Chapitre 5




Elle entendit un rire gras derrière elle et n'osa pas se retourner.

- Waouh, j'en connais une qui a abusé des boissons gratuites... Lança le rire derrière elle.


Simultanément, sa supérieure arriva. Une fausse blonde, excessivement maigre et au bronzage douteux. Son visage habituellement bronzé/carbonisé était rouge de rage. Sa haine coulait dans ses veines et sortait par tous ses pores, elle en suait de la moustache.


- Brown, tu crois vraiment que c'est le moment de faire des conneries de ce genre ? Tu te doutes bien que ça dépasse les limites et que je ne peux pas en rester là. Tu as dix minutes pour quitter les lieux et ne jamais revenir, sinon c'est la sécurité qui s'en chargera.


Quelle honte ! Mais quelle honte ! Vomir dans le château des Rendall, dans une jarre, pendant ses horaires de travail !! Et se faire virer devant un inconnu...

Elle en avait des hauts le cœur et des bouffées de chaleur ou c'était la crème épaisse, elle ne savait plus.

De ses mains nues et tremblantes de spasme, elle essuya tant bien que mal son visage où les tâches de rousseurs se noyaient entre les larmes et le régurgit.


- Tiens, ça arrive, t'inquiète pas, lui dit la voix derrière elle en lui tendant un mouchoir


Elle observa la main qui lui tendait le Kleenex. C'était une grande main, aux doigts très fins et longs. Une main d'homme, qui ne travaille pas manuellement. Une main de pianiste. Il avait les ongles longs, bien limés, elle se demanda s'il faisait fréquemment de la manucure. Elle remarqua aussi les discrètes taches de rousseurs autour des phalanges qui couraient jusqu'au dos de sa main et qui lui rappelaient les siennes, qu'on avait tant moquées.

Elle attrapa le mouchoir en restant dos à lui.


- Merci, articula-t-elle


Délicatement, elle frotta son menton, sa bouche, son nez. On ne parle pas assez du fait que lorsqu'on vomit tout notre corps se transforme en fontaine géante. Dans les films c'est beaucoup trop romancé. Ici, je vous passe les détails.

Après s'être "plus ou moins" nettoyée, elle se tourna pour voir son interlocuteur.

Elle fut surprise par sa taille. Elle qui était très grande, due lever la tête pour l'observer en détail.

Il était si long, imposant malgré son poids plume. Il portait un costume noir, avec une chemise blanche, très classique mais terriblement raffiné. On devinait à la matière et à la tombée du tissus que cela avait dû coûter cher.

Ses cheveux châtain clair étaient étrangement coiffés, plus longs sur le dessus, quelques mèches sauvages tombaient autour de son front.

Son teint porcelaine mettait en lumière sa bouche naturellement pulpeuse, rouge cerise et ses yeux bleu-vert, perçants. Il avait les traits fins, la mâchoire carrée, un nez long comme un nez grec mais bien proportionné, des pommettes légèrement saillantes. Il n'était pas beau, mais sûrement charmant.


- Je suis désolée, dit-elle

- Oh, tu n'as pas à l'être, ce n'est pas à moi donc tu peux bien vomir autant que tu veux dedans, rit-il


Il avait les dents blanches et les canines pointues. Elle se demanda un instant si c'était un vampire et elle s'esclaffa elle-même intérieurement.

Il y eut un court silence, où aucun des deux n'osait parler après la scène. Elle prit enfin la parole.


- J'ai pas bu, tu sais, c'est une intoxication au lactose, se justifia-t-elle.

- Très bien. Je pense quand même continuer à t'appeler l'alcoolo, c'est beaucoup plus drôle, tu m'excuseras...


Elle s'assit sur les marches d'escalier, se sentant encore un peu faible.

Il se rendit compte qu'une fois assise, elle paraissait moins impressionnante. En effet, la jeune femme était grande, un bon mètre soixante-seize et bien que son visage trahissait son jeune âge, elle avait une beauté déconcertante et particulière qui avait tendance à fasciner et ça ne lui avait pas échappé.

Son visage était recouvert de taches de rousseur. Il y avait d'abord des tâches et ensuite une fille. Ses cheveux étaient ondulés et bien qu'elle les eut attachés, des boucles cuivrées claires s'échappaient. Le genre de roux que les copains à l'école n'ont aucun mal à moquer. Pas celui que les femmes de 40 ans font chez la coiffeuse, non, le vrai roux, le roux orange de celle qui ne peut pas sortir au soleil et de celle qui ressemble à une lanterne en plein halloween. Sympa, mais difficile à porter.

Elle avait des lèvres en forme de cœur, pulpeuse, rose foncé, presque framboise.

Il s'obligea à arrêter de l'observer et s'assit à côté d'elle. Rapidement, une proximité presque familière s'installa entre eux.


- Il y a des toilettes en haut, tu veux que je t'accompagne te nettoyer et te changer ?

- C'est gentil, mais je n'ai pas de tenue de rechange et je dois me faire expulser du château dans..., elle regarda sa montre, moins de cinq minutes...

- Il semblerait que tu sois virer, tu n'as, donc, rien à perdre... Pour ce qui est des vêtements, je suis sûre que le Prince côtoie des dames, tu ne voudrais pas d'une belle robe ?


Elle se mit à rire de sa proposition. Elle ne le connaissait pas, mais elle l'aimait déjà. Son timbre de voix était attachant et très entraînant.


- Ce serait du vol, dit-elle

- Pas si on la rend...


Il se releva de la marche et se mit à monter les escaliers en courant. Un air de défi brillant dans ses yeux. Il avait cet air taquin lui plaisait, qui mettait au défi la compétitrice qu'elle était.


- Aller viens ! Tu empestes de toute façon, ce sera bénéfique pour nous et tu pourras profiter de ta soirée !


Pénélope le suivit, sans même se poser de question parce qu'effectivement, il avait raison "elle n'avait plus rien à perdre".

Elle entra dans la salle de bain qu'il lui montra où elle se rinça rapidement. Elle en ressortit fraîche et sentant bon. L'inconnu avait pris soin de poser une belle robe au bord du lavabo ainsi qu'un médicament supposé l'aider à aller mieux. Elle prit soin de vérifier qu'il ne s'agissait pas de drogue et de lire la notice inscrite sur la boîte avant de l'avaler.

Elle sortit de la salle de bain, vêtue d'une robe de cérémonie bleu, coupe sirène, aux manches tombantes sur ses épaules et qui dévoilait la naissance de ses épaules nues.

Tiens, un petit poisson sur cette épaule ! C'est mignon cette marque.


- C'est pas un peu trop ? demanda-t-elle en sortant


Éblouissante. C'est le premier mot qu'il lui vint à l'esprit lorsqu'il la vit. Elle avait attaché ses ondulations en chignon bas et avait fait tomber deux mèches qui encadraient son visage avec précision et perfection. L'azur faisait ressortir son oeil bleu et contrastait son vert.


- Je veux dire, j'étais supposée me faire virer de la soirée par la sécurité quand même et là je suis en robe de bal...

- Tu ne te feras pas viré. Pas d'ici en tout cas et pas ce soir, ne t'inquiète pas, affirma-t-il d'une voix ferme

- Comment peux- tu en être sûr ?

- Madame Brown, laissez moi vous confier que... Je suis la sécurité.


Il jouait beaucoup avec son regard. Il avait les yeux rieurs, sans cesse en train de les lever au ciel, de froncer les sourcils, de les écarquiller. Il était très expressif et c'était très communicatif.

Elle lui sourit et remarqua à nouveau à quel point elle se sentait si petite à côté de lui ! Il la dépassait d'une tête voire plus.


- Alors, c'est comme ça qu'on s'appelle maintenant, monsieur sécurité et madame Brown ?

- Tu peux m'appeler Pitt

- Pénélope, répondit-elle

- Pitt, pas Pénélope j'ai dis

- Mais Pénélope c'est moi ! Rit-elle


Il lui sourit, en plissant le coin de ses yeux et il se mordit l'intérieur de la joue comme pour s'empêcher de dire une nouvelle bêtise.

Pitt tendit ses converses noires à Pénélope, qu'elle attrapa et enfila. Ça jurait un peu avec la tenue, mais on n'allait quand même pas voler aussi des chaussures.


- Et bien Pénélope, ne comptes-tu pas danser avec le Prince, comme toutes les autres dames ?

- Tu sais, à la base je suis ici pour travailler.

- Je sais. Mais gâcher une aussi belle robe, ce serait dommage, non ?


Il la prit par la main, que dis-je, il lui arracha presque le bras avant de dévaler les escaliers avec elle. Sans la lâcher, il se glissa dans la foule où tous dansaient. Le contraste avec leur moment intimiste l'a surpris.

Il se tourna face à elle et entama une valse. Il fut étonné de voir qu'elle savait faire.


- Tu vois, c'est facile, tu n'as qu'à faire ça, tu es prête ?

- Pourquoi faire ? Tu n'as pas des gens à surveiller, autre que moi ? répondit-elle


Il rit mais ne lui répondit pas pour autant. Ils valsaient, au milieu de la foule. Ce n'était pas la plus belle valse mais c'était la plus discrète. On était loin du conte de Cendrillon, où la jeune servante se fait remarquer dès qu'elle entre dans la salle.

Petit à petit, tout en délicatesse, Pitt s'approchait du Prince Richard.


- Je vais te faire tourner, et à ce moment là, tu attraperas le Prince. Tu es prête ? Il s'appelle Richard, je suis certain que tu le connais

- Je vais tomber, dit-elle

- Impossible, je suis un excellent danseur,  je sais envoyer mes partenaires


Elle ne comprit pas vraiment sa démarche, ni pourquoi il semblait vouloir autant la présenter à Richard. Peut-être pensait-il lui faire une faveur ? Elle aurait préféré qu'il lui laisse garder la robe, ça aurait été un cadeau amplement suffisant.

Le Prince Richard était là. Il dansait juste à côté d'eux. Il était d'une élégance et d'une légèreté ! De la soie sous l'effet du vent. Un port de tête parfait, une posture droite, cintrée, bien dans l'axe et de larges épaules en arrière. On reconnaissait en lui tout le poids de la monarchie, des traditions et du protocole à appliquer.

Il semblait sorti tout droit d'un autre siècle.

L'espace d'un instant, il sembla à Pénélope qu'il fit un clin d'œil à Pitt. Ce dernier ne mentait donc pas, il travaillait bien pour le Prince Richard. Ainsi, au moment de tourner, Pitt la lâcha en lui disant :


- C'est ton moment Penny, brille !


Puis, il disparut dans la foule. Elle se retrouva accrochée au bras du Prince Richard sans n'avoir rien vu venir. Il y a vingt minutes, elle vomissait dans une jarre (qu'elle n'avait pas nettoyé d'ailleurs!) et là elle dansait avec le Prince ! Place si convoitée par les jeunes femmes ce soir.


- Madame, susurra le Prince Richard.


>> CHAPITRE 5 TERMINÉ !!!


Hahaha alors qu'en avez vous pensé ? Que pensez-vous de Pitt notre homme de la sécurité ?

J'ai bien ri en voyant que vous pensiez que ce serait Richard ! Et j'espère vous avoir surpris avec Pitt ;)

J'essaie de faire une histoire pas très cliché, et si elle tombait directement sur Richard, c'était bien trop évident et bien trop impossible dans la vie réelle ! Il faut que l'on puisse s'identifier et y croire (en tout cas j'aspire à cela avec cette histoire)

Encore merci pour tout vos commentaires, votes et partages ! Je suis contente que l'histoire vous plaise, en tout cas moi je prends un réel plaisir à vous la partager et la vivre avec vous.

A jeudi prochain, j'ai hâte de voir vos réactions.

Comment pensez-vous que la danse avec Richard et Pénélope va se passer ?

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