Chapitre 9
Le message de Ravi était bref : il lui demandait de la rejoindre.
Rapidement, elle dévala la pente, courant jusqu'à lui. Ravi l'attendait devant le grand chapiteau. Il avait retiré ses vêtements de travail et portait un beau sweat à capuche, vert bouteille qui faisait ressortir sa peau caramel, avec un jean noir.
Elle se jeta dans ses bras, il la serra fort et l'embrassa. Comme elle était heureuse de le revoir !
- T'es si beau !! lui dit-elle
Il se mit à rire de sa réflexion. Peu confiant, il avait toujours l'impression de rêver quand il était avec elle.
- Comment tu as su qu'on était là ? demanda-t-elle
- Je me doutais bien qu'Alizée ne m'écouterai pas. Puis quand j'ai vu votre feu au loin, j'étais pratiquement certain que ce soit vous.
- Tu ne m'en veux pas trop ? demanda-t-elle confuse
Ravi soupira et haussa les épaules.
- Restez discrètes et loin du site au moins.
La rousse hocha vigoureusement la tête.
- Quand je vous ai vu là-haut, j'ai pensé qu'on allait mettre à profit vos bêtises. Cette expérience sera pertinente pour tes études. Et puis... je sais que ça te fait plaisir aussi
- Oh merci, merci, merci !!
Elle lui attrapa le visage et le couvrit de baisers. Il sentit son coeur s'emballer de joie. Il aimait tellement la rendre heureuse.
- Attends, on doit être sérieux maintenant. Tu seras mon assistante, ce qui en soit est plutôt vrai pour le moment, dit-il.
- Pas de souci, je vais me tenir
Ravi ouvrit la fermeture éclair qui fermait le chapiteau et ils passèrent de l'autre côté. Un vrai campement de scientifiques prenait place. La nuit commençait à tomber, alors de grands spots alimentés par un groupe électrogène étaient branchés. Il y régnait ainsi une odeur d'essence, d'eau stagnante et de cigarette.
il y avait une grande table où on trouvait deux grandes caisses rouges, deux binoculaires et de nombreuses boîtes de pétris, tubes à essai ainsi que du matériel pour prendre les échantillons. A cette heure-ci, il n'y avait plus beaucoup plus de monde. Mais au matériel en place on devinait une équipe d'au moins trente personnes.
- Je croyais que vous ne deviez pas être nombreux ?
- Je sais, mais on a eut besoin de plus de tête finalement, confia Ravi.
Il restait sur place quatre autres chercheurs en train de discuter, une clope à la main, un café dans l'autre. Bonjour l'haleine !
Ravi tendit une combinaison une jetable à Pénélope et enfila la sienne.
- Alors Docteur Simh ? On ne revient pas les mains vides à ce que je vois ! Clama un chercheur une cigarette au bec.
Le gros monsieur s'approcha d'eux. Pénélope lui offrit un sourire de politesse quand il leva les sourcils vers Ravi l'air de dire "bon, tu présentes ?". Il avait l'allure d'une gargouille tombée du château et qui venait de dévaler la colline après avoir perdu deux trois morceaux au passage. Un nez cabossé, une dent en moins et une autre tordue, un œil plus haut que l'autre. Elle a ramassé la gargouille !
- Dr. Duncan, je vous présente mon assistante, madame Brown.
- Bah dis donc, qu'est-ce que vous avez fait pour mériter une aussi jolie assistante ! Railla-t-il de sa voix rocailleuse de fumeur.
Il était lourd, petit, encombrant et commençait à faire les yeux beaucoup trop doux à sa belle.
- C'est chasse gardée ou... ? continua le Dr Duncan sur le même ton.
Le docteur Duncan recracha sa fumée sur le visage de Pénélope qui était en train d'enfiler ses gants et sa charlotte. Il la dégoûtait. Il suintait de sueur et son haleine putride empestait jusqu'à ses narines pourtant protégées par un masque. Elle se jura que sans masque elle serait tombée dans les pommes pour un coma éternel telle la belle au bois dormant. Dieu merci, le masque existe.
Ce n'était pas la première fois qu'elle subissait les blagues graveleuses de ses camarades et elle avait pris l'habitude de s'en détacher et de les ignorer. En revanche, Ravi n'appreciait pas du tout qu'on parle ainsi de sa compagne.
- Docteur Duncan, dois-je vous rappeler qu'une femme n'est pas un objet qu'on possède ? Et souhaitez-vous vraiment que je vous rappelle aussi, qui est en charge des recherches en cours ?
Le responsable du projet, c'était lui : docteur Ravi Simh. Il n'eut pas besoin d'en dire plus. Le docteur Duncan s'excusa sur le champ comme on le ferait auprès de son supérieur après une grosse erreur et retourna auprès de ses autres collègues qui riaient face à cette scène.
Beau Prince Ravi, à la protection de sa belle au bois dormant contre la vilaine gargouille en décomposition. Il avait gagné.
Le couple s'approcha du lac dans un silence oppressant. Elle ne voyait que ses yeux mais reconnaissait les prunelles emplies de haine du brun.
Il s'accroupit au bord du lac et lui dit comme pour se justifier de ses actions :
- Je sais que tu sais te défendre toi-même. Tu es indépendante, je le sais Pénélope. Mais, j'ai toujours détesté le manque de respect. Ma sœur en prit plein la gueule dans ma famille parce que ce n'est "qu'une fille", alors, ça me révolte c'est tout. Je l'aurais viré s'il le fallait et pas seulement parce que je tiens à toi, mais en exemple pour toutes les femmes victimes de cons.
Elle le trouva touchant, comprit qu'effectivement le problème était beaucoup plus profond. Elle s'accroupit à ses côtés et posa une main sur son dos. Geste qui eut un effet immédiat, il se décrispa et son cœur reprit des battements réguliers.
- Je ne peux pas te serrer dans mes bras parce qu'on nous regarde au loin et qu'il est mal vu qu'on soit ensemble au travail, mais je te remercie pour ce que tu as fait. Tu es formidable Ravi.
Il avait envie de l'embrasser lui aussi, mais se retint. Il venait déjà d'engueuler un collègue pour protéger sa copine qu'il venait de faire entrer par effraction. Alors, si le premier point ne posait pas réellement de problème, le deuxième serait considéré comme abus de pouvoir et il risquait son poste.
Il avait eu envie de lui dire "Je t'aime" mais s'empêcha de peur d'être trop brutal, trop rapide et de l'effrayer. En référence à la série How I Met Your Mother, il ne voulait pas être un Ted Mosby.
Alors, il changea de sujet et se concentra sur la raison qui les faisait être accroupis ici.
- Regarde, dit-il.
Il pointa son doigt sur un amas d'algues bleu-vert. De loin, la grande étendue paraissait habituelle. En revanche, au bord de l'eau, on remarquait une surface aux couleurs étranges et comme recouverte d'une croûte toxique.
- Cyanobactéries j'imagine, dit-elle.
- Bingo ! Tu en sais plus ? questionna-t-il.
Le jeune homme reprit sa position de professeur. Elle reconnut le ton sérieux de sa voix qu'il avait fréquemment employé pendant son stage et la pertinence de ses questions.
- Ce sont des bactéries photosynthétiques. Donc elles utilisent l'énergie solaire pour synthétiser leurs molécules organiques. C'est un peu étonnant que cela se produise si tôt dans l'année par contre... dit-elle.
Elle se releva du sol, commençant à avoir mal aux genoux. Il la suivit.
- Pourquoi restez-vous autant longtemps si ce n'est que ça ? demanda-t-elle/
- Ah, ah ! Bonne question Brown !
Il l'emmena jusqu'aux binoculaires et lui dit simplement de regarder. Plein de petits points verts en forme de chenille dansaient sous ses yeux. Elle fut impressionnée par le nombre.
- La quantité est colossale, on en a jamais vu autant au mois d'avril. Ça a déjà tué deux chiens en promenade et rendu malade les propriétaires, expliqua-t-il.
- Qu'est-ce qui explique cela ? demanda-t-elle intriguée.
- Justement. On ne sait pas. On suspecte un problème plus profond...
Elle écarquilla les yeux et se remit à regarder dans le microscope.
- Pourtant on ne voit rien d'autre, s'étonna-t-elle.
- Je sais...
Pénélope releva son visage vers lui. Il avait le regard fermé, sérieux.
- Ça inquiète beaucoup le gouvernement... J'ai croisé la famille royale ce matin.
Le cœur de Penny se mit à palpiter, elle pensa immédiatement à Richard et se sentit coupable immédiatement.
- Le roi semblait désemparé. Il craint que ça ne touche toutes nos étendues et brise à la fois notre réputation et notre tourisme.
Pas de Richard donc... Arrête de penser à Richard quand tu es avec Ravi !
Je n'arrive pas...
- Il m'a remercié pour notre implication, m'a dit qu'il était prêt à faire venir plusieurs chercheurs d'ailleurs si besoin et puis il est parti.
- Eh bien... j'espère que vous trouverez la solution au mystère
Bien récupéré, il n'a sûrement rien vu.
- J'espère aussi. Ça va ? On dirait que t'as les joues rouges sous ton masque
Son cœur s'emballa. boumboumboumboumboumboumboum. Ces fichus joues jamais capable de rester neutre !!
Concentre-toi sur Ravi.
- Oui, oui...
- Je te fais de l'effet c'est ça ? C'est la charlotte sur les cheveux ? demanda-t-il en devinant son inconfort.
Elle se mit à rire et Richard s'éclipsa aussitôt de sa tête.
- Si tu veux que je la garde pour cette nuit, frotte le bout du nez discrètement pour dire oui. Ça restera notre secret, je te le promets.
Ils éclatèrent de rire, complices comme jamais.
Ils retournèrent se changer dans la bonne humeur. La nuit était complètement tombée, les chercheurs avaient tous rejoint leur tente respective et le froid se faisait de plus en plus ressentir.
Au loin, on aperçut le feu du campement des filles. Ils sortirent du chapiteau blanc et commencèrent à marcher vers lui.
- Heureusement que j'avais dit d'être discret, lui dit Ravi.
- Il faisait froid, on n'allait pas dormir sans feu !
Il se mit à rire et passa un bras sous ses épaules pour la resserrer contre lui. Il était frigorifié, mais pour faire le beau il avait préféré laisser son bonnet dans son sac.
- De toute façon avec Jade qui hurle toutes les trois minutes c'était foutu d'avance, dit-il
Elle pouffa. C'est vrai que son amie Jade n'était pas très calme. Ravi connaissait son entourage depuis le début du stage et avait l'avantage de s'y être intégré avec beaucoup d'aisance.
- On l'aime aussi pour ça, dit-elle
- C'est évident
- Raviiiiiiiii !!!!! s'exclama Alizée
Alizée au loin se mit à crier de joie en les voyant arriver. Ravi contint son rire "discrétion" avait-il demandé. Parfois il avait l'impression d'être avec un groupe d'adolescentes. Elles étaient un peu bébés, mais très attachantes.
- Tout se passe bien au boulot ? demanda Alizée
- On réfléchit mais ça se passe bien, je te remercie, répondit-il
- Tenez, on n'a que ça à boire, dit-elle en leur tendant une bière
Ils s'assirent autour du feu, une bière glacée entre les doigts. De quoi perdre une phalange !
Ravi s'assit derrière Pénélope et l'entoura de ses grandes jambes pour l'envelopper contre lui. Ils avaient besoin de se tenir chaud !
- Ahlalala, vous êtes tellement mignon tous les deux, lacha Judith.
- Le couple parfait, ils vont faire changer le monde tous les deux je te jure, on les reverra dans dix ans sur la couverture du journal, continua Jade.
Ravi sourit et embrassa la joue de la rousse. Il était comblé, heureux, il avait tout ce dont il avait toujours rêvé sentimentalement parlant : une fille qu'il aime et qui partage sa passion.
- Bon, on est un peu pauvre en repas... Judith a mangé les deux sandwichs que je vous avais laissés... avoua Alizée
- Judith !! S'exclama Pénélope
- Désolée, j'avais trop faim ! et vous n'étiez toujours pas là...
Ils se mirent à rire et on leur lança un paquet de chips. Le garçon attrapa le paquet le ventre gargouillant. Il n'en voulait à personne, il n'était pas venu pour manger mais pour être avec sa douce. Finalement, il avait été contre jusqu'au bout, mais cette escapade l'arrangeait bien.
- Heureusement qu'il reste des chips, dit-il
- Oh !! Attendez !! J'oubliais !!! s'exclama Pénélope
Pénélope se releva d'un bond et courut jusqu'à sa tente. Elle en ressortit avec une grande boite en carton blanc et au liseré rouge.
- Tadam !
La boîte s'ouvrit pour laisser apparaître une énorme tarte aux citrons meringuée.
- Waouh !
- Bon elle doit être très froide, peut-être même un peu congelé mais ça devrait le faire.
- Pas grave, ça fera comme un vacherin, compléta Alizée, toujours très optimiste.
On coupa le gâteau et tout le monde eut le droit à sa part. Il dégageait une douce odeur de citron et de sucre dans l'air, très douce.
- Putain ! Ché délicieux ! Tu l'as pris chez Ben ? demanda Alizée la bouche pleine.
La rousse se mit à rougir. Elle sentit ses oreilles chauffées et s'en voulu d'être autant sensible à cela, encore plus ce soir.
- Non, on me l'a offert, dit-elle.
Ce matin, elle rentrait de son jogging matinale quand elle avait aperçu un homme habillé de noirs devant sa porte. Il s'apprêtait à toquer quand elle était arrivée à son niveau.
>> Chapitre 9 terminé ! Alors, cette escapade à la montagne ?
Que pensez-vous de la réaction de Ravi ? Qui pensez-vous que ce soit qui a livré le gâteau ?
Encore et toujours merci, notre petits clubs de lecture s'agrandît de plus en plus et ça me fait extrêmement plaisir !
J'adore lire vos commentaires, ils me font tous vraiment chaud au coeur et même beaucoup rire pour certains !
N'hésitez pas à la partager sur les réseaux sociaux, plus on est de fou, plus on rit ;)
A bientôt, des bisous.
Luce
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top