Chapitre XIV


Je sentais un poids particulièrement étouffant peser sur mes épaules. Je n'avais jamais vu une telle lueur dans les yeux de ma meilleure amie. Elle était certes impulsive, mais je ne comprenais pas ce qui lui avait pris de réagir aussi violemment. Elle avait voulu que je parle avec Kendall, je l'avais fait ! Et maintenant, elle s'emportait ? Je n'y comprenais plus rien. Quelque chose m'échappait visiblement ou alors Arya était dans sa période « crise de nerf », elle était insupportable lorsqu'elle avait ce genre de saut d'humeur.

Je me sentis cependant atrocement coupable de ne pas avoir retenu ma meilleure amie...

De ne pas avoir défier Kendall.

C'était la deuxième fois que je me retrouvais dans cette situation : coincée entre Arya et Kendall. J'avais cru qu'elles s'entendaient bien désormais, mais j'avais visiblement oublié que ma meilleure amie était particulièrement protectrice envers moi. Mais qu'est ce que elle avait voulu au juste ? Que je mette Kendall à la porte ? Je comprenais qu'elle se montre méfiante vis-à-vis de Kendall surtout après tout ce qui s'était passé dernièrement, mais l'essentiel était que les choses se soient arrangées, non ?

Peut-être qu'Arya était sur les nerfs parce qu'elle s'était disputée avec Morgan ? Cela faisait un moment qu'elle ne m'avait pas parlé de lui, et leur relation semblait être différente des relations insignifiantes qu'elle avait eu jusqu'à présent. Peut être qu'elle avait des sentiments pour lui et que ça la mettait dans tout ces états ? J'allais devoir lui parler lors du dîner, même si cela allait être compliqué en présence de Derreck et Da...

Non, non il ne valait mieux pas que je me mette à penser à mon frère maintenant, je ne ferai que paniquer.

J'avais entendu Arya hurler que Kendall et moi étions censées nous parler dans un lieu public. Effectivement, si j'avais eu le choix, je l'aurais sans doute exigé également. De manière à éviter que cette discussion ne finisse... Comme ça : moi, nue, les mains douces et chaudes de Kendall sur moi, ses murmures aux creux de mon oreille, mon orgasme dévastateur. Mais tant pis, nous ne nous étions pas parlées dans un lieu public et cette histoire n'avait été qu'un fâcheux malentendu. Rien ne s'était passé comme prévu mais tout c'était bien passé ! N'était ce pas l'essentiel ? Si... mais quelque chose que je n'arrivais pas à qualifier me titillait.

Quel foutoir, se moqua une voix dans ma tête.

Si Arya connaissait un minimum Kendall, elle saurait que c'est toujours elle qui pose les conditions.

Toujours ?

Oui toujours ! Madame Jones et son autorité, Madame Jones et son ego, Madame Jones et ses directives. Kendall avait un don pour me mettre dans des situations où je devenais un simple pion sur son échiquier. C'est exactement ce qu'elle avait fait aujourd'hui et j'étais retombée dans ses bras - ou plutôt sous ses doigts. Je n'avais pas envisagé une seule seconde que Kendall soit sincère et qu'elle ait fait tout ceci pour me protéger, alors évidemment que je n'avais pas imaginé l'issue qu'aurait pu prendre notre conversation s'il s'avérait que c'était moi qui me trompais depuis le début. Non, j'avais plutôt cherché un tas de répliques méchantes à lui lancer lors de notre « discussion ».

Comme toujours, ma longue et minutieuse préparation ne m'avait guère servit. Madame Jones parvenait inévitablement à avoir un, ou deux coups d'avance sur moi. Elle me faisait baisser ma garde en ne faisant presque rien. Je ne parvenais jamais à anticiper, dès qu'elle se tenait devant moi mon sort semblait déjà scellé. Cela m'excitait autant que cela me donnait envie de l'étrangler. C'était très attrayant au début, j'y trouvais quelque chose de déconcertant, et d'incroyablement charmant.

Aujourd'hui : cela m'effrayait. J'avais passé une semaine infernale, il m'avait été impossible de dormir paisiblement, de travailler tranquillement, je réfléchir aisément. Je n'avais cessé de penser à Kendall, à sa main sur la nuque de Marie-Anne. Ce que j'avais ressenti lorsqu'elle m'avait ignoré, je n'avais cessé de ressasser nos ébats, de penser à ce fameux premier soir. Jamais je ne m'étais sentie aussi vulnérable et fébrile.

Son attitude au café était certes justifiée, mais cela n'effaçait pas le fait qu'elle aurait pu s'y prendre autrement, elle aurait pu m'envoyer un message en quittant les lieux. Elle avait sans doute voulu bien faire mais elle s'y était prise de manière maladroite. Kendall était une femme maladroite ( pas gauche, bien au contraire sans doute un peu trop habile mais dès qu'il s'agissait de relation humaine elle semblait avoir un problème sérieux). Me couper complètement d'elle m'avait permis de me rendre compte qu'elle m'avait complètement posséder, elle me hantait et malmenait mes émotions. Cette femme me rendait complètement folle, même en étant absente, surtout en étant absente. Et j'avais décidé ne plus la laisser avoir un tel effet sur moi, de ne plus verser une seule larme en pensant au fossé qu'elle avait creusé dans ma poitrine en quelques secondes l'autre jour au café. Il était hors de question que je me retrouve aussi faible et démunie une nouvelle fois et ce juste pour une histoire de sexe. Même pour Kendall Jones, surtout pour Kendall Jones.

Ce qu'elle avait fait à Maria n'avait rien de rassurant, certes nous n'entretenions pas de relation sentimentale et fort heureusement, mais cela me confortait dans l'idée que je surfais sur un terrain dangereux. J'en étais certaine désormais. J'ignorais l'issu de tout ceci, mais si l'une de nous devait tomber à la fin, ça ne serait pas moi. Je refusais de devenir une Maria désespérée. J'allais devenir la soumise de Kendall et la pousser à bout, je voulais la faire craquer, lui faire tomber son masque. Ce n'était pas de la méchanceté, mais un besoin, j'avais besoin de me prouver que je pouvais l'atteindre autant qu'elle avait pu le faire. La récréation était finie ? Kendall ne croyait pas si bien dire.

Je poussai la main de Kendall qui n'avait pas quitté ma taille même après que ma meilleure amie ait claqué la porte, pour me dégager. Elle me foudroya du regard.

- Tu viens de me pousser, releva t'elle la voix entre la surprise, l'agacement, et le mécontentement.

Je refermai la porte avant de répondre.

- Exactement Kendall, je viens de te pousser.

Elle haussa un sourcil.

- J'ai toujours pris mes décisions seule et je n'ai pas besoin que tu t'interposes à chaque fois, m'indignais-je. Surtout, lorsque je suis en face de ma meilleure amie, tu n'as pas ton mot à dire.

- J'ai hâte que tu signes ce contrat pour que je puisse te punir lorsque tu te comportes d'une manière aussi grossière envers moi.

Elle s'avança vers moi, le regard prédateur, une vague de frissons m'envahit. Il suffisait qu'elle avance encore d'un pas pour que je retrouve coincée entre son corps et la porte. Son corps, hypnotique même sous ses vêtements. Je n'étais même pas tout à fait remise de mes émotions, ce n'était vraiment pas le moment de marcher d'une manière aussi sensuelle...

- Mon comportement, dis- je avec dédain en me dégageant lorsqu'elle fit un pas de plus vers moi.

Elle grogna.

- Et si on parlait du tien de comportement, continuais-je en ramassant mon pantalon et mon soutien-gorge.

Je sentis son regard, sur moi, ou plutôt sur mes fesses.

- Je pense que nous pouvons faire abstraction du point sur le port obligatoire de sous-vêtements, dit elle la voix neutre.

Espèce d'obsédée, eus-je envie de lâcher.

- Ton comportement à toi est parfaitement obscène, qui va te punir pour ça ? Repris je avec une nonchalance volontairement insolente, ignorant sa remarque.

Dos à elle, je me dirigeais vers la salle de bain, sachant pertinemment qu'elle me toisait. Elle me suivit d'un pas assuré, je savais ce qu'elle voulait faire et je ne la laisserai pas reprendre le contrôle. 

- Je t'interdis de rentrer dans la salle de bain, je vais reprendre une douche. Déclarais-je alors qu'elle s'apprêtait à pénétrer la pièce.

Sa mâchoire se crispa, elle s'immobilisa alors.

- A quoi est ce que tu joues Atlantis ? Dit elle froidement.

Je haussais les épaules puis retirais mon peignoir, son regard me détailla de haut en bas, elle s'humecta les lèvres et ses yeux s'assombrirent. Je m'assis alors dans la baignoire avant d'activer le jet d'eau. Kendall fit de son mieux pour garder un visage impassible, j'eus envie de rire.

- Es-tu certaine de vouloir me défier ? Me menaça t'elle presque les bras croisés devant l'embrasure de la porte de la salle de bain.

Je fis langoureusement passer le jet d'eau sur ma poitrine avant de répondre :

- Pourquoi est ce que je voudrais te défier ? Lui répondis-je avec innocence. Nous venons à peine de nous réconcilier.

Ses yeux brillaient presque, tant, elle m'observait avec intensité, les traits tirés. Je lui offris un grand sourire, en passant de l'eau sur chaque partie de mon corps.

- Nous nous serons réconciliées quand je t'aurai baisé jusqu'à ce que tu n'ai plus la force de t'adresser à moi comme tu le fais.

Je me mis à sourire faussement et ses traits se durcirent instantanément.

- Pour l'instant tu es juste bloquée à l'entrée de ma salle de bain alors... On remet notre réconciliation à plus tard si tu veux bien, dis je la voix emplie d'hypocrisie.

Devant son visage dur et crispé j'ajoutais en chuchotant malicieusement :

- Parce que je manque de temps ce soir, on m'attend déjà quelque part. 

Je fis de mon mieux pour garder mon sang-froid, mais il était particulièrement difficile de rester insensible aux regard brûlant de Madame Jones. À sa mâchoire serrée.

- Tu ne mesure pas l'ampleur de tes actions, déclara t'elle la voix rauque.

Je haussais les épaules, elle eut un rictus et elle fit un pas vers moi, puis se rétracta. Je crus vraiment qu'elle allait finir par céder à sa fureur et foncer sur moi à ce moment précis mais elle resta impassible. Seule la tension qui tendait son corps la trahissait. 

- Dommage, et moi qui comptais te proposer de signer le contrat demain. Dis-je en me relevant dans la baignoire. Mais puisque nous ne sommes pas réconciliées, nous laisserons les rancœurs s'effacer d'abord..

Elle fut surprise, je vis une lueur fugace dans son regard brun qui s'assombrit davantage.

- Ces quelques jours loin de moi ne t'auront pas rendu service Atlantis. Tu sais que ton comportement ne sera pas sans conséquence.

Je levais les yeux au ciel, elle frotta sa main contre sa cuisse, un geste incroyablement excitant. Qu'est ce qu'il voulait dire ? Qu'elle voulait me fesser ?

- Je pense que demain midi sera parfait pour le contrat, annonçais je en éteignant le jet d'eau. En terrain neutre, dans un restaurant peut être ?

Elle ne supportait pas l'ignorance que je feintais, n'importe qui d'autre a sa place m'aurait déjà fais taire d'une manière ou d'une autre. Mais pas Kendall, elle n'entrerait pas dans cette salle de bain parce que je le lui avais demandé, je le savais. Ne supportant visiblement plus le spectacle qui se jouait devant elle, Kendall me tourna le dos lorsque je quittais la baignoire et me mis à m'essuyer avec une serviette.

- J'espère que tu auras repris tes esprits d'ici là, assura t'elle. Ou tes premiers jours en tant que soumise risqueront d'être particulièrement amers.

Je m'approchais de Madame Jones par-derrière et déposai ma main autour de sa nuque, délicatement. Tout son corps se contracta alors.

- Et j'espère que : toi, tu es prête parce que je compte bien négocier avant de signer.

Je ne sentais que son parfum enivrant, sa peau tiède sous ma paume et sa respiration délicieusement incontrôlée mais cela suffisait à me donner follement envie d'elle.

- Maintenant je vais sortir de cette salle de bain, et je t'interdis de m'approcher ce soir Kendall. Je tiens à rester à être en état de dîner avec mon frère et mes amis, soufflais-je à son oreille.

Elle était dos à moi mais j'aurai juré qu'elle avait sourit.

...

Je jetais plusieurs regards insitants vers ma meilleure amie lors du dîner. Arya s'était installée en face de mon grand frère qui avait pris place à côté de moi, c'est-à-dire le plus loin possible de moi. Elle fuyait maladroitement mon regard et se retirait ingénieusement de la conversation dès que Darren ou Derreck rebondissait sur une de mes interventions. La seule fois ou ses yeux bleus gris avaient croisé les miens était lorsque j'étais arrivée chez Darren avec une demi-heure de retard (j'avais dû convaincre Kendall de me laisser m'y rendre seule sans que Jack ne me dépose et ensuite, j'étais tombée dans les embouteillages). J'avais d'ailleurs été soulagée lorsque j'avais appris compris qu'Arya avait dit aux deux garçons que je m'étais réveillée un peu en retard de ma sieste. Mon frère et son meilleur ami, particulièrement de bonne humeur ce soir-là, ne remarquèrent absolument pas le malaise qu'il y avait entre Arya et moi, ça sautait pourtant aux yeux. Derreck avait vraiment la tête ailleurs ces temps-ci.
Ainsi, seule moi remarquait à quel point ma meilleure amie cherchait à tout prix à éviter mon contact.

- C'était super bon, complimenta mon frère à l'adresse de son meilleur ami.

Ce dernier lui fit un sourire et ils s'échangèrent un regard d'une complicité tellement profonde qu'elle me troubla.

- Honnêtement, si tu veux bien nous cuisiner des merveilles de ce genre tous les soirs, tu viens t'installer à la maison quand tu veux, sourit Arya.

Il était vrai que la paella de Darren était exquise, Derreck et lui partageait une passion commune pour la cuisine. J'acquiesçais d'un vif hochement de tête, la bouche pleine alors que le sourire de mon frère s'effaça et que je le vis se tendre. Il lança un bref regard vers Arya qui sembla gênée. Darren fit une moue étrange en regardant mon frère avec insistance.

- Je vais me chercher une bière dans le frigo, déclara Arya d'une manière beaucoup trop solennel, ce qui m'empêcha de demander ce qui se passait.

- J'en veux bien une aussi ! Brailla Darren.

Arya sans se retourner leva son pouce en l'air pour lui indiquer qu'elle l'avait entendu.

- C'est déraisonnable, le mit en garde mon frère.

Mon frère était tellement bienveillant qu'il pouvait presque paraître paternaliste par moment. Darren prit un air serein, presque doucereux.

- J'en prendrais qu'une, promit t'il.

- Les règles sont claires Darren : ne pas boire vingt-quatre heure avant un vol. Continua mon frère sur le même ton que son interlocuteur.

- Relaxe Derreck, c'est juste une bière.

Si je n'avais pas été aussi distraite par mes pensées peut être aurais je vu la main de Darren qui s'était furtivement posé sur celle de mon frère. Cependant, j'étais bien trop préoccupée : Il semblait se passer quelque chose que j'ignorais. Mais comment ces trois-là pouvaient être au courant de quelque chose et non moi ?

L'article, pensais-je.

Oh non et si l'un d'eux avait vu l'article. Peut-être que mon frère voulait m'en parler seul à seul ? Arya avait déjà trouver un moyen de s'éclipser, il suffisait que Darren trouve lui aussi une excuse et...

- Je vais remplir la carafe d'eau, m'empressais je de dire avant d'attraper la carafe à moitié pleine.

Je me levais sans prêter attention au regard curieux que me lancèrent les garçons, et traversais le salon du spacieux loft de Darren. C'était un endroit tout mignon, parfaitement décoré avec des couleurs claires et pastels. Le loft était tellement soigné et bien aménagé que j'avais du mal à croire que c'était bien celui d'un stewart qui n'était là qu'un quart du temps. Lorsque je vis le canapé de Darren je ne pus m'empêcher de sourire, mon géant de frère ne devait pas être très à l'aise lorsqu'il dormait là-dessus.

Arya était en train d'ouvrir deux bouteilles de bud light avec un décapsuleur lorsque j'entrai dans la cuisine isolée du loft. Cette dernière était détachée du reste du grand espace séjour-salle à manger par une véranda et un petit couloir.

Arya releva furtivement la tête vers moi avant de faire comme si je n'étais pas dans la pièce.

- Je suis désolée Arya, dis-je prudemment après quelques minutes à l'observer.

Ses joues s'empourprèrent, mais elle resta silencieuse. Je déposais la carafe d'eau sur le comptoir et continuais :

- Je suis désolée pour ce qui s'est passé tout à l'heure, mais je... Je n'ai pas compris pourquoi tu étais autant en colère.

Pour seule réponse, j'eus droit au bruit de deux bouteilles que l'on décapsule.

- Kendall et moi avons discuté et je...

- Cool, lâcha t'elle, ce qui signifiait qu'elle ne voulait pas en entendre davantage.

Elle jeta ensuite violemment les capsules des bouteilles dans l'évier.

Arya et moi ne nous étions jamais réellement disputées, non pas parce que nous nous étions jamais querellées, mais parce que connaissant son tempérament impulsif elle préférait toujours éviter nos altercations en sortant faire un tour afin éviter de dire des choses qu'elle regretterait par la suite. La plupart du temps nous finissions par régler nos différends en discutant calmement le lendemain ou quelques jours après. D'autres fois, elle fuyait juste comme une gamine.

Et cette fois-ci se fut effectivement la deuxième option qui s'appliqua. Comme je m'y attendais ma meilleure amie prit les deux bouteilles de bière, prête à quitter la pièce.

- J'ai fait exactement ce que tu voulais Arya ! C'est quoi ton problème ? Grognassais-je désespérément.

Ma meilleure amie se retourna alors brusquement, rouge de colère.

- Toi ! Atlantis c'est quoi ton putain de problème à toi ? M'assena t'elle en déposant bruyamment les deux bières qu'elle tenait dans ses mains sur le comptoir.

Sa voix était pleine de fureur et je sentais qu'elle faisait de son mieux pour ne pas hausser le ton et alerter les garçons.

- Je t'avais simplement demandé de discuter avec cette connasse de Jones Atlantis ! Bougonna t'elle.

Connasse de Jones ? Ce surnom m'irrita malgré moi, la colère inexpliquée de ma meilleure amie commençait à me contaminer.

- Et c'est exactement ce que j'ai fait ! M'exclamais-je. En tant que ma meilleure amie, tu devrais être heureuse que les choses se soient arrangées !

Arya fit une grimace et passa ses mains dans ses cheveux. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait à un rythme anormalement rapide, elle me lança un regard rempli de reproches.

- Ah oui Atlantis tu l'as fais ! M'assura t'elle avec cynisme en haussant légèrement le ton. Tu l'as même trop bien fait ! Hurla t'elle.

Ses yeux n'étaient plus que colère et je ne reconnaissais même plus le visage doux et chaleureux de ma meilleure amie. Le ton qu'employait Arya pour me parler commençait à me mettre hors de moi.

- Dans ce cas, je peux savoir ce qui t'as pris de venir frapper à ma porte comme une folle dingue ? Braillais-je avec un poids horrible sur la poitrine.

Elle rit, jaune, le visage amer. Nous étions en train de crier sans même nous soucier de savoir si Derreck et Darren nous entendaient, même s'il y avait de forte de chance que non.

- Peut-être que si tu n'étais pas trop occupée à jouer à hop-hop-galipette avec cette salope de Jones, tu le saurais !

Je n'arrivais pas à croire ce que je venais d'entendre, mes doigts me picotaient tant une vague de colère m'envahit.

- Arrêtes d'insulter Kendall, elle n'est pas responsable de ton immaturité et de ton incapacité à communiquer autrement que par des hurlements ! Et puis tu sais quoi ? Je refuse de payer les frais de ton sale caractère !

Décidée à la planter là, je contournais l'îlot centrale, reprenant la carafe en main. La tension dans cette pièce était insupportable, je fulminais. Il fallait que je m'en aille avant que cela ne dégénère. Arya n'avait absolument rien à me reprocher, elle était sur les nerfs et se défoulait sur Kendall et moi, je n'allais pas entrer dans son jeu débile.

- J'insulte cette salope de Jones si je veux ! Hurla t'elle en me bloquant le passage.

Elle se tenait devant moi, les traits déformés par la colère, nous nous fixions avec rage et je n'avais qu'une envie à cet instant : c'était de lui verser le contenue de cette fichue carafe que je tenais à la figure.

- Tu te comportes de manière puérile, soufflais-je à voix basse.

Arya pinça les lèvres et je vis son regard devenir vitreux, mais cela ne dura qu'un bref instant.

- Venant de celle qui n'a pas su se retenir d'écarter ses jambes à la première occasion venue, je trouve ça hilarant !

Ses mots me poignardèrent le coeur, elle les avait dit avec une telle froideur et un tel calme que cela me figea sur place. Ma gorge se noua. Arya fit un pas vers moi, le visage dur.

- Je préfère encore être puérile que d'être une espèce de fille facile, ajouta t'elle la voix pleine de venin. La traînée de Kendall Jones.

Un nouveau coup heurta ma poitrine, je sentis mes yeux me picoter, et une sensation écœurante se mit à flouer mes pensées.

- Et je préfère être puérile que d'être une espèce de psychopathe, lâche et nymphomane, me balança t'elle encore en pleine figure en parlant cette fois ci de Kendall.

Mes jeux étaient irrités par les larmes de colère que je retenais. Arya, ne pouvait pas m'insulter de cette manière. J'en tremblais de tristesse, et de frustration.

- Tu te leurres si tu te crois meilleure que Kendall, crachais-je la voix nouée par mes émotions.

Les yeux d'Arya s'humidifièrent et elle recula d'un pas, comme si mes mots l'avaient propulsé vers l'arrière.

- Tu as couché avec la moitié de la ville, tu n'as ni la notion de l'exclusivité ni même ne serait ce qu'une once de considération pour tes conquêtes !

Je me mis à rire nerveusement.

- Est-ce que tu te souviens du quart de ces personnes ? Tu connais leurs prénoms ? Combien de personnes tu as abandonné au lit parce que tu n'as pas le courage de t'engager dans une relation sérieuse ?! Avec les sentiments de combien de personnes as tu joué ?

Je vis ses lèvres trembler, je sentais que j'allais trop loin, mais j'étais beaucoup trop blessée pour me taire désormais.

- Alors ton numéro de sainte nitouche, tu peux le faire  à qui tu veux mais pas à moi ! Hurlais-je.

Elle voulut me couper, mais sa bouche se referma.

- Je pourrai coucher avec la terre entière si je le voulais et tu n'y pourrais strictement rien ! Continuais-je en criant, sentant l'émotion me dévorer. Tu-n'aurais-aucune-leçon-de-morale-à-me-donner ! Dis-je en articulant chaque mot avec férocité. Et si tu penses que je suis la traînée de Kendall Jones, ça te regarde. Ravie de savoir que c'est l'image que ma meilleure amie a de moi.

Ma meilleure amie eut un rictus.

- Et toi c'est ça que tu penses de moi ? Demanda t'elle la voix brisée. Que je suis sorte de « putain » de service ?

Le ton de sa voix me brisa le cœur. Mais ma colère prit rapidement le dessus sur ma culpabilité. Je pinçais les lèvres. Je ne pensais pas ça, absolument pas et je voulais le lui dire mais j'étais trop bouleversée. Les mots restèrent coincés.

- Je préfère encore être une « putain » tout court que la traînée de Kendall Jones, déclara t'elle alors d'une voix détachée.

Ma main avait déjà claqué sa joue lorsque je réalisais ce qui venait de se passer. Arya sous le choc, recouvra alors celle-ci de sa main.

Je venais de gifler ma meilleure amie. Génial.

Arya serrait les poings, dans un excès de colère elle fit violemment tombée les bouteilles de bière posées sur le comptoir, cela me fit sursauter et pousser un cri de surprise. Je reculais brusquement, laissant inconsciemment tomber la carafe en verre au sol, celle ci se brisa. Arya donna un coup de pied dans la poubelle. Elle pouvait se montrer particulièrement violente et j'avais déclenché cela. Elle chercherait à taper dans tout ce qu'elle pouvait, faute de pouvoir s'en prendre à moi. Il fallait que je m'en aille d'ici. Il fallait que je m'en aille, au plus vite, j'étouffais.

- On vous laisse cinq minutes dans la cuisine et vous me cassez toute ma vai...

Darren qui venait d'entrer dans l'espace cuisine s'arrêta net lorsqu'il vit l'état dans lequel elle était. Lorsqu'il croisa mon regard ses traits se décomposèrent.

- Les filles qu'est ce qu'il se passe bon sang ? S'inquiéta-t-il.

Ignorant sa question et son regard désemparé, je partis presque en courant tandis qu'Arya se mit à hurler des choses que je ne voulus pas décortiquer. Je fus soulagée de constater que Derreck n'était plus assis à la table à manger lorsque je quittais le loft, mon sac, ma veste en jean et mes baskets en main.

...

« Work, work, work, work, work, work, yuh seh mi haffi work work work work work work... »

J'émergeai violemment de mon sommeil. Je me mis alors à chercher désespérément l'auteur de ce réveil brutal, il se cachait quelque part sous les draps. Lorsque je mis la main sur mon iPhone, j'éteignis mon réveil en jurant, la voix de Rihanna ne suffisait pas à adoucir ma fatigue ce matin-là. Avant même de me lever j'avais deviné qu'un mal de tête horrible allait me pourrir ma journée. La veille, j'avais sombré dans un sommeil étourdissant, qui ressemblait à un coma. Je me sentais lourde et mes paupières pesaient des tonnes sur mes yeux qui me picotaient légèrement. Je décidais de somnoler encore cinq minutes.

«  Madames Jones appelle, Madame Jones appelle...»

- Orh ! Grognais-je. En m'empressant de désactiver l'assistance vocale.

Encore étourdie, la lumière de mon téléphone agressant mes yeux, je décrochais difficilement en poussant un grognement étouffée par l'oreiller qui avait cueillit mes larmes durant la nuit.

- Atlantis chez qui est-ce que tu es ? Demanda Kendall d'une voix sèche à l'autre bout du fil.

On ne lui avait vraiment pas appris les bonnes manières à celle-la.

- Bonjour Kendall ! Avais-je hasardé. Je croyais que tes agents ne loupaient pas un seul de mes mouvements. Lui lançais je avec ma voix grave du réveil.

Je pouvais presque entendre sa main se crisper autour de son téléphone, la provoquer était définitivement la chose la plus satisfaisante au monde.

- Je sais exactement où tu es, répliqua t'elle la voix crispée, ma question est : chez qui est-ce que tu as passé la nuit ? Je ne suis absolument pas d'humeur à plaisanter.

J'avais soupiré en levant les yeux aux ciels.

- J'ai dormi chez une personne de confiance Kendall, j'ai dormi seule dans un grand lit double, je n'ai pas couché avec qui se soit, je n'ai pas ingurgité une seule goutte d'alcool, et je vais bien ! Énumérais-je avec une voix volontairement lasse. Je porte un affreux jogging trop large et un vieux t-shirt blanc. Autre chose ?

Il y eut un silence. Je me mis à sourire, je l'avais déstabilisé, je le savais. Elle était sans doute énervée également, mais ça, ce n'était qu'un détail.

- Comme j'aimerais te mordre cette langue pour que tu apprennes à la tenir ! Grommela t'elle. Réponds à ma question Atlantis.

Une chaleur familière envahit alors mon bas-ventre.

- Ah et j'oubliais, je ne porte aucun sous-vêtement ! Avais-je dit en me levant du lit de la chambre d'ami de l'appartement d'Emma dans lequel j'avais passé la nuit.

Je savais pertinemment que mes mots ne la laisseraient pas indifférente, je ne pouvais certes pas la voir, mais j'imaginais assez bien son regard glaçant.

- Maintenant si tu veux bien m'excuser, je dois aller me préparer. Déclarais-je avec une fausse indifférence.

Elle appela plusieurs fois mon prénom avec fermeté, mais j'ignorais son autorité.

- Bonne matinée Madame Jones, on se voit à midi, ricanais-je.

Elle allait me tuer, je le savais d'ors et déjà, et j'adorai ça.

Après avoir raccroché, je décidais de jeter un coup d'œil à mes notifications, choses que j'avais évité de faire depuis la vielle, j'avais simplement envoyé un message à mon frère pour le rassurer, il était capable de faire lancer un avis de recherche. Comme je m'y attendais, il y avait de nombreux appels manqués de Derreck, des messages ainsi que des appels d'Arya Madame Jones, à mon plus grand étonnement ne m'avait appelé qu'une seule fois. Je poussais un profond soupir, je n'avais aucune envie de parler à Arya maintenant et mon frère était sûrement sur un vol, il valait mieux que j'ignore tout ceci pour l'instant. Par ailleurs, un appel et un message d'un numéro inconnu en milieu de soirée attira mon attention.

«  Bonsoir Atlantis,

Comment allez-vous ?
J'ai été navrée lorsque j'ai reçu votre mail annonçant qu'en raison de votre emploi du temps chargée, Amy serait votre représentante lors de nos rendez-vous. Elle m'a transmis votre numéro personnel après que j'ai longuement insisté hier. Je souhaitais simplement prendre de vos nouvelles puisqu'en me rendant à l'agence pour rencontrer Amy plus tôt dans la journée j'ai appris que vous étiez souffrante. Je me suis dit qu'un appel serait plus chaleureux que les e-mails formels que nous nous envoyons. Faute de pouvoir vous joindre, je vous écris ce message. Nous nous verrons après demain pour les ultimes arrangements n'est ce pas ?

Prenez soin de vous et rappelez moi dès que vous le  pouvez !

Marie-Anne Le Bourgeois »

Eh bien sûr il ne manquait plus que ça ! L'ex fiancée de Madame Jones peut-être au courant de la situation mais qui faisait peut-être semblant de ne rien savoir parce qu'elle préparait peut-être un coup tordu et dont j'étais accessoirement un peu jalouse.

Peut-être que ce n'était que la jeune femme adorable qu'elle semblait être. Elle ne m'avait pas l'air d'être au courant de quoi que se soit ou alors elle jouait très bien la comédie.

Kendall m'avait dit hier de continuer à faire comme si de rien n'était. Je savais qu'elle l'avait à l'œil mais cette situation ne me plaisait vraiment pas.

...

J'avais attendu la pause déjeuné avec impatience. Le creux qui s'était formé au milieu de ma poitrine en raison des événement brutaux d'hier n'avait cessé de s'amplifier et je n'avais cessé de penser à Arya. Par moment, je culpabilisais et puis à d'autres moments, je ressentais une aversion si vive à son égard. Heureusement qu'avec l'événement de Madame Le Bourgeois en plus dans mon planning, je n'avais pas eu une minute de libre pour me laisser noyée par mes pensées et mes émotions. Il ne restait plus que deux journées pour les préparatifs et j'avais dû me rendre à la salle en compagnie d'Amy afin d'assister au déchargement des principaux aménagements. Il fallait admettre que Marie-Anne avait de très bons goûts, j'ignorais pour qui elle organisait tout ça, mais j'aurai été comblée à la place de cette personne.

- Est ce que Madame Le Bourgeois t'as transmis la liste des invités par mail ? Demanda Amy tandis que j'indiquais l'emplacement d'une table ronde à deux hommes bien bâtis.

- Non, je l'aurai sans doute demain, dis-je en soupirant.

Amy, exaspérée leva les yeux aux ciels en m'aidant à placer quelques chaises de manière symétrique.

- Je la lui ai demandé à tous nos rendez-vous, et ce, depuis le début de la semaine ! C'est pourtant clair : nous communiquer la liste une semaine avant l'évènement, et l'évènement est dans 48 heures ! Continua t'elle à se plaindre.

Amy était une personne tellement droite dans ses bottes qu'elle ne pouvait pas concevoir qu'on ne respecte pas les règles.

- Tu as l'air bien tendue ce matin Amy, la taquinais-je. Je croyais que Madame le Bourgeois était de loin l'une des clientes les plus gentilles que nous ayons eu ?

Amy en déposant des lots de nappes et serviettes Alexandre Turpault sur des tables plus loin, prit un air défaitiste. Elle avait un visage tellement enfantin parfois, c'était mignon.

- Je suis débordée avec les jumelles en ce moment, entre l'école, la cuisine, le ménage et le boulot, je ne sais vraiment plus ou donner de la tête. M'expliqua t'elle assez fort pour que je l'entende malgré la distance.

On ne pouvait jamais le deviner en la regardant tant elle paraissait avoir la moitié de son âge, mais Amy était maman de deux adorables jumelles qu'elle avait eu assez tôt, cela ne l'avait pas empêché de reprendre ses études et je l'admirais énormément pour ça. Puisque je n'avais pas su trouver ce courage afin de continuer mes études de médecine après la mort mes parents.

J'indiquais un emplacement à autre jeune homme musclé avant de répondre avec compassion :

- Où est ton compagnon ?

Elle leva les yeux au ciel, et me fit un sourire triste.

- Tu sais bien qu'avec son travail, Evan n'est presque jamais là, déclara t'elle avec nonchalance.

Elle déposa machinalement des chandeliers soigneusement emballés dans des protections de soie près des lots de nappes et de serviettes, sur les tables, avant de continuer :

- Et quand il est à la maison, il est tellement fatigué qu'il ne fait presque que dormir.

Je fis une moue qui lui indiquait que je compatissais sincèrement à sa situation.

- Tu peux prendre quelques jours de congé pour te reposer un peu si tu veux, proposais-je.

Je fus interrompu par un appel, Amy qui avait ouvert la bouche pour parler le remarqua et se rétracta, c'était Arya, je déclinai.

- Désolée, m'excusais-je. Je pense vraiment que ça te ferait du bien. Repris-je.

Je fis le tour de la salle du regard, pour m'assurer que des lots étaient déposés sur chaque table.

- Non, non ,rétorqua Amy en tournant frénétiquement la tête de gauche à droite. Si je reste à la maison, je vais devenir folle. Et toi, tout va bien ? S'enquit elle. Tu as passé la nuit chez Emma n'est-ce pas ?

Elle se tenait désormais tout juste à côté de moi, son regard faisant exactement les mêmes mouvements circulaires autour de la salle, que le mien. La pièce était immense, cela faisait quatre heures que nous mettions tout en place. J'avais réussis à dénicher l'un des plus majestueux et isolé domaine de la ville. 

- Oh oui, ce n'est rien d'important j'ai juste passé une mauvaise soirée, tentais-je.

Elle hocha lentement la tête et m'offrit un sourire léger, ce n'était pas que je ne lui faisais pas assez confiance pour me confier à elle, mais je n'avais vraiment pas le cœur à évoquer cette soirée. Même Emma dont j'étais davantage proche n'était pas au courant de ce qui s'était passée.

- J'espère que ça va s'arranger, me dit elle gentiment.

Mon téléphone se remit à sonner, je déclinai de nouveau. Je grimaçais, je détestais décliner des appels, et Arya était du genre très obstinée, elle n'arrêterait pas tant que je n'aurai pas répondu.

- Atlantis, m'interpella prudemment ma secrétaire qui avait remarqué mon visage soudain crispé. Je crois que tout est bon, il ne nous restera plus qu'à faire l'installation de la déco cet après-midi. Je vais retourner à l'agence manger avec Emma. Puisque tu as un rendez-vous, on s'y retrouve après la pause déjeuné pour revenir ensemble ici ?

Je fixais mon téléphone, je venais de recevoir un message de Madame Jones.

« Jack t'attends, nous nous verrons finalement à mon bureau. »

Quelle sournoise, elle était en train de me faire payer mon mauvais comportement. Nous étions censées nous voir en terrain neutre, je lui avais dis que je la laissais choisir le restaurant. Nous n'étions pas censées nous voir dans son bureau ! Sur son terrain, cela l'avantageait d'une certaine manière.

- Atlantis, m'appela Amy en posant sa main sur mon épaule.

J'avais complètement oublié sa présence.

- Oui-oui on peut faire ça, dis-je distraitement.

Elle me regarda avec un air inquiet, mais lorsque je lui offris un grand sourire elle me souhaita un bon appétit avant de quitter la salle de réception du domaine.

...

Le siège Jones Company était immense. Jétais déjà passé devant l'immeuble géant des centaines de fois en voiture, mais me tenir devant cette tour immense me cloua le bec. Je me demandais combien d'étages il y avait, combien de personnes travaillaient ici ? Elles étaient toutes sous les ordres de Kendall ?

Tu m'étonnes qu'elle adore avoir une main sur tout, c'est ce qu'elle fait toute la journée. Me dis-je.

Je portais une parka noire très longue et ridiculement large par-dessus mes vêtements, la capuche était relevé sur ma tête en raison des paparazzi. Kendall l'avait exigé bien que Jack me fit entrer par une porte située sur une aile isolée du bâtiment. Il était presque impossible de discerner mes traits sous ce bout de plastique.

- J'ai l'impression de porter un sac-poubelle sur moi me plaignis-je en rigolant lorsque Jack m'ouvrit une porte de secours blindée.

Il me fit un sourire courtois, il sembla mal à l'aise.

- Vous êtes toujours ravissante madame Kayslar, me rassura t'il avec cet éternel air formel sur le visage.

Je me rendis compte que c'était seulement la deuxième fois qu'il s'adressait à moi directement, hors mis lorsqu'il me disait bonjour. Il semblait être le bras droit de Kendall, il devait connaître tous ses secrets, cependant, il paraissait impossible d'extirper la moindre information à ce grand brun. Il avait toujours le visage impassible, presque cérémonieux. Exactement comme Madame Jones.

Le pauvre, elle l'a matrixé, pensais-je.

- Depuis combien de temps travaillez-vous pour Kendall, Jack ?

Nous venions de traverser un couloir assez étroit et d'entrer dans un ascenseur, il semblait que c'était une sortie de secours. Jack appuya sur la touche du soixantième étage, son visage sembla perdre de sa contenance lorsqu'il entendit ma question.

- Madame Jones n'apprécirait pas vraiment que je me permette de discuter avec vous madame Kayslar, dit il solennellement.

Évidemment, j'aurai du m'y attendre, à quoi est ce que je m'attendais ? A ce qu'on se tape la discute peut-être. Je me mis à culpabiliser, je mettais Jack dans une mauvaise posture, il ne cessait de passer sa main sur sa nuque, mal à l'aise. Ce fut sans doute la minute la plus longue de ma vie, je fixais le nombre des étages impatiente de sortir de cet ascenseur. L'homme de main de Kendall faisait de son mieux pour ne pas croiser mon regard et j'en fis de même.

Je poussai un soupir de soulagement quand une voix féminine robotique annonça : étage soixante.

- Ça peut paraître très long la première fois madame Kayslar, me lança timidement Jack lorsque les portes de l'ascenceur s'ouvrirent. Permettez-vous que je récupère le parka ?

Je lui fis un sourire avant de retirer mon déguisement et de le lui tendre.

- Merci, soufflais-je alors que les portes de l'ascenceur se refermèrent silencieusement derrière nous.

- Si vous voulez bien me suivre. Madame Jones vous attend dans son bureau.

Je le suivis alors en silence. Je me sentis d'un coup très peu couverte dans ma petite robe noire. Hier lorsque j'étais passée à l'appartement récupérer quelques affaires avant d'aller passer la nuit chez Emma, je n'avais pas forcement fait attention aux vêtements que j'avais jeté dans mon sac tant j'étais bouleversée, évidemment il avait fallut que se soit une robe courte. Bien évidemment, ce n'était pas ce que je comptais raconter à Kendall, à elle, je comptais lui dire que j'avais mis cette robe parce qu'elle me plaisait et que je m'habillais comme je le voulais. Négocier ce contrat voulait dire ne pas se plier à toutes les règles de Kendall, donc s'affirmer, donc désobéir, donc la défier.

Facile, très facile.

Mauviette, me taquina une petite voix dans ma tête.

La ferme, répondis-je intérieurement.

Encore un peu et tu te fais pipi dessus.

Le bruit des doigts de Jack frappant dans une porte en bois massif noir immense me fit sursauter. Il s'excusa silencieusement de m'avoir sorti violemment de mes pensées, par un petit sourire. Je le lui rendis en tentant tant bien que mal d'ignorer le vacarme dans ma tête. Je tirai fort sur la languette de ma sacoche qui se trouvait autour de mon épaule.

Respire.

Je retins mon souffle lorsque j'entendis un bruit de porte. Mais ce fut une petite femme menue aux cheveux blonds, parfaitement mis en plis qui nous ouvrit la porte avec un sourire qu'on semblait avoir scotché à son visage.

Respire.

Elle ne semblait pas m'avoir vu puisqu'elle ne m'accorda pas un seul regard. En fait elle était bien trop occupée à faire les yeux doux à Jack qui se tenait devant moi et qui de par sa grande taille et ses épaules carrées me cachait presque complètement.

- Jack, dit elle d'une voix exagérément mélodieuse que je reconnus. Que puis-je faire pour toi ? Madame Jones passe un appel important, tu vas devoir patienter quelques..

Jack ne semblait pas lui porter le même intérêt que celui qu'elle lui portait, il lui répondit froidement et sans cérémonie :

- Ce ne sont pas les instructions qui m'ont été donné, Madame Jones m'a ordonné d'escorter Madame Kayslar jusqu'à son bureau et de la faire entrer peu importe ce qu'elle serait en train de faire.

Mia, visiblement vexée par l'attitude de Jack, s'apprêta à répondre lorsque la voix qui avait le pouvoir de me faire frémir en tout instant retentie :

- Mia ?

Je savais désormais qui elle était : la secrétaire de Kendall. C'était elle que j'avais eu au téléphone le jour où j'avais appelé ici. Sa voix aigue stridente allait parfaitement avec son physique. Mia, qui venait tout juste de remarquer ma présence et qui me toisait comme si j'étais une extraterrestre, se retourna brusquement vers la voix.

- N'aviez-vous pas un rendez-vous à fixer avec le directeur marketing de JFT Banks ? Demanda Kendall d'une voix froide.

Cette dernière se confondit en excuses avant de passer devant nous précipitamment, ses talons claquants le sol d'une manière agaçante. Je ne pus m'empêcher de la suivre du regard, quel personnage, elle avait l'air de sortir des années soixante. Je me demandais comment elle pouvait travailler pour Kendall, elle semblait tellement extravagante. Elle devait être particulièrement compétente pour que Kendall ait fait d'elle sa secrétaire personnelle.

Madame Jones se tenait assise sur la chaise imposante de son bureau, les coudes sur celui-ci. Le soleil à son Zénith à cette heure-ci créait un effet de contre-jour qui rendit la scène presque irréelle. Elle n'était qu'une ombre, une ombre sublime, une ombre délicieuse. Elle paraissait tellement imposante dans cette posture, je me demandais presque si elle ne faisait pas en sorte de toujours paraître indécemment impressionnante à chaque fois que l'on se voyait. Jack s'écarta de l'entrée de la porte et je m'avançai doucement vers elle, impatiente de pouvoir discerner ses traits.

Le bureau de Kendall était lumineux, le sol était d'un marbre blanc impeccable, contrastant avec des meubles noir laqués, très raffinés, c'était tellement elle. Le bureau était immense, je commençais à me faire à ce côté grandiose de Kendall. La pièce était totalement imprégnée ce son odeur sucrée, je frémissais.

Le bruit de la porte lourde du bureau qui venait de se refermer me fit me retourner brusquement. Même ça, semblait être calculé.

Reste calme.

Je continuais ma marche vers elle en tentant d'avoir l'air le plus sûre de moi possible. Lorsque je pus enfin discerner clairement ses traits, elle me fit un sourire, un sourire certes strict mais chaleureux. Elle semblait détendue aujourd'hui, ça la rendait incroyablement sexy.

Elle portait une chemise en coton jaune dont les manches étaient retroussés, la veste de son ensemble de pantalon de tailleur était accroché au dossier de son immense siège en cuir. Je sentis les poils de chaque parcelle de mon corps se hérisser. Elle se releva et passa une main dans ses cheveux corbeau lâchés qui étaient pourtant souvent attachés en un chignon bas.

On respire.

Il était totalement injuste qu'elle reste quasiment de marbre devant moi alors que dès que je la voyais une fureur presque douloureuse s'emparait de mon corps. Il fallait que je fasse comme elle, que je paraisse impassible.

- Madame Jones, commençais-je pour la déstabiliser.

C'était toujours elle qui ouvrait les discussions, c'est comme cela qu'elle réussissait à mener la cadence, par l'initiative. Je fis de mon mieux pour ne pas la dévorer du regard lorsqu'elle contourna son bureau pour venir à moi. Bordel, qu'est ce qu'elle était belle ! Ses mains jointes derrières son dos, sa démarche étrangement nonchalante aujourd'hui..Mon dieu.

- Madame Kayslar, me salua t'elle avec cérémonie.

Elle était joueuse, quand était ce la dernière fois qu'elle m'avait appelé comme ça ? Cela semblait anodin, mais ça ne l'était pas, pas dans la bouche de Kendall, pas avec ce regard prédateur qu'elle me lançait. Elle cherchait à me déstabiliser.

Ne pas la laisser avoir l'initiative du premier contact physique.

J'entrepris alors de lui tendre ma main lorsqu'elle entreprit de s'approcher trop près de moi. Elle parut interloquée un instant, son regard brun plongea dans le mien, je ne me démontai pas pour autant. Elle prit alors ma main, délicatement, trop délicatement. Tout dans ce geste était beaucoup trop sensuel. La manière dont son pouce caressa doucereusement le revers de ma main, son index qui chatouillait presque innocemment la paume de ma main. Ses légères caresses résonnaient dans tout mon corps.

Résiste.

Je retirai brusquement ma main, cherchant à lui montrer que ce contact n'avait eu aucun effet sur moi. Elle pinça les lèvres, et me fusilla du regard.

- Tu as passé la nuit chez ta réceptionniste, Emma Davis, c'est bien ça ? Me glissa t'elle la voix neutre en m'invitant à m'installer sur le siège en face du sien.

Elle veilla sournoisement à frôler la peau de mon bras du bout de ses doigts avant d'aller prendre place en face de moi, sur son trône.

Je fis de mon mieux pour ne pas paraître choquée, comment est ce qu'elle le savait ?

- J'avais presque oublié tes talents de détectives..ou plutôt de stalker.

Elle serra la mâchoire.

- Tu me raccroches au nez et ensuite tu fais l'insolente ?

Oh, seigneur, sa voix aussi grave me donnait envie qu'elle me déshabille.

- Tu me provoques dans mon propre bureau, grinça t'elle avec plus de fermeté.

Je sentis comme des picotements sous ma peau.

Tu perds la main, changes de sujet, ne la laisse pas reprendre le dessus !

- Tu sais que j'ai absolument tout ce qu'il me faut dans ce bureau pour t'attacher et te punir ?

Fais quelque chose.

Elle me toisa durant quelques instants, et ses yeux s'abandonnèrent vers mon cou nu et ma poitrine légèrement découverte en raison du décolleté carré de ma robe. Il fallait que je trouve quelque chose à dire et vite.

- Tu aimes ma robe Kendall ? Hasardais-je avec innocence.

Elle fronça les sourcils, c'était le combo de trop, il ne manquait plus qu'elle serre les poings et je risquais de devenir de la compote.

- Tu pointes, me lança t'elle la voix rocailleuse.

Sa. Voix. Était. Beaucoup. Trop. Séduisante. J'en eus presque le souffle coupé.

Non, non elle était en train de changer de mode opératoire.

- Une fois qu'on se sera occupées du contrat, je vais me faire un plaisir de découper cette foutue robe avec une paire de ciseaux et ensuite, je vais te prendre sur mon bureau après que je t'aurai fessé et que tu te seras excusée. Assura t'elle avec un méthodisme qui aurait pu me tirer une vague de gémissement tant ses mots avaient retournés mes hormones.

De l'air, de l'air.

Non, riposter, il faut riposter.

Je décroisai alors mes jambes, les écartant très légèrement, juste assez pour que ça n'ait pas l'air délibéré, je m'avançais sur la chaise pour me rapprocher du bureau, je vis Kendall se figer, ses yeux savourant la vue de mes jambes nues. Ils remontèrent sur mes cuisses, et sans aucune retenue elle reluqua mon entre-jambe, discrètement dévoilée, seule la dentelle de ma culotte couleur chaire faisait barrière entre mon intimité et son regard embrasé. Les jointures de ses doigts blanchirent autour du verre d'eau posé sur son bureau qu'elle s'apprêtait à boire.

- Donc où est ce fameux contrat ? L'interpellais-je.

- Où est l'exemplaire que je t'avais transmis ? Demanda t'elle en reprenant un semblant de normalité, après avoir bu une gorgée d'eau.

Elle releva alors les yeux vers moi. Ses pupilles étaient dilatées et intenses. J'adorais la voir défaillir, je regrettais presque de porter un string. Elle avait du mal à contrôler son regard qui revenait inévitablement vers mon entre jambe.

- Je n'ai pas pensé à le prendre avec moi, avouais-je avec un sourire sournois sur les lèvres. 

Kendall après quelques secondes de lutte, détacha son regard et ouvrit finalement un tiroir pour en sortir deux liasses de papier. Elle m'en tendit une et plaça l'autre sous ses yeux.

- Évidemment, Arya Miller t'a beaucoup trop bouleversée hier, tu n'avais plus les idées claires.

Coup bas.

Du bout pointu de mon escarpin, je cherchais sa jambe sous la table. Lorsque je la sentis, je fis lentement remonter le bout de ma chaussure jusqu'à son genou, mes jambes étant trop courtes pour monter au-delà. Malgré ses efforts pour paraître impassible, je sentis la respiration se Kendall se saccader.

- Quelles parties du contrat souhaites-tu négocier ? Lorsqu'elle parla, j'eus le sentiment que sa voix avait perdu deux ou trois degrés.

Avec tout l'assurance que je pus puiser, je déclarais :

- Toutes.

Elle eut un rictus.

- Bien, dans ce cas, nous ferions mieux de commencer dès maintenant. Souhaites tu boire quelque chose ?

Je refusais poliment.

Malgré ses joues désormais roses et sa mâchoire si crispée que ses dents auraient hurlé à l'aide si elles le pouvaient, Kendall reprit un air très professionnel.

La première chose que je voulus discuter fut la destruction du contrat en cas de résiliation, et sa confidentialité absolu. Il en était hors de question. Et s'il se passait quelque chose de grave entre nous, si elle me faisait du mal de quoi allais-je me prévaloir ? Il était impératif que je puisse garder une copie de ce contrat en cas de rupture du contrat.

- Je ne te ferai jamais aucun mal Atlantis, se défendit Kendall, vexée.

Je ne bronchais pas, c'était un point non-négociable.

- Bien. Finit elle par céder après quelques minutes de discussion. Cela n'enlève rien à sa confidentialité, tu pourras t'en prévaloir si et seulement si : tu te sens menacée par un danger évident.

Elle griffonna quelque chose sur l'exemplaire du contrat qu'elle tenait devant elle.

- Parfait. Ensuite, j'accepte toutes les règles inconditionnelles, à une seule condition.

Le regard qu'elle me lança m'enflamma, je mouillais très certainement, indéniablement. J'ouvris davantage mes jambes, Kendall se mordit la lèvre.

- Elles ne s'appliqueront que sur le plan sexuel, tu ne prendra aucune autre décision me concernant.  Je baise avec toi Kendall, je ne suis pas un gosse, je sais prendre mes décisions toute seule.

- Il en est hors de question, se contenta t'elle de répondre en se replongeant dans les lignes du contrat.

Ce que je venais de dire lui avait visiblement rendu tout son sang-froid. J'ouvris la bouche pour parler, mais lorsqu'elle me toisa, je la refermai immédiatement.

- Je ne ferai aucun compromis là dessus, clarifia t'elle.

C'était une réponse définitive, j'abdiquais, je savais que cette condition n'était pas susceptible de passer, elle était l'essence même du contrat. Je voulais juste essayer, au moins.

- Dans ce cas, demande moi mon avis et sois ouverte à la discussion avant de prendre des décisions qui me concernent, tentais je. Sinon je risque de me braquer.

Là, je faisais une pause dans ma stratégie, je ne cherchais pas à la provoquer, j'étais sincère.
Elle m'observa quelques instant puis accepta, les lèvres pincées certes mais elle accepta.

J'abordais ensuite la question de la disponibilité, nous nous mîmes finalement d'accord sur le fait que je m'engageais à la voir au moins trois fois dans la semaine.

- Je veux pouvoir m'exprimer ouvertement et librement en tout temps. Non-négociable, ajoutais-je lorsque ses épaules se tendirent.

- Tu es consciente du fait que cette règle t'épargnerait le fait de te faire punir à chaque fois que tu ouvres la bouche ?

Je n'avais pas vraiment envisagé les choses sous cet angle... Mais il était hors de question de lui accorder raison.

- Je préfère garder ma liberté d'expression, peu importe le prix à payer.

Un sourire qui aurait du m'horrifier mais qui m'alluma littéralement se dessina sur son visage.

De l'eau, oui j'avais soudain soif, il faisait trop chaud, trop froid ? J'attrapais le verre d'eau de Kendall et je le vidais en veillant à laisser un peu d'eau ruisseler doucement sur mon menton, et sur ma poitrine. Elle perdit dès lors son sourire et elle sembla comme hypnotisée.

- Je porte des sous-vêtements si je veux et je m'épile si j'en ai envie.

Le regard vitreux, elle me donna son accord d'un lent hochement de tête. J'aurai pu dire n'importe quoi à cet instant-là qu'elle aurait dit oui. J'essuyais sensuellement les perles d'eau sur ma poitrine et mon menton.

- Et je ne porterai rien qui marquera ma condition Kendall.

Elle suivit tous les mouvements de mon corps lorsque je déposais le verre vide sur le bureau, je profitais de ce geste vers l'avant pour faire remonter le bout de mon talon sur sa cuisse. Un air, furieux, fauve, et qui dévoilait son appétit gagna ses traits. Quelque chose sembla exploser dans mon bas ventre.

- On baise, cela suffit à marquer mon appartenance, annonçais-je la voix suave.

Voir Kendall perdre ainsi son sang-froid me faisait me sentir si... puissante, encore un peu et je commençais à comprendre son obsession pour le contrôle. Elle croisa les bras en dessous de ses seins -sans putain de soutien-gorge.

- Ça sera tout, annonçais-je.

Elle se mordait la lèvre, fort, je voulus alors que se soit mes lèvres entre ses dents.

- Au vu de cette discussion : les articles que je compte ajouter au contrat sont les suivant déclara t'elle la voix rauque. Tu porteras des jupes et des robes qui t'arriveront au moins aux genoux, tu porteras des sous-vêtements quand je te le demanderai et tu n'en porteras pas quand je ne te le demanderai pas, si je n'exige rien, tu seras libre de choisir par toi même. Et enfin tu ne boiras pas d'alcool lorsque tu n'es pas en ma présence.

Je fis oui de la tête en lui faisant remarquer que je ne buvais pas d'alcool et que la première et la dernière fois que j'en avais bu, c'était chez elle. Cela sembla la ravir, cependant, elle était dans un état bien trop intense pour rebondir sur le sujet.

- J'enverrai les modifications à mon avocat ce soir Atlantis, tu signeras ce contrat demain matin et il sera effectif sur-le-champs.

- Tu pointes Kendall, fut ma réponse.

Et ce fut la phrase de trop.

Kendall sembla devenir folle de rage, d'une rage qui exprimait toute la tension sexuelle qui nous animait depuis le début de notre entrevue.

Avant qu'elle n'eut le temps de se lever pour venir à moi je retirai mes talons et montai à genoux sur son bureau après avoir décalé quelques papiers sur le coté d'un geste méthodique. Je vins me placer devant elle, sentant chaque palpitation de mon coeur au plus profonds de mon entre jambe. Elle se leva alors de manière à attraper ma nuque avec une brutalité que je savais mérité, je l'avais provoqué, je ne faisais que la provoquer. Sa bouche affamée chercha la mienne, et elle m'embrassa avec une intensité renversante, son autre main se plaqua bestialement sur une de mes fesses à travers ma robe, m'extirpant un gémissement. Je voulais la toucher, mais je ne pouvais pas, elle était ardente, elle brûlait tellement d'envie que ces gestes étaient beaucoup trop vif pour que je puisse la saisir, la tenir. Elle embrassa mon coup et elle le suça langoureusement, je haletais, je voulais plus, je la voulais en moi.

Garder le dessus sur elle, tu te souviens ?

Tandis qu'elle mordillait mon menton, sa main tapotait sur le bureau, je savais ce qu'elle cherchait, les ciseaux, elle allait déchirer ma robe. Elle laissa pousser un gémissement rauque dans ma bouche tandis que sa main qui possédait presque douloureusement mon corps. Nos langues s'adonnaient à une sorte de combat des plus sensuels, provoquant un séisme en moi, je n'étais plus que désir, le parfum de Kendall m'étourdissaient, ses mains sur mon corps me rendaient fiévreuse. Elle abandonna sa recherche quelques instant pour passer sa main sur la dentelle de mon string, j'étais trempée, sa respiration comme la mienne devint alors incontrôlable.

- Je vais découper cette putain de robe trop courte et ce foutu string, murmura t'elle d'une voix délicieusement grave. Et je vais te baiser bébé, je vais te baiser jusqu'à que tu ais mal.

Sa main chaude quitta alors mon intimité pour remettre à chercher à tatôn la paire de ciseaux. Elle finit par mettre la main dessus alors qu'elle venait d'enrouler le poignet de son autre main autour de ma queue de cheval, le tout sans rompre notre baisé effréné.

C'est maintenant ou jamais.

- Tu ne me baiseras que lorsque j'aurai signé le contrat corrigé, soufflais je d'une voix inaudible, et déformée par le désir contre ses lèvres. Relâche moi Kendall, tout de suite.

J'avais réussi à m'extirper difficilement de notre étreinte explosive, ravalant la frustration qui me gagna dès que j'eus prononcé ces mots. Kendall, le regard fou s'arrêta net, elle voulait me tuer, oui, elle voulait me tuer. Devant mon sérieux, elle recula d'un pas, une fureur dévorante sur le visage.

Mission accomplie.

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