Chapitre 16
Le lendemain, par habitude, elle se réveilla à cinq heures du matin. Elle maudit son horloge interne un instant puis décida de se lever du bon pied. Aujourd'hui, elle ne penserait pas à Ravi. Elle penserait à Richard. Les triangles amoureux c'est super cliché et complètement débile en plus.
Alors, elle mit ses écouteurs, un peu de musique entrainante pour égayer sa journée. Elle enfila son sweat et son legging (maintenant troué) de la veille et sortit prendre l'air. Elle n'appréciait pas particulièrement son accoutrement mais n'avait rien de mieux à mettre et était décidée à voir le verre à moitié plein.
A cette heure-ci, il n'y avait personne. Il faisait encore nuit noire mais les oiseaux devaient sentir l'aube arrivée, car ils piaillaient à réveiller tout le château. "Salut toi, salut ! bien dormi ?" semblaient-ils crier.
Dans l'herbe encore gelée de la nuit, elle s'assit et médita pendant quinze minutes. Elle n'avait jamais craint le froid. La météo dans le royaume de Belladonna avait toujours été plutôt fraîche, de plus ses mères habitaient en altitude, alors depuis son plus jeune âge elle était habituée à faire des barbecues sous dix degrés en t-shirt (aberration pour les gens au sud du royaume).
Pénélope était de nature calme mais terriblement indécise et cela la rendait stressée. Alors la méditation l'aidait à pallier ces traits de caractère.
Qu'allait-il se passer aujourd'hui ? Allait-elle voir Richard ? Quelle activité saugrenue avait-il prévue ?
Pénélope était en train de finir sa séance de yoga quand le jour commençait à se lever. Elle regarda sa montre : cinq heures quarante-sept.
Au loin, elle remarqua Pitt qui débutait son jogging matinal. Il lui fit un petit signe. C'était comme si elle habitait déjà ici. Etrangement, elle se sentait à l'aise.
La rousse rentra en se dandinant sur de la pop. Elle aimait tous les styles de musique et selon son humeur, elle faisait défiler les différents genres.
Elle se rinça, enfila un pantalon tailleur noir, une chemise blanche et un blazer anis qui faisait ressortir son oeil vert.
Devant le miroir, elle souffla... Que faire avec ses cheveux...
Ses ondulations partaient dans tous les sens.
Je ressemble à un épouvantail.
Elle lissa une mèche au-dessus de sa tête et décida de les tresser en une seule tresse dans son dos. Elle dégagea quelques mèches sur les côtés afin de ne pas faire trop stricte et enchaîna avec un trait d'eye-liner et du mascara.
Rouge à lèvre ? Pas rouge à lèvres ?
Rouge à lèvre. Un vieux rose.
Elle se sourit dans le miroir comme pour se donner confiance et sortit de la chambre. 6h18.
Dans la salle à manger, c'était la première. Tout avait été installé. Elle compta, un, deux, trois bols. Le Prince ne mangerait pas avec elles.
En même temps, c'était le Prince. Il devait sûrement avoir un service de chambre, un homme pour lui donner la cuiller, un autre pour coiffer sa mèche brune rebelle.
À côté, des bols étaient préparés avec des tranches de brioche pré-découpées, des croissants français, quelques fruits, des œufs et du bacon, ainsi que dans de belles bouteilles en verre, du lait et à côté une machine à café.
Pénélope n'aimait pas le café. Elle avait l'impression de boire le fond de son évier à chaque fois. Ça lui levait le cœur, c'était amer, la définition même du dégoût et en plus ça donnait une mauvaise haleine. Elle avait encore un vague souvenir d'un vieux prof à l'haleine café-clope qui parlait beaucoup trop près d'elle à la première heure. Et puis c'était vraiment pas écolo. Et si c'était aussi bon que ça, pourquoi les gens mettent-ils autant de sucre ? Hein ? C'est un peu comme les escargots, c'est bourré d'ails et on vous fait croire qu'on le mange pour le goût, mais quand c'est bon, on n'a pas besoin d'ajouter autant d'ails ni autant de sucre, non ? Elle en était convaincue.
Elle attrapa le lait d'avoine, plus doux que celui d'amande, se servit un verre et prit deux kiwis avec une tartine de pain. A la fin de son petit-déjeuner, on vint la prévenir que Son Altesse Royale l'attendait à l'écurie.
— Vous êtes sublime, commenta-t-il avant que tout le monde n'arrive.
Elle lui sourit et chercha un compliment à retourner qui le flatte sans trop le flatter. Elle avait lu un jour dans un magazine qu'Alizée avait laissé traîner, que pour apprendre à séduire un homme, il fallait lui donner des compliments indirects. Elle ne savait pas si c'était vrai, mais dans le doute, elle appliquait.
— Vos chevaux sont magnifiques, ce sont les vôtres, votre majesté ?
Son titre venait et partait, elle ne pensait pas toujours à l'appeler "votre majesté" mais il ne lui en voulait pas. Il mettait cela sur le dos de sa jeunesse et de son insouciance, il trouvait même cela attachant. Pourtant, habituellement, il était intransigeant avec ceux qui l'oublient, mais avec elle, il était différent.
— Certains sont à ma mère. Elle partage ma passion pour l'équitation.
Il y eut un silence. C'était la première fois qu'il parlait de sa famille. Elle caressa sur l'encolure du cheval gris pommelé.
— Vous savez en faire ? Demanda le Prince.
— Oui. Mes mères sont maraîchères, au début elles les utilisaient pour maintenir une activité bio et traditionnelle, mais depuis on s'est attachées à eux.
Une fille de la terre alors... s'étonna-t-il intérieurement.
Il aimait le naturel de Pénélope. Elle avait cette faculté à le ramener à la réalité, à le considérer et lui parler "comme à tout le monde". Dans sa vie, il avait parfois eu l'impression de n'être qu'un "titre" et rien de plus. Avec elle, elle était plus.
— Allons faire un tour, proposa-t-il.
— Ne devons-nous pas attendre les autres?
Il haussa les épaules.
— Je n'aime que vous, souffla-t-il.
boum-boum... Entends mon coeur, il crie ton nom.
Il avait utilisé le verbe "aimer".
Il m'aime, il m'aime. Le Prince Richard m'aime. Attends, attends... Il t'aime peut-être comme une amie ? Il t'aime un peu, pas forcément beaucoup...
Le Prince Richard m'aime...
— Vous venez ?
Le Prince Richard m'aime.
Il était monté sur son cheval et attendait qu'elle fasse de même.
Le Prince Richard m'aime.
— J'arrive.
Le Prince Richard m'aime...
Inspire. Expire.
>> Chapitre 16 terminé !
Alors, aimez-vous toujours Richard ? Que pensez-vous qu'il puisse se passer ensuite ?
Merci pour tout vos voeux, à la semaine prochaine, profitez bien du nouvel an :D
Des bisous
Luce.
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