Chapitre XIX


- Lantis c'est du grand délire, pouffa presque Emma en avalant la dernière cuillère de sa mousse au chocolat.

J'acquiesçais, non sans cacher mon désespoir. Elle avait parfaitement raison, je lui avais expliqué tout ce qui s'était passé ces derniers temps notamment la partie avec Marie-Anne, faute de pouvoir en parler avec Arya, puisque nous faisions tout notre possible pour ne jamais nous retrouver dans la même pièce.

J'avais besoin de me confier à quelqu'un et je savais que je pouvais avoir en confiance en Emma. Je l'avais alors invité à déjeuner à l'heure de notre pause dans un chic restaurant mexicain du coin.

- Kendall Jones, bordel, tu ne chômes pas. Je savais pas que t'étais du genre richarde rigide !

Choquée par son manque de discrétion, je mis ma main devant sa bouche.

- Crie le tant que tu y es pour que tout le restaurant soit au courant ! M'indignais-je.

Emma me fit une moue désolée, en attrapant le pichet d'eau.

- Alors c'est comment le SM ? Demanda t'elle plus doucement. J'ai toujours voulu essayer, mais je n'ai jamais sauté le pas.

J'ouvris la bouche pour parler, mais Emma me devança.

- Enfin d'abord, sourit t'elle malicieusement. C'est comment de coucher avec l'une des femmes les plus riches et mystérieuse du pays ?

Je soupirai fortement.

- C'est vraiment la partie de l'histoire qui t'intéresse le plus ? M'exaspérais-je en réprimandant un sourire.

Emma leva les yeux au ciel en buvant son verre d'eau. Ses yeux bridés rendaient cet acte, malheureusement, adorable.

- J'ai signé un contrat Emma, je me suis suffisament mise dans le pétrin en te racontant tout ça alors essayes de te concentrer sur ce qui est important pour m'aider.

Mon amie tenta de prendre un air sérieux.

- Bien, alors... Dit elle d'une manière solennelle. Omettons le fait que tu te tapes une femme immensément riche et succulente. Je ne comprends pas comment tu as pu accepter d'aider l'ex hystérique ! Sérieusement les ex pot de colle, c'est ultra ringard, s'exaspéra Emma.

Je ne pus m'empêcher de rire, ce qui manqua de m'étouffer, car je venais de tremper mes lèvres dans mon verre de limonade.

- Je n'ai pas le choix Emma, déclarais je après quelques toussotements. J'ai besoin d'avoir des réponses. Je me sens tellement perdue.

Mon amie tourna la tête de droite à gauche pour marquer son désaccord.

- Dans ce cas tu ferais mieux de chercher ces réponses auprès de ton frère, il doit forcément y avoir une explication à tout ça.

Je jouais avec ma paille en pensant à ce que venait de me dire Emma, j'y avais pensé. Cependant, depuis quelque temps, j'avais le sentiment que mon frère et moi, nous éloignions de plus, comme s'il me tenait à l'écart de sa vie. Et je n'en faisais certes pas moins de mon côté depuis que j'avais rencontré Kendall. Tout ceci créait une sorte de gêne en nous qui faisait que je ne voulais pas le mêler à tout ça.

- Je doute qu'il soit au courant de quelque chose, finis-je par souffler. Si j'en crois ce qu'il m'a dit toutes ces photos étaient cachées quelque part dans la chambre de mes parents. Les seules personnes qui auraient pu répondre à mes questions en dehors de Marie-Anne, ne font plus partie de ce monde.

Emma soupira fortement, me signifiant que la situation la dépassait quelque peu.

- Ça n'empêche que peu importe les choix et les erreurs qu'elle a pu faire dans le passé Madame Jones  ne mérite pas que tu te joues d'elle de cette manière.

Je m'apprêtais à lui répondre quand elle insista en attrapant doucement mes mains, en me regardant d'un air grave.

- Nous ne sommes peut-être pas aussi proches que tu l'es d'Arya, mais je te connais et je sais que tu n'es pas le genre de personne qui ferait volontairement du mal à une personne simplement pour servir ses intérêts.

Je détournais le regard, honteuse. Devant mon absence de réponse Emma recula légèrement et croisa ses bras, le visage doux. Elle attendait patiemment que je lui réponde tandis que plusieurs clients quittèrent le restaurant. Nous avions tellement discuté que nous n'avions pas vu le temps passer.

- Si j'ai accepté, c'est uniquement parce que je sais pertinemment que Kendall est incapable de tomber amoureuse de qui que se soit, avouais-je d'une petite voix. Elle est tellement..

Je me mis à réfléchir à quel adjectif utiliser pour la décrire.

- Détachée, hermétique, robotique, renfermée, insensible...

Emma se mit à rire, m'interrompant.

- Okay okay, je crois que j'ai compris chérie, mais tu as pensé au fait que ça pourrait t'affecter toi aussi ? Demanda t'elle prudemment.

Devant mon incompréhension elle reprit :

- Tu ne sais pas faire semblant, tu es entière et loin d'être détachée, hermétique, robotique, renfermée, insensible. Et puis Kendall Jones a sans doute un cœur de pierre mais elle reste humaine. En plus de ce que j'ai pu entendre elle est loin d'être stupide, elle ne doit pas être si facile que ça a dupé.

Je mordillais l'intérieur de ma joue et j'entrepris alors de lui raconter mot pour mot ma conversation téléphonique avec Marie-Anne en guise de réponse.

...

- Atlantis ? Avait soufflé Marie-Anne à l'autre bout du fil. Je, je ne m'attendais pas à ce que vous me rappeliez un jour, à vrai dire.. Enfin, peu importe, qu'est-ce qui vous a fait chang...

Je l'avais visiblement coupé en plein milieu d'une activité, du footing certainement vu la manière dont elle était essoufflée.

- Comment est-ce que vous avez obtenu cette photo ? M'empressais-je.

Ses états d'âme et questionnements étaient actuellement le cadet de mes soucis.

- Atlantis, dit elle calmement en reprenant son souffle à l'autre bout du fil. Vous comprenez bien que je ne peux pas vous donner une telle information pour le moment.

Évidemment, me dis-je, elle n'est pas stupide. Qu'elle accepte de me le dire, m'évitant ainsi d'avoir à être impliqué la dedans, aurait été trop beau pour être vrai. Devant mon bref silence Marie-Anne reprit.

- J'ai fait un pas vers vous en vous montrant que j'étais sincère et que je ne cherchais pas à vous piéger, alors maintenant, c'est à vous de faire un pas vers moi.

Je m'affalais sur mon lit sans lâcher mon téléphone. Je n'avais plus vraiment le choix et le pire était qu'elle avait totalement raison. Elle n'avait aucune raison de me faire confiance bien au contraire et bien qu'elle avait manigancé toute cette histoire d'anniversaire, et que quelque chose semblait se compresser en moi à chaque fois qu'elle se tenait près de moi, car que je constatais à quel point sa beauté incroyable, se mariait parfaitement à celle de madame Jones. Marie-Anne était toujours restée très correcte avec moi voire adorable et ça me coûtait de le dire.

- Très bien, soupirais-je. Comment vous prouver ma bonne foi ?

J'entendis Marie-Anne déglutir plusieurs fois avant de me répondre, elle devait certainement boire de l'eau. Lorsqu'elle eut fini elle me dit simplement :

- On pourrait peut-être commencer par se tutoyer, et puis vous pourriez voir Kendall ce soir.

- Quoi ?! M'affolais-je en me redressant brusquement sur mon lit.

Un rire léger traversa mon téléphone.

- Non mais vous- tu es cinglée ! M'exclamais-je. Tu crois vraiment que je peux débarquer chez Kendall comme ça ? Après la manière dont je suis partie la dernière fois, elle ne voudra certainement même pas me voir.

Marie-Anne, d'une voix toujours très calme et douce me répondit :

- Je suis certaine que tu sais te montrer persuasive Atlantis et quelque chose me dit que Kendall ne sera pas rancunière très longtemps. J'ai eu la confirmation qu'elle passera bien la soirée chez elle.

Je ne pus me retenir de rire.

- Parfois j'ai l'impression qu'on ne parle pas de la même personne Marie-Anne, est ce qu'on parle bien de Kendall Jones et de son ego surdimensionné ?

Marie-Anne se contenta de rire en réponse à ma question rhétorique.

- Parce que si c'est bien elle, jamais elle va me laisser entrer de nouveau dans sa vie d'une manière aussi aisée alors j'espère que tu as un autre plan parce que ça, c'est hors de question, clarifiais je. Je tiens à ma dignité, je n'ai pas envie de me faire foutre à la porte.

- Un plan ? Répéta, Marie-Anne, visiblement étonnée.

Je me contentais de répondre par une expression faciale qui traduisait mon exaspération. Peut être fallait-il que je le répète en français ?

- Atlantis, le plan, c'est toi ! Nous savons pertinemment que Kendall est très observatrice, elle remarquera le moindre manque de naturel dans ton attitude alors tâche d'être le plus convaincante possible. Tu n'es pas comme les autres soumises qu'elle a eu, il y a autre chose entre vous, je vous ai observé.

- N'importe quoi, soufflais-je tout bas.

- Je t'entends, tu sais, déclara Marie-Anne. Et je connais Kendall depuis assez longtemps pour pouvoir affirmer qu'elle t'apprécie énormément. Et pas seulement en tant que soumise, mais en tant que personne : c'est pour ça que je t'ai choisi toi. Monologua Marie-Anne. Si on veut que ça marche, il faut que tu sois toi-même, je ne pourrais t'aider que sur certains points et te donner quelques idées, mais...

Je mis le haut-parleur afin d'attacher mes cheveux en un chignon très approximatif, j'avais extrêmement chaud.

- Me donner des idées ? Hurlais-je presque en oubliant que je n'étais pas seule chez-moi.

Heureusement que Darren était là pour distraite mon frère sinon ce dernier serait venu me demander si tout allait bien.

- Oui sur le genre de chose qui lui plaît par exemple pour les sorties. M'indiqua t'elle comme si savoir ce que Kendall aimait faire était ma plus grande préoccupation à cet instant.

Je frottais mes mains sur mon visage, en réfléchissant. Ça ne marcherait jamais, Kendall et mois étions incapable de passer du temps ensemble sans finir par nous disputer et contrairement à Marie-Anne j'étais beaucoup moins optimiste sur la capacité de madame Jones à s'attacher à quelqu'un, je ne tardais pas à partager mes pensées avec Marie-Anne.

- Sois naturelle, et joue la sentimentale, fut sa seule réponse.

Je soupirais. Je ne pouvais vraiment pas faire ça, faire semblant, mentir, se jouer de quelqu'un, ça ne me ressemblait pas.

Qui que tu sois sors de ce corps ! Hurla une voix dans ma tête.

- Pense à l'aide que je vais t'apporter en retour, déclara Marie-Anne comme si elle pouvait lire dans mes pensées.

Sceptique, je répondis sur le ton de la supplication :

- Et si ca ne marche pas ? Et qu'elle découvre tout ? Kendall a des agents partout, et elle n'est pas dupe !

- Nous serons très prudentes, nous passerons par une messagerie spéciale. Je te donnerai des conseils avant chaque rendez-vous, et tu me feras un compte-rendu après. De mon côté je te donnerai les informations que j'obtiendrai au fur et à mesure de mon enquête sur... toi.

Malgré mes réticences, je finis par accepter. Marie-Anne m'expliqua que pour l'instant, il y avait encore de nombreuses zones d'ombre autour de son enquête, mais qu'elle avait d'or et déjà quelques informations à me donner dès ce soir, une fois que j'aurai vu Kendall.

- Atlantis ? Appela Marie-Anne alors que nous étions sur le point de raccrocher.

J'écoutais, en silence.

- Ne prend pas trop goût au jeu.

Je levais les yeux au ciel.

- Merde ! Avais-je hurlé de manière étouffée dans mon oreiller, après avoir mis un terme à notre échange téléphonique.

J'étais loin d'être fière de moi.

...

Derreck, qui profitait de quelques jours de repos, voulait passer du temps avec Arya et sa soeur, cependant cette dernière l'avait informé qu'elle avait déjà un programme pour la soirée.

Il avait été curieux, mais s'était retint de demander à sa sœur ce qu'elle avait de prévu, elle semblait être très cachottière ces derniers temps et préoccupée. Depuis la mort de leurs parents, il n'était pas rare que cela lui arrive, mais là, il avait l'impression qu'il y avait autre chose.

Derreck pouvait comprendre que sa sœur soit devenue un peu moins bavarde avec lui, elle mûrissait. Et, après tout lui aussi avait ses « petits » secrets, mais qu'elle le soit avec Arya et qu'il y ait un tel froid entre les deux femmes, ça ce n'était pas très courant. La dernière altercation des deux jeunes femmes lui avait bien prouvé qu'il y avait un problème quelque part.

Bien qu'Atlantis n'ait pas pu être là, Derreck avait tout de même tenu à passer un peu de temps avec son amie, Arya. Elle l'avait toujours soutenu sur tout, et ce, sans jamais le juger, même quand ses demandes étaient particulièrement folles, comme la fois ou Arya avait du faire semblant d'être la petite amie de Derreck, car ce dernier c'était dégonflé de faire son coming out lors de vacances en Australie avec Darren et Australie alors qu'il avait informé ses parents qu'ils devaient leur présenter quelqu'un. Il avait ainsi entraîné la jeune femme dans cette folle histoire. Pour cette raison, ils avaient largement surpassé la simple relation « meilleure amie de ma soeur/frère de ma meilleure amie ».

Il avait donné rendez vous à Arya au New Yorker pour boire un verre, ils n'avaient pas le temps de déjeuner puisque Arya était entre deux rendez-vous professionnels où elles devaient remplacer son frère. Comme a son habitude, Arya était en retard et Derreck l'attendait patiemment en jettent des regards fiévreux à son téléphone. Il s'était disputé avec Darren, qui, depuis la veille au soir ignorait tous ses messages et ses appels. Le Barbadien détestait lorsque son petit ami se braquait de la sorte, mais il savait que quand cela arrivait, c'est vraiment parce que Darren était vraiment à bout. Il était la personne la plus attentionnée et la plus douce qui soit.

- T'en tires une tronche toi, taquina Arya en arrivant à la table où s'était installé le grand frère de sa meilleure amie.

Ce dernier retira le téléphone de son oreille et mit fin à sa tentative de joindre son petit ami, et avec une mine déconfite, il se leva pour embrasser Arya, sans lui répondre pour autant.

- Laisse moi deviner, insista la jeune femme en s'asseyant. C'est à propos de Darren ?

Derreck soupira fortement avant de répondre :

- On s'est violemment disputé hier soir.

Arya haussa les sourcils afin de faire comprendre à son interlocuteur qu'elle en attendait davantage. Devant la mine déconfite d'un Derreck pensif et silencieux, elle se leva de sa chaise et attrapa son sac.

- Tu sais quoi ? Tant pis pour mes rendez-vous, j'inventerai une excuse auprès de mon père. On va acheter à manger et aller se poser au The Ramble* pour pique-niquer, je pense qu'on a tous les deux besoins de prendre l'air.

Arya lui tendit sa main et avec un sourire Derreck l'attrapa avant de se lever.

Après avoir acheter leur plats préférés au New Yorker, ils se posèrent sur l'herbe du grand parc qui avec ses grands arbres créer une atmosphère intime et propice au pique-nique dans le calme. Arya avait retiré ses sandales à talon et derreck avait retiré sa veste de tailleur afin qu'ils puissent s'asseoir dessus. Confortablement installés, et tout en mangeant le jeune homme expliqua son problème à Arya qui l'écoutait en mangeant doucement. Cette dernière savait très bien quel était le problème, entre Darren et Derreck, c'était toujours le même problème qui revenait sans cesse.

- ... Il ne comprend pas ma position. Il sait que je ne peux pas m'afficher publiquement, je n'y arrive pas Arya. Se confia le jeune homme entre deux bouchées. Et il le sait alors pourquoi essayer d'attraper ma main en public ou d'avoir ce genre de geste affectif ? Demanda d'une voix triste Derreck.

Arya avait un visage sérieux, tout en embouchant son repas. Elle encouragea Derreck à continuer ses confidences en mimant le mouvement d'un moulin avec sa main.

- D'habitude, il n'insiste pas et comprend, mais hier, il n'a rien voulu entendre. J'ai paniqué alors je me suis braqué et nous avons commencé à nous disputer en pleine rue, il m'a laissé en plan après avoir hurlé « assumes qui tu es merde ! » .

La voix de Derreck était tremblante et tout comme Atlantis lorsqu'elle était nerveuse, il mordillait sa lèvre.

C'était incroyable comme des attitudes chez Derreck pouvait lui rappeler Atlantis, ou alors était ce parce qu'elle voyait Lantis partout ? La jeune Miller secoua la tête pour sortir sa meilleure amie de ses pensées, ce n'était vraiment pas le moment de penser à ça.

Arya déposa son plat sur l'herbe et s'empressa de faire de même avec la box de Derreck qui n'avait pas finis de manger, avant de lui intimer de s'allonger sur le dos et de respirer profondément. Elle en fit de même afin de laisser le soleil embrasser sa peau. Le parc était calme, et de là ou ils étaient, on aurait pu croire qu'il se trouvait seul au milieu de tout le monde. Quand elle sentit la respiration de son ami se calmer, Arya déclara :

- Tu ne peux pas éternellement vivre de cette manière Derreck, je sais que tout ceci est très dur à accepter pour toi, mais tu dois comprendre Darren, ça fait bientôt cinq ans que vous vous fréquentez, cinq ans que vous vous cachez, faites semblant même avec ta propre soeur..

Arya tourna légèrement sa tête afin de jeter un coup d'œil vers Derreck, qui fixait le ciel, le regard vitreux.

- Il est compréhensif Derreck, il a toujours été adorable, mais je crois qu'il est à bout, il en a assez de tout ça. C'est horrible de devoir cacher son amour quand on a envie de le hurler..

En disant cela Arya avait senti ses joues se rosirent et cela la gêna quelque peu, Derreck qui la regardait le remarqua, mais il ne fit aucun commentaire, il savait comment Arya pouvait se renfermer sur elle lorsqu'on lui parlait de sentiments, sur ce point elle ressemblait énormément à sa petite soeur.

- Je, je sais, mais je ne peux pas soupira fortement Derreck, la voix tremblante.

Les larmes montaient aux yeux du jeune homme, il ne voulait pas perdre l'être qu'il chérissait le plus, mais d'autre part, il ne pouvait pas rompre la promesse qu'il avait faite à ses parents de ne jamais vivre sa sexualité ouvertement.

Derreck ne pouvaient pas dire que ses parents l'avaient bien pris. Le premier à s'en être rendue compte était son père, homme sévère dans l'éducation de ses enfants. Il avait remarqué l'attirance envers la gente masculine de son fils lorsque Derreck entrait dans l'adolescence. Il en avait alors parlé à sa femme qui un dimanche après la messe de l'église, pendant que sa cadette faisait une sieste avait convoqué une réunion de famille durant laquelle les deux parents s'étaient mis à discuter avec Derreck afin de lui expliquer que tout ceci n'était pas de sa faute. Bien qu'au début, le petit garçon nia tout en bloc, il finit par se confier à ses parents, s'excusant, en larmes.

Ces derniers vinrent le prendre dans leur bras et ils lui expliquèrent qu'il ne devait pas laisser cette attirance prendre le dessus sur lui et de se comporter « normalement », de s'en remettre à Dieu afin qu'il aide leur famille à traverser cette épreuve. Les parents avaient bien insisté sur le fait qu'Atlantis qui était plus jeune ne devait pas être au courant de tout ça, car Derreck était le grand frère, il se devait de montrer l'exemple.

Cette situation, paradoxalement, rapprocha, mais éloigna Derreck de ses parents. Cela le rapprocha de sa mère puisqu'il s'impliqua davantage dans la vie de l'église assistant à toutes les messes, devenant l'un des principaux choristes gospel de leur paroisse. Sa mère était particulièrement fière de lui, il était à la fois brillant à l'école, actif en tant que membre de l'église, sage et mignon comme tout. Mais en parallèle Derreck s'était créer tout un personnage irréel, ficitif qui en plus d'avoir l'image du petit adolescent bcbg parfait, excellait dans l'équipe de volley-ball du lycée, sortant avec les plus jolies filles. Avec ce masque parfait, Derreck ne se faisait plus embêter par maman ou papa, ou encore, il ne risquait pas de faire honte à sa famille, ou de donner un mauvais exemple à sa sœur.

Cette mascarade bien trop lourde à porter fit énormément souffrir le jeune homme qui implosait de l'intérieur, reniant totalement qui il était, se détestant.

Derreck a alors cherché à fuir autant qu'il le put le monde superficiel dans lequel il vivait, c'est pour cette raison qu'il décida de ne pas se lancer dans une carrière d'ingénieurs comme lui et ses parents avaient convenus. Sur un coup de tête, il décida de se lancer dans l'industrie du tourisme de luxe, car il savait que cela l'amènerait à souvent voyager, de fil en aiguille, il était devenu Stewart, et ce rythme lui convenait parfaitement bien qu'il était source de tension avec ses parents qui pensaient que leur fils deviendrait un ingénieur qui s'installerait avec sa femme et ses enfants dans une banlieue chic de Canberra.

- Tu aimes cet homme plus que tout alors ne laisse pas tes peurs te l'arracher, le prévînt Arya. Parce que c'est ce qui risque d'arriver Derreck, si ce n'est pas déjà le cas. Tu as le droit de vivre ta vie et d'être heureux, même tes parents n'avaient pas le droit de t'enlever ça. Tu dois prendre une décision : t'accepter comme tu es ou alors faire un travail sur toi-même mais dans ce cas-là il va falloir que tu sois honnête avec Darren car il ne pourra pas attendre indéfiniment et le lui demander serait purement égoïste.

Ary avait dit cela en se tournant, de manière à être allongé sur le côté, tenant sa tête contre la paume de sa main. Elle vit Derreck fermer les yeux, en cherchant à retenir ses larmes. Il passa ses mains sur son visage avant de d'attirer Arya contre lui, il la serra dans ses bras.

- Ça va aller, souffla t'elle, je suis sûre que tu feras le meilleur choix pour toi.

- Merci, murmura t'il dans la chevelure couleur miel de la jeune femme dont la tête reposait sur son torse.

Ils restèrent ainsi, quelques instants, entre la chaleur agréable du soleil et le bruit lointain du brouhaha new-yorkais qui les berçais.

- Arya ? Appela doucement Derreck en jouant avec les cheveux de son amie.

- Hum hum ?

Derreck lui demanda alors ce qu'il s'était passé avec sa petite sœur, il sentit Arya se crisper dans ses bras. Il s'attendait à ce que comme lors de leur petite dispute, Arya lui affirme que ce n'était rien, qu'elles s'étaient chamaillées pour une histoire sans importance, cependant ce lourd silence, l'inquiéta.

- Si tu ne veux pas en...

Arya se releva alors, le coupant, les joues rouges et le regard sérieux.

- Je ne devrais pas t'en parler, mais... Hésita t'elle. Atlantis a rencontré quelqu'un et..

Derreck vit Arya déglutir difficilement, son inquiétude amplifia. À cet instant la jeune femme avait eu envie de tout déballer à Derreck mais l'ennui était qu'elle savait qu'il ne ferait que se torturer, se disant que ses parents avaient raison et que si sa petite sœur était attirée par les femmes c'était forcément de sa faute. Au vu de ce que traversait Derreck avec Darren, ce n'était pas le moment. Et lui parler de ce qu'elle ressentait envers Atlantis, cette attirance : impossible.

- Et quoi ? S'empressa Derreck en se redressant à son tour.

- Je ne la comprends plus, se reprit Arya.

Ça n'était pas ce qu'elle s'était apprêtée dire, mais c'était aussi vrai.

- C'est comme si elle était devenue quelqu'un d'autre. Je la vois à peine, elle me parle à peine, et moi j'ai l'air d'une grosse idiote qui est là à attendre qu'elle daigne m'accorder un peu de son temps ou de son attention ou..

Arya s'arrêta en voyant le sourire qu'arborait Derreck.

- Quoi ? Cria presque Arya, n'étant elle, pas du tout amusée.

Devant le grand sourire du jeune homme Arya le frappa à l'épaule.

- Je peux savoir pourquoi tu te mets à rire comme un idiot ! S'exaspéra la jeune Miller.

- Tu es jalouse !

Arya sentit ses joues se rosirent et son pouls accélérer.

- N-non, balbutia t'elle.

Elle se mit à paniquer.

- Bien sur que si, continua Darren, ta meilleure amie que tu avais pour toi à 100 % a désormais rencontré quelqu'un avec qui elle passe la plupart de son temps. Se moqua Derreck.

Arya, soulagée de ne pas avoir vraiment été démasquée, posa sa main sur la bouche de Derreck.

- Stop, rigola t'elle. D'accord, d'accord, j'ai compris.

Derreck lui pinça le bout du nez pour l'embêter.

- J'ai juste le sentiment d'être mise de côté et ça me blesse, Atlantis ne me dit presque plus rien et j'ai l'impression de la perdre. Dit sincèrement Arya.

Derreck observa longuement la jeune femme, et entendre sa voix aussi tremblante lui brisa le coeur.

- Elle ne m'a rien dit à ce sujet, déclara Derreck plus sérieusement, comme pour la rassurer. Mais une chose est sûre : Atlantis ne peut pas se passer de toi, et tu le sais. Je pense que c'est juste la fougue du début.

Arya haussa les épaules en détournant son regard.

- M'ouais... Tempéra t'elle. De toute manière on sait à quel point elle est peu bavarde quand il s'agit de ce genre de sujet.

Son interlocuteur hocha lentement la tête en se souvenant de la manière dont Atlantis fuyait ce genre de conversation comme la peste.

- Et ce monsieur qu'elle a rencontré, tu le connais ? Il est sympa ? Qu'est ce qu'il fait dans la vie ? Est ce que c'est sérieux ? Montre moi une photo. Enchaîna Derreck.

Arya le regard fuyant, fit diversion afin de ne pas se faire avoir en essayant de mentir.

- Tout va très bien, relax monsieur le grand frère. Du reste, il me semble que vous avez tous deux vos petits secrets, fit elle remarquer avec un sourire malicieux. Ne compte pas sur moi pour jouer les agents doubles !

Ils rigolèrent en continuant à se taquiner et à manger.

...

« Je suis dans sa rue, bon sang arrête de m'envoyer des messages ! »

Je jurai en envoyant le message, le message eut à peine le temps de s'envoyer que mon téléphone vibra de nouveau.

« Je stresse ! » m'écrivait t'elle.

« Pas plus que moi Maria alors lâche moi la grappe, je t'enverrai un message plus tard ! »

Je rangeais mon téléphone avant d'effectuer une manœuvre afin de garer ma mini cooper dans le parking privé de l'immeuble ou vivait madame Jones. J'étais en pleine mission « reconquête » et c'était un euphémisme de dire que Marie-Anne ne me lâchait pas d'une semelle. Elle avait tout pensé et ce dans les moindres détails, c'est ainsi que je me retrouvais à porter une longue veste mi-saison noire qui m'arrivait aux chevilles, avec rien d'autre que mes sous-vêtements en dessous de celui-ci.

- Il faut te servir de ton meilleur atout face à elle : ton corps, joue la "allumeuse". Envoie-moi une photo quand tu seras dans ta voiture que je m'assure que tu es bien parée. M'avait elle dit au téléphone quelques instants plus tôt.

- Je ne suis pas une allumeuse, avais-je répondu.

- D'accord dans ce cas, essaye ! Avait elle chantonné.

Je maudissais Marie-Anne mais je repensais à pourquoi je faisais ça et il m'était impossible de faire demi-tour. De toute manière je venais tout juste de passer la sécurité du parking, heureusement que le jeune homme m'avait reconnu et qu'il n'avait pas posé beaucoup de questions. Comme je m'y attendais, il avait appelé Jack au téléphone pour l'informer qu' « une amie de madame Jones vient d'arriver, veuillez venir l'escorter. »

Je sortis maladroitement de ma voiture, il faisait légèrement frais dans le parking, des frissons me parcourent tout le corps. Ça ne m'aidait pas vraiment vu mon état de stress. Imaginer tout ceci en théorie m'avait pourtant semblé bien plus facile.

C'est à peine si j'arrivais à marcher correctement tant, j'appréhendais de revoir Kendall, je n'étais mentalement et physiquement pas prête. Je ne pouvais nier que cette rencontre m'excitait, j'étais même légèrement impatiente de me retrouver face à cette sublime femme froide, il y avait quelque chose de presque magnétique chez elle, qui m'attirait, mais me repoussait à la fois.

- Madame Kayslar, dit solennellement Jack qui venait de sortir de l'ascenseur. Pardonnez mon manque de réactivité, mais je ne vous attendais pas.

Jack m'offrît un sourire chaleureux que je lui rendis bien évidemment, je n'avais pas réalisé que cet homme toujours tiré à quatre épingles m'avait manqué.

- Il n'y a pas de mal Jack, vous êtes en retard de quoi, une demi seconde ? Le taquinais-je.

Il sourit timidement.

- Je suis ravi de vous revoir parmi nous, déclara t'il en rougissant légèrement, et je suis certain que Madame Jones le sera également.

Mon cœur rata un battement, est ce qu'elle serait réellement contente ? Ou est-ce que qu'elle me foutrait à la porte ? Je penchais pour la deuxième option, Maria pour la première, alors j'espérais sincèrement qu'elle avait raison sur ce coup.

- Cependant, Madame Jones a actuellement de la compagnie et elle désire ne recevoir personne alors j'ignore si elle sera en mesure de vous recevoir. M'informa Jack en tapant le code qui permettait à l'ascenseur de s'enclencher.

De la compagnie ? Eh bien, elle ne perdait pas de temps. Je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel en poussant un léger grognement de désapprobation.

Bien sûr qu'elle allait me recevoir, sinon j'allais devoir attendre pour obtenir des informations venant de Maria et il en était hors de question. Et puis qui diable pouvait, elle recevoir en pleine soirée ? Une nouvelle soumise ? Non, elle n'oserait pas, pas après si peu de temps tout de même...

Jack m'installa dans une pièce près de l'entrée par l'ascenseur. C'était une pièce de taille moyenne, que je ne me rappelais pas avoir déjà vu et qui ressemblait à une salle d'attente. Jack me demanda si je désirais boire quelque chose et lorsque je lui dis non il m'apporta quand même un verre d'eau.

Mon état de stress se voyait il autant ? Je pris le verre en le remerciant puis il s'en alla en m'indiquant qu'il allait voir avec madame si elle pouvait me recevoir.

« Alors ? Tu l'as vu ? »

Je faillis jeter mon téléphone lorsqu'il vibra, j'allais finir par vraiment le faire si Marie-Anne ne me foutait pas la paix. Je décidais d'ignorer son message pour le moment, en faisant les cents pas dans la « salle d'attente », j'étais incapable de rester assise et d'un coup je trouvais ma queue-de-cheval (sur laquelle je m'étais particulièrement appliquée spécialement pour l'occasion) un peu trop serré et ma veste bien trop chaude.

Seul le bruit de mes talons claquant le sol résonnait quand je cru entendre une porte coulisser et puis une voix qui figea tout mon corps. Je n'entendais pas de manière claire ce qui était dit alors je n'avais aucune idée de ce qui se disait, mais une chose était sûre quelque chose dans ma poitrine qui s'était endormie durant ces cinq longues semaines, explosa. 

- Je ne reçois personne aujourd'hui, Jack, il n'y a aucune exception, entendis-je alors de manière très claire.

Je l'avais entendu, car sans vraiment savoir avec quel courage, je m'étais avancée dans le couloir à pas de loup. Je n'étais visiblement pas très discrète puisque Jack, qui se tenait au niveau de la grande double, porte de verre qui donnait accès au séjour de Kendall, se retourna soudain, me prenant en flagrant délit.

Seul un couloir, une porte en verre et Jack me séparait de Kendall, ce n'était rien, pas suffisant pour m'empêcher de parvenir à mes fins ce jour-là.

Je contournais habilement Jack qui chercha à me faire comprendre que sa patronne ne souhaitait recevoir personne. Je l'ignorai en courant presque vers le séjour et il me suivit en continuant de me supplier de m'arrêter.

- Assez, ordonna froidement Kendall lorsque nous arrivâmes à sa hauteur.

Ses cheveux encore trempés mouillaient sa chemise ample blanche, je pouvais sentir l'odeur sucrée qui l'entourait. Son visage paraissait tellement doux, bien plus que dans mes souvenirs. Je déglutis avec difficulté, la bouche sèche. Je ne savais pas ce qui me rendait aussi molle, la peau de son coup encore humide ou la voir dans ce jean trouée et délavée qui lui donnait un air faussement négligé, incroyablement renversant.

- Jack laissez nous, intima t'elle et ce dernier s'exécuta instantanément. Quel est ce cirque Madame Kayslar ? Dit-elle toujours aussi froidement. Où te crois-tu ?

Son ton me donna froid dans le dos et son regard.. j'avais l'impression d'être une étrangère et cela me bouleversa au point ou mes yeux devinrent douloureux.

Je n'eus le temps de répondre puisque d'autres talons que les miens claquèrent le sol et une femme à la sublime peau chocolat fit son apparition, elle enfila sa veste en entrant dans le séjour. Elle portait un tailleur bleu électrique aussi délicieux que les traits de son visage. La « compagnie » de Kendall, pensais-je avec un dégoût dont j'ignorais la provenance.

- J'ignore où j'ai fichu ma montre... Rolex devrait envisager d'équiper nos montres de GPS qui nous permettent de les retrouver à tout moment ! Se plaignit la femme sans me remarquer, elle attachait une chaînette en or à son poignet fin.

Ayant sans doute remarqué le silence pesant dans la salle, la jeune femme releva alors le nez, plantant son regard dans le mien.

- Oh.. souffla t'elle.

Elle se tourna alors vers Kendall, en arborant un large sourire.

- Chérie, j'ignorais que tu attendais quelqu'un, dit elle avec une voix mélodieuse. Tu ne nous présentes pas ?

Chérie ? J'eus un haut de cœur.

Kendall se contenta de croiser les bras, la mâchoire crispée. Je bouillonnais intérieurement, car au vu des cheveux de la femme à la peau d'ébène qui étaient eux aussi encore humides, je devinais qu'elles avaient toutes les deux pris une douche et quelque chose me disait qu'elle ne l'avait pas prise séparément, je préférais ne même pas imaginer ce qu'il s'était passé durant cette nuit.

- Je vois, dit la femme avec malice en s'approchant de moi, tu veux garder ton petit trésor pour toi.

Elle me scruta de haut en bas.

- Et je ne crois même pas pouvoir t'en vouloir, c'est tout à fait compréhensible.

La femme sentait la vanille et quelque chose de bien plus intense qui ne mettait qu'un seul mot à la bouche : séduction. Cette femme était l'incarnation même du mot « sexy » avec sa démarche naturellement attrayante et sa voix sensuelle. Elle me fixait comme si elle cherchait à me mettre à nue et cela me donna immédiatement des frissons. Je soutins son regard malgré mon envie de laisser mes yeux parcourir ses courbes généreuses. Une tension avait envahi tout mon corps.

- Elle est délicieuse Ken, dit t'elle, je te l'envie presque.

J'eus du mal à avoir les idées claires lorsque la femme effleura ma joue du bout de ses doigts, j'entendis ce qui ressemblait à un grognement derrière elle.

- Raeesah, rappela à l'ordre Kendall.

Cette dernière mis fin à ce contact électrique sans me quitter des yeux pour autant. Je ne comprenais pas vraiment ce qu'il se passait.

- Oh, je t'en prie Ken, je ne les aime pas aussi innocentes, ria t'elle en se tournant légèrement vers Kendall. Quel est ton nom beauté ? Me demanda t'elle en redirigeant son attention vers moi avec un regard étrangement bienveillant.

Instinctivement je lançais un regard vers Kendall dont les membres semblait figés, elle était furieuse mais se contenait, elle devait drôlement tenir à cette femme car du peu que j'en savais d'elle, en temps normal celle-ci aurait déjà regretté de m'avoir approché d'aussi près devant elle, ou alors elle n'en avait plus rien à faire et c'est au contraire l'intérêt que cette dernière me portait qui la mettait autant hors d'elle.

- Atlantis, dis-je doucement.

Raessah m'offrit un sourire radieux.

- Exquise ! S'exclama t'elle. Eh bien.. Comme Ken refuse de me présenter, je suis la charmante Raessah, amie de Kendall.

- Amie ? Répétais-je avec d'avantage d'amertume dans la voix que l'aurais voulu.

Quelle drôle d'amitié, pensais-je.

Elles n'allaient tout de même pas me faire croire qu'ils ne s'étaient rien passées entre elles, pas quand Reassah et Kendall à elles deux dégageait un sex-appeal capable de mettre le feu à une maison.

- Nous nous dépannons juste parfois rien de plus intime chérie, ne...

Kendall se racla la gorge, ce qui poussa Raessah à couper notre contact visuel, me libérant ainsi de son emprise.

- Roh, apparemment j'en dis trop. Ce que tu peux être vieux jeu parfois, se plaignit elle de Kendall en attrapant un petit sac à main Hermes posée sur la table basse. Je te laisse ton bijou !

Elle fit un bisou sur la joue à Kendall ce qui me surprit, car cette dernière n'émit aucun signe de réticence. Elle en fit de même avec moi, j'eus même droit à un clin d'œil en plus.

Lorsque Raessah quitta la pièce, je pus enfin respirer normalement, je croyais pouvoir laisser la température redescendre, mais j'oubliais que lorsque Kendall se trouvait dans une pièce avoir une température normale était quasi impossible, j'avais soit beaucoup trop chaud soit atrocement froid tant elle pouvait être glaciale.

- Que fais-tu ici ? M'interrogea t'elle durement en me dévisageant.

Mon cœur se serra. En si peu de temps : elle couchait avec une autre femme et je n'étais déjà plus la bienvenue chez elle, tout ça alors que nous n'avions même pas rompu notre contrat.

Il y avait désormais une telle distance entre nous, maintenant c'est elle qui ne me faisait plus confiance et cette idée m'effraya alors j'avançais doucement vers elle, et ça je ne le faisais pas pour Marie-Anne mais parce que je ne supportais pas l'idée que Kendall soit aussi distante. Je me demandais si elle avait été autant blessée par mon comportement de la dernière fois que je l'étais moi-même à cet instant.

- Tu as violé une close du contrat, soufflais-je d'avantage comme une blessure profonde que comme un reproche.

Kendall resta impassible tandis que je m'approchais, je voulais la toucher ne serait ce que pour voir si même ça ne lui faisait plus rien. Lorsque je fus assez près d'elle et que son parfum embauma tout mon être, j'effleurais ses cheveux et lorsque mes yeux rencontrent ses lèvres, j'eus env...

- Tu n'es plus ma soumise Atlantis, notre contrat est rompu depuis la semaine dernière.

Ma main resta suspendue.

- Mais...je, commençais-je, choquée.

- C'est une règle tacite, mais lorsque je reste un mois entier sans approcher une soumise notre contrat est immédiatement rompu, me coupa t'elle.

Je déglutis difficilement, le cœur battant tel un tambour.

- Tu ne m'as jamais parlé de ça.

Kendall eut un rictus.

- N'était-ce pas ce que tu voulais ? Susurra t'elle au creux de mon oreille, son souffle effleurant ma peau.

Ce que je voulais ? Moi-même, je l'ignorai désormais.

- Et toi étais-tu tant pressée que ça de coucher avec d'autres femmes ? Répondis-je sur le même ton.

La mâchoire de Kendall serra.

- Chacun se console à sa manière, avoua t'elle durement. Mais il ne s'est rien passé avec Raessah, du moins pas cette fois-ci.

Tous mes muscles se détendirent et je scrutais Kendall, elle avait paru tellement vulnérable en disant cela, presque triste. J'en étais incapable.

- Si je ne suis plus ta soumise, je ne réponds plus de rien, je peux alors tout faire à ma guise ? Demandais-je doucement.

Kendall tira sur ma queue-de-cheval, dégageant ma gorge dans laquelle elle souffla :

- Tu n'es plus ma soumise, je ne te touche plus.

Elle relâcha brutalement mes cheveux.

- Recule, dit elle d'une voix rauque.

Je n'en fis rien au contraire, j'entrepris de déboutonner ma veste, d'avantage pour me mettre à nue, afin de lui montrer ma vulnérabilité face à elle à mon tour que pour jouer les allumeuses.

- Je suis désolée, déclarais-je avec une petite voix quand ma veste toucha le sol.

Kendall m'observa, longuement, avec envie certes, mais pas seulement, il y avait autre chose quelque chose de plus profond. Elle attrapa délicatement mon visage entre ses mains avant de déclarer d'une voix douce :

- J'ai fais une erreur en te prenant comme soumise, j'ai cru t'avoir cerné, j'ai cru que tu pourrais le supporter, que l'on trouverait un équilibre, que tu t'y ferai mais j'ai eu tord. Je t'ai entraîné dans tout ceci alors que tu n'étais pas prête, tout à été brusque et je le regrette. Je t'ai blessé et il vaut mieux mettre un terme à tout cela.

Je sentis mes yeux s'humidifier, j'avais l'impression de me faire larguer alors que je n'étais même pas en couple et cela me brûla de l'intérieur.

- Tu me manques, soupirais-je en me souvenant de ce que Marie Anne m'avait dit : être naturelle, me prendre au jeu, ce que j'avais oublié en revanche c'était de ne pas oublier de ne pas prendre à mon propre jeu au point de ne plus pouvoir discerner le vrai du faux.

Ma poitrine s'affola après mes mots et je vis une sorte de confusion dans les yeux de Kendall.

- Et je veux que tu me touches, murmurais-je, parce que mon corps ne connaît que toi, et nous n'avons pas besoin de ce contrat pour nous en rappeler.

Je sentis mes tétons se durcirent sous le tissu très fin de mon soutien-gorge, tandis que Kendall me fixait toujours sans rien dire, les traits tirés et le visage toujours dur. Je jouais le tout pour le tout, soit ça passait soit Kendall ne me faisait définitivement plus confiance et j'étais fichue.

J'eus ma réponse lorsqu'elle me souleva mettant mes jambes de part et d'autre de son corps, ce qui me fit pousser un soupir proche d'un gémissement, mes bras vinrent entourer son cou et mon corps brûlait déjà à l'idée que ses lèvres me découvrent de nouveau. Je tremblais à la fois de soulagement, de peur - par rapport à l'aspect sentimental de tout ce que je venais de dire, et d'envie.

Nos bouches à quelques centimètres, nos fronts l'un contre l'autre, le souffle de madame Jones caressa mes lèvres qui ne demandaient qu'à lui appartenir, mais à quelques millimètres Kendall se stoppa net.

- Je dois réfléchir à tête reposée, je ne peux me permettre d'agir impulsivement aussi tentant cela soit-il. Je ne me suis jamais retrouvée dans une telle situation Atlantis.

Je poussais un énorme soupir de désapprobation, tant ma frustration était à son comble. Kendall me relâcha et recula doucement.

Avant qu'elle eut le temps de se baisser pour passer ma veste sur mes épaules, une voix féminine et grave hurla derrière moi :

- Seigneur Dieu, Kendall Jones n'as-tu donc aucune vergogne ?!

Affolée, j'arrachais ma veste des mains de Kendall et cachais mon corps avec ma veste. Je vis le visage de Kendall se décomposer, je me retournais et tombai nez à nez avec son portrait crachée, en plus âgée. Jack affolé arriva quelques secondes après.

- M-man, Erika, articula doucement Kendall.

- Affaire de famille, nous devons discuter déclara solennellement la mère de Kendall. En cinq ans je ne t'ai pas importuné une seule fois alors fais moi le plaisir de congédier cette femme et de te vêtir d'une tenue digne de ce nom, il est temps de faire honneur à ton nom, j'ai quelqu'un à te présenter.

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*The Ramble : une belle partie densément boisée de Central Park.

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