Chapitre 23 : Chasse la réalité, elle revient au galop.


D'après Dagda, Merlin devait très probablement se trouver dans les environs de l'Irlande du Sud. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin donc !

Le voyage avait été fatigant et Lukas ne se voyait pas continuer les recherches pour l'instant. Nous trouvâmes donc un hôtel pour y passer la nuit. Et, comme la dernière fois, nous prîmes une chambre pour deux. Lukas avait promis à la directrice de me protéger, et il comptait bien honorer sa promesse.

La nuit commençait à tomber sur Dublin et les lampadaires illuminaient les rues désertes. Le coin de la ville où nous avions atterri n'était pas très fréquenté. Heureusement d'ailleurs. Nous ne voulions pas attirer l'attention des gens, et cet endroit était parfait !

Lukas était parti faire le tour de l'hôtel, afin de vérifier que l'endroit était sûr.

En l'attendant, je feuilletais le vieux grimoire que la directrice m'avait donné. Alors que mes yeux semblaient scanner chaque recoin de chaque page vieillie par le temps, rien ne parvenait jusqu'à mon cerveau. J'étais bien trop perturbée pour penser correctement. Je n'avais rien laissé paraître à la gare, mais revenir en Irlande m'affectait. Lukas avait raison ; le retour dans mon pays d'origine n'était pas anodin. Et même si ma conscience ne s'en souvenait pas, toutes les cellules de mon corps réagissaient, et cette sensation était bien étrange.

- R.A.S, dit Lukas en refermant rapidement la porte derrière lui.

J'entendis le cliquetis de la clé dans la serrure. La nuit pouvait réellement commencer. Nous devions trouver un moyen d'arriver jusqu'à Merlin.

Cependant, autre chose trottait dans mon esprit. Une chose futile. Lukas m'avait, d'une certaine manière, avoué ses sentiments. Devais-je lui en parler ? Etrangement, il me sembla que c'était le bon moment pour aborder le sujet.

- Donc, ce n'était pas qu'une diversion ? Demandai-je.

En parlant d'une chose aussi futile que ça, j'oubliais un peu la dure réalité. J'oubliais que je devais sauver le monde magique. Oui, tous les sentiments négatifs qui m'envahissaient depuis quelques temps maintenant s'apaisaient. La futilité et les niaiseries sont parfois salvatrices. En tout cas, ça fonctionne un moment pour moi. Chasse la réalité, elle revient au galop. Quoi ? Ce n'est pas la bonne formulation ?

Lukas fut surpris sur le moment. Il ne s'attendait visiblement pas à ce que j'aborde ce sujet sensible.

- Tu veux vraiment en parler maintenant ? Finit-il par répondre.

- Non, répliquai-je rapidement. Tu as raison. On a un autre problème en perspective.

Qu'avais-je dit ? « Chasse la réalité, elle revient au galop » ? Les problèmes m'avaient déjà rattrapée.

Lukas comprit de suite que quelque chose n'allait pas.

- Je crois avoir vu quelqu'un dehors..., expliquai-je.

- C'est tout ?

Lukas, et je l'aurais compris dans d'autres circonstances, ne voyait pas le problème. Dublin était une ville vivante. Evidemment qu'il y avait des personnes dans les rues, même la nuit.

Seulement, comme je l'ai expliqué précédemment, ce quartier était désert.

- « C'est tout » ?! Tu me prends pour une paranoïaque ? Je te dis que j'ai vu quelqu'un de louche !

A peine avais-je fini ma phrase que quelqu'un toqua à la porte. Mon sang ne fit qu'un tour. Dans ma tête, tout devint sombre. Je voyais déjà Lukas se faire massacrer par les sbires de Killian. Lukas perdit aussi ses couleurs et redevint très sérieux.

- Cache-toi, m'ordonna-t-il.

Me cacher ? Mais où ?! La chambre d'hôtel faisait quoi ? 10 mètres carré à tout casser ! Sous le lit ? Hm... Mauvaise idée. Dans les films d'horreur, c'est à cet endroit que le « monstre », « psychopathe » ... - appelez-le comme vous voulez ! -cherche en premier.

Je me faufilai donc à côté de la porte, de telle manière que je me trouverais derrière celle-ci quand Lukas l'ouvrirait.

- Sincèrement ? Tu n'as trouvé que ça ? Demanda-t-il.

Il roula des yeux et me fit signe de rester silencieuse. Il tourne lentement la clé, appuie sur la poignée et ouvre la porte.

- C'est pas trop tôt ! S'écria une voix féminine que je connaissais plutôt bien, malheureusement.

- Rose ?

Je me retins de justesse de parler. Lukas était très étonné, voire légèrement énervé ? Il ne s'attendait pas vraiment, voire pas du tout, à voir Rose ici.

***

Le fait était que Rose n'était pas venue seule. Duncan l'avait accompagnée. Finie mon escapade avec Lukas, seule ; Rose était de retour. Je sais, c'était futile, mais je vous ai déjà expliqué le pourquoi du comment des choses futiles.

Rose semblait à l'aise, comme à son habitude, tandis que Duncan restait assis sur le lit.

D'après Rose, ils étaient partis de l'école un jour après nous. La directrice le leur avait conseillé, pour ne pas dire ordonné.

- Plus rien ne nous retenait, et je suppose qu'aider Mackenzie n'est pas si mal. Après tout..., finit Rose.

Ce fut alors le tour de Lukas de s'expliquer.

- Nous sommes à la recherche de ... quelqu'un.

Et ce n'était pas simplement « quelqu'un » ! On parlait de Merlin ! Je ne comprenais pas pourquoi il ne le disait pas à Rose. Si la directrice les avait envoyés ici, on pouvait avoir confiance en eux, non ?

- Je suppose que nous devons partager cette chambre ? Continua Rose.

- Non, répondit catégoriquement Lukas.

Rose fut surprise par le ton de Lukas. Moi-même je l'étais.

- Pourquoi ? Demandai-je, innocemment.

- Parce que. C'est ... trop dangereux. Vaut mieux qu'on se sépare...

Je voyais bien qu'il essayait de trouver des excuses crédibles.

- Imaginez que vous vous soyez faits repérés ? Reprit-il en s'adressant à Rose et Duncan. Vous pourriez les conduire directement à Gwenola.

La discussion était terminée. Rose et Duncan sortirent pour prendre une chambre dans cet hôtel. Lukas n'oublia pas de refermer derrière eux. J'attendis un petit moment avant de lui demander ses raisons, les vraies.

- Rose..., commença-t-il.

- Quoi, « Rose » ?

- Elle est comme moi. Tu sais, un garde. Sans pouvoir. Et ... on a parlé, tu sais.

- Evidemment, vous avez eu les mêmes cours. C'est normal.

Je ne voyais pas où il voulait en venir.

- Non, tu ne comprends pas. Ses parents sont ... Rien que d'y penser j'ai des frissons.

- Mais quoi à la fin ?! M'énervai-je.

- Ils veulent que justice soit rendue. Ils sont du côté de ... ton fiancé. Ils veulent tuer tous les druides. Et ce, en commençant par les Mackenzie.

Je restai interdite. Rose était-elle comme ses parents ou pouvions-nous lui faire confiance ? Lukas m'avait bien prouvé qu'il s'était trompé sur moi. Serait-ce également le cas de Rose ?

Chasse la réalité, elle revient au galop. Et là, la réalité avait un nom. Elle s'appelait Rose, et c'était potentiellement une traîtresse. 

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Note de l'auteure :

J'espère que ça vous a plu !

Mackenzie sera en pause durant tout le mois de novembre (Nanowrimo oblige) et reprendra en décembre :)

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