

Une tenue entièrement blanche, la démarche digne de celle d'un mannequin. Ses cheveux relâchés et coiffée et plaqués en arrière.

C'est de cette manière que je vis Kendall apparaître au coin de mon champ de vision tandis que je continuais à échanger des commodités avec un des invités qui venaient d'arriver.

J'avais finalement finit par céder et venir à la réception, quitte à attendre de savoir si je verrai Kendall toute la soirée dans mon lit, sans Arya pour me faire rire, je préférai rester et voir ce qui se passerait.

Mon corps tout entier se tendit, la voir ne faisait qu'empirer ma torture. Cette vision captiva toute mon attention et je laissais monsieur Henry derrière moi en compagnie d'Emma. Le temps semblait s'être arrêté, tous les regards dans la salle étaient braqués sur une seule et unique personne et je contrôlais difficilement le feu ardent qui me démangeait. Kendall était si belle qu'elle me semblait irréelle. Plusieurs personnes se dirigèrent vers elle, la saluant chaleureusement, elle gardait un visage solennel malgré ses sourires. Quelque chose vint cependant gâcher le magnifique tableau qui se dressait devant moi.

Un bras.

Un bras autour du bras de Kendall. Un bras qui n'avait rien à faire là. Marie-Anne comme à son habitude arborait un sourire lumineux. Je me mis dès lors à avoir des palpitations, c'était plus fort que moi : Marie-Anne commençait sérieusement à m'insupporter. Et Kendall, ma Kendall...

Quoi, ta Kendall ?

- Ma Kendall ? Wow ! Okay tout ca devient carrément flippant me dis-je intérieurement.

Kendall semblait être la moins gênée au monde par leur proximité. Je dévisageais les deux femmes avec attention, nerveuse. Il fallait sérieusement que je me calme. Je reportai mon attention vers les invités qui entraient par la porte devant laquelle je me trouvai afin que personne ne remarque que je bavais littéralement à la simple vue de Kendall Jones. Cependant mes efforts ne payèrent guère car mes yeux se reposaient inévitablement sur elle.

Pourquoi diable ne me regardait elle pas ? Ses yeux détaillaient toute la salle, tous ses recoins, mais ce en évitant soigneusement de se poser sur moi. Elle n'allait tout de même pas refaire la même chose qu'au café : faire comme si je n'existais pas. Il n'y avait absolument aucun paparazzi ici et je m'en étais moi-même assurée.

Certes, Marie-Anne était ici, ce n'était cependant pas une raison pour m'ignorer complètement, elle pouvait au moins faire semblant et se comporter comme avec n'importe qui d'autre. Elle n'avait absolument aucune raison de faire comme si elle ne me connaissait pas surtout maintenant qu'elle savait que depuis le début, c'est sur cet évènement que je travaillais comme une folle dingue. Même s'il n'avait pas été de mon initiative, je m'étais tué pour que cette fête soit parfaite. Elle pouvait au moins me faire un petit sourire rien que pour ça.

Pause.

Je travaillais sur cet événement mais je ne le lui avais pas dit ! Je relevais soudain mon regard et mes yeux se heurtèrent immédiatement au regard glacial de Kendall. Mon ventre se serra, et mon entre-jambe, humide à souhait, faillit se liquéfier. Je me figeais sur place, elle était furieuse, atrocement furieuse, tout son visage était froid et tendu et j'aurai juré à cet instant que c'était l'image la plus sexy qu'il m'avait été donné de voir. Je la vis se dégager de l'emprise de Marie Anne et mettre un terme à une conversation, et elle se mit à marcher vers moi, ne me quittant pas du regard, comme s'il n'y avait que moi dans cette salle.

Une main attrapa alors mon poignet, m'obligeant à me retourner et faisant plaquer mon buste contre le sien.

- Si j'avais su que c'était une soirée à l'effigie de Kendall, je peux t'assurer que je ne serai jamais venue. Sérieusement 'Lantis depuis le début le grand événement dont tu n'arrêtais pas de parler, c'était pour Jones ? Me dit Arya à l'oreille.

Je regardais ma meilleure amie, qui tenait une flûte de champagne à la main, elle portait une magnifique robe argentée près du corps, avec un décolleté assez... Je m'efforçais de relever les yeux.

- Je crois que Marc a du oublié que je ne porte pas sa soeur dans mon coeur, ajouta t'elle.

Je me dégageais légèrement de ma meilleure amie, en lui faisant un petit sourire, je me retournai appréhendant encore plus la fureur de Kendall. Cependant, elle avait disparu, plus aucune trace de mon tyran.

- Je ne l'ai su que très tard, répondis-je finalement à la question de ma meilleure amie, ignorant par ailleurs ses états d'âmes concernant madame Jones. Tu es superbe en tout cas, je penserai à te piquer ta robe.

Elle me détailla du regard et après avoir bu la moitié de sa flûte elle ajouta :

- Moi superbe ? Attends, tu t'es vu ? Mon dieu ce cul Atlantis !

Je lui fis de gros yeux et nous nous mîmes à rire.

- En tant que cavalière de Marc, tu seras à la table de Kendall, essayes de ne pas l'étriper s'il te plaît, dis-je assez sérieusement.

Elle haussa les sourcils d'un air dédaigneux.

- Prie pour que ce ne soit pas plutôt elle qui le fasse.

Je levais les yeux au ciel, et ma meilleure amie m'embrassa la joue après avoir déposer son verre vide et avoir attraper deux flûtes posées sur le plateau d'un serveur qui passait près de nous.

- Je resterai bien avec toi, mais c'est assez mal poli de délaisser son cavalier, me lança ma meilleure amie. On se voit ce soir à la maison ?

Je me mis à sourire, oui ce soir, j'allais rentrer à la maison, chez moi. Et ce soir Derreck serait là, Arya aussi, ma vie reprenait un semblant de normalité.

Le reste de la soirée se passa dans une ambiance chaleureuse et conviviale. Même Marc Jones avait fais l'effort de venir me saluer et même de s'excuser pour don attitude lors de notre première rencontre. Il faisait preuve d'une courtoisie écœurante. Je me demandais pourquoi il n'avait toujours rien dis à Maria, peut être pour ne pas la blesser ou alors parce qu'il trouvait que je n'etais qu'un détail pas assez important pour que l'on en parle.

Lorsque tous les invités étaient arrivés, Marie-Anne avait ouvert les festivités en faisant un discours dans lequel elle ne faisait que faire les éloges de Kendall, nous rappelant à quel point cette femme était importante dans sa vie et à quel point elle l'aimait. J'eus un léger pincement au cœur à l'entente de son discours, mais la neutralité habituelle du visage de Kendall me réconforta. S'en suivit un discours de Marc et du père de Kendall, qui était un homme adorable - et accessoirement une copie conforme de Marc en plus âgé - qui ne pu cacher son émotion.

Après le dîner succulent, digne du traiteur que Marie-Anne et moi avions choisis, vint le moment du bal, auquel presque tous les invités participèrent. Mes yeux ne quittèrent pas Kendall durant ce moment, elle se mouvait avec grâce, donnant le rythme et la cadence et ce peu importe qui était son cavalier ou sa cavalière. J'eus envie de danser avec elle quelques instants, j'étais une assez bonne danseuse, mais je rayai cette idée de mon esprit, cela n'aurait fait qu'attirer l'attention. Assise à ma table, je fis mine d'être au téléphone pour que personne ne vienne me proposer de danser. Emma, qui dansait en compagnie d'un bel homme, me fit un signe de la main accompagnée d'un énorme sourire auquel je répondis avec autant d'enthousiasme. Amy était partie plutôt dans la soirée et Dylan s'était tout bonnement volatilisé, il était de nature discrète n'aimait pas les événements avec beaucoup de monde.

Kendall était désormais en train de danser avec Marie-Anne lorsque son regard accrocha le mien, il était toujours aussi froid voire même encore plus froid.

Marie-Anne qui dévorait Kendall du regard ne remarqua même pas notre échange de regard. Et même si je voyais la distance que Kendall cherchait à mettre entre elles, cette situation devenait de plus en plus pesante. Je détournai le regard, je n'avais aucune envie de voir ça, j'avais eu ma dose pour ce soir. Il était peut-être temps que je m'en aille, tout ce cirque commençait à être beaucoup trop pour moi. Je ne savais même pas comment j'avais eu la force de rester aussi longtemps. Je ne comprenais pas à quoi tout ceci rimait, comment espérer que Marie-Anne passe à autre chose un jour si Kendall la laissait faire.

Je me mis à chercher Arya du regard pour la prévenir que je rentrais quand le bruit du micro retentit, quelqu'un semblait tapoter dessus comme pour s'assurer qu'il fonctionnait. Je regardai qui se tenait derrière le pupitre et je fus surprise de constater qu'il s'agissait de Kendall, elle me fusilla du regard, et j'étais assez près de l'estrade pour lire sur ses lèvres lorsqu'elle articula : Rassieds toi.

Je m'exécutais.

- Mesdames, messieurs, je vais vous demander de m'accorder quelques instants s'il vous plaît.

Le volume de la musique diminua et tous les regards se tournèrent vers elle.

- J'adresse mes plus sincères remerciements à chacun d'entre vous.

Sa voix était grave, solennelle.

- Votre présence à su rendre ce moment chaleureux et convivial. J'espère que m'avoir vu effectué quelques pas de danse n'aura pas ternis ma réputation de femme d'affaires impitoyable.

Plusieurs rires retentirent dans la salle et je ne pus m'empêcher de sourire à mon tour, c'était sans doute la première fois que j'entendais Kendall faire une blague.

- Tout le travail fournit pour l'organisation à mon insu de cet évènement est tout bonnement subjuguant.

Maria, scanda un petit « Atlantis » qui traversa la salle, et me fit un petit clin d'œil, je lui souris, très légèrement. Quelques regards me détaillèrent.

- Et une seule personne est à l'initiative de cette sublime soirée : Marie-Anne.

Cette dernière posa une main sur sa poitrine, presque émue et Marc lui chuchota quelque chose à l'oreille, elle arbora un énorme sourire et tout le monde se mit alors à l'applaudir. J'eus envie de disparaître, une main chaude attrapa alors ma main. Arya, qui se tenait désormais près de moi, me fit un sourire compatissant.

C'était exactement ça : je faisais pitié, je n'étais rien d'autre que l'objet sexuel de Kendall, en public, c'était Maria la femme importante celle qu'on adulait, j'étais tellement stupide. Je voulus tourner les talons et m'en aller quand la voix de Kendall continua :

- Maria, notre amitié perdure depuis des années maintenant, et je suis ravie de constater que malgré les nombreux évènements qui ont pu se produire, notre amitié soit toujours restée aussi sincère et profonde.

Tout le monde se mit alors à chuchoter à gauche à droite comme si Kendall venait de lâcher une bombe, la réalité était qu'elle venait réellement de le faire. Personne ne semblait être au courant du fait que les deux femmes n'entreraient plus de relation « amoureuse » ou en tout cas tout le monde semblait penser que ce n'était que temporaire. Le visage de Marie-Anne se décomposa. Arya me lança un regard confus et haussa les épaules.

- Cependant Maria n'est pas la seule à s'être démenée pour que cette soirée soit aussi charmante, une autre jeune femme, a fait preuve d'un professionnalisme et d'un investissement exemplaire. J'adresse toute ma sympathie et de chaleureux remerciements à elle et à son équipe..

J'écarquillais les yeux.

- Wouw ! Cria Arya, m'empêchant d'entendre la suite du discours de Kendall. Ma meilleure amie s'empressa de relâcher ma main pour applaudir. Elle est là, c'est ma meilleure amie ! Me désigna t'elle.

Elle siffla alors et des applaudissements suivirent les siens, je regardais Kendall avec plein d'incompréhension et elle me fit mon premier sourire de la soirée. Mon cœur se serra et gonfla de fierté. Je n'en attendais pas autant de la part de Kendall, je fis de petit sourire timide et soufflai de petit «merci » vers la foule. Moi, qui me plaignais, j'étais désormais servie. Arya vint me prendre dans ses bras et quelques personnes vinrent également me féliciter dont certaine que je reconnus, des personnes assez connues. Kendall ne se rendait même pas compte de l'opportunité que cela représentait pour moi, plusieurs prirent ma carte professionnelle. La dernière personne qui vint vers moi fut Jack, il portait un parfait costume bleu marine. Je fus surprise de le voir, il n'était pas sur la liste des invités, mais en même temps, il était toujours près de Kendall alors c'était compréhensible.

- Bonsoir madame Kayslar, dit il avec cérémonie en hochant la tête. Félicitation.

Ce fut sans doute mon sourire le plus sincère depuis le début de la soirée en dehors de ceux adressés à Arya.

- Merci beaucoup Jack, j'apprécie vraiment.

Il hocha de nouveau la tête d'un air solennel.

- Maintenant, veuillez me suivre s'il vous plaît.

Je fronçai les sourcils.

- Ce sont les ordres de Madame Jones.

Arya qui se tenait non loin de moi et qui avait entendu toute la conversation, devint rouge. Je lui promis que tout allait bien avant qu'elle ne cherche à me retenir, et je me mis à suivre Jack jusqu'à la sortie de l'intérieur du domaine. Plusieurs valises noires étaient déposées devant le 4X4 noir de Madame Jones.

- Toutes ces valises, c'est pourquoi ? Demandais-je confuse.

Jack se tourna vers moi.

- Il semblerait que nous voyageons.

Stupéfaite, je répétais :

- On voyage ? Là, maintenant ?

Une voix derrière moi répondit à la place de Jack.

- Je te baise d'abord et on voyage ensuite. Tu en profiteras également pour m'expliquer certaines choses.

Je me retournai et à la vue de la mâchoire serrée de Kendall mon bas-ventre se retourna.

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