Chapitre 11


Plus tôt dans l'après-midi, alors que Pénélope revenait de ses cours, son amie Alizée lui sauta dessus.


- Penny, c'est urgent !!


Le ton dans la voix de la blonde était inquiétant. La rousse ne comprit pas.


- Qu'est-ce que t'as fait ? S'inquiéta Alizée.


Cette dernière lui montra une lettre portant le sceau royal. Elle réfléchit et pensa immédiatement à la robe qu'elle n'avait jamais rendue. 

Merde, merde, merde... elle essaya de cacher son stresse.


- Ah, c'est rien, ça doit être à propos de la robe que Pitt m'a passé je l'ai jamais rendu.

- Mon Dieu, Pénélope !! Ils vont penser qu'on l'a volé ! Tu sais qu'ils peuvent me retirer mon boulot ! Penny !! Je peux pas perdre mon poste !! 

- Respire... lui répondit simplement Pénélope.


Pénélope essaya d'appliquer son propre conseil. En effet, si elle était accusée de vol par la famille royale, elle risquait d'indescriptibles problèmes.

Elle dû relire la lettre plusieurs fois avant de la comprendre. Pourtant, celle-ci était brève.


- Bon, alors, qu'est-ce qu'elle dit ?! s'impatienta la blonde.


Pénélope, déboussolée, se laissa tomber sur la chaise.


- Je... je... je sais pas... je comprends pas...


L'impatience d'Alizée la secoua verbalement.


- Accouche putain ! Ou je t'arrache le papier des mains !


A la réaction de la jeune femme elle craignait le pire. Pénélope ferma les yeux, agita sa tête comme pour remettre ses idées dans l'ordre.


- C'est très bref... en gros ça dit que j'ai attiré l'attention du Prince et je suis invitée à aller chez eux dans leur château de MonCul là...

- Montru pas MonCul ! C'est leur château de vacances... Attends, fais voir..


Alizée et son self control légendaire, arrachèrent la lettre des mains de la bouclée. Elle se mit à lire à voix haute et le répéta plusieurs fois.


- Il est écrit qu'une voiture viendra te chercher vendredi prochain à une heure.


Alizée complètement estomaquée s'assit à côté d'elle, une main sur la bouche.


- Eh bah... tu viens de réaliser ce que tout le monde souhaite tu sais...


Pénélope sursauta d'un coup. Cognée par la réalité.


- Mais j'ai cours vendredi !

- Pénélope, t'as rendez-vous avec la famille royale, je pense que c'est suffisant comme raison.


Il y eut un silence, chacune perdue dans leurs pensées. Alizée mi-heureuse, mi-jalouse.


- Tu crois qu'ils vont m'enfermer dans un cachot pour la robe ?

- Non, pouffa de rire Alizée.


Personne ne parla après son rire. Le silence était lourd et presque angoissant.


- Tu vas faire quoi avec Ravi ?

- Bah, je vais lui dire.

- Il va mal le prendre.

- Pourquoi ?

- Pénélope ! Non mais tu réalises pas, c'est pas possible !!


Alizée se releva de la chaise, plaqua ses deux paluches sur ses épaules et secoua Penny comme un prunier.


- ALLO ? Y'a quelqu'un au bout du fil ?!!! T'as rendez-vous avec le Prince et sa famille, vous allez pas jouer aux échecs hein.. Je t'avais dis qu'ils lui cherchaient une femme... et visiblement, la femme en question, c'est toi.


"La femme en question c'est toi"... non, non, non, ce n'était pas possible, pas elle ! Engloutie par une vague de stress, elle se mit à ronger ses ongles, réflexe primaire de l'enfant qui ne cherche qu'à téter pour se rassurer.


- Tu penses que je suis la seule à avoir reçu ce papier ? demanda-t-elle.

- Aucune idée... mais moi je n'ai rien reçu en tout cas..


Elle relut la lettre et remarqua comme l'invitation ne proposait aucune déclinaison. Ne pouvait-on rien refuser à la famille royale ?

Pourtant, la jeune femme réfléchit longtemps avant de rendre sa décision. Elle se repassa sa danse avec le Prince Richard en boucle. L'emprise qu'il avait instantanément eu sur elle. La manière qu'il avait à la charmer et la déstabiliser sans le moindre effort. La façon qu'elle avait de penser à lui encore jusqu'à aujourd'hui alors qu'elle n'avait jusque là qu'éprouvé révulsion pour cette famille.

Cependant, il y avait Ravi... et elle l'appréciait tant, il était si doux, ils étaient si similaires. Mais Richard était là. Accroché dans un coin de sa tête et sa curiosité, son envie l'appelaient à y aller.


De son côté, le jeune docteur, bien insouciant, vivait sa vie en rose.

Des écouteurs dans les oreilles, un œil contre le microscope, sa main gauche en train d'écrire son rapport, il bougeait la tête au rythme des battements de son cœur et de la musique. Il était amoureux. Son tabouret n'était plus si dur et raide à présent, il était confortable, doux et l'accueillait comme un chaud nuage d'amour. Le néon sautillant du laboratoire n'était plus cassé, mais comprenait maintenant le rythme des notes et les suivait.

Une journée de joie comme tous les jours depuis qu'il avait rencontré Pénélope. Un peu plus d'un an qu'elle l'avait changé, retourné, bouleversé et leur relation naissante ne faisait que renforcer son euphorie.

TAP. TAP. TAP.

Une main le sortit de sa bulle. Il retira rapidement ses écouteurs et se redressa en apercevant son chef. Bien qu'il ait la chance de travailler de manière plutôt indépendante, Ravi avait tout de même un directeur de site, qui s'occupait de gérer et distribuer certaines tâches.


- Professeur Dawson, salua Ravi.

- Docteur Simh.


Ravi veilla à retirer ses gants afin d'éviter le partage de bactéries et ils se serrèrent la main poliment. Le professeur Dawson avait une tendance à la serrer d'une poigne faible et moite qui lui avait toujours déplu. Ça lui donnait l'impression de serrer la main à un gant de toilette humide.

Il cacha sa grimace de dégoût et tenta de se concentrer sur ce que lui disait le vieux monsieur.


- Nous avons une offre pour vous. Que diriez-vous d'un petit voyage ?! Vous êtes resté bloqué ici pendant un an avec votre stagiaire, il semble donc pertinent que ce soit vous qui soyez pris. Une équipe doit partir pour faire des recherches au Canada...


Il s'arrêta instantanément de l'écouter et s'en voulut un peu après d'ailleurs.

Au Canada ! C'était à des kilomètres d'ici !! Quelle joie ! Quelle chance ! La chance était vraiment de son côté, la vie lui souriait.


- Qu'en dites-vous ?


Il revint à ses esprits. Mince, il n'avait pas entendu la durée.


- Veuillez m'excuser, je ne suis pas sûr d'avoir bien entendu... Combien de temps va durer la mission ?

- Eh bien... c'est à vous de voir, vous pouvez rester plus longtemps si votre recherche le nécessite. Pour l'instant, il est écrit un an sur le contrat. Alors, êtes-vous libre de partir ?


Un an.


- Non, je suis désolé, je ne peux pas

- Je pense que vous n'avez pas bien saisi, c'est une occasion en or pour votre carrière. Cela ne se représentera pas de si tôt Docteur Simh, si vous voulez mon avis.


Le directeur sembla surpris de sa réponse si précipitée. Ravi expliqua brièvement qu'il avait un "souci familial" qui en réalité n'était autre que Pénélope et leur relation florissante. Le professeur n'insista pas et lui répondit simplement qu'il lui laissait jusqu'à lundi pour y réfléchir avant de proposer l'offre à quelqu'un d'autre.

Mais pour Ravi, c'était tout réfléchi.

Le soir, en se changeant au vestiaire, il en parla à son collègue Mike le géologue qui en tomba des nues.


- Ils ont découvert de nouvelles cavités souterraines dans le Nord du pays. C'est un site imposant de plusieurs hectares avec apparemment un lac souterrain qu'ils estiment à plus de 6000 m2. Donc on va avoir un sacré paquet de choses à analyser et découvrir ! Dawson m'a aussi confié qu'ils essaient de former une grosse équipe de scientifiques et historiens afin de pouvoir continuer après ailleurs dans le monde.

- Non mais attends mec, t'es malade !! C'est le rêve de tous !


Ravi haussa les épaules.


- Mon rêve à moi c'est elle.


Mike lâcha un pouffement de moquerie.


- T'es vraiment piqué toi, lui dit-il.

- Je le sais c'est tout, c'est elle, c'est la femme de ma vie Mike. Elle est là tous les soirs à venir me chercher, elle aime les mêmes livres que moi, elle partage mon métier, ma passion même ! Elle me comprend. Ok elle est pas aussi organisée que moi, elle est jeune et je sens qu'elle a besoin de prendre son temps, ok, ok... mais faut un peu de différence non ?


Comme tous les soirs, elle l'avait attendu à la sortie, une bouteille de vin et une boîte de pétri à la main.


- Qu'est-ce que c'est que ça ? Tu veux que je te l'analyse ? demanda-t-il en voyant une boîte de pétri qu'elle lui tendait.

- Non, mieux que tout...


Elle passa ses bras autour de son cou et glissa un baiser dans sa nuque qui lui donna des frissons.


- C'est un baiser de moi. Ma bouche. Un bisou pour toi, enfermé dans la boîte. Je l'ai trouvé vide en rangeant et je trouvais que c'était mignon. Comme ça, tu auras toujours un peu de moi avec toi. Et si tu le regardes de plus près, tu verras tous les petits vivants que je te partage.


Il souriait tellement qu'il en avait mal aux joues. Quelle adorable attention ! Dans la réalité ce n'était qu'une petite boite ronde remplie de bactéries, mais lui il aimait les micro organismes, et les siens encore plus.

Il la couvrit de baisers, la tête dans les nuages, le cœur en gravitation dans une bulle de liberté et de joie.


- J'ai autre chose à te dire aussi...

- Bien sûr, je t'écoute, lui dit-il.


Et elle lui expliqua tout. Comment elle avait été retournée par sa danse avec le Prince, la manière qu'il avait depuis à s'accrocher dans son esprit, sa curiosité, son envie d'en savoir plus. 

Quelle ne fut pas sa surprise quand il apprit que la "femme de sa vie" avait accepté d'aller en week-end chez le Prince dans le but de le conquérir et de l'épouser.

Il n'en croyait pas ses oreilles. Sa tête tournait, il était pris dans un vertige tourbillonnant qui lui faisait perdre l'équilibre et lui donnait la nausée. Ce n'était pas possible ! Non, ce n'était pas possible ! Les jambes en coton, il avait l'impression que le sol se dérobait sous ses pieds.

BAM. BAM. BAM. La bulle éclata dans un fracas si fort qu'il en manqua un battement. Son cœur tomba au sol et dégringolait.

Il se sentait si idiot, si crédule. Il se sentait utilisé, trahi. Il haïssait la terre entière. Quelle idée de tomber amoureux !

Va te faire foutre Cupidon, va te faire foutre !

Comment pouvait-elle lui annoncer ça ? comme ça ! Si froidement !

Elle allait voir le Prince pour tenter sa chance, pour devenir sa femme ? Après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble depuis plusieurs mois, les picnics, la plage, les baisers, les câlins l'un contre l'autre.

Tout cela ne voulait-il rien dire ? était-il le seul à ressentir cela ?

Ce n'était pas possible, c'était un cauchemar ! Il eut envie de passer sa main sur le bec bunsen pour voir s'il ne rêvait pas, si tout cela était bien réel. Il regardait bouger les lèvres de sa bien-aimée, ses oreilles entendaient des choses que son cœur, son pauvre petit cœur refusait d'admettre, de comprendre et plus il comprenait, plus la douleur devenait insupportable.

Alors il explosa, ce n'était plus lui qui parlait, mais sa douleur, elle avait pris possession de son corps, de son âme et de sa voix, elle déversa un flot de reproches, son coeur pleurait de s'entendre dire des choses si dures à celle qui l'aimait si profondément, mais sa douleur était sourde à ses complaintes, elle s'écoulait et se déversait comme l'eau jaillissante d'un barrage qui aurait rompu.

C'est comme ça qu'avait commencé leur discussion et c'est aussi comme cela qu'avait débuté la fin de leur relation.



>> Chapitre 11 terminé... 

Bon, ça va, vous n'êtres pas trop tristes ? 

Effectivement, beaucoup s'en doutait, la raison était bien le prince Richard. Mais il n'y aurait pas eu d'histoire sans cet événement... 

Alors vos ressentis ? 


A la semaine prochaine, avec un chapitre qui je l'espère vous plaira autant que tous les autres ! 

Des bisous, 

Luce.

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