Chapitre XI
Je m'étais levée en furie pour aller prendre une douche. Des douleurs au niveau de mes bras et de mes jambes me firent grogner un peu, mais ce n'était rien d'insupportable. Je me précipitais dans la salle de bain immense de la suite dans laquelle j'avais dormi, pour aller prendre une douche. À la vue de la baignoire splendide, j'eus une forte envie de prendre un bain brûlant pour dégourdir mes muscles, mais je décidais d'être raisonnable et de me contenter d'une douche. La salle de bain était un très grand espace imprégné de tons blanc et gris foncés, elle était tout aussi luxueuse que le reste de l'appartement.
Je poussais un cri lorsque je retirai la nuisette que Kendall m'avait mise la veille. Je venais de remarquer des traces rouges énormes sur ma peau, de mon dos à mes genoux, en passant par ma taille. J'aurai du m'y attendre. J'ignorais combien de temps, j'étais restée suspendue par les cordes, mais c'était assez long pour que mon corps soit marqué.
J'allumais le pommeau de douche, et je mis ensuite plus de cinq minutes à comprendre comment régler les modes, la chaleur ou encore l'intensité du jet. Les marques ne me faisaient pas mal, mais en revanche, je me demandais comment j'allais bien pouvoir couvrir ça. Certainement en mettant des cols roulés ? Vu l'intensité des marques, elles ne s'effaceraient pas d'ici au moins trois jours. Il faisait toujours assez chaud en cette fin d'été, ce n'était pas vraiment le moment de s'habiller aussi chaudement. Et cela risquerait de soulever des questionnements, mais je n'avais pas le choix. C'était plus facile de trouver une excuse aux cols roulés qu'à ces grosses marques rouges sur ma peau. En réalité, j'étais censée me lever tôt pour avoir le temps de passer chez moi avant de me rendre à l'agence. Pour le fait de se lever tôt, c'était raté. J'espérais simplement qu'Arya ne serait pas à la maison lorsque j'allais m'y rendre pour me changer. Elle avait tendance à rester dans la chambre lorsque je retirai mes vêtements et après une si longue amitié et nos nudités maintes fois exposées, je ne me voyais pas de lui demander de sortir pour me laisser me changer. Premièrement, elle se foutrait royalement de moi, et deuxièmement elle risquerait de se poser des questions.
- Satanées suspensions, m'énervais je en frottant frénétiquement les traces sur mon corps, dans l'espoir qu'elle s'efface, en vain.
...
L'alerte qui signalait un appel entrant, de mon téléphone me fit sursauter tandis que je m'apprêtais à enfiler mon top. « Madame Jones appelle » chantonna la voix mécanique. Je fus surprise, je la croyais ici, je n'avais même pas songé une seule seconde qu'il se pourrait qu'elle soit au travail ou ailleurs. Elle aurait tout de même pu me prévenir qu'elle partait ou me réveiller ? Mais non, elle jouissait entièrement de mon corps, me couchait dans un lit dans lequel elle ne dormait pas puis elle partait sans rien dire. Très charmant.
- Oui ? Lançais-je, en enfilant mon top grâce à une série de geste mal coordonnées et maladroits. J'aurai sans doute dû le mettre avant de décrocher et de porter mon téléphone à mon oreille.
Mes vêtements avaient été soigneusement pliés puis posés sur une commode.
- Bonjour Atlantis, dit elle la voix calme.
- Bonjour, soufflais je.
Sa voix avait toujours le don de me rendre fébrile.
- Je suis navrée d'être partie sans te prévenir, je commence mes journées de travail très tôt et tu dormais profondément.
Elle parlait doucement, il n'y avait aucun bruit autour d'elle.
- Je ne suis pas faite de sucre Kendall, j'ai l'habitude de me réveiller tôt, lançais je.
- Je ne pense pas que tu as l'habitude de dormir si peu après t'être fais prendre une bonne partie de la nuit.
L'art de parler façon Kendall : pointu et concis. Je voulus répondre, mais aucun son ne sortit de ma bouche.
- J'ai appelé plusieurs fois à la maison pour savoir si tu étais réveillée. Anna m'a informé que tu t'es levée il y a quinze minutes et que tu prenais une douche. Tu as trouvé tes vêtements ?
Je me figeais à l'attente de toutes ces informations, j'avais le sentiment que mes moindres faits et geste étaient épiés. Je refermais instinctivement les rideaux même si ce geste était ridicule puisque le penthouse était si haut qu'il n'y avait presque aucun immeuble qui arrivait à la hauteur de l'appartement de Kendall. Mais l'idée que madame Jones sache en tout instant ce que je faisais ne me plaisait vraiment pas.
- Anna ? L'interrogeais-je. Est ce que tu peux arrêter de m'espionner Kendall ? Dis-je en refermant difficilement la fermeture de mon pantalon qui était située à l'arrière de celui-ci.
Je venais de vaguement me souvenir qu'elle m'avait autorisé à la tutoyer. J'ignorais totalement pourquoi. Et c'était particulièrement étrange puisque j'avais le sentiments que ça abaissait une barrière entre nous. N'était ce pas justement ces barrières que nous devions maintenir ?
- Je t'ai fait acheter quelques vêtements, ils sont dans le dressing. Répondit-elle la voix calme, ignorant tout ce que je venais de dire. Je ne pense pas que ta tenue d'hier couvrira assez bien les traces de cordes.
Cette femme me déroutait tous les jours davantage. Me faire acheter des vêtements ? Je trouvais ça complètement dingue, mais je la remerciais intérieurement d'y avoir pensé parce qu'effectivement, ma tenue ne cachait pas très bien les marques de ma nuit torride.
- Ta peau marque très vite, continua Kendall tandis que je faisais glisser la porte coulissante qui donnait sur le dressing. Je t'ai mis une tenue de côté, je pense qu'elle couvrira toutes les marques. Je ne suis pas certaine qu'elle te plaira alors tu peux toujours mettre autre chose. Je te suggère tout de même d'opter pour quelque chose à manches longues.
Je restais bouche bée devant le dressing. Il était rempli à ras, les vêtements étaient classés par catégories, par matière puis par couleur. Je me retournais et je vis une rangée de paires de chaussures, ainsi que plusieurs sacs. Il y en avait tellement et pour tous les goûts (bien que je ne remarquais aucune jupe ou robe courte) que je ne savais plus où donner de la tête. Mon attention se porta sur une robe droite rouge qui devait m'arriver au milieu des jambes. Il y avait encore les étiquettes sur tout, j'attrapais celle de la robe et reconnu tout de suite les deux « C » entrelacés qui y étaient inscrits. Le prix me donna presque le tournis, mille deux cent dollars ce petit bout de tissus ? Finalement, j'étais certaine que Kendall et Arya finiraient par s'entendre. Tout ceci était tellement extravagant et ridicule, je ne voyais pas l'intérêt de m'avoir fait acheter tout ces vêtements. J'imaginais parfaitement que ça ne représentait rien pour elle financièrement, mais j'espérais bien qu'elle ne comptait pas sur sa richesse pour m'impressionner ou qu'elle ne croyait pas que j'étais intéressée d'une quelconque manière par son argent.
- Ton silence est insupportable, tu sais ? Releva Kendall, me rappelant sa présence à l'autre bout du fil. Dois-je en déduire que cela te plaît ?
- Kendall, tout ceci me met extrêmement mal à l'aise, soufflais-je. J'espère que tu n'espérais pas m'impressionner en m'achetant tout ceci, parce que je me fiche de ton argent et que je n'en ai pas be..
- Atlantis, me coupa t'elle froidement. Je t'ai fait acheter ces vêtements parce que tu seras souvent amenée à passer la nuit chez moi. Tu ne penseras pas toujours à amener des vêtements de rechange avec toi et tes vêtements ne seront pas toujours en état d'être portés le lendemain. C'est dans le cadre de notre contrat, n'y voit rien d'autre.
Il y eut un silence. Son ton venait de me fermer mon clapet. Cette facilité qu'elle avait à me faire taire ou à me faire abdiquer me rendait folle, à plus forte raison que de mon côté, il m'était particulièrement difficile de m'affirmer face à elle sans la froisser. Je pouvais imaginer son regard me fusillant et sa mâchoire crispée. Cela provoqua une douleur délicieuse au niveau de mon entrejambe. Je n'étais définitivement pas normale.
- Je ramènerai toujours les vêtements, éclaircissais-je, je considère cela comme un prêt. Rien de tout ça n'est à moi.
Je crus l'entendre jurer, mais elle ne dit rien de plus à ce sujet. C'était une petite victoire pour moi.
- Anna t'a préparé un repas. Dès que tu sera prête demande lui d'appeler Jack, il te déposera. Nous nous verrons ce soir.
- Non, répondis-je rapidement avant qu'elle ne raccroche.
Il y eut quelques bruits gênant à l'autre bout du fil. Madame Jones sembla s'adresser à quelqu'un d'autre. Après quelques secondes elle revint vers moi d'une voix grave et basse.
- Non ? Répéta t'elle.
- Je dois passer la soirée avec Arya, on ne peut pas se voir ce soir.
J'entendis une voix aiguë dans le fond, elle sembla agacer Kendall.
- Je suis occupée Mia, la coupa froidement Madame Jones, dites leur de patienter.
Et moi qui me plaignais de sa froideur par moment, j'étais contente de ne pas travailler pour elle.
- Une soirée ? Demanda t'elle perplexe tandis que je dépliais un jean et un col roulé posés sur un tabouret.
S'il y avait une chose que je ne pouvais pas lui refuser, c'est qu'elle avait énormément de goût, elle m'avait mis de côté un col roulé écru, très doux et un jean slim sombre et très chic.
- Tu ne me préviens que maintenant ? Ajouta t'elle.
Un rire jaune sortit de ma bouche sans que je ne le contrôle.
- Jusqu'à preuve du contraire, je n'ai aucun compte à te rendre sur mes allées et venues Kendall, lançais je agacée. Je n'avais pas prévu de sortir ce soir.
- Tu te dois d'être disponible pour moi Atlantis, je pensais avoir été claire à ce sujet, rétorqua t'elle la voix cassante.
Je retirai maladroitement mon pantalon de la veille que j'avais enfilé quelques instants auparavant au profit du pantalon que madame Jones m'avait choisis. En temps normal, je me serai sans doute emporté à l'entente de ces mots, mais je n'eus à ce moment-là aucune envie que l'on se dispute à nouveau. Je savais pertinemment que ça ne m'avancerait à rien. Elle était bien plus douée que moi au jeu du « qui dira la phrase la plus crue et déstabilisante ». Je tentais donc de faire de mon mieux pour que la situation ne dégénère pas.
- Ma famille passera toujours avant tout et Arya est comme ma sœur. Je me dois d'être présente pour ceux que j'aime. Je ne peux pas passer tout mon temps libre avec toi.
J'avais dit ces mots avec une douceur qui je l'espérais viendrait adoucir leur réalité. Il y eut un silence pesant durant quelques secondes avant qu'elle ne se décide à répondre.
- Bien. Dans ce cas, il faudra que nous nous mettions d'accord sur un emploi du temps qui nous conviendra à toutes les deux.
Et voilà qu'elle recommençait à parler comme une femme d'affaires. Elle devait avoir un sérieux problème pour tout réfléchir d'une manière aussi pragmatique. Cependant elle ne l'avait pas mal pris, c'était un point positif.
- Penses-y Atlantis, je passerai te voir plus tard pour que l'on en discute. Je dois y retourner, bonne journée.
Je hochais la tête, comme si elle pouvait me voir. Et un sourire malicieux se dessina sur mon visage à l'entente de cette phrase. S'il s'agissait d'une discussion façon madame Jones, cela ne me déplairait pas même si je n'étais pas certaine qu'elle serait très favorable à la prise de décisions raisonnables.
- Bonne journée madame Jones.
- Tu n'imagines pas l'effet que tu peux avoir sur mon corps lorsque tu m'appelles de cette manière Atlantis, murmura t'elle avant de raccrocher.
...
Amy m'avait finalement rappelé pour me prévenir que la très chère Madame Le Bourgeois préférait que nous nous retrouvions dans un café pour discuter. L'idée ne me plaisait pas particulièrement, je préférais accueillir mes clients dans mon bureau. Mais j'avais exceptionnellement accepté, il n'était pas à mon avantage de la froisser. Jack m'avait déposé après que j'avais littéralement eu droit à un festin pour mon déjeuner. Je n'avais cependant pas rencontré la « Anna » qui l'avait préparé, elle m'avait seulement écrit le numéro de Jack sur un bloc-note posé près de mon assiette.
Je venais d'entrer dans le petit café très chic de la Ve avenue où Madame le Bourgeois m'avait donné rendez-vous, j'étais arrivée tout juste à l'heure. Madame frenchy en revanche était en retard de dix minutes, par politesse, je n'avais rien commandé, et ce, malgré le fait que j'avais extrêmement soif en raison de la chaleur (mon col roulé n'aidant pas). Au bout de vingt minutes d'attente, je décidais d'appeler Amy pour lui demander pourquoi l'initiatrice de ce rendez-vous ne se présentait toujours pas, mais alors que je posais mon téléphone sur mon oreille : je vis une femme marcher précipitamment en ma direction. Son visage me disait vaguement quelque chose, il s'agissait d'une personne assez connue. Mes yeux la détaillèrent de haut en bas tandis qu'elle me souriait de loin. Elle était magnifique et d'une élégance qui égalait celle de Madame Jones. Elles avaient le même genre de prestance et d'élégance. Celles qui vous font vous sentir toute petite. Cependant cette belle jeune femme n'avait pas le genre de beauté glaçante à l'image de celle de Kendall. Bien au contraire, elle rayonnait grâce à son visage lumineux et son sourire chaleureux. La récente découverte de mon attirance pour les femmes, me faisait remarquer des détails auxquels je ne prêtais aucune importance auparavant.
- Bonjour mademoiselle Kayslar ! Je suis tellement désolée, j'en ai profité pour passer chez le coiffeur et cela m'a pris plus de temps que prévu. S'excusa t'elle avec un accent français très prononcé, mais que je trouvais tout de même charmant.
Tiens donc cette excuse me rappela celle d'une autre personne qui n'était jamais à l'heure. Je devais être maudite pour que toutes les personnes avec qui je prévoyais un rendez vous, se fassent coiffer juste avant. Ses cheveux brillaient, ils étaient d'un marron très foncé et coupés en un carré dégradé. Elle déposa son petit sac en cuir sur la table avant de retirer sa veste légère, exposant son top noir qui s'arrêtait juste en dessous de ses seins. Je détournais le regard, gênée d'avoir juste en face en de moi la peau de son ventre nue. Sa tenue aurait pu paraître vulgaire sur quelqu'un d'autre, mais elle, elle la portait avec une classe que je lui enviais. Je me levais pour serrer la main qu'elle me tendit, en lui offrant un sourire professionnel.
- Enchantée Madame Le Bourgeois. Je comprends ne vous en faites pas, ce sont des choses qui arrivent.
Nous nous installâmes ensuite sans qu'elle ne perde son agréable sourire, une fois bien installées elle retira ses lunettes de soleil avant de lancer :
- C'est très aimable à vous d'avoir accepté que l'on se rencontre malgré votre emploi du temps chargé.
Je fis un signe au serveur qui nettoyait une table non loin de nous avant de répondre.
- Je vous en prie Madame Le Bourgeois, c'est tout à fait normal, répondis-je en pensant à la manière dont Amy avait insisté pour que j'accepte. Cela semblait être assez urgent. Il s'agit bien d'un anni...
Elle me regardait attentivement, un sourire très doux sur le visage.
- Pardonnez-moi de vous couper mais quelles sont vos origines ?
Sa question me déconcerta tellement que je ne réussis à répondre d'emblée. Voilà pourquoi je préférais rencontrer mes clients au bureau, cela posait toujours un cadre qui dissuadait de parler d'autre chose que des évènements que je leur préparais. Le serveur vint prendre nos commandes au même moment, interrompant ce moment de malaise avant de disparaître à nouveau. Madame Le Bourgeois porta de nouveau ses yeux bleus verts sur moi.
- Je ne veux pas paraître indiscrète mais votre peau est tout bonnement sublime, continua t'elle. Et vos cheveux surenchérit t'elle, vous ne devez même pas avoir besoin d'aller chez le coiffeur.
Le peu de clients français pour qui j'avais travaillé n'étaient pas aussi chaleureux. Bien que gênée, sa remarque me flatta et je la remerciais d'un grand sourire.
- Ma mère est de la Barbade et mon père est Australien, dis-je simplement.
Elle m'expliqua alors qu'elle adorait la Barbade et qu'elle avait eu l'occasion d'y aller quelques fois pour des shooting. Elle comptait même passer sa nuit de noces sur l'île. Elle ne s'attarda pas sur le sujet, justifiant cela par le fait que l'organisation de son mariage était compliquée et qu'il y avait eu plein de rebondissements. Elle vivait à Paris dans le quartier du Marais, dans un appartement non loin de celui de ses parents qui étaient artistes. Dans le cadre de son travail, elle était mannequin, elle était souvent amenée à venir à New-York mais elle adorait sa ville natale plus que tout. Dès qu'elle pouvait rentrer un peu chez elle, elle n'hésitait pas. Nous discutions, moi en sirotant la Pina Colada sans alcool que j'avais commandé et elle en sirotant son cocktail «explosif». En temps normal, j'aurai fait en sorte d'écourter cette conversation afin que nous puissions parler de ce pourquoi nous nous étions rencontrées, mais je la laissais parler, il n'était pas désagréable de l'écouter et je n'avais pas d'autres rendez vous aujourd'hui.
- Je ne sais même pas pourquoi je vous raconte tout ça. On se connaît à peine, vous devez me prendre pour une folle, lâcha t'elle en sirotant son cocktail. Mais ça fait tellement du bien de pouvoir se poser et discuter tranquillement. Je ne fais que courir depuis que je suis ici !
Elle avait fini sa phrase en attachant la partie avant de ses cheveux en un haut chignon rapide, laissant le reste de ses cheveux lâchés.
- Bon ! S'exclama t'elle en tapant doucement dans ses mains. Venons-en à ce fameux anniversaire surprise, je ne veux pas abuser de votre temps.
J'acquiesçai en sortant mon petit carnet sur lequel j'avais noté les informations qu'Amy m'avait transmises par mail.
- Si j'ai bien compris Madame Le Bourgeois, il s'agit..
- Oh, je vous en prie, appelez moi par mon prénom, m'interrompit elle.
Bien qu'agacée, je hochais la tête avant de continuer :
- Donc comme je le disais Marie-Anne, il s'agit d'un anniversaire surprise, qui aura lieu dans deux semaines. Vous n'êtes pas encore certaine du lieu, mais il faut que se soit un endroit isolé auquel les paprazzi n'auraient pas accès. C'est bien cela ?
Cet évènement en plus dans mon emploi du temps venait alourdir mon calendrier, j'étais certaine que je passerai énormément de temps dessus en raison des exigences très pointues qu'elle avait légèrement évoquées avec Amy. Cependant, elle avait proposé de payer trois fois mes honoraires habituels, alors à moins d'être folle, je ne pouvais absolument pas laisser passer cette aubaine. Par principe, je ne pouvais pas annuler les évènements déjà prévus sur mon calendrier. Deux semaines de folies s'annonçaient donc déjà.
- Tout à fait ! Me confirma t'elle la voix enjouée. Trouvez-moi l'endroit le plus beau et le plus isolé de New-York. Je veux quelque chose d'intime, il y aura une cinquantaine d'invités maximum. Il faut aussi un orchestre et un service à table.
Je prenais des notes sur mon carnet au fur et à mesure qu'elle parlait.
- Pour le repas, je veux un traiteur gastronomique et que des aliments issus de l'agriculture biologique.
- Très bien, et au niveau de la décoration, vous pensiez à quelque chose en particulier ?
Elle sembla réfléchir quelques secondes.
- Quelque chose de sobre et d'épuré. Le tout doit être très élégant sans que ça ne fasse trop, vous voyez ? M'interrogea t'elle, m'obligeant à relever les yeux de mon carnet pour répondre à son interrogation.
- Des couleurs en particuliers ? Des fleurs ? Des activités ?
- Du gris, du blanc, des couleurs neutres. Des roses blanches uniquement, et pour ce qui est des activités, je ne sais pas encore, je vous ferai parvenir une liste d'idées.
- Très bien, il faudra également que nous nous mettions d'accord le moment venu sur : le menu, le type d'orchestre, et les temps de la soirée, expliquais-je. Je vais également commencer à chercher des lieux à vous proposer, nous les visiterons ensuite.
- Parfait, souffla t'elle, un sourire léger sur les lèvres.
- Je vais ensuite vous proposer différents styles de décoration et d'éclairage sur un logiciel numérique de projection à 360 degré afin que vous puissiez vous projeter. Il y a également une palette de senteur qui est lié à l'éclairage, il faudra que nous fassions le point la dessus. Tout ceci vous convient-il ? Demandais-je.
Elle hocha la tête pour dire oui, sa paille dans la bouche.
- Je vous ferai un compte-rendu de tout ceci par mail de toute manière.
Elle hocha la tête, enregistrant minutieusement tout ce que je disais.
- Ça me va parfaitement Atlantis, dit elle la voix enjouée, vous êtes formidable !
Elle attrapa soudain mes deux mains, m'obligeant à déposer mon carnet et mon stylo.
- Cet événement me tient très à coeur Atlantis, c'est pour une personne qui compte infiniment pour moi et à qui je veux vraiment faire plaisir. Il faut que se soit parfait, absolument tout doit être parfait, me confia t'elle à voix basse.
Je m'apprêtais à lui répondre quand mon regard sans que je ne sache pourquoi se dirigea vers l'entrée du café, la porte venait de s'ouvrir et je n'eus pas besoin de plus de deux secondes pour reconnaître la femme qui venait d'y entrer. Mon regard était comme aimanté par son corps en mouvement. J'aurai pu sentir sa présence dans une marrée humaine. Madame Jones. Elle était là, avançant vers notre table avec détermination. Mon cœur s'accéléra dans ma poitrine bien que je faisais de mon mieux pour paraître le plus impassible possible. Elle était tellement belle dans son tailleur bleu marine atypique que s'en était lassant. Malgré ses lunettes de soleil (elle semblait adorer en porter) je devinais son regard intense sur moi. À ce moment là il n'y avait plus qu'elle et moi dans ce café, mon ventre se contracta et une vague de frissons me submergea. Je retirai brusquement mes mains de celles de Marie-Anne, en voyant l'air furieux de Kendall. Lorsqu'elle m'avait dit que l'on se verrait plus tard pour discuter, je ne pensais pas qu'elle parlait d'un futur aussi proche et je m'attendais encore moins à ce qu'elle débarque à l'improviste alors que j'étais en plein rendez vous professionnel - même si ça n'en avait pas forcément l'air.
- Pardon, je ne voulais pas paraître impolie Atlantis, paniqua presque ma cliente m'obligeant à reporter mon attention sur elle tandis que Kendall arrivait à notre hauteur.
Assise dos à l'entrée, ma cliente ignorait que ce n'était pas son geste qui m'avait mise dans cet état. Je voulais lui répondre, mais Kendall était presque arrivée à notre table et je n'étais pas certaine que ce rendez vous serait à son goût. Je paniquais, les yeux de Madame Jones étaient rivés sur moi et n'avaient rien de rassurant.
- Non ce n'est rien Marie-Anne, je vous promets que tout sera parfait.
Je lui avais-je répondu d'une voix lointaine sans quitter Kendall des yeux.
Lorsque Madame Jones arriva au niveau de notre table, elle se plaça derrière Marie-Anne, qui n'avait toujours pas remarquer sa présence, elle retira ensuite ses lunettes de soleil. Mais au lieu de s'adresser à moi comme je m'y attendais, elle ne m'accorda pas un seul regard. Mon cœur battait de plus en plus fort et je crus rêver lorsque je vis la main de Kendall attraper beaucoup trop familièrement la nuque de Madame Le Bourgeois. Cette dernière qui se figea quelques secondes : surprise, tourna brusquement la tête. Son visage s'illumina lorsqu'elle s'aperçut qu'il s'agissait de Kendall - qui semblait atrocement furieuse. Qu'est-ce qu'il se passait ?
- Kenny, murmura t'elle, d'une manière très intime.
Cependant je sentais dans sa voix qu'elle lui parlait avec une précaution que je reconnue. J'avais l'impression de me comporter de la même manière avec Kendall, sans le côté sentimentale que je crus percevoir dans la voix de Marie-Anne.
- Qu'est-ce que tu fais là ? L'interrogea t'elle la voix douce.
Elles échangèrent un long regard et je me sentis comme une intruse. Il y avait une proximité entre elles qui provoqua une sensation nauséabonde au creux de mon estomac.
- On rentre, déclara froidement Madame Jones après qu'elles se soient observés durent plusieurs secondes, ignorant totalement ma présence.
Elle avait parlé assez fort pour que je l'entende.
La main de Kendall se trouvait toujours sur la nuque de Marie-Anne et leurs visages étaient particulièrement proches. J'étais complètement paralysée par la scène qui se déroulait sous mes yeux, incapable de dire ou de faire quoi que se soit. Marie-Anne ne montra aucun signe de résistance, elle semblait être habituée à ce que Kendall lui donne des ordres...
- Laisse moi d'abord te présenter Atlantis Kayslar, c'est une amie, dit elle simplement. On travaille ensemble sur un projet. Atlantis, voici Kendall, ma fiancée.
Kendall en se redressant, et en retirant sa satanée main de la nuque de Marie Anne deigna enfin m'adresser un regard. Elle fit un bref un hochement de tête en guise de salutation avant de reporter son attention sur sa « fiancée ».
- On y va, Maria, Jack nous attends, ordonna Kendall visiblement impatiente de s'en aller.
Mon cœur manqua un bond et mon souffle se coupa, mon cerveau fit rapidement tous les liens et j'eus soudain comme une envie de disparaître.
Maria, l'ex fiancée de Kendall, comment avais-je pu être bête à ce point ? Si son visage m'était familier, c'est parce que je l'avais vu en photo sur les sites People. Je n'avais pas fait le lien directement parce que sur les photos, elle était blonde, elle avait certainement teint ses cheveux. Son prénom non plus ne m'avait pas alarmer, puisque je n'avais pas imaginé que Maria pouvait être un surnom ou un diminutif pour Marie-Anne. Pourtant je savais que l'ex fiancée de Kendall se trouvait à New-York, rien que son accent français aurait du me mettre la puce à l'oreille.
Je ne comprenais rien à la scène qui se déroulait devant moi, je voulais vomir, pleurer, fondre, je détestais Kendall pour m'avoir menti et manipulé. Après tout ce qu'elle m'avait dit, toutes ces belles paroles n'étaient que du vent ?
- Je suis vraiment désolée de partir comme cela Atlantis, me souffla Marie-Anne en enfilant sa veste alors que Kendall se tenait juste derrière elle, regardant droit devant elle et lui tenant son petit sac à main.
Faute de pouvoir répondre, je me levais également et lui fis le sourire le plus forcé que je n'avais jamais esquissé.
- On se tient au courant, j'attends votre compte-rendu, chuchota t'elle en rapprochant un peu sa tête, comme pour me dire un secret.
Je hochais machinalement la tête en guise de réponse. Elle me fit un dernier sourire avant de suivre les pas de Kendall qui se dirigeait déjà vers la sortie. Je retombais dès lors sur ma chaise, la poitrine sur le point d'exploser.
...
Après avoir difficilement repris mes esprits, j'avais foncé au bureau pour m'occuper l'esprit. Il était hors de question que je fonde en larmes ou que je rentre me morfondre pour avoir été aussi stupide et naïve. Cependant, tout ceci m'avait touché bien plus que je ne voulais l'admettre et une fois les trois membres de mon équipe partis, tout mon énervement et mon amertume remontèrent à la surface. Je m'étais ensuite mise à pleurer comme une enfant dans mon bureau. J'étais restée près d'une heure à l'agence afin de me calmer et de reprendre mes esprits. Ce n'était qu'une histoire de sexe, rien d'autre. Il n'y avait qu'une seule raison pour laquelle je devais m'en vouloir, c'est d'avoir cru aux mensonges de Kendall et l'avoir laissé poser ses mains sur moi. Pour le reste, c'était elle qui couchait avec quelqu'un d'autre que sa promise. Promise qui d'ailleurs semblait tout ignorer des activités de sa bien-aimée. J'avais de la peine pour elle, Kendall était un monstre, je me demandais si toute les soumises qu'elle avait eu étaient des « extra ». Je songeais à refiler le dossier de Marie-Anne à un confrère qui était également très doué et réputé dans la ville, mais je n'avais aucun moyen de justifier cela désormais puisque je m'étais engagée. Or, je n'étais plus apte à la rencontrer, je ne pourrai pas supporter de me tenir face à elle et de jouer la comédie. Pire, je n'avais pas envie de prendre le risque de croiser Kendall une nouvelle fois.
...
J'avais trouvé Arya endormie sur mon lit lorsque j'étais rentrée de l'agence. Elle m'avait sûrement attendu un long moment avant de s'endormir sur mon lit, je m'étais blottie dans ses bras avant de sombrer également dans un sommeil désagréable où le visage de Kendall hantait mes rêves.
Nous étions réveillées depuis quelques minutes, ma meilleure amie voulait que je lui raconte ma soirée ou ma nuit de la vieille plus précisément, sujet que je survolais, n'abordant rien à caractère sexuel. Malgré tout ce qui venait de se passer, je ne me sentais toujours pas prête à tout lui raconter : le contrat et nos pratiques sexuelles. Je lui racontais juste ce qu'il s'était passé au café et je dus lutter avec elle de toutes mes forces pour l'empêcher d'aller trouver Kendall chez elle pour lui casser la figure. Je venais enfin de réussir à la calmer.
- T'es sûre que tu ne veux rien manger ? Je peux te préparer n'importe quoi.
- Non ça va Ary, je n'ai vraiment pas faim, soufflais-je.
- Tu ne vas pas te laisser mourir de faim juste parce que tu as découvert que ta sexfriend est en fait bel et bien fiancée, se moqua t'elle espérant me faire rire. Si c'est juste une histoire de coup de langue, j'en ai une aussi et il parait que je m'en sers plutôt bien, rigola t'elle.
Arya et son humour mal placé, l'image de ma meilleure amie en train de me faire un cunnilingus me choqua plus qu'autre chose. Je ne relevais pas. Je levais les yeux au ciel en me redressant sur le lit, l'amertume se lisant clairement sur mon visage.
Sex friend, l'entente de ce mot me froissa.
- Rigoler à ma blague n'enlèvera rien au fait que je vais lui régler son compte Lantis, me prévint t'elle la voix plus sérieuse.
Je grimaçais, je savais qu'elle le ferait dès qu'elle en aurait l'occasion. Je ne connaissais personne d'aussi rancunier qu'Arya Miller.
- Aller maintenant bloque moi cette garce avant qu'elle n'essaye de t'embobiner ! M'ordonna t'elle en me tendant mon téléphone.
Je le fis, avec un pincement au cœur certes, mais sans hésiter.
- Tu sais que je t'aime plus que tout hein ? Me murmura ma meilleure amie en m'ouvrant ces bras.
Je m'y blottis.
- Je sais, soufflais je la gorge sèche, et je t'aime aussi.
Elle m'embrassa le haut du crâne.
- Et si jamais t'es en manque, il y a un vibromasseur dans un des tiroirs de ma chambre, ironisa t'elle.
Je lui frappais le dos en guise de réponse, elle riait aux éclats.
J'avais réussi à m'en passer durant vingt-trois ans ce n'était pas maintenant que ça allait me gêner.
Et si jamais c'est elle qui te manque ?
...
Arya Miller venait d'arriver au siège de l'entreprise Jones Company. Ce n'était pas la première fois qu'elle s'y rendait. Toutes les deux semaines elle y assistait à une réunion au nom de son père pour suivre l'évolution de leur partenariat avec l'enseigne sur un projet de marque de cosmétique. Lors de ces réunions Kendall Jones n'était jamais présente.
Dans l'esprit d'Arya c'était parfaitement compréhensible : Kendall vivant auparavant à Paris elle ne devait être présente que pour des projets décisifs, elle ne pouvait être présente pour chaque réunion. Cependant, depuis que cette dernière était revenue à New York, Arya ne voyait pas pourquoi elle se faisait autant désirée. «C'est le problème des belles femmes s'exaspéra t'elle, une jolie paire de seins, des fesses bien rebondies, un joli petit visage et elles se croient tout permis ». Petit visage que la fille Miller aurait d'ailleurs pris un plaisir fou à abîmer. Malheureusement, elle n'était là que pour un rendez-vous professionnel, ce qui était fort regrettable. D'autant qu'elle allait rencontrer la très chère dame en personne, la dernière fois qu'elle s'était vues remontait au jour où elle avait demandé à « emprunter » Atlantis. Comme elle avait eu envie de la gifler à ce moment là et avec tout ce qui s'était produit les derniers jours cette envie n'était que décuplée. La meilleure amie d'Atlantis n'avait jamais su prendre sur elle, et à cet instant elle mourrait d'envie de régler son compte à Kendall, mais elle savait très bien faire la différence entre son travail et sa vie privée. Ce partenariat était important pour son père et même si elle savait qu'elle était la prunelle de ses yeux, qu'il ne lui reprochait presque jamais rien elle voulait se comporter en adulte. Par ailleurs elle ne pouvait surtout pas donner une opportunité de plus à sa mère de lui faire la morale.
Mon père va devoir m'être plus que redevable pensa t'elle. ll lui avait fait comprendre que c'était particulièrement urgent et que Kendall n'avait pas accepté d'en parler au téléphone, étant lui même en réunion il ne pouvait se déplacer. « C'est toujours bien que tu tisses des liens avec Kendall Jones, c'est une femme brillante et très intéressante lui avait assurer son père ». Si seulement il savait la rage qui animait son unique fille lorsqu'elle entendait ce nom. Cette dernière avait rarement vu sa meilleure amie aussi désarmée et maussade que durant la semaine qui venait de s'écouler. Elle connaissait Atlantis par cœur, elle n'était donc pas s'en savoir qu'elle essayait de faire bonne figure malgré le fait que tout ceci l'avait énormément affecté. Cette garce de Kendall n'imaginait même pas à quel point cette femme était précieuse et à quel point Arya Miller voulait lui faire ressentir l'humiliation qu'elle avait fait subir à Atlantis en pire. Arya lui en voulait tellement qu'elle en tremblait de nerf sur la chaise de la salle d'attente de l'empire que dirigeait Kendall. La fille D'Edward et de Naïra Miller expira profondément pour se calmer.
- Madame Miller, lança la voix aiguë et insupportable de la secrétaire personnelle de madame Jones, veuillez me suivre. Madame Jones va vous recevoir dans son bureau.
Arya la suivit sans broncher, dans un long couloir blanc où tout résonnait excessivement. Kendall se tenait déjà devant l'entrée de la porte : droite, parfaite. La fille Miller fit de son mieux pour préparer son sourire le plus professionnel, cette femme la répugnait.
- Merci Mia. Que personne ne me dérange durant cet entretien, intima Kendall lorsqu'elles arrivèrent à sa hauteur.
La petite secrétaire acquiesça avant de tourner les talons rapidement.
- Madame Miller, salua Kendall en tendant une main à la fille d'Edward Miller.
Cette dernière la fixa quelques secondes, elle pouvait lui foutre son poing dans le visage-là maintenant, mais au lieu de cela, elle serra la main que la jeune femme qui ignorait ce qui venait de se jouer dans sa tête, lui tendait.
- Entrez, je vous en prie, l'invita Kendall Jones en s'écartant de l'entrée.
Elle l'invita ensuite à s'installer sur un très beau fauteuil un cuir noir dans un coin de son bureau immense. Arya trouva immédiatement que ce bureau était aussi froid que sa propriétaire, avec un carrelage en marbre clair, des murs blanc, et des meubles noirs laqués. Par ailleurs elle trouvait étrange que Kendall ne l'ait pas invitée à s'installer sur la chaise en face de son bureau, cependant elle s'assit tout de même sur le fauteuil.
- Souhaitez-vous boire quelque chose ? Demanda la sœur de Marc la voix mesurée.
- Non, répondit Arya très froidement. Amenant Kendall à comprendre que comme elle s'y était préparée cette dernière ressentait une vive animosité à son égard.
Kendall s'installa alors en face d'Arya sur le deuxième fauteuil en cuir noir, les jambes croisées.
- Mon père m'a fait savoir que vous vouliez me rencontrer pour une affaire urgente. N'avez-vous pas reçu notre dernier rapport concernant l'évolution des tests en laboratoire ? La questionna Arya avec une brin d'agacement.
- Vous semblez bien impatiente, lui lança Kendall sur un ton qui l'agaça.
- Je dois avouer que j'avais d'autres plans pour la matinée.
Madame Jones la fixa avec défiance tandis qu'Arya soutint son regard durant plusieurs secondes.
- Dans ce cas, nous n'allons pas tourner autour du pot, déclara Kendall Jones en se levant du fauteuil.
Elle se dirigea vers son bureau, d'où elle sortit une grande enveloppe banche.
- Je ne vous ai pas fait venir ici pour une raison professionnelle, lui confia t'elle en revenant vers elle.
Donc je peux te faire ravaler ta verve insolente dans ton propre bureau ? Pensa Arya.
Au lieu de le faire, elle haussa les sourcils, sceptique. Si elle n'était pas là pour une raison professionnelle, elle ne voyait qu'un seul autre objet à cette entrevue et elle espérait se tromper car elle n'était pas sure de pouvoir garder son sang froid...
- Je veux que vous convainquiez Atlantis de me rencontrer demain. Je dois m'expliquer avec elle, dit Kendall en se réinstallant. Je ne lui ai jamais menti et la blesser n'était pas dans mes intentions.
Un rire extrêmement diabolique sortit de la bouche d'Arya, son cœur se mit à cogner fort dans sa poitrine.
- Je vous interdis de prononcer ce nom, s'emporta la jeune femme.
Kendall entreprit alors d'ouvrir l'enveloppe qu'elle tenait entre ses mains et elle lui la tendit. Après quelques secondes d'hésitation, Arya lui arracha des mains.
- Étant donné que je m'attendais à cette réaction de votre part, j'ai prévu de quoi vous motiver, la prévint Kendall t'elle.
Arya avait envie de la frapper, elle haïssait cette assurance et cette arrogance avec laquelle elle s'exprimait. Bon sang, hors mis son physique de rêve, qu'est ce qu'Atlantis lui trouvait ? Elle n'avait jamais soupçonné que sa meilleure amie pouvait être attirée par les femmes, mais de toutes les femmes qui existaient il avait fallut que se soit cette Kendall, arrogante et imbue de sa personne. Cette femme qui n'était qu'une vipère. Sentant sa colère s'intensifier Arya sortit rapidement le contenu de l'enveloppe afin de voir de quoi il pouvait bien s'agir.
- Des photos sombres et mal cadrées, ce sont ça vos arguments pour me motiver après avoir manipulé ma meilleure amie et lui avoir mentis ?
Celle qu'Arya décida désormais de nommer « la vipère » eut un rictus.
- Je ne pense pas que cela soit sain de désirer autant sa meilleure amie, signala « la vipère » les poings serrés, car le ton qu'employait Arya pour s'adresser à elle lui donnait envie de l'envoyer tout droit en enfer.
Kendall venait volontairement de tirer une corde sensible. Son interlocutrice avait su enterrer cette attirance durant des années, elle l'avait enfouie au plus profond d'elle même et avais fais en sorte de complètement la faire disparaître, ou presque. Elle tenta tout de même de rester indifférente, cependant lorsqu'elle voulu répondre elle s'aperçut qu'une boule de panique s'était formé à l'intérieur de sa gorge, l'empêchant de parler.
- Regardez bien la photo lui suggéra Kendall, ne la quittant pas des yeux.
Ce que fit Arya et son cœur s'accélérera dans sa poitrine lorsqu'elle reconnut sur la photo sombre les deux personnes qui s'embrassaient à l'avant d'une voiture. Ses mains devinrent moites.
- Comment diable avez eu ces photos ?! Vociféra t'elle après quelques instant d'hésitation.
Kendall l'étudiait avec attention, le visage impassible.
- Je n'ai rien avoir avec tout ceci. Cela ne-ne me concerne pas bégaya la fille Miller.
Kendall Jones se mit à sourire, elle s'attendait parfaitement à ce que la jeune femme lui dise ceci. Arya eut alors une envie folle de la brûler vive.
- Non, certes. Mais vous êtes au courant, croyez vous que cette nuance importera à Atlantis ? La darda Kendall.
Arya écarquilla les yeux.
- Vous me faites chanter ?! S'offusqua t'elle. Pour qui me prenez vous ? Vous ne me faites absolument pas...
- Loin de moi l'idée de vous faire chantez madame Miller, la coupa « la vipère » froidement. Mes principes ne me le permettent pas.
Arya Miller resta silencieuse : furieuse et curieuse d'entendre ce que l'autre femme avait à dire.
- Un de mes agents qui patrouillait autour de votre immeuble a surpris un paparazzi en train de prendre ces photos au niveau du parking. Il a récupéré l'appareil photo qu'il m'a ensuite apporté.
Un agent qui patrouillait ? Un paparazzi ? Arya ignorait à cet instant ce qui la choquait le plus.
- Depuis quelques temps des rumeurs concernant ma relation avec Atlantis circulent dans la presse people. J'ai réussi à intercepter les rares photos que ces rapaces de photographes ont réussi à prendre de nous. Par contre n'aurai jamais cru qu'ils songeraient à prendre une photo de son entourage proche, expliqua Kendall.
Arya s'enfonça davantage sur le fauteuil, complètement ahurie par tout ce qu'elle venait d'entendre.
- Je ne sais pas ce qu'il comptait faire de cette photo, mais une chose est certaine, ce n'est pas la meilleure façon d'annoncer cette nouvelle à Atlantis. Vous ne pensez pas ?
La meilleure amie d'Atlantis ne pouvait que concéder à ses propos.
- Certes, mais je ne vois pas toujours pas pourquoi j'accepterai de vous aider, fit cependant remarquer Arya.
Kendall croisa les bras.
- Parce que vous m'êtes redevable, si mon agent n'avait pas été là, Dieu seul sait où est ce qu'on aurait retrouvé ces photos.
- Derreck vous est redevable, non moi, précisa la fille Miller.
- N'est ce pas vous qui l'avais couvert en prétendant sortir avec lui ? Lui lança la femme aux cheveux noir de jais.
Arya soupira, elle se sentait de plus en plus impuissante.
- Vous m'êtes donc tous les deux redevables. Conclut Kendall. Cependant, je ne vous demande qu'une seule chose : me permettre de la voir. Il m'est impossible de la joindre et j'ai peur de la braquer en me présentant devant elle sans son consentement.
En voyant l'hésitation sur le visage de la meilleure amie de sa future soumise, elle continua :
- Je ne dirai jamais rien à Atlantis concernant son frère, vous avez ma parole. En échange, je vous demande simplement de m'organiser un rendez-vous avec elle.
- Non, vous ne me le demandez pas. Vous m'y contraignez, dit Arya avec amertume.
Kendall se plaça alors un peu plus au bord de fauteuil, de manière à limiter la distance entre elle deux.
- Je ne vous contrains à rien. Je vous ai rapporté ces photos alors que rien ne m'y obligeait. Vous avez donc une dette envers moi.
- Vous l'avez dit vous-même, rien ne vous y obligeait !
Elle ne dit rien, scrutant longuement la jeune femme qui se contenait. Kendall était sur le point de la faire craquer et elle le savait.
- Vous n'êtes qu'une manipulatrice vicieuse, finis par siffler Arya entre ses dents, amenant Kendall à sourire, cette dernière savait qu'elle venait inconsciemment de craquer.
- Je sers simplement mes intérêts. Lui répondit Kendall, impassible.
Elle lui tendit ensuite sa main. Arya la haïssait, ça ce n'était un secret pour personne. Mais cela n'enlevait rien au fait qu'elle se trouvait dans une situation délicate. Elle et Derreck avaient mit beaucoup trop d'effort pour garder ce secret, elle ne pouvait prendre le risque qu'il soit dévoilé. Si par malheur Atlantis tombait sur ses photos un jour, Arya ignorait ce qui allait se passer. Derreck n'était pas encore prêt à affronter tout ceci, il se braquerait et se ferait de nouveau du mal, elle ne souhaitait pas voir son ami souffrir de nouveau. C'est pour cette raison qu'Arya ignora du mieux qu'elle pu la colère et le sentiment de jalousie qui l'animait en regardant son interlocutrice.
- J'accepte, mais j'ai deux conditions, déclara t'elle en regardant la main que Kendall lui tendait.
Cette dernière pinça les lèvres, cela ne l'enchanta pas mais après tout c'était prévisible.
- Je vous écoute.
- Je veux garder ces photos et l'original pour les détruire. Et je veux savoir ce qu'il se passe avec cette Maria. J'espère pour vous que tout ceci n'est qu'un mal entendu et que ce n'est pas ce que ça à l'air d'être, sinon au diable vous, vos photos et ma dette.
Un sourire strict se dessina sur les lèvres de Kendall avant que la main d'Arya ne vienne serrer la sienne.
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