- Je te demande pardon ?

Lukas ne comprenait vraiment pas ce qui me prenait maintenant. Je devais rester ici, pour ma sécurité. Même si je me demandais sincèrement comment ils auraient bien pu me protéger alors que les sbires de Killian avaient tout détruit sur leur passage...

- C'est une longue histoire..., dis-je.

- J'ai tout mon temps, répliqua-t-il complètement réveillé.

Je lui expliquai alors mon rêve pour le moins étrange. Ma tante Marie qui semblait avoir souffert, sûrement l'avait-on torturée. Et enfin, j'en vins à Tristan.

- C'est un Mackenzie lui aussi. Si Killian le retrouve, il n'aura plus besoin de moi.

- Oh.

Je l'avais pris de court. Il ne s'attendait pas à ça.

- Et où est-il ?

- Je n'ai pas eu le temps de lui demander... Il est en France selon elle.

- Je sais pas si tu sais..., dit-il sérieusement, mais c'est grand la France.

Je le regardai, blasée. Evidemment que je le sais ! J'ai habité toute ma vie en France... Enfin, au moins dix ans puisque je ne connais pas vraiment mon passé.

- Nous devons quand même y aller. Voir aux alentours de ma... (ce n'était plus la mienne) de sa maison.

- Et c'est où ?

- Dans le sud camarade !

Je ne savais pas pourquoi je l'avais appelé camarade. J'étais gênée par sa proximité. Je ne l'avais jamais été avant. Evidemment, je le trouvais beau puisque j'étais un peu – très – jalouse de la relation qu'il avait avec Rose. Mon cerveau bugua et le sien aussi apparemment puisqu'il répéta :

- Camarade ?

- Ouais, oublie. Bref, il faut qu'on parte de suite. Prends ton sac.

- Je ne pars pas sans avertir la directrice, répondit-il froidement.

- Hein ?

Quoi ? Lukas ne voulait pas partir sans avertir la directrice ? Je pensais qu'il était plus rebelle dans l'âme que ça. Que moi.

- Ah, et on va lui dire quoi ?

- Qu'on s'en va. Elle comprendra.

- Comment peux-tu en être si sûr ?

- Je le sais, c'est tout.

***

Nous marchions dans le couloir délabré qui menait au bureau de la directrice quand je me regardai dans un débris de miroir resté contre le mur. Alors, je ressemblai à ça ? Je ne m'étais pas vu dans un miroir depuis un moment maintenant et je fus choquée de voir que mon visage semblait fatigué et que mes cheveux redevenaient roux. N'ayant pas fait de couleur depuis longtemps, mes racines oranges prenaient le dessus. Tellement bien qu'il y avait bien 5 cm de nouvelles racines. C'était très moche.

Je fis abstraction de cette horreur et continuai mon chemin.

Arrivée devant la porte, ce fut Lukas qui toqua. Je me sentait tellement gênée à l'idée de partir de cette façon alors que tout ce qui s'était passé quelques jours auparavant était ma faute. Si je n'étais pas allée dans cette école, elle aurait toujours été sur ses fondations, intacte. Personne n'aurait été tué.

Nous entrâmes enfin et Lukas n'y alla pas par quatre chemins.

- Nous devons aller en France, déclara-t-il.

- Je m'en doutais, expliqua la directrice.

Elle nous expliqua qu'en effet, nous devions partir.

- Tu ne dois pas t'en vouloir Gwenola. Tout ceci n'est pas ta faute.

Je savais qu'elle avait raison mais, je ne pouvais m'empêcher de m'en vouloir.

- Il y a une chose que je dois te dire avant que vous partiez, dit-elle. Lukas, tu peux rester, ajouta-t-elle quand Lukas allait partir.

J'étais très attentive. Elle s'appelait Mackenzie elle aussi. Peut-être m'en apprendrait-elle plus sur mes origines ?

- Comme tu le sais, mon nom est Mackenzie. Mais ne te méprends pas, je ne suis pas d'origine Mackenzie. Je ne porte que le nom. Mon mari, repose-t-il en paix, était un Mackenzie. Il faut que tu comprennes une chose Gwenola. Tous les Mackenzie de ta famille ne sont pas foncièrement bons.

Je ne comprenais pas.

- Vois-tu, continua-t-elle, les Mackenzie ont fait une alliance il y a de cela des siècles. Tu faisais partie de cette alliance. Chaque première née de chaque génération devait se marier avec le premier homme de chaque génération de l'autre famille.

Je comprenais un peu mieux. Pour moi, c'était Killian.

- Quelle était l'autre famille ? Demanda Lukas, curieux.

- Je ne peux pas vous le dire. C'est... trop dangereux. Si les Mackenzie d'origine, tels que toi Gwenola, sont des druides qui pratiquent la magie blanche, d'autres comme les enfants de cette alliance ou encore les personnes de cette famille sont des druides qui pratiquent la magie noire.

La directrice se rapprocha de moi et fixa son regard dans le mien.

- Ne crois pas tout le monde Gwenola. Certains chercheront à te duper, ou pire, à te tuer. En étant liée à Killian, tu es notre seul espoir. Tu seras capable d'arrêter ces massacres. Pour cela, tu dois rester en vie.

Elle s'adressa à Lukas.

- Je compte sur toi pour la protéger au péril de ta vie.

Lukas acquiesça. Avait-il le choix ? Alors je me dis que sa vie n'avait pas dû être géniale. Il n'avait pas choisi son statut de garde. On lui avait imposé. Pour nous protéger, nous, les enfants de grandes familles, de hauts druides.

- Je sais que vous n'avez pas pu apprendre grand-chose durant votre séjour ici mais... Gwenola, prends ceci.

La directrice me tendit un gros grimoire.

- Tu y trouveras tout ce que tu dois savoir sur la magie des druides, ainsi que ta magie. Garde-le précieusement.

Ce grimoire pesait une tonne ! Comment pouvais-je bien faire pour le transporter ?

- Excusez-moi mais... Je ne crois pas que je puisse...

- Ah ! Je suis bête.

Elle revint vers moi et tapa un coup sec sur le livre qui rétrécit.

- Comment avez-vous fait ça ? M'émerveillai-je.

- C'est très simple, il te suffit d'imaginer que le grimoire grossit ou rétrécit et de le toucher. Tout est une question de visualisation.

Je rangeai le grimoire dans mon sac à dos.

- Merci, dis-je.

La directrice me sourit et nous souhaita bonne chance pour notre voyage.

A peine sortis, Lukas me posa une question :

- Tu as une idée de comment on peut aller jusqu'en France ?

J'eus une idée alors brillante. Je sortis le grimoire de mon sac et l'ouvrit. Une liasse de billet était cachée entre les pages. Je la montrai à Lukas.

- Elle a vraiment pensé à tout, répliquai-je.

- Par où on commence alors ?

- Il faut qu'on prenne le bus, où tout a commencé, finis-je.