4.

-LE STOP, LE STOP ! RALENTIS !!!
-Détends toi Jadouille, j'ai peur que tu restes bloquée à tout jamais dans cette position à force de te crisper comme ça. Je te rappelle que j'ai eu mon permis du premier coup, répondit posément Harry alors que j'étais en train de me liquéfier sur mon siège.

Le bougre, il était totalement en train de se payer ma tête ! Je voyais à l'expression de son regard qu'il jubilait. J'avais littéralement envie de le gifler parce que non seulement il conduisait comme un pied, mais en plus parce que je détestais ce surnom et qu'il le savait pertinemment !

-Oui, eh bien, il va falloir que j'ai une petite discussion avec ton moniteur, soufflai-je, exaspérée, en m'accrochant fermement à ma ceinture de sécurité.

Nous étions partis à peine dix minutes plus tôt et j'avais l'impression d'être coincée à bord d'une attraction depuis une éternité. La conduite d'Harry était pour le moins... sportive. Je voyais avec appréhension les véhicules nous croiser à une vitesse folle et craignais à tout moment une collision. Pas que je ne faisais pas confiance à mon cher cousin... Seulement, j'avais du mal à croire qu'avec sa maladresse légendaire, on l'ait laissé conduire une voiture. Après tout, il avait dix-sept ans, et c'était légal... Mais je voyais toujours en lui le petit garçon qui fonçait dans tous les obstacles avec son vélo. Difficile de se sentir en sécurité après s'être faite écrasée par une bicyclette.

En jetant un œil dans sa direction, je m'aperçus qu'il était en train de me fixer bêtement, en souriant de toutes ses dents éclatantes. Je le fusillai du regard et lui donnai une tape sur l'épaule pour le rappeler à l'ordre :

-Arrête de me regarder et concentre toi sur la route, le bouclé !

Il rit à ma remarque et reporta son attention sur la route. Je croisai mes bras sur ma poitrine et me mis à contempler le décor qui défilait sous mes yeux et qui était si différent de chez moi. Les paysages du Wyoming n'avaient rien à voir avec ceux de l'Utah, malgré leur proximité géographique. Ici, le panorama me rappelait les plaines désertiques des films de cow-boys. Mais je savais qu'à l'horizon se dessinaient les montagnes rocheuses qui recouvraient les trois quarts de l'état. Cet aspect western était renforcé par le fait que le Wyoming est l'état américain le moins peuplé. Je m'y sentais bien, loin de la pollution et des villes bondées.

Nous ne mîmes pas longtemps pour atteindre la petite ville de Worland. Harry se gara devant la poste de la commune, et nous allâmes récupérer le colis de Bill, qui semblait contenir du matériel d'équitation ; cela ne fut pas long, à mon grand soulagement. Je détestais les bâtiments administratifs, leur simple vue avait l'effet sur moi d'un somnifère - bon, j'exagérais sûrement un peu... d'accord, beaucoup ; mais honnêtement, je les trouvais d'un ennui terrifiant !

Harry et moi marchâmes un peu le long des trottoirs déserts. Le soleil brûlant de juillet avait fait fuir les habitants de Worland, mais mon cousin et moi aimions la chaleur mordante de l'été et l'atmosphère qui régnait en cette saison. Chapeaux de paille rabattus sur la tête et lunettes de soleil sur le nez, nous avions l'air de deux vacanciers égarés ; et c'est un peu ce que nous étions. C'était agréable de marcher sans savoir précisément où l'on allait, en se laissant porter par nos pas. Harry me parla de ces deux années sans moi ; il m'apprit qu'ils avaient failli devoir vendre le ranch à cause de mauvais investissements, mais que tout avait fini par s'arranger grâce au tact légendaire de Kate et à ses bons contacts.

Lorsque je lui demandai des nouvelles de notre cabane, il se contenta de sourire et me dit que je pourrais constater par moi-même de son état. Ce que nous appelions "notre cabane" était en réalité quelques planches et morceaux de toiles que nous avions assemblés au cœur d'un gros chêne situé non loin du ranch, lorsque nous avions dix ans. Nous y avions accrochés des photos, et installés des couvertures, des coussins et une petite table. Enfants, elle nous servait de donjon : vêtue de l'horrible robe rose bonbon qui grattait et que les garçons me forçaient toujours à mettre, je jouais la princesse et devais patienter jusqu'à l'arrivée de mes preux chevaliers. Or, mes cousins n'étant ni preux, ni chevaliers, je finissais souvent par m'endormir. Maintenant que nous étions plus grands, nous passions nos soirées à la cabane, autour de bougies parfumées et de paquets de marshmallows. La cabane, c'était notre quartier général.

Sur la route du retour, Harry eut pitié de moi et roula avec plus de prudence qu'à l'aller-retour. Amen, mon heure n'était pas venue. Lorsque nous arrivâmes au ranch, je montai dans ma chambre. J'avais envie de me reposer un peu et il fallait encore que je range mes affaires - et le rangement, ce n'était pas un de mes domaines de prédilection. Je regardai l'heure sur mon téléphone : il était dix-huit heures, je pouvais prendre mon temps avant d'aller dîner. Sauf que mon temps, je n'avais pas envie de le passer à ranger. Je sortis sans ménagement mes vêtements et les fourrai dans la grande armoire qui faisait face à mon lit. Je profitai du temps qui me restait pour prendre un bain, en bonne et due forme : bougies parfumées, mousse, musique apaisante. Mais je venais seulement d'y plonger un orteil que j'entendis ma tante crier depuis la cuisine :

-A table !

Noooooon, mon bain moussant ! Le cœur brisé, j'enfilai ma robe à fleurs préférée et descendis les escaliers, maugréant contre le temps qui passait trop vite et la baignoire qui avait mis trop longtemps à se remplir.

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BONJOUR!!! Vous allez bien?

Que pensez-vous de ce nouveau chapitre? Vous aimez bien le bouclé? c: Et Jadouille?

A votre avis, qu'est-ce que la brillante hazlife vous réserve pour le prochain chapitre? ;)

God only knows

Zoubizou

@hazlife


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