3.
-Honnêtement, je pourrais tuer n'importe qui pour ton crumble aux pommes, tante Kat' ! affirmai-je en engloutissant une énorme bouchée.
-Sauf moi, évidemment.
-Surtout toi, Louis, répondis-je du tac au tac en haussant un sourcil moqueur.
Ma remarque souleva quelques ricanements, couverts bientôt par des bruits de mastication disgracieux - merci Harry.
-Jade, tu me brises le coeur. Pour la peine, je crois que je vais finir ta pa...
Mais Louis fut aussitôt coupé dans son élan. La main envahissante qui menaçait dangereusement mon assiette dût rebrousser chemin face à l'enfer que ma cuillère lui faisait subir. La nourriture, c'est sacré.
Nous étions enfin au complet - moi, les jumeaux, Harry, Kate et Bill - attablés dans la cuisine, à déguster le fameux - ne m'obligez pas à le dire encore une fois... si ? bon d'accord - crumble aux pommes. C'était la spécialité de Kate ; depuis notre enfance, nous nous retrouvions autour de la table pour le déguster - plutôt pour le dévorer, à dire vrai. Je savourais autant le gâteau que ma présence ici.
J'avais l'impression de renaître à l'époque où tout paraissait simple, à défaut de l'être réellement. Au temps des rires, des aventures, des jeux et de l'innocence. Je me revoyais à cette même table, riant à gorge déployée avec les mêmes personnes. L'espace d'un instant, j'avais l'impression de les entendre encore, ces éclats de rire. Il me semblait que nous étions restés les mêmes gamins aux désirs insatiables de vie et de découvertes. Et pourtant, j'étais parfaitement consciente que plus rien n'était pareil. Par-dessus tout, moi, j'avais changé. Une partie de moi avait suivi mon père dans sa tombe.
Un bras vint soudain entourer ma nuque, me tirant brutalement de ma rêverie. Je sursautai légèrement et tournai la tête vers le propriétaire dudit bras : Harry, à moitié avachi sur moi, était à nouveau hilare.
-Oui, je m'en souviens, elle ne nous avait pas adressés la parole pendant une semaine ! Je ne sais même pas comment elle avait réussi cet exploit, d'ailleurs. C'est un véritable moulin à paroles !
Ma mine devait exprimer expressément mon incrédulité car ils rirent de plus belle.
-De quoi vous parlez ?
-De toi, banane ! répondit Zayn.
Je fronçai les sourcils. Louis se pencha au-dessus de la table et lança en me fixant :
-Je n'ai que trois mots à dire : ver - de - terre.
Il ne m'en fallut pas plus pour comprendre la cause de leur fou rire. Je les y rejoignis de bon cœur, me souvenant parfaitement de cet épisode qui m'avait, à l'époque, plongée dans une rage folle : un beau matin, mes trois génies de cousins avaient eu l'idée extraordinairement stupide de remplir ma bouteille de shampoing de vers de terre. Je leur en avais tellement voulu que j'avais menacé de rentrer chez moi. Je m'étais barricadée dans ma chambre et avais refuser de leur parler. En réalité, j'essayais de trouver une vengeance à la hauteur de ma colère ; mais mon bon cœur avait eu raison de moi.
Mi-amusée, mi-vexée d'être une fois de plus au cœur de leurs moqueries, je croisai les bras sur ma poitrine et remarquai d'un ton boudeur :
-Vous ne devriez pas être aussi sûrs de vous, je n'ai toujours pas dit mon dernier mot.
Mon oncle et ma tante nous regardaient avec tendresse. Tous les deux étaient très complémentaires : Kate débordait d'énergie, tandis que Bill était beaucoup plus calme et réservé. Sa passion à lui, c'était ses cheveux.
Dès que le soleil se levait sur le ranch, Bill avait déjà quitté son lit pour se rendre à l'écurie. L'équitation le faisait vivre, et il en avait fait son quotidien, et son métier : il était intervenant en éthologie. Pour ceux qui ne comprenaient pas ce nom barbare, il se présentait comme "l'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux". Et cela lui correspondait parfaitement. C'est lui qui m'avait appris à monter ; il faut dire que c'était un remarquable cavalier, autant en monte classique que western. Il me répétait souvent qu'il avait une confiance aveugle en moi - que je trouvais exagérée et illégitime -, et j'étais la seule qu'il laissait approcher des boxes. Pas question pour lui de laisses ses précieuses montures aux mains des garçons. Les connaissant, ils seraient capables de les repeindre en bleu et de les nourrir aux Chocapic.
Ce qui me plaisait le plus quand je venais ici, c'est que j'avais la permission - et la chance - de pouvoir sortir les chevaux à mon aise et quand je le souhaitais. Combien de fois je m'étais levée à l'aube pour me retrouver en tête à tête avec la nature qui s'éveillait, et Dandy. A la pensée de mon meilleur ami sur sabots, je pensai en souriant que j'irais lui rendre une petite visite dans l'après-midi.
La voix grave et chaleureuse de mon oncle résonna dans la cuisine, et tout le monde se tourna vers lui (il avait le don de capter toute l'attention dès qu'il ouvrait la bouche - en même temps, c'était si rare) :
-Je dois récupérer un colis cet après-midi en ville, mais j'ai trop de travail à l'écurie. Est-ce que quelqu...
-Je m'en charge, répondis-je sans hésiter.
Il parut surpris et gêné par ma proposition :
-Tu es gentille Jade, mais tu as sûrement mieux à faire. Et puis, tu ne connais pas bien la ville. Je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose.
Je fus touchée par son inquiétude, mais insistai tout de même :
-Ne t'inquiète pas, je suis une grande fille. J'aurai le mouton comme guide, ricanai-je en me levant et en tirant Harry par la manche, l'entraînant à ma suite.
Son air ahuri et dépité me fit éclater de rire.
-A tout à l'heure ! leur lançai-je par-dessus mon épaule en quittant la cuisine, suivie de mon cousin qui, visiblement, n'était pas enchanté d'être de sortie.
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BONSOIR!!!!
Alors, qu'est-ce que vous pensez de Jade et de ces drôles d'énergumènes??? C'est le genre de vacances que vous aimeriez passer? Vous aimez le crumble aux pommes ? c:
N'hésitez pas à me parler en commentaire, même si c'est pour me parler de votre chèvre hollandaise lolilol
Bisouuuus
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