Chapitre X
Je n'avais pas été particulièrement productive cet après-midi-là, je n'avais cessé de penser à ma discussion avec Kendall, à ses mains sur mon corps, son souffle chaud, ses lèvres douces, et mon orgasme si intense qu'il me retournait encore lorsque j'y repensais.
- Vous semblez être ailleurs. Avait relevé Amy en fin d'après-midi, alors que je devais choisir entre plusieurs villas pour un enterrement de vie de jeune fille que l'on organisait. Vous devriez rentrer si quelque chose vous préoccupe. Vous me transmettrez votre choix demain matin. Vous n'avez aucun rendez-vous prévu pour la matinée de toute manière.
Dylan avait acquiescé d'un hochement de tête.
- Non ça va, je préfère que nous finissions ça aujourd'hui. Avais-je répondu en reprenant tout mon sérieux. Nous devons recevoir l'équipe de service, et les briefer peut prendre du temps.
...
J'avais décidé de rentrer me changer avant d'appeler Kendall. Je stressais un peu à l'idée de ce rendez vous, c'était notre premier où j'étais parfaitement consciente de son objet, et je ne savais pas vraiment comment tout cela allait se passer. Mais tout se faisait tellement naturellement avec elle, mes réticences disparaissant une par une, même si rien n'était encore tout à fait clair dans mon esprit.
Cependant quelqu'un d'autre me préoccupait à cet instant : mon frère. J'étais certaine qu'il n'approuverait pas ce genre de relation de domination, j'ignorais d'ailleurs si l'idée que je couche avec une femme l'enchanterait, en raison de notre éducation religieuse. Mon père n'était pas très religieux, mais il croyait en Dieu et ma mère elle était une protestante convaincue. Derreck et moi avions ainsi souvent passé nos dimanches matin à l'église. Je n'avais pas ces moments en horreur, au contraire, c'était souvent très chaleureux, mais tout comme mon père je n'étais très religieuse, je croyais en Dieu et cela me suffisait, je n'arrivais pas à m'identifier dans une doctrine de croyance. L'homosexualité n'était pas pour autant un tabou chez nous, mes parents étaient ouverts d'esprit. Cependant, j'ignorais s'ils - ma mère notamment- seraient toujours aussi ouvert s'il s'agissait de leur propres enfants. Mon frère, contrairement à moi priait souvent, il fréquentait aussi une église non loin de notre appartement. Je ne savais donc pas où il se situait par rapport à ce genre de chose et pour l'instant, je ne voulais pas vraiment le savoir.
Je venais justement d'entrer chez moi pour me changer lorsque la porte d'entrée s'ouvrît et que je vis Derreck rire aux éclats avec Darren, son meilleur ami. Ce dernier lui fit une tape amicale sur l'épaule. Le visage de mon frère sembla se tendre lorsqu'il me vit sur le canapé, je ne sus ce que c'était. De la tension ? De la gêne ? De la surprise ?
Mais je n'eus pas le temps de le savoir puisque Darren vint vers moi avec un énorme sourire pour m'enlacer.
- Tu m'as manqué ma petite Atlantis adorée, s'exclama t'il en me serrant fort dans ses bras.
Darren et Derreck se connaissaient depuis quelques années, ils avaient été collègues avant d'être amis. Lorsque Derreck n'était pas sur un vol, à la maison, en train de dormir ou avec une fille, je pouvais être sûre qu'il traînait chez Darren. Ils se ressemblaient énormément, c'est sans doute pour cela qu'ils étaient si inséparables.
- Toi aussi Darren ! Souriais-je, en répondant à son étreinte. Mais si tu continues à me serrer aussi fort, je risque de bientôt m'évanouir.
Il rigola avant de s'écarter, j'avais oublié à quel point, il était grand et musclé. Darren était un noir américain assez clair de peau. Ses cheveux à la texture fine et très bouclés, pouvaient surprendre en raison de ses origines, mais ils les portaient à merveille.
- Tu es ravissante, me complimenta t'il. On ne pensait pas te trouver là.
- Oui, enchaîna mon frère qui venait de prendre la veste de son meilleur ami. Je croyais que tu rentrerais tard aujourd'hui et qu'on ne se verrait pas.
- Je peux toujours repartir si tu préfères, me vexais-je, sans le vouloir.
Il ne m'avait même pas dit bonjour. Une moue enfantine se dessina alors sur son visage et il m'offrit son plus beau sourire.
- Ce n'est pas ce que je voulais dire Atlantis, je suis très content de te voir, c'est juste qu'on ne se voit tellement pas souvent que j'avais même oublié qu'il était possible qu'on te trouve ici.
Il avait fini sa phrase en m'ouvrant grand ses bras, dans lesquels je m'étais rapidement blottie.
- Vous ressortez ? Demandais-je à l'adresse des deux garçons, un bras autour de la taille de mon frère.
- Non, lança Darren en s'affalant sur le canapé, on est passé au McDo se prendre quelques trucs. On avait prévu une petite soirée devant une série.
- D'ailleurs, si tu as des suggestions, surenchérit mon frère en se détachant de moi pour retirer son bumbers. On est preneur.
Je les regardais l'un après l'autre, amusée.
- Je peux savoir depuis quand vous préférez regarder des séries plutôt que de sortir draguer des filles ?
Darren se mit à rire avant d'attraper quelques frites dans leur sachet Macdo, mon frère se contenta de lever les yeux au ciel avec un léger sourire en coin.
- Est ce que tu veux te joindre à nous ? Me questionna ce dernier en retirant ses chaussures. On a assez à manger pour cinq personnes, je crois.
Il regarda dans la direction de Darren qui s'apprêtait à engouffrer les frites qu'il tenait dans ses doigts.
- Retire tes sales chaussures de notre tapis ! Lui asséna t'il en lui balançant un plaid en plein sur son visage.
Ce dernier prit un air indigné et attrapa un autre plaid plié non loin de lui. Il s'en servit pour frapper mon grand frère qui riait aux éclats et qui lui rendit ses coups.
- De vrais gamins, m'exaspérais-je, en leur piquant quelques frites dans leur sachet.
Ils se calmèrent à bout de souffle et s'avachirent sur le canapé. Je regardais la scène avec un air moqueur, comment des hommes de vingt-six et vingt-huit ans pouvaient ils se comporter comme des gamins de cinq ans ?
- T'es vraiment con, balança Darren à mon frère.
Ils se regardèrent avec défi et je m'empressais de répondre à mon frère avant qu'ils ne repartent dans leur bataille ridicule.
- Je me serai bien jointe à vous, mais je crois que je suis un brin trop mature pour traîner avec des gosses de cinq ans.
J'ai surtout un rendez-vous que je ne peux pas vraiment me permettre de rater...
- Ça fera plus de nourriture pour nous, releva l'ami de mon frère en sortant justement cette dernière du sac.
Mon frère le tapa sur l'épaule.
- Quoi !? S'exclama ce dernier. Prenant son visage le plus innocent. Je mange pour deux moi, je te rappelle.
Mon frère ne releva pas. Son regard revint vers moi :
- Tu sors ? Demanda-t-il plus sérieusement.
Je fis oui de la tête, priant le ciel pour qu'il n'en demande pas davantage, je ne voulais pas lui mentir encore une fois. Il se contenta de taper dans ses mains et d'attraper un big mac.
- Tu ne sais pas ce que tu rates sœurette ! Mais amuses toi bien, ajouta-t-il un sourire jusqu'au bout de ses oreilles.
Je l'avais rarement vu d'aussi bonne humeur, la mort de nos parents ne nous avais pas affecté de la même manière. Si je m'étais renfermée sur moi-même et avais plongée dans une déprime profonde, mon frère lui était resté de marbre. Derreck n'avait jamais pleuré devant moi. Je savais que c'était uniquement pour paraître fort parce qu'il était tout aussi terrassé que je l'étais.
Leur mort avait été un énorme choc pour nous deux. Je me souvenais encore du regard que nous nous étions échangés lorsque, nous avions entendu à la télé qu'un avion en provenance de Melbourne et en direction de Los Angeles avait disparu des radars. Il y avait seulement deux avions par jour qui effectuait ce courrier. La panique nous avait rapidement gagné. Nos parents étaient supposés arriver à l'aéroport de Los angles à l'heure qui suivait, pour faire leur correspondance vers l'aéroport JFK, auquel nous étions supposés aller les chercher.
J'étais contente de Darren réussisse à rendre mon frère aussi détendu et jovial, bien que je devais l'avouer, je sentais un brin de jalousie lorsque je voyais leur complicité. Mais je ne pouvais pas le lui reprocher, j'étais sa petite sœur. Ce qui par définition voulait dire qu'il se sentait responsable envers moi et surtout cela voulait dire qu'il y avait plein de choses dont il ne pouvait pas vraiment me parler, et ce, malgré notre complicité.
- Je vais me préparer les gars, rigolais je en me dirigeant vers ma chambre. Je vous laisse vous goinfrez.
...
« Bonsoir Kendall. Je suis prête et je prends ma voiture. C'est bien chez vous que je dois vous rejoindre ? »
J'avais écrit ce message en rangeant le bazar que j'avais mis dans ma chambre. Tout ceci pour chercher une tenue que madame Jones jugerait correcte. Elle n'avait pas fait de commentaire sur ma tenue aujourd'hui et je portais un pantalon, j'en déduisais donc qu'elle bien aimait les pantalons. De plus, je n'avais pas vraiment de jupes ou de robes aussi longues que celles qu'elle approuvait alors pour l'instant cela me semblait être un bon compromis. J'étais enfin prête après près de trois-quarts d'heure de préparation, ou j'avais changé au moins cinq fois de tenues. L'idée que Jack vienne me chercher ne me dérangeait pas outre mesure jusque-là. Cependant, lorsque j'entendis Derreck et Darren s'esclaffer de rire, je me souvins que mon frère serait susceptible de regarder par la fenêtre lorsque je descendrai puisque le soleil était en train de se coucher, et il faisait relativement sombre.
« Bonsoir Atlantis. C'est hors de question. Lorsque tu sors pour une raison qui me concerne de près ou de loin, cela se fait toujours dans une de mes voitures, conduite par un de mes employés. Nous serons là dans une dizaine de minutes.»
Bien tenté Atlantis...
Je levais les yeux au ciel avant de répondre :
« Nous ? Vous ai-je tellement manqué que vous ressentez le besoin de venir me chercher pour me ramener jusqu'à chez vous ? »
J'étais assise sur mon lit, attendant comme une adolescente qu'elle me réponde. J'adorai la provoquer, je n'étais pas certaine que c'était à mon avantage en revanche.
« Nous sortons. » Fut la seule réponse à laquelle j'eus droit.
Cela me surprit légèrement, elle m'obsédait tellement que je n'avais même pas envisagé qu'il était possible que l'on fasse autre chose.. Que coucher ensemble, chez elle. Je finissais de ranger mon bazar, puis je quittais l'appartement après avoir embrassé les garçons concentrés devant la télé.
L'air s'était énormément rafraîchi, je ne regrettais pas d'avoir ajouté un blazer noir sur mon top aux bretelles très fines. J'aurais sans doute mieux fais d'attendre que Kendall m'appelle, mais j'imaginais qu'elle voudrait monter me chercher et si je pouvais l'éviter, j'étais preneuse.
Je profitais de mon attente pour envoyer un message à Arya, la prévenant que je sortais avec Kendall et que je rentrerai certainement le lendemain.
« Tu l'aimes bien hein ? » Avait-elle demandé quelques minutes après que j'ai envoyé mon message.
« On passe du bon temps ensemble » écrivis je sans répondre à sa question.
Ah oui très habile comme réponse...
Je vis une limousine noire arrivé au loin. Je m'empressais d'ouvrir le message de ma meilleure amie tandis que le vent manquait de faire voler mon béret.
« D'accord... Fais attention quand même. Elle n'est pas du genre très « lovely » d'après ce que Marc a pu m'en dire. »
C'est le moins qu'on puisse dire...
J'abandonnais la réponse que j'étais en train d'écrire lorsque la limousine s'arrêta devant moi. J'attendis que Jack vienne m'ouvrir, mais ce fut Kendall elle-même qui sortit de celle-ci avec son élégance époustouflante. Elle était resplendissante, vêtue toute de noir, j'ignorais si je me ferai un jour à ce charme époustouflant.
- Re-bonsoir Atlantis, susurra t'elle près de mon oreille, ses lèvres frôlèrent ensuite mes joues. Tu es à couper le souffle.
- Bonsoir, réussis-je à dire doucement devant la créature sublime qui se tenait devant moi. Merci Kendall.
Elle me fit un petit sourire avant de m'inviter à entrer dans la limousine, ce que je fis et en passant près d'elle son odeur m'enivra presque instantanément. Était-ce normal que je me sente si légère lorsque je la voyais ?
- Je vois que tu fais des efforts vestimentaires, remarqua t'elle en soutenant mon regard. J'apprécie, dit t'elle en refermant la portière.
Elle détailla ma tenue : un top en simili cuir noir et un pantalon à pinces noir et blanc à carreau.
C'était donc à ça que rimait mes choix désormais ? Faire en sorte que madame Jones les apprécie ? Et le pire fut que cela ne me déplut pas, bien au contraire, je fus flattée qu'elle l'ait remarqué. Je m'étais installée sur la même banquette qu'elle dans la limousine, nous étions très proches l'une de l'autre et son regard était comme toujours, intense, me dévisageant sans aucune gêne.
- J'apprends vite, me surpris-je à lui lancer, alors que la voiture démarrait.
Elle eut un rictus.
- Et tu es bien plus docile que tu ne le penses.
Je fis de gros yeux, ce qui sembla l'amuser. Elle agrippa alors mes bras, ce qui me surprit, mais son geste plein d'assurance m'excita à la fois. Il fallait vraiment que j'arrête de m'exciter pour un oui et pour un non. Elle me tira ensuite vers elle, de manière à ce que je me retrouve sur ses genoux à califourchon. Sa main attrapa ma nuque. J'eus pour réflexe de me braquer, ce qui amena Kendall à s'immobiliser. En jetant un regard par-dessus mon épaule, je vis qu'une vitre teintée était relevé entre nous et le conducteur, mon corps se relâcha. Et Madame Jones ne perdit pas de temps pour m'embrasser passionnément et avec fougue, ses mains pressant de plus en plus mon dos de manière à complètement me plaquer contre elle. Je perçu les grognements qu'elle cherchait à étouffer. Sa langue délicieuse dansa de manière sensuelle avec la mienne, mes mains attrapèrent son visage sublime rendant notre baiser plus profond encore.
- Je te baiserai ici, sur cette banquette, si je ne m'efforçais pas de faire preuve d'un minimum de courtoisie. Souffla t'elle en s'écartant doucement, mettant fin à notre étreinte fougueuse.
Cette phrase me fit frémir alors que j'essayais de reprendre mon souffle.
- Mais j'ai d'autres plans pour ce soir, continua t'elle, ses mains sur ma taille.
- Lesquels ? Où est-ce qu'on va ? Demandais-je le souffle saccadé, et les mains sur ses épaules.
Elle me poussa délicatement de manière à me faire me rasseoir puis elle m'attacha.
- Nous allons dîner, répondit t'elle en regardant par la vitre, elle venait de jeter un coup d'œil à son smartphone et cela sembla avoir radicalement changé son humeur en une fraction de seconde.
- Un dîner, vous faites ça maintenant ? L'interrogeais-je en cherchant son regard.
Elle ne me regardait toujours pas, son regard était perdu dans la vue que lui offrait la vitre. On voyait la voiture entrer dans un parking.
- Oui, un dîner entre ma soumise et moi, je veux apprendre à te connaître davantage. Répondit elle froidement alors que la voiture venait de se garer.
Je soupirai, je ne comprenais rien à son comportement, elle pouvait m'embrasser passionnément puis devenir aussi froide et fermée dans la même minute. Je ne pris volontairement pas la main qu'elle me tendait lorsque qu'elle voulu m'aider à sortir de la voiture. Elle ne releva pas, bien qu'elle me foudroyât du regard.
- Je dois passer un coup de fil Atlantis. Bobby va t'escorter jusqu'à notre table et tu pourras t'installer. Elle montra un homme que je reconnus rapidement comme étant le garde du corps de cette après midi. Il venait de sortir d'une Jeep noire.
Cela ne fit qu'accentuer mon agacement, il était hors de question que j'aille m'installer toute seule.
- Je préfère attendre. Rétorquais-je tandis que Bobby se tenait déjà derrière moi.
Kendall, qui avait déjà son téléphone sur l'oreille, se tendit.
- Ce n'était pas une question Atlantis. Me répondit-elle les dents serrés. Sa voix résonnait légèrement à cause du souterrain.
Je haussais les épaules. Encore un peu et des éclairs sortaient de ses yeux. Jack et Bobby rentrèrent respectivement dans les voitures qu'ils conduisaient, sans démarrer. C'était sans doute pour ne pas entendre ce que madame Jones et moi disions.
- Je reste ici, répétais-je. Je n'ai pas envie de monter avec Bobby, lorsque vous aurez fini de passer votre appel, nous monterons ensemble.
Sa mâchoire se crispa et sa bouche s'ouvrit pour répondre, mais la personne à l'autre bout du fil semblait avoir décroché. Je décidais de m'éloigner un peu, je ne voulais pas être intrusive, même si dans ce parking silencieux, on entendait tout. De toute manière, je n'avais aucune envie de savoir à qui elle parlait ni ce qu'elle disait, ce qui me dérangeait, c'était qu'elle ne me demandait jamais mon avis. J'avais bien compris qu'elle dominerait les grandes lignes de cette relation particulière, mais il était hors de question que je ne devienne rien d'autre que sa marionnette, avec qui elle pouvait être adorable puis glaciale l'instant d'après comme bon lui semblait pour des raisons qui ne me concernaient visiblement même pas.
- Je ne suis pas chez moi, dit elle en direction de la personne à l'autre bout du fil, le visage neutre. Son regard était vide et non porté en ma direction.
Je pouvais percevoir les bruits des réponses, mais je ne les déchiffrais pas clairement. Elle s'adressait à une femme. Je m'adossais au coffre d'une voiture au hasard, les bras croisés.
- Tu ferais mieux de changer de ton ! Intima Kendall à son interlocutrice.
- Si tu n'avais pas mêlé Marc à tout cela, les choses seraient bien plus simples, s'exclama t'elle après un silence.
- Ton comportement est mesquin et immature. Elle avait dit ces mots avec une voix glaçante.
Je n'aurai pu qualifier l'expression qui était désormais sur son visage, de la colère ? De la lassitude ? De l'aigreur ? Je me rapprochais pour entendre ce que disait la femme, et Kendall ne le remarqua même pas tant elle était absorbée par leur conversation.
- Immature ?! Railla la voix féminine. Tu fuis lâchement, encore une fois ! Hurla presque la femme au téléphone.
Elle semblait avoir un accent, mais je n'entendais pas assez clairement sa voix pour deviner d'où il venait. Ma curiosité me démangeait désormais. Je me demandais quelle femme avait assez de cran pour parler de cette manière à Kendall.
Quelqu'un de très intime, chuchota une voix dans ma tête...
Je me souvins que Marc avait évoqué le fait que l'ex fiancée de madame Jones se trouvait à New-York, je ne pus m'empêcher de faire le lien.
Kendall ne répondit rien et l'air neutre qui était sur son visage la quitta. Elle sembla remarquer que je m'étais rapprochée puisque dès que mon regard croisa le sien, elle me tourna le dos.
- Je t'appellerai demain et nous fixerons un rendez-vous, assura t'elle d'une voix calme avant de mettre fin à l'appel.
Est ce qu'elle venait de promettre un rendez-vous à son ex fiancée ? J'en avais tout l'impression et cette perspective me mit en rogne. Mais je gardais un visage impassible, il n'y a avait aucune place à la jalousie entre nous. Et puis je savais que Kendall n'enfreindrait jamais les règles de son propre contrat, mais...
Ne pas être engagé émotionnellement dans une autre relation, ne signifiait pas ne pas aimer quelqu'un d'autre...
La main de Kendall sur mon bras me fit sursauter, elle venait de me sortir de mes pensées :
- Désobéis moi de nouveau devant qui que se soit et je te mets une fessée en public. Siffla t'elle tandis que nous quittions le parking, escortées par Bobby.
....
- Arya est ma meilleure amie depuis très longtemps Kendall, il ne s'est strictement jamais rien passé entre nous.
J'étais assise en face en Kendall dans une salle immense, entièrement réservée pour nous. C'était un restaurant gastronomique situé sur le toit d'un des immeubles les plus hauts que je n'avais jamais vu. Je n'y avais jamais mangé - je n'étais pas du genre à débourser une centaine de dollars rien que pour me remplir le ventre- mais je le connaissais de nom. La vue y était sublime, la décoration style bistrot était charmante et la nourriture était divine. Si je n'avais pas l'habitude d'organiser des événements dans ce genre d'endroit, le lieu m'aurait davantage impressionné. Kendall s'était complément détendu et calmée au fil des minutes, se montrant très différente de ce à quoi elle m'avait habitué jusque-là. On pouvait même dire qu'elle était particulièrement chaleureuse ce soir. Sans aucune ambiguïté, nous discutions depuis le début de notre repas de pleins de sujets plus banals les uns que les autres. C'était une femme intéressante, avec beaucoup de conversation. Je n'en oubliais pas pour autant l'échange avec cette femme mystérieuse qui m'avait chagriné tout à l'heure néanmoins je décidais de ne pas revenir là-dessus pour le moment, ne voulant pas brutalement changer son humeur.
Madame Jones retroussa les manches de son pull fin à manche longue noir. Ce geste était tellement sexy.
- Le fait qu'il ne se soit rien passé entre vous n'enlève rien au fait qu'elle te regarde avec désir, répondit t'elle en buvant une gorgée de son verre d'eau.
Je levais les yeux au ciel, elle se mordit la lèvre, une chaleur que je commençais à reconnaître m'envahit. Elle haussa un sourcil comme signe d'avertissement.
- Excusez-moi, me repris-je, mais vous faites vraiment fausse route pour le coup. Si Arya voulait quelque chose avec moi il y a longtemps qu'elle me l'aurait dit.. Et puis elle sortait avec mon frère il n'y a même pas si longtemps que ça..
Elle me scruta et m'offrit un sourire léger qui semblait vouloir dire qu'elle en avait fini avec ce sujet. Elle ne semblait pas convaincue.
- Je l'espère alors. Et, tu m'avais dit que tu vivais justement avec ton grand frère également, dit elle entre deux bouchées, Derreck c'est ça ? Tu ne te sens pas... Elle sembla réfléchir. Étouffée de vivre avec lui et madame Miller ?
Je relevais la tête et lorsque je vis le regard intense qu'elle avait en ma direction, je mis plusieurs secondes à réussir à articuler. Je ne rappelais pas que quelqu'un dans ma vie hors mi mes parents m'ait déjà porté un intérêt aussi profond. Elle attendait que je lui réponde comme si cela comptait vraiment pour elle, alors que je savais pertinemment que non, elle faisait juste la conversation.
- Non. On ne se voit pas très souvent vous savez, mon frère est Stewart, Arya n'est pas souvent là. Je travaille beaucoup. Donc le peu de temps où je suis à la maison, je peux au moins le passer avec eux.
Elle acquiesça d'un hochement de tête avec un sourire enfantin.
- Tu as l'air proche de ta famille, déclara t'elle. Où vivent tes parents ?
Cette remarque me fit un pincement au cœur et je sentis automatiquement mes yeux s'humidifier. Kendall sembla remarquer mon attitude puisqu'elle posa une main sur ma main qui se trouvait sur la table.
- Qu'y a t'il Atlantis ?
Il ne fallait absolument pas que je m'effondre ici, surtout pas ! Je luttais de toutes mes forces pour ravaler les larmes qui s'apprêtaient à couler de mes yeux.
- Mes parents nous ont quitté il y a trois ans, réussis je tout de même à dire la voix faible.
Elle devait certainement être une personne très maladroite quand il s'agissait de réconforter les gens. Puisqu'elle mit plusieurs bonnes secondes avant d'enfin réagir, elle se contenta de garder sa main sur la mienne, un regard inquiet et démunis. Mais au moins elle ne se confondait pas en excuse comme les gens pouvaient le faire parfois. (même si j'évitais le plus souvent d'en parler afin que les gens ne me prennent pas en pitié ou juste pour ne pas casser l'ambiance). J'espérais simplement qu'elle ne chercherait pas à savoir comment ils étaient morts, ou encore comment je l'avais vécu... Kendall était une femme pragmatique donc cela m'aurait étonné, mais je préparais tout de même une réponse toute faite. Je retirai ma main, ce contact commençait à me gêner, elle ne releva pas. Évidemment, elle avait juste eu pitié de moi, en temps normal elle ne m'aurait jamais touché comme ca.
- Revenons en a ton frère alors, annonça t'elle la voix calme, en découpant un morceau de sa viande. Il est Stewart depuis longtemps ?
Je n'étais pas certaine que dire à Kendall qu'elle et mon frère s'étaient déjà rencontrés était une bonne idée, mais la chance pour qu'ils parlent de la relation que j'entretenais avec elle était infime, voire nulle. De plus, je ne me voyais sincèrement pas mentir à Kendall. Et puis il y avait l'aspect confidentiel de notre « relation ». Pas de sentiment, pas d'officialisation, juste des heures de discussions et du sexe. Je commençais d'ailleurs à y prendre goût.
- Il l'est depuis cinq ans Chez Air France.
Kendall fronça les sourcils, elle sembla réfléchir.
Un serveur vint chercher nos verres pour les remplir de nouveau, c'était un Virgin mijoto aux effluves de pêches pour nous deux.
- Attends. Elle réfléchit quelques instants. Je crois l'avoir déjà rencontré, déclara t'elle en déglutissant. Je voyage parfois en première classe lorsque je ne peux pas prendre mon jet. Ça ne peut être que lui finit, elle par dire, quand j'y repense vous vous ressemblez énormément.
J'acquiesçais en lui souriant. Ce n'était pas la première fois qu'on me le disait.
- C'est bien lui. Il dit de vous que vous êtes une passagère très agréable et aimable. Lui avouais-je.
Un sourire plein de cynisme se dessina sur son visage.
- Je ne sais pas s'il continuerait à penser cela de moi s'il savait ce que je te fais.
Ah ça...
Je lui fis un sourire bien que ce qu'elle venait de dire m'angoissa un peu.
- Je pense que nous avons fait le tour des choses à savoir sur moi, à vous maintenant dis je en la pointant avec ma fourchette.
- Vraiment ? Je pense au contraire qu'il y a un tas de choses intéressantes sur toi que j'ignore encore.
Je levais les yeux au ciel en souriant, Kendall Jones était prête à tout pour ne pas parler d'elle. Elle me regardait encore avec cette intensité déroutante. Elle haussa de nouveau son sourcil et avant que je n'eus le temps de réaliser pourquoi, elle piqua mon sein par-dessus mon top avec sa fourchette.
- Eh, mais ça ne va pas ? M'insurgeais-je davantage amusée que furieuse.
Elle ne manquait pas d'audace.
- Cesse de lever les yeux au ciel, répondit elle simplement. Et cesse d'être insolente.
Sa voir était ferme.
- Vous croyez que je suis stupide l'assenais-je ? C'est une très mauvaise tentative d'esquive. Je cesse d'être insolente si vous cessez de jouer la femme mystérieuse.
- Tu cessera d'être insolente tout court, déclara t'elle l'air grave.
Mon air ahuris la fit grimacer. Kendall avait déjà fini de manger, quand j'en étais qu'à la moitié de mon assiette. En voyant son corps à en faire baver, on ne pouvait deviner qu'elle mangeait aussi librement. Elle demanda à ce qu'on lui amène la carte des desserts, celle ci arriva dans les secondes qui suivirent.
- Mais s'il y a bien une personne qui n'a rien de mystérieux à New-York, c'est bien moi, continua t-elle avec nonchalance.
Un rire m'échappa.
- Vous rigolez ?
Elle releva les yeux de la carte, me jetant un furtif coup d'œil.
- Je crois que les messes basses et les magazines people ne laissent aucune place au mystère, ironisa t'elle.
Ce n'était pas tout à fait faux, mais ce n'était pas complétement vrai non plus. Avant que je ne réponde elle rappela le serveur en appuyant sur le même genre de sonnette que celle que j'avais vu chez elle la première fois que je m'y étais rendue.
- Vous êtes assez douée pour échapper à la presse, relevais je. Et rien ne se dit sur vous à part que vous êtes certainement une reptilienne qui fait tout pour échapper aux soirées mondaines.
Je posais mes couverts, je n'en pouvais plus bien que c'était exquis. L'air outrée que je vis sur son visage me fit éclater de rire. Elle se mit à rire légèrement son tour, mais toujours de manière très contrôlée.
- Une reptilienne ? Rassure moi tu ne crois que pas, je suis un serpent ou un lézard qui prend une forme humaine quand ça lui convient ? Dit elle beaucoup trop solennellement pour que cela puisse arrêter mon fou rire.
Je mis plusieurs minutes à retrouver mon calme. Kendall me regardait intensément, je ne comprenais pas pourquoi elle me fixait de cette manière à chaque fois que je riais.
- Plus sérieusement, dis je en toussotant, j'ignore tout de vous.
- Vraiment ? M'interrogea t'elle, avec un ton de voix qui insinuait qu'elle savait que ce n'était pas vrai.
Je ne répondis pas à sa question rhétorique.
- Je n'ai aucune réserve à te parler de moi. Je veux que tu me fasses confiance. Simplement, les règles sont les suivantes : ne me demande rien sur Erika Jones, sur mes anciennes soumises et sur mon ex-fiancée.
Je titillais la paille en inox, buvant quelques petites gorgées de mon cocktail, en réfléchissant à ce que je pouvais lui demander en premier. Des règles, toujours des règles. En réalité, cela ne me vexa pas vraiment, nous avions abordé que des sujets superficiels sur moi, je ne pouvais pas attendre d'elle qu'elle se confie sur tout et n'importe quoi. Surtout, que ce n'avait pas vraiment l'air d'être son genre, qu'elle l'accepte ou non, c'était la personne la plus mystérieuse que je connaissais.
- Pourquoi ne buvez-vous jamais d'alcool ?
C'était une question qui pouvait paraître anodine, mais depuis que j'avais entendu les propos de son frère, elle me trottait dans la tête.
Elle pinça légèrement les lèvres avant de répondre :
- J'ai eu quelques problèmes avec l'alcool durant une période, avoua t'elle la voix calme.
Sa réponse me surprit, je la scrutais. Kendall Jones, cette femme si mesurée que j'avais en face de moi ?
- C'était il y a longtemps ? Demandais-je.
On lui apporta son dessert. Une mousse de couleur rose dans une très jolie coupelle.
- Oui, c'était il y a plusieurs années maintenant.
J'avais mes bras posés au-dessus de la table, mon buste penché en avant sur la table. Je profitais parfaitement de l'odeur de Kendall dans cette position, cela me fit frémir.
- Pourquoi buviez-vous autant ? Dis-je doucement.
- Sans doute parce que j'avais du mal à accepter certaines choses que je ne contrôlais pas. Perdre le contrôle sur des choses qui me concernent de près ou de loin peut me rendre particulièrement hystérique. S'enivrer aide à se sentir léger. Vous devez en savoir quelque chose, me taquina t'elle en mangeant une petite bouchée de son dessert.
J'ignorais sa remarque. Je souris en l'imaginant hystérique, je me demandais si elle savait faire ça. Tout semblait tellement... Calculé avec elle.
- Et aujourd'hui vous contrôlez tout ? Enchaînais-je.
- J'ai le contrôle sur tout ce qui m'importe, lança t'elle un sourire très strict sur le visage.
Ce sourire signifiait que je n'en saurais pas davantage à ce sujet. Je bus de mon virgin mojito avant de continuer. Je lui étais déjà reconnaissante de m'avoir confié ça.
- D'où vous viennent vos...
Je regardais autour de moi, seul un serveur se tenait droit et à une bonne distance de nous. Je m'avançais un peu vers elle pour chuchoter :
- Vos penchants ? Vous savez le contrat et tout ça.
Et toi d'où te vient cette attraction folle pour les penchants de madame Jones ? Demanda une voix vicieuse dans ma tête.
Elle prit un air grave, et j'eus peur d'avoir posé une question trop osée. Peut-être que cela venait d'un traumatisme. Je m'apprêtais à me confondre en excuse quand son visage se détendit et un rire amusé y apparut.
- Ne fais pas cette tête. M'avertit t'elle. A quoi penses-tu ? Tu imagines que j'ai vécu des expériences traumatisantes, qui m'ont marqués et qui m'ont rendues comme je suis ? Que j'ai subi des violences sexuelles de la part d'un oncle, d'un cousin ou d'un ami de la famille ? Ou tu penses peut-être que l'on m'a battu durant mon enfance ?
J'y avais effectivement pensé. À vrai dire, j'étais même certaine que c'était forcément l'une de ses raisons. Cependant ce n'était pas la partie de l'histoire que j'avais espéré entendre, je voulais simplement comprendre ce qu'elle aimait là dedans. Elle avait énuméré tout ceci en ne me quittant pas des yeux. Ne m'étant pas éloignée, il était difficile de regarder autre chose que ses lèvres roses et je vis qu'elle avait du mal à détacher ses yeux des miennes également. Elle balaya tout ce qu'elle venait de dire du revers de la main.
- Si tu pensais à tout ceci, tu fais totalement fausse route. J'ai grandi dans un cadre très charmant, avec des personnes aimantes.
Je fronçais les sourcils, perplexes.
- Mais il y a forcément une raison lorsqu'on aime voir ses partenaires sexuelles souffrir ? Lançais-je d'une voix un peu trop aiguë.
Elle parut très surprise, elle posa sa petite cuillère.
- Ce n'est pas le fait de voir ma partenaire souffrir qui me plaît. C'est de la contrôler, totalement.
Je reculais doucement.
- La douleur tant qu'elle est corrélée au plaisir que procure le sexe n'est qu'un moyen de prouver ma domination sur l'autre, souffla t'elle.
Je sentais l'atmosphère s'électriser.
- J'aime dominer Atlantis, m'avoua t'elle. Je veux te posséder, complètement. Mais cela ne veut pas dire que je ne te ferai pas mal parfois.
Un silence s'installa ensuite, pendant que Kendall mangeait son dessert avec sa classe naturelle. La réponse à ma question me laissait perplexe et pensive. Le terme "posséder" raisonnait dans ma tête incessamment.
- Qui vous dis que je suis capable de me laisser dominer ? murmurais je presque.
Elle eut un rictus.
- Ta posture, ton regard, ton timbre de voix, ton insolence.
- Mon insolence ? Répétais-je surprise. Je croyais que c'était tout le contraire de ce que vous cherchiez.
- Toute personne raisonnable fait preuve de résistance et de défiance au début, c'est normal. Si elle ne le fait pas, c'est qu'elle fait semblant et il n'y a rien de pire qu'une soumise qui fait semblant.
Ah oui, parce que c'est toute une science. Je commençais à me sentir nerveuse.
- Combien de temps cela dure en général ?
Elle s'arrêta de manger, et me fixa un long moment avant de reprendre :
- La durée était fixée à trois mois, renouvelables.
Sur mon contrat, il ne figurait aucune durée, cette pensée me fit ressentir quelque chose d'étrange et je ne sus pourquoi.
- Votre relation la plus longue ? Précisais-je, en gardant un air neutre.
- Contrat, corrigea t'elle. Une année.
Je trouvais ça énorme, je m'attendais à ce qu'elle me dise trois mois maximum. Elle avait donc suffisamment apprécier une femme pour renouveler quatre fois leurs contrats, cette perspective me fit me sentir mal à l'aise. Cependant, l'idée qui émergea de mon esprit me poussa à me focaliser sur autre chose : si son contrat le plus long avait duré un an, cela voulait dire que son ex fiancée n'était pas une de ses soumises. Ou alors elles étaient tombées amoureuses et avaient décidé de mener une relation « normale »... Cette idée parsema dans ma poitrine une sensation désagréable. Je gardais cette remarque pour moi.
- Et comment ça se passe, la « rupture » ? J'avais dit cela en mimant des guillemets avec mes doigts.
Je bus de nouveau de ma boisson tandis Kendall Jones s'essuya la bouche en la tapotant avec une serviette.
- Aucune soumise n'a jamais pris l'initiative de rompre ou de ne pas renouveler un contrat, c'est toujours moi qui l'ai fais. Je l'informe simplement.
Je hochais la tête pour assimiler les informations.
- Et quels étaient les motifs ?
Un nouveau rictus.
- Vous dérapez Atlantis, me fit elle remarquer. J'avais tendance à très vite me lasser. Répondit elle tout de même. Je ne voyais en ces femmes que le moyen d'assouvir mes besoins sexuels. Quand j'avais le sentiment d'avoir fait le tour, je passais à autre chose.
Tu peux retirer la blondie française de la liste des soumises, on ne prend pas la décision de se marier avec une femme juste pour « assouvir ses besoins sexuels ».
Sur ces mots charmants, Kendall se leva et je voulus faire de même, mais je n'y parvins pas. Je n'arrivais pas à croire ce que je venais d'entendre. Elle avait couché avec ses femmes et les avait ensuite jeté comme de vulgaires déchets. Et elle me disait tout ceci ouvertement, sans aucun scrupule.
- Je n'en suis pas fière Atlantis, m'avoua t'elle, les mains sur le dossier la chaise qu'elle venait de quitter.
- Ah, parce que vous avez changé ? Demandais-je dans un rire qui trahissait mon cynisme.
Cela sembla l'irriter.
- J'envisage les choses différemment désormais.
- Vraiment ? Dis-je avec sarcasme.
J'étais assise, elle était debout en face de moi, je ne l'avais jamais trouvé aussi impressionnante que maintenant.
- Ce soir, j'aurai pu te baiser jusqu'à ce que tu ne tiennes plus debout puis te payer une chambre d'hôtel dans laquelle tu aurais passé la nuit. Mais j'ai préféré t'emmener dîner pour que nous discutions et que tu sois davantage à l'aise avec moi. Tout ceci n'est pas dans mes habitudes.
Je la fixais, les yeux désormais écarquillés. J'imaginais que selon le script c'était le moment où j'étais supposée exploser de joie et la remercier après cette charmante annonce.
- Cela ne veut pas dire que je ne vais pas te baiser dès que nous aurons mis un pied chez moi, clarifia t'elle avec fermeté.
Je déglutis difficilement. Sa mâchoire se crispa.
- Et là, tu es en train de me faire attendre, gronda t'elle presque.
...
- Les cordes ne te serrent pas trop ? Demanda Madame Jones.
Cette dernière avait tenu parole, faisant glisser la fermeture de mon top dès que les portes de l'ascenseur s'étaient refermées. Elle avait ensuite arraché mon haut qu'elle avait jeté au sol, je ne portais pas de soutien-gorge ce soir-là et cela sembla lui plaire, je m'étais retrouvée plaquée contre le mur glacé de l'ascenseur ce qui m'avaient causé de puissants frissons. Mes tétons s'étaient durcis dès que le bout de tissu qui les couvrait avait été retiré. La bouche de Kendall s'était plaquée contre la mienne, tandis que son corps était parfaitement collé au mien. Seul son pull noir fin, séparait nos poitrines, j'eus envie de l'arracher. Je n'avais pas le souvenir d'avoir été une fois aussi excitée depuis que je la connaissais. Même notre petite entre vue dans les vestiaires ne m'avait pas rendu aussi impatiente et désireuse.
Cela était certainement dû au fait que l'atmosphère sur le trajet du retour avait été tellement sexuelle que même Jack qui était séparé de nous par une vitre teintée avait dû le sentir. Kendall ne me touchait pas et contrairement au chemin de l'aller, nous étions assises l'une en face de l'autre. Elle m'avait dévoré du regard, m'obligeant à regarder ailleurs que dans sa direction. Elle n'avait cessé de se mordre la lèvre inférieure, et ce geste sans que je ne sache pourquoi faisait vibrer tout mon corps. À travers son pull fin, je voyais la pointe de ses tétons qui au fur et à mesure du trajet s'étaient dessinés de manière de plus en plus claire. Madame Jones m'avait déshabillé du regard, le faisant lentement glisser sur chaque partie de mon corps, la mâchoire crispée et les poings serrés.
Était ce normal que voir cette femme avec un air aussi furieux sur le visage m'excite autant ?
C'est cette tension sexuelle insoutenable qui était responsable de la position dans laquelle je me trouvais désormais. Kendall m'avait bandé les yeux dès que l'ascenseur s'était ouvert sur le couloir qui menait à son Penthouse. Elle m'avait ensuite porté pendant deux ou trois minutes, je me demandais à quel point son appartement était grand. Elle m'avait ensuite reposé devant ce qui devait être une porte. Une porte qui semblait être très grande et avoir deux battants, vu le bruit que cela fit lorsqu'elle ouvrit la pièce.
Elle revient derrière moi et attrapa délicatement mon bras pour me pousser vers l'avant. Cette délicatesse me surprit vu l'expression que j'avais laissé sur son visage. Ne pas la voir m'angoissait. J'entrai donc dans la pièce, Kendall me guidant doucement. Je sentais comme des cordes qui frôlaient mes épaules à chaque pas, la pièce sentait le bois et une douce odeur d'encens. Ce fut ensuite des chaînes qui me frôlèrent, elles tintèrent, faisant monter mon angoisse.
- Retire ton pantalon et ton tanga, avait intimer Kendall.
J'hésitais légèrement. Je n'avais aucune idée d'où j'étais ni de ce qui allait m'arriver, mais je finis par m'exécuter, découvrant à quel point, il était déstabilisant de se déshabiller avec les yeux bandés. J'avais entendu des bruits mécaniques qui m'avaient fait sursauter. Plusieurs cordent vinrent ensuite s'enrouler autour de ma taille et les bras fermes de Kendall m'avait soulevé. Je m'étais ainsi retrouvé suspendue dans les airs. Elle ne m'avait pas lâché pour autant, elle soutenait mon corps en tenant mon dos et le dessous de mes genoux.
- Tiens toi à la corde au-dessus de toi, avait elle dit.
J'avais tendu les bras à l'aveuglette puis j'avais attrapé une corde dure et souple. La main de Kendall qui était au niveau de mon dos fut dès lors remplacée par d'autres cordes. Désormais, mon dos comme ma taille flottaient dans les airs. La corde qui se tenait autour de ma taille se resserra légèrement quand je sentis Kendall reculer. La panique avait commencé à me submerger, qu'est ce qu'elle était en train de faire ? Elle s'occupa ensuite de mes jambes de manière à ce qu'elles soient écartées, dévoilant ma partie intime, des cordes les maintenaient légèrement repliées.
- Non ça va, réussis je à articuler difficilement, la position de ma tête rejetée en arrière rendant difficile l'élocution. Cette position me tiraille juste un peu la nuque.
Je n'obtenue aucune réponse, j'étais nue, suspendue dans les airs par des cordes et Kendall semblait avoir disparu.
- Qu'est ce que vous comptez me faire Kendall ? Cette position n'est pas très rassurante... Soufflais-je. Dans cette position le fait de parler m'essoufflait.
Un tiraillement brusque un niveau de mes cheveux tendit brutalement tout mon corps, frottant durement les cordes sur mon épiderme.
- Lorsque tu es nue, je ne suis plus Kendall, mais madame Jones, susurra t'elle au creux de mon oreille.
Elle relâcha ensuite mes cheveux, passant délicatement ses doigts sur ma peau, j'aurai aimé voir son visage pour savoir à quoi m'attendre, elle semblait furieuse bien que j'ignorais pourquoi. À ma grande surprise, se furent de doux baisers de ma poitrine à mon nombril qu'elle m'offrit. Je ne lui soupçonnais d'ailleurs pas cette douceur. Les frissons qui prirent me paralysèrent presque, je manquais de suffoquer tant ma respiration devenait de plus en plus saccadée. Kendall se mit ensuite à caresser mon intimité avec une douceur qui une fois encore me surprit. Je sentais mon corps trembler, je manquais d'air, mais au lieu de m'inquiéter cela ne fit qu'augmenter mon excitation. Elle remonta sa bouche jusqu'à mes tétons durcis qu'elle emboucha avidement. Elles les lécha, tournoya sa langue autour d'eux, me tirant des gémissements rauques. Je ne vis pas venir les morsures qu'elle leur infligea, cela me fit pousser un cri. Elle le refit plus fort encore, et je ressentis une douleur qu'elle apaisa rapidement en passant langoureusement sa langue sur mes tétons meurtris.
Je ressentais tant de sensations à la fois qu'il était impossible de les discerner ou de les décrire. Le bout de mes seins me picotait, mais j'étais tellement submergée par mon désir que j'en voulais plus. Mon entre-jambe s'humidifiait de plus en plus à chacun de ses contacts doux comme féroce.
Une ceinture en velours vint frapper très fort mon entrejambe, je gémis, et je me surpris à désirer que cela reprenne. Mais ce fut quelque chose en cuir qui frappa l'intérieur de mes cuisses, cela semblait être une ceinture, elle frappa si fort que cela résonna. Ce fut douloureux.
- Ton safeword est mon nom complet, si tu ne supportes plus ce que je te fais : dis le, m'indiqua Kendall apparemment essoufflé.
Je voulais voir son visage et la toucher, mais je savais que ma demande serait vaine. Elle continua ce jeu dangereux qui consistait à alterner une douceur délicieuse qui cognait mon entrejambe faisant grimper ma frustration, à un cuir qui mordait ma peau désormais brûlante. Des gouttes de sueur coulaient de mon front et j'eus l'impression que j'étais tellement mouillée qu'un autre type de liqueur ne tarderait pas à couler sur mes cuisses. Le velours qui se faisait de moins en moins fréquent disparut totalement et ce fut le cuir qui entra en collision avec mes lèvres humide, elle le fit plusieurs fois, augmentant la pression des coups, je criais. Mon clitoris désormais totalement gonflé subissait un supplice infernal.
Après plusieurs coups, elle finit par remplacer le plat de la ceinture par sa langue, chaude et vive. Tous mes nerfs se contractèrent, rendant plus faciles les mouvements incontrôlés de mon bassin qui désirait sa langue plus profond en moi. Je me tortillais causant des frottements atroces sur ma peau. Kendall ne cessait de jurer entre mes cuisses.
Madame Jones agrippait fermement mes fesses de ses mains, continuant sa danse habile avec sa langue. Je jouis si fort que cela résonna durant plusieurs secondes, mais sa bouche ne quitta pas mes lèvres pour autant, au contraire mon orgasme si dévastateur sembla l'exciter davantage, des doigts remplacèrent ensuite les sucions et les coups de langues, elle me pénétra avec fermeté, soutenant un rythme exquis. Ma tête en arrière et mes jambes tendues contractées par le plaisir, je perdais tout contrôle de mes facultés. Madame Jones ne me relâcha que lorsque je criais une troisième fois, et que mon corps entier se relâcha, complètement flasque entre les cordes.
Elle retira doucement ses doigts de moi, et pendant ce qui dura plusieurs quelques minutes, Kendall me détacha. Je me serais écroulée si elle ne me tenait pas dans ses bras tel un bébé. J'enroulais mes bras atrocement lourds autour de son cou, ce geste me parut déplacé mais j'étais tellement épuisée que je m'en fichais.
- Tu es parfaite, tellement parfaite, chuchota t'elle en relevant enfin le tissu en satin qui m'avait plongé dans une obscurité totale.
J'ouvrais difficilement les yeux, et je pus enfin observer son visage lorsque mes yeux s'adaptèrent. Il était si paisible et calme, et ses yeux marron me fixaient avec une tendresse déroutante. Lorsque je regardais autour de moi, je vis qu'une multitude de cordes, de cravaches, de ceintures et de chaînes étaient suspendus au plafond et pendouillaient sur tout une partie de la pièce. Il y avait également une chaise en bois, une armoire, un miroir et un lit très simple auxquels étaient attaché plusieurs types de menottes. Il y avait également une énorme cheminé habillée d'une magnifique robe en marbre, avec les nombreux chandeliers, c'était la seule source de lumière. Etait-ce sa chambre ? Très étrange comme endroit. Je découvris enfin le labyrinthe de cordes qui avait servi à me suspendre et je ne pus m'empêcher d'écarquiller les yeux. C'était assez impressionnant, je ne savais même pas qu'il était possible de faire cela avec des cordes. Kendall fit un petit sourire lorsqu'elle vit mon expression.
- Je pense que tu as aimé les suspensions. Murmura t'elle.
Trop faible pour réussir à parler, je fis doucement oui de la tête, ce qui lui valut un nouveau sourire, mon cœur se serra. Je n'aimais pas lorsqu'elle me souriait, cela me déstabilisait beaucoup trop.
...
Après m'avoir nettoyé Kendall m'avait mené jusqu'à la chambre où j'avais dormis la dernière fois. Elle m'avait mis une longue robe de nuit avant de me coucher sur le lit, toute cette attention qu'elle me portait après s'être tant joué de mon corps pouvait paraître très inquiétante, mais je trouvais cela tellement attendrissant, la fatigue me rendait beaucoup trop sentimentale.
- En temps normal, je t'aurais fait prendre une douche puis je t'aurais massé, mais tu n'es pas en état de rester éveillée.
Je fis oui de la tête, les yeux déjà fermés.
- Appuie sur ce bouton pour m'appeler s'il y a le moindre souci.
- Hum... Hum... Je n'avais même pas ouvert les yeux pour voir le bouton qu'elle venait sans doute de me montrer.
Je voulais lui demander pourquoi elle ne dormait pas avec moi, mais c'était visiblement impossible pour moi de dire un mot. Et cela me parut très inapproprié. Je la sentis m'embrasser le front longuement.
- Tu peux me tutoyer Atlantis, chuchota t'elle son souffle sur mon front. Bonne nuit.
Je sombrais.
...
« Amy appelle, Amy appelle, Amy appelle ».
La voix mécanique de mon téléphone me réveilla brusquement, j'étais épuisée, les muscles de mon corps tout engourdis, et un simple mouvement pour de prendre mon téléphone sur la table de chevet me fit grogner de douleur.
- Bonjour Amy pourq...
- Atlantis ! Enfin, je vous ai appelé pleins de fois, je commençais à m'inquiéter. Où est-ce que vous êtes ? Il est 12 h. Et il y a ...
- Il est 12 h ? Répétais-je.
- Oui Atlantis, vous n'êtes pas encore réveillée ?
Il y eut un blanc.
- Tout va bien Atlantis ?
Je soupirais. Oui, tout va bien, j'ai juste préféré faire des bêtises une bonne partie de la nuit au lieu de dormir pour être en forme et aller tôt au travail le lendemain.
- Oui Amy, je suis juste épuisée, me contentais-je de répondre. J'ai oublié de mettre mon réveil, je vais essayer d'arriver rapidement pour être là à temps pour accueillir l'équipe.
- L'ennui, c'est qu'il y a une cliente en salle d'attente qui veut absolument vous parler.
- Mon planning est plein, me plaignis-je presque, je ne peux pas la recevoir à part si son évènement est dans au moins un an ?
J'entendis des bruits sourds. Amy parlait certainement avec quelqu'un.
- Non, c'est pour un anniversaire surprise dans deux semaines.
Je m'apprêtais à répondre que c'était non négociable lorsqu'elle enchaîna.
- Atlantis vous savez pertinemment que je n'aime pas vous déranger, et encore moins quand je sais à quel point notre planning est chargé, mais... Elle se mit à chuchoter. Elle a l'air d'être une personne vraiment importante, je pense que notre image pourrait en prendre cher si je lui dis que vous ne pouvez même pas la recevoir.
Je réfléchis, je détestais être mise au pied du mur, mais je voulais bien croire Amy, il suffisait qu'une personne importante de la haute société commence à cracher sur nous pour qu'il y ait tout un phénomène de dévalorisation de mon agence.
- Je crois que c'est une française, Madame Le Bourgeois, elle est vraiment... Très frenchy, continua t'elle à chuchoter.
Sa remarque me fit sourire.
- Je ne pourrai pas être là avant une heure au moins, alors dis lui que je suis retenue à un rendez-vous et demande lui de repasser dans une heure trente.
- Parfait, je vais quand même réunir les informations nécessaires à la préparation de son dossier. Ne vous en faites pas Dylan et moi allons nous charger de l'équipe de service. Prenez votre temps pour ce rendez vous.
- Merci Amy dis-je avec soulagement, culpabilisant de n'avoir pensé à rien d'autre qu'à Kendall et nos galipettes d'hier soir.
- Et n'oubliez pas ! C'est madame Marie-Anne Le Bourgeois.
J'acquiesçai avant de raccrocher, Marie-Anne Le Bourgeois, je n'avais jamais rien entendu d'aussi frenchy.
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